
Alohomora
Chapitre 5: Alohomora
Mars laisse la place à avril, et la neige fondue se transforme en pluie. Pansy passe quelques séances supplémentaires à faire le guet pour Drago, échangeant avec Crabbe et Goyle, mais n'apprend rien de nouveau. Chaque fois que Drago sort de la pièce, les cernes sous ses yeux semblent plus sombres et ses réponses plus hmorcelées. Elle lui propose de l'aider avec ce qu'il fait à l'intérieur, mais il la repousse.
Parfois, en cours de défense contre les forces du mal, elle pourrait jurer que le professeur Rogue l'observe.
« Vous jouez à un jeu très dangereux, Miss Parkinson.
Elle ne peut pas croire qu'il l'ait dit juste pour la prévenir, mais elle ne peut pas non plus penser à une autre explication. Les nuits où elle ne parvient pas à s'endormir, elle fixe les rideaux de son lit et laisse ses pensées tourner en boucle dans son esprit.
Sa fatigue la rend de mauvaise humeur. Elle réprimande une fille de troisième année jusqu'aux larmes en la chassant de sa place à la table du petit déjeuner.
« C'était un peu dur, murmure Tracey;
– Elle pourra faire la même chose quand elle sera en sixième année, rétorque Pansy.
Elle perd son devoir de sortilèges et se met presque à hurler quand le professeur Flitwick lui dit qu'elle aura un zéro.
Elle devrait le dire à Potter, mais elle n’en fait rien. Pourquoi, elle ne sait pas.
***
Au fil des semaines, Potter est de plus en plus distrait par le quidditch et ses séances avec Dumbledore. L’ardeur avec laquelle il essayait de rentrer dans la salle sur demande faibli. Pansy commence à se demander si leurs efforts ne sont pas inutiles. Elle essaie de rattraper son retard scolaire et recommence à faire des apparitions dans les cachots et à la bibliothèque.
Un mercredi soir, elle décide de s'asseoir avec Tracey et Millicent dans la salle commune.
« Oh, regarde qui a décidé de se joindre à nous, dit Tracey à Millicent.
–Qu'est-ce que ça veut dire ? demande-t-elle, sachant très bien ce que ça veut dire.
–Tu n’as pas été là depuis le début de l’année, dit innocemment Millicent.
–Daphné n’est pas là non plus, si ? Je ne vous entend pas vous en plaindre.
–C'est parce qu'elle est là normalement. Et elle est partie avec Astoria, elle est malade.
–Qu’est-ce qu’elle a ?
–Un rhume, dit Tracey en roulant les yeux. Mais on pourrait penser qu'elle a l’éclabouille vu la façon dont Daphné se comporte.
–Elle aime juste materner les gens, dit Pansy. Et pour votre information, je n'ai fait que travailler sur mon projet de potions. C'est comme si Slughorn voulait qu'on souffre.
–C'est un projet avec Drago ? demande Tracey malicieusement.
–Absolument pas »
Pansy écarte cette idée d’un geste de la main.
« Et il ne se passe rien en ce moment, de toute façon. »
Au moins, ceci est vrai. Elle n'a pas vu l'intérieur du dortoir des garçons ou un placard à balais depuis un mois ou plus.
Tracey et Millicent hochent la tête, ayant été les auditrices des diatribes de Pansy l'année dernière. Pansy sort ses livres et ses parchemins, et commence à les étaler autour d'elle. Elle ne ment pas complètement : elle doit vraiment travailler les potions.
« Eh bien, qu’est-ce que j’ai manqué pendant mes absences ? »
Tracey se redresse à ce moment précis.
« Tu as entendu parler de ce qui s'est passé entre Eloïse Midgen et Oliver Rivers ? demande-t-elle.
–Non, dit Pansy.
Tracey se penche vers l'avant de manière conspiratrice et se lance dans une histoire épique et alambiquée impliquant un placard à balais, plusieurs maléfices d’aveuglement mal lancés, et inexplicablement, du savon sauteur. Pansy se laisse envahir par l'histoire et prend des notes sur son parchemin. Voilà ce dont elle manquait : une bonne séance de commérages.
