
la soeur de Prim
Chapitre 9: la soeur de Prim
C'est juste en cas d'urgence. Par exemple, s'il a besoin qu'elle cherche quelque chose à la bibliothèque de Poudlard. Granger a beau etre une miss je-sais-tout, même elle ne peut pas avoir mémorisé tous les livres de Madame Pince. Pansy explique comment fonctionne le parchemin et quel est le mot de passe, un mot qu'elle et Prim ont inventé quand elles étaient petites et qu'elles se racontaient des histoires.
Fais disparaître cette note après l'avoir lue, lui dit-elle.
L'aider est le moyen le plus direct d'atteindre ses objectifs. C'est juste logique.
***
Quelques jours plus tard, elle se trouve en Amérique pour rendre visite à Prim. Elle arrive dans la maison où habite Prim dans la soirée après un portoloin international qui lui donne la nausée, un ferry et une course de taxi déroutante.
« N'oublie pas que tu dois faire semblant d'être venue en avion pour mes amies, avait dit Prim au téléphone;
–Je sais, je ne suis pas incompétente, avait répondu Pansy. »
« Pansy ! »
Un cri venant du perron retentit, et Pansy lève les yeux de ses tentatives maladroites pour payer le chauffeur. C'est déjà bien assez d'avoir à apprendre l'argent moldu britannique, mais maintenant de l’argent moldu américain ?
« Attends une seconde, je paye.
–Je sais, je sais, interrompt Prim avec impatience en se penchant à la fenêtre. Je vais chercher tes sacs. »
Pansy parvient finalement à payer le bon montant, mais pas avant que le chauffeur ne lui lance un regard incrédule. Elle rattrape Prim, qui a monté ses sacs dans les escaliers jusqu'à la porte d'entrée.
« Tu leur as jeté un charme de poids plume ? demande Prim, son visage brillant d’espièglerie. Ou tu as enfin appris à ne pas emmener toute ta garde-robe quand tu voyages ?
–Ne le dis pas comme ça, je sais que tu vas voler certaines de mes affaires. Et bien sûr que j’ai utilisé un charme de poids plume. Tu crois vraiment que je suis venu en Amérique avec quoi, seulement deux paires de chaussures ?
–Tu adores que je te vole tes affaires, ne mens pas, dit Prim par-dessus son épaule en ouvrant la porte d'entrée. Je n'arrive pas à croire que tu sois là !
–Moi non plus, je n’arrive pas à y croire. »
Ici, elle n'a pas à penser à Drago, à Dumbledore ou, pire, à Harry Potter.
Elle franchit le seuil avec ses sacs et regarde autour d'elle. C'est clair et aéré, tout est dans différentes nuances de blanc ou de bleu pastel, et quel contraste avec leur maison de famille, qui est toute de bois sombre et de vieux portraits qui passent leur temps à vous fixer. C'est une maison d'été, lui a dit Prim un jour. La famille de Jennifer a une vraie maison ailleurs.
« J'ai tellement de choses à te raconter, dit Prim en jetant ses bras autour de Pansy, les yeux brillants. »
Pansy respire l'odeur de lavande du shampoing de Prim. Elles font presque exactement la même taille. Quand elles étaient petites, les gens disaient toujours qu'elles ressemblaient à des jumelles : mêmes cheveux noirs et lisses, même nez retroussé et même petite bouche.
« J'ai aussi des choses à te dire, dit Pansy en s’écartant.
–Ok, dit Prim. Je vais te montrer ta chambre et où tu peux mettre tes affaires.
–Attends…, crie Pansy alors que Prim bondit vers les escaliers. Jennifer est là ?
–Non, elle est sortie avec des amis. Il n'y a personne ici, juste nous. Pourquoi ? »
Pansy sort sa baguette et fait léviter ses valises dans les airs.
« Pansy- ! siffle Prim, une sorte de plaisir horrifié sur son visage alors que les valises flottent devant l'endroit où elle se tient dans les escaliers.
–Quoi ? Tu ne t’attends pas vraiment à ce que je les porte en haut des escaliers, si ? Et tu viens de dire qu'il n'y a personne ici.
