La vérité est plus étrange

Harry Potter - J. K. Rowling
F/M
G
La vérité est plus étrange
Summary
Note de traduction: il ne s’agit pas de mon histoire mais d’une traduction de The truth is stranger que Lunalive m’a gentiment laissé publier.Résumé: La petite soeur de Pansy est née Cracmol, et c’est à partir de là que tout part en vrille.Dans ce livre, Pansy devient espionne, Harry gagne une informatrice, et leurs vies sont changées à jamais.Harry Potter et le Prince de sang-mélé & Harry Potter et les Reliques de la Mort, Univers alternatif et sa suite.
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huit mois

Chapitre 19: huit mois

[Je devrais peut-être participer à une émission de radio ou quelque chose comme ça. Mais je déteste l'idée de faire un discours. Je ne veux pas être une figure de proue. Je veux juste que ce soit fini].

[Si on en arrive là, tu pourrais demander à Hermione d'écrire quelque chose. Elle serait probablement douée pour ce genre de discours politique. Mais il faudrait alors aller là où ils enregistrent Potterveille, et je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée de quitter l'endroit où tu te trouves. Quoi qu'il en soit, est-ce que vous avez choisi une date pour Gringotts ?]

[Oui, le 1er mai. On  n'a toujours aucune idée de ce qu'on va faire pour le paiement de Gripsec et l'épée. Mais au moins, on a trouvé la plupart des autres parties.]

Elle ne demande pas comment ils ont choisi cette date. Elle ne demande pas beaucoup de choses.  Certains jours, elle est lâche.

***

Lorsque la réponse de son père arrive, elle est pleine de colère et de réprimandes. Tout cela entre les lignes, bien sûr. Il ne peut pas prendre le risque de dire ouvertement qu'il désapprouve les faits, pas quand leur message risque d'être ouvert et lu.

Elle attend le message correspondant de sa mère, mais il ne vient jamais. Une semaine passe, puis une autre. Et encore une autre. L'idée que Mère laisse passer cela sans rien dire est ahurissante.

Mais rien ne vient.

***

Les séances avec Rogue se poursuivent. Parfois, il lui enseigne d'autres choses - les charmes de mémoire, d'autres sortilèges - mais la plupart du temps, il s'agit d'Occlumancie, d'Occlumancie, d'Occlumancie. Un jour, à la fin du mois d'avril, elle commet l'erreur de remettre en question ce sur quoi son apprentissage est axé.

« Vous oubliez, commence-t-il froidement. Que l'espionnage n'est pas une question de duels et d'autres choses tape-à-l'œil. La chose la plus importante que vous puissiez faire est de maîtriser ceci. Sans cela, vous n'irez nulle part. »

Voyant son expression, elle accepte rapidement et ils continuent la leçon. Mais à la fin, il l'arrête alors qu'elle s'apprête à rassembler ses affaires.

« Pas encore. Nous allons parler de la façon dont vous allez prendre des décisions. »

Elle fronce les sourcils. Il ne veut jamais se contenter de parler. Il lui dit ce qu'elle doit faire et lui dit ensuite qu'elle ne fait pas assez d'efforts.

« Mais je sais déjà comment prendre des décisions. »

Son regard est intense et il continue comme si elle ne s'était pas exprimée :

« Vous êtes en proie à un stupide sentimentalisme, et vous devez apprendre à le réfréner. »

Elle se sent comme une enfant grondée.

« Je prends des décisions impopulaires ici tous les jours. »

Un hochement de tête dédaigneux.

« Vous n'avez jamais été confronté à une décision vraiment difficile. Un vrai dilemme.

–Je comprends parfaitement l'idée. Je dois évaluer les risques et les avantages, et agir en conséquence. Je peux faire un choix inconfortable, s'il le faut. »

Il l'observe un instant. Elle se déplace sur sa chaise. Il y a quelque chose de dangereux dans ses yeux.

Enfin, il demande :

« Vous souvenez-vous de Charity Burbage ? »

Ce n'est pas ce à quoi elle s'attendait. Elle hésite.

