
Le lien s'active dans la peur et discutions.
Chaque proche d’Hermione commençait à s’inquiéter énormément ; cela faisait déjà deux jours qu’elle n’était pas revenue. Dès le lendemain matin, lorsque la jeune femme ne s’était pas réapparue, Harry et Ron étaient allés voir Dumbledore. Après de longues minutes de discussion, il renvoya les garçons et convoqua Severus, Draco et Viktor.
Les trois hommes entrèrent dans le bureau du directeur, et Viktor ressentit un sentiment qu’il n’arrivait pas à identifier. Hermione n’était pas rentrée hier soir comme prévu, et maintenant il était convoqué avec Severus et Draco. Le jeune homme n’était pas aussi bête que ce que certains pouvaient penser ; il comprenait qu’il y avait un souci et cela ne lui plaisait pas du tout.
Alors qu’il se trouvait debout, droit à côté de Draco, Viktor fixa Dumbledore, qui lui-même regardait Severus. L’homme fixa son regard noir sur Dumbledore, qui soupira doucement.
— Comme vous le savez, Miss Granger est en mission. Elle devait revenir hier soir, cependant elle n’est pas revenue.
Viktor tourna son regard écarquillé vers Severus Rogue, qui avait frappé du poing sur le bureau du directeur et le fixait d’un regard meurtrier.
— Dumbledore, où est ma fille ?
— Severus, calme-toi. Je suis certain que Miss Granger se porte bien.
— Ce n’est pas ce que je t’ai demandé, Albus. Je t’ai demandé où se trouvait ma fille.
Dumbledore baissa le regard, et le sentiment que quelque chose n’allait pas s’amplifia pour Viktor. Du coin de l’œil, il remarqua que Draco était dans le même état que lui.
- Je ne sais pas. Dès que les mots quittèrent la bouche du vieux sorcier, un silence se fit dans la pièce.
Viktor ressentit une douleur au cœur. Il était effrayé : où était Hermione ? Où était son âme sœur, la femme qu’il aimait ? Son regard se plissa alors que la peur et la colère prenaient possession de ses veines. Il sentait sa magie bouillonner en lui ; s’il ne se contrôlait pas, Viktor savait qu’il attaquerait cet homme qui avait envoyé son âme sœur droit dans le danger.
- Comment ça, tu ne sais pas ? C’est quoi ce bordel, Albus ? Tu as envoyé ma fille en mission, la même mission que je t’ai répété que je refusais, et maintenant tu dis que tu ne sais pas où se trouve mon enfant !
Severus perdit patience, et sa colère s’enflamma instantanément. Il avait envie de maudire Albus Dumbledore de toutes ses forces. Ce vieil imbécile avait envoyé Hermione droit à la mort et maintenant il lui disait qu’il l’avait perdue. Oh oui, Severus Rogue voulait le sang de Dumbledore, et chaque personne dans le bureau pouvait le voir.
- Miss Granger a pris sa décision seule, Severus. Tu sais très bien que cette mission était une grande chance pour l’avancée de la guerre. Sans cette mission, Monsieur Potter aurait plus de mal. Elle connaissait les risques et a décidé de le faire ; c’est la sorcière la plus brillante de notre siècle. Personne d’autre qu’elle ne pouvait faire cela.
- Vous avez envoyé ma sœur à la mort.
Tous les regards se tournèrent vers Draco, qui était pâle et tremblait, les poings serrés. Son regard bleu, devenu gris orageux, fixait Dumbledore avec haine.
- Monsieur Malfoy, je…
- Non. Vous saviez qu’elle ne refuserait jamais car c’était pour Potter. Vous saviez qu’elle ferait n’importe quoi pour ce mec et la guerre, quitte à y laisser sa peau. Vous l’avez envoyée à la mort ! Si ma sœur ne revient pas entière, je jure sur Merlin, Dumbledore, que je ne vous laisserai pas vous en sortir ! hurla Drago.
Viktor vit Severus esquisser un sourire, tandis que Dumbledore écarquillait les yeux, choqué par les menaces du blond. Le vieux sorcier tourna son regard vers Viktor, qui plissa les yeux. Si cet homme pensait un seul instant que Viktor serait de son côté, il se trompait lourdement.
