
Cauchemar horrifique 1/2
La foule formait un cercle dans la Forêt Interdite. Elle était composée de la plupart des élèves de Serpentards et de Serdaigles, d’une vingtaine de Poufsouffles et d’une trentaine de Gryffondors. Tom était en avant avec Abraxas Malefoy et Domasian Selwyn derrière lui ainsi que l’autre roi Dantalian Selwyn. Harry Cleeford et Irwin McLaggan se trouvaient déjà au centre.
_ N’hésitez pas à parier, hurla un garçon aux cheveux roux, qui parie dix gallions pour Cleeford et quinze gallions pour McLaggan? Qui?
_ Ça suffit, réprimanda Tom, sa voix amplifiée avec le Sonorus.
L’élève de Gryffondor se ratatina. Tous les regards étaient maintenant monopolisés sur le préfet-en-chef. Il avait rejoint les deux duellistes au milieu du cercle et se tenait là avec un sourire charmant et amusé, comme d’habitude.
_ Vous êtes tous réunis ce soir pour être témoin d’une des plus anciennes traditions de Poudlard. A Serpentard et à Serdaigle, quand un conflit émerge entre deux élèves, c’est le duel qui doit les départager. Nous avons la chance de perpétuer ce noble héritage laissé par nos fondateurs ce soir à travers le duel d’Harry Cleeford et d’Irwin McLaggan, s’adressa-t-il à toute l’assemblée qui criait hystérique et applaudissait. S’il vous plait, s’il vous plait, permettons à nos deux duellistes de commencer ce duel, continua-t-il en regagnant sa place initiale dans la foule. Les règles sont simples, tout est permis, sauf le sortilège de la mort et tous sortilèges pouvant blesser gravement ou mortellement. C’est parti, duellistes, saluez-vous.
L’ancien Gryffondor avait le cœur qui battait à tout rompre. Il vit Caelina Bones et Ronan Potter au premier rang des Poufsouffles qui l’encourageaient hurlant des « whou Harry tu vas y arriver » ou « Harry, Harry ». Il leur sourit. Ce n’était peut-être pas Ron et Hermione, mais il appréciait la gentillesse et la fidélité des Poufsouffles. Oui, il gagnerait ce duel. Il ne pouvait pas donner raison à Tom et il ne pouvait pas décevoir ses amis.
Harry et Irwin se regardaient en chien de faïence depuis un moment déjà. Ils s’inclinèrent, se retournèrent pour faire les dix pas règlementaires et se firent face. Le duel commençait sous l’acclamation d’une bonne partie de Poudlard.
Le survivant lança immédiatement un Expelliarmus informulé. Malheureusement pour lui, il rebondit sur le Protego de McLaggan qui était également sans mots. Harry a dû éviter le rayon rouge qui lui revenait dessus à toute vitesse. Il lança sorts après sorts, mais le Marquis de l’Ombre trouvait toujours une parade pour les éviter.
_ Ignis Flagellum ! cria McLaggan avec un mouvement très particulier de baguette.
Harry écarquilla des yeux quand il vit que ce n’était pas un sort qu’il pourrait esquiver ou annuler. Un énorme fouet enflammé était apparu et le sixième année le secouait dans sa direction l’obligeant presque à danser entre les flammes. Puis, finalement, il fut touché au torse, laissant une brûlure oblique et douloureuse. La colère monta en Harry et il jeta un sortilège d’Aguamenti si puissant que le feu disparu complètement. Le voyageur temporel profita de la stupeur de l’autre pour lancer un Stupéfix auquel il échappa de justesse.
_ Nubilum !
Des nuages blancs envahir la clarière et bientôt, Harry se retrouva dans un bouillard opaque sans aucune visibilité. Il pointa sa baguette à l’aveugle, mais la seule chose qu’il voyait c’était du blanc.
_ Radix Viror ! entendit-il la voix de McLaggan.
C’était terrifiant. Il ne savait pas d’où viendrait le sort et d’où il serait frappé. Des racines avec du feuillage s’enroulèrent autour de ses poignets et de ses chevilles le plaquant au sol. Il hurla. Finite Incantatem ! murmura-t-il entre ses dents serrées. A la stupéfaction de tous les élèves présents le brouillard se dissipa, mais l’Elu était toujours emprisonné par les lianes végétales. Plus il se débattait, plus elles se resserraient. Il pouvait à peine tenir sa baguette, il fallait qu’il fasse quelque chose avant qu’il ne soit trop tard.
_ Vulgis Avum, lança-t-il se souvenant du sort que son père avait lancé ce soir-là à Halloween.
La foule haleta quand toutes les lianes disparurent pour être transformées en une nuée d’oiseau blanc qu’il dirigea ensuite, d’un coup de baguette brusque, vers son adversaire avec haine. Les volatiles se jetèrent avec acharnements sur McLaggan qui cria. Il lutta, lutta et finalement lança un sort, inconnu d’Harry, qui les fit s’évaporer.
Tom esquissa un sourire de prédateur quand il vit le visage sanguinolent de son Marquis de l’Ombre. C’était sans conteste une grande démonstration de métamorphose, mais il y avait de l’énergie sombre dans son sort. Un sort de magie blanche qu’il avait lancé avec une haine débordante. Une magie blanche entachée de ténèbres. Il ne faudrait vraiment pas longtemps à Cleeford pour tomber sous l’influence de la magie noire. Les deux duellistes étaient dans le même état: il ne jouaient plus. Il voyait les yeux luisants et malveillants de McLaggan alors qu’il répliquait avec une malédiction coupante.
_ Expecto Patronum ! hurla le survivant.
Un petit chien argenté apparu devant Harry et absorba le sortilège. Celui-ci était hébété. Pourquoi son Patronus n’était plus un grand cerf comme d’habitude? Pourquoi était-il beaucoup plus petit?
Intéressant, cette forme de Patronus, pensa Jedusor. Il pourra peut-être en parler à Salazar ou au Baron Sanglant. Cleeford paraissait troublé. Il envoya malgré tout l’animal de lumière après le sixième année qui tenta de s’en débarrasser avec de nombreux sorts sans succès. C’était fascinant de voir comment un si petit chien arrivait à acculer complètement McLaggan. Et finalement un vicieux sortilège de magie noire trancha la lumière du Patronus et le fit disparaître.