« Oui, c'était la professeure d'études des moldues ici, n'est-ce pas ? Je n'ai jamais pris de cours avec elle. Elle a disparu pendant l'été. »

Elle avait supposée que la professeure Burbage avait été contrainte de se cacher en raison de ses opinions pro-Moldus.

« Elle est devenue professeure quelques années après moi et nous avons été collègues pendant de nombreuses années. C'était une femme douce et stupide. L'été dernier, elle a écrit un article peu judicieux dans la Gazette du Sorcier sur les nés-moldus, et le Seigneur des Ténèbres a rapidement ordonné son enlèvement, explique-t-il d'une voix douce et dangereuse. »

Soudain, elle comprend où il veut en venir.

« Elle a été emmenée à notre réunion et a été suspendue, ligotée au-dessus de la table. Quand elle m'a vu, elle m'a supplié de lui sauver la vie. Elle m'a supplié et a pleuré. »

Il hausse les sourcils.

« Et qu'ai-je fait ? »

Il lui faut un moment pour comprendre qu'il ne s'agit pas d'une question rhétorique. Elle déglutit.

« Rien.

–C'est exact. Rien. Pourquoi ? »

Elle veut détourner le regard, mais elle sait que ce serait faire preuve de faiblesse.

« Parce qu'il n'était pas nécessaire de lui sauver la vie pour mettre fin à la guerre. Et parce qu'en essayant de l'aider, même indirectement, vous risquiez de vous exposer. Ça n'en valait pas la peine.

–Précisément, dit professeur Rogue d'un air satisfait. Si vous avez le choix entre une vie et faire ce qui est nécessaire pour mettre fin à la guerre, vous choisirez la seconde option. Vous regarderez mourir qui que ce soit.

–Oui, dit Pansy à voix basse. »

À l'intérieur, elle a l'estomac noué.

Rien.

L'intensité de son regard a diminué, mais elle est toujours là.

« N'oubliez jamais. Être un espion, ce n'est pas se battre en duel, utiliser du Polynectar ou se faufiler sous une cape d'invisibilité -" la dernière partie est particulièrement dérisoire, "- c'est jouer un rôle, jour après jour, heure après heure. Le comprenez-vous ? «

Elle croise son regard.

« Je comprends. »

S'il y a quelque chose qu'elle comprend, c'est bien le fait de jouer un rôle.

***

Les semaines passent. D'autres élèves disparaissent : Seamus Finnigan, Ernie Macmillan, les jumelles Patil, Terry Boot, Michael Corner. Tous les plus grands fauteurs de troubles. Elle est particulièrement soulagée à l'idée que Michael Corner est désormais hors de danger. Sa culpabilité l'a amenée à se sentir responsable de lui.

Quelques Serpentards plus jeunes disparaissent également, tous des sangs-mêlés.

« Les papiers de ta mère ? demande Pansy à Millicent un soir.

–Ils sont toujours bons, dit Millicent, mais pour une fois, elle a l'air un peu nerveuse. Mère est convaincue qu'ils résisteront à un examen minutieux. Les amis de père ont fait du bon travail. »

Le ministère annonce de nouvelles mesures : interdiction pure et simple des mariages entre les cracmols et tout citoyen magique, création d'une commission chargée d'étudier les secrets de l'héritage magique, projet d'une nouvelle extension d'Azkaban, ordre temporaire d'étendre les zones de patrouille des Détraqueurs...

Tous ces mots - temporaire, commission et plans - semblent si bénins, civilisés et ordonnés.

L'enregistrement du sang est nécessaire pour se prémunir contre une éventuelle baisse de la puissance magique, annonce le ministre Thickness pour la gazette le 15 avril. Nous espérons que nos concitoyens nés-moldus comprendront et respecteront ces règles, afin de protéger l'avenir du monde des sorciers.

De retour à l'école, la résistance s'éteint officiellement. Désormais, lorsque Alecto fait un discours sur la nature intrinsèquement violente des Moldus et qu'Amycus explique qu'ils ont le droit de "tenir bon" et d'utiliser la force maximale contre eux, tout le monde s'assoit en silence, la tête baissée. Pas même un sourire ou un soupir de travers.