–Tu ne peux pas t'habituer à faire ça ! Tu ne devrais pas cacher ta baguette pour le voyage, pour ne pas l'utiliser accidentellement ?
–Je ne vais pas cacher ma baguette, tu es folle ? Et bien sûr que je ne vais pas oublier.
–Bien, peu importe. »
Prim recommence à monter les escaliers.
« Mais tu n'as vraiment pas intérêt. Je ne peux pas te laisser oublietter mes amies. »
Pansy la suit en veillant à ce que ses sacs ne se heurtent pas au mur.
« Je n'oublietterais pas tes amies, marmonne-t-elle. Ce serait au MACUSA de le faire, si on en arrivait là. Et ils sont probablement meilleurs que moi en Charmes de Mémoire.
–Pansy ! »
Prim lui lance un regard mauvais.
Pansy décide de changer de sujet.
« Cette maison est sympa. Je n'arrive pas à croire que la famille de Jennifer te laisse rester ici si longtemps.
–Ils ne vivent même pas ici. Le père de Jennifer est toujours en ville dans leur vraie maison, et sa mère aussi. Ils viennent juste pour les week-ends. Et ils ont quelqu’un qui s’occupe de la maison, aussi, donc ce n'est pas comme s'ils devaient vraiment faire quelque chose eux-mêmes.
-Quand-même.
–Ouais, eh bien, ils m'aiment, sourit Prim en guidant Pansy dans un couloir. J'ai travaillé très dur, tu sais. Je parle à la mère de Jennifer de toutes ses disputes avec les autres femmes du conseil d'administration de l'Opéra, même quand Jennifer lève les yeux au ciel, et je regarde le golf avec le père de Jennifer. J'ai appris toutes les règles ennuyeuses, aussi. Jennifer fait toujours des blagues sur le fait que je vais la remplacer un jour.
–Ça c'est la Prim que je connais. »
On peut toujours sortir une fille de la maison ancestrale des Parkinson, mais on ne peut pas sortir l’esprit Parkinson d’une fille.
« C'est ici. »
Prim indique une pièce d'un geste. Pansy laisse ses sacs flotter doucement vers le sol.
« Tu as faim ? Il y a de la nourriture dans la cuisine.
–Oui. »
Elles descendent, et Pansy mange des restes de pâtes pendant que Prim lui raconte tout ce qu'elle a fait cette année - tout le drama avec Mathew, et comment elle a failli avoir un accident de voiture la première fois qu'elle a pris l'autoroute, et la fois où Ashley a failli être arrêtée par les Aurors moldues et a dû s'en sortir par la ruse.
« Donc on était là, debout à côté du champ de maïs, et on faisait semblant d’être sobres, et...
–Je n'arrive pas à croire qu'ils se soucient de savoir si tu bois, l’interrompt Pansy. Les Moldus sont si bizarres. À Poudlard, ils s'en fichent. »
Prim roule des yeux.
« Ce ne sont pas les moldus, Pansy, ce sont les américains. . Pourquoi tu supposes toujours ? »
Il y a une note d’irritation dans sa voix que Pansy ne comprend pas vraiment. Pansy la laisse finir son histoire, puis elle finit de manger et elles remontent les escaliers.
« Tu devrais venir dans ma chambre, dit Prim. Ce sera comme au bon vieux temps, comme quand on était petites.
–D’accord. »
Pansy se change et retourne dans la chambre de Prim, où elle est accueillie par la vision de celle-ci grimpant dans un énorme lit.
« C'est une bonne chose que cette couette soit si grande, dit Pansy en grimpant de l'autre côté du lit. Sinon, je devrais l'agrandir. Merlin, tu te souviens comment tu avais l'habitude de voler toutes les couvertures, quand on dormait dans le même lit quand on était petites ?
–Tu ne peux rien agrandir ! La gouvernante va le remarquer, siffle Prim en déplaçant son oreiller. Et arrête de dire Merlin tout le temps.
–Tu es ridicule, je ne l'ai dit qu'une fois depuis que je suis ici ! Et je l’aurais rétrécie, de toute façon.
