
enclave
Chapitre 3: enclave
Ce n'est qu'au début du mois d'octobre qu'elle fait une avancée involontaire.
Un matin, alors qu'elle essaie de se rendre à son cours de sortilèges, elle se retrouve dans un couloir bloqué par un groupe d'élèves. En s'approchant, elle aperçoit Rusard qui les importune pour savoir ce qu'ils ont dans leurs sacs. Elle n'a jamais aimé Rusard - l'année dernière, Drago et elle ont été collés deux fois pour s'être bécotés dans la réserve des Potions. Mais parfois, Pansy se surprend à le regarder. Rusard est le deuxième Cracmol qu'elle ait jamais rencontré, après sa sœur. Il en veut aux élèves, et c'est réciproque. Même les Gryffondors, la maison des traîtres à leur sang qui ne cessent de dire à quel point ils aiment les Moldus et tout ce genre de choses étranges, se moquent toujours de lui.
Le couloir est à présent encombré des deux côtés, et elle remarque Potter et ses amis à l'autre bou du couloir, souriant d'un air narquois à Rusard.
« Je ne veux pas que vous pensiez que vous pouvez apporter n'importe quoi dans ce château, je ne veux pas... »
Ruzard s'interrompt soudainement, et fait une moue bizarre.
« Mmmff-«
Il ne semble pas arriver à ouvrir complètement sa bouche.
« Mruuhh... essaie à nouveau Rusard, son visage devenant de plus en plus rouge. »
Il commence à agiter ses mains dans tous les sens, impuissant.
Les élèves autour d'eux se mettent à ricaner, et l'un des Weasley à côté de Potter redouble d'un rire silencieux qui le fait trembler. Pansy remarque que Potter a sorti sa baguette qu'il tient discrètement près de sa jambe, et qu'il est en train de marmonner quelque chose.
Une colère vive et brûlante l'envahît. Avant de savoir ce qu'elle fait, elle sort légèrement sa baguette de sa manche et envoie un maléfice cuisant informulé à Potter. Il tressaille et fronce les sourcils.
« Mpfff-vous, espèce de petits-... Rusard s'est libéré du sortilège, et pivote sauvagement de tous les côtés. Je sais que c'était l'un d'entre vous ! Je vous aurai ! »
Les élèves se dispersent, toujours en ricanant. Quand Pansy se retourne, Potter la regarde fixement, ces yeux verts écarquillés. Elle remet sa baguette dans sa manche.
« Pansy ? demande Daphné derrière elle. »
C'est comme si quelqu'un lui avait versé un seau d'eau glacée sur la tête. Qu'avait-elle fait ?
Elle continue son chemin dans le couloir, et Daphné se dépêche de la suivre.
« Est-ce que tu viens de jeter un sort à Potter ? siffle Daphné.
–Ai-je besoin d'une excuse pour jeter un sort à Potter ? grogne Pansy lorsqu'elles eurent passé l'angle du couloir.
« Je sais, mais je pensais juste... tu as fait ça pour Rusard ? demande Daphné en fronçant les sourcils.
« Bien sûr que non. dit Pansy. Je ne lèverais pas le petit doigt pour ce Cracmol. »
Pardonne-moi, Prim, pense-t-elle.
« Potter a juste besoin d'être remis à sa place de temps en temps. Et tu devrais aller en sortilèges, je dois aller aux toilettes.
Daphné la laisse partir avec un regard curieux. Ce n'est que lorsque Pansy est enfermée en toute sécurité dans une cabine qu'elle se rend compte que ses mains tremblent. Elle se souvient soudain des rêves qu'elle faisait en deuxième année. Dans ces rêves, Prim était à Poudlard, mais elle n'avait toujours pas de magie, et tous les autres élèves l'entouraient, lui jetant des sorts et des maléfices en riant. Pansy ne pouvait pas l'atteindre, même si elle poussait et bousculait dans la foule, et elle était obligée de regarder sa sœur pleurer en les suppliant d'arrêter.
***
Potter vient la trouver dans un couloir désert le lendemain.
« Parkinson ! l'apostrophe-t-il.
