
Seuls les imbéciles ont besoin de philtres d'amour
Chapitre 11: Seuls les imbéciles ont besoin de philtres d'amour
[L’indésirable numéro 1 sonne bien. C'est bien d'avoir récupéré le médaillon, mais c'est dommage pour la maison. Je me demande s'il y a d'autres endroits qu'il connaissait que ceux dont Dumbledore t’a parlés. S'il a vécu plus de 30 ans après Poudlard, il a dû visiter d'autres endroits que l'orphelinat, Poudlard, Barjow et Beurk et l'Albanie. Et dommage pour les Détraqueurs. La Gazette rapporte des attaques presque tous les jours maintenant.]
[Il est probable qu'il soit allé ailleurs, mais je n'ai aucune idée de la façon dont on pourrait le découvrir. Et quoi, pas de commentaire pour se moquer de moi à propos des Détraqueurs ?]
[Je n'arrive pas à croire que tu t'en souviennes. Je pense que cela en dit plus sur toi que sur moi, vraiment. Et si tu veux vraiment tout savoir, j'espérais surtout que personne ne remarquerait que j'avais peur d'eux.]
[Donc... ton plan était de te moquer des autres pour que les Détraqueurs te laissent tranquille ?]
[Eh bien, j'avais treize ans. Je ne me souviens pas non plus que tu étais un tel génie à l'époque.]
***
Le professeur Rogue la convoque dans son bureau à la fin de la première semaine.
« Miss Parkinson, commence-t-il en jetant un coup d'œil aux portraits accrochés au mur. J'espère que vous avez passé une bonne première semaine.
–C’est le cas, monsieur.
–Le Seigneur des Ténèbres m'a demandé de confier aux Carrow la responsabilité de la discipline des élèves, une décision que j'approuve bien sûr. »
Il a un mouvement de la lèvre qui lui fait croire qu'il pense exactement le contraire.
« Vous devrez vous rendre utile dans leurs efforts. Vous comprenez ce que je veux dire ? »
Elle comprend.
« Bien sûr. »
***
Au fil des semaines, une routine s’installe au château. Un petit nombre de Gryffondor, de Serdaigle et de Poufsouffle commencent à se rebeller. Londubat, Ginny Weasley et leurs amis écrivent par exemple "Rogue craint" sur un mur de la Grande Salle et essaient de faire des farces aux Carrows.
Elle confisque le Chicaneur à un groupe de Poufsouffles, leur retirant 20 points sous leurs regards pleins de ressentiment, puis le lit plus tard en cachette. Finis les articles ridicules sur les grenouilles de lune et les Joncheruines, le numéro entier est consacré à la façon dont chacun doit concentrer ses efforts pour aider l'Élu. La façon dont ils doivent le faire n'est cependant pas claire.
C’est courageux, mais très stupide.
***
« Romilda, je n'arrive pas à croire que tu sois toujours si attachée à lui, s’exaspère une voix. »
Pansy sursaute. Elle est dans une cabine des toilettes, s'y attardant pour ne pas aller en études de moldus. Alecto ne se préoccupe jamais de son retard, pas si elle murmure " affaires de préfète" en souriant d'un air conspirateur. Les cours ne sont pas différents des propos qu'elle a souvent entendus de la part des membres de sa famille les moins polis - l'oncle James, en particulier, s'anime lorsqu'il a bu quelques verres de Whiskey pur feu - mais ils sont tout de même ennuyeux.
« Je ne suis pas si attachée à lui. »
C'est Romilda Vane. C'est elle qui a essayé de donner un filtre d’amour à Potter l'année dernière. Pansy n'arrive pas à croire que ces choses soient encore légales. C'est probablement parce que les vieux schnocks du Magenmagot ne peuvent pas imaginer qu'un produit utilisé principalement par des sorcières adolescentes puisse être dangereux. Si elle était ministre, ce serait la première chose qu’elle bannirait.
« Ouais, alors pourquoi tu as rejoint, comment ça s'appelle déjà ? »
Elle baisse la voix.
« l'Armée de Dumbledore, ou je ne sais quoi.
–Je pense simplement qu'il est important de participer à l'effort de guerre, déclare Romilda d'un ton léger.
–Quel effort de guerre ? demande une troisième fille avec amertume. Une bande d'élèves ne peut pas être l'effort de guerre. Tous les adultes nous ont laissés pourrir dans cette école.