Auparavant, elle se demandait combien de temps il faudrait aux élèves pour accepter cette réalité et décider que la survie est la chose la plus importante. Maintenant, elle a la réponse. Huit mois.

***

Parfois, il lui raconte une anecdote amusante sur ce qui se passe à la chaumière aux coquillages, et elle a l'impression d'être poignardée par de tout petits couteaux. Elle a envie de dire : Je n'en peux plus. Tu dois donner ce parchemin à Hermione, et je lui dirai si j'apprends quelque chose d'utile. Puis elle se dit : encore un jour.

Puis le suivant, puis encore le suivant.

***

Puis, le 30 avril, le professeur Rogue arrive à son cours de sortilèges et la fait sortir.

« Votre mère est là, dit-il une fois qu'ils sont dans le couloir. »

Elle se détend légèrement. L'absence de réponse de sa mère a été une bizarrerie lancinante à l'arrière de sa tête, mais il est logique que Mère veuille venir jusqu'à Poudlard pour lui faire sa leçon de morale en personne, plutôt que par hibou.

Le professeur Rogue l'escorte à l'étage et l'emmène dans une salle de réunion située à côté du bureau du directeur.

Mère est debout, en train d'inspecter une peinture magique représentant des licornes. Au milieu de la petite pièce se trouvent deux fauteuils et une causeuse sculptés avec soin. Une table basse se trouve entre les deux. Elle porte une robe couleur vin et une cape couleur charbon, et à ses oreilles, les boucles d'oreilles en rubis que Père lui a offertes pour son anniversaire l'année dernière.

Le professeur Rogue se retire en refermant la porte et, au déclic, Mère tourne la tête. Elle regarde Pansy de haut en bas, et Pansy se prépare à recevoir un sermon, mais il ne vient pas. Mère lève sa baguette et lance un charme de silence et un charme de verrouillage sur la porte.

« Nous allons déjeuner, dit finalement mère. Le directeur a donné son accord pour des raisons familiales importantes.

–Vraiment ? »

Pansy est confuse. Mère peut difficilement lui faire une remontrance au milieu d'un restaurant.

Le visage de Mère a une drôle d'expression.

Peut-être que Pansy a tout faux. Peut-être que Mère est venue lui apporter un rare réconfort maternel. Peut-être se sent-elle coupable de ce qui se passe.

« Nous disons que nous allons déjeuner, réplique Mère. Mais ensuite, nous allons mettre en scène un accident à Pré-au-Lard.

–Mettre en scène un accident... de quoi tu parles ?

–J'ai obtenu un Portoloin très chère et très illégale, et il va t'emmener en France, poursuit Mère. Mais d'abord, nous devons faire en sorte de convaincre tout le monde que tu es vraiment blessée.

–Pourquoi est-ce que j'irais en France ? »

Pansy se coupe, réalisant enfin.

« Attends, est-ce que Père est au courant ?

–Bien sûr que non, répond Mère d'un ton hautain, comme s'il s'agissait d'une question ridicule. Mais quand ce sera fait, il n'aura pas d'autre choix que de l'accepter. Ton père se comporte de manière très stupide en ce moment. »

Un choc. Mère n'est pas du tout d'accord avec père en privé, mais en public, elle croit qu'il faut présenter un front uni. Elle ne fait même pas de blagues sur lui devant les autres, car elle pense que ce n'est pas un comportement d'épouse convenable.

Et l'autre partie : l'idée que Mère se donne tant de mal pour l'envoyer hors du pays. Comment peuvent-elles simuler l'idée qu'elle est blessée, sans les dossiers de Sainte Mangouste ?

« Je ne veux pas aller en France. Je ne veux aller nulle part.

–Tu y vas, ordonne Mère sèchement.

–Pourquoi est-ce que tu essayes de faire ça ? »

Mère hésite un instant, puis serre les lèvres.

« Ce n'est pas le moment de faire une scène larmoyante, Pansy. Cesse de faire l'imbécile. »

Pendant un instant, elle l'imagine. Partir en France, laisser tout cela derrière elle, laisser sa mère s'occuper d'elle. Comme il serait facile d'abandonner le contrôle.