***
C'est un lundi soir, et elle revient de la volière. Elle vient de poster une lettre à ses parents pour les informer de la façon dont elle a réussi son examen de transplanage (le fait qu'elle l'ait réussi d'un cheveu et qu'elle ait dû supplier l'examinateur a été délibérément omis). Elle a hâte d'arrêter d'utiliser leur Poudre de Cheminette à la maison - se mettre de la suie dans les cheveux n'est pas du tout attrayant.
« Ah ! »
En arrivant à l’angle du couloir, elle se heurte à une sorte de mur invisible, et prise au dépourvu, trébuche et tombe à la renverse sur les fesses.
« Parkinson ? entend-elle avant que la tête de Potter n’émerge dans les airs. »
Elle lui jette un regard noir depuis le sol.
« Cette foutue cape ! Tu ne regardes pas où tu vas ?
–Désolé, je ne peux pas voir à travers les murs... »
Il a l'air bien trop joyeux pour être vraiment désolé.
«Là, laisse-moi… »
Il lui tend la main, et elle envisage de refuser, juste pour marquer une sorte de point, mais la prend finalement.
Il la tire sur ses pieds facilement, et c'est là qu'elle se rend compte de quelque chose. Il a l'air - eh bien - il a l'air différent.
C'est la mi-avril à présent, et elle ne lui a pas parlé directement depuis des semaines, depuis qu'ils ont arrêté d'essayer d'entrer dans la Salle sur demande, mais elle le voit toujours en Potions et en défense contre les forces du mal et parfois en passant dans un couloir. Elle aurait dû remarquer si ses yeux étaient devenus plus verts ou s'il avait commencé à utiliser une sorte de charme de beauté ou appris à se coiffer.
« Tu vas quelque part ? »
Il lui sourit, et ça, maintenant, c'est vraiment étrange. Ils sont tombés dans une sorte de badinage stable il y a des mois, mais il n'a jamais eu l'air aussi heureux de la voir et ne lui a jamais lancé un regard comme celui-ci.
« T’es bourré ? »
Le lundi soir est en début de semaine, et elle ne l'a jamais vraiment imaginé comme un grand buveur.
« Non, dit-il de façon irrépressible. »
Elle est frappée par la pensée qu'ils se tiennent très près l'un de l'autre.
« Tu as pris quelque chose ? »
On peut faire confiance à Potter pour être assez idiot pour se défoncer et se balader seul sous une putain de cape d'invisibilité au lieu d'être avec d'autres personnes comme toute personne sensée, pense-t-elle.
Il secoue la tête, l’air amusé.
« Pas de la façon dont tu crois, non.
–De quelle façon alors ?
–Tu poses beaucoup de questions, dit-il, mais il sourit, et putain, est-ce qu’il est en train de se pencher vers elle ?
Elle fait un pas en arrière, ne sachant pas trop si elle essaie d'interrompre ses propres pensées ou les siennes.
« Tu ne vas pas quelque part ? demande-t-elle. »
Il paraît confus l’espace d’une seconde, puis se reprend.
« Oh, si, à un enterrement.
–À un quoi? »
Il paraît bien trop joyeux en le disant.
« Un enterrement - en fait, tu as raison…, dit-il jetant un coup d'œil dans le couloir avec une expression surprise, comme s'il venait de reconnaître où ils sont. Je devrais y aller. On se voit plus tard.
–Tu vas à un enterrement défoncé ? siffle-t-elle, mais il est déjà en train de remettre sa cape et de disparaître. »
***
« Est-ce que tu as reprit tes esprits ? lui dit-elle quelques jours plus tard. »
Elle est sur le point d'être en retard en sortilège, mais elle n'a pas pu s'en empêcher en le voyant seul dans le couloir.
« Quoi? »
Il fronce les sourcils.
Elle l’observe. Il a l'air plus normal maintenant, moins rayonnant et joyeux, bien qu'elle pense toujours qu'il fait quelque chose à ses cheveux. Ou peut-être qu'il a de nouvelles lunettes ?
« Tu te souviens pas ? Quand tu m’as fait tombé dans le couloir ?
–Ah - ça. Ouais, j’ai utilisé du Felix Felicis et j’ai prit le souvenir de Slughorn sans souci.
–Le souvenir de Slughorn ? répète-t-elle, confuse.
–Oui, tu ne te souviens pas de quand j’ai parlé de le convaincre de quelque chose ? »
Elle roule des yeux.