–Quoi", dit Pansy d'un ton sec, tout en continuant à marcher. »
Après avoir attendu si longtemps qu'il s'approche d'elle, elle est d'avis de le faire souffrir un peu avant de lui parler.
–Tu m'as... tu m'as jeté un sort dans le couloir hier ? »
Elle s'arrête et se retourne.
« Après avoir refusé de m'écouter tant de fois, tu vas sérieusement m'interroger pour t'avoir lancé un sort cuisant une fois ? Le Prince Potter est-il vraiment si fragile ?
–Je ne comprends pas pourquoi tu as fait ça. »
Il a l'air perplexe.
« J'ai vu une opportunité, dit Pansy.
–Pour défendre Rusard. »
Maudit soit-il.
« Ça n'a rien à voir avec lui.
–Je sais que c'est le cas. »
Il a l'air confiant à présent.
« Tu avais l'air tellement en colère quand tu l'as vu. »
Elle est coincée, et elle s'en veut de ne pas avoir mieux caché ses émotions hier.
« Tu ne devrais pas jeter des sorts aux Cracmols. »
Il rougit.
« Quoi ? Ça n'a rien à voir avec le fait qu'il soit un Cracmol. C'est juste Rusard ! »
C'est vrai. C'est juste Rusard. Elle n'aime toujours pas Rusard, même après ce qu'elle a fait. Mais maintenant que le lien a été fait dans son esprit, elle ne peut s'empêcher d'imaginer sa soeur. Et elle est furieuse - tellement furieuse - contre ce garçon qui agit toujours comme un héros, avec cette fausse humilité du « qui-moi? », mais qui est en fait comme les autres.
« Il ne peut pas se défendre contre la magie, grogne-t-elle. Sois un connard autant que tu veux, mais ne fais pas ça. »
Il la regarde fixement pendant un moment.
« Je ne te comprends pas.
–Ton cerveau est si petit que c'est un miracle que tu arrives à comprendre quelque chose. »
Il ricane.
« Tu sais, pour quelqu'un qui prétend vouloir m'aider, tu es toujours horrible.
–Je n'ai jamais dit que je voulais être ton ami, Potter. Apprends la différence. J'essaie simplement d'aider le bon côté à gagner, puisqu'il semble peu probable que tu trouves un jour la solution par toi-même. Disons que nos intérêts sont temporairement alignés. »
Il se passe une main dans les cheveux.
« Toutes ces années à détester les nés-moldus, à les traiter de « sang de bourbe », et maintenant soudainement tu te soucies des Cracmols ?
–Je n'utilise pas ce mot, dit-elle sèchement. Tu penses à Drago.
Quand elle était plus jeune, mère lui avait dit que les gens avec de la classe n'utilisaient pas ce type de mots. Pendant longtemps, cela l'avait déconcertée. Elle savait que lorsque l'oncle Charles ou l'oncle James se soûlait lors d'une réunion de famille, ce mot s'échappait facilement de leurs lèvres, tandis que Mère et tous les autres continuaient à sourire placidement, comme si de rien n'était. Ce n'était que l'année dernière qu'elle avait finalement compris : Les Parkinson n'étaient pas censés dire ces choses devant des inconnus. Au sein de la famille, tout était permis.
Il fronce les sourcils. Il a l'air si décontenancé qu'elle se dit qu'il pense peut-être sérieusement qu'elle et Drago sont la même personne.
« Mais tu passes tout ton temps avec des gens qui le font, dit-il enfin. Alors quelle est la différence ?
Elle se mord durement la langue.
« Je ne sais pas ce que tu attends de moi.
–Peut-être des excuses, dit-il vivement. »
Tous les muscles de son corps lui disent non. Même si elle regrette les choses qu'elle a dites, elle ne veut pas s'excuser auprès de lui, ce garçon odieux et bien-pensant.
Mais. Prim.
« Bien. Je ne suis pas fière de toutes les choses que j'ai dites. »
Elle se sent atrocement exposée.
Il la regarde pendant un long moment, et elle s'efforce de ne pas s'agiter ni de détourner le regard.
Quelque chose comme de la curiosité brille dans ses yeux.
« C'est quoi cette histoire avec Rusard, tu as soudainement une conscience ? »
Il est vraiment acharné.
