
une très longue année
Chapitre 10: une très longue année
Le lendemain de son retour chez elle, elle s'empresse de parcourir la bibliothèque familiale.
Bien qu'elle y découvre quelques journaux sur la magie noire rédigés par quelques-uns de ses ancêtres les plus adorateurs d'expériences, rien de spécifique sur les Horcruxes ne semble y être répertorié. En ce qui concerne les fondateurs, elle trouve un court parchemin sur la vie de Godric Gryffondor, et un chapitre dans un livre sur un sorcier qui prétendait avoir trouvé le diadème de Rowena Serdaigle avant d'être démasqué comme un imposteur. Apparemment, il avait fabriqué un faux très convaincant, mais les experts du ministère avaient fini par le démasquer. Dommage qu'il n'y ait pas de dessins de ce diadème, elle aimerait bien savoir à quoi il ressemble.
« Tu cherches quelque chose ? »
Elle tourne la tête et aperçoit son père dans l'embrasure de la porte. Il doit rentrer du travail, elle ne l'a vu qu'un instant hier soir quand elle est arrivée.
« Oui, je cherche juste quelques choses pour l'école, dit-elle rapidement en descendant de l'échelle.
–C'est bien. »
Père s'avance dans la pièce pour regarder la table sur laquelle elle a empilé les livres.
« Tu sais, Pansy, je sais qu'il se passe beaucoup de choses dans le monde sorcier en ce moment, mais ton éducation est la chose la plus importante pour nous. »
Dire qu'il se passe beaucoup de choses est un euphémisme.
Elle a besoin d'une distraction avant qu'il ne commence à lui demander pourquoi ces livres en particulier.
« En fait, déclare-t-elle rapidement, je voulais te demander quelque chose à propos de Prim.
–Qu'est-ce que c'est ? »
Il lève les yeux de ses livres.
Elle baisse la voix.
« L'année dernière, maman a dit... elle a dit que vous devriez peut-être... »
Elle aimerait qu'il remplisse les blancs, mais il ne le fait pas, se contentant de lever un sourcil. Elle se force à terminer sa phrase :
« Elle a dit que vous pourriez dire aux gens que Prim est... qu'elle est partie.
–Ah. »
Son expression ne se modifie que légèrement.
« Oui, ta mère a quelques idées. Mais ce ne serait que dans les circonstances les plus extrêmes. Et tu ne devrais vraiment pas t'inquiéter de ces choses-là. Concentre-toi sur tes études. »
Elle déteste le calme avec lequel il en parle.
« Mais je m'inquiète.
–Ta soeur va bien en Amérique en ce moment. »
Elle ne peut s'empêcher de demander:
« Pourquoi l'avez-vous envoyée là-bas, il y a toutes ces années ? »
Il lève les yeux vers elle, surpris. Elle viole leur accord familial tacite de ne jamais parler de la raison pour laquelle Prim est parti. Elle sait pourquoi, mais soudain, il lui semble très important de l'entendre le dire.
« Pour la protéger, évidemment, dit-il lentement.
–Mais de quoi ? Il n'y avait pas de Seigneur des Ténèbres, durant ces années-là.
–Le Seigneur des Ténèbres n'est pas la seule chose dont il faut s'inquiéter.
–Alors de quoi? »
Il fronce les sourcils.
« Ce n'est vraiment pas la peine d'en parler pour l'instant.
–Ne me fais pas ça, s'emporte-t-elle. Si ce n'était pas vraiment pour la protéger, pourquoi est-ce que tu ne peux pas me le dire ? Pourquoi ne peux-tu pas être honnête avec moi ?
–Pansy, soupire Père. »
Pansy déteste le ton de sa voix, elle le déteste. Comment peut-il lui faire croire que c'est elle le problème, alors que c'est lui qui les a séparées, elle et sa sœur ?
« Quoi ?
–Il y avait de nombreuses raisons pour lesquelles il était préférable pour tout le monde que Prim s'en aille, répond finalement père.
–Lesquelles ? »
Il croise son regard.
« Nous comprenons Prim et son unique situation, bien sûr, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Il y a beaucoup de familles qui sont encore très vieux jeu et qui ne comprennent pas ces sensibilités modernes.