Mais.

Pansy secoue la tête.

« Non, je ne ferai pas ça.

–Si, dit Mère d'un ton égal.

–Qu'est-ce que je vais faire ? Et s'il reste au pouvoir pour toujours ?

–Alors tu resteras à l'écart, réplique Mère pour couper court à toute discussion. Tu oublies que je suis amie avec Narcissa Malefoy depuis plus longtemps que tu n'es en vie. Je ne sais pas quel genre de fantasme Alecto et Amycus Carrow t'ont fait miroiter, mais quoi qu'il en soit, ce ne sont que des mensonges. Ce n'est pas une discussion. Tu viens.

–Non. »

Mère la regarde fixement.

« Assez de refus puérils, Pansy. Tu verras un jour que j'ai raison. Cela ne peut pas arriver. »

Pansy fait un pas en arrière.

« Tu ne peux pas m'obliger. »

Le visage de Mère se durcit.

« Je ne voulais pas faire ça, mais si tu ne me laisses pas le choix... »

Et elle sort sa baguette.

Voici la baguette que Pansy a vue des milliers de fois : elle a lancé des charmes de diagnostic lorsqu'elle était malade, elle a convoqué une tasse de thé à l'autre bout de la pièce, elle a charmé ses robes pour qu'elles soient plates et sans plis. Mais elle n'a jamais été pointée sur elle de cette façon.

Une sensation de vertige. Le monde se dérobe sous ses pieds.

Elle fouille dans sa robe.

« Mère... »

Mère lève sa baguette.

« Impero ! »

Putain.

Pansy esquive et le sort passe au-dessus de sa tête.

Mère lève à nouveau sa baguette. Pansy se jette derrière un des fauteuils.

Elle finit par sortir sa baguette de sa poche.

« Stupefix ! s'exclame-t-elle, mais de derrière la chaise, elle vise mal. »

Elle entend un fracas. Le vase de fleurs a dû être touché.

Son coeur semble lui remonter dans la gorge.

« Je reviendrai, dit Pansy. Même si ça marchait, tu ne pourras pas m'obliger à rester là-bas.

–Je le peux. »

Les vertiges, encore.

Il lui faut un moment pour se retrouver.

« Tu ne pourrais pas me faire ça. »

Elle se lève, les genoux douloureux.

« Tu ne pourrais pas effacer mes souvenirs... ta propre fille. »

Mère se tient de l'autre côté de la causeuse. Des éclats du vase brisé sont pris dans les plis de sa robe et une tache de sang apparaît sur sa joue.

« Je le ferais, dit sèchement Mère. »

Pansy lève sa baguette.

« Petrificus Totalus !

–Protego ! »

Pansy est obligée de se réfugier à nouveau derrière le fauteuil alors que son propre sort rebondit vers elle.

« Wingardium Leviosa ! »

Le fauteuil commence à s'élever sous l'effet du sortilège de Mère.

« Finite Incantatem ! »

Pansy donne un coup de baguette et le fauteuil retombe sur le tapis.

Cela lui donne une idée. Elle pointe sa baguette vers la porte.

« Finite ! Abert...

–Collaporta ! l'interrompt mère. »

La porte se referme avec un clic.

« PROFESSEUR ROGUE ! hurle Pansy, profitant du fait que Mère n'a pas refait le sortilège Assurdiato. Professeur, vous devez...

–Silencio ! »

Elle continue d'essayer de parler, mais rien ne sort. Putain.

Elle n'a jamais vraiment maîtrisé les informulés. Mère va lui jeter le sortilège de l'Imperium et cette fois ça va marcher, et puis elle va... elle va...

« Pansy, commence Mère, à bout de souffle. Tu dois arrêter ça. C'est pour ta sécurité que je fais cela. Un jour, tu comprendras que je fais cela pour te protéger. Si tu promets de me suivre, il n'y a pas besoin de sortilège de l'Imperium ou de sorts de mémoire. Arrête d'essayer de te battre... »

La porte s'ouvre en trombe. Le professeur Rogue se tient dans l'embrasure.

