
Cauchemar horrifique 2/2
Chapitre 11
Cauchemar horrifique 2/2
Le samedi après-midi, Harry était attablé à la bibliothèque en face de McGonagall pour faire leur devoir de Métamorphose commun. Ils étaient entourés de grimoires qui s’empilaient et s’éparpillaient partout.
_ Bon, commença McGonagall, je pense que dans l’introduction on devrait faire un tour rapide sur l’histoire du sortilège. Ensuite, dans la première partie on pourrait parler de l’utilisation du Sortilège du Caméléon au XVIIIème siècle par les sorciers en Grande-Bretagne, en deuxième…
_ Tu oublies l’utilisation du sortilège par le Clan de Morgana au XIIème siècle et comment il a été inventé un siècle plutôt par Judicaëlle Selwyn.
_ Tom, s’exclama McGonagall avec un grand sourire. Oui, tu as raison, on devrait en parler en première partie.
_ Je pense oui. Ça ne vous dérange si Prince et moi on s’assoit ? On peut faire le devoir ensemble?
_ Oui, d’accord, c’est une bonne idée, approuva la Gryffondor avec enthousiasme, qu’est-ce que tu en penses Harry?
Le regard de Jedusor était braqué sur lui. Il y avait une menace qui brillait dans ses yeux qui lui disait qu’il valait mieux ne pas le défier aujourd’hui.
_ Oui, oui, d’accord, confirma-t-il n’ayant pas trop le choix. Vous n’avez pas vos partenaires à Gryffondor?
_ Ils se débrouilleront très bien sans nous, dit Tom avec un grand sourire en s’installant avec Azazel. Prince a dit que Charlotte Holster de Gryffondor était insupportable, pas d’offense McGonagall.
_ Non, c’est vrai qu’elle est vraiment idiote cette fille, plaisanta-t-elle en gloussant.
_ Du coup, il voulait vraiment faire le devoir avec toi Cleeford, n’est-ce pas Prince?
_ Bien sûr, affirma-t-il avec un grand sourire.
Harry leva des yeux brillants. Azazel ne l’avait pas oublié finalement, il était un ami, pas très conventionnel, mais un ami quand même. Mais que voulait Tom? Pourquoi était-il ici?
_ Je lui ait dis autant que le devoir vienne à toi!
_ Et Dumbledore? interrogea Harry. Il risque de nous mettre un D.
_ Aucun risque, répondit Tom avec un large sourire amical. Le professeur Dumbledore n’avait pas le droit de faire ce qu’il nous a fait, j’en ai parlé au professeur Slughorn, il a dit que les Serpentards pouvaient faire leurs devoirs avec qui ils voulaient. Je ne pense pas que Dippet soit très content de l’apprendre surtout quand certains parents comme les Malefoys ou les Averys se plaindront auprès de lui.
Jedusor faisait ce qu’il pouvait pour mettre des bâtons dans les roues à Dumbleodre. Mais bizarrement, ça ne le dérangeait pas. Non, Tom avait raison à ce sujet. Lui dire qu’Azazel ne pouvait pas faire le devoir avec lui et que McGonagall était une bien meilleure influence, ça ne passait pas pour Harry. De quel droit se permettait-il lui dire ce qu’il devait faire et ne pas faire? Il repensa à la conversation qu’il avait eu plus tôt avec le professeur de Métamorphose dans son bureau. Il l’avait dissuadé en lui racontant des choses terribles sur les effets de la magie noire, mais le vieux manipulateur lui avait aussi arraché les vers du nez à propos de ce rêve et l’avait appelé Harry, comme dans son ancienne chronologie. D’accord, c’était lui qui était venu lui demander conseil, mais il n’avait rien obtenu à part un regard déçu de son ancien mentor qui lui avait brisé le cœur. L’ancien Gryffondor avait l’impression que Dumbleodre cherchait à le manipulait une fois de plus. Mais pourquoi? Pourquoi était-il intéressé par un Serpentard? Riddle l’avait mis en garde en début d’année en lui disant que Dumbleodre voulait quelque chose de lui. Harry n’y avait pas cru, mais maintenant…
_ Cleeford, gronda la voix du futur Seigneur des Ténèbres qui le fit sortir de ses pensées, je disais à McGonagall que vous devriez évoquer le fait que le Sortilège du Caméléon de Judicaëlle Selwyn est une version ancienne et primitive du Sortilège de Désillusion.
_ C’est aussi un sort sombre alors que le Sortilège de Désillusion est un sort de lumière, répliqua-t-elle vivement.