- Ne me regardez pas, Monsieur. Je suis de leur avis. Vous avez envoyé Hermione dans une mission dangereuse, et j’espère sincèrement pour vous que mon âme sœur reviendra entière et vivante, car je promets sur ma magie que les Krum et tous ceux de notre côté seront après vous.
Le froid glacial du Bulgare résonna dans le bureau alors que tous le regardaient. Viktor n’en avait que faire ; il avait peur et voulait Hermione. Il voulait que la jeune femme revienne immédiatement près de lui et, cette fois, il l’empêcherait de s’éloigner de lui.
- Écoutez, pour le moment nous ne savons pas où est Miss Granger. Elle est peut-être en sécurité ; tout ce que nous savons, c’est qu’elle est bien arrivée au manoir. Je comprends votre colère, mais s’il vous plaît, calmez-vous et attendons. Si elle n’est pas de retour demain, je prendrai des mesures.
Draco lança un regard glacial à l’homme avant de sortir du bureau en claquant la porte, accompagné de Viktor.
Cela faisait deux jours que la brune n'était pas revenue, et Viktor se trouvait dans un état catastrophique. Chaque seconde était une torture pour lui, sachant que son âme sœur était quelque part et pouvait souffrir, ce qui l'effrayait profondément. Depuis deux jours, il mangeait à peine et dormait à peine. Le jeune Bulgare avait pris l'habitude de rester aux côtés de Draco, même lorsque ce dernier s'énervait sans cesse. Draco avait même attaqué Harry Potter dans un couloir, et si Viktor n'était pas intervenu, il ne faisait aucun doute pour lui que Draco aurait pu tuer l'Élu du monde magique.
À cet instant, tout le monde était dans la Grande Salle. Viktor, qui n'avait pas touché à son assiette en compagnie de Draco, remarqua Severus Rogue. Il s'aperçut à quel point l'homme cachait bien sa peur et sa douleur. Son regard continua de se déplacer et tomba sur Ronald Weasley et Harry Potter, qui avaient des poches sous les yeux, montrant clairement leur inquiétude pour leur amie.
Soudain, un bruit énorme, semblable à une explosion, fit sursauter Viktor, ainsi que de nombreuses personnes autour de lui. Son regard se tourna vers le sol au milieu de la Grande Salle et son souffle se coupa. Ses yeux s'écarquillèrent sous le choc. Devant lui se tenait allongée, en sang et avec des vêtements déchirés, la femme qu'il aimait. Immédiatement, la Grande Salle plongea dans le chaos. Dumbledore, Severus, ainsi que Ron et Harry et les jumeaux coururent vers la jeune brune, tandis que Viktor était incapable de respirer. Plus rien ne passait dans son esprit ; seul son regard restait fixé sur la femme qu'il aimait, gisant à terre. Il ne savait même pas si elle était encore en vie.
Le jeune Bulgare fut tétanisé en voyant son âme sœur, la femme qu’il aimait, étendue à terre, pratiquement sans vie. Cette vision lui coupa le souffle. Plus rien n’existait autour de lui, si ce n’était-elle, allongée au sol. Pourtant, il n’arrivait pas à se lever pour la rejoindre, comme s’il avait reçu un sortilège de Stupéfix en plein corps. Et s’il n’avait plus jamais la chance de lui dire qu’il l’aimait ? Et s’il ne pouvait jamais lui dire à quel point elle était formidable ? Et si elle était vraiment morte ? Viktor savait qu’il ne pourrait jamais aimer quelqu’un d’autre que sa lionne.
Ce fut en sentant une main sur son épaule que le brun détourna son regard du vide et croisa celui, bleu, de Drago, rempli de tristesse et d’inquiétude. Les deux hommes tremblaient littéralement.
— Allez, viens, allons voir ce qui s’est passé.
Viktor hocha la tête en déglutissant difficilement et suivit Drago d’un pas rapide, le cœur au bord des lèvres. Lorsqu’ils arrivèrent devant l’infirmerie, Viktor se figea aux côtés de Drago en entendant la conversation entre Dumbledore et l’infirmière.
— Merlin, pauvre enfant... Albus, elle est à deux doigts de ne pas survivre.