« Je ne me souviens pas ? Tu veux vraiment que je me souvienne de toutes les choses dont tu te plains ? »
En vérité, elle se souvient de toutes ces pleurnicheries et de tous ces gémissements des derniers mois - c'est l'une des excuses qu'il donne régulièrement pour expliquer son retard, comme les incidents de quidditch et les disputes entre Granger et Weasley, mais elle ne lui donne pas la satisfaction de l'admettre.
« Écoute, tu as juste demandé… »
En l'écoutant riposter, elle a la bizarre impression que tout ça lui manque.
***
Bien sûr, c'est maintenant qu'ils ont arrêté d'essayer que quelque chose se passe.
Pansy est en route pour le dîner, ayant promis de voler une tarte à la mélasse pour Daphné, qui est coincée à la bibliothèque pour finir sa dissertation d'arithmancie à rendre pour le lendemain. La professeure Vector déteste les retards de devoirs.
Dans le couloir, juste devant elle, un groupe d'élèves de Gryffondor entonne une chanson de Quidditch ridicule. Le match de quidditch entre Gryffondor et Serdaigle pour la coupe des quatre maisons a lieu dans deux jours, le 10 mai.
« Tu viens au match ? lui avait demandé Potter la semaine dernière.
« Eh bien, j'aime bien te voir perdre, avait-elle répondu. »
La grande salle sera probablement en proie au chaos. Dans ce genre de moments, même la table de Serpentard s'y met, car sa maison ne laisse jamais passer une occasion de se moquer des Gryffondor.
Elle ralentit pour mettre de la distance entre elle et le groupe qui chante. Elle passe devant les toilettes des garçons quand elle entend un bruit étrange, comme si quelqu'un pleurait. Elle s'arrête. Il s'agit probablement d'un première année stupide qui n'a pas encore surmonté son mal du pays, même après neuf mois d'année scolaire. Mais ensuite, elle entend une voix disant :
« Je ne peux pas le faire... Je ne peux pas. »
C'est la voix de Drago. Pansy pousse la porte. Il est debout, dos à la porte, les mains agrippées de part et d'autre de l'évier, la tête baissée. Ses cheveux d’un blond presque blanc brillent sous les lampes.
Mimi Geigniarde flotte à côté de lui, agitant ses mains.
« Ne fais pas ça, dit-elle. Ne fais pas ça... dis-moi ce qui ne va pas... je peux t'aider... »
Puis, Mimi aperçoit Pansy, et blanchit. Pendant sa deuxième année, Pansy s'était toujours moquée de Mimi chaque fois qu'elle la voyait. Cela avait été l'une de ses activités extra-scolaires les plus appréciées. Mimi s'éloigne rapidement en flottant.
Drago regarde dans le miroir et ses yeux rencontrent ceux de Pansy. Ils sont rouges d’avoir pleuré.
« Drago, souffle Pansy, et avant même de savoir ce qu'elle fait, elle traverse la salle de bain pour aller vers lui et prendre ses bras dans les siens. »
Il est crispé, et elle peut le sentir trembler.
« Pansy, dit-il. Je…
–Qu’est-ce qui ne va pas, Drago, dis-moi, dit-elle, la phrase de Drago restant en suspend. »
Il reste silencieux pendant un long moment. Sa peau est si pâle qu'il semble presque mort, et il évite son regard.
« Personne ne peut m'aider. »
Ses mains tremblent. Elle ne l'a jamais vu comme ça.
« Je ne peux pas le faire... Je ne peux pas... Ça ne marchera pas... et si je ne le fais pas bientôt... il dit qu'il va me tuer.
–Faire quoi ? »
Pansy pense à toute vitesse. Qu'est-ce que c'est ?
« Je suis sûre que tu peux, Drago. dit-elle de sa voix la plus apaisante. »
Aucune réponse ne suit. Il détourne son regard d'elle et regarde le carrelage. Elle essaie de réfléchir à ce qu'il a besoin d'entendre.
« Je sais que tu peux faire tout ce dont le Seigneur des Ténèbres a besoin - tu dois juste faire plus d'efforts - si seulement tu t'appliquais plus… »
Son regard revient dans le sien.
« Faire plus d’efforts, faire plus d’efforts ? bafouille-t-il. »
Il semble soudainement furieux.
Sa colère la prend au dépourvu, mais elle y voit une opportunité.
