
Une nouvelle vie
Elle était à nouveau vivante.
Elle observa ce qui semblait être ses nouveaux géniteurs. Ils ne ressemblaient en rien aux anciens, ce qui l’a choquai un peu. Au lieu d’une courte chevelure blonde et de doux yeux bleus vides, sa nouvelle mère avait une longue chevelure rousse et des yeux vert brillant d’intelligence.
Quant à son nouveau père, il différait encore plus de son ancien géniteur. Au lieu de la peau noir, des cheveux coupés très courts et de froids yeux ébènes, elle pouvait voir une peau couleur pêche, des cheveux ébouriffés et des iris chocolats chaleureux. L’absence de ressemblance entre les deux couples était palpable tellement elle était évidente.
Sa nouvelle vie lui avait pris longtemps à s'adapter, surtout au vu de sa mort violente. Elle avait passé ses premières semaines à enchaîner les pleurs hystériques et les regards vitreux. Elle plaignait franchement ses nouveaux parents qui avaient dû endurer un bébé aussi capricieux. Pourtant, les mois passèrent et alors qu’elle les avait un peu près ignorés à l’origine, le manque de maitrise sur son corps et ses sens étouffés la rendait maintenant folle.
Cela faisait déjà plus d’un an qu’elle s’était réincarnée, et sa nouvelle vie et les nouvelles habitudes qui l’accompagnait l’ennuyaient profondément. Ses nouveaux parents s’inquiétaient d’ailleurs beaucoup du fait qu’elle ne jouait jamais avec ses jouets, regardait souvent dans le vide durant de très longues périodes, et que son visage montrait peu d’émotions. Étant de jeunes parents, ils s’inquiétaient de savoir s’ils avaient fait une erreur qui l’avait affecté.
Mais elle-même gérait bien ses activités : si elle ne jouait pas avec les jouets qui lui avaient été offerts, c’est parce que ceux-ci n’étaient pas adaptés à son âge mental. Elle se contenta des peluches, surtout celle en forme de panda qui lui avait été donnée par un ami de son père dont elle ne retenait pas le nom et qui lui rappela sa première Mère.
Elle regardait encore quelquefois dans le vide, mais c’est parce qu’elle réfléchissait de cette manière et malgré son visage vide d’émotions dû à une psychopathie diagnostiquée dans sa vie précédente, l'entraînement de son ancien Père et une certaine anxiété sociale qui faisait que l’expression émotionnelle lui était non-naturelle, elle parvenait à s’entendre agréablement avec son “Papa” et sa “Maman”.
Mais la vie lui semblait si ennuyeuse et monotone, comme si entre les repos et les repas, la vie de bébé n’était que langueur. Elle se demanda si le fait que l’on ne se souvient de son enfance que vers 4 ans était dû au fait qu'avant cet âge, il n’y avait rien à se souvenir.
Ajouté à cela qu’elle se retrouvait dans le corps d’un nouveau-né de sexe masculin… Non seulement elle ne maîtrisait pas son corps, mais en plus, elle allait devoir apprendre à vivre d’une manière entièrement différente. Les attentes sociétales ne sont pas les mêmes envers les hommes qu’envers les femmes.
Dans sa dernière vie, elle avait été pas assez féminine, pas assez pudique, pas assez intéressée par la romance. Elle pouvait parier que dans cette vie, elle sera trop calme, pas assez sportive ou pire, une tafiote. Mais bon, elle n’aurait pas à subir les instruments de torture que sont les soutiens gorges, ces pourritures de douleurs menstruelles ou la désaprobation d’un Père voulant un fils.
Pourtant, elle se sentait encore femme, se sentait encore comme la mère qu’elle avait été. Elle ne savait pas si elle deviendrait Trans dans cette nouvelle vie, mais elle commençait déjà à ressentir une certaine dysphorie.
Néanmoins, une chose dans cette nouvelle vie la passionnait : la Magie. Lorsqu’elle vit pour la première fois des étincelles sortir de la baguette de ses parents, elle fût impressionnée. Lorsque sa mère dit à son père que “ leur petit Bambi avait de la magie” car “Mme Pomfresh le lui avait dit”, elle fut emplie de joie malgré le surnom écœurant. Et lorsqu’elle put enfin accomplir son premier acte magique en ramenant sa peluche panda dans ses bras, elle tomba en extase. La sensation de magie dans ses veines ou sur sa peau ne lui apportait que contentement, et elle ne pouvait s’en lasser.
Elle pouvait à présent manipuler une force de la nature, façonner le monde autour d’elle avec facilité et selon son désir. Elle pouvait être un putain de Jedi, une gentille fée marraine ou une sorcière perdue dans les bois, avec trois chats, deux corbeaux et une chauve-souris de compagnie, mais pour cela, il fallait pratiquer.
Elle entama donc un régime d’entraînement draconien, s’entraînant constamment sauf pour dormir et manger. Sa magie travailla autour d’elle, bougeant les objets, les faisant changer de couleurs, les cassant et les réparant.