« Rien que ton esprit ne puisse comprendre. »
Il croise ses bras sur son torse.
« Ce n'est toujours pas une réponse.
—Par Merlin, est-ce que je dois vraiment tout t'expliquer ?
–Seulement si tu veux que je crois que tu veux vraiment m'aider, dit-il vivement.
–Ma soeur est une Cracmol. »
Les mots jaillissent de ses lèvres.
Il se retourne à nouveau, les yeux écarquillés.
« Quoi ?
–Tu as entendu ce que j'ai dit. »
Elle ne peut pas le dire une seconde fois.
«Eh ben ça alors. »
Il fronce les sourcils.
« Je veux dire, ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Pas avec quelqu'un comme toi.
« Je ne sais pas ce que tu veux dire par « comme moi », dit-elle sèchement. Ils peuvent naître dans toutes sortes de familles. C'est aléatoire.
–D'accord, dit-il, mais elle peut le voir dans ses yeux. Il est comme tout le monde - il croit que les Cracmols ne sont que des gens stupides, ennuyeux ou agaçants d'une manière ou d'une autre. Donc, c'est pour ça que tu veux espionner Malefoy ? A cause de ta soeur ?
–Oui. »
Comme il ne répond pas, elle développe.
« Elle va à l'école aux États-Unis. Mais nos parents sont de plus en plus paranoïaques depuis que le Seigneur des Ténèbres regagne du pouvoir. Ils ne pensent pas du tout qu'elle puisse revenir ici.
–Je ne pensais pas que Voldemort s'intéressait vraiment aux Cracmols, dit-il curieusement. »
Débattre de ce sujet avec lui ne l'intéresse pas.
« Mes parents pensent qu'il pourrait le faire.
–Comment ça marcherait ?, demande-t-il. Je te dis juste ce que je veux savoir sur Malefoy ? Mais comment on fera pour se voir ?
–Je ne sais pas, je pensais que tu aurais une idée, rétorque-t-elle. Ce n'est pas toi et tes amis qui êtes toujours en train d'enfreindre les règles et de vous fourrer partout ?
–On ne se fourre pas partout. «
Il fait la moue.
« Je pense que je vais réfléchir à un moyen de nous contacter. »
Le bavardage d'élèves se fait entendre à l'angle du couloir.
« Je dois y aller, Potter. Retrouve-moi plus tard, dit-elle. »
Elle se dépêche de partir aussi dignement que possible, mais à l'intérieur d'elle-même elle danse. Quelque chose fonctionne enfin.
***
L'événement excitant de la semaine suivante est la sortie à Pré-au-Lard. Drago, qui continue à régner sur Poudlard en tant que pire non-petit-ami, a réussi à se faire coller par la professeure McGonagall et n'a même pas l'air d'en en être désolée. Pansy est contrariée. Malgré ses intentions peu louables, elle n'aime pas qu'on se moque d'elle. Les filles Parkinson ne sont pas censées supporter ce genre de traitement.
Elle n'apprend que plus tard l'attaque contre Katie Bell. Elle passe un joyeux après-midi avec Daphné dans la boutique de Madame Guipure à Pré-au-Lard à chercher des robes à porter pour le mariage de sa cousine. C'est une honte qu'ils n'aient pas autant de tissus différents qu'à celle du chemin de traverse, mais c'est toujours mieux que rien.
Dans les jours qui suivent, le château bourdonne de rumeurs, et Pansy observe Draco. Il est d'une humeur étrange, mais que voudrait le Seigneur des Ténèbres à Katie Bell ? Drago est probablement en colère parce qu'il déteste que Potter fasse l'objet de la moindre attention. Alors qu'ils marchent vers la grande salle pour prendre leur petit déjeuner, ils entendent deux élèves de deuxième année de Poufsouffle parler de la façon dont Potter a héroïquement sauvé Katie, et Drago les frappe pratiquement. Secrètement, elle pense que si Potter était si héroïque, il aurait empêché Katie de se faire blesser tout cours.