–Oui, mais quand il va revenir…
–Oh, Romilda, tu ne peux pas vraiment croire ça, dit la deuxième fille, la pitié transparaissant dans sa voix. Il ne reviendra pas. Mon père dit qu'il a probablement fui le pays - c'est ce que toute personne saine d'esprit ferait à sa place. »
mais il n’est pas sain d’esprit.
« Il ne ferait pas ça. C’est un Gryffondoor, comme nous.
–Être Gryffondor a des limites, Romilda. Ça ne veut pas dire que tu ferais n'importe quoi, même si c'est imprudent et pas conseillé. Il est à peine plus âgé que nous, comment est-ce qu’il va faire la guerre ? »
Comment, en effet.
« Je veux dire, s'il était vraiment courageux et tout ça, il ne se cacherait pas. Il serait dehors, en train de rallier la résistance, dit la troisième fille qui avait l'air amère. Il fait honte à la maison, vraiment. Et tu as lu l'article dans la Gazette la semaine dernière ?
–La Gazette, vraiment, Ursa ?
–Ma mère écrit pour eux !
–Ouais, la colonne des sorts ménagers pour les femmes au foyer…
–Je dis juste que personne ne sait vraiment ce qui s'est passé la nuit de la mort de Dumbledore, pourquoi ne pas se poser des questions... proteste Ursa.
–Quoi, tu penses qu’il a tué Dumbledore ? rétorque Romilda.
–Non, mais c’était bizarre. »
Cela a assez duré.
Elles ont de la chance que ce soit Pansy qui se trouvait dans les toilettes. Cela aurait pu être quelqu'un comme Charlene Rosier, la préfète de cinquième année de Serpentard. Charlene salive presque rien qu’à l’idée de retirer des points aux Gryffondor. La semaine dernière, Pansy a dû l'empêcher physiquement de s'inscrire à trop de rondes.
Elle déverrouille la porte de la cabine et lance un sortilège venteux en chuchotant pour qu'elle s'ouvre bruyamment.
Les trois filles se figent de façon comique près des lavabos. Les yeux sombres de Romilda s’écarquillent, et les deux autres filles - Ursa et Annabella, pense-t-elle - se sont figées en train de lancer des charmes pour lisser les cheveux.
« Eh bien, eh bien, eh bien, dit Pansy en souriant. Vous savez, j'ai toujours pensé que les Gryffondor étaient stupides, mais vous vous êtes vraiment surpassées. Vos mères ne vous ont jamais appris à vérifier avant de commencer à raconter des potins ?" Peut-être qu'elles comprendront le message. "Oh, attendez... »
Elle marque une pause dramatique.
« J'ai oublié que les traîtres de sang perdent aussi leur cerveau lorsqu'ils perdent leur morale et trahissent leur rang. »
Romilda s'avance. La peur peut se lire dans ses yeux, mais elle lève quand même le menton.
« Nous n'avons pas peur de toi, Pansy. »
Si seulement tu pouvais voir l’imprudente dévotion que tu inspires, Potter. C'est vraiment très nauséabond.
« Vraiment ? demande Pansy d'un ton moqueur. Eh bien, c'est un soulagement. J'allais vous retirer des points, mais maintenant que vous avez dit que vous n'aviez pas peur, eh bien, je crois que je vais devoir vous laisser partir...
–Qu'est-ce qui pourrait bien nous faire perdre des points ? proteste Annabella.
–La stupidité ? interrogea Pansy. Il ne faut pas que vous, les Gryffondor, fassiez baisser l'intelligence de toute l'école en parlant du 'précieux Potter'. La prochaine fois, vous réfléchirez peut-être avant d'ouvrir la bouche. 10 points en moins pour Gryffondor. »
Et peut-être que la prochaine fois, vous ne parlerez pas de l'armée de Dumbledore là où tout le monde peut vous entendre.
« Tu ne peux pas faire ça…
–Oh, je ne peux pas ? Allez donc voir le directeur Rogue ou les Carrows si vous pensez que ça peut jouer en votre faveur.
–On ne se soucie pas de ces stupides points... dit Romilda de façon peu convaincante.
