
Comment tu circules autour de moi
Échange de Fluides
Chapitre 4 : Comment tu circules autour de moi
Severus trouvait très pénible que quelqu'un d'autre ait accès à ses sentiments même lorsqu'il occludait. Il espérait que le lien s'atténuerait avec le temps, mais au fil des mois, il ne semblait pas diminuer. Peut-être que la force de celui-ci était lié à la quantité de sang qu'il avait dû transférer. La littérature était rare sur le sujet et ce qu'il avait vu parlait de quelques mois à six mois pour que le lien disparaisse dans la plupart des cas.
Le professeur ne demanda pas ce que Granger pensait du lien, et elle n'en dévoila rien non plus, à son grand étonnement. Peut-être que c'était une bonne chose que ce soit à sens unique, pensa-t-il, ou il devrait souffrir de ses problèmes mensuels. Il aimait à penser que sa propre humeur était plus stable que ce qu'il avait vu des sorcières de Serpentard au fil des ans, mais s'il était honnête avec lui-même, cela pourrait être exagéré.
L'étudiante venait pour des cours d'Occlumancie et afin de l'aider à brasser pour l'infirmerie, car évidemment Slughorn avait la flemme de le faire et le Directeur lui avait plus ou moins demandé de s'en occuper. C'était une excuse suffisante, et au bout d'un moment, il devint presque naturel de l'avoir dans le laboratoire avec lui. Elle gérait facilement les infusions simples, ce qui lui laissait du temps pour rattraper son retard ou préparer les potions les plus avancées. Elle posait parfois des questions sur ce qu'il faisait et surveillait sa technique comme un faucon, mais toujours de manière assez discrète. C'était étrange de s'entendre ainsi avec quelqu'un, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde de passer du temps en sa compagnie.
L'année se précipita. Il réprima impitoyablement ses inquiétudes, se cachant derrière des couches et des couches d'Occlumancie. Ce n'était pas assez, cela ne serait jamais assez. Pourtant, le Directeur n'avait pas remarqué le lien, ou s'il l'avait fait, il n'en avait rien dit. La malédiction sur sa main devait prendre beaucoup de son énergie mentale. Le Seigneur des Ténèbres était occupé ailleurs la plupart du temps mais cette chère Bella se donnait des grands airs, le narguant avec quelque chose qu'elle savait qu'il ne connaissait pas. Il devina qu'il s'agissait de la tâche de Draco, le petit morveux refusait de lui dire quoi que ce soit et son Occlumancie était assez bonne pour résister à une subtile enquête.
L'Occlumancie de Miss Granger s'améliora rapidement une fois qu'elle fut partie sur un schéma mental qui était réellement utile pour le subterfuge. Cela finit par être un grand parc extérieur, sur le modèle de Kew Gardens*, avait-elle précisé, où des arbres, des fleurs et des sentiers sinueux pouvaient apparaître et disparaître au besoin. Snape avait hoché la tête en signe d'approbation et elle lui avait adressé un sourire qui l'avait fait se sentir tout chaud à l'intérieur.
Elle n'avait pas peur de lui, pas même lorsqu'il envahissait son esprit sans avertissement pendant les cours, ou chaque fois qu'elle établissait un contact visuel dans la Grande Salle pendant les repas. Elle levait un sourcil et le jetait en-dehors de sa tête, ou faisait pousser des haies autour de sa présence dans son esprit comme un labyrinthe sans issue. C'était étrange de ressentir sa confiance en lui, mais il était indéniable qu'elle était présente.
Il y avait plusieurs choses que Snape ne lui avait pas dites sur le partage du sang. Voyant que c'était une occasion qui ne se reproduirait pas, il n'avait pas jugé que c'était important, mais c'était dans le livre qu'il lui avait prêté, ou du moins dans les références qu'elle pouvait suivre à la bibliothèque. Il était curieux de constater à quel point la connexion s'estompait lentement, cependant. Il ne voulait pas y penser, la manière dont cela indiquait une compatibilité inhabituellement élevée entre eux, où leur magie et leur esprit se nourrissaient facilement l'un de l'autre, créant une résonance qui restait vivante bien plus longtemps que chaque note individuelle. Il était plutôt certain que si cela avait été le plus jeune mâle Weasley au lieu d'elle, la connexion se serait estompée en une semaine, coupée par une haine mutuelle.
