La vérité est plus étrange

Harry Potter - J. K. Rowling
F/M
G
La vérité est plus étrange
Summary
Note de traduction: il ne s’agit pas de mon histoire mais d’une traduction de The truth is stranger que Lunalive m’a gentiment laissé publier.Résumé: La petite soeur de Pansy est née Cracmol, et c’est à partir de là que tout part en vrille.Dans ce livre, Pansy devient espionne, Harry gagne une informatrice, et leurs vies sont changées à jamais.Harry Potter et le Prince de sang-mélé & Harry Potter et les Reliques de la Mort, Univers alternatif et sa suite.
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les amies de tante Rosemary

Chapitre 6: les amies de tante Rosemary

En montant l'escalier en colimaçon le lundi suivant, Pansy réalise qu'elle n'est jamais entrée dans le bureau de Dumbledore. Ses interactions avec le directeur ont été rares et espacées. Son dernier souvenir d'une interaction avec lui remonte au moment où il a annoncé à la brigade inquisitoriale qu'ils ne continueraient certainement pas leurs activités en sixième année.

Son bureau est plus grand que ce à quoi elle s'attendait: de forme circulaire et couvert de portraits d'anciens directeurs, dont certains ronflent légèrement. Si elle plisse les yeux, elle trouvera peut-être le portrait du directeur Dippet, duquel le grand-père Cornelius s'est toujours vanté d'être un de ses grands amis. Il y a de nombreux appareils étranges et argentés sur les étagères et les tables, et elle aperçoit même le Choixpeau magique sur une étagère.

Dumbledore est assis à son bureau et fronce les sourcils devant une pile de parchemins extraordinairement haute. Lorsqu'il lève les yeux, il semble légèrement surpris de tomber sur elle, debout à côté de Potter. Il porte une robe d'un violet profond avec des bordures dorées, et elle est distraite pendant un moment en essayant de comprendre de quel genre de tissu il s'agit.

Dumbledore se lève de son bureau, arborant un sourire qui n'atteint pas tout à fait ses yeux.

« Miss Parkinson. Quelle agréable surprise. Je crains cependant que M. Potter n'ait une leçon privée avec moi et que personne ne soit invité.

« Elle est ici pour vous montrer quelque chose, dit Potter obstinément.

–J'espère que ce n'est pas à propos de notre conversation d'il y a quelques jours, Harry, dit calmement Dumbledore en se plaçant devant son bureau.

–Ça l'est, dit Potter d'un ton de défi. Nous devons vous montrer quelque chose. »

Dumbledore les regarde un moment, et elle pourrait jurer qu'il peut voir directement dans son esprit.

« Je vois que vous ne vous laisserez pas dissuader. Très bien. Mais il faut faire vite.

–Monsieur le directeur, déclare Pansy en s'avançant. C'est un souvenir. C'est un souvenir que je dois vous montrer.

–Je vois. »

Dumbledore semble imperturbable. Il traverse la pièce pour aller chercher une bassine en pierre, et ils le suivent. Elle n'a jamais vu de vraie Pensine avant, seulement des dessins dans les livres. Il la pose sur le bureau, puis regarde Pansy par-dessus ses lunettes en demi-lune.

« Comprenez-vous le processus, Miss Parkinson ?

–Oui.

–Bien. Concentrez-vous sur le souvenir, et une fois qu'il est clair, attirez-le hors de vous avec votre baguette. »

Elle prend sa baguette dans sa main, ferme les yeux et se concentre autant qu'elle le peut. Lorsque le souvenir est aussi fort que possible, elle ouvre les yeux et porte sa baguette à sa tempe. En éloignant la baguette d'elle-même, elle essaie de ne pas être déstabilisée par l'aspect étrange du long file argenté qui sort d'elle. Elle laisse tomber le souvenir dans le bassin dans lequel il tourbillonne et se dépose.