–Hmm. »
Prim se penche sur la table de chevet pour éteindre la lumière.
Pansy hésite un instant. Elle devrait peut-être attendre demain pour le dire à Prim, quand elles seront toutes les deux plus fraîches et plus lucides, mais cela fait tellement longtemps qu'elle attend de le dire à Prim qu’elle ne peut pas s'en empêcher.
« Prim ? demande Pansy.
–Oui ? Prim pose sa tête sur l'oreiller et laisse ses cheveux noirs s'étaler autour d'elle.
–Tu te souviens que j'ai dit que j'avais des choses à te dire ?
–Lesquelles ? »
Toute l'histoire s’écoule de ses lèvres très facilement. Jusqu'à ce moment, elle n'avait jamais réalisé à quel point elle voulait la raconter à quelqu'un d'autre. Prim est très silencieuse, n'intervenant que quelques fois - une fois pour la confession de Draco dans la salle de bain et une autre fois pour l'avertissement de Dumbledore. Lorsque Pansy arrive à la fin, elle termine en disant :
« Et une fois que Potter et sa bande d'idiots auront gagné, tu pourras enfin rentrer à la maison. »
Il y a un long silence, le seul son audible est le bruit lointain des vagues. Pansy regarde Prim. Au cours de l'histoire, Prim s'est déplacée et s'est allongée sur le dos.
« Pansy, dit enfin Prim, lentement, en se tournant pour lui faire face. »
Son visage porte une expression étrange.
« Et si je ne veux pas revenir ? »
Pansy se redresse.
« De quoi tu parles ? Bien sûr que tu vas revenir. »
Prim se redresse également.
« Tous mes amis sont ici. Toute ma vie est ici.
–Tu es une Parkinson. Tu es faite pour être ici, dans notre maison. »
Prim fronce les sourcils.
« On croirait entendre Mère. Quelle importance que ce soit notre maison ancestrale ou autre, c'est juste un endroit.
–Je ne ressemble pas à Mère. Mais qu'est-ce que tu racontes ? On a toujours dit qu'on trouverait un moyen pour que tu reviennes, et je l'ai trouvé.
–Pansy, dit Prim en la regardant avec de grands yeux. C'était il y a des années, quand on était des petites filles. »
Pansy se sent comme si elle se trouvait dans un des escaliers mouvants de Poudlard et que le sol se dérobait sous elle.
« Eh bien, je n'ai jamais abandonné. Je suis ta soeur. Et qu'est-ce qui a bien pu changer ? Pourquoi tu ne veux pas revenir ?
–J'ai juste dit que mes amis sont ici. Mon école est ici. Je ne veux pas partir. »
Prim doit avoir remarqué l'expression sur le visage de Pansy, car elle dit alors :
« Je veux dire, c'est bien que tu aies fait toutes ces choses, Pansy, vraiment. Je sais que tu as travaillé dur. Mais... »
Prim s'interrompt.
« Quoi ?
–Mais, en fait, je ne t'ai jamais demandé de faire aucune de ces choses. Je ne t'ai pas demandé d'entreprendre toute une croisade pour moi. Et maintenant tu me racontes toutes ça, et tu me regardes comme si tu t’attendais, eh bien, comme si tu t’attendais à ce que je te tombe dans les bras de gratitude ou quelque chose comme ça.
–Je ne t’ai jamais dit que…
–C’était comment tu me regardais.
–Je ne t’ai jamais regardé comme ça.
–-Je dis juste, Pansy, commence Prim en haussant le ton, que je ne sais pas ce que tu attends de moi. Je veux dire, je ne sais pas si je veux vraiment revenir en Grande-Bretagne, et tu ne m'as jamais demandé si je le voulais ou non.
–Je n'avais pas réalisé que c'était quelque chose que je devais demander ! »
Pansy se sent piquée au vif.
« Je pensais que bien sûr que tu voudrais rentrer à la maison. Je veux dire, qui ne le voudrait pas ?
–Qui ne le voudrait pas ? demande lentement Prim, et Pansy voit à présent de la colère dans ses yeux. Qui ne le voudrait pas ? Tu veux dire, qui ne voudrait pas retourner dans un endroit qui ne les comprend pas ?
