
Ébranlée
Échange de Fluides
Chapitre 5 : Ébranlée
Les effets de la transfusion persistèrent alors que la sixième année d'Hermione passait, s'estompant lentement. Elle s'habitua à cette magie masculine qui s'enroulait autour de la sienne et à la complexité des émotions de Snape qui ne transparaissait jamais dans ses expressions. Elle se mit à l'observer plutôt, chaque fois qu'elle le put. En classe, dans la Grande Salle pendant les repas. Il était souvent difficile de trouver la cause de ses émotions puisqu'elle entendait rarement de quoi il parlait autrement qu'en classe, donc elle ne savait pas ce qui l'agaçait autant lors d'un repas assis à côté du professeur Chourave et du professeur Babbling, ou ce qui le rendait heureux en patrouillant le soir. Ce dernier point se révéla lorsque le sablier de Gryffondor perdit une bonne partie des rubis et que Lav-Lav et Ron-Ron se retrouvèrent en retenue avec Rusard, mais quand même.
Les soirées et les nuits tardives étaient pires, quand il était probablement seul dans ses quartiers et qu'elle n'était pas distraite par les autres. Il était inquiet et anxieux à propos de quelque chose et elle n'avait aucune idée de ce que cela pouvait être.
Ils n'en parlèrent pas, ni quand elle l'aidait à brasser pour l'infirmerie, ni pendant les cours d'Occlumancie, ni à l'aune d'une quelconque autre occasion. Cela n'était pas juste pour lui car c'était une connexion à sens unique, une qu'il n'avait pas exactement choisie. Eh bien, il avait fait la transfusion volontairement, mais pas pour l'aspect partage.
L'Occlumancie était intéressante et ne ressemblait pas du tout à ce qu'avait décrit Harry. Hermione essaya d'en parler à son ami mais il déviait le sujet et se mettait en colère à chaque fois, alors elle dut laisser tomber.
Une fois qu'elle eut réussi à garder le professeur hors de son esprit, même lors d'attaques non provoquées, il griffonna une note pour Madame Pince. Un laissez-passer illimité pour la Réserve. Cela lui donna accès à plus de livres sur l'Occlumancie, la magie mentale en général et les protections. Il n'y avait rien sur les Horcruxes, cependant.
De Sang et de magie était un ouvrage intrigant, surtout lorsqu'il était combiné avec les références qu'elle put trouver dans la Réserve. Le langage était aussi poussiéreux que le livre mais il donnait une idée claire de la façon dont la magie d'une personne s'exprimait dans son sang. Elle n'y était pas générée, pas exactement, mais elle semblait être stockée et circuler dans le sang et le système lymphatique. C'était évident que les transfusions sanguines ne seraient jamais une option à grande échelle dans le monde magique, du moins pas avec un donneur magique. Le livre traitait également des liens du sang, mais apparemment la pratique était peu utilisée car hasardeuse, avant la découverte des groupes sanguins. Ce n'était pas dans le texte, mais cela devait être la raison pour laquelle de nombreux receveurs mourraient d'une affreuse manière.
La dernière pièce du puzzle se trouva dans un autre livre. Les liens conjugaux créés lors de l'échange de petites quantités de sang, généralement via une petite coupure près de la base du pouce, étaient apparemment les plus forts, surtout lorsque les partenaires partageaient un groupe sanguin.
Encore une fois, le livre n'entrait pas dans les détails de quelque chose d'aussi moldu que les groupes sanguins, mais il mentionnait que la force des liens pouvait varier entre les couples en raison de facteurs non liés à la personnalité, à la magie ou à d'autres détails de ce type.
Il y avait évidemment un lien unilatéral entre eux, de lui à elle mais pas d'elle à lui. Il pouvait être naissant et en train de s'estomper, mais il était présent. Les livres et les textes qu'elle avait trouvé confirmaient ce que sa magie lui disait. Le fait que le lien ne se soit pas complètement décomposé était un signe de leur compatibilité. Ils n'avaient pas à agir en conséquence, mais le fait était là. Le partage de fluides corporels tels que le sang, la salive et… d'autres sécrétions le renforcerait, le transformant effectivement en un mariage magique si les deux acceptaient le lien. Ils pourraient le rejeter, rompre le lien avec la magie et la volonté. Hermione se demanda si le fait qu'il ne l'ait pas fait activement signifiait quelque chose, mais il était plus probable qu'il ait simplement pensé qu'il était plus facile de le laisser s'estomper tout seul.
Snape s'associa avec elle une fois, en classe, quand Seamus fut malade et qu'il manquait un élève. Le duel avec lui fut exaltant. Il était imposant, rapide à lancer des sorts et féroce, sa magie enveloppant la jeune femme.
En fin de compte, ils étaient tous les deux légèrement blessés et avaient définitivement perdu la notion du temps, effrayant au passage quelques-uns de ses camarades de classe, ce que Snape considérait probablement comme un bonus. Il l'avait guérie ensuite, et elle lui avait rendu la pareille. Sa joue était chaude, une légère barbe de trois jours pas encore visible lui râpa le bout des doigts, et il sentait un mélange d'épice et d'herbes.
Snape ne la vit pas mettre un doigt dans sa bouche, celui qui avait tracé la coupure sur sa joue. Son sang pétilla sur sa langue, et cette petite secousse de sa magie ressembla à un double expresso.
Elle avait commencé à prendre conscience de son propre corps d'une manière qu'elle n'avait jamais eu l'habitude de faire, et cela s'était encore accru après leur duel impromptu. Ce n'était peut-être pas dû à sa magie, mais cela semblait lié.
Quand Parvati, Lavande et les autres avaient commencé à parler de garçons, de baisers et de rencontres dans des alcôves cachées pendant leur quatrième année, Hermione avait l'habitude de soupirer, de rouler des yeux et d'aller ailleurs. Elle le faisait toujours, les garçons dont elles parlaient ne l'intéressaient pas. Mais tard le soir, quand elle était au lit avec ses rideaux fermés et protégés, elle laissait vagabonder ses mains.
Elle remontait son t-shirt, ses doigts errant sur son ventre. Sa cicatrice la troublait encore. Et si personne ne l'aimait à cause de ça ?
Cette blessure serpentait de sa clavicule jusqu'entre ses seins et la jeune femme aurait besoin d'utiliser un Glamour si elle voulait porter quoi que ce soit avec un décolleté ou un bikini moldu.
Lentement, elle déplaça une main le long de son corps, sous l'ourlet de son bas de pyjama et de ses sous-vêtements. Ses yeux se fermèrent. Elle se demanda ce que ce serait d'avoir les mains de quelqu'un d'autre flânant sur son corps comme cela.
Une de ses mains bougea pour tracer le dessous de sa poitrine tandis que l'autre plongea encore plus bas. Ça faisait du bien. Sa main l'ouvrit lentement, lui faisant automatiquement écarter ses jambes. Et si quelqu'un d'autre le faisait, de longs doigts la touchant, la frottant, l'encerclant. Elle plongea un doigt à l'intérieur, sentant l'humidité, l'étalant autour de son clitoris. Un frisson la parcourut et elle commença à trouver le rythme dont son corps avait besoin.
Il murmurait quelque chose à son oreille, embrassait son cou et s'appuyait contre elle. Son souffle chaud contre sa peau et oh ! C'était lui. Des cheveux noirs, un nez crochu et des yeux onyx qui semblaient voir dans son âme.
"Professeur !" gémit-elle dans son oreiller en s'ébranlant.
Quand elle redescendit de sa jouissance, deux réalisations s'imposèrent, plutôt troublantes. La première était que Lavande, Parvati et les autres étaient sur quelque chose : toutes ces histoires avec des garçons pourraient en valoir la peine, après tout. La seconde était qu'elle semblait avoir le béguin pour son professeur. Severus Snape, l'homme le plus inaccessible de tout le château, à l'exception de certains des fantômes. Enfin, peut-être pas si inaccessible que cela ?
Les sentiments qu'elle percevait de lui semblaient pointer vers un homme très passionné qui s'inquiétait pour la sécurité de ses élèves et des autres, quelqu'un qui se souciait profondément des choses mais le cachait derrière une façade ironique et sarcastique.
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Sa magie était presque revenue à la normale à la fin de leur sixième année scolaire. Il y avait cependant un tranchant, comme si sa magie s'était affutée par la sienne. Hermione était plus rapide avec sa baguette et surtout, en DCFM, ses sorts étant beaucoup plus puissants qu'auparavant.