–Aussi fascinante que soit cette conversation, l’interrompt Pansy, je dois vraiment y aller - je rate mon cours préféré, l'étude des Moldus. Au revoir, les filles. »
***
[J'ai dû dire à Ron et Hermione que je t'avais parlé. Ils se méfiaient de ce que j'écrivais puisque nous ne pouvons pas envoyer de hiboux. J'ai essayé de dire que c'était mon journal, mais Ron s'est mis à rire. Après que je leur ai dit, il y a eu beaucoup de cris sur les filtres d'amour et les sortilège de l'Imperium mais Hermione s'est finalement ravisée et a dit qu'elle voyait en quoi tu pourrais être utile. Ron est toujours furieux.]
[Je suis choquée que tu ais réussi à garder un secret aussi longtemps, honnêtement. Et ne t'inquiète pas, si j'avais une lésion cérébrale et que je décidais de te séduire, je le ferais à l'ancienne. Seuls les imbéciles ont besoin de philtres d'amour. À ce propos, ton petit fan-club se promène en écrivant héroïquement "Rogue craint" sur les murs. C'est comme ça qu'ils se divertissent, je suppose.]
***
Le jour suivant, elle se trouve en étude des Moldus, pour de vrai cette fois. C'est toujours aussi ennuyeux. Quatre semaines seulement après le début du trimestre, Alecto recycle déjà ses cours. Elle radote sur les procès des sorcières pour la deuxième fois de l'année quand soudain Padma Patil fait irruption dans la salle.
« Désolée, Professeure,s’excuse-t-elle, sans avoir l'air désolée du tout. Mais Madame Pomfresh m'a demandé d'aller chercher Daphné, c'est urgent. »
Daphné pâlit et rassemble immédiatement ses affaires.
À la fin des cours, Pansy se rend à l’infirmerie mais Madame Pomfresh lui apprend qu'elle limite les visites, et Pansy retourne alors au dortoir des filles pour attendre Daphné.
« Daphne, qu'est-ce qui ne va pas ? demande Pansy en se levant de son lit alors que celle-ci arrive 20 minutes plus tard. »
Daphne s'effondre sur son propre lit et se couvre le visage de ses mains.
« C'est Astoria, elle est, elle...
–Elle est quoi ? demande Pansy en venant s'asseoir sur le lit à côté d'elle et en posant une main sur son dos. Qu'est-ce que c'est ? »
Daphné retire ses mains de son visage et Pansy peut voir son air sauvage et effrayé. Pansy a une étrange impression de déjà-vu - à la fin de l'année dernière, elles étaient dans la même position, mais inversée, Daphné réconfortant Pansy.
« C'était ces idiots de quatrième année - les Gryffondor et les Serpentard ont recommencé à se battre, et Astoria essayait juste d'aller à la volière mais elle s'est prise un sort perdu. Elle a reçu un sort.
–On lui a juste jeté un sort ? »
Pansy est perplexe.
« Je veux dire, Madame Pomfresh peut littéralement réparer n'importe quoi, je suis sûre qu'Astoria ira très bien demain...
–Ce n'est pas qu'un sort ! explose Daphne. Ce n'est pas qu'un sort avec elle - ça ne l'est jamais - elle est maudite. Elle ne peut pas récupérer aussi vite.
–Maudite ?
–Oui, dit Daphné en prenant une grande inspiration avant de lui raconter toute l'histoire. »
Plus Daphné parle, plus les choses commencent à avoir du sens : combien Daphné se préoccupe d'Astoria, la tention qu'elle a dans les yeux, et enfin, la ressemblance inexplicable que Daphné et Pansy ont toujours ressentie. Elle n'a jamais compris : après tout, Daphné avait sa sœur à Poudlard. Mais maintenant, tout se met en place.
Elle était tellement jalouse de Daphné et d'Astoria. Mais elle avait tout faux.
« Pansy ? demande Daphne, faisant Pansy sursauter. »
Elles sont assises calmement depuis quelques instants, chacune perdue dans ses propres révélations. Au cours de la conversation, Pansy a tiré les rideaux autour d'elles et a lancé un charme de silence.
« Oui ? »
Daphne étudie Pansy pendant un moment avec une expression calme et curieuse sur son visage. Puis elle dit :
« Il y a quelque chose à propos de Prim, n'est-ce pas ?
D'une certaine façon, Pansy n'est pas surprise de la question. Elle savait que Daphné découvrirait quelque chose. Mais elle hésite encore un instant. Elle a passé tellement de temps à se cacher que c'est devenu un réflexe. Mais comme Prim l'a dit, Prim n'a pas honte d'elle-même. C'est Pansy qui agit comme si elle avait honte.