_ Endoloris! cria McLaggan en colère.
Harry fut comme figé. Pas le Doloris, pas le Doloris, pensa-t-il avec une panique accrue. Il ne pouvait pas se protéger, il le savait. Il ferma les yeux, attendant l’impact et la douleur. Mais, ça ne venait pas. Il rouvrit les yeux pour voir Jedusor devant lui, baguette pointée vers son Marquis de l’Ombre, un dôme de lumière jaune semblant les protéger. Il l’avait sauvé. Mais comment? Il n’y avait pas de bouclier qui pouvait protéger contre un Doloris, n'est-ce pas?
_ Peut-être aurais-je dû préciser que le Doloris n’est pas autorisé McLaggan, dit la voix glaciale de Tom.
Le jeune Voldemort se retourna et tendit la main à Harry. L’Elu ne savait vraiment pas quoi en penser. Est-ce que Tom Jedusor venait vraiment de lui éviter la douleur d’un Doloris? Quelle ironie.
_ Ça va ? Tu n’es pas blessé ?
_ Non, ça va, répondit Harry.
Il hésita encore un instant et finalement prit sa main pour l’aider à se relever. Le futur Seigneur des Ténèbres se rapprocha de lui.
_ Tu devrais finir ce duel avec un Imperium, murmura-t-il à peine audible. Rapide et efficace.
_ Je ne peux pas lancer un Impardonnable, rétorqua Harry.
Tom plissa des yeux. Son regard était dangereux.
_ Je ne crois pas que McLaggan a eu autant de scrupules, répliqua-t-il d’un ton glacé. Vas-tu vraiment le laisser gagner?
Le Préfet-en-Chef partit et le duel reprit.
Les paroles de Tom avaient bouleversé Harry. Il savait qu’il ne devrait pas laisser le futur Lord Voldemort l’influencer, mais c’était plus fort que lui. Il ne laisserait pas McLaggan gagner. Et pour cela, il était prêt à tout. Il combattait avec beaucoup plus violence que jusqu’à présent. Comme pour les imprononcés, il mettait de la rage et de la fureur dans chacun de ses sorts. Cela les rendait bizarrement plus puissants. Le voyageur temporel pouvait sentir le pouvoir déferler en lui, cette rage de vaincre. Le sixième année semblait épuisé et ses réactions étaient plus longues. Alors que le Marquis de l’Ombre lançait un Confringo créant une explosion qui le fit trébucher, il sentit des picotements dans ses mains et la soudaine envie de lancer un Sectumsempra ou un Imperium comme le suggérait Tom. Ce serait tellement facile. Tellement plus simple. Curieusement, cette idée ne semblait plus si horrible. Son esprit n’arrêtait pas de murmurer les mots.
_ Sec…
Non, s’arrêta Harry. Il ne pouvait pas. Lançant un Protego imprononcé pour se protéger d’un sort qui lui arrivait droit dessus, il inspira profondément avant de lancer toute une salve de sortilèges. Bloclang, Reducto, Crache-Limaces, Diffindo.
L’éclair en forme de croix du sortilège atteint McLaggan. Une coupure était visible sur son torse et du sang dégoulinait par terre. Les élèves crièrent. Harry ne laissa pas le temps au sixième année de se ressaisir et enchaîna directement avec un Confundo.
Le Marquis de l’Ombre cligna des yeux, hébétés. Le survivant devait bien reconnaitre que c’était étrangement jouissif de le voir comme ça.
_ Tu vas me donner ta baguette magique, ordonna Harry face au regard hagard de son camarade.
_ Je ne suis pas sûr…, commença l’autre d’une voix faible.
_ Tu as peur de terminer ce duel, mais tu es en sécurité maintenant. Tu le seras quand tu m’auras donné ta baguette magique.
La voix qu’il avait employée était étrangement persuasive. L’ancien Potter avait du mal à la reconnaître. Était-ce vraiment Harry Potter? Ou peut-être Harry Cleeford?
Irwin McLaggan, saignant, s’approcha faiblement de lui et lui tendit sa baguette.
Il avait gagné, il avait gagné, il avait gagné, se répéta-t-il avec une certaine hystérie, mais ce qu’il ne remarqua pas c’était que la foule était étrangement silencieuse.
_ Le gagnant de ce duel est Harry Cleeford, hurla la voix amplifiée de Tom. Il sera donc le prochain attrapeur de l’équipe de Quidditch de Serpentard.
Alors que tout le monde le regardait avec la baguette magique de son adversaire et que McLaggan venait de s’écroulait devant lui, du sang partout, Harry prit enfin conscience de ce qu’il avait fait. Un sentiment d’effroi coula en lui et il trembla. Ce n’est pas possible, pensa-t-il dégoûté de lui-même. Il s’accroupit aussitôt prêt de lui, le visage inquiet. Qu’est-ce qu’il avait fait?
_ Il ira bien, déclara une voix familière derrière lui. Je vais le soigner tout de suite et toi tu devrais prendre cette potion pour soigner ta brûlure au torse, dit-il en lui tendant un flacon au liquide violet.
Harry s’en saisit et sans même y réfléchir à deux fois la but d’une traite. Sa brûlure s’apaisa et il remarqua qu’elle diminuait.
_ Tu auras peut-être besoin d’une autre potion demain.
_ Qu’est-ce que j’ai fait, lâcha Harry alors qu’il s’écroulait au sol de fatigue le visage défait.
Tom murmurait un sortilège de guérison et leva le regard vers lui. Un regard sombre. Ses yeux marrons dans l’obscurité de la Forêt Interdite semblaient presque noir. Comme deux puits sans fond.
_ Tu as fait un duel et tu as gagné. Tu n’as rien à te reprocher Cleeford, je peux te garantir que lundi il sera guérit et qu’il pourra aller en cours.
_ Je suis allé trop loin, murmura Harry brisé.
_ Non, arrêtes avec ces pensées faibles, ordonna froidement Tom. C’était un magnifique duel. Je suis très fier de toi.