Viktor écarquilla les yeux et sentit son cœur s'emballer en entendant les mots de l'infirmière. Il ne pouvait pas la perdre, pas maintenant qu'il venait de lui avouer la vérité, pas alors que son cœur lui appartenait entièrement. Sans réfléchir, il se précipita vers l'infirmerie, ignorant tout le monde, et s'approcha de son âme sœur. La voir allongée sous ce drap blanc, affaiblie, pâle, respirant à peine, le brisa bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Doucement, il tendit la main vers elle, mais une voix le stoppa net.
— Monsieur Krum, veuillez ne pas toucher ma patiente.
Viktor tourna la tête vers l'infirmière, la fixant quelques instants. Soudain, il sentit un élan de magie parcourir ses veines, le faisant respirer profondément. Quand il parla, sa voix rauque était glaciale.
— Sauvez-la immédiatement !
— Je fais tout mon possible, monsieur Krum, je sais que Mlle Granger est une amie chère à vos yeux. Cependant...
L'infirmière ne termina pas sa phrase, laissant les personnes présentes plonger dans une angoisse insoutenable.
— Cependant ?
Elle releva les yeux vers Viktor, puis regarda la jeune femme avant de soupirer, les larmes aux yeux. À cet instant, Viktor sentit son cœur se briser de douleur. Il comprit bien avant tout le monde que les prochains mots de l'infirmière ne seraient pas bons.
— Elle est en train de mourir, monsieur Krum. Elle a subi des tortures, une lésion cérébrale, des côtes cassées, un poumon perforé. Même si elle se remettait de ses blessures, rien ne garantit qu'elle pourra vraiment survivre après tout ce qu'elle a enduré. Vous le savez, le sortilège Doloris laisse des traces, et Miss Granger l'a subi beaucoup trop longtemps... Je suis désolée.
À cet instant, le monde de Viktor s'effondra complètement. Il se sentit défaillir, son cœur, qui avait tenu bon jusque-là, venait de se briser. Sa magie crépita autour de lui tandis que sa colère, sa tristesse et son chagrin de perdre son âme sœur prenaient le dessus. Il ne réalisa même pas qu'on lui parlait, seul le visage de la magnifique femme brune allongée sur le lit comptait à ses yeux. Rapidement, il attrapa sa main dans la sienne, se pencha au-dessus d'elle et posa son front contre le sien en fermant les yeux. Pour la première fois depuis des années, des larmes apparurent dans les yeux de Viktor, et il suffoquait. Le jeune Bulgare comprit enfin les paroles de sa mère qui lui avait un jour dit que la douleur de perdre son âme sœur était indescriptible, une douleur si intense qu’elle te détruisait de l’intérieur.
Viktor sentit sa magie tourbillonner autour d'eux. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il remarqua une lueur dorée les enveloppant, et les larmes commencèrent à couler sur ses joues.
— Lyubov moya, kralitsa moya, vŭrni se pri men. (mon amour, ma reine reviens vers moi.)
Viktor posa sa main libre sur la joue de la jeune femme, ignorant totalement les autres personnes présentes dans la pièce.
— Je t'en supplie, tu ne peux pas m'abandonner, pas maintenant que je t'ai enfin trouvée. Tu ne peux pas laisser ton père, ni ton frère, ni tes meilleurs amis. Nous t'aimons tous. S'il te plaît, Lyubov moya, reviens vers moi.
Tout à coup, un faisceau de magie éclata dans la pièce, aveuglant tout le monde. Viktor tenait la jeune femme contre lui, pleurant de douleur sans se rendre compte de ce qui se passait. Les yeux écarquillés, chaque occupant de la salle observa, bouche bée, la magie d'Hermione et de Viktor se mêler. Si Dumbledore avait encore des doutes sur leur lien, il n'en avait plus à présent : seuls deux âmes sœurs pouvaient fusionner leurs magies à ce point.
Severus, stupéfait, fixa la scène. Quelques instants plus tôt, lorsque Poppy leur avait appris que sa fille, son enfant, allait mourir, il avait cru que sa vie prenait fin. Il n'aurait pas pu survivre à la mort de la petite brune, qui était tout son univers. Mais alors que la magie du Bulgare se mêlait à celle de son enfant, il ouvrit les yeux avec espoir, priant tous les cieux pour que cela sauve sa fille.