_ Sombre? Non, non, tu fais erreur Minerva.
_ Mais j’ai lu…
_ Oublie ce que tu as lut, rétorqua Tom sèchement, il n’est pas classé en magie noire, ni dans les arts sombres. Et puis il est appris à l’école.
_ Oui, c’est vrai, mais…
_ Mais quoi? On va l’apprendre la semaine prochaine. Ça m’étonnerait que Dumbleodre nous apprenne de la magie noire.
_ C’est juste impossible, confirma Harry en décidant d’intervenir.
Riddle scruta l’Elu avec un regard indéchiffrable.
_ Tu as l’air d’en savoir beaucoup sur la question Cleeford, lança-t-il d’un ton sardonique.
_ Tout le monde sait qu’Albus Dumbledore est farouchement opposé à la magie noire et aux arts sombres.
Ils le regardèrent tous avec un air soupçonneux, même McGonagall.
_ Quoi, ce n’est pas un secret! s’exclama l’Héritier Cleeford scandalisé.
Tom esquissa un sourire satisfait. L’ancien Potter se tortilla nerveusement sur son siège ne sachant pas ce que ça voulait dire dans la petite tête de psychopathe. Rien de bon, sûrement.
_ Tu en parles comme si c’était une mauvaise chose Harry, remarqua Minerva avec un visage peiné. Evidemment que Dumbleodre ne nous apprendrait pas un sort qui est de la magie noire, mais il est vraiment à la limite. C’est pour cela que l’on préfère utiliser le Sortilège de Désillusion à la place et que peu à peu il a remplacé le Sortilège du Caméléon.
_ C’est très bien ça, approuva Jedusor d’un ton professoral, mettez-le dans votre dissertation.
C’était un ordre, froid, qui ne laissait pas place à la discussion. McGonagall leva immédiatement les yeux de son parchemin et braqua son regard sur Tom. Elle voulait protester, dire quelque chose, mais l’expression pédante et triomphale du mage noir la mit au défi. Ils restèrent ainsi quelques minutes, puis elle détourna le regard le reportant sur son travail. Harry fronça les sourcils. Il ne connaissait pas son ancienne professeure comme ça. Où était passé son courage de Gryffondor? Lui avait-il fait quelque chose? Harry en tout cas, savait que ce n’était pas prudent de défier le Seigneur des Ténèbres dans la bibliothèque déserte.
Ils travaillèrent finalement à quatre. Harry et Minerva ne pouvaient pas faire leur devoir ensemble sans que Riddle ne mette son grain de sel. Il fallait que tout passe par lui et soit approuvé par lui. Il n’arrêtait pas de leur faire raturer, de leur faire réécrire certains passages et de leur proposer de nouvelles idées. Azazel suivait les dires de Tom sans broncher ce qui étonna Harry. Le Préfet-en-Chef leur donnait même des ordres sur ce qu’ils devaient dire et ne pas dire, puis vint un moment, à la fin du devoir, où ils écrivirent sous sa dictée. Harry et sa camarade ne s’en rendirent pas compte tout de suite, mais McGonagall s’arrêta brusquement et jeta un regard sale à l’homme.
_ Tom, laisse-nous travailler! Ce devoir c’est Harry et moi qui le faisons, pas toi, explosa-t-elle de rage.
Victoire! Il voyait enfin la fougue de Gryffondor. Si Harry n’était plus seul, il pourrait peut-être s’allier à McGonagall dans cette entreprise. S’ils étaient deux, Jedusor ne pourraient plus rien dire. Mais avant qu’il ne puisse venir en aide à la jeune-fille, il fut complètement choqué par la réaction de Riddle. Il lui avait prit doucement la main sur table et lui faisait des yeux de chien battu comme s’il avait été blessé. Harry devait le reconnaitre, c’était parfait. S’il ne savait pas que c’était une performance il aurait pu se laisser prendre.
_ Je suis désolé, s’excusa-t-il d’un murmure en baissant les yeux, honteux de lui-même, en caressant doucement la main de McGonagall dans des gestes réguliers presque hypnotique. Je suis peut-être un peu trop autoritaire pour mon propre bien. Je pensais bien faire, mais je ne peux pas m’en empêcher.
Et là, il leva un regard brillant de larmes non-versés sur la jeune-fille. Quel acteur, se dit Harry. Quand il vit le visage de la Gryffondor passer de la colère à une immense tristesse, il sut que Tom avait gagné. Il pouvait vraiment faire ce qu’il voulait des gens. C’était fascinant. Avoir autant de pouvoir sur quelqu’un. Minerva serra la main du mage noir comme signe de réconfort.
_ Tom, s’il te plait ne pleure pas, c’est moi qui suis désolée pour mon attitude. Je ne voulais pas te blesser, déclara-t-elle sur le même timbre de voix cassée. Je n’aurais pas dû me mettre en colère, tu ne voulais que nous aider.
Le Seigneur des Ténèbres resta stoïque empêchant un sourire triomphal de passer ses lèvres. Ça c’était une belle manipulation et la bécasse ne s’était rendu compte de rien. Il savait jouer de son charme pour obtenir ce qu’il voulait. C’était un moyen infaillible pour rendre les femmes et certains hommes dociles et obéissants. Ils étaient tellement faibles, ce serait presque un crime de ne pas l’exploiter. C’était très bien que ces deux fidèles Harry et Azazel le voit en action. Il continua à caresser sa main et elle rougit. Oh, comme s’était mignon, pensa Tom avec ironie, peut-être qu’il y aurait une ouverture pour lui. Ça faisait des années qu’il cherchait à la recruter, peut-être qu’en manipulant correctement ses sentiments, il pourrait obtenir bien plus d’elle. Et s’il ne pouvait pas, il n’aurait qu’à la jeter.
_ Oui, c’est ce que je voulais et c’est ce que je veux toujours, alors s’il-te-plait Minerva, s’il-te-plait, si Cleeford est d’accord, laissez-moi vous guider tous les deux.
McGonagall cligna des yeux, troublée en rougissant davantage.
_ Bien sûr Tom et je suis encore désolée, chuchota-t-elle presque.
Ils restèrent comme ça encore quelques minutes avant que la Gryffondor enlève sa main de celle de l’Héritier de Serpentard à regret. Le Préfet-en-Chef devait vraiment utiliser toute son énergie pour ne pas éclater de rire, puis il se tourna vers Harry.
_ Tu es d’accord, bien sûr, Cleeford.
Ce n’était pas une question, mais une affirmation. Harry ne savait pas quoi faire. En quelques minutes il avait réussi à retourner complètement Minerva et lui, il était tout seul. Il était étonné de la facilité avec laquelle elle était tombée dans le panneau, mais bon, ce n’était qu’une jeune-fille de seize ans. Devait-il s’opposer à lui? Devait-il le faire? Il n’aimait vraiment pas l’idée que le Seigneur des Ténèbres prenne le contrôle de sa vie comme ça. Même s’il n’en portait plus le nom, il restait un Potter. Il réunit toutes les parcelles de courage de Gryffondor qui restait en lui pour aller contre Riddle.
_ Non pas du tout, Minerva avait raison. Je ne comprends pas pourquoi tu dois prendre la direction des opérations. C’est notre devoir.
Jedusor le scruta d’un air nettement moins gentils. Une lueur rougeoyante passa subrepticement dans ses pupilles marron foncé presque noires.
_ C’est bon Harry, il n’y a pas de soucis, intervient son ancienne de professeure de Métamorphose. Je te remercie, mais j’ai surréagi. Et puis Tom a beaucoup de connaissances, je suis sûr qu’on aura une bonne note.
Alors c’est tout? se demanda celui-qui-a-survécu. Il allait baissait les bras? Sa bouche s’ouvrit, mais quand il vit le regard assassin de Tom, sa voix mourra dans sa gorge. Avait-il vraiment prit la bonne décision?
_ Je suppose, Cleeford, que tu ne voudrais pas te ridiculiser devant tout Serpentard en ayant une mauvaise note, n’est-ce pas?
Même si cette phrase était dite d’un ton léger, le survivant frissonna. Son visage se rembrunit. C’était sa vengeance. Jedusor le rabaissait et lui disait qu’il n’était pas capable d’avoir une bonne note à ce devoir sans lui.
_ Tu es dur Tom, lança soudain McGonagall d’une voix sèche. Je suis sûr qu’Harry en serait parfaitement capable, même seul.
_ Merci Minerva, dit Harry d’une voix caverneuse et sombre.
Elle lui sourit largement. Quelque chose d’honnête, de vrai. La seule chose véridique à cette table. Riddle les observa alternativement avec un regard calculateur.
_ Je ne dis pas que Cleeford n’en est pas capable, je pense même que s’il s’y mettait sérieusement, il pourrait être bien meilleur que ça. C’est justement pour cette raison qu’il devrait accepter de l’aide de l’extérieur.
_ Je suis d’accord, approuva Minerva avec un autre grand sourire sincère.
Il n’avait plus le choix, n’est-ce pas? L’Héritier de Serpentard l’avait acculé. Est-ce qu’il avait mal interprété sa phrase plus tôt? Il était un peu confus. Là, il avait même fait son éloge. Le jeune homme à la cicatrice ne savait pas trop comment se sentir à ce sujet. Ça lui faisait plaisir bien sûr. Il en venait effectivement à se demander s’il ne devait pas accepter son aide.
_ Très bien, avoua-t-il d’une voix vaincue.
Harry était lasse de toujours devoir se battre, de toujours essayer de deviner ce que Tom voulait. Peut-être n’avait-il pas d’arrière-pensées pour une fois, pensa le voyageur temporel sans trop y croire. Ceci dit, si Jedusor voulait faire son devoir à sa place, pourquoi s’y opposerait-il? Lui et Ron faisaient ça tout le temps et s’il devait se rapprocher du Seigneur Noir, il était temps de le prouver. Ça lui ferait moins de travail. Il reprit sa plume et gratta à nouveau le parchemin, à la manière de McGonagall, sous sa dictée. Puis, comme il commençait à en avoir l’habitude maintenant, le c’est bien de Voldemort retentit froidement dans son esprit accompagné de son sentiment très agréable. Cela le conforta dans l’idée qu’il avait fait le bon choix. Il cligna des yeux, un instant, essayant de chasser cette sensation qui n’était pas la sienne. Les lèvres de Jedusor oscillèrent légèrement dans un soupçon de rictus moqueur. Il savait. Harry ne comprenait pas comment, mais Tom était derrière cela. Il ne devait pas se laisser avoir. Ne voulant plus y penser, il se laissa porter par les mots du Préfet-en-Chef en les retranscrivant avec exactitude au mot près. Et après plus d’une heure, il se retrouva à penser que ce n’était pas si pénible finalement. Il n’avait pas besoin de penser, d’y réfléchir ou de se creuser la cervelle, Riddle le faisait pour lui. C’était facile. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentit bien en sa présence, détendu. Le futur mage noir le gratifia même de sourires amicaux, de compliments sur ces notes et d’encouragements. Même si Harry savait que tout était faux, il avait l’impression d’avoir de l’importance, d’être considéré. Pour quelqu’un qui avait été dénigré toute sa vie avec les Dursleys et même après dans le monde des sorciers, c’était un agréable changement.
Quand ils eurent fini le devoir, le mage noir relu la copie de Cleeford, McGonagall et de Prince. Après les avoir féliciter une énième fois, il congédia ensuite la préfète de Gryffondor. Dans la bibliothèque, il ne restait plus que les trois Serpentards.
_ Wahoo Tom, s’exclama Azazel émerveillé, comment tu as joué McGonagall! C’était du grand art.
Jedusor avait de nouveau ce sourire amusé et désinvolte qu’il n’avait pas avec les autres maisons. L’ancien Potter remarqua qu’il le gardait seulement pour les Serpentards.
_ Je ne vois de quoi tu parles, feignit-t-il avec une lueur calculatrice dans le regard qui disait tout autre chose. Prince, j’ai besoin de discuter avec Cleeford. Laisse-nous seuls.
Comme branché sur un pilote automatique, Azazel hocha la tête et sortit tout de suite de l’endroit après avoir rangé ses affaires à l’aide d’un sortilège. Une fois sûr qu’il avait bien disparu, les yeux du futur Voldemort se concentrèrent sur le garçon à la cicatrice. Il se pencha légèrement en avant en pointant discrètement sa baguette vers lui.
Nerveux, Harry essaya d’éviter l’éclair de lumière bleu, bougeant maladroitement sur son siège, mais c’était trop tard, le sortilège l’atteint. Il ne ressentit rien. D’abord, il crût que cela avait peut-être échouer, mais lorsqu’il essaya de bouger, son corps n’obéit plus. Il était paralysé. Un frisson d’effroi lui coula le long de la colonne vertébrale. Harry Potter était complètement à la merci de Tom Jedusor dans une bibliothèque entièrement vide. Son cœur battait fort dans sa poitrine et un mince filet de sueur dégoulina dans son dos. Harry devait bien l’admettre, il avait peur. Peur de ce que pourrait faire Tom.
_ Laisse-moi partir Jedusor