« Oui, bien sûr, poursuit-elle. Je veux dire, qu'est-ce qui pourrait être si difficile que tu ne puisses pas faire pour le Seigneur des Ténèbres ? Je sais que si j'en avais l'opportunité, je serais ravie. J'espère que tu ne la gâches pas. Tout ce dont il a besoin devrait être facile à faire pour toi, avec un si grand maître...
–Facile ? »
Les yeux de Drago brillent d’une rage qui s’emplifie.
« Oui, facile ! réplique Pansy en se redressant. Qu'est-ce qui pourrait être si difficile ?
–Putain, tu es vraiment stupide, grogne Drago en la repoussant. J'aimerais bien te voir essayer de tuer quelqu'un. »
Pansy tombe dans les lavabos, se rattrapant aux parois avec ses mains. Il y a un long silence, et les mots semblent se répercuter dans les toilettes.
« J’aimerais bien te voir essayer de tuer quelqu’un. »
Elle peut entendre son cœur battre dans ses oreilles.
Drago la regarde fixement, serrant et desserrant ses poings tremblants. Ses propres mots semblent le rattraper. L'horreur se lit sur son visage.
« Tu ne dois parler de ça à personne.
–Bien sûr que non, dit-elle. »
Elle n'a pas besoin de simuler le tremblement dans sa voix.
« Je veux juste que tu réussisses, Drago, tu le sais. Je ferais n'importe quoi pour toi. »
Draco s'essuie le visage d'une main brutale.
« Je dois y aller, dit-il avant de fuir la pièce. »
Elle s’écroule dans une des cabines. Ce n'est que lorsqu'elle s'appuie sur la porte verrouillée de la cabine qu'elle se rend compte que ce sont toujours les toilettes des garçons. Elle fixe le carrelage sans le voir. Drago va tuer quelqu'un. Drago, qui, malgré son manque d'attention général, avait complimenté ses robes que tout le monde savait moches en quatrième année et lui avait apporté de la soupe au poulet quand elle était malade en cinquième année. Drago, qui lui avait dit en première année, avec la radieuse innocence de tous les petits garçons, à quel point il voulait être comme son père. Drago, qui sous sa cruauté, avait toujours été sensible, enclin à l'émotion et à la fantaisie.
Elle n'avait pas réalisé à quel point elle avait besoin de croire que c'était autre chose jusqu'à ce moment précis, ni à quel point elle pensait vraiment tous les arguments qu’elle énonçait passionnément à Potter. N'importe quoi d'autre serait mieux. Une blessure, un vol, un enlèvement, un sabotage, tout ça pouvait être guéri avec le temps, d'une manière ou d'une autre. Tout le reste pouvait être simulé plus facilement. Mais pas ça.
Elle entend une voix qui l'appelle comme de très loin. Elle pense qu'elle l'a peut-être imaginé. La voix devient plus forte, jusqu'à ce que, soudainement, elle entende :
« Pansy-PANSY ! Bon sang, alohomora ! »
La porte de la cabine s'ouvre brusquement et elle tombe en avant, heurtant quelqu'un. Ils trébuchent tous les deux, puis des mains se referment sur sa taille pour la stabiliser. Elle sent alors quelque chose comme une crème à polir de balai et de l'herbe fraîchement coupée.
« Pansy ! Qu'est-ce qui se passe ? Tu vas bien ? Je t'ai vu avec Malefoy sur la carte, et puis il est sorti... lui hurle Potter dans l'oreille.
–Il va tuer quelqu’un. »
Il s'écarte pour la regarder, la saisissant par les bras.
« Quoi ? »
Elle peut voir le choc dans ses yeux verts.
« Il va tuer quelqu’un. Il me l’a dit.
–Il te l’a - il te l’a dit ?
–Tu avais raison depuis le début. Tu peux être content maintenant. »
Elle se sent engourdie.
Il la fixe.
« Quoi? Je ne suis pas…
–Il va tuer quelqu'un, et il va se faire tuer en le faisant, ou s'il ne le fait pas, il se fera tuer quand même. »
Il recule.
« Je pensais... Je l'ai vu sortir des toilettes, et je savais que tu étais là, et il avait l'air si bouleversé.
–Quoi ?
