
Endoloris
Chapitre 12: Endoloris
[Tu es putain de brillante, tu le sais ? Je ne sais pas si tu peux sentir que le médaillon a quelque chose de particulier, mais je ne pense pas que ce soit le cas du journal, sinon Ginny l'aurait remarqué. Je pense qu’on devrait faire comme s'il s'agissait d'un véritable objet. Tu l'as mis en lieu sûr ?]
[Oui, je l'ai caché dans mes affaires. Mais je pense que je devrais essayer de te le faire parvenir d'une manière ou d'une autre. Je ne veux pas le garder et risquer qu'il se passe quelque chose. Je pense que je peux transplaner quelque part où je ne suis jamais allée, mais il faut que je le connaisse à l'avance, pour que je puisse me renseigner et essayer de visualiser.]
[Je crois que j'ai une idée, mais je dois d'abord convaincre Hermione.]
***
Pendant tout le trimestre, les Carrows avaient essayé de prendre un élève en flagrant délit de graffitis dans la grande salle. Une semaine avant les vacances de Noël, ils y parviennent enfin.
« Amycus. »
Pansy lève les yeux du parchemin sur lequel elle griffonnait et aperçoit Alecto dans l'embrasure de la porte. Un Neville Londubat très pâle se tient à côté d'elle.
« J'ai trouvé l’un de tes élèves dans la Grande Salle, dit Alecto avec joie. Il était en train d’écrire : "L'armée de Dumbledore recrute toujours".
–Je vois. »
Amycus hausse les sourcils.
Ce serait donc Londubat. Six ans à être l'oubliable cinquième garçon de Gryffondor, et soudain il découvre son courage à la minute où Harry Potter s'en va. Qui aurait pu deviner qu'il avait ça en lui ? Pas elle.
« Qu’est-ce que tu as à dire pour ta défense ? demande Amycus à Londubat tandis qu'Alecto le pousse à entrer dans la pièce. »
Une expression déterminée apparaît sur le visage de Londubat.
« Je ne suis pas désolé.
–Eh bien, chère classe, commence Amycus en faisant signe à Alecto d'amener Londubat devant la classe. Il semble qu’une occasion se présente. Comme vous le savez, nous avons étudié le sortilège Doloris durant tout le trimestre, mais je pense qu'il est temps d'aller plus loin. »
Elle savait que cela allait arriver. Les Carrow ont déjà utilisé le sortilège Doloris dans certaines de leurs retenues, mais jusqu'à présent seulement sur les élèves de sang-mêlé, d'après ce qu'elle a pu constater. Elle espérait seulement qu'un certain sens du décorum ou de la retenue retarderait l'introduction du sortilège dans la salle de classe.
Daphne lève la main. Pansy se crispe.
« Oui, Miss Greengrass ?
–Mais ne devrions-nous pas d'abord apprendre plus de théorie ? demande Daphné, avec un charmant sourire. Je suis très intéressée par la théorie des sorts Impardonnables, Professeur. Et vous l'expliquez si bien.
–Votre intérêt est admirable, Miss Greengrass, mais je pense que nous avons eu assez de théorie pour l'instant. Nous pourrons en reparler après les vacances. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est de la pratique, dit Amycus d'une voix douce. Maintenant, avons-nous des volontaires pour essayer le sortilègeDoloris ? »
Personne ne parle. Pansy enfonce ses ongles dans ses paumes. En face d'elle, Crabbe est affalé sur son bureau, en train de dormir - un spectacle inhabituel, puisqu'il est normalement très éveillé pour les cours d'Amycus. Cette année, les cours de Défense contre les forces du mal et d'études des moldus sont probablement la première fois que Crabbe et Goyle se montrent enthousiastes à propos d'une matière scolaire. Le fait qu'Amycus ne l'ait pas encore réprimandé témoigne de l'estime qu'il lui porte.