Le survivant se sentit un peu mieux quand il entendit les mots de Jedusor. Il le reconnaissait, lui, un si grand sorcier. Entendre ses louanges étaient si agréable. Il se leva, se sentant mieux, mais Tom le retint par le bras.
_ Cleeford, ne laisse personne te dire que ce que tu as fait est mal. Ce que tu as fait était parfaitement justifié. Tu as été capable de faire ce qu’il faut pour gagner le duel. Tu as fait tes preuves envers Serpentard et si les gens ne sont pas capables de comprendre cet aspect de toi, ça veut dire qu’ils ne te comprennent pas du tout.
Harry ne dit rien, troublé. Oui, Tom avait raison. Mais alors pourquoi ne pouvait-il pas de départir de son malaise en voyant McLaggan dans cet état? Le Préfet-en-Chef avait peut-être raison, mais tout cela était arrivé par sa faute.
Trop fatigué pour y penser davantage, il pénétra dans la Salle Commune de Serpentard et regagna son dortoir. Sans même prendre la précaution de fermer ses rideaux, il tomba sur le lit et s’endormit aussitôt.
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Harry était dans l’atrium du Ministère de la Magie. Il était vêtu de sa robe de sorcier de Poudlard aux couleurs de Serpentard. Le survivant faisait danser sa baguette entre ses doigts. Une personne se trouvait au sol. Pitoyablement, à ses pieds. Elle ressemblait étrangement à Irwin McLaggan. Celui-ci le regarda avec des yeux suppliants, mais Harry leva sa baguette de houx.
_ Sectumsempra, dit-il froidement d’une voix trop calme.
L’Elu observa comment l’éclair fuchsia atteignit le sixième année et comment de multiples coupures se tracèrent dans sa peau. Des flots de sang sortaient des blessures et se répandaient dans une tache rouge de plus en plus grande sur le sol. McLaggan pleura et cheniqua comme un enfant. C’est alors qu’une vague de plaisir pur envahit Harry. Un plaisir maladif. Il aimait voir l’autre comme ça. Les râles de douleurs que son camarade émettait étaient de la douce musique à ses oreilles. Cela faisait pulser sa magie à travers lui et son cœur battait la chamade. Il en voulait plus. Il voulait de la destruction. Il voulait le ruiner, le détruire, le réduire à néant. Il voulait le tuer. Les yeux verts, de la même nuance que l’Avada Kedavra, brillaient et se tournèrent brusquement vers Harry. Plus, plus, plus, plus, plus…
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_ Non, non, cria Harry Cleeford en se redressant d’un bon sur son séant, essoufflé.
Il cligna des yeux et se rendit compte qu’il était dans le dortoir de Serpentard à Poudlard dans les années quarante. Quel cauchemar.
_ Ça va? questionna Bastianus Rookwood en le regardant.
_ Oui, je suis désolé j’ai fait un cauchemar. Rendors-toi, répondit Harry d’une voix cassée.
Son colocataire hocha la tête, fatigué et ferma les rideaux.
Harry soupira. Il tâta sa table de nuit pour prendre sa baguette. Une fois dans ses mains, il se souvenait de son rêve. Sa baguette semblait vibrer avec un léger bruit de bourdonnement. Il fut saisi d’effroi quand il eut un flash de lui lançant le Sectumsempra sur Malefoy pendant sa sixième année et comment il avait aimé ça. Non, non, pensa Harry en laissant échapper sa baguette. Qu’est-ce qui m’arrive? Il prit une minute pour se ressaisir et plongea pour ramasser sa baguette. Il la regarda, méfiant. Rien ne se passa. Était-ce son imagination? Devenait-il fou?
Il était trois heures du matin. Il se dirigea vers la Salle Commune. Il ne pouvait pas se rendormir. Pas après s’être vu lui-même en train de lancer un Sectumsempra sur McLaggan et de voir son propre regard qui le regardait. Ses propres yeux verts qui l’avaient fixés et dans lesquels il y avaient tellement de malveillance. Harry frissonna. Non, il ne pouvait pas.
La Salle Commune était déserte à l’exception d’une personne qui était en train d’écrire un essai. Bien sûr, cette personne était Tom.
Le voyageur temporel l’ignora et traversa la Salle Commune pour sortir.
_ Où vas-tu Cleeford? interrogea une voix froide juste derrière lui.
L’Élu se retourna brusquement. Comment? Comment avait-il put arriver ici aussi vite? Le futur Seigneur des Ténèbres le scruta des pieds à la tête avec un regard calculateur.
_ J’ai besoin de sortir et de marcher, répondit le survivant d’une voix faible.
_ Je ne peux pas te laisser sortir pendant le couvre-feu. Je suis Préfet-en-Chef, tu te souviens?
L’ancien Gryffondor soupira.
_ J’ai vraiment besoin de sortir Jedusor, grogna-t-il entre ses dents.
Il était effrayé de voir que son ton sonnait suppliant. Il se retourna pour partir, mais Tom le retint par le bras, l’obligeant à lui faire face. Harry grimaça. Il aurait sûrement des ecchymoses sur son bras demain. Il fût aspiré par le regard sombre de Jedusor. Il avait des yeux marrons presque noir. On n’en voyait pas le fond et il y avait quelque chose de fascinant dans les ténèbres que l’on ressentait. Une légère confusion s’empara d’Harry. Il cligna des yeux et détourna le regard.
_ Viens, si tu le souhaites tu peux peut-être me raconter ce cauchemar Cleeford, déclara Tom d’un ton faussement compatissant.
Le voyageur temporel le regarda, choqué. Il avait pénétré dans son esprit. Encore! Mais il n’avait rien sentit. Pas de douleur comme avec Rogue, une légère confusion peut-être, mais…c’était ça! Merlin, il aurait pu ne jamais soupçonner que Tom était rentré dans sa tête. Il était doué. Trop doué.
Harry soupira à nouveau. Il ne pouvait pas échapper au futur Seigneur des Ténèbres. Il le suivit donc. Tom choisit de s’assoir sur le fauteuil normalement réservé au roi Dantalian Selwyn devant la cheminée et le survivant s’assit en face de lui.