« Oui, tu as raison. »
Pendant que Pansy parle, Daphné ne réagit pas vraiment, se contentant de quelques hmms ou murmures. Mais à la fin, elle prend la main de Pansy, un regard triste dans les yeux, et dit :
« Pansy. Tu ne peux pas vraiment penser que je me soucierais de tout cela. Bien sûr que non. Je sais que je ne connais pas Prim, mais je te connais, et tu es comme ma sœur, et je ne ferais jamais, jamais, jamais quelque chose pour te blesser.
–Oh, Daphne, commence Pansy, sentant ses yeux lui piquer. »
D'une certaine façon, cela l'incite à raconter à Daphné le reste de l'histoire : comment elle a décidé d'espionner Draco, comment elle a commencé à travailler avec Harry Potter et comment Prim a réagi pendant l'été.
Daphne reste silencieuse pendant un moment.
« Les petites sœurs, dit-elle finalement, en souriant étrangement. Elles ne sont jamais reconnaissantes, n'est-ce pas ? »
Elle se met à rire.
« Non ! lui accorde Pansy avant de rire à son tour. »
Elle est très contente d'avoir jeté un sort de silence. Cela semble avoir libéré quelque chose en elles, parce qu'elles n'arrivent plus à s'arrêter, même si ce n'est pas si drôle que ça, en fait.
Daphné se reprend un peu et s'essuie les yeux.
« Je n'arrive vraiment pas à la croire parfois. Tu sais, quand je lui ai rendu visite à l’infirmerie, elle s'est réveillée et m'a tout de suite dit : 'Pourquoi tu fronces autant les sourcils, Daphné, tu vas avoir des rides.' Et puis elle s'est évanouie à nouveau, alors je n'ai même pas pu lui crier dessus !
–Il y a un tonique spécial pour les rides, tu sais, lui apprend Pansy. Mère me l'a donné, je peux lui demander où elle l'a commandé. »
Après une pause, Pansy sursaute lorsque Daphne dit soudain :
« Je n'arrive pas à te croire non plus ! Toute l'année dernière, tu m'as fait croire que je devenais folle parce que je pensais qu'il se passait quelque chose. Et j'ai vraiment pensé que Pansy ne me mentirait pas autant, si ?
–Je suis désolée, avoue Pansy, et elle l'est. Mais ce que tu pensais ne se passait pas vraiment. C'était autre chose, comme tu le sais maintenant.
–Oui, dit Daphné en fronçant les sourcils. Tu sais, je me suis dit qu'il devait être vraiment bon au lit pour que tu ailles sortir en douce avec un Gryffondor.
–Ne le laisse pas t'entendre dire ça, lui conseille Pansy en essayant d'ignorer les images qu'elle a évoquées. Son ego est déjà bien gonflé.
–Hmm. Mais il est très beau, n'est-ce pas ? demande Daphné d'un ton malicieux.
–Si tu aimes les idiots, marmonne Pansy en évitant le regard de Daphné.
–Pansy ! Tu viens littéralement de dire que maintenant tu arrêterais de me mentir.
–Très bien. Peut-être que son visage est esthétiquement plaisant sous certaines lumières ou autre.
–Hmmm. »
Daphné a un malencontreux air entendu. »
***
Le lendemain, elle rend visite à Astoria à l’infirmerie avec Daphné. Daphné parvient à se préoccuper de chaque petite chose : les couvertures, la température de l'eau, l'ouverture de la fenêtre, la distance entre le lit et la table de chevet…
« Tu dois être très prudente, la prochaine fois tu devrais prendre le chemin le plus long pour contourner le...
–Je ne vais pas vivre toute ma vie dans la peur... »
Je ne suis plus une petite fille. Arrête de me traiter comme telle, avait dit Prim.
« C'est pour ta propre sécurité, Astoria, tu es ridicule...
–C'est ma vie, pas la tienne et...
–Tu veux être blessée à nouveau ?
–Je vais parfaitement bien ! »
***
Au cours de la deuxième semaine d'octobre, Ginny Weasley, Londubat et Lovegood tentent de se faufiler dans le bureau de Rogue. Le professeur Rogue lui dit qu'elle doit superviser leur retenue - les Carrow ont accepté puisqu'ils semblent l'aimer beaucoup.