« Que signifie ce... »

Il s'interrompt, fixant la scène.

Pansy est toujours à genoux derrière l'un des fauteuils, tandis que Mère est debout, la poitrine se soulevant et s'abaissant rapidement, derrière l'autre. Ses cheveux se sont complètement détachés de son chignon à la française.

Pansy essaie de parler, mais aucun son ne sort.

Le professeur Rogue fronce les sourcils et donne un coup de baguette vers Pansy.

« Finite Incantatem. »

Il se tourne vers Mère.

« Mme Parkinson, que signifie tout ceci ? »

Pansy se force à se lever.

« Ma fille ne va pas bien, monsieur le directeur, dit mère en se redressant. Nous sommes en train de discuter d'une affaire familiale privée et elle n'est pas contente. S'il vous plaît, accordez-nous un moment d'intimité...

–Ma mère essaie de me faire du mal ! l'interrompt Pansy. »

Le professeur Rogue les regarde l'une après l'autre, les yeux plissés.

« Comme vous pouvez le voir, monsieur le directeur, commence mère d'une voix forte. Elle a des hallucinations. Si vous pouviez juste...

–Ma mère est déloyale envers le Seigneur des Ténèbres ! Elle essaie de me convaincre de ne pas devenir Mangemort. »

Mère se crispe et pâlit. Pansy connaît la vérité sur le professeur Rogue, mais pas mère.

« Cela ne pourrait pas être plus éloigné de la vérité, se hâte d'assurer Mère. Comme vous le savez, notre famille est extrêmement loyale envers le Seigneur des Ténèbres et ses efforts. Nous serions ravis qu'elle soit mise à son service. Ce n'est qu'une preuve supplémentaire des problèmes de ma fille...

–S'il vous plaît, professeur Rogue, la coupe Pansy. Ma mère a juste eu un moment de faiblesse, vous ne devriez pas la dénoncer. Mais vous comprenez pourquoi je ne souhaite plus lui parler, puisqu'elle essaie de me dissuader de...

–Encore des sottises...

–Comme je suis majeure, vous ne pouvez pas me forcer à lui parler. S'il vous plaît, demandez-lui de partir...

–Comme c'est ridicule...

–Mme Parkinson, interrompt bruyamment le professeur Rogue. Même si j'aimerais ne pas être mêlé à... ce qui se passe... votre fille a raison. Les élèves adultes ne peuvent pas être forcés de parler à leurs parents. »

Mère le regarde comme s'il lui avait poussé une deuxième tête.

« Vous n'êtes pas sérieux. Je parlerai à ma fille aussi souvent que je le souhaite. Je suis sa mère.

–Malheureusement, le ministère n'est pas d'accord, dit sèchement le professeur Rogue. Nous vivons dans un monde moderne. Nous ne pouvons pas obliger les élèves majeurs à parler à leurs parents. Je dois donc vous demander de bien vouloir quitter mon bureau. »

Il y a un long silence. Mère regarde fixement le professeur Rogue et Pansy peut pratiquement voir les calculs se dérouler dans sa tête. Ses doigts se crispent. Finalement, elle semble prendre une décision et range sa baguette.

–"Très bien, dit froidement mère en lissant sa robe. J'en parlerai au conseil d'administration, ajoute-t-elle. Je suis sûre qu'ils seront intéressés par cette règle ridicule. »

Elle se dirige vers la porte.

Le professeur Rogue s'écarte pour la laisser passer.

« Bonne journée, Mme Parkinson, dit le professeur Rogue d'un ton neutre. »

On entend le claquement de ses talons contre le sol et l'ouverture de la porte menant à l'escalier en colimaçon. Lorsque les sons s'estompent, le professeur Rogue regarde Pansy et lui déclare :

« Vous auriez dû partir avec elle. »

Ses mots la sortent de sa stupeur.