–Ce n’est pas comme ça que…
–Vraiment ? Et donc tu sais tout sur le fait d'être Cracmol dans la Grande Bretagne Magique, n'est-ce pas ? »
Pansy tressaille lorsque Prim prononce le mot cracmol et tente de le dissimuler, mais Prim - brillante et perspicace - le remarque et ses yeux étincellent.
« Oui, je peux le dire ! Je suis une Cracmol. C'est toi, maman et papa qui avez tellement honte.
–Je n'ai pas honte de toi, dit Pansy furieusement. Je n'aurais jamais honte de toi. Et tu as tort, tout ira bien une fois le Seigneur des Ténèbres vaincu.
–Donc tes amis m'accueilleraient à bras ouverts, alors ? Ils ne me regarderaient pas de haut et ne parleraient pas dans mon dos ?
–Ils ne seraient pas... »
Les mots meurent dans sa gorge. Ses amis seraient gentils avec Prim, mais ils ne la comprendraient pas non plus. Elle ne pense pas que quelqu'un qu'elle connaît, à part Potter, Tracey et les nés-moldus, ait déjà eu une conversation de plus de cinq minutes avec une personne non-magique. Ils n'existent tout simplement pas pour eux.
–Tu sais que j'ai raison, dit Prim, les yeux brillants.
–Non, dit Pansy sèchement. Et en plus, il y a d'autres choses aussi. Je n'ai jamais dit que tu devais être amie avec mes amis. Mais alors tu pourrais à nouveau faire partie de notre monde. Tu ne voudrais pas ça ?
–Je ne peux pas faire de magie ! Ou tu l’as oublié ?
–Bien sûr que je n'ai pas oublié ! Mais tu peux toujours faire partie du monde magique même si tu ne peux pas faire de magie. Il y a beaucoup de choses que les gens peuvent faire.
–Et pourquoi est-ce que je voudrais ça ?
–Quoi ?
–Dis-moi, dis-moi réellement, est-ce que certains des Cracmols que tu connais dans le monde magique sont heureux ? Vraiment heureux ? »
Pansy pense immédiatement à Rusard. Cela doit se voir sur son visage car Prim émet un bruit de dégoût.
« Tu n'es pas comme eux, dit rapidement Pansy. Les gens que je connais sont si différents de toi.
–Tu ne comprends pas, dit Prim avec mépris. Peut-être que je serais comme ça, si je vivais dans un monde qui me rejette et me regarde de haut. Peut-être que je serais amère, pleine de ressentiment et en colère tout le temps. Je ne vivrai pas dans un monde qui me déteste. Je ne ferai pas ça ! »
Pansy savait que Prim avait certaines opinions sur le monde sorcier, mais elle n'avait jamais entendu celle-là auparavant.
« Ce ne sera pas comme ça si les Mangemorts perdent. Personne ne te regardera de haut.
–Vraiment ? Alors pourquoi est-ce que Père et Mère m'ont caché avant même que le Seigneur des Ténèbres ne revienne au pouvoir ? Es-tu vraiment si naïve ? Il n'a jamais été question de me protéger, pas réellement. »
Elle est piégée.
« Tout le monde n'est pas comme Père et Mère, dit Pansy, mais elle sait qu'elle est piégée. Et les choses peuvent être différentes dans le futur.
–Tu vis dans un monde imaginaire en pensant que je serai différente de ce que je suis, que le monde sera différent, dit Prim d’un ton méprisant. Tu as toujours voulu avoir le contrôle, n'est-ce pas ? Tu as toujours voulu tout arranger. Eh bien, devine quoi, Pansy, c'est la seule chose que tu ne peux pas contrôler ! Je serai toujours une Cracmol, et ton monde ne sera jamais fait pour moi. »
Pansy ne sait pas comment la conversation a-t-elle pu dévier à ce point.
« Prim, tu dis ça maintenant parce que tu es sous le coup des émotions. Tes sentiments seront différents dans le futur, parlons-en plus tard…
–Sous le coup des émotions ? »
Pansy lui lance un regard noir.