« C'est regrettable, dit-elle. Je me demande ce qu'ils cherchaient. Ce serait terrible que quelque chose d'important tombe entre de mauvaises mains. »
Il la regarde, ses yeux sombres l'évaluant.
« Ne vous inquiétez pas, miss Parkinson. Je veillerai à ce que les objets de valeur soient placés dans un endroit plus sûr. »
Elle s'attarde, espérant qu'il en dira plus, mais il l'écarte d'un regard acéré.
***
[J'ai demandé à Lisa Turpin, la préfète de Serdaigle, de me montrer la statue qu'ils ont avec le diadème de Rowena. Elle a un peu peur de moi, donc elle l'aurait fait de toute façon, mais j'ai inventé un tas de choses à propos d'un projet scolaire, juste pour être sûr. Aussi, ne prononce pas le nom du Seigneur des Ténèbres, j'ai entendu des rumeurs selon lesquelles il y a un tabou à ce sujet. A part ça, pas grand-chose à signaler. Les Carrow sont des cauchemars. Le cours de défense contre les forces du mal est loin d'être aussi amusant sans toi qui t'acharne sur le professeur Rogue.]
[Heureux de savoir que je t’ai diverti. C'est astucieux pour le diadème, au moins maintenant tu sais à quoi il ressemble. Je crois que Ron et Hermione sont frustrés que je n'aie pas plus de choses à raconter. Hier, quand je suis entrée dans la tente, ils se sont arrêtés de parler très brusquement, et je jurerais qu'ils parlaient de moi. Je ne sais pas ce qu'ils attendent de moi, je leur ai dit tout ce que je savais.]
[Ils ne peuvent pas s'attendre à ce que tu en saches magiquement plus que Dumbledore, n'est-ce pas ? Il faudrait peut-être que tu prennes une décision et que tu t'y tiennes, au lieu de tourner en rond.]
***
Alors que les semaines passent et que le mois d'octobre se transforme en novembre, Pansy remarque qu'il y a désormais trois catégories de Serpentards.
La première catégorie est celle des personnes dont l'ascendance est aussi pure que celle de Daphné ou de Pansy et qui se délectent de leur nouveau pouvoir. Charlene Rosier, qui s'est donné pour mission de retirer des points à tous les Gryffondor, l’illustre très bien. Torquin Travers et Archer Pucey, tous deux en cinquième année, en sont aussi des exemples.
Un jour, Pansy fait sa ronde lorsqu'elle entend des cris :
« C'est le couvre-feu ! Vous n'avez pas le droit d'être dehors.
–Ouais ? Et qu'est-ce que tu vas faire, sale Cracmol ? Qu'est-ce que tu peux bien nous faire... ? »
Une pause se fait entendre, puis Rusard reprend :
« Retournez à votre... »
Quelqu’un l'interrompt :
«Tu sais, Travers, mon grand-père dit que si on pousse vraiment les Cracmols, ils peuvent parfois produire de la magie accidentelle, qu’est-ce que tu dirais de...
–Tu es un génie. C’est une… »
Elle tourne à l’angle du couloir.
« Qu'est-ce qui se passe ici ? »
Travers et Pucey se tiennent à côté de Filch. Ils sont plus proches que la normale et, en voyant Pansy, reculent un peu.
« Eh bien ? demande-t-elle. »
Travers lui adresse un sourire.
« Oh, Pansy, on ne fait que s’amuser un peu. »
Elle regarde Rusard. Il est renfrogné, mais quand elle le regarde dans les yeux, elle voit quelque chose qu'elle n'aurait jamais cru voir un jour. La peur.
Calme. Il faut qu'elle soit calme.
« C'est le couvre-feu, déclare-t-elle lentement. Vous le savez. »
Pucey se passe une main dans les cheveux.
« Allons, Pansy, tu sais que le couvre-feu ne s'applique pas vraiment à nous.
–C'est peut-être vrai, mais je vous suggère de vous amuser pendant la journée. Retournez au cachots, les garçons. »
Après quelques plaintes, ils finissent par s'en aller en traînant les pieds.
Rusard ne la regarde pas.
« Le règlement stipule que les élèves qui sortent après le couvre-feu se voient retirer des points de maison, marmonne-t-il dans le silence.
–Vous pouvez en parler aux Carrows, si vous le souhaitez. »
S'il est intelligent, il cessera d'essayer de faire respecter les règles, surtout à l'égard des Serpentards, et se contentera de s'occuper de ses autres responsabilités.