« Je peux vous faire une démonstration, mais n'oubliez pas que vous n'apprendrez jamais si vous n'essayez pas. Voulez-vous vraiment ne pas avoir été testé et éprouvé lorsque vous serez diplômés de cette école ? Voulez-vous vraiment être doux et vulnérable, comme tous vos anciens professeurs voulaient que vous soyez ? »
Elle consulte sa montre. Il reste cinq minutes avant la fin du cours. Les yeux d'Amycus passent d'un côté à l'autre de la classe. Elle se souvient de l'expression de son visage lorsqu'il a fait la démonstration du sort sur un cochon devant la classe la semaine dernière. Une sorte de faim.
Crabbe s'agite sur sa chaise.
C’est maintenant ou jamais.
« Je vais le faire, Professeur. »
Amycus sourit.
« Miss Parkinson. J'aurais dû savoir que notre préfète en chef donnerait le bon exemple. »
Elle se lève, lisse les plis de sa jupe et se dirige vers l'avant de la pièce, évitant les regards des autres élèves.
« A genoux, Londubat, ordonne Amycus en le poussant avec sa baguette. »
Londubat s'agenouille lentement avec une expression accusatrice dans le regard.
Un jour tu comprendras peut-être, pense-t-elle.
« À présent, Miss Parkinson, comprenez-vous ce qu'il faut faire ? Ou dois-je d'abord faire une démonstration ?
–Je ne pense pas avoir besoin d'une démonstration, répond-elle précipitamment. Mais peut-être pouvez-vous me dire si le mouvement de ma baguette est correct ? »
Elle réussit à ajuster le mouvement et la prise de sa baguette pendant au moins une minute, avant qu'Amycus, impatient, ne déclare que c'est "parfait".
« Très bien. »
Amycus recule d'un pas pour donner à Londubat et Pansy un large espace.
Les mains de Londubat tremblent, mais il n'ouvre pas la bouche.
Elle lève sa baguette.
« Endoloris, lance-t-elle, volontairement doucement. »
Une faible lumière rouge l'atteint et il tressaille, mais reste immobile.
Amycus fronce les sourcils.
« N'oubliez pas, Miss Parkinson, vous devez mettre du sentiment et de l'intention derrière votre sort. Réessayez.
–Endoloris. »
Elle élève la voix et, cette fois, le jet rouge dure un peu plus longtemps. Longbottom frémit. Du coin de l'œil, elle voit quelques élèves du premier rang grimacer. Elle jette un coup d'œil à sa montre. Il ne reste plus que trois minutes de cours.
« Mieux, Miss Parkinson. Mais je devrais peut-être prendre le relais...
–Non ! s’empresse-t-elle de rétorquer. Je veux dire que je n'apprendrai jamais si je n'essaie pas, n'est-ce pas ce que vous avez dit, professeur ? Je sais que je ne suis pas très bonne pour le moment, mais je veux tellement m'améliorer. »
Elle adopte une expression suppliante, pensant à toutes les fois où, enfant, elle a arraché des sucreries aux elfes de maison.
« Je pense qu'il faut juste que je me mette dans le bon état d'esprit. Si je peux avoir un moment.
–D’accord. »
Il hoche la tête.
Pansy ferme les yeux, fronçant les sourcils. Elle peut pratiquement sentir les yeux de ses camarades de classe se braquer sur elle. Tout est si calme, et les secondes semblent interminables. Elle peut entendre le tic-tac de l'horloge sur le mur, et les bruits du château qui se déplacent, lointainement. Cela va à l'encontre de tous ses instincts de rester là.
« Miss Parkinson ? demande Amycus. Si vous n'êtes pas prête... »
Elle ouvre les yeux.
« Je visualise simplement, professeur. »
Elle lui adresse l’un de ses plus beau et plus doux sourires. Il ne reste plus qu'une minute de cours. Elle doit juste leur faire passer une minute de plus.
« Mais je crois que je suis prête maintenant. »
Elle lève sa baguette une troisième fois.
« Endoloris ! »
Le corps de Londubat est agité de soubresauts et il pousse un cri. Pansy ressent une poussée de puissance lorsque le sort prend effet, un picotement de la tête jusqu'au bout des doigts. Mille, deux-mille, trois-mille, quatre-mille, cinq-mille, elle ne peut pas...
Londubat s'effondre sur les pierres du sol dès que le sort est levé, le souffle coupé. Elle se force à lever les yeux vers Amycus.