« Oui, sous le coup de tes émotions!
–Je ne suis plus une petite fille. Arrête de me traiter comme si je l’étais encore.
–Tu te comportes comme une petite fille ! dit Pansy sèchement. »
Prim la regarde fixement. Ses joues sont rougies par la colère, et son expression est résolue.
« Je ne peux plus faire ça avec toi. Je vais me coucher. Je suis fatiguée.
–Bien, dit Pansy après un moment. »
Elle s'allonge et se tourne sur le côté de sorte qu'elle ne soit pas face à Prim. Le matelas s'incline lorsque Prim se déplace. Les minutes passent et Pansy reste allongée, raide, dans le noir, le cœur encore gonflé d'adrénaline par leur dispute. Après un très long moment, la respiration de Prim ralentit et Pansy sait qu'elle a dû s'endormir.
Pansy se glisse hors du lit et se dirige vers sa chambre sur la pointe des pieds. Elle trouve une de ses valises sur le sol et la fouille. Finalement, elle sort le parchemin caché dans l'un des compartiments latéraux et le déplie.
J'ai dit à ma soeur ce que j'ai fait pour elle, et elle a dit qu'elle ne voulait même pas revenir, a-t-elle envie d’écrire. Pourquoi ai-je fait toutes ces choses pour quelqu'un qui ne peut même pas être reconnaissant ?
Elle regarde fixement la page blanche. Elle peut entendre les vagues au loin, et le grincement des planches quelque part dans la maison.
Après un très long moment, elle le remet dans son sac sans avoir rien écrit, et grimpe dans son lit.
***
Le matin, elle rencontre Jennifer, une grande fille aux longs cheveux blonds bouclés. Jennifer est soit trop inconsciente pour remarquer que Prim et Pansy sont raides et froides l'une envers l'autre, soit assez polie pour faire semblant de ne pas remarquer.
« Je suis sûr qu'on vous le dit tout le temps, mais wow, vous vous ressemblez beaucoup, dit Jennifer en mangeant son yaourt, les yeux écarquillés. Je veux dire, c'est un peu effrayant.
–Merci, répond Pansy. »
Auparavant, elle détestait que les gens disent ce genre de choses, mais plus elle vieillit, plus elle aime ça.
« Prim essayait de convaincre les gens qu'on était jumelles, quand on était petites.
Jennifer se réjouit lorsqu'elle apprend que Pansy étudie dans un pensionnat.
« Oh, j'ai plein de cousins en Angleterre qui vont en pension, tous les hommes de ma famille là-bas sont allés à Eton. Où est-ce que tu étudies ?
–C'est une école qui s'appelle Poudlard. Et ce n'est pas en Grande-Bretagne en fait, c'est en Ecosse. C'est une toute petite école, tu n'en as probablement jamais entendu parler.
–Hmm, je n'ai jamais entendu parler de cette école, ouais. »
Les yeux de Jennifer glissent loin de Pansy, se désintéressant d’elle.
« Prim ! s’exclame soudainement Jennifer. Je viens de me souvenir ! J'ai vu John Arthur quand je suis allée chercher les plats à emporter hier, il a l'air d’aller très bien... »
C'est encore pire lorsque Ashley, l'autre meilleure amie de Prim, arrive quelques heures plus tard et tente de demander à Pansy ce qu'elle fera dans un an, après la fin des cours. Pansy est très soulagée de se rappeler que les Moldus ont aussi des reporters, mais Ashley, elle, est perplexe.
« Donc, tu vas juste faire des formations sur le terrain au journal ? Je veux dire, tu ne veux pas aller à l'université ? »
Elle ne la juge pas vraiment - Pansy, qui connaît bien les jeux des autres filles de Serpentard, peut repérer le sarcasme ou le jugement à cinquante mètres de distance - mais elle est confuse, comme si elle ne pouvait pas imaginer que Pansy n'ira pas dans une autre école.
Pansy comprend suffisamment ce que Prim lui a dit pour savoir que Jennifer et Ashley sont les versions moldues américaines d'elle : des filles de l'élite, éduquées, entraînées et préparées pour être de brillantes hôtesses et des conseillères d'affaires pointues en même temps. Et Pansy comprend que pour des filles comme elles, on attend d'elles qu'elles fassent des études supérieures.