Plus tard ce jour-là, Potter lui lance un regard particulièrement significatif en potions, et elle traîne à la fin du cours jusqu'à ce qu'ils soient les derniers à sortir. Il lance un sort appelé Assurdiato autour d'eux, en lui assurant qu'il empêchera quiconque de les entendre.
« Tiens »
Il lui tend un objet, qui s'avère être un galion.
« On peut s'écrire des messages, comme ça. C'est comme ceux de l'armée de Dumbledore, sauf que tu peux aussi utiliser des lettres.
–Bien. »
Elle le glisse dans sa poche.
« C'était sacrément difficile de convaincre Hermione de faire ça pour moi. Elle n'arrêtait pas de me demander si j'avais une petite amie secrète, ou quelque chose comme ça. »
Pansy ricane, puis quelque chose lui vient à l'esprit.
« Tu ne peux pas leur parler de ça.
–Je leur fais confiance, dit-il obstinément.
–Mais pas moi, réplique-t-elle. Et c'est moi qui me mets en danger, ici. Donc je pense que c'est à moi de décider.
–Bien, marmonne-t-il. »
Il lui jette un coup d'oeil.
« Tu as entendu parler de l'attaque de Katie. »
Elle sait à quoi il pense.
« Je ne crois pas qu'il l'ait fait. Le seigneur des ténèbres se fiche d'elle. »
Il secoue la tête.
« Ce n'était pas pour Katie. Elle était juste la messagères. Elle avait ce collier, et elle l'a touché accidentellement. »
Pansy se fige.
« Un collier ? A quoi ressemblait-il ? Il y avait des opales ?
–Oui. Attends - tu l'as vu ?
–Il était dans le tiroir à chaussettes de Drago. Je pensais qu'il s'était enfin décidé à m'offrir un cadeau, dit-elle. »
Il a l'air presque jubilatoire.
« C'est génial ! J'ai dit à la professeure McGonagall que ça devait être lui, mais elle ne voulait pas me croire ! »
Il se met à courir en disant par-dessus son épaule :
Je dois aller dire ça à Dumbledore. »
Elle le suit du regard alors qu'il disparaît dans le couloir.
« De rien, marmonne-t-elle. »
***
Malheureusement, la conversation entre Potter et Dumbledore ne donna rien, ce qui ne manque pas de le contrarier lorsqu'ils se retrouvent quelques semaines plus tard à la mi-novembre. Elle peut voir les flocons de neige danser devant la fenêtre et elle resserre à présent sa robe autour d'elle.
« Je lui ai dit que tu avais vu le même collier avec Drago - je n'ai pas dit que c'était toi, juste une source de Serpentard - mais il n'a pas réagi du tout ! se plaint Potter. Comment ne peut-il pas se soucier du fait que Malefoy essaie de tuer des gens dans notre école ?
–Eh bien, nous savons tous que Dumbledore est très préoccupé par la sécurité des élèves, fait-elle remarquer.
–Il a même commencé à me faire la morale Quand j'ai dit qu'un autre élève avait confirmé pour le collier, poursuit-il en l'ignorant. Il m'a dit que je ne devais pas mêler les autres élèves à mon obsession pour Malefoy, et que je devais simplement lui faire confiance pour gérer la situation.
–Et qu'est-ce que tu lui as dit?
–Je lui ai dit que te parler ne se reproduirait pas. »
Elle sourit à l'idée de se jouer du vieux Dumbledore.
« Reprenons depuis le début. »
Il se tourne vers elle. Ils sont dans une salle de stockage inutilisée du 5e étage qu'il a suggérée. Elle se demande si c'est ici qu'il emmène les filles pour les bécoter. Si c'est le cas, elle a de la peine pour elles, la pièce est pleine de poussière.
Il lui fait alors réciter tous les détails des lettres de Drago dont elle se souvient et toutes les observations qu'elle a faites à son sujet. Elle l'informe que Drago semble fatigué et qu'il est mystérieusement absent de la salle commune des Serpentards, son endroit préféré pour se montrer. Elle confirme que oui, il a la marque des ténèbres. Elle l'a vu lors d'une de leurs séances de bécotage, bien qu'il ait essayé de le lui cacher. À cet instant, elle avait été remplie d'un chagrin si soudain et inattendu qu'elle en avait été presque étourdie.