« Beaucoup mieux, la félicite Amycus, les yeux étincelants. Bien que vous ayez encore besoin d'un peu d'entraînement. Mais malheureusement, cela devra attendre la prochaine fois. »
Il jette un coup d'œil vers le bas.
« Et merci, M. Londubat, pour votre aide. »
Londubat ne répond pas, toujours haletant à quatre pattes.
Amycus regarde la classe.
« Eh bien, j'espère que vous avez apprécié notre démonstration. Le cours est terminé. »
Durant un moment, personne ne bouge. Puis, lentement, les élèves s'animent, remuent leurs parchemins, trouvent leurs sacs, se lèvent. Seamus Finnigan se précipite pour aider Londubat à se lever.
Retournant à son bureau, elle se contente de tripoter ses livres. Elle ne s'étonnerait pas que quelqu'un essaie de lui jeter un sort discrètement en dehors de la salle de classe. Ses doigts sont maladroits et elle essaie de fermer son étui à plume. Daphné s'installe à côté d'elle et lui presse l'épaule.
« En fait, Miss Parkinson, l’interpelle Amycus alors qu'elle et Daphne s'apprêtent à sortir. J’aimerais vous dire un mot. »
Elle fait un signe de tête à Daphné et espère que cette dernière aura compris qu'elle doit l'attendre à l'extérieur de la salle de classe.
« Oui, professeur, dit-elle en se dirigeant vers l'avant de la salle.
–Je ne sais pas si vous le savez, commence Amycus calmement, mais depuis que le Seigneur des Ténèbres nous a placées, ma sœur et moi, à Poudlard, il nous a demandé d'identifier les élèves les plus âgés qui pourraient être particulièrement... prometteurs. »
Elle se rend compte qu'il attend sa réaction et se force à sourire.
« Comme c'est passionnant, Professeur.
–Oui, et je voulais vous dire que nous avons remarqué les initiatives que vous avez prises en classe et en dehors. Nous pourrions lui faire part de vos talents. »
Respire.
« C'est un tel compliment venant de vous, Monsieur. Je l'apprécie.
–Oui, eh bien, passez de bonnes vacances de Noël. Et passez le bonjour à votre oncle Charles, je ne sais pas si je l'ai déjà dit, mais nous étions de grands amis à l'école. Il faudrait vraiment qu'on se voie un de ces jour. »
Un sourire.
« Je ne manquerai pas de le lui dire, professeur. »
Elle ne sait pas comment elle fait, mais elle sort de la classe et se rend dans le couloir sans trébucher ni trembler. Quand elle arrive dans le couloir, elle voit que Daphné l'attend. Voyant la tête qu'elle fait, Daphné lui passe un bras autour de la taille.
« Pansy... »
Quelque chose se serre dans sa gorge et elle secoue la tête, se dégageant. Elle réussit à dire "Toilettes" et s’y précipite. Elle entre à peine dans une cabine qu'elle vomit déjà ce qu'il reste de son petit déjeuner.
Sa bouche a un goût aigre et métallique. Le regard fixé sur la cuvette des toilettes, elle sent Daphné derrière elle, qui lui tire les cheveux du visage.
« Tu as fait ce qu'il fallait, murmure Daphné. »
Pansy secoue la tête. Elle ne sait pas si elle est en désaccord avec Daphné ou si elle essaie de lui dire qu'elle ne peut pas parler.
***
Le fait qu'elle lui parle de Longbottom témoigne de quelque chose - qu'elle ignore, mais de quelque chose. Et c'est aussi un témoignage de quelque chose d'autre - de sa part - qu'il ne la condamne pas.
[Si les Carrow sont aussi horribles que tu le dit, je suis sûr que tu as raison de dire que cela aurait été pire pour Neville s'ils l'avaient fait. Et pour le rendez-vous , Godric's Hollow à minuit. Hermione dit que tu devrais utiliser un sortilège de désillusion. De plus, si tu peux le faire, est-ce que tu pourrais apporter un exemplaire de vie et mensonges d'Albus Dumbledore de Rita Skeeter ? Je n'arrive pas à croire que je dise ça, mais je veux savoir ce qu'elle a écrit, même si ce ne sont peut-être que des mensonges.]