Il ricane, mais ne répond pas.
Elle le regarde. Il a semblé plus calme cette année - il y a eu moins de menaces, de cris et de points enlevés. Dumbledore, malgré tous ses défauts, a dû être plus gentil avec lui que les Carrow, avec leur mépris narquois, ou que Rogue, avec sa froide indifférence.
Si elle était l'héroïne d'un roman, ce serait le moment où elle parlerait à Filch de sa sœur et où ils partageraient un moment de compréhension mutuelle.
Mais elle sait qu'elle n'est pas ce genre de fille, alors elle dit simplement "Bonne nuit" et s'en va.
La deuxième catégorie est celle des Serpentards qui ont quelque chose à cacher et qui passent leur temps à s'assurer que personne ne le remarque. Tracey et Millicent font partie de cette catégorie.
Pansy observe Tracey en cours d’étude des moldue : comment elle fixe son parchemin comme si elle pouvait y faire un trou avec ses yeux et comment ses joues deviennent de plus en plus rouges à mesure qu'Alecto parle. Elle ne lève jamais la tête pendant le cours, pas une seule fois, comme si un jour Alecto allait oublier son existence. Alecto n'insulte pas les sang-mélés de Serpentard en face, mais elle leur dit qu'ils doivent maintenir une vigilance constante pour contrer les effets insidieux des impuretés de leur sang.
« Je suis désolée, murmure Pansy, un jour où elles sont de retour dans le dortoir des filles. »
Elle pense aux choses qu'elle avait l'habitude de dire sur les Moldus dans le dortoir des filles, avant que Tracey et elle ne deviennent de vraies amies en quatrième année. À l'époque, elle n'avait jamais pensé à ce que Tracey avait dû ressentir.
« Ce n'est pas comme si tu pouvais faire quoi que ce soit à propos des Carrows, dit Tracey avec amertume. »
Millicent, quant à elle, passe son temps à glisser dans les conversations des faits sur les prétendus ancêtres magiques de sa mère. C’est un peu trop évident.
La troisième et dernière catégorie est semblable à la première, sauf pour les élèves trop paresseux, traumatisés ou indifférents pour exercer leur nouveau pouvoir. Draco et Theo Nott font partie de cette dernière catégorie.
Theo est très silencieux et très calme lorsqu'il s'acquitte de ses fonctions de préfet en chef. Il n'a pas l'air de se réjouir de retirer des points aux Gryffondors, aux Serdaigles ou aux Poufsouffles, mais il n'a pas l'air non plus d'essayer d’empêcher l’événement de se produire. Elle admire la façon dont il est si peu affecté. Chaque fois qu'elle se sent trop émotive, elle fait semblant d'être lui.
Quant à Draco, un jour, Pansy rentre de sa ronde très tard, pour constater que la salle commune est presque vide. La seule persone présente est Drago, qui est assis dans un fauteuil à fixer le feu.
Elle hésite un instant avant de s'asseoir à côté de lui. Ils se sont à peine parlé depuis l'année dernière. Elle était trop occupée par son rôle de préfète en chefet ses recherches secrètes à la bibliothèque. Il était trop occupé par ses fonctions de Mangemort et ne dormait pas assez, si l'on en croit les cernes qu'il avait sous les yeux.
« Pansy, dit-il en levant les yeux. »
Elle peut voir dans ses yeux qu'il est un peu ivre, pas d'une manière amusante, mais d'une manière fatiguée et amère.
« Bonjour, le salue Pansy. »
Il y a un court silence pendant que Draco regarde fixement le feu.
« Ce putain d'endroit, dit-il enfin. Je le déteste.
–Ouais, dit Pansy à voix basse en observant son visage. »
Il lève les yeux du feu.
« Quand je pense qu'il m'a dit qu'il pouvait m'emmener loin de tout ça.
–Quoi ? »
Son cœur bat plus vite.
« Lui. Tu sais de qui je parle, Pansy. A la Tour d'Astronomie. »
Elle le regarde fixement. Elle n'a jamais entendu cela auparavant.
« Pourquoi n’es-tu pas parti ? »
Il fronce les sourcils.
« Quoi ?