Severus comprit à cet instant que Viktor n’était pas simplement l'âme sœur de sa fille. Tous deux appartenaient l’un à l’autre, et rien ne pourrait jamais briser ce lien. Même si aucun des deux ne s'en rendait compte pour l'instant, il n’avait aucun doute : un jour, sa fille comprendrait. À partir de maintenant, aucun des deux ne pourrait être avec quelqu’un d’autre, aucun ne serait jamais complet sans l’autre, et surtout, ils ne connaîtraient jamais le véritable amour sans être ensemble.
Tout s'arrêta brusquement, et Viktor fixa son âme sœur, l'amour de sa vie, qui ouvrit lentement les yeux. Un sanglot lui échappa lorsqu'elle le regarda, avant de murmurer doucement :
— Viktor.
Hermione se rendormit aussitôt, tandis que le jeune homme, les larmes aux yeux, continuait à caresser tendrement ses cheveux. Poppy s'approcha pour lui faire un examen médical. Quand elle eut terminé, elle poussa un cri de surprise avant de s'exclamer :
— Elle est sauvée ! Je ne sais pas quel miracle vient de se produire, mais elle n'a plus aucune blessure. Toutefois, il faudra attendre son réveil pour voir si elle a des séquelles.
Viktor, vidé par l'intensité du moment, se laissa tomber sur la chaise près du lit d’Hermione, la main toujours serrée autour de la sienne. Sa respiration était saccadée, et son esprit essayait de comprendre ce qui venait de se passer. Il avait ressenti la connexion, cette énergie brute, presque sauvage, qui avait traversé leurs corps, mais il n'aurait jamais imaginé qu'elle puisse la ramener à lui. Sa magie, incontrôlable, avait agi d'une manière qu'il ne comprenait pas encore.
Severus restait immobile près de la porte, le regard posé sur sa fille. Ses doigts tremblaient encore légèrement, un mélange de soulagement et de choc traversant son être. Il n'avait jamais cru au concept des âmes sœurs, pensant qu'il s'agissait d'une illusion romantique, une fiction tissée pour adoucir les cœurs brisés. Mais ce qu'il venait de voir défiait toutes ses connaissances, tout ce qu'il pensait savoir sur la magie. Il n'y avait plus de place pour le doute.
Dumbledore, d'un calme impénétrable, approcha à pas feutrés. Il posa une main rassurante sur l'épaule de Severus.
— L'amour est une force que peu comprennent, Severus. Mais ce que nous avons vu aujourd'hui... cela va bien au-delà de tout ce que nous connaissons.
Severus hocha la tête, les mâchoires serrées, sans détourner ses yeux d’Hermione. Il semblait sur le point de parler, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. En lui, une tempête faisait rage. Une part de lui voulait exprimer sa gratitude à Viktor pour ce miracle, tandis qu'une autre brûlait de colère envers Dumbledore, avec le désir viscéral de lui infliger la douleur qu’avait subie sa fille. Inspirant profondément, il fixa son regard sur la jeune sorcière allongée sur le lit avant de prendre enfin la parole.
Dumbledore pencha légèrement la tête, réfléchissant à la question.
— La magie des âmes sœurs est ancienne et profondément mystérieuse. Ce lien qu'ils partagent, il n'est pas seulement émotionnel, il est aussi magique. Ils seront plus forts ensembles. Mais il y a encore tant de choses que nous ne savons pas. Cela pourrait entraîner des conséquences que personne ne peut anticiper.
Viktor, malgré sa fatigue, écoutait attentivement, ses pensées déroutées par ce que l'avenir pourrait leur réserver. Il ne comprenait pas encore tout ce que cela signifiait, mais une chose était claire dans son esprit : il ne laisserait plus jamais Hermione s'éloigner de lui. Pas après ce qu'ils avaient traversé.
Hermione, plongée dans un sommeil profond, semblait paisible, mais Viktor savait que ce n'était qu'une façade. Ce qu'ils avaient partagé était plus qu'une simple connexion, c'était un lien inaltérable. Et il sentait déjà les répercussions de cette fusion dans chaque fibre de son être.