Alors qu’elle exerçait sa magie à exacerber ses sens qui, vu qu’elle était un bébé, étaient assez mauvais, sa nouvelle super-ouïe capta des paroles confuses.
- Sirius a encore dû changer de cachette. Son appartement a été attaqué.
- Comment va Peter ?
- Il va bien, personne n’a encore deviné qu’il était notre Gardien du Secret…
- Heureusement…
- J’aimerais beaucoup les aider, mais on doit rester ici sur ordre de Dumbledore !
- C’est pour protéger Harry, James ! Le directeur n’y est pour rien ! Nous devons rester cachés pour protéger notre bébé !
Lorsqu’elle a entendu ces mots, un choc semblable à l'électricité la parcourut.
Elle était Harry Fucking Potter AKA le Garçon-qui-à-survécu AKA le garçon orphelin, ce qui signifiait la mort de ses nouveaux parents, maltraité par sa seule famille vivante connue, à la foi héros, vilain et martyr du monde des sorciers, pourchassé par des terroristes qui voulaient sa mort la plus douloureuse possible et enfin un politicien qui se mêlait de tout cela de façon super suspicieuse et qui pourrait être responsable de sa mort éventuelle.
Elle commença à haleter fortement, ses petits poings se serrant. “Une crise de panique” pensa-t-elle. Son corps se replia sur lui-même en tremblant. Elle sentait le monde tourner autour d’elle, s’affaisser sur lui-même. Si ce monde est un monde de fiction, il n’est pas réel. S'il ne l’est pas, sa nouvelle vie non plus. Rien n’était logique. Mais soit le monde autour d’elle n’existait pas, étant artificiel comme dans Matrix, soit elle s’était belle et bien réincarnée, mais avait recommencé à vivre, avait espéré à une vie longue pour cette fois, pour que le monde lui dise non, lui annonce qu’elle est était destinée à souffrir, à mourir et en plus encore plus jeune que la dernière fois.
De plus, elle était maintenant le protagoniste d’une histoire dans laquelle il était possible de lire dans les esprits des autres. Elle allait forcément subir une attaque télépathique. Elle devait se protéger, protéger ses souvenirs d’une autre vie, d’une méthode pour arrêter la guerre, des infos pour menacer ou manipuler le monde des sorciers. Dans un monde où on était en guerre et où on pouvait manipuler la personnalité et les liens avec les personnes comme par magie avec des sorts ou d’horribles potions d’amour, on allait obligatoirement le faire, comme le dirait un certain Murphy.
Aussi, elle abandonna toute autre magie accidentelle et se concentra sur maîtriser son esprit. La première étape pour elle fût de trouver ou percevoir ce fameux esprit. Elle concentra sa magie sur l’intérieur de sa tête et toucha une sorte de bulle de magie solide. Ne voulant pas blesser son esprit, elle tenta d’infuser gentiment sa magie dans la bulle comme une douce brume.
Cela lui prit trois semaines pour y arriver et lorsqu’elle accomplit son objectif, sa perception se retrouva dans ce qu’elle appela plus tard son paysage mental. Il était coloré de différentes nuances de couleurs : violet, vert, jaune, rouge, orange et bleu. Elle pouvait le sentir, elle avait un pouvoir total sur cet endroit. Elle créa un pouf blanc et s’enfonça dedans, une couverture vert forêt la recouvrant.
Elle pouvait toujours sentir son berceau, la douceur de sa peluche et la chaleur de sa maison. Mais dans un même temps, elle pouvait également ressentir cette couverture, ce pouf sous son corps et tout ce qu’il y avait autour d’elle. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ils brillaient. Elle le savait parce qu’elle était dans sa tête et qu’elle savait tout ce qu’il s’y passait ! Cela lui rappela la description de l’omniprésence divine.
L’avatar qu’elle avait pour la représenter était sa forme adulte, avec les boucles en pagaille et les cicatrices. Elle avait vécu plus longtemps sous cette forme que sous celle de bébé et y était plus habituée. Elle éteignit la lueur émanant de ses pupilles, leur rendant leur simple couleur chocolat qu’elle avait vu pendant des années dans le miroir.
Pour la première fois, elle n'avait plus l’impression de manquer de temps. Ici, le temps était relatif. Une heure dans son paysage mental pourrait très bien n’être qu’une seconde à l’extérieur. Elle pouvait se permettre de se détendre un peu et de ne rien faire pendant quelques instants. Pour la construction de protection, elle avait donc décidé de créer sa propre méthode, plus adaptée à ses besoins et à sa personnalité.
Mélangeant le principe du palais mental, façon Sherlock Holmes, et de la distraction avec des pensées parasites façon Marvel, elle avait créé un style hybride qui lui convenait et qui n’était pas sans rappeler diverses fanfictions qu’elle avait lues. Les protections autour de son esprit seraient tout d’abord basiques et incomplètes, mais elle les polira et les améliora constamment. Elle ne voulait rien de moins que la perfection pour cette compétence en particulier.
Son avatar mental étendit les mains devant elle et commença à construire.