Arrête de parler en code, a-t-elle envie de crier.
« Vieux jeu, c'est-à-dire ? »
Il hausse les sourcils.
« Prenons l'exemple de ton cousin Dominick. Je suis certain qu'il va bientôt demander à Sophie de l'épouser, ils se fréquentent depuis un certain temps. Elle est issue d'une vieille famille, une branche des Bulstrodes, je crois. S'ils savaient pour Prim, ça pourrait... enfin ça pourrait poser des problèmes.
–Tu veux dire que Sophie ne voudrait pas l'épouser si elle savait qu'il avait Prim dans sa famille.
–Je n'ai pas dit cela. Je suis sûr que Sophie a les idées modernes de ta jeune génération. Mais sa famille...
–C'est ridicule. Prim n'est que sa cousine, même pas son adelphe ! Comment est-ce qu'ils peuvent se soucier de ça ? »
Pansy pense aux gens qu'elle connaît à l'école. S'en soucieraient-ils ?
« L'héritage magique fonctionne de bien des façons mystérieuses, Pansy. Et certaines familles sont très superstitieuses. »
Il donne l'impression d'être le plus raisonnable, en exposant simplement les faits.
« Donc tu dis que personne ne voudrait m'épouser non plus à cause de Prim.
–Je n'ai pas dit ça.
–Je n'épouserais jamais quelqu'un qui méprise Prim. Jamais. Je préférerais mourir vieille fille comme tante Rosemary !
–Je le sais, Pansy, dit calmement père. Je sais que tu aimes ta sœur. Mais pense que ce sera plus facile de rencontrer des gens s'ils n'ont pas d'idées préconçues sur toi et ta... situation familiale. Ensuite, quand le moment sera venu, tu pourras bien sûr leur parler de Prim.
–Je ne voudrais même jamais commencer une relation avec quelqu'un comme ça !
–Pansy. »
Père pose le livre qu'il tient sur la table avec un bruit sourd.
« Tu es très jeune. Et je ne pense pas que tu t'en rendes compte maintenant, mais le nombre de jeunes hommes qui s'en ficheraient est peut-être plus faible que tu ne le penses. Ils ont peut-être besoin d'un peu de temps pour y réfléchir. Pourquoi limiter tes options alors que tu n'es même pas encore sorti de l'école ?
–Je ne peux pas croire que tu dises ce genre de choses. »
Père lui jette un regard de pitié.
« C'est le monde dans lequel nous vivons, Pansy. J'essaie seulement de te dire la vérité. Quel genre de père serais-je si je ne protégeais pas mes filles ? »
Quel genre de père, certes.
***
[Tu épouserais quelqu'un qui a un lien de parenté avec un Cracmol ? Ne t'évanouis pas, Potter. J'essaie juste de gagner une dispute avec mon père, même si je ne dirai évidemment pas ton nom. Et j'ai parcouru notre bibliothèque familiale. Certaines des choses auxquelles mes ancêtres se sont livrés sont troublantes, mais il n'y a pas d'Horcruxe. J'ai trouvé des informations sur un faux diadème de Rowena Serdaigle, mais le vrai n'a pas été vu depuis des siècles].
[C'est drôle. Tu sais, Ron m'a offert Douze moyens infaillibles de séduire les sorcières pour mon anniversaire, et j'ai pensé que ça marchait déjà. Et je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas. Il n'y a rien de mal à être un Cracmol. Merci d'avoir essayé de chercher l'information. Hermione veut amener toute une bibliothèque avec nous et je n'ai aucune idée de la façon dont elle va s'adapter. On doit attendre le mariage de Bill et Fleur pour partir, sinon la mère de Ron pourrait nous assassiner avant que Voldemort n'en ait l'occasion.]
La mention d'un mariage lui donne l'image de lui dansant avec Ginny Weasley. Elle chasse cette image de son esprit.
[Imagine, l'infâme Élu abattu par la mère de Weasley. Et bon anniversaire. C'est bien de savoir que Weasley et moi avons la même opinion de ton charme : inexistant. Où est-ce que tu vas utiliser ce livre ? Est-ce qu'il pense que tu vas tomber sur une bande de vélanes pendant que tu chasses les Horcruxes ? Re : les bibliothèques, je pourrais peut-être copier quelques sorts de guérison que j'ai vus.]