***
Le dernier jour avant de retourner chez elle, elle rentre au dortoir des filles après le dîner et trouve Tracey qui fixe une lettre, le visage très pâle.
« Qu’est-ce que c’est ? »
Tracey lève les yeux.
« Une famille moldue a été assassinée dans le village d'à côté. La police moldue n'a aucune idée de ce que c'est, mais maman est sûre que c'est le sortilège de la mort. »
Il y a une véritable peur dans les yeux de Tracey.
« Que vont faire tes parents ? demande Pansy. »
Tracey regarde le parchemin dans ses mains.
« Je ne sais pas. Ils ont essayé de faire profil bas. Je veux dire, papa est un moldu, donc personne ne va l'accuser d'avoir volé de la magie... Mais quand même...
– Est-ce qu’il pourrait aller à l’étranger ? l’interroge Pansy. »
Tracey fronce les sourcils.
« Leur vie entière est ici. Leur travail est ici. Ils ne peuvent pas décider de partir tout d'un coup. Et où est-ce qu’ils vont aller ? Ils ne parlent que l'anglais.
–Peut-être que ton père devrait…
–Devrait quoi ? Y aller tout seul ? »
Tracey secoue la tête.
« Il n'ira pas sans maman. »
Pansy se mord la lèvre.
« Ta mère pourrait...
–-Utiliser la magie sur lui ? Effacer sa mémoire ? l'interrompt Tracey, l'air irrité. Tu es sérieuse ? Il ne serait jamais d'accord, et maman ne l'utiliserait jamais sur lui sans son consentement. Jamais. »
Pansy pense à Hermione Granger qui a envoyé ses parents en Australie.
La fin justifie les moyens.
Il est étrange de penser qu'elle est plus d'accord avec Granger qu'avec Tracey en ce moment. Il y a peut-être des limites au système de répartition, après tout.
« Je dis juste que…
–Tu ne comprends pas, Pansy, déclare Tracey avec colère. Je sais que tu ne connais personne qui n'a pas de magie, mais tu ne peux pas leur faire ce genre de choses. »
Mais elle connaît quelqu’un.
Que ferait-elle à la place de Tracey ou de Granger ?
***
Le réveillon de Noël chez grand-père Cornelius se déroule comme à son habitude : les oncles se saoulent et se disputent pour savoir qui est le meilleur en duel, les tantes essaient de se surpasser pour collecter des fonds pour des œuvres caritatives, les cousins plus âgés se souviennent de l'époque où ils étaient à Poudlard. Ils se réunissent dans le salon principal. Officiellement, il s'agit de la salle des fées (d'après le papier peint animé), mais Prim l'avait surnommée à l'âge de sept ans la salle des renfrognés, à cause de tous les portraits qui les regardaient d'un air hautain.
Elle se faufile dehors pour appeler Prim au moment où Grand-père commence à se réjouir de la sortie de vie et mensonges d’Albus Dumbledore de Rita Skeeter et de la confirmation de tout ce qu'il a toujours su.
« Il n'a jamais parlé de ces absurdités sur les Moldus quand nous étions à l'école ensemble... entend-elle alors qu'elle s'éclipse par la porte. »
Prim décrit dans les moindres détails un film que tout le monde regarde en Amérique, Titanic, qu'elle a déjà vu deux fois. Apparemment, l'acteur principal, Leonardo Quelque chose, est très beau. Puis la conversation dérive sur le professeur d'histoire du monde de Prim, qui, selon Prim, lui a donné un A- au lieu d'un A à son devoir final, parce que, selon elle, il est politiquement partial et n'aime pas ses arguments. Pansy n'est qu'à moitié attentive, jusqu’à ce qu'elle entende :
« D’accord, je suppose que je ne sais pas ce qu'il pense vraiment, mais il parle toujours de la façon dont les chefs militaires doivent motiver leurs troupes avec un 'ennemi commun' et c'est comme s'il était vraiment d'accord ou quelque chose comme ça...