« Très bien, dit Dumbledore, et ils se penchent tous en avant dans le bassin. »

C'est une expérience très inconfortable de regarder son elle du passé. Si les circonstances étaient différentes, elle pourrait se réjouir de la sincérité de l'inquiétude sur son visage, de la rapidité avec laquelle elle passe de l'apaisement à la provocation, de la façon dont ses mots semblent frapper Drago comme des sorts. C'est une performance magistrale. Mais maintenant, c'est trop brut, et elle aimerait détourner le regard. Son visage est si cruel et enfantin quand elle crache:

« Qu'est-ce qui pourrait être si difficile ? »

Lorsqu'ils reviennent dans le bureau de Dumbledore, il a un air profondément renfrogné.

« Monsieur... commence Potter avec ferveur, mais Dumbledore l'interrompt en levant la main.

–Miss Parkinson »

Il la regarde droit dans les yeux.

« Je comprends pourquoi vous et M.Potter vouliez me montrer ce souvenir, et j'admire votre intérêt pour M. Malefoy. Mais laissez-moi être très clair : ce que vous faites doit cesser.

–Mais, monsieur le directeur, et Drago ? Vous devez l'arrêter. Vous devez l'aider.

–Croyez-moi, je suis attentif et je prends les mesures appropriées pour protéger le château et arrêter M. Malefoy. Mais ces activités que vous menez, elles ne peuvent pas continuer. Vous vous mettez en grand danger, et si vous êtes découverts, ce qui ne manquera pas d'arriver, Lord Voldemort ne sera pas clément.

–Je le sais, Monsieur le directeur, mais...

–Miss Parkinson, dit Dumbledore d'un ton sévère. »

Il n'y a aucune colère dans sa voix, mais il se montre autoritaire.

« Vous oubliez que je suis votre directeur et que je suis chargé de votre sécurité pendant votre séjour à Poudlard. Je ne peux pas vous permettre de continuer ces activités. Je ne veux pas impliquer quelqu'un d'autre, mais j'imagine que vous ne voulez pas que vos parents soient au courant de vos actes ? »

Certainement pas.

« Non, mais vous devez voir comment...

–Maintenant, dit-il plus brusquement, vous devez cesser votre espionnage maintenant. Vous avez compris ? »

Son regard est perçant et il est impossible d'y échapper. Pansy regarde Potter du coin de l'oeil.

« Oui, monsieur, dit-elle finalement. »

Elle se concentre très, très fort sur ses sentiments de peur, de colère et de chagrin à l'égard de Drago.

« Bien, dit Dumbledore, puis, se tournant vers Potter : Maintenant, Harry... »

Ils sont tous les deux très silencieux quand ils sortent ensemble de son bureau. Dumbledore a décidé qu'il n'y avait pas assez de temps pour sa leçon après avoir fini de réprimander Potter.

« Est-ce que tu veux tout arrêter ? demande Potter une fois qu'ils sont dans le couloir et sous la cape. »

Elle rencontre son regard interrogateur.

« Non. Bien sûr que non. Je me suis concentrée très fort pour empêcher Dumbledore de voir mes véritables pensées, quand je lui ai dit que j'allais arrêter. Je ne sais pas si ça a marché - je n'ai jamais été une grande occlumens pendant mes cours - mais il va falloir être encore plus prudent maintenant.

–D'accord. »

Il acquiesce.

« Est-ce que tu penses que Dumbledore est la personne que Drago doit tuer ? chuchote-t-elle.

« Je ne sais pas. »

Il fronce les sourcils.

« Je suppose que ça expliquerait pourquoi il est si calme à propos de tout ça. J'aimerais qu'il m'en dise plus. Ça n'a aucun sens.

Il a l'air pensif.

« Mais je suis quand même content qu'on lui ait dit.

–Je suppose que oui. J'espère que ça en valait la peine. Drago va me détester si jamais il se rend compte que j'ai fait exprès de le pousser à bout. »

Se regarder dans les souvenirs avait rendu la situation très claire. Elle avait commencé en sachant que ce qu'elle faisait à Drago n'était pas bien, mais il y avait une ligne qu'elle n'avait jamais franchie auparavant : le trouver alors qu'il était brisé et vulnérable et lui enfoncer le couteau encore plus profondément dans la plaie.

« Mais tu avais besoin de le faire, dit-il.

–C'est vraiment ce que tu penses ? Je croyais que les Gryffondor étaient toujours pour l'attaque directe. Je pensais que tu dirais que j'aurais dû le faire d'une autre manière. »

Il a l'air pensif.