Les deux restèrent là pendant un moment qui semblait infini. Le voyageur temporel regarda les flammes d’un air fixe et vide. Il n’était pas sûr de ce qu’il devait dire à Tom. Ce rêve c’était lui avouer quelque chose sur lui. Ce n’était pas normal. Il n’aurait jamais dû rêver de cela. Et pour une fois, ça n’avait rien avoir avec Voldemort. Non, ce n’était pas du Seigneur des Ténèbres dont il avait peur, mais de lui-même.
_ Tu as déjà tout vu, non? interrogea Harry en rompant le silence.
_ Seulement des flashs. Je ne connais pas les détails. Cleeford, je veux que tu saches qu’en tant que Préfet-en-Chef, je suis là pour les élèves de Serpentard qui en ont besoin, dit Tom d’une voix mielleuse.
Tom Jedusor s’inclina un peu et lui fit un grand sourire amical. L’Élu savait que c’était faux, mais son expression paraissait si authentique. Devait-il lui dire? Il ne pouvait pas parler de ça avec lui, n’est-ce pas?
_ Je…, hésita-t-il en s’arrêtant brusquement.
_ Tu peux tout me dire Cleeford, rajouta-t-il d’un ton agréable. Laisse-moi te guider, t’aider.
Quand il vit les yeux brillants de Cleeford qui le regardaient, il sut qu’il avait gagné. L’imbécile! Il avait appuyé sur les bons boutons, manipulé ses sentiments et lui faisait croire qu’il était spécial. Il avait vu une opportunité ce soir pour faire avancer ses plans en le voyant si fragile et si frêle. Jedusor savait écouter quand il le fallait, plus il écoutait, plus les autres baissaient leur garde et ils étaient à lui. Tom réprima son sourire triomphal pour afficher sur son visage un air compatissant quand Harry commença d’un ton si faible à raconter son rêve. Oh et quel rêve. Il n’omettait aucun détail, y compris sur ce qu’il avait ressenti. Inconsciemment, Harry avait baissé la tête en regardant ses mains pendant qu’il racontait, se soumettant ainsi à lui comme ses disciples. Il s’ouvrait davantage à lui et lui laisser prendre le contrôle petit à petit. Une nouvelle étape était franchie pour l’acquérir comme l’un de ses partisans.
_ Merci Cleeford, ça compte beaucoup pour moi, remercia Tom d’une voix pleine d’émotions feintes, une fois le récit finit.
L’étudiant à la cicatrice se sentit immédiatement mieux aux mots de l’Héritier de Serpentard. Même s’il savait que c’était un acte, il ne pouvait s’empêcher d’être touché. Il était soulagé, libéré d’un poids.
_ Qu’en penses-tu? interrogea Harry s’étonnant du fait qu’il voulait vraiment avoir l’avis de Tom.
Un gros changement par rapport à leur dynamique. C’était la première fois que l’Héritier Cleeford était réellement intéressé par l’opinion de Riddle. Un progrès. Bientôt, il lui demandera son avis pour tout, comme le font ses disciples.
Le Préfet-en-Chef se contenta d’arborer un rictus narquois assez mystérieux. C’était comme s’il savait quelque chose qu’il ne savait pas.
_ Quoi? s’énerva le survivant.
_ As-tu déjà entendu parler de l’appel de la magie noire?
_ L’a…quoi?
_ L’appel de la magie noire, répéta Tom d’un ton calme. Ça veut dire que ta magie réclame que tu fasses de la magie noire.
_ Mais, je n’ai jamais fait de magie noire!
Tom eut un petit ricanement, amusé.
_ Nous savons tous les deux que ce n’est pas vrai. N’est-ce pas?
Harry baissa les yeux, honteux, regardant ses mains un fois de plus.
_ Quand tu es arrivé au début de l’année, j’ai repéré un résidu de Doloris sur ta baguette. Je pense que le sortilège était faible ou raté, mais il y avait un autre sortilège de magie noire qui lui avait été correctement exécuté, à sa pleine puissance. Je ne serais pas surprit si c’était le Sectumsempra de ton cauchemar, n’est-ce pas? Un sortilège très intéressant. Je me trompe, peut-être?
Le voyageur temporel resta dans un silence buté. Tom prit un air contrit et se pencha davantage en avant vers Harry.
_ Cleeford, si tu veux que je t’aide, il est temps de jouer carte sur table. Je ne te jugerai pas, quoique tu ais fait, déclara le mage noir d’un ton doucereux.
L’ancien Potter leva un regard reconnaissant sur Riddle. C’était tellement rafraîchissant d’entendre ces mots. Il savait que le futur Seigneur des Ténèbres lui disait exactement ce qu’il voulait entendre, mais il avait passé toute son enfance et son adolescence à être jugé. Il soupira, il tombait dans le piège de Tom, il en était bien conscient.
_ Tu as raison, j’ai utilisé le Sectumsempra cet été, murmura Harry entre ses dents se souvenant de Bellatrix dans le cimetière, mais il n’a pas atteint sa cible.
_ Peut-être, mais pour la magie cela ne fait aucune différence, tu l’as utilisé. Je soupçonne que ce n’était peut-être la première fois.
_ Si, répondit le survivant.
_ Je déteste quand on me ment Cleeford, dit Tom d’un ton froid.
Harry sursauta au changement de ton.
_ En fait, je l’avais déjà lancé sur quelqu’un il y a sept ou huit mois, avoua Harry d’une petite voix en repensant à Malefoy dans les toilettes des garçons pendant sa sixième année.
Tom ne cacha pas son sourire victorieux cette fois-ci. Une nouvelle étape était franchie. Le garçon avait été honnête dans ses réponses et lui avait plus révéler sur lui-même qu’il ne l’avait fait ces dernières semaines. Cela se passait bien. Il savait que le nouveau était sombre, il avait tout de suite vu l’obscurité en lui. L’attraction de la magie noire semblait être forte, ce serait dommage de gâcher un tel potentiel. Il avait besoin de quelqu’un pour le guider, pour le pousser dans le bon sens.
_ Je le savais, il y avait forcément des antécédents. Tu ne pouvais pas avoir l’appel de la magie noire si tu ne l’avais lancé qu’une fois.