«S'ils sont si riches, ces moldus, pourquoi est-ce qu’ils doivent aller à plus d'école ? avait-elle demandé à Prim l'année dernière, au téléphone.
–Je ne sais pas, Pansy, c'est juste... je suppose que c'est une question de statut, ou quelque chose comme ça.
–Une quoi ? avait demandé Pansy en fronçant les sourcils.
–Une question de statut. C’est comme si tout le monde avait cette chose, alors si tu ne l'as pas, tu auras l'air bizarre. C'est juste ce que tout le monde fait.
–Je ne comprends toujours pas.
–Eh bien, je veux dire... »
Prim change de direction.
« En fait, tu ne trouves pas ça bizarre qu'on puisse apprendre toute la magie en 7 ans ? Il n'y en a pas plus ?
–Ce n'est pas juste 7 ans. Tu peux faire un apprentissage ou autre.
–Ici, il faut aller à l'université pendant quatre ans, et ensuite, si tu veux vraiment être spécialiste, tu dois obtenir ton doctorat, et ça prend cinq ans ou plus. »
Pansy s’était sentie irritée.
« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, Prim ? Que les Moldus sont meilleurs ? Peut-être qu'il faut juste beaucoup de temps pour apprendre des choses moldues.
–Pansy, vraiment ?
–Quoi ?
–Tu es vraiment en train de dire que… tu dis que c'est parce que les Moldus sont stupides ?
–Non ! Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit ! Tu es tellement sensible. »
Alors peut-être que Pansy aurait dû mentir à Ashley et Jennifer et dire qu'elle allait à l'université, mais elle aurait alors dû répondre à la question de savoir où elle voulait aller et ce qu'elle voulait étudier, deux questions auxquelles elle n’aurait pu répondre de manière convaincante.
***
Quelques heures plus tard, elles décident de se rendre à la plage, et Pansy descend au rez-de-chaussée pour trouver seulement Prim l’attendant.
« Elles sont encore en train de se changer, explique Prim.
–Bien. »
Pansy regarde sa soeur. C'est la première fois qu'elles sont seules depuis hier soir, et elle devrait peut-être dire quelque chose, mais quoi ? Elle n'est pas désolée. Comment peut-elle être désolée alors que tout ce qu'elle voulait c'était protéger Prim, même si Prim ne le comprendra jamais ?
Prim se retourne pour la regarder, et Pansy se prépare à la confrontation, mais Prim dit simplement :
« Tu sais, elles me font toujours regarder tous ces horribles films d'horreur - elles adorent ça toutes les deux. Maintenant que tu es là, on peut se liguer contre elles et leur faire regarder une comédie romantique.
–Deux contre deux, dit lentement Pansy. »
Elle comprend qu’il s’agit de la façon de Prim de faire une trêve.
« Et c'est la maison de Jennifer, n'est-ce pas ?
–Oui, mais nous sommes des Parkinson, dit Prim d’un un ton qui ressemble étrangement à une imitation de celui de Tante Rosemary en souriant sournoisement. Nous obtenons toujours ce que nous voulons, n'est-ce pas ? »
Pansy sourit.
« Je suppose que oui. »
***
Les jours passent. Un soir, elle se rend à une fête avec Prim, Jennifer et Ashley, dans la maison de vacances d'un de leurs camarades de classe.
« Wow, Prim, tu n'as jamais dit que vous étiez deux, dit un garçon quand Prim présente Pansy, faisant Prim rouler des yeux. »
Il est gratifiant de découvrir que les fêtes moldues américaines sont tout aussi transpirantes et bruyantes que toutes les fêtes auxquelles elle a participé à Poudlard, mais avec des marques d'alcool étranges et des jeux à boire différents.
« Tu n'as vraiment jamais vu ça avant ? ne cessent de lui demander les autres personnes, incrédules, et elle répond, en priant qu'il n'y ait pas de Moldus britanniques à cette fête, « Oui, c'est parce que je suis britannique ! ».