« Je suppose que c'est ce que j'aurais dit avant. Mais apparemment, rien de ce que j'ai fait avec Malefoy n'a marché. Et en voyant ce que tu as fait, j'ai compris pourquoi. Tu as utilisé l'arrogance et la peur de Malefoy contre lui, et c'est pour ça qu'il te l'a dit. Si tu lui avais demandé directement, il ne te l'aurait jamais dit. Il n'y avait pas d'autre moyen. »

Elle est un peu choquée.

« Quoi ? demande-t-il en remarquant son expression.

–Rien, marmonne-t-elle. Je suis juste surprise que tu l'ais si bien compris. »

Il semble excessivement content de lui.

« Tu me sous-estimes toujours, Parkinson. »

***

Deux semaines plus tard, Daphné met en place une innovation. C'est un jeudi soir, elle force Pansy à s'asseoir sur son lit et lui met une tasse de thé dans les mains.

« Daphné, qu'est-ce que c'est... proteste Pansy.

–Bois-le ! »

Le regard de Daphné est inflexible.

« C'est juste du thé calmant. Rien d'autre. »

Voyant le regard de Daphné, Pansy accepte de boire à contrecœur. Lorsqu'elle a terminé, Daphné lui prend la tasse et la pose sur la table de chevet.

« Pansy. Je sais que tu n'aimes pas parler de tes sentiments, ou de ce qui se passe avec ta soeur, ou de ce qui se passe avec Drago... »

Drago évite soigneusement Pansy depuis l'incident des toilettes.

« ...Mais, s'il te plaît. Tu as l'air tellement fatiguée tout le temps. Et tu es tout le temps parti, et tu es aussi en retard sur tous tes devoirs. Promets-moi que tu ne fais pas quelque chose qui te fait du mal.

–Je ne me fais pas de mal. »

Durant un bref instant, elle souhaiterait pouvoir se confier à Daphné. Potter et elle ont recommencé à essayer d'entrer dans la salle sur demande, mais ils n'y parviennent pas plus qu'avant. Voyant que Daphné la regarde toujours avec impatience, elle poursuit :

« C'est juste... c'est difficile à expliquer. Je te le dirai bientôt, je te le promets. Je te le promets. »

C'est un mensonge complet.

« Très bien. Je te fais confiance, dit Daphné lentement. »

Elle se mord la lèvre.

« Mais ça n'a... ça n'a rien à voir avec Harry Potter, n'est-ce pas ? »

Pansy fait de gros efforts pour ne pas paraître troublée. Daphné a toujours été bien trop observatrice. Dans un autre monde, peut-être que Daphné et Pansy seraient espionnes ensemble.

« Qui ? dit-elle, aussi calmement qu'elle le peut.

–Harry Potter, répète Daphné. Il te regarde tout le temps en défense contre les forces du mal. »

Pansy se tient assise très calmement et très droite.

« Si Potter a développé une sorte d'obsession bizarre pour moi, c'est difficilement ma faute, dit-elle froidement. Quoi, tu penses que c'est sérieux ? Tu crois que je devrais le signaler au professeur Rogue ?

–Eh bien, non... dit Daphné précipitamment. Je pensais juste qu'il se passait quelque chose. »

Pansy hausse un sourcil.

« Crois-moi, je ne toucherais pas à un traître à son sang comme lui même s'il était le dernier garçon sur terre. »

Cette nuit-là, une fois que Pansy est sûre que Daphné dort profondément, elle se couche sous les couvertures et sort le galion. Elle écrit alors: ARRÊTE DE ME REGARDER dessus.

QUOI répond Potter. Pansy l'imagine en train de froncer les sourcils devant son galion dans l'obscurité du dortoir des garçons de Gryffondor, essayant de comprendre de quoi elle parle. Elle peut pratiquement voir l'air perplexe sur son visage, et elle s'endort d'un sommeil agité en pensant au petit pli qu'il a entre les yeux. C'est une image étrangement réconfortante.