Il la vit à la fête de Slughorn avant Noël, à laquelle il ne pouvait pas se dissuader d'assister. Elle avait l'air élégante, même lorsqu'elle se cacha de McLaggen. Ce fut presque seulement grâce à la magie que la jeune femme émettait que Snape put la localiser précisément. Cela ne devait pas être comme ça, le lien ne devait pas aller dans cette direction, mais ça l'était. Le gamin de Gryffondor qui l'accompagnait le mit irrationnellement en colère. Attribuer une retenue avait peut-être été un peu exagéré, mais il la méritait probablement de toute façon.
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Lors d'une leçon en avril, la classe de niveau ASPIC de sixième année se retrouva avec un nombre impair d'élèves, car Finnigan était à l'infirmerie après un accident de potions, à la surprise de personne. Snape leur enseigna comment lancer un sortilège de bouclier et des sorts offensifs tout en maintenant le bouclier, en le laissant tomber pour attaquer et en le reformant immédiatement. Au moment où il demanda aux autres de se mettre par paire et qui l'appela par son nom pour se battre avec lui, il sut que c'était une erreur, mais il n'y avait pas moyen de revenir en arrière.
Sa magie était puissante, coulant contre la sienne sans effort, comme si elle n'avait pas peur de lui. Comme si elle le connaissait. Il lança un Stupéfix, Granger le bloqua facilement et contra immédiatement. Il y avait un aspect acéré dans ses sorts, quelque chose qui lui semblait familier à son tour. Sa magie masculine s'écoulait à travers la baguette de la sorcière. Elle avait assimilé les sortilèges non verbaux au cours de l'année grâce à son enseignement, et elle les utilisait à bon escient contre lui. Cela le rendit fier de le voir, de remarquer la façon dont elle avait appris de lui.
La jeune femme était inexpérimentée, bien sûr, mais elle parvint à se débrouiller pendant une période étonnamment longue. À la fin, il dut vraiment faire un effort. C'était comme si sa magie ne voulait pas la combattre, ou comme si la magie en elle sentait ses intentions, annulant ses efforts. Ils étaient tous les deux en sueur au moment où il la désarma, attrapant habilement sa baguette en l'air tout en la gardant étourdie, juste au cas où elle se battrait à la Moldue contre lui et lui casserait le nez ou quelque chose de cet acabit. Cela ne le surprendrait pas, tout bien considéré.
Le reste de la classe avait cessé de se battre en duel avec leur partenaire et s'était regroupé autour d'eux, bouche bée.
"Un mètre sur l'utilisation du bouclier pendant le lancer de sortilège, à rendre jeudi," claqua-t-il en se retournant.
Il respirait fortement, des gouttes de sueur perlant autour de ses tempes. Il libéra Granger du Stupéfix et lui remit sa baguette. Les autres commencèrent à défiler, lentement. Potter et Weasley s'attardèrent mais Granger les chassa, leur demandant de lui réserver une place pour le déjeuner.
Ce n'est que lorsqu'ils furent tous partis qu'il se rendit compte qu'ils étaient tous les deux blessés. Sa manche droite était déchirée et son bras piquait à cause d'un sortilège, du sang coulant sur le sol. Elle était également meurtrie, son épaule et son bras enflés à trois fois leur taille habituelle.
Il la guérit et sentit sa magie jaillir, rencontrer la sienne, se mélangeant presque. C'était sensuel et doux, comme un chat qui s'enroulait autour de ses jambes en ronronnant.
Avec une hésitation évidente, elle désigna le bras de son professeur et leva un sourcil. A l'encontre de tous ses principes, il hocha la tête, une fois. Il ne pouvait pas se promener avec une manche déchirée et il était difficile de soigner son propre bras de baguette. Un de ces jours, d'une de ces vies, il faudrait qu'il se concentre vraiment sur l'apprentissage des sorts sans baguette avec son autre main.
La magie de Granger s'installa autour de lui, infusant sa peau de chaleur. La plaie se ressouda, tout comme la manche. À sa grande surprise, elle porta une main à son visage et traça doucement une autre coupure sur sa joue avec trois doigts. Ses yeux se fermèrent d'eux-mêmes. C'était comme se sentir à la maison, en quelque sorte. Comme si cela se devait d'exister.
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Et puis… Et puis.
Son cœur, son âme brisée.
Albus.
Ça fait mal.
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[NdT : Kew Gardens* : C'est un ensemble de jardins et serres à Londres qui abritent l'une des plus importantes collections de plantes du monde.]
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