[Je pense que les opportunités de rencontres seront plutôt rares, pour être honnête. Et oui, des sorts de guérison seraient utiles.]
***
Ses vacances en Amérique commencent à ressembler à un rêve étrange et lointain. Chaque jour apporte son lot de mauvaises nouvelles. Le professeur Charity Burbage, qui enseigne les études moldues à Poudlard, écrit un article dans la Gazette sur les droits des nés-moldus, puis disparaît quelques jours plus tard. À table, Père marmonne à Mère des rumeurs sur des meutes de loups-garous, et quatre attaques de Détraqueurs se produisent en l'espace de cinq jours.
Puis, le 2 août, Mère baisse le journal de son visage lorsque Pansy arrive à la table du petit déjeuner et dit d'une voix étrange :
« Le ministère a changé de mains. »
Pansy se fige au moment où elle s'apprête à attraper la théière, le bras suspendu dans les airs.
« Quoi ?
–Nous avons un nouveau ministre. Pius Thicknesse. Est-ce que tu vas boire du thé ou est-ce que je dois appeler les elfes pour leur demander du jus de citrouille ? demande mère, comme si elle était en train d'annoncer le temps qu'il faisait. »
Pansy baisse le bras.
« Quoi, non, je vais boire du thé. Comment ça, nous avons un nouveau ministre ?
–Exactement ce que j'ai dit, dit Mère en revenant au journal. »
Elle le lève plus haut, de façon à cacher son visage, et dit ensuite, d'un ton badin :
« Et Pansy, tu ne devrais peut-être pas appeler Prim pendant les prochains jours. Je pense que ce serait mieux, vraiment. C'est plus sûr. »
***
Lorsqu'il lui écrit enfin, elle ne lui dit pas à quel point 'elle avait l'estomac noué.
[La maison des Black ? Tante Rosemary et toutes ses commères d'amies ont toujours voulu savoir qui en avait hérité - elles feraient certainement une crise si elles découvraient que c'était toi. Et je n'arrive pas à croire que je dise ça, mais Granger a raison, tu dois l'éloigner de ton esprit. Tu ne peux pas continuer à avoir des épisodes comme celui-là.]
[Ouais, ouais. Tu sais, ça ne sert à rien que vous me fassiez toutes les deux la morale à ce sujet.]
[Penses-y : si tu tiens à l'un de tes idiots d'amis à Poudlard, tu trouveras un moyen de le faire sortir de ton esprit, sinon il saura qui ils sont et s'en servira comme appât.]
Il ne répond pas. Au lieu de cela, il change de sujet et lui parle des rumeurs qu'il a entendues au sujet de Dumbledore lors du mariage des Weasley. Tandis qu'il explique ce qu'il a apprit de tante Muriel, Pansy se sent de plus en plus en colère. Non seulement Dumbledore a eu une sœur Cracmol, mais il a permis à sa mère de l'emprisonner pendant des années, et il est peut-être responsable de sa mort.
Prim avait été envoyée loin, oui. Mais elle était en sécurité et heureuse. Si quelqu'un avait essayé de l'emprisonner ou de lui faire du mal...
Elle jette un regard furieux au parchemin. Il est toujours en train d'écrire quelque chose sur Dumbledore.
[Hermione pense que je devrais simplement choisir de ne pas croire les rumeurs qu'on entend, mais s'ils avaient raison ? Parfois, j'ai l'impression d'être de retour à Poudlard, et que tout cela n'est qu'une sorte de jeu dont lui seul connaît les réponses. Mais il est mort, et il est trop tard pour résoudre des énigmes. Pourquoi ne m'a-t-il pas dit qu'il allait me laisser l'épée ? Pourquoi ne m'a-t-il pas expliqué ce qu'il voulait que je fasse ?]
[Grand-père était quelques années après Dumbledore à Poudlard, et il a laissé entendre que Dumbledore est un hypocrite qui n'a commencé à s'intéresser aux nés-moldus que lorsque c'est devenu "à la mode" (selon ses propres termes). Mais il aime aussi le Seigneur des Ténèbres, ce n'est donc pas une source fiable.]