***

Si Dumbledore prend des mesures pour arrêter Drago, Pansy n'en sait rien. Drago semble toujours aussi maussade et fatigué, mais il a maintenant une pointe de désespoir qui n'était pas présente auparavant. Ou peut-être qu'elle a toujours été là, et qu'elle ne la remarque que maintenant. Il n'aime pas la regarder dans les yeux, mais ils continuent à s'asseoir l'un à côté de l'autre au dîner, et parfois à réviser ensemble pour les examens. La partie physique de leur non-relation a cependant définitivement disparu à présent.

Potter tente de demander à Dumbledore quels sont ses projets pour Drago, mais se heurte à un mur de pierres. Dumbledore veut absolument lui montrer des souvenirs du Seigneur des Ténèbres, ou de Tom Jedusor, comme on l'appelait autrefois. Potter lui explique un peu tout cela. Ça a l'air très héroïque en théorie, connaître son ennemi et toute cette merde, mais en pratique, pourquoi Dumbledore ne lui dit pas simplement ce qu'il doit faire ?

Parfois, elle n'arrive pas à croire que Potter accepte simplement qu'il soit l'Élu.  Elle ne croit pas au destin ou à la divination, non pas par logique, mais parce qu'elle ne supporte pas l'idée qu'elle ne fait pas ses propres choix. Elle s'est toujours fixé des objectifs et les a toujours atteints, qu'il s'agisse de grimper au sommet de la hiérarchie des Serpentard en première et deuxième année ou d'essayer de se faire remarquer par Drago en quatrième année.

***

Lorsque la mi-juin arrive et que les jours rallongent et deviennent ensoleillés, il leur semble avoir essayé un millier de façons d'entrer dans la salle sur demande.

« Je devrais peut-être essayer d'apprendre la légilimencie, dit Potter. »

C'est un samedi matin, et ils se trouvent dans le couloir si familier. À ce stade, ils ne s'attendent plus vraiment à ce que quelque chose se produise.

« Comme ça je pourrai lire dans les pensées de Malefoy.

–Tout à fait, dit-elle. Je suis sûre qu'après avoir trouvé l'occlumancie si facile, tu vas apprendre la légilimencie juste comme ça. Ce sera comme une promenade dans le parc.

–Hé, tu as une brillante idée à proposer alors ? »

Elle se masse les tempes.

« Peut-être que je vais... faire semblant d'être quelqu'un d'autre, et essayer de le piéger.

–Qui est-ce que tu vas prétendre être, Goyle ? »

Il lui fait un sourire en coin. Il n'a pas l'excuse du Felix Felicis  pour le regard qu'il lui lance en ce moment, et c'est une pensée troublante.

« Je paierais cher pour voir ça.

–Si tu veux payer pour me voir, ça peut s'arranger. »

Bien. Elle n'a pas non plus le Felix Felicis comme excuse.

Elle doit admettre qu'elle déteste de moins en moins passer du temps avec lui. Il est toujours impulsif et désagréable, et il passe trop de temps à se réjouir de sa victoire pour la Coupe de Quidditch, mais elle commence à l'apprécier. Il est étonnamment drôle quand il le veut, et il écoute ses opinions sur Drago, ce qui est gratifiant. Et la semaine dernière, à son grand étonnement, elle l'a entendu murmurer à Weasley en potions qu'il ne fallait pas jeter de sorts à Rusard.

« Qu'est-ce qui te prend ? avait dit Weasley, indigné.

–Ce n'est pas juste de lui jeter un sort, il n'a pas de magie. Il ne peut pas s'en défendre. »

L'entendre répéter ses mots avait fait naître un étrange frisson en elle.

« Quoi ? Tu as toujours trouvé ça drôle avant, avait fulminé Weasley.

–Harry a raison, avait rétorqué Granger avec ferveur. C'est mal. »

Le bruit de voix à l'angle du couloir la fait sortir de ses pensées. Elle lève les yeux, et son regard rencontrent celui de Potter, paniqué.

« La cape, lui souffle-t-elle. »

Il fouille dans son sac, puis lève la tête, les yeux écarquillés.

« Merde. Je l'ai oublié dans le dortoir. »

Les voix sont de plus en plus fortes. Pansy ferme les yeux, fait les cent pas et pense: j'ai besoin d'un endroit où me cacher, j'ai besoin d'un endroit où me cacher, j'ai besoin d'un endroit où me cacher.