–Qu'est-ce que ça veut dire ? l’interrompt Pansy.
–Quoi ?
–Comment ça, un 'ennemi commun' ? »
Elle saisit sa baguette et renouvelle le charme réchauffant sur elle. Ce serait bien si quelqu'un pouvait inventer un moyen d'utiliser la technologie moldue dans les barrières magiques, pour qu'elle n'ait pas à rester dehors.
« Oh, c'est l'idée qu'il faut diaboliser l'autre camp, ou créer un symbole qu'ils détestent, pour qu'ils se sentent plus proches les uns des autres et qu'ils soient motivés pour aller se battre. Rien n'unit plus qu'un ennemi commun, c'est la citation qu'il aime.
–Et ce n’est pas vrai ? »
Elle pense aux Gryffondor et aux Serpentard, à l'armée de Dumbledore et à la brigade inquisitoriale, à l'Ordre du Phénix et aux Mangemorts. Elle pense à la haine que Harry voue à Drago, et vice versa, et à la façon dont cela semble les motiver.
« Peut-être, mais c'est tellement horrible. Je veux dire, si tu es du bon côté, tu ne devrais pas t’abaisser à ce niveau pour gagner, tu ne devrais pas avoir à compter sur ces trucs... »
Elle réalise alors que Prim apprend les guerres en classe et que Pansy en vit une.
Elle sait que son absence sera remarquée. Elle dit au revoir et se faufile dans la maison. En traversant le bureau de son grand-père, elle remarque le livre de Rita Skeeter sur une table de chevet. Elle le retourne et étudie la photo d’une Rita minaudante qui fait des clins d'œil.
Elle a exactement la même apparence qu'à l'époque de la quatrième année de Pansy. À l'âge de 15 ans, Pansy avait été si enthousiaste à l'idée de rencontrer une vraie journaliste - une profession que ses parents n'avaient jamais approuvée - qu'elle avait accepté une interview sans hésiter.
Lorsque l'article avait été publié, ses parents avaient été furieux. Elle n'avait pas reçu de Beuglantes - "Les Beuglantes sont de basse classe", lui avait dit un jour sa mère, "Une dame n'envoie jamais de Beuglantes, Pansy" - mais elle avait reçu un Hibou aux mots très durs, puis une leçon de morale complète une fois qu'elle était rentrée à la maison pour les vacances. Ce n'était même pas ce qu'elle avait dit dans l'article, qui avait été exagéré par Rita pour faire de l'effet, mais le fait qu'il avait été fait sans leur permission.
Elle glisse le livre dans son sac à main. Heureusement, il est beaucoup plus grand à l'intérieur, car Daphné l'a rallongé pour qu'elles puissent faire passer du whiskey pur-feu au Bal de Noël. D’elles quatre, Daphné a toujours été la meilleure en Sortilèges.
Elle émerge dans le salon principal au moment où tante Clara porte un toast.
« À notre famille, dit-elle en agitant sa baguette pour faire flotter les verres de vin d’elf vers chaque personne présente dans la pièce. »
Tante Rosemary se tourne vers Pansy dès que le toast est terminé.
« Quelque chose ne va pas ? demande-t-elle, le regard pénétrant. »
Pansy lutte contre l'envie de s'agiter, sûre que son visage est rougi par le froid et ses cheveux ébouriffés par le vent. Comme toutes les bonnes commères, tante Rosemary est très observatrice.
« Bien sûr qu'elle va bien, s’exclame jovialement l'oncle Charles en s'approchant d'elles. »
Son visage est rouge - il a dû boire du Ogden à la maison.
« Notre préfète en chef, n'est-ce pas ? Nous sommes très fiers de toi. Comment va Poudlard ?
–Oui, tout est merveilleux. »
Elle plaque un sourire sur son visage.
« Vous savez, j'avais espéré que mon Dominick devienne préfet en chef, mais je vois maintenant que ce n'était pas prévu, poursuit l'oncle Charles. Pourtant, un préfet ou une préfète en chef Parkinson à chaque génération, ce n'est pas une mince affaire !