[Oui, je ne peux pas croire qu'il était vraiment un adepte de la suprématiedu sang. Mais pourquoi son passé était-il si secret ? Pourquoi ne m'a-t-il pas dit qu'il vivait aussi à Godric's Hollow ? Il savait que c'était là que vivaient mes parents.]
Le lendemain, une photo de lui dans le journal attire son attention.
[Je ne sais pas si tu le sais, mais il y a une photo de toi dans la Gazette. Apparemment, le ministère pense que tu as quelque chose à voir avec la mort de Dumbledore. Leur foi en tes capacités de duelliste est vraiment stupéfiante. Quelqu'un devrait leur dire qu'on ne peut pas se contenter de lancer des stupefixs et des sorts de désarmement pour vaincre le sorcier qui a terrassé Grindelwald.]
[Tu peux rire, mais Expelliarmus m'a sauvé de Voldemort au moins une fois. C'était une bonne photo au moins ?]
[C'est un peu triste, honnêtement. Peut-être qu'il n'est pas aussi redoutable que mes cousins le pensent. Et tu vas à la pêche aux compliments, Potter ? Quelle habitude peu attrayante.]
À la mi-août, elle reçoit un hibou de Poudlard et, de son paquet, sort un insigne argenté de préfète en chef. Dans une autre vie, elle se féliciterait d'avoir réussi à battre Hermione Granger, même si le titre de préfète en chef n'est pas vraiment son genre. Mais aujourd'hui, tout ce qu'elle ressent, c'est un sentiment d'inquiétude. Le professeur Rogue sait quelque chose sur elle, ou croit le savoir, et elle ne peut s'empêcher de penser que cet insigne représente une responsabilité ou un fardeau dont elle ne veut pas. Elle lit le parchemin qui accompagne l'insigne. Préfet en chef, Theodore Nott. Sang pur, avec le bon pedigree, mais très calme et elle soupçonne qu'il n'est pas un fanatique comme certains des autres qu'il aurait pu choisir. Il est certain qu'il prépare quelque chose.
***
[Tu sais, je suis un peu déçue de ne pas être là pour te voir déchaîner ton règne de terreur sur Poudlard. Et je suppose que faire mes retenues avec toi aurait été mieux que de les faire avec Rogue.]
[J'espère que tu n'as pas l'impression ridicule que je serai plus tendre avec toi.]
[Ne t'inquiète pas, je sais que tu ne seras jamais tendre avec moi, Parkinson.]
Elle sait qu'il s'ennuie, coincé dans la maison avec Granger et Weasley pour seule compagnie.
[On a enfin découvert qui est R.A.B. et où devrait se trouver le médaillon. Mais malheureusement, il est avec Ombrage. On se relaye pour espionner le ministère sous la cape d'invisibilité. C'est plutôt ennuyeux. Tu n'as pas de connaissances secrètes sur elle parce que tu as fait partie de la brigade inquisitoriale, n'est-ce pas ?]
[Malheureusement, non. Tu sais, si Pansy de cinquième année pouvait me voir te parler à ce moment précis, elle aurait une crise cardiaque.]
[Je suppose qu'on fait tous des choses auxquelles on ne s'attendait pas.]
***
Un après-midi, alors qu'elle passe devant le bureau de son père, elle entend la voix de son grand-père :
« J'ai dit à Lucius que j'étais bien trop vieux pour contribuer de cette manière, mais que je serais heureux de faire un don d'argent.
–C'est une bonne idée, murmure père. S'ils veulent plus de gens, ils n'ont qu'à embaucher des sbirs dans la rue, non ? Être le laquais de quelqu'un est indigne de nous.
–Oui, Lucius a vraiment perdu la tête, n'est-ce pas ? Si Abraxas pouvait le voir maintenant... Abraxas disait: 'Un Malefoy ne se salit jamais les mains'. Mais maintenant...
–Stupide. »
Père secoue la tête.
Grand-père l'aperçoit dans l'embrasure de la porte et pose son verre d'Ogden en lui adressant un sourire indulgent.
« Ah, Pansy. Tu te prépares pour Poudlard ? Ton père me racontait justement comment tu avais été nommée Préfète en chef. »
Ce n'est pas du tout ce qu'il disait, et ils le savent tous.