La porte apparaît et Pansy entraîne Potter dans la pièce juste au moment où peu importe qui c'est arrive. Il pousse la porte et s'effondrent tous les deux contre elle.

« Ça alors, déclare Potter. »

Il penche sa tête pour regarder autour de lui.

« Qu'est-ce que c'est que cet endroit ? »

La pièce dans laquelle ils se trouvent a la taille d'une grande cathédrale, bien plus grande que toutes les autres salles sur demande qu'elle a pu voir auparavant. Des rayons de lumière éclairent ce qui semble être des piles et des piles d'objets, des tats de livres poussiéreux, des meubles cassés et des bouteilles de potions moisies. Elle peut voir des catapultes ailées, des coquilles d'œufs de dragon et même ce qui ressemble à une hache tachée de sang.

« J'ai demandé une salle où me cacher, dit-elle.

–Bien vu. »

Il ouvre distraitement le livre à sa gauche, puis le referme d'un claquant sec lorsque celui-ci se met immédiatement à hurler des insultes.

« Attention. »

Elle pousse l'un des livres les plus proches d'elle sur la droite, avec une lourde couverture rouge.

« Œuvres complètes de Brigitte Wenlock, 1313-1340. Oh, je crois que c'est le livre que Daphné cherchait pour son projet d'arithmancie ! »

Elle le balaya de la main.

« Peut-être que je devrais le prendre pour elle.

–Tu sais", fait-il remarquer en la regardant ranger le livre dans son sac. Tu es plus intelligente que tu n'en as l'air en classe. »

Elle roule des yeux alors qu'ils s'enfoncent plus profondément dans l'une des allées remplies de différentes choses de la pièce.

« C'est l'hôpital qui se fout de la charité.

« Très original, Parkinson. Insulter mon intelligence. Tu ne devrais pas apprendre de nouvelles insultes ? »

Il écarte de leur chemin un frisbee à dents de serpent encore en suspens dans les airs et elle contourne un énorme fauteuil brodé de l'image d'un hippogriffe.

« Mais vraiment, pourquoi tu fais ça ? »

Il lui jette un coup d'oeil.

« Tu ne le sais pas, toi qui dit que tu es plus intelligent que ce que les gens pensent ?

–Je ne fais pas semblant.

–Hmmm. »

Elle inspecte une bouteille de potion congelée. Elle se demande ce qui se passerait si quelqu'un essayait de la boire. Slughorn avait dit la semaine dernière que certaines potions devenaient beaucoup plus puissantes avec le temps, et d'autres beaucoup moins, selon le type et la classification.

« Parkinson, dit-il obstinément. »

Il lui arrive de faire des commentaires de ce genre parfois. Ça pourrait être charmant si ce n'était pas si ennuyeux. C'est comme s'il ne pouvait pas comprendre que les gens puissent dire des choses qu'ils ne pensent pas, ou prétendre être quelqu'un qu'ils ne sont pas.

« Tu ne comprendrais pas, dit-elle en soulevant une dague rouillée et en la tenant pour l'examiner à la lumière.

–Essaye toujours. »

Il a ce regard têtu qu'il a parfois, et elle sait qu'il n'abandonnera pas de sitôt.

Elle pose la dague. Il y a une quantité dégoûtante de sang séché dessus qui provient probablement d'une malheureuse créature magique.

« Bien. Personne n'aime les filles intelligentes. Tu peux être intelligente, mais pas trop. »

Elle avait compris ça rapidement après avoir vu Granger en première année. Elle ne s'était jamais crue au niveau de Granger - elle n'avait jamais voulu avaler un manuel scolaire, ni passer toutes ses journées à la bibliothèque, ni faire des devoirs supplémentaires pour le plaisir. D'elles deux, Prim avait été la génie. Mais elle était intelligente, elle pouvait relier des points entre eux, et elle faisait ses devoirs (la plupart du temps). Si elle le voulait, elle pouvait lever la main en classe et répondre à une question.

Mais elle ne voulait pas être comme Granger. Elle ne voulait pas être désagréable, ennuyeuse ou détestée.  Voir les tentatives de la Gryffondor de répondre à toutes les questions avait fait naître en elle un sentiment de révulsion. Elle ne voulait pas avoir l'air comme ça, si désespérée. Elle voulait être populaire, et contrairement à Granger, elle savait comment s'y prendre. Elle devait se montrer assez intelligente pour lancer des insultes, mais pas assez pour montrer ses compétences en classe.