« Si c'est ce que vous pensez, alors pourquoi ne l'avez-vous pas aidée ? »

Il la regarde très longuement, comme s'il évaluait quelque chose. Mais ensuite, tout ce qu'il dit, c'est :

« Vous êtes en train de manquer vos cours. »

Ce n'est que lorsqu'elle sort à nouveau dans le couloir qu'elle se rend compte que ses mains tremblent.

C'était son premier duel, réalise-t-elle soudain. Bien sûr, elle a déjà participé à des duels en classe, à des escarmouches dans les couloirs, et même à des tournois amicaux organisés par ses proches. Mais c'était la première fois qu'elle ne pouvait pas dire : J'abandonne, ou je vais le dire à un professeur, ou au secours, je suis blessée.

Et c'était contre sa mère.

Sa mère.

Les vertiges, encore.

***

Daphne est en train d'agiter sa baguette sur sa commode lorsque Pansy arrive dans le dortoir des filles. Elle lève les yeux.

« Que voulait le professeur Rogue ?

–Ma mère est venue, répond Pansy sans ambages, se dirigeant vers son lit.

–Oh, dit Daphné. »

Elle marmonne un sort et ses écharpes s'envolent du tiroir de sa commode pour être suspendus au-dessus de son lit.

« Qu'est-ce qu'elle voulait ?

–Elle a essayé de me lancer le sortilège de l'Imperium. »

Les écharpes retombent sur le lit de Daphné.

« Quoi ?! »

Pansy continue :

« Elle voulait que je vienne avec elle et que je quitte le pays. »

Daphné fait le tour de son lit. Ses yeux sont écarquillés par le choc.

« Tu es sûre ? Elle allait vraiment utiliser ce sort? Peut-être que c'était...

–Elle a dit le mot, Daphné ! l'interrompt Pansy, laissant tomber ses affaires sur son lit. Je sais ce qu'elle a dit. Et elle m'aurait oublietté, aussi, pour s'assurer que je reste en dehors du pays. »

Daphné reste un long moment à regarder fixement, apparemment incapable d'envisager à la fois le sortilège de l'imperium et les Charmes de Mémoire.

« Pourquoi ? Parce que tu es devenu... ça ?

–Oui, à cause de ça. Je ne peux pas, je ne peux pas... »

Ça lui revient. Mère levant sa baguette, les mots s'échappant  de ses lèvres.

« Elle t'aime, murmure Daphné. »

Les mots sont comme un seau d'eau glacée.

« M'aimer... »

Pansy lève les yeux.

« M'aimer- ?! »

La mâchoire de Daphné est serrée de manière obstinée.

« Sinon, pourquoi est-ce qu'elle l'aurait fait ?

–Qui aimerait-elle ? »

La voix de Pansy s'élève.

« Une personne sans mémoire, sans passé, sans rien ! Qui cela pourrait-il être ? !

–Elle voulait juste te protéger, dit Daphne doucement. Pansy, toute personne qui se soucie de toi voudrait empêcher que cela n'arrive.

–Je ne peux pas croire que tu prennes son parti !

–Je ne prends pas son parti, je dis juste que...

–Je ne peux pas te parler maintenant, s'exclame Pansy, furieuse. »

Elle se dirige vers la salle de bains.

« Je n'arrive pas à y croire !

–Tu es ridicule, lance Daphné depuis les lits. »

Pansy ne répond pas.

***

Elle ne lui parle pas de sa mère. En partie parce que l'expédition de Gringotts est sur le point d'avoir lieu demain, et que ce sera une distraction. Mais aussi pour d'autres raisons, moins nobles. Cette nuit-là, elle s'allonge dans son lit, ses pensées tournant en rond et tous ses doutes refaisant surface. Et si l'objet avait été déplacé, ou si ce n'était pas un Horcruxe du tout, ou si Gripsec les avait trahis ? Et si les cheveux n'étaient pas vraiment ceux de Bellatrix, ou s'il y avait un test spécial pour accéder à la chambre forte, ou s'ils ne parvenaient pas à s'échapper correctement ? Un million de choses pourraient mal tourner. Une centaine d'hypothèses pourraient être réfutées.

Elle finit par tomber dans un sommeil épuisé et agité, et rêve d'une fille sans nom en France.

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