Quelques heures passèrent dans un silence entrecoupé par les respirations régulières d'Hermione. Viktor ne bougea pas, refusant de la quitter des yeux. Il ne pouvait pas s’empêcher de repenser à ce moment où il avait cru la perdre, à la terreur absolue qui l’avait envahi. C’était un sentiment qu’il ne souhaitait à personne.
Soudain, les paupières d'Hermione frémirent. Poppy, toujours en alerte, se précipita à son chevet. Viktor se redressa brusquement, son cœur battant à tout rompre.
— Elle se réveille, chuchota-t-il, une pointe d’espoir dans la voix.
Hermione ouvrit lentement les yeux, ses prunelles caramel rencontrant immédiatement celles de Viktor. Il y avait quelque chose de différent dans son regard, une lueur de reconnaissance, de compréhension, comme si elle savait instinctivement ce qui s’était passé.
— Viktor... murmura-t-elle faiblement, sa voix rauque mais empreinte d’une douceur qui fit frissonner le jeune homme.
— Je suis là, Hermione. Je ne te quitterai plus jamais.
Elle cligna des yeux, comme pour chasser les derniers vestiges de son sommeil, puis serra doucement la main de Viktor, ses lèvres esquissant un faible sourire.
— Je t’ai entendu, Viktor... même dans les ténèbres, je t’ai entendu.
Le jeune Bulgare laissa échapper un souffle tremblant, esquissant un sourire timide. Doucement, il caressa les cheveux de la jeune femme brune, se pencha à son oreille et murmura :
— Quand tu iras mieux, je te promets que tu ne m’échapperas plus. Nous parlerons longuement, et tu écouteras enfin ce que j’ai à dire. Pour l’instant, repose-toi, tu en as besoin.
Hermione ferma lentement les yeux après un dernier regard, son souffle régulier soulevant doucement sa poitrine, ce qui rassura Viktor à ses côtés.
Il resta près d'elle tout au long de son sommeil, perdu dans ses pensées. Il savait qu’à partir de maintenant, il ne pourrait plus la laisser partir. Le moment où sa magie s’était liée à celle d’Hermione avait tout changé : rien ne serait plus pareil entre eux.
Ce qui l'effrayait le plus, c'était l'idée qu’elle puisse encore le rejeter. Il savait qu'il n'aurait pas la force de la laisser partir une fois de plus. Viktor vivait pour elle, et Hermione devait le comprendre avant que le chagrin ne les consume tous les deux.
Un autre sujet le préoccupait : son côté autodestructeur. Il ne supporterait plus de la voir dans cet état. Si cela signifiait qu'il devait l’accompagner dans ses missions, alors il le ferait. Il n'avait aucun doute qu’elle repartirait au-devant du danger pour aider Harry. Leur lien était trop fort pour qu’elle l’abandonne. Cependant, Viktor ne pouvait plus se permettre de ressentir à nouveau cette douleur déchirante, comme il l’avait fait pour la femme qu’il aimait.
Les heures s’écoulèrent. Plongé dans un livre, Viktor leva brusquement la tête en entendant un gémissement. Son regard se porta aussitôt sur Hermione, étendue face à lui, en proie à une agitation croissante. De grosses larmes roulaient sur ses joues, et Viktor comprit qu’elle faisait un cauchemar.
Sans hésiter, il se leva et s’approcha d'elle. Il tenta de la calmer par des paroles douces, mais rien n'y fit. En proie à la terreur, la jeune femme semblait prisonnière de son rêve. Alors, sans réfléchir davantage, Viktor s’installa sur le lit, l’entoura de ses bras et la berça doucement en murmurant à son oreille.
Dès que leur peau entra en contact, Hermione s’apaisa et soupira de bien-être. Viktor l'observa quelques instants, fasciné par son visage enfin serein. Quand il voulut se reculer, elle recommença à gémir et à pleurer doucement. Résigné, il reprit sa place et, après de longues minutes, finit par s’endormir avec elle dans ses bras, comme si elle y avait toujours appartenu.