« Hé, ce n'est pas vrai. »

Potter se baisse pour éviter un autre Frisbee à dents de serpent. Celui-ci semble être sur le point de perdre son énergie.

« S'il te plait, Potter. Tu n'aimais même pas Granger en première année, si ? »

Il lui lance un regard irrité.

« Ce n'est pas juste. Et tu ne trouves pas que tu le prends  un peu trop à cœur ?

–Je veux dire que je n'écris pas de choses stupides dans les devoirs que je rends, mais je ne vais pas crier dans tout le château comme Granger.

–Quand-même. »

Elle se détourne de lui, évitant son regard. La vérité, c'est qu'elle ne sait pas pourquoi elle continue à le faire. Peut-être l'habitude.

Les garçons n'aiment pas ça quand on leur fait la leçon, avait dit cousine Ellie une fois. Elle avait pris cela à cœur en quatrième et cinquième année, elle voulait tellement que Drago la choisisse. Quand il l'avait embrassée au début de la cinquième année, elle avait eu l'impression d'avoir gagné une sorte de prix.

Ils sont à présent arrivés à une bifurcation dans les allées, marquée par un énorme troll empaillé. Se sentant frissonner, elle se tourne vers le chemin de gauche.

« Ça alors ! s'exclame Potter derrière elle. Ce ne serait pas l'armoire où Montague avait été enfermé l'année dernière ? »

Elle jette un coup d'oeil dans l'allée. Au bout, elle peut voir une affreuse armoire avec un vieux buste de sorcier et un diadème terni, et à côté, un grand meuble noir et or qui lui semble familier. Il a raison, mais elle semble beaucoup plus poussiéreuse et sale que celle qu'elle a vu chez Barjow et Beurk il y a longtemps. Quand elle était petite, elle était fascinée par ce meuble. Son père avait l'habitude de l'emmener avec lui lors de certaines de ses courses, et pendant qu'il avait avec Barjow une discussion sans fin, elle inspectait tous les différents artefacts.

« C'était vraiment affreux, dit-elle en se déplaçant dans l'allée pour regarder l'object de plus près. »

Comme il ne dit rien, elle se retourne vers lui.

« Ça l'était. »

Il lève les mains.

« Je n'ai rien dit ! Je veux dire, je ne pense pas que Fred et George voulaient qu'il lui arrive quelque chose. Ils voulaient juste s'amuser.

–Bien sûr, grogne Pansy. Et ils n'ont jamais pensé à ce qui pourrait lui arriver, hein ? Juste parce que c'est un Serpentard ?

–Je suis sûr que vous seriez ravis de faire ça à l'un d'entre nous aussi, à Serpentard, dit-il avec humeur. »

Elle se retourne d'un air renfrogné vers l'Armoire à Disparaître devant laquelle ils se trouvent maintenant. Il a peut-être raison - Crabe serait probablement ravi d'avoir l'occasion de fourrer Potter dans une armoire à disparaître cassée - mais elle ne lui donnera pas la satisfaction de l'admettre.

« Donc il mérite d'avoir faillit mourir parce que Serpentard participent à la rivalité ? »

Il fronce les sourcils.

« Il n'a pas failli mourir, si ?

–Il est resté coincé là-dedans pendant des semaines ! Il entendait parfois Barjow et Beurk et parfois Poudlard, mais il ne pouvait pas sortir. »

Montague avait raconté toute l'histoire à une salle commune de Serpentard horrifiée et furieuse plusieurs fois.

–Attends, il pouvait entendre Barjow et Beurk ?

–Oui, il y en a une là-bas aussi. J'adorais la regarder quand j'étais petite. Je trouvais ça fascinant. »

Il a un air pensif sur le visage.

« Malefoy parlait à Barjow avant le début de l'année scolaire. J'ai essayé de les espionner, mais je n'ai pas réussi à comprendre ce qu'il faisait.

–Il allait chercher le collier d'opales, c'est pas ce qu'on avait dit ? »

Ils avaient discuté du collier d'opale plusieurs fois depuis l'automne, même si c'était moins important depuis que Drago ne l'avait plus.