Potter prend de nombreuses notes. Il est amusant de constater qu'il s'applique sur le sujet de Drago Malefoy avec plus d'assiduité qu'il n'en a jamais montré pour les sortilèges ou la Métamorphose. Il trouve le moindre détail sur Drago suspect. Bien qu'elle roule un peu les yeux - le fait que Drago ait bu du whiskey pur feu au lieu de vin d'elfe la semaine dernière n'a pas grand-chose à voir avec le Seigneur des Ténèbres - elle est satisfaite d'avoir un public pour ses observations. Même si elle aime jouer les idiotes, c'est aussi agréable d'être reconnue.
Ses amis semblent avoir remarqué un changement chez lui. Un jour, Pansy est assise avec Daphné derrière Potter et Granger en cour de défence contre les forces du mal.
« Tu vas bien, Harry ? demande Granger anxieusement.
–Oui -euh - pourquoi ça n'irait pas ?
–Tu as arrêté de parler autant de Malefoy, murmure Granger. Ça me semblait bizarre. »
Potter regarde Granger, confus.
« Je croyais que tu avais dit que tu ne voulais pas entendre mes théories.
–Eh bien, oui, mais c'était si soudain. »
Pansy fait sûrement un bruit d'amusement accidentel car Granger lui jette un regard en retour. Pansy se redresse.
« Encore en train de chuchoter, Potter et Granger ? dit-elle fortement. « J'espère que vous savez que vous ne pouvez pas tricher de cette façon pendant vos examens cette année.
–C'était quoi, ça ? demande Potter quand ils se retrouvent dans la salle de stockage quelques jours plus tard.
–Je ne pouvais pas laisser Granger penser que j'ai été surprise à vous écouter discrètement alors que je ne voulais pas être surprise, lui expliqua-t-elle.
–Du coup à la place tu t'es assurée qu'elle savait que tu était en train de nous écouter et tu as fait une remarque sarcastique ? Ça n'a pas de sens, dit-il vivement.
–Je n'espère pas que beaucoup de choses aient du sens à tes yeux.
–Je ne comprends pas pourquoi tu ne peux pas être plus sympa, est-ce que c'est si diffici...
–Pourquoi est-ce que je devrais être plus sympa ?
–Je pense que si on doit travailler ensemble... »
Elle le regarde d'un air renfrogné.
« Nous ne sommes pas ici pour être amis, Potter. Je te rappelle que tu as besoin de moi bien plus que je n'ai besoin de toi. Donc tu peux garder tes opinions sur mon comportement pour toi. »
Il se frotte l'arrière de la nuque.
« Bien.
–Bien, l'imite Pansy. Je voulais juste te dire que Drago a dit qu'il ne pouvait pas étudier ce soir, donc je pense qu'il prépare quelque chose. Si tu veux le suivre.
–Merci, dit-il abruptement. »
***
Potter n'arrive pas à trouver où Drago est allé, même en essaiant de le suivre.
« Je devrais peut-être essayer de le suivre, dit Pansy. »
Ils sont dans une salle de classe abandonnée au quatrième étage. Elle se lève pour s'asseoir sur le bureau du professeur.
« Seulement, je n'ai aucun moyen de le suivre sans être vue. Les charmes de désillusion ne sont pas très efficaces pour suivre quelqu'un qui passe autant de temps à regarder suspicieusement par-dessus son épaule comme Drago. Ils ne sont vraiment efficaces que quand tu es immobile. »
Fronçant les sourcils, il vient s'appuyer sur le bureau en face d'elle. Cela fait maintenant plus d'un mois qu'ils travaillent ensemble, mais ce mois a été morcelé en moments : une conversation chuchotée dans un couloir par-ci, une minute volée dans une salle vide par-là. D'une certaine manière, il est exactement comme elle s'y attendait : impulsif, bien-pensant, prompt à la colère et loin d'être aussi observateur qu'elle. D'autres fois, il ne l'est pas : il respecte son opinion sur Drago, et il n'est pas aussi arrogant ou gâté qu'elle le pensait.