Elle danse avec le frère aîné d'une des camarades de Prim, et se dit qu'elle ne l'a pas choisi parce qu'il a les cheveux noirs et des yeux qui semblent verts sous une certaine lumière.
« Ton accent est si sexy, dit-il à son oreille, le souffle chaud contre son cou et clairement ivre.
Soudain, l'air de la pièce lui semble étouffant.
« Ouais, peu importe, marmonne-t-elle, sachant qu'il ne pourra pas entendre par-dessus la musique.
–Quoi ?
–J'ai dit que je dois aller aux toilettes, dit-elle en se dégageant de son étreinte.
Elle se faufile dans les couloirs jusqu'à ce qu'elle atteigne la porte de derrière. Alors qu'elle sort dans le jardin, les bruits de la fête s'estompent au loin. Arrivant au bout de la pelouse, elle penche la tête et regarde le ciel. Les étoiles scintillent dans l'obscurité, et la lune, suspendue au-dessus d’elle, l’éclaire comme un phare.
Nous serons toujours sous le même ciel, avait-elle dit à Prim une fois, quand Prim l'avait appelée en pleurant à cause du mal du pays pendant sa première année d'internat. Même si tu es en Amérique et moi en Grande-Bretagne, ce sera toujours la même chose.
***
Pendant la moitié de sa vie, on lui avait dit que les Moldus étaient faibles, idiots et ignorants. Mais ici, c'est elle qui est ignorante. Elle ne comprend pas les références qu'ils font, et c'est encore pire parce que ce sont des références américaines. Elle en rit, en disant que c'est parce qu'elle est britannique, mais Jennifer demande alors :
« Du coup, quelles séries est-ce que tu regardes ? J'ai l'impression que les Britanniques ont les meilleures.
–Eh bien, tente Pansy en se demandant ce qu'ils vont penser si elle dit qu'elle n'a jamais regardé une émission de télévision de sa vie. »
Elle se doute déjà qu'Ashley et Jennifer la trouvent bizarre. Parfois, elle a envie de leur dire qu'elle est en fait très intelligente et importante dans son monde, mais cela la ferait paraître à la fois terriblement arrogante et délirante.
Ici, Pansy Parkinson n'est personne. Juste la soeur de Prim.
Et Prim a raison: il est difficile de se rappeler de ne pas utiliser sa baguette. Prim remarque chaque fois que la main de Pansy s'en approche inconsciemment et lui envoie des regards en guise d’avertissement. Quelques jours plus tard, Pansy abandonne et la cache au fond de sa valise, mais il lui arrive encore de chercher l'endroit où elle devrait se trouver.
Un jour, elle s'ennuie en attendant que Prim et ses amies reviennent du cours de yoga (une activité étrange qu'elle ne voulait absolument pas faire) et elle décide donc de vérifier que le parchemin fonctionne toujours. Elle veut simplement examiner ses sortilèges.
Elle manque de le lâcher par surprise lorsque des mots fleurissent sur la page.
[Je suppose que tu me diras si ça marche, ou si je me parle à moi-même. Je suis avec ma famille moldue en ce moment. (Ils me détestent, ce que je suis sûr que tu trouverais amusant, puisque tu parles toujours de dégonfler mon ego. Tu aimerais probablement ma tante Pétunia, elle est toujours en train de parler de ce qui est correct et ce qui ne l'est pas). Quoi qu'il en soit, le fait est que je n'ai pas accès à des bibliothèques magiques, et Hermione non plus, alors tu peux peut-être chercher des objets associés à l'un des fondateurs de Poudlard. Ou quelque chose sur les Horcruxes, même si je doute qu'il y ait quoi que ce soit. Reste en sécurité, où que tu sois.]
Elle n'était pas préparée à ce qu'il ait écrit quelque chose.
La dispute avec Prim est restée dans un coin de sa tête.
Je ne t'ai jamais demandé de faire aucune de ces choses. Je ne t'ai pas demandé de faire une croisade entière pour moi.
Si Prim ne veut pas revenir dans le monde sorcier, si elle ne veut pas que Pansy fasse cela, alors quel est l'intérêt ? Si sa motivation première a disparu, alors pourquoi ne s'arrête-t-elle pas ?