Elle aurait dû comprendre que quelque chose allait se passer avant leur départ pour l'été, mais la fin de l'année scolaire fut tout de même complètement brutale, la paralysant presque avec une douleur qui n'était pas entièrement la sienne. Harry était enragé, tout le monde était en deuil et Hermione ne savait plus quoi penser.
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Une semaine plus tard, elle était de retour à la maison, pensant à tout sauf à la tâche qu'elle s'était fixée. C'était trop difficile, trop. Cela fonctionnerait-t-il, pouvait-elle l'inverser ? Ses parents étaient dans l'ignorance concernant ses plans mais ils pouvaient sentir que quelque chose n'allait pas. Tu peux toujours me parler, Hermione, avait dit son père. Sa mère avait ajouté : Est-ce un garçon ? J'espère qu'il ne te causera pas trop d'ennuis, ma chérie. Ils n'en valent pas la peine s'ils ne t'aiment pas pour ce que tu es. La jeune femme avait souri, secouant la tête et les avait embrassé tous les deux.
L'été avait frappé fort, mais de manière inattendue. Hermione soupira. Il était difficile de penser à lui, compte tenu de la situation. Peut-être aurait-elle dû le voir venir. Ses pensées revenaient sans cesse vers lui et leurs interactions. Il ne pouvait pas être ce que Harry pensait qu'il était, il n'y avait pas moyen. Elle le savait. Ses actions tout au long de l'année l'avaient démontré, mais la preuve finale était venue plus tard.
Cette nuit-là, lorsque c'était arrivé, ses angoisses avaient grimpé si haut à travers le lien qu'Hermione avait perçu son propre cœur se briser. Il n'y avait aucune sensation de triomphe ou de joie sadique et d'euphorie. Il n'y avait que de la misère et du désarroi et, plus tard, un vide qui menaçait de l'avaler tout entière. Les sentiments s'étaient atténués par la distance, mais leur intensité pure devait être la raison pour laquelle elle pouvait encore les ressentir.
Cela n'aida pas vraiment qu'elle se sente aussi déprimée, pour des raisons identiques et complètement différentes à la fois. C'était comme si elle avait pris deux existences d'âge lorsqu'elle envoya ses parents dans un vol pour l'Australie avant de conjurer la maison avec tout ce à quoi elle put penser, y compris quelques sortilèges plutôt sombres qu'elle avait trouvés dans un livre de la bibliothèque des Black. Cela devait suffire.
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L'année de fuite fut terrible. À la poursuite d'indices et de fausses pistes, laissés seuls sans aide et avec un Horcruxe autour du cou. Ce n'est que lorsqu'elle se concentrait, quand les deux garçons étaient silencieux et que quelqu'un d'autre portait l'Horcruxe, qu'elle pouvait parfois le sentir.
C'était plus facile quand ils furent en Écosse, plus près de Poudlard, mais parfois elle le sentait aussi à d'autres moments. L'amertume, le chagrin et la colère étaient chassés par la peur et l'inquiétude, mais au moins il était vivant.
Elle se réveilla en sursaut cette nuit-là alors qu'Harry était censé être de garde. Était-il ici ?
Hermione ne put pas comprendre cela, pas même lorsque Harry et Ron revinrent avec l'épée de Gryffondor et le médaillon cassé. Mais les sentiments de lassitude, d'épuisement et de misère profonde n'étaient pas uniquement les siens.
La jeune femme resta sur place. Sans baguette, elle ne pouvait pas partir à sa recherche, pas si elle voulait retrouver son chemin, mais tout lui suggérait d'aller le chercher, de le toucher et de lui dire qu'il n'était pas seul.
Au Manoir Malfoy, elle se replia vers l'intérieur, dès qu'elle en franchit le seuil. Elle essaya de s'accrocher au lien ténu avec lui pendant qu'elle occludait, cachant ses vérités au plus profond d'elle-même alors que la douleur submergeait ses sens. Il lui fallut beaucoup de temps pour retrouver sa propre personnalité après avoir occludé si fort qu'elle se souvint à peine de comment respirer. Plus tard, à la Chaumières aux Coquillages, Luna la regarda attentivement.
"Dommage que le lien ne soit pas complet, sinon il aurait pu t'aider. Je sais qu'il l'aurait fait s'il avait su."
Hermione n'eut pas la force de répondre. Elle hocha simplement la tête.
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