–Tu ne connais pas la légilimancie, n'est-ce pas ? Sinon peut-être que tu pourrais obtenir quelques indices au moins, demande-t-il. »
Parfois, elle n'arrive vraiment pas à le croire.
« Bien sûr que non, Potter. Si c'était le cas, je l'aurais déjà fait ! Je connais un peu d'occlumancie, mon père m'a donné des leçons un jour, il m'a dit que ce serait bien si jamais je rejoignais les entreprises familiales. Les réunions d'actionnaires peuvent être sacrément bizarres parfois, avec tout le monde qui essaie de lire dans les pensées des autres. »
Il la regarde avec curiosité.
« Tu veux travailler dans le commerce ? Ça n'a pas l'air d'être ton truc.
Elle se demande si c'est un commentaire sur sa supposée intelligence, ou autre chose.
« J'avais l'habitude d'accompagner mon père parfois pour ses courses. Il fait des trucs d'importation. J'avais tellement peur de tous les crânes qu'ils ont chez Barjow et Beurk quand on y est allés.
–Ouais, leurs trucs sont horribles, acquiesce-t-il distraitement en regardant vers la tapisserie poussiéreuse des êtres de l'eau sur le mur. »
Ils contemplent leur problème Dracosien en silence pendant quelques instants. Ce qu'il lui faut, c'est quelque chose qui la rende invisible, vraiment invisible, pas comme un charme de désillusion ou un maléfice aveuglant, mais quelque chose qui...
–Attends ! »
Il relève les yeux à son exclamation.
« Je n'arrive pas à croire que j'ai oublié. Tu n'as pas une cape qui te rend invisible ou quelque chose comme ça ? Tu pourrais me la donner. »
Il paraît vraiment étonné.
« Comment est-ce que tu sais ça ?
–Je t'ai vu. »
Pansy a un air suffisant.
« Tu nous a espionné dans le train pour Poudlard.
–Tu le savais ? J'étais sûr que Malefoy s'en doutait, mais je ne pensais pas que tu le savais. Attends, toutes ces choses que tu disais alors, tu ne voulais pas dire...
« Bien sûr que non, dit-elle avant de rouler des yeux. Tu pensais vraiment que j'étais si surprise et impressionnée d'entendre Drago se venter ? Après l'avoir connu pendant cinq ans ?
–Euh, oui, admit-il.
–Tu me considères d'une manière si terrible, c'est charmant. Pourquoi quelqu'un qui est sang-pur, qui fait partie des 28 Sacrés et qui est membre de Serpentard serait-il si surpris par l'idée que quelqu'un soit un Mangemorts ? »
Il hausse les épaules.
« Je n'y ai pas vraiment pensé. Et tu ne m'as jamais semblé aussi observatrice avant.
–Tu n'es pas non plus la personne la plus observatrice, rétorque-t-elle instinctivement. »
Il l'ignore.
« Je ne sais pas si je peux te donner la cape, par contre. Je veux dire, c'était un cadeau de mon père.
–Je m'en ficherait si c'était un cadeau du ministre. »
Ils se disputent pendant quelques minutes pour savoir s'il va lui donner la cape. Il insiste sur le fait qu'il va trouver un moyen de suivre Drago lui-même. Elle pense que c'est parce qu'il ne lui fait toujours pas assez confiance, même s'il est trop "Gryffondor" pour le dire ouvertement. Finalement, il se précipite à son entraînement de quidditch, et la conversation reste en suspens.
Quelques semaines plus tard, il cède enfin et la lui donne. Cependant, elle ne réussit absolument pas - elle suit Draco pendant plusieurs tournants, avant de se faire finalement piéger en essayant de contourner un énorme groupe de premières années gloussant sans les frôler. Elle n'est pas vraiment faite pour ce genre d'activité physique, pense-t-elle avec amertume. Ses talents sont ailleurs.
Quand elle parvient à lui rendre la cape, le temps des vacances est arrivé.
« Je suppose que je te verrai l'année prochaine. »
Potter fourre la cape dans son sac.
–Essaie de ne pas te faire tuer pendant les vacances, dit-elle. Je n'aimerais pas avoir à recommencer cette histoire d'informatrice avec Granger, ou pire encore, avec Weasley...
–Bien, dit-il distraitement. »