_ Mais ça fait longtemps.
_ Ça n’a aucune importance. Ta magie s’en souvient Cleeford et quand tu as lancé un Doloris raté et un Sectumsempra, tu as ravivé tout ça. Tes derniers sorts d’il y a un mois ont été le catalyseur qui a réveillé quelque chose en toi. L’obscurité.
_ Je ne suis pas un sorcier noir, s’exclama Harry véhémentement.
_ Si tu l’es. Il faut que tu arrêtes d’être dans le déni Cleeford.
_ Non, je ne le suis pas et je ne le serais jamais. Et comment on fait pour arrêter ça? Depuis que j’ai eu ce cauchemar je me sens nauséeux.
_ C’est normal, ton corps réclame la magie noire. La seule façon de stopper ça, est de pratiquer. Tu devrais lancer ton Sectumsempra et peut-être le Doloris aussi.
_ Non, c’est hors de question.
_ Tu sais, il suffirait que je métamorphose un objet en furet et tu pourrais lancer le sort.
_ Je ne lancerai pas le Sectumsempra sur un animal Jedusor, hurla Harry en colère.
Tom se mit de nouveau à rire. Tu le feras, pensa-t-il sombrement.
_ Alors tu peux lancer ce sort sur une personne, mais pas sur un animal. Tu es plein de surprises Cleeford.
_ C’était un accident. Je n’aurai jamais dû…
_ Un accident? Sais-tu même ce qu’est la magie noire Cleeford? Il faut vraiment le vouloir pour que ça marche et tu l’as voulu. Avoue-le.
Il était troublé. Était-ce vrai? L’avait-il voulu? Non, il ne connaissait pas les effets de ce sort du Prince de Sang-Mêlé alias Rogue. Il s’était juste défendu du Doloris que Malefoy allait lui envoyer. Il ne savait pas que ce serait si violent. Mais Harry ne pouvait s’empêcher de se dire que quelque chose avait changé en lui à moment-là. Comme s’il avait franchi une ligne qu’il n’aurait pas dû franchir. Il avait voulu se venger du Doloris de Drago. Il avait voulu lui faire du mal. Comme Bellatrix au ministère. Harry y avait à peine prêté attention parce qu’il était horrifié par ce qu’il avait fait, mais il se souvint du sentiment de plaisir qui l’avait l’envahit et comment au fond de lui il avait apprécié ça. Ça le terrifiait.
Le jeune Seigneur des Ténèbres sortit sa baguette et transforma une chaussure laissée là en furet. Il se tourna ensuite vers Harry qui observait l’animal nerveusement.
_ Lance le Sectumsempra sur le furet Harry, dit-il d’une voix doucereuse en faisant exprès d’utiliser son prénom, tu te sentiras mieux.
_ Non, c’est hors de question, répéta le survivant avec une expression déterminée sur le visage. Enlève-moi ça.
Tom ne fit rien et se contenta de l’observer, un sourire aux lèvres. C’était peut-être encore un peu tôt. Mais Cleeford ne pourrait pas résister infiniment à la magie noire. Pour l’avoir lui-même expérimenté, il savait qu’on ne pouvait pas.
_ Jedusor, s’exclama Harry lui montrant le petit animal.
_ Es-tu sûr?
_ Oui.
_ Je dois t’avertir. Ça n’ira pas mieux. Tu continueras à avoir ses rêves étranges toutes les nuits de pire en pire. Il se pourrait même que tu ais des hallucinations quand tu es éveillé. Bien sûr, tu auras cette sensation qu’il te manque quelque chose et ces nausées qui ne passeront pas. C’est à toi de voir.
Harry se ratatina sur son siège, un air désespéré sur le visage.
_ Je vais te laisser le furet, si jamais tu changes d’avis, dit Tom en sortant une fiole d’une poche de sa robe qu’il posa sur la table basse.
_ Qu’est-ce que c’est? demanda Harry d’un ton dédaigneux.
_ Une potion de sommeil sans rêve. Je sais que c’était difficile pour toi de parler de ce rêve alors, c’est pour te rendre l’appareil en quelque sorte. Prends-le comme un remerciement et un cadeau de ma part pour t’être confié à moi.
L’Élu resta sans voix et fronça les sourcils de confusion. Tom agissait comme si c’était un honneur qu’il lui ait parlé de son rêve et en plus il lui donnait quelque chose pour le remercier de cela. Il était assailli par des sentiments contradictoires. Il se sentait flatté d’être le centre d’attention de Tom, c’était même assez agréable de savoir que le mage noir l’estimait, mais en même temps…Ça sonnait trop comme lui étant un mangemort et Voldemort le considérant comme son disciple, notamment quand il récompensait ses adeptes. Quand est-ce qu’il s’était rapproché de lui à ce point? Ça le rendait malade. Encore plus.
Tom le remarqua. Il se contenta de sourire plus largement en observant Cleeford. Il l’avait plutôt bien pris. Il pouvait voir qu’Harry était réceptif à sa récompense. C’était encore un peu tôt pour utiliser le mot récompense devant lui, il n’était pas encore un Chevalier de Walpurgis. Mais oui, Tom l’avait récompensé pour lui faire comprendre qu’il s’était bien comporté avec lui ce soir en s’ouvrant à lui. Il était content de lui et des avancées qu’il avait faites ce soir. Tu apprendras vite Cleeford, que je récompense ceux qui me sont fidèles, ceux qui m’ont rendu fière et ceux qui sont obéissants, pensa Jedusor sinistrement avec un mince sourire machiavélique. C’était une façon de flirter avec ses disciples, de leurs faire croire qu’ils sont importants et surtout de provoquer le fanatisme en eux. C’était aussi un moyen de les contrôler, car inconsciemment l’esprit comprendrait que si on obéissait aux ordres de Tom, alors on serait récompensé. A l’inverse, il n’hésitez pas à punir ses fidèles avec des malédictions Impardonnables ou autre s’il était déçu de leur comportement. C’était une sorte de contrôle mental qu’il pratiquait depuis l’orphelinat. Il conditionnait doucement Cleeford, comme il avait fait pour ses autres disciples, pour en faire le parfait suiveur. Il y avait aussi de la colère chez Cleeford mais quand il céderait à la magie noire, elle partirait. Il en était persuadé. Il devait relever Minerva de sa ronde. Alors qu’il allait sortir de la Salle Commune, il entendit Cleeford murmurer «Va te faire foutre, Riddle». Il se retourna au quart de tour.