« Il aurait pu être en train de faire plus d'une chose, dit Potter. Ça veut dire que tu pourrais aller de chez Barjow et Beurk à Poudlard, si tu le voulais ?

–Pas avec celle-là qui est cassée. »

Elle étudie les portes de l'objet.

« Et les sécurités de Poudlard ne devraient pas empêcher quiconque de pouvoir entrer ici ?

–Probablement, déclare-t-il, mais il fronce toujours les sourcils. »

Ils observent l'armoire en silence.

« Hé, qu'est-ce que c'est, selon toi ? »

Il montre du doigt quelque chose sur la porte.

Elle se penche plus près.

« On dirait que quelqu'un a essayé de refermer une fissure, ou quelque chose comme ça.

–Ça paraît récent, tu trouves pas ?

–Si. »

Ils se regardent.

« Tu penses que quelqu'un essaie de la réparer ?

–Peut-être, dit-il. On devrait le dire à Dumbledore, au cas où. Tu as sans doute raison, personne ne peut passer les sécurités, mais au cas où, si Malefoy essayait de faire entrer ou sortir quelque chose en douce ?

–D'accord. Mais ça ne doit pas forcément être lui, ça peut être quelqu'un d'autre. »

Même si Drago a admis qu'il essayait de tuer quelqu'un, elle veut encore croire en lui.

« C'est vrai, ça pourrait être tous les autres gens qui passent tous les week-ends dans la Salle sur demande ? »

Il lève les sourcils. Ils ont à présent commencé à reculer dans les allées jusqu'à l'entrée.

« Je suppose que tu as raison.

–J'ai raison ? J'ai raison ?

–Tais-toi, Potter. Se vanter est une habitude peu attirante.

–Alors tu me considères comme attirant ? »

Il semble bien trop content de lui-même.

–Non, je te considère comme aussi attirant qu'un scroutt à pétard. »

Il semble trouver ça amusant. Alors qu'ils se dirigent vers l'avant de la salle, Pansy ignore la voix dans sa tête, qui ressemble étrangement à celle de Daphné, et qui lui demande si elle n'apprécie pas un peu trop de se battre avec Potter.

« Tu devras être prudent quand tu le diras à Dumbledore, il a dit qu'on devait arrêter d'espionner.

–Ouais, ouais. Je dirai juste que je suis tombé dessus par hasard ou quelque chose comme ça. »

Secrètement, elle pense que Dumbledore verra probablement à travers Potter de toute façon, mais faire semblant ne peut pas faire de mal. Si Dumbledore le voulait vraiment, il pourrait faire quelque chose pour les arrêter, mais il ne semble pas vouloir le faire.

« Hé... »

Il se tourne vers elle quand ils atteignent la porte.

« J'ai oublié de te demander. Hermione a trouvé cet article sur une certaine Eileen Prince, et elle n'arrête pas d'insister sur le fait que c'est l'autrice de mon livre de potions. Je ne pense pas, mais j'ai pensé que tu serais au courant de quelque chose sur les Serpentards.

–Eileen Prince ? »

Pansy tend la main vers la poignée de la porte, réfléchissant.

« Oui, c'est drôle, c'était la mère de Rogue, mais elle a épousé un moldu - ma tante Rosemary est allée à l'école avec elle, elle a toujours dit qu'elle aurait pu faire mieux...

–Rogue ? »

Il la regarde avec un air si choqué qu'elle arrête d'essayer d'ouvrir la porte.

« Tu ne me crois pas ? Je suis certaine, Merlin sait que j'ai écouté Tante Rosemary parler de ses amis d'école pendant des heures.

–Ça ne peut pas être Rogue, ça ne peut pas!

–Qu'est-ce que tu racontes ?

–Il ne peut pas être l'auteur de mon livre, crie-t-il presque. »

Elle fronce les sourcils.

« Je ne sais pas, je réponds simplement à ta question ! Ne jette pas de sort à la messagère. Et viens, on doit partir pour que tu puisses parler à Dumbledore de l'armoire. »

Après un peu plus d'insistance, il finit par la suivre hors de la pièce, un air horrifié sur le visage.

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