–Je pensais qu'il avait tout découvert. Je pensais qu'il t'avait fait quelque chose. »
Elle le regarde fixement. Il est tout rouge, ses cheveux sont en bataille et il tient toujours sa baguette dans sa main. Elle se rend compte qu'il a fait irruption dans les toilettes en criant son nom et que tout le monde aurait pu l'entendre, tout ça parce qu'il pensait que Drago lui avait fait du mal. C'est une idée tellement bizarre qu'elle a envie de se mettre à rire.
« Non, rien du tout. »
Elle regarde autour d'elle dans les toilettes, revenant à elle.
« Tu devrais aller le dire à Dumbledore. Il doit être mis au courant. Dis-lui que Drago vient d'avouer explicitement qu'il doit tuer quelqu'un.
–D’accord. »
Il se secoue un peu.
« Tout ira bien pour toi ?
–Oui, très bien. Vas-y, Potter. »
Il hésite.
« Vas-y, dit-elle sèchement. Ça va faire l’affaire. »
Une fois qu'il est parti, Pansy s'approche du miroir. Elle a l'air étonnamment normale malgré ce qu'elle ressent. Elle est plus pâle que d'habitude et ses cheveux sont un peu décoiffés. Elle lisse ses cheveux derrière ses oreilles et attend que les battements de son cœur aient ralenti pour quitter les toilettes.
***
Potter ne cesse de la regarder.
C'est le jour suivant en défense contre les forces du mal. De temps en temps, elle se déplace sur son siège, et du coin de l'œil, elle peut le voir détourner le regard, pour le voir revenir sur elle quelques minutes plus tard. Elle souhaiterait, et ce n'est pas la première fois, qu'il connaisse la légilimancie. Comme ça, elle pourrait lui crier dessus par la pensée:
« Arrête de me regarder, Granger va commencer à suspecter quelque chose. »
C'est la leçon la plus longue et la plus interminable qu'elle ait jamais endurée, et elle compte les minutes sur l'horloge pendant que le professeur Rogue continue son cour.
Lorsque le cours est enfin terminé, ils sont les derniers à quitter la classe, et elle le suit sans un mot jusqu'à une pièce située deux portes plus loin.
« Qu’est-ce qui se passe ? siffle-t-elle une fois qu'un sortilège de silence a été jeté. »
Il a l'air plus furieux qu'elle ne l'a jamais vu.
« Qu'est-ce qu’a dit Dumbledore ?
–Il n'a rien dit. Il est juste resté là. »
Il fait les cent pas puis s'arrête net, bousculant un bureau au bout d’une rangée.
« Tu lui as dit ?
–Oui, bien sûr que je lui ai dit ! »
Il se tourne vers elle, les yeux flamboyants.
« Je lui ai dit exactement ce que tu avais dit, que Malefoy avait admis qu'il allait tuer quelqu'un, et il n'a même pas réagi !
–Comment c’est possible ?
–Je ne sais pas, crie-t-il. Malfoy va tuer quelqu’un ! Et il s’en fiche !
–Je ne comprends pas. »
Sous le choc de la journée d'hier, elle avait cru que Dumbledore allait prendre des mesures. Certes, la sécurité à Poudlard avait toujours été un peu laxiste à son goût, et les Détraqueurs en troisième année étaient horribles. Mais elle avait pensé que Drago, en avouant ouvertement ses intentions de meurtre, déclencherait un plan d'action, qui, l’espérait-elle, ne remonterait pas jusqu'à elle.
« Je ne comprends pas non plus. »
Il recommence à faire les 100 pas.
« Qu’est-ce qu’on peut faire ? »
Elle commence à évaluer leurs options. Y a-t-il quelqu'un d'autre à qui ils peuvent le dire, quelqu'un qui sera discret, mais qui mettra Drago à l'abri et en sécurité quelque part ? Si les journaux en parlent, le ministère ne sera-t-il pas obligé de prendre des mesures, malgré sa crainte du Seigneur des Ténèbres ? Mais comment va-t-elle s'assurer que ça ne lui retombe jamais dessus ?
Potter arrête de faire les cent pas. Il la regarde, une expression sérieuse sur le visage.
« Je pense que tu dois le montrer toi-même à Dumbledore.
–Quoi ? »
Ce n’était pas du tout ce à quoi elle pensait.
Il fait un pas vers elle.