_ Excuse-moi? Tu as dit quelque chose? interrogea-t-il d’une voix polaire et menaçante.
Une lueur rouge passa dans les yeux de Tom et l’air sembla avoir chuté de quelques degrés. Le survivant pâlit.
_ Non, non, rien, bégaya-t-il. Je…Merci pour la potion, Riddle.
Jedusor le regarda avec un air satisfait. Il avait peur de lui? Bien. Il y avait encore du travail à faire avec son futur disciple, mais c’était déjà un progrès en soi. Entre le duel et ce soir, il avait franchi des étapes très importantes. Il lui apprendrait à le respecter.
Quand Tom quitta la Salle Commune, Harry se retrouva tout seul et relâcha un souffle qu’il n’avait pas eu l’impression de retenir. Il était là avec un furet qui couinait et une fiole de potion posée sur la table.
Il sortit sa baguette, puis la dirigea vers l’animal. Les paroles de Tom lui revinrent en tête. Il hésitait. Il lui suffirait de lancer le Sectumsempra, là, tout de suite, maintenant.
_ Sectum…
Il regarda la lueur fuchsia qui était apparue au bout de sa baguette mourir rapidement. Il ne pouvait pas faire ça. Ses doigts picotaient. Il sentait déjà la puissance du sortilège s’infiltrait en lui. Il ferma les yeux. Non, se dit-il en baissant légèrement sa baguette. Il la leva de nouveau pour annuler le sort de métamorphose. Presque à regret, il vit comment le furet se transforma en botte à nouveau. Puis, il observa la potion.
Devait-il la boire? Tom était visiblement content de lui et ça ne pouvait pas être bon signe. Harry n’aurait pas dû lui révéler son rêve. Jedusor avait l’impression d’avoir gagné et il avait raison. Le voyageur temporel était inquiet par ce qu’avait dit le futur Seigneur des Ténèbres. Le voyait-il comme un de ces disciples? Pourquoi avait-il l’impression qu’avec le duel et ce soir, tout avait changé? Harry bailla, fatigué. Il était perdu. Il ne savait pas quoi faire. Si seulement Sirius était là. Sirius. Oui, Sirius aurait su quoi faire. Pourquoi n’avait-il pas réussit son Doloris contre Bellatrix au ministère? Non, il ne pouvait pas penser à ça. Il s’aperçu que les larmes coulaient sur son visage. Il les essuya négligemment et prit la potion entre ses mains. Demain serait un autre jour. Il but la potion d’une traite et alla jusqu’à son lit. Oui, demain, tout ira beaucoup mieux, pensa-t-il avant de s’endormir.
Harry se réveilla lentement le lendemain matin dans son lit de Serpentard à neuf heures. Il était beaucoup mieux. Il n’avait plus la nausée et il se sentait reposé physiquement grâce à la potion de sommeil sans rêve. Mais, il se rappela ce rêve justement. Quand il prit sa baguette, il la sentit vibrer de magie comme la nuit dernière. Il eut de nouveau des images de lui jetant le Sectumsempra… Il la rangea, alors qu’il se préparait. Le voyageur temporel ferma les yeux une minute. Il avait espéré que tout cela n’était qu’un cauchemar et qu’il pourrait reprendre sa vie d’avant. C’était ironique, n’est-ce pas? Il savait exactement ce qu’il devait faire, même s’il n’aimait clairement pas l’idée.
Après avoir enfilé sa robe d’école, il alla dans la Salle Commune. Tom était là. Encore. Il était sur son canapé entouré d’élèves de Serpentards de septième année, d’Orion Black et d’Azazel Prince aussi, constata Harry sombrement. Il passa à proximité d’eux, mais la voix de Tom résonna. C’était du déjà-vu.
_ Comment vas-tu Cleeford? interrogea-t-il de façon désinvolte devant tout le monde, sans bouger de son canapé, faisant clairement référence à la nuit dernière.
Le garçon à la cicatrice avala sa salive avec difficulté. Il ne devait montrer aucun signe de faiblesse. Surtout devant les autres Serpentards.
_ Très bien, répondit-il d’une voix sèche.
Trop sèche. Jedusor le regarda en fronçant légèrement les sourcils. Un silence tendu s’abattit sur le groupe.
_ Joins-toi à nous.
Ce n’était pas une proposition. C’était un ordre. Harry savait que cela arriverait un jour, il ne pensait tout simplement pas que ce serait aussi tôt. Mais qu’était-ce groupe? C’était beaucoup trop vaste pour être son cercle intime, n’est-ce pas? Il n’avait pas oublié son projet de vengeance. Il s’était donné jusqu’à Noël pour tuer Tom. Pour cela, il devait se rapprocher de lui. Mais c’était Voldemort. Harry était gêné par ça. Il n’était pas prêt. Pas encore.
_ Pas aujourd’hui, se contenta de répondre Harry.
Riddle le dévisagea d’un regard assassin. Il y avait de la colère dans ses yeux qui prenaient une légère teinte rougeoyante.
_ Une prochaine fois alors, répondit le jeune mage noir d’un sourire amusé et d’une voix mielleuse.
Harry fut ébahit et incrédule. Son expression avait changé tellement vite. Comment est-il passé du mode Lord Voldemort colérique et Seigneur noir au mode ado désinvolte et charmeur? Avait-il une double personnalité? C’était déstabilisant.
Il sortit de la Salle Commune et traversa les couloirs pour se rendre à un endroit bien précis. Bien sûr, il croisa Peeves dans le grand hall. C’était bien sa chance.
_ Tu ne veux pas jouer avec moi mon pote Cleeclee? hurla le fantôme en lui lançant des sceaux de peinture colorée.