–Oui, acquiesce tante Rosemary, les yeux toujours rivés sur Pansy. Et c'était à la fois Père et son frère Tibère, en leur temps. Deux en deux ans.
–Oui, deux en deux ans ! Je suppose que cela n'aurait plus pu arriver, dit oncle Charles d'un air conspirateur. Ils sont devenus tellement politiques ces dernières années, surtout avec Albus Dumbledore. Je suppose qu'il n'aurait pas été bien vu, selon certaines personnes, d'avoir autant de Parkinson comme préfets en chef. Je n'arrive pas à y croire. Qu'est-il arrivé au bon vieux mérite et à la morale ? Maintenant, tout est une question d'apparence.
–Eh bien, déclare Pansy, en essayant d’adopter un ton léger. Avec tous les changements et le directeur Rogue, je pense qu'ils reviennent davantage à la tradition. »
Oncle Charles lui donne une tape sur le bras.
« Oui, et juste à temps pour que tu puisses revendiquer la place qui te revient ! »
Pansy imagine la tête de Granger, ou d'ailleurs celle de la plupart des Gryffondor, en entendant cette déclaration. C'est presque amusant.
« Comment sont tes professeurs ? demande tante Rosemary.
–Ils sont bons - oh, oncle Charles, Amycus Carrow m’a dit de te dire bonjour. »
Le visage d’oncle Charles s'illumine.
« Amycus Carrow ! Je ne l'ai pas vu depuis longtemps. Comment va-t-il ?
–Il va bien, c'est notre nouveau professeur de défense contre les forces du mal. »
Il sourit avec tendresse.
« Bien sûr, bien sûr. Il a toujours été très intéressé par ce cours lorsque nous étions à l'école. Pas tellement moi, mais tu me connais, je n'ai jamais été du genre à fréquenter la bibliothèque. »
Il ajoute cette dernière partie comme s'il s'agissait d'une parenthèse humoristique.
« Mais nous avons toujours passé de bons moments à l'école, Amycus et moi. On devrait se voir un jour. »
Pansy a soudain très froid.
« Tu sais, c'est exactement ce qu'il a dit, se force-t-elle à dire. »
Elle parvient à s'extraire de la conversation quelques minutes plus tard.
Une fois dans le couloir, elle ouvre la première porte qu'elle trouve et entre. C'est une armoire à linge. Elle lance un sortilège de silence et un charme de verrouillage, puis s'appuie contre la porte, pressant son front contre le bois lisse.
Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? se demande-t-elle à elle-même. Tu ne t'es jamais souciée des histoires stupides d'oncle Charles auparavant.
***
Le temps qui s'écoule entre le moment où elle rentre chez ses parents et celui où elle peut sortir en cachette lui semble interminable. Enfermée dans sa chambre, elle lit un peu le livre de Rita, mais elle n'arrive pas à se concentrer et finit par le reposer. Elle sort ses notes sur Godric's Hollow. Elle n'y est jamais allée et n'est pas très douée pour le transplanage. Elle fait les cent pas sur le sol, essayant de visualiser l'endroit.
Enfin, c'est le moment. Elle extrait le diadème de l'endroit où elle l'avait dissimulé sous tous ses vêtements dans sa malle, enfile son manteau et vérifie qu'elle a bien tout le reste. Une fois qu'elle en est certaine, elle se désillusionne autant qu'elle le peut.
En se faufilant à travers les barrières, elle remercie Prim et elle pour toutes les fois où elles sont sorties en douce. Qui aurait cru que toutes leurs gamineries lui seraient utiles un jour ? Une fois qu'elle est certaine d'être assez loin, elle se concentre aussi fort que possible, l'anticipation et la nervosité se faisant sentir dans son estomac, et tourne sur elle-même à l’endroit indiqué.
Pendant quelques secondes interminables, elle ne sent que la sensation familière d'étouffement, puis la pression se relâche.
Elle se trouve sur un chemin enneigé surplombé par ciel bleu foncé, les étoiles scintillant au loin. Des chalets ornés de décorations de Noël scintillantes se trouvent de part et d'autre de la route étroite. Au loin, elle aperçoit une lueur dorée qui indique un village.
Ça a marché.