–Pourquoi est-ce que tu n’as pas accepté son offre ? Pourquoi ? »
Son imagination déborde : si Draco avait accepté l'offre, peut-être Dumbledore aurait-il décidé de rester en vie un peu plus longtemps, peut-être auraient-ils appris des choses sur le Seigneur des Ténèbres qu'ils auraient pu utiliser, et peut-être, juste peut-être, Harry ne vivrait-il pas dans les bois glacés sans rien d'autre.
« Quel genre de question tu poses ? Il a ma mère, Pansy. Ma mère. »
Elle pense à Narcissa, qu'elle a toujours connue de loin comme l'amie de sa mère. Elle a l'impression que Narcissa l'aime d'une manière réservée.
« Ils n'auraient pas pu la faire sortir de là aussi ?
–Ne sois pas ridicule, ricane Drago. Tu ne connais pas le Seigneur des Ténèbres comme moi. Il n'y a nulle part où se cacher de lui, nulle part où s'enfuir.
–Il ne sait pas tout, affirme-t-elle. Et cela n'aurait-il pas valu la peine, au moins pour ne pas en arriver là ?
–Vallu la peine ? »
Elle ignore ses bafouillages. Le sang monte en elle.
« Il aurait mieux valu pour tout le monde que tu t'en ailles. »
Une expression étrange se dessine sur le visage de Drago.
« Si je ne te connaissais pas mieux, je penserais que tu commences à leur ressembler. Prendre des risques ? Mieux pour tout le monde ? »
Il a raison. Elle est tellement surprise qu'elle n'a rien à dire.
Voyant cela, Draco continue :
« Et ensuite, tu vas dire que tu attends que Potter revienne et te sauve de cet endroit, comme tous ces stupides Gryffondor ?
Elle ne veut pas qu'il la sauve, mais elle veut...
Concentration.
« Ne sois pas stupide, Drago. Bien sûr que je ne pense pas ça. Il faut être fou pour penser que Potter va revenir. Il est probablement parti passer des vacances en France ou quelque chose comme ça. Je voulais juste dire que ça aurait été mieux pour ta famille. »
Il secoue la tête.
« C'est inutile maintenant.
–Tu peux toujours faire quelque chose. »
Ses yeux gris paraissent très fatigués.
« Il est trop doué pour l'occlumancie. Il verra dans ma tête. »
Il n'y a rien qu'elle puisse dire à ce sujet.
***
[Je suppose que je ne t'ai rien dit parce que Malefoy n'a pas accepté l'offre. On avait rien à faire. Et je ne pense pas que ce soit une bonne idée d'essayer de le recruter. S'il a raison de dire que Tu-Sais-Qui est capable d'entrer dans sa tête, alors tu serais en danger.]
[Le Seigneur des Ténèbres n'est pas dans ta tête ?]
[Je pense que je me suis améliorée pour l’en faire sortir.]
[Vraiment ? Je pensais que tu avais abandonné cette idée.]
[Je ne sais pas, je crois que tu m'as finalement convaincu. Je veux dire, c'est vrai, le fait qu'il soit dans ma tête met en danger tous ceux à qui je tiens.]
***
Au début du mois de novembre, le nombre d'élèves à problèmes a suffisamment augmenté pour que les Carrow ne puissent pas superviser toutes les retenues, et ils lui en confient donc une partie. Les élèves pensent qu'elle est trop paresseuse ou incompétente pour les punir correctement, et c'est exactement ce qu'elle veut qu'ils pensent. Heureusement, ils n'en parlent pas au château.
Toutes ces années passées à jouer les idiotes en classe ont porté leurs fruits. Personne ne se doute que Pansy Parkinson sait comment les punir, mais qu'elle ne veut pas le faire. Elle aimerait dire que tout cela faisait partie d'un plan, mais ce n'est que de la chance.
Même si le nombre de rebelles augmente, ils sont encore bien moins nombreux que la plupart des élèves, qui se contentent de garder la tête baissée et d'essayer de survivre. Elle devrait être soulagée qu'ils aient du bon sens, mais ce n'est pas le cas. Si Harry revient un jour, il aura besoin de plus que quelques idiots dévoués pour se ranger de son côté.
***
[Hier, Hermione et moi nous sommes dit dix mots, j'ai compté, et cinq d'entre eux étaient "Peux-tu me passer le sel ? Je l'ai entendue pleurer hier soir, mais je n'ai rien trouvé à dire. J'ai l'impression que je deviendrais fou si je ne pouvais pas t'écrire. Pourquoi Dumbledore m'a-t-il laissé l'épée et n'a-t-il pas trouvé un moyen pour que je l'obtienne ? Parfois, j'ai l'impression qu'il ne voulait pas du tout que je réussisse. Je n'arrive pas à savoir si je suis plus en colère contre lui ou contre Ron...]
[Il t'a déçu, mais tu ne peux pas abandonner maintenant. Tu peux trouver les Horcruxes, je crois en toi. Et peut-être que Granger sera de meilleure humeur avec une meilleure nourriture - je connais quelques sorts de cuisine que je peux écrire. Certaines choses que les filles de sang pur apprennent sont utiles.]
[Je n'arrive pas à croire que Pansy Parkinson vient de dire qu'elle croit en moi. Qui t'a jeté le sort de l’Imperium ? Et ce serait bien, merci. Pourquoi est-ce que vous apprenez tout ça ? Vous n'avez pas tous des elfes de maison ?]
[Pour séduire les hommes de sang pur en prétendant que nous savons cuisiner, bien sûr. Tu sais, lorsque mes parents sortaient ensemble, ma mère a invité mon père à dîner, en lui mentant et en prétendant qu'elle cuisinait pour lui sans magie ni elfe de maison, et mon père dit que c'est à ce moment-là qu'il a su qu'il allait l'épouser. Il n'en a toujours pas la moindre idée aujourd'hui, et je n'ai pas le droit de le lui dire.]
[C'est plutôt mal. Et je ne comprends pas, ils ne détestent pas faire des choses moldues ? Pourquoi ton père aimerait-il ça ?]
[Mes parents se contredisent, tout comme le reste de ma famille. Tu devrais rencontrer certains de mes oncles. Oncle Charles adore le football moldu même s'il pense que tous les moldus sont des idiots.]
***
Il est ennuyeux d'essayer de se faufiler seule pour lire de vieux livres dans la bibliothèque jusqu'à ce que Madame Pince la chasse. Elle regrette presque toutes ces fois interminables où ils essayaient d'entrer dans la Salle sur Demande. Un jour de fin novembre, sa ronde l'amène dans le couloir familier du septième étage. Elle étudie la tapisserie qui se trouve en face de la porte. C'est une représentation de Barnabas le Follet qui essaie d'enseigner le ballet aux trolls. Un vrai follet, en effet.
Une voix se fait entendre à l’angle du couloir.
« Très intelligent, Amycus, je pense que ce sera une bonne punition... »
Même s'ils l'apprécient, elle n'a pas envie de voir les Carrow maintenant. L'intérêt qu'ils lui portent commence à être un peu dangereux.
Elle fait trois fois les cent pas et se glisse derrière la porte dès qu'elle apparaît.
La pièce est exactement comme dans ses souvenirs et une vague de nostalgie l'envahit.
« Tu sais, tu es plus intelligente que tu n'en as l'air en classe.
–C’est l’hôpital qui se fout de la charité.
« Très original, Parkinson. Insulter mon intelligence. Tu ne devrais pas apprendre de nouvelles insultes ? »
Une époque plus simple, plus facile.
Elle croit se souvenir du chemin qu'ils avaient parcouru. Ici se trouve le livre qui hurlait des insultes, et là-bas, plus bas, un Frisbee à dents de serpent, qui plane sans fin. À gauche, la dague maculée d'une quantité dégoûtante de sang, et devant, l'énorme troll empaillée.
« Ça alors ! Ce ne serait pas l’armoire où Montague avait été enfermé l’année dernière ? »
Elle continue dans l'allée de gauche. Il y a un espace vide à l'endroit où se trouvait l’armoire à disparaître, marqué par un rond de poussière. À côté, une vilaine armoire se dresse, sur laquelle est posé le buste en pierre d'un vieux sorcier. Un diadème terni repose sur la chevelure sculptée. Elle le ramasse.
Il s'agit d'un cercle délicat qui ressemble à celui qu'elle a vu porter par sa mère sur les photos de son mariage. Il y a une inscription dessus, et elle essaie d'enlever la poussière. Seule la moitié des mots est visible.
Tout hom… s'enri… abonde l'esprit.
C'est drôle, on dirait presque que...
Attendez.
Un endroit que le Seigneur des Ténèbres connaît, un endroit suffisamment caché pour que personne ne le voit...
Elle ne peut être si chanceuse, si ?