Celui-qui-a-survécu se mit à courir et à esquiver aussi vite qu’il le put. La course dura jusqu’aux escaliers du deuxième étage pendant que Peeves chantait à tue-tête: « Cleeclee est un serpent visqueux, Cleelee ne veux pas jouer avec Peeves le roi des esprits! Bouh, bouh, bouh! Cleeclee… ».
Et paf, Harry se prit un sceau de peinture ou ce que c’était. Un liquide vert gluant le recouvrit totalement tandis que Peeves riait aux éclats.
_ Un zéro pour Peeves, Cleeclee est mort, bouh, dit le fantôme en se moquant de lui avant de disparaître dans un mur.
Wahoo, pensa Harry, le Peeves d’il y a cinquante ans est toujours égale à lui-même. C’était la première fois dans cette chronologie qu’il avait à faire à lui. Le survivant soupira et se lança un Tergeo avec sa baguette, espérant que ça suffirait pour se débarrasser du liquide vert gluant. Ce fut le cas. Il monta les escaliers du deuxième étage et alla directement à la salle de classe qui l’intéressait. La porte était ouverte.
Il fut étonné de trouver Dumbledore assit à son bureau, en train de corriger des copies, un samedi matin. L’Elu inspira profondément essayant de rassembler tout ce qu’il lui restait de son courage de Gryffondor et il frappa à la porte. Dumbledore leva les yeux de ses parchemins et posa un regard interrogateur et surprit sur lui.
_ Monsieur Cleeford?
_ Professeur, est-ce que je peux vous parler en privé? interrogea Harry en entrant dans la salle de classe.
Dumbledore hocha la tête, d’un coup de baguette il ferma la porte et jeta un charme d’intimité. L’ancien Potter s’assit en face du vieux sorcier, pas trop prêt, pas trop loin.
_ Vous voulez qu’on aille dans mon bureau, monsieur Cleeford?
_ Non, c’est très bien ici, professeur.
_ De quoi vouliez-vous me parler? interrogea-t-il en le scrutant derrière ses lunettes en demi-lunes avec un peu de méfiance.
_ Je, j’ai fait un rêve qui m’a traumatisé.
_ Les rêves sont le reflet de l’âme. Ils peuvent nous faire percevoir quelque chose de conscient ou d’inconscient et même quelques fois quelque chose au-delà de la réalité même. Ils sont un présage très puissant.
Harry resta un moment interdit aux paroles de Dumbledore. Mais en même temps ses mots énigmatiques avaient tellement de sens. Oui, son rêve lui avait montrait ce qu’il deviendrait et ce qu’il ressentirait s’il devait continuer à lancer de la magie noire. C’était aussi comme l’avait dit Riddle, un besoin inconscient. Non. Et soudain, il se demanda s’il devait vraiment en parler à Dumbledore. Faisait-il une erreur? Peut-être n’était-il pas obligé de lui dire.
_ Et si ce rêve m’a révélé quelque chose sur moi que j’aurais préféré ne pas savoir, hésita Harry dans sa formulation.
_ Il est peut-être important de le savoir justement, répliqua Dumbledore en le fixant de son regard bleu.
_ Comme un avertissement alors, murmura le survivant.
_ En effet.
_ Je vous remercie professeur pour votre aide, dit Harry en se levant pour partir.
_ Mon garçon, y a-t-il autre chose dont tu voudrais me parler?
Trop perspicace, pensa l’Elu.
_ Non, professeur.
Dumbledore remua sa baguette et fit apparaître deux tasses de thé fumantes.
_ Et si tu me racontais ça Harry, déclara-t-il de son ton de grand-père une lueur calculatrice passant dans ses yeux bleu électrique.
L’Héritier Cleeford remarqua tout de suite le changement de voix, le passage au tutoiement et l’utilisation de son prénom. Putain, il essayait vraiment de le manipuler, pensa-t-il amèrement. Comme pendant sa sixième année. Il était presque aussi bon que Tom. Presque. Il n’aurait pas dû venir. C’était une erreur.
_ Je n’ai rien à dire de plus professeur, rétorqua Harry d’une voix un peu trop forte trahissant sa colère.
_ Bien sûr, répondit Dumbledore.
Il se leva, contourna les tables qui le séparaient d’Harry et prit le garçon à la cicatrice par les épaules le faisant s’assoir à son ancienne place.
_ Qu’est-ce que vous faites? grogna-t-il quand le vieux sorcier l’avait lâché. Vous n’avez pas le droit de m’obliger.
_ Non, je ne t’oblige pas, démentit Albus d’un ton doux en regagnant sa place à son bureau, tu es libre de partir si tu le veux mon garçon, mais je pense que tu es venu ici pour une raison, n’est-ce pas?
Harry ne savait pas pourquoi tout en bouillant de rage et de colère contre le vieil homme, il se mit à hocher la tête. Dumbledore eut un pâle sourire.
_ Bien, alors tu vas boire cette infusion de camomille Harry, ça va te faire du bien, tu verras et on reprendra la conversation là où on s’était arrêté. Oui?
Les mains du voyageur temporel tremblèrent de fureur. Le futur directeur le manipulait. La méthode n’était pas la même qu’à son époque, mais Dumbledore était et resterai toujours un manipulateur. Harry ne pouvait s’empêcher de penser que ce n’était pas vraiment le Dumbledore qu’il connaissait, mais il avait raison. Il était venu ici pour parler du rêve et avoir ses conseils. Simplement, à un moment donné il s’était ravisé. C’était peut-être sa chance. Encore un peu énervé, il prit la tasse de tisane qu’il porta à ses lèvres. Il n’avait aucune crainte concernant l’infusion. Il savait qu’il pouvait faire confiance à son ancien directeur là-dessus. Sa colère, sa rage et sa haine s’estompèrent doucement. Il ressentait ses émotions négatives diminuer se stabilisant dans son esprit pour atteindre un niveau acceptable. Son agitation intérieure de ces dernières semaines s’étaient apaisées. Il se sentait étrangement détendu et avait une clarté d’esprit qu’il n’avait pas eu depuis bien longtemps. Dumbledore semblait le scanner de son regard bleu comme un rayon X. Harry voyait les choses clairement maintenant, le professeur de métamorphose était manipulateur, dangereux, mais c’était aussi un très puissant sorcier qui avait expérimenté plusieurs types de magie. C’était pour ça qu’il était venu pour avoir ses conseils. Une erreur? Peut-être. Néanmoins il en avait besoin.