Tout cela était supposé être pour Prim, après tout.
Elle pense à le lui dire. Elle pense à mettre son explication par écrit. Elle pense à lui dire poliment - et gentiment - qu'elle ne peut pas prendre des risques pour quelque chose dont elle n'a plus besoin.
Mais quand elle prend sa plume, ce n'est pas ce qui en sort.
[Etonnamment, je suis aussi entourée de Moldus. Je suis à Nantucket pour rendre visite à ma sœur. C'est une île où les riches Moldus américains aiment séjourner pendant l'été. Je ne peux donc rien chercher pour l'instant, mais je le ferai plus tard quand je rentrerai chez moi. Et est-ce que tu peux être plus précis sur le genre de choses que tu veux découvrir sur les fondateurs ? Tu ne le sais peut-être pas, mais ils étaient très célèbres.]
Elle va juste l'aider pour cela et puis ce sera fini.
***
[Pansy Parkinson entourée de Moldus américains est quelque chose que j'aimerais voir. Je n'arrive pas à croire que tu n'aies pas encore brûlé spontanément. Et je suppose que tu peux faire Rowena Serdaigle ou Godric Gryffondor, ça devrait être des objets qu'il aurait pu transformer en horcruxes. Hermione a essayé de regarder dans les livres de Poudlard, mais elle n'a pas trouvé grand chose, et elle a dit qu'il y en avait probablement d'autres cachés dans toutes les bibliothèques de sang pur].
« Pourquoi tu souris ? demande la voix de Prim sur le seuil de la pièce.
Pansy sursaute et manque de faire tomber le parchemin.
« Pour rien.
–Peu importe, garde tes secrets. Bref, on va en ville, tu veux venir ? Et ne laisse pas mes amis te surprendre à lire un vieux parchemin bizarre. Tu ne devrais pas le métamorphose ? »
***
Puis, avant qu'elle ne s'en rende compte, une autre semaine s'est écoulée et il est temps pour elle de rentrer chez elle. Le dernier jour de Pansy, elles se rendent sur une plage spéciale à l'extrémité de l'île.
« Les Moldus ont des jolies choses, fait remarquer Pansy en regardant les vagues s'écraser sur le sable. »
Jennifer et Ashley se sont éloignées plus loin sur la plage.
« Je déteste quand tu parles comme ça, dit soudain Prim. »
Pansy est surprise par le ton tranchant de sa sœur.
« Quoi ?
–Quand tu fais paraître les Moldus si bizarres et différents, ou quand tu as l'air si surprise qu'il y ait de belles choses. Pourquoi est-ce que tu te sens toujours obligée de faire ça ?
–Mais les Moldus sont différents de nous. »
Pansy est prise au dépourvu. Elle ne parle pas différemment de ses camarades de classe, et contrairement à Draco ou à certains autres Serpentards, elle a cessé de dire des choses cruelles sur les moldues en troisième année.
« Quel 'nous' ? »
Prim tourne brusquement la tête.
Pansy hésite. C'est la conversation la plus proche de celle qu’elles ont eue le soir de l'arrivée de Pansy. Par un accord mutuel et silencieux, elles l'ont évité depuis.
Prim regarde à nouveau l'eau, en fronçant les sourcils cette fois.
« Je suis comme eux, tu sais. Dans tous les aspects qui comptent. Alors j'aimerais que tu arrêtes de dire des choses comme ça.
–Ok, dit Pansy tranquillement, en observant le visage de Prim qui regarde les vagues. D'accord. »
***
Note de l’autrice:
C’est un sorte d’interlude.
Faites-moi savoir ce que vous en pensez ! Les commentaires et les kudos sont appréciés.
Avertissements pour la seconde partie de l'histoire : torture via le sort Doloris, violence typique du canon, vomissements. Aucun de ces éléments ne sera graphique ou prolongé, mais ils seront présents. Le nombre de chapitres a également été mis à jour. La seconde moitié est plus longue que je ne le pensais.
Note de traduction:
J’espère que le chapitre vous a plu! À samedi!