« Tu dois lui montrer ton souvenir. C'est le seul moyen auquel je pense pour qu'il prenne ça plus au sérieux.
–Quoi… non.
–Comment ça non ?
–Je ne peux pas aller voir Dumbledore. Si plus de gens savent, je serai plus en danger ! lui crie-t-elle en retour.
–De quoi tu parles ? Je croyais que tu avais dit que tu voulais arrêter Malefoy ! »
Il s'est rapproché pendant qu'ils se criaient dessus, et il est juste en face d'elle maintenant, assez près pour qu'elle puisse voir comment il est bronzé par le quidditch.
« C’est ce que je veux ! s’énerve-t-elle. Mais je ne peux pas être vue en train d'aller voir Dumbledore ! Je ne peux pas risquer d'être exposée. »
Le choc transforme son expression.
« Je ne peux pas y croire, tu es tellement lâche.
–Je n’ai jamais prétendu être une stupide Gryffondor, gronde-t-elle.
– C’est toi qui a voulu tout ça. C’est toi qui est venu me voir. Comment est-ce que tu peux changer d’avis maintenant ?
–Je ne change pas d'avis, dit-elle, piquée au vif. Je dis que je ne veux pas m'exposer davantage.
–Tu ne fais vraiment pas confiance à Dumbledore ? Pourquoi tu travailler avec moi alors ?
–Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en Dumbledore, c'est juste que... »
Elle n'arrive pas à trouver les mots pour exprimer ses pensées. Elle sait seulement que l'idée du changement lui donne des sueurs froides et accélère le rythme de son cœur. Elle se retourne et commence à faire les cent pas.
« Pourquoi alors ? »
Il fronce les sourcils derrière elle.
Je ne sais pas, dit-elle presque, mais elle s'arrête avant. Elle ne peut pas l'admettre.
« Un jeu dangereux, dit la voix du professeur Rogue dans sa tête. »
Attends…
« Je suis tellement stupide, s’entend-elle dire.
–Quoi ?
–Il le sait déjà, dit-elle en se retournant pour lui faire face. Dumbledore est probablement déjà au courant. »
Il fronce les sourcils.
« Qu’est-ce que tu veux dire ?
–Il sait déjà sûrement que c’est moi. »
Elle commence à comprendre.
« De quoi est-ceque que tu m’accuses ? Je te l'ai dit, j'ai essayé de penser à d'autres choses quand je lui ai tout raconté…
–Non, pas ça, dit-elle, ne voulant pas se lancer dans une discussion sur les faibles capacités de Potter en occlumancie. Je veux dire que le professeur Rogue m'a laissé entendre qu'il savait. Et s'il travaille vraiment pour Dumbledore, il a dû le lui dire.
–Quoi… c’était quand ça ?
–Après qu'il nous ait surpris dehors après le couvre-feu. Il a dit, « vous jouez à un jeu dangereux ». »
Il a l'air d’une humeur orageuse.
« Et tu n'as jamais pensé à me dire ça ?
–Ce n'était pas si important, dit-elle, même si c'est un mensonge. »
C'était important pour elle, et elle ne sait toujours pas pourquoi elle n'a pas pu se résoudre à lui dire.
« Pas important ? Pas important ?
–Je te le dis là, non ? Pourquoi est-ce que tu es aussi énervé ?
–On est censés se faire confiance. »
Il a l'air encore furieux.
« Comme si tu me faisais confiance ? dit-elle d'un ton mordant.
–Oui, je te fais confiance, dit-il vivement. Mais je suppose que tu ne me fais pas confiance.
L'expression de son visage la fait réfléchir.
Il la voit le fixer.
« Quoi ?
–Très bien, j'aurais peut-être dû te le dire, admet-elle, décontenancée par le fait qu'il avait l'air - enfin, il avait presque l'air blessé. Et le fait est que Dumbledore sait probablement que c'est moi qui t’informe.
–D'accord, dit Potter lentement. Alors tu veux dire que tu vas y aller ? Tu peux venir sous la cape. Personne ne te verra aller dans son bureau. »
Elle hésite. Même si elle a raison, et elle le pense, il y a toujours une partie d'elle qui ne veut pas parler à Dumbledore. Mais ça n'a aucun sens, et elle n'a plus d'excuses.
« Bien. Oui, je viendrai. Quand est-ce que tu as rendez-vous ?
–Lundi soir. »