Albus Dumbledore observait son élève avec une lueur satisfaite par-dessus ses lunettes en demi-lunes. Il avait glissé quelques gouttes d’une potion dans la tasse d’Harry que lui et Gellert avaient créé eux-mêmes il n’y avait pas si longtemps. C’était un puissant tranquillisant associé à la camomille magique qui avait des vertus calmant et relaxant. C’était idéal pour calmer les enfants rebelles et énervés. Juste ce qu’il fallait pour que l’Héritier Cleeford s’ouvre un peu plus à lui. Son élève serait moins sur ses gardes et il pourrait plus facilement l’aider. C’était une technique qu’il utilisait souvent quand il sentait qu’un étudiant était agité ou qu’il était en colère contre lui. Cela les faisait se confier plus facilement. Il n’était ensuite pas très difficile de les amener à lui faire confiance. En tant qu’enseignant, Albus Dumbledore se sentait investit d’une mission: celle d’aider et de soutenir ses élèves.
_ Mieux?
Harry hocha de nouveau la tête.
_ Bien. Je te vois souvent en colère pendant les cours Harry. J’ai ma petite idée sur la question. Et si tu me racontais la vraie raison pour laquelle tu es ici?
Le survivant sembla hésiter encore un instant avant de partir dans son récit. Il occulta le fait que la scène s’était passé au ministère et qu'il s'agissait de McLaggan. Il y avait des choses qu'il valait mieux que le vieil homme ne sache pas. Mais quand il vit le regard de déception qui ornait les traits de Dumbledore, il sut que c’était une erreur. Il allait le juger et lui faire la morale. Tom ne l’avait pas fait.
_ Professeur…, tenta Harry.
Son cœur se serra. C'était plus difficile qu'il ne le croyait d'affronter son ancien mentor. Il ne savait pas pourquoi ça le touchait autant. Il pensait avoir dépasser ce stade, mais ce n'était pas aussi simple.
_ Non, Harry, pour que tu ais ce genre de rêve, il faut que tu ais déjà lancé de la magie noire avant et plusieurs fois.
_ Je sais, mais comment je peux faire pour éviter d’avoir ces rêves et ces visions quand je touche ma baguette?
Dumbledore le regarda une fois de plus avec un regard triste par-dessus ses lunettes en demi-lune. Il caressa sa barbe contrarié.
_ J’ai bien peur qu’on ne puisse pas revenir dans le passé et que tes erreurs seront ton avenir. Tu viens d’une famille de l’obscurité donc tu as une attirance naturelle pour les arts sombres, mais tu n’as pas l’air de comprendre que tu as déjà fait quelque chose à ton âme. J’avais ton âge quand j’ai pratiqué moi aussi et je peux te dire que la magie noire te changera à jamais.
_ Il n’y a rien à faire alors? interrogea Harry désespéré.
_ Il est possible qu’avec le temps ça s’estompe un peu, mais ce sera toujours là avec toi. Il ne faut plus que tu pratiques la magie noire Harry. Arrête-toi tout de suite pendant que tu le peux encore. Si jamais tu lances un autre sort, tu ne pourras plus t’arrêter.
_ Mais qu’est-ce que ça fait la magie noire en fait? Je sais que c’est mauvais, ajouta Harry précipitamment.
Il était curieux. Il ne se sentait pas différent après le duel avec Bellatrix. Peut-être un peu plus en colère. A la maison Serpentard il n’arrêtait d’entendre parler de la magie noire ceci, la magie noire cela…
_ Oui Harry, il y a une raison pour laquelle on dit qu’elle est mauvaise, commenta Dumbledore avec son regard de grand-père en tirant sur sa barbe moins longue qu’à son époque. La magie noire ça décale les choses. C’est toi, mais pas tout à fait toi. Elle brouille la perception du Bien et du Mal, en te faisant accepter des choses que tu aurais qualifié de Mal avant. Elle est addictive car elle court-circuite le cerveau en faisant ressentir du plaisir, de la puissance, de la colère, de la haine ou encore en te donnant la sensation d’être invincible. C’est très dangereux. La magie noire va aussi atténuer la compassion et l’empathie qu’on peut avoir envers les autres. Elle peut donner des hallucinations que tu confondras avec la réalité. Et surtout, elle provoque une sensation de manque quand elle n’est pas utilisée depuis un certain temps. Cela rend les gens complètement dépendants de la magie noire, elle s’insinue dans l’esprit en te suggérant d’utiliser ses sorts. Elle peut provoquer des envies comme celle de tuer ou de détruire. Elle change l’individu doucement, imperceptiblement en décalant très légèrement les choses et la plupart du temps les gens ne se rendent pas compte de ce changement avant qu’il ne soit trop tard. Bien sûr, il y a beaucoup de sorts qui abîmes l’âme et qui ternissent l’aura en noir. Une fois qu’une aura est tâchée de noire, on ne peut plus enlever ses traces, même si on ne la pratique plus, elle sera toujours là comme une obscurité à l’intérieur de soi et quelques fois, elle peut même contaminer toute l’aura faisant devenir le blanc en gris.
Harry riboula des yeux. Il n’avait jamais entendu parler ce que la magie noire faisait à ceux qui la pratiquait.
_ J’espère que tu comprends un peu mieux pourquoi il ne faut pas pratiquer la magie noire. Il faut que tu résistes à l’attrait de la magie noire. Je pense que tu en es capable Harry.
_ Merci professeur.
_ De rien Harry, ma porte t’es ouverte si tu as besoin d’en parler, d’accord?
_ Bien sûr.
_ A la prochaine Harry, n’oublie pas ton devoir de Métamorphose avec McGonagall.
Le survivant hocha la tête et sortit de la salle de classe. Dumbledore ne lui avait été d’aucune aide, même s’il avait apprit des informations intéressantes. Il se dirigea vers la Grande Salle pour prendre un petit-déjeuner tardif ou un déjeuner en avance.