***
Le quai de gare est beaucoup plus calme cette année. Les seuls qui ont l'air vraiment heureux de retourner à l'école sont Goyle et Crabbe, et peut-être Blaise. Même Drago, qu'elle aperçoit de loin, a l'air un peu nerveux, bien qu'il le cache avec bravade, comme il le fait toujours. Elle se demande si les rumeurs selon lesquelles le Seigneur des Ténèbres séjournerait chez lui sont fondées.
« Qu'est-ce que ta mère a fait ? chuchote Daphné à Millicent en fermant la porte de leur compartiment. »
Millicent se lève pour ranger sa malle.
« Le vieil ami de papa au ministère a falsifié des papiers pour elle. Et ce n'est pas un mensonge complet. Maman est convaincue qu'elle a des ancêtres magiques, quelque part dans sa famille.
–Tu crois que les autres nés-moldus font ça ? murmure Daphne.
–S'ils ont les relations, marmonne Tracey. La plupart des gens n'en ont pas. »
Pansy ouvre à nouveau la porte.
« Je dois trouver Theodore Nott, leur dit-elle. Et ensuite, je dois aller parler aux préfets.
–Bonne chance, l'encourage Millicent. »
Elle trouve Théodore seul dans le compartiment où se réunissent habituellement les préfets, en train de lire un livre sur l'arithmancie. Il va falloir qu'elle fasse preuve de délicatesse.
« Bonjour, dit-elle, et il lève les yeux vers elle.
–Parkinson, répond-il calmement. Bien, nous devrions parler de ce qu'il faut dire aux préfets.
–Oui, déclare-t-elle en s'asseyant en face de lui. Nous devrions le faire. Comment s'est passé ton été ?
–Bien, dit-il, peu loquace. Comment était le tien ?
–Bien, lui assure-t-elle. »
Ils se regardent un instant. Ce n'est pas possible. Elle aurait aimé essayer de mieux le connaître au fil des ans - ils partagent une année et une maison, après tout, et avec le recul, il aurait probablement été un meilleur objet de ses rêveries que Draco, même s'il est un peu silencieux à son goût.
« Je suis désolée pour ton père, tente-t-elle, changeant de tactique.
–Ça va. »
Il la regarde un long moment, et elle peut lire de la curiosité dans ses yeux.
« C'était son heure. »
Une déclaration étrange, étant donné qu'il n'était pas vieux du tout, surtout parmi les sorciers. Maintenant, elle comprend quelque chose.
« Je suis désolée pour toi et Drago.
–Ce n'est pas vraiment une grande perte, déclare-t-elle, prenant une décision. Il s'est comporté comme un petit con. »
Elle voit le coin de sa bouche se retrousser en un sourire.
« Je crois que nous nous comprenons, n'est-ce pas, Théodore ?
–Appelle-moi Théo. Et oui, je pense que c'est le cas. »
Ils discutent de la façon dont ils vont s'adresser aux préfets pendant les vingt prochaines minutes. Ils sont en train de finaliser la répartition des patrouilles quand la porte s'ouvre et que Pansy entend une voix dire :
« Si tu veux mon avis, il s'est enfui aux Etats-Unis ou quelque chose comme ça, je veux dire, personne ne l'a vu depuis... »
Le garçon, un Serdaigle, s'arrête brusquement dans l'embrasure de la porte lorsqu'il tourne la tête. Elle se demande quelle va être la fin de sa phrase. Elle a une bonne idée de qui est ce il.
C'est Kevin Entwhistle.
« Désolé, balbutie-t-il. On pensait être les premiers arrivés. »
La jeune fille à qui il parlait est devenue très pâle.
« Bonjour, Pansy, la salue Lisa Turpin d'une petite voix étrange. Félicitations pour ta nomination en tant que préfète en chef de l'école.
–C'est gentil, Lisa, dit Pansy en faisant un geste vers les sièges. Rejoignez-nous, on attendait les autres préfets. Vous êtes en avance, c'est bien. »
Lisa et Kevin s'assoient, leurs regards allant de Pansy à Théo et vice-versa. Un petit frisson pervers la parcourt en voyant la nervosité qu'elle a inspirée. Elle a bien joué son rôle.
« Est-ce que vous êtes enthousiaste à l'idée d'être préfet en chef ? demande Lisa stupidement en tripotant le bord de son pull.
–Bien sûr, qui ne le serait pas ? »
Dans une autre vie, Lisa aurait probablement été la prochaine à occuper le poste de préfète en chef après Granger. Dumbledore la préférait nettement à Pansy.
Je suppose qu'on fait tous des choses auxquelles on ne s'attendait pas.
***
[On va au ministère demain pour essayer d'entrer dans le bureau d'Ombrage. Et j'ai eu une autre vision, Voldemort cherche Gregorovitch. Avant que tu ne dises quoi que ce soit, j'ai déjà eu droit à une leçon de morale complète de la part d'Hermione. C'est mon choix, et je veux savoir pourquoi il s'en prend à un sorcier étranger. Peut-être pense-t-il que Gregorovitch est meilleur qu'Ollivander, ou peut-être veut-il savoir pourquoi ma baguette se comportait ainsi. Ou peut-être autre chose. Mais je vais le découvrir, en utilisant la connexion.]
Elle est ravie qu'il puisse prédire ce qu'elle va dire, mais agacée qu'il soit si têtu.
***
Comme tout le monde, elle aperçoit les Carrow lors de la fête de bienvenue, lorsque le professeur Rogue les présente, mais ce n'est que le lendemain, lors de leur premier cours de Défense contre les forces du mal, qu'elle se fait vraiment une idée d'eux. Alors qu'elle s'enfonce dans sa chaise habituelle, elle ne peut s'empêcher de se rappeler la dernière fois qu'elle s'est retrouvée dans cette salle de classe : quand Harry Potter et tous les autres étaient encore là et que le monde entier était différent.
Amycus fait un grand spectacle en lisant chaque nom sur la liste d'appel.
« Tracey Davis, annonce-t-il, et il attend patiemment que Tracey lève la main. Davis, c'est un nom moldu, n'est-ce pas ?
–Oui, monsieur. Je suis une sang-mêlé. »
Pansy ressent une douleur à la façon dont Tracey le dit.
«Je vois, dit Amycus d'une voix calme. Nous n'avons jamais eu de sang-mêlé à Serpentard de mon temps. Mais je suppose que les temps ont changé, n'est-ce pas ? »
Il marque une pause dangereuse, puis revient au parchemin.
« Kevin Entwhistle ? »
Une fois qu'il en a terminé avec l'appel, il leur explique à quel point tous leurs professeurs précédents ont été médiocres - à l'exception du professeur Rogue, bien sûr.
« Les distinctions entre la Magie Noire et le reste sont dépassées et démodées, dit-il. Il s'agit de la même magie : ce qui compte, ce sont les objectifs. Même les sales moldus le comprennent, vous verrez. »
Ses lèvres se retroussent en un sourire.
« En temps normal, je ne reconnaîtrais rien à ces animaux. Mais les armées moldues utilisent la torture depuis des siècles, et ils en voient tous la nécessité. La fin justifie les moyens, je crois que c'est ce qu'on dit. Quelque chose que notre ministère actuel trouve logique. »
Elle regarde la souris dans la boîte sur laquelle elle doit lancer le sortilège Doloris, et espère qu'il s'agit d'une tasse à thé métamorphosée et non d'une véritable souris. Elle envoie un sort volontairement faible vers elle.
Autour d'elle, les autres élèves font des efforts timides, même si Crabbe et Goyle, au contraire, ont l'air très déterminés. Il y a quelque chose dans le regard de Crabbe qu'elle n'aime pas.
" »Bon premier effort, l'encourage Amycus d'un ton approbateur. Mais il faut que tu tiennes ta baguette plus fermement. Pansy Parkinson, c'est ça ? Notre préfète en chef. Je suis sûr que nous nous verrons souvent.
–Vous êtes trop aimable, Professeur. »
Il sera utile de l'avoir de son côté.
« Je sais que j'ai beaucoup de progrès à faire. Mais j'ai tellement envie d'apprendre.
–C'est admirable, Miss Parkinson, dit Amycus avec une lueur dans les yeux qui lui serre l'estomac. Je vois que le professeur Rogue a bien choisi. »
Ce sera une très longue année.