Etrangeté
Échange de Fluides
Chapitre 2 : Étrangeté
Depuis son retour du Département des Mystères, la magie d'Hermione était étrange. Elle fluctuait en force, croissante et décroissante de manière assez imprévisible. Elle semblait plus sombre aussi, un courant sous-jacent de quelque chose qui n'était pas là auparavant, quelque chose qui se cachait sous la surface, grondant à quiconque osait l'observer.
Elle resta dans l'infirmerie de Poudlard pendant une semaine avant de rentrer chez ses parents, avec plusieurs lots de potions et un grand pot de pommade pour sa cicatrice.
Apparemment, le Directeur avait attribué son accident à un examinateur des B.U.S.E.S trop enthousiaste, et d'une manière ou d'une autre, ses parents l'avaient accepté sans poser de questions. Hermione soupçonnait qu'il avait mélangé leur thé avec quelque chose, soit utilisé les arts de l'esprit, car sa mère, dentiste sensée et terre-à-terre ne supporterait généralement jamais une explication aussi simple sans demander un dossier médical complet et une enquête sur l'accident en trois exemplaires avec les signatures et timbres appropriés.
Parfois, sa magie ressemblait à un chat chaud sur ses genoux, une étreinte ou un plaid en laine au coin du feu. Il y avait une sensualité là-dedans, qui exacerbait ses sens et lui faisant prendre étrangement conscience d'elle-même sous la douche, dans son lit la nuit. Pas tout le temps, cependant : le sentiment d'embarras face à la grande et laide cicatrice devait être purement le sien, après tout. C'était hideux, allant près de son épaule jusqu'à son sternum puis jusqu'à sa hanche opposée. C'était encore rouge, il restait un peu de gonflement mais même elle devait admettre que c'était beaucoup mieux que lorsqu'elle l'avait vue pour la première fois. Les potions et les pommades du professeur Snape avaient fait une réelle différence, et elle avait remarqué que certaines des potions avaient bien meilleur goût que celles que Madame Pomfresh administrait habituellement. Hermione aimait à penser que c'était celles qu'il avait préparé spécialement pour elle, mais elle n'oserait jamais le demander.
Le raid du Ministère avait été un désastre dès le début. Elle aurait dû arrêter Harry, le Stupéfixer s'il le fallait. Elle aurait dû faire confiance au professeur Snape pour capter le message. Harry essayant d'être subtil aurait pu tromper Ombrage, mais il était évident que quelqu'un comme le professeur Snape l'aurait compris, roulant probablement des yeux à cause de la maladresse du garçon. Bien sûr, Snape avait dû dire qu'il ne savait pas de quoi Harry parlait sinon Ombrage aurait essayé encore plus de contrecarrer leurs plans. Évidemment, ses amis n'avaient parfois pas une cellule cérébrale à partager entre eux, semblait-il. Elle sentit ses lèvres se tordre en un rictus et les pressa l'une contre l'autre pour l'empêcher de se former. Cela ne fonctionna pas tout à fait et elle se sentit plutôt idiote, soulagée que personne ne soit là pour la voir.
Mais quoi qu'il en fût. Elle avait été grièvement blessée. Elle pouvait le sentir dans son corps même si Madame Pomfresh disait que tout allait bien. Harry s'en était sorti indemne, plus ou moins, mais tous ceux qui l'avaient suivi au Ministère avaient été blessés et Sirius était mort. Cela aurait pu aller bien, bien pire, pour chacun d'eux.
N'était-il pas censé être son ami ? Était-ce ce que faisaient les amis, amenant les autres à mourir pour eux ? Cela ne semblait pas juste. Il ne l'avait même pas contactée par la suite, à moins qu'on ne compte lui et Ron passant la tête par la porte de l'infirmerie quand ils allaient vers le train. Elle s'était alors à moitié endormie et avait à peine enregistré leurs salutations précipitées que Madame Pomfresh était arrivée avec une autre série de potions.
Hermione soupira et tourna la page du thriller qu'elle essayait de lire, ou pas. Ses parents étaient tous les deux au travail et elle était censée y aller doucement. La journée était nuageuse, elle pouvait le dire depuis le fauteuil de son père, près de la fenêtre dans leur partie préférée de la maison, le coin bibliothèque.
La jeune fille aurait aimé pouvoir essayer sa magie, pour voir ce qui lui était arrivé, mais elle ne pouvait pas le faire à la maison puisqu'elle était encore techniquement mineure et qu'il n'y avait aucun moyen que Madame Pomfresh lui permette de faire quoi que ce soit d'intéressant pendant sa convalescence.
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Quelques semaines plus tard, elle se trouvait au Square Grimmaurd. Harry n'était pas encore là mais Ron et sa famille étaient arrivés, ainsi que Remus. La maison semblait étrangère à sa magie. Quelque chose de doucereux se cachait dans les recoins, dans les charmes de protection. Quelque chose de sinistre. Hermione essaya quelques sorts, de simples charmes de Silence et de Lumière, mais ils ne semblèrent pas très différents de ce dont elle se souvenait. Elle n'était toujours pas au plus près de comprendre ce qui se passait.
Elle partageait une chambre avec Ginny, comme d'habitude, mais le reste des Weasley lui provoquaient des démangeaisons. Ils étaient trop nombreux, trop bruyants, trop énervants. Les jumeaux faisaient des plans de développement pour leur boutique chaque fois que leur mère n'était pas à portée de voix et Ron essayait fortement de les amener à l'inclure dans leur planification.
Hermione pensait qu'elle avait le béguin pour lui. Apparemment, c'était faux. Ron n'était pas stupide, pas exactement, mais il ne semblait pas comprendre qu'elle ne voulait pas être son divertissement quand les jumeaux étaient occupés et qu'il venait se consoler auprès d'elle.
Ses cheveux bruns indomptables commençaient à faire des étincelles chaque fois que Ron s'approchait trop près, et elle s'enfuyait vers la bibliothèque des Black dès qu'elle le pouvait. Ginny restait tolérable mais semblait surtout vouloir parler de garçons et de sujets qui lui démangeaient le cuir chevelu.
Remus venait de temps en temps, errant aussi comme une âme en peine. Cela devait être vraiment difficile pour lui de perdre à nouveau Sirius, mais elle trouva son silence presque démonstrativement ennuyeux, comme s'il le faisait exprès. Le fait qu'elle s'énerve ainsi la faisait se sentir mal, évidemment, mais cela ne changeait rien au fait qu'il l'agaçait.
Ce n'était pas son genre, d'être comme ça envers ses amis. Remus était quelqu'un qu'elle aimait en tant que professeur et pour qui elle avait de la compassion. Fouillant dans son sac, elle en sortit un autre cahier et son stylo à bille moldu préféré.
Symptômes après DdM [NDT: Département des Mystères], écrit-elle en réfléchissant un peu.
Magie fluctuante. Irritation. Sensation magique différente.
Elle débattit avec elle-même de la quantité de détails qu'elle devait inclure, mais après tout, si elle ne pouvait pas être honnête avec elle-même, comment pourrait-elle comprendre la situation dans laquelle elle se trouvait désormais ? Fermant les yeux, elle essaya de donner du sens à ce qu'elle ressentait.
Ténèbres. Augmentation de la conscience corporelle.
La dernière partie la fit rougir, même si ce n'était que pour ses propres yeux.
Agacée par ses amis, reconnut-elle pour elle-même.
Juste pour être concise, elle écrivit une autre section avec la chronologie, notant les changements après son réveil à l'infirmerie.
Cela lui donna une pause.
Que lui était-il arrivé exactement ? Madame Pomfresh avait dit qu'elle avait été blessée mais que la blessure s'était guérie du jour au lendemain. Cela ne semblait pas raisonnable. Ses propres souvenirs de la bataille étaient flous, probablement en raison de la blessure grave. Elle ne se sentait pas traumatisée par les événements, pas exactement. Elle avait lu des articles sur les traumatismes après des accidents, la guerre et d'autres événements similaires dans l'un des journaux médicaux de ses parents, mais ses symptômes ne semblaient pas tout à fait correspondre.
Il y avait quelque chose, cependant… une voix grave, fredonnant une litanie de contre-sorts, mélangés à des jurons moldus très banals avec une touche nordique. La chaleur se répandait, de l'intérieur.
Elle devait parler à Ron et Ginny.
Lorsque Mme Weasley fut occupée dans la cuisine et que Remus fut parti ailleurs, Hermione les rassembla et les attira dans sa chambre, jetant un sort de silence autour de la pièce juste au cas où.
"Que s'est-il passé ? Au Ministère ?"
Peut-être sans surprise, Ron ne se souvenait pas beaucoup de la bataille après leur séparation, ayant été affecté par un sortilège de Confusion. Hermione était avec Harry et Neville lorsqu'ils furent retrouvés par Dolohov, mais Ginny partagea ce dont elle se souvenait, bien qu'elle aussi eut été blessée et donc avait raté ce qui s'est passé à la fin.
"Quand nous sommes revenus par contre, je me souviens que Pomfresh s'occupait de ma jambe quand Snape lui a crié de venir tout de suite. Ils sont restés près de ton lit pendant des lustres. J'ai dû demander au professeur Chourave une autre potion contre la douleur quand Pomfresh n'était pas là, et après maman est arrivée.
Hermione fronça les sourcils. Une autre pièce du puzzle si ce que ce dont Ginny se souvenait était correct. Le professeur Snape ne criait jamais, pas comme ça. Il pouvait être bruyant parfois, mais c'était différent. Elle se demanda ce que cela pouvait signifier, et si elle pourrait un jour oser lui demander.
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Il y avait une réunion de l'Ordre quelques jours plus tard. Les gens commencèrent à arriver. Hermione s'installa avec Ginny, Ron, Fred et George près de la balustrade, essayant de voir qui arrivait. Tonks leur sourit et leur fit un clin d'œil tandis que Fol-Œil marchait d'un pas lourd en marmonnant dans sa barbe.
Elle le sentit juste avant que la porte ne s'ouvre. Gêne et irritation, recouvertes d'une profonde lassitude. Était-ce... ?
Le professeur Snape se tenait juste en dessous de l'escalier et les regarda, silencieusement, avant d'entrer dans la cuisine. Il était vêtu de noir comme à Poudlard, des robes boutonnées bien en place, mais pas de cape cette fois. Peut-être qu'il passait encore son temps dans les cachots bien que ce soit l'été, pensa-t-elle, ou qu'il aimait juste beaucoup les charmes de refroidissement.
La porte se referma derrière lui.
"Est-ce que l'oreille extensible est toujours là ?" demanda Ginny à ses frères.
Fred vérifia les lignes et jura.
"Non, je pense que Snape a pris celle-là. Heureusement, nous avons une sauvegarde."
George déroula le cordon et ils se rassemblèrent pour écouter. Les jumeaux devaient l'avoir câblé à travers les canaux de ventilation car tout sonnait un peu métallique, mais ils pouvaient distinguer les voix du Directeur et Maugrey, entre autres. Ça parlait de raids, d'Azkaban et du Ministère, et le pourquoi n'avaient-ils pas été informés avant qu'il ne soit trop tard.
La fureur et la colère la traversèrent et elle ne comprit pas pourquoi, pas jusqu'à ce qu'elle enregistre que Maugrey dénigrait une fois de plus les actions du professeur Snape. La voix de ce dernier ne trahissait aucune émotion, cependant, un peu comme d'habitude.
La porte tapa en s'ouvrant. Il sortit à grands pas et claqua la porte d'entrée sans se retourner. Un léger crack de Transplanage suivit ensuite, et la vague d'émotions s'arrêta brusquement.
Hermione prit une profonde inspiration, fermant les yeux. Elle devait être liée d'une manière ou d'une autre aux émotions du professeur Snape. Mais comment ? Et, plus important encore, comment pourrait-elle s'en débarrasser ?
La magie était-elle aussi la sienne, alors ? Il semblait que oui, mais cela n'avait pas de sens.
La bibliothèque des Black ne servit à rien. Frustrée, Hermione referma un autre livre sur les charmes d'engagements matrimoniaux, éternuant lorsque le nuage de poussière pénétra dans son nez.
Ils devaient retourner à Poudlard dans quelques semaines et elle ressentait toujours les émotions de son professeur, du moins lorsqu'il était à proximité. Heureusement, Snape ne semblait pas vivre près du Square Grimmaurd, c'était donc principalement lorsqu'il assistait aux réunions de l'Ordre ainsi que ce jour où ils étaient sur le Chemin de Traverse pour les fournitures scolaires. Il était apparemment là aussi, gardant un œil sur eux. Cela la fit se sentir un peu plus en sécurité, un peu contre son gré.
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