— Vik… Viktor…
Le jeune Bulgare ouvrit immédiatement les yeux, tiré de son sommeil en sursaut. Il chercha l'origine de la voix avant de réaliser que quelque chose de chaud et familier reposait contre lui. En baissant le regard, il découvrit Hermione qui se tortillait légèrement, les joues rosies, évitant son regard.
— Tu es réveillée, Hermione ? Comment te sens-tu ?
— J’ai mal partout, comme si le Poudlard Express m’avait roulée dessus…
Viktor poussa un soupir de soulagement en voyant son âme sœur vivante et éveillée. À cet instant, son cœur s’allégea, même s’il savait qu’elle ne serait pas sur pieds immédiatement. Peu importait : elle était là, avec lui, et cela suffisait à apaiser ses inquiétudes.
— Tu as été grièvement blessée. Votre infirmière n’était pas sûre que tu t’en sortirais.
Il observa Hermione, qui hocha lentement la tête, l’air absent. Après un instant de silence, elle ouvrit la bouche avec précaution.
— Ai-je réussi ma mission ?
Les yeux de Viktor s’écarquillèrent. Une vague de colère monta soudain en lui. Il se leva d’un bond et, pour la première fois, il cria :
— Tu avais disparu, tu reviens à moitié morte, et tout ce qui t’importe, c’est de savoir si tu as réussi ta fichue mission ?! Quel est ton problème, Hermione ?!
— Viktor, je te l’ai déjà expliqué : c’est crucial pour Harry.
— Ça suffit ! J’en ai assez ! À partir d’aujourd’hui, tu ne vas nulle part sans moi ! Tu n’as aucune peur, aucun instinct de survie ! Draco a raison : seul Harry compte pour toi, pas vrai ? Eh bien, moi, je ne suis pas d’accord. Je refuse de te laisser risquer ta vie sans rien faire !
Hermione écarquilla les yeux face à la déclaration du jeune Bulgare. Malgré la douleur, elle se redressa avec difficulté et lui lança un regard noir. Mais Viktor ne recula pas devant la détermination de la sorcière. Au contraire, il soutint son regard avec une fermeté nouvelle.
Hermione serra les dents, à la fois à cause de la douleur qui irradiait son corps et de l’indignation face à l’explosion de Viktor. Elle inspira profondément, tentant de garder son calme malgré le torrent d’émotions qui menaçait de la submerger.
— Tu n’as pas le droit de décider pour moi, Viktor, murmura-t-elle d’une voix rauque mais chargée d’une détermination inébranlable. Ce n’est pas parce que tu t’inquiètes pour moi que tu peux m’empêcher de faire ce qui est juste.
Viktor croisa les bras, son visage durci par une colère mêlée d’inquiétude.
— Et ce qui est juste, c’est de te jeter dans la gueule du loup encore et encore, au risque de te tuer ? Hermione, si tu étais morte… je…
Sa voix se brisa, et il détourna les yeux, incapable de continuer. Hermione sentit son cœur se serrer à la vue de la vulnérabilité qui émanait de lui, mais elle ne céda pas.
— Ce n’est pas à toi de porter ce fardeau, Viktor, dit-elle doucement. Ce que je fais… ce que nous faisons, Harry, Ron et moi, c’est pour tout le monde. Pour un monde sans Voldemort, où personne n’aura à vivre dans la peur. Tu comprends ça, n’est-ce pas ?
Viktor se tourna vers elle, ses yeux sombres brillant d’une intensité nouvelle.
— Et moi, Hermione ? Tu crois que ce monde sera meilleur pour moi si tu n’en fais pas partie ? Si tu te sacrifies pour une cause, aussi noble soit-elle, mais que tu laisses derrière toi des gens qui tiennent à toi ? Moi, je tiens à toi. Tu es mon âme sœur. Et je refuse de rester les bras croisés pendant que tu te bats seule.
Hermione sentit sa gorge se nouer. Elle ne s’attendait pas à une telle déclaration, à cette profondeur d’émotions qu’il exposait sans aucune retenue. Une part d’elle était touchée, mais une autre restait sur la défensive.
— Viktor, je… je ne veux pas te mettre en danger, murmura-t-elle, la voix tremblante. Tu ne comprends pas ce que c’est, cette guerre. Elle consume tout.
— Alors laisse-moi t’aider à ne pas être consumée, répliqua Viktor d’un ton ferme, mais empreint de douceur. Laisse-moi être à tes côtés, Hermione. Pas pour te surveiller, mais pour me battre avec toi.
Un silence tendu s’installa entre eux. Hermione détourna les yeux, troublée, mais elle ne trouva pas les mots pour répondre immédiatement.
Finalement, elle murmura :
— Je ne peux pas te promettre que tu ne souffriras pas si tu restes à mes côtés.
— Je ne demande pas une promesse de sécurité, répondit Viktor. Seulement une chance de te protéger… et de te voir revenir vivante. Toujours.
Hermione baissa la tête, les larmes menaçant de déborder. Elle n’était pas habituée à cette vulnérabilité, ni chez elle, ni chez les autres. Mais elle comprenait que, pour une fois, elle devait lâcher prise. Elle releva les yeux et acquiesça faiblement.
— D’accord, dit-elle dans un souffle. Mais ne viens pas te plaindre si ça devient trop dangereux.
Viktor esquissa un sourire, pour la première fois depuis son réveil.
— Je ne suis pas aussi fragile que tu le penses, Hermione.
Hermione, malgré la douleur, esquissa un faible sourire en retour. Et pour la première fois depuis longtemps, elle sentit un poids quitter son cœur. Elle n’était plus seule.
— Je ne sais pas vraiment ce que signifie être une âme sœur, et je ne suis toujours pas prête à aimer. Cependant, j’ai ressenti ta douleur... ou du moins, ce que j’imagine être la tienne, lorsque j’ai failli mourir. Je ne veux plus te faire souffrir. Je suis désolée, Viktor.
Viktor la regarda longuement, son expression oscillant entre surprise et tendresse. Il avança d’un pas, réduisant encore l’espace qui les séparait, mais il ne fit aucun geste brusque. Il respectait la fragilité de ce moment.
— Hermione, tu n’as pas à être désolée. La souffrance que j’ai ressentie, elle n’était pas seulement la tienne ou la mienne. C’était le poids de te perdre... une idée que je ne veux plus jamais envisager. Mais je ne suis pas ici pour te forcer à quoi que ce soit. Je suis ici pour te soutenir, que tu sois prête à aimer ou non.
Hermione détourna le regard, ses mains tremblant légèrement. Les mots qu’elle venait de prononcer lui avaient coûté plus qu’elle n’aurait voulu l’admettre. Mais Viktor avait cette capacité étrange de l’apaiser, même dans ses moments les plus vulnérables. Elle releva les yeux vers lui.
— C’est compliqué, murmura-t-elle. Je ne sais pas si je serai jamais capable de... de donner autant que tu le mérites.
— Hermione, l’amour n’est pas une transaction. Ce n’est pas une question de mériter ou non. C’est un choix, un pari. Et moi, je choisis de rester à tes côtés, que tu sois prête à aimer aujourd’hui, demain, ou jamais.
Un silence s’installa entre eux, ponctué par le crépitement lointain du feu dans la cheminée. Hermione se laissa envahir par la sincérité brute dans la voix de Viktor. Une chaleur qu’elle n’avait pas sentie depuis longtemps commença à germer en elle.
— Je ne sais pas si je mérite tout ça, murmura-t-elle finalement. Mais merci... Merci de ne pas partir.
Viktor posa doucement sa main sur la sienne, une invitation plus qu’un geste. Hermione hésita, puis laissa leurs doigts s’entrelacer. Elle ferma les yeux un instant, puis, quand elle les rouvrit, une détermination nouvelle brillait dans son regard.
— Si tu es prêt à accepter ce que je suis, alors il faut que tu sois prêt à affronter tout ce qui vient avec. Ce ne sera pas facile.
Viktor sourit, son expression mêlant une douceur et une force presque indestructibles.
— Rien de ce qui en vaut la peine n’est facile, Hermione.
Pour la première fois depuis des années, Hermione sentit une étincelle d’espoir illuminer les ténèbres. Peut-être qu’elle n’était pas encore prête à aimer, mais elle était prête à avancer. Avec Viktor à ses côtés, elle savait qu’elle ne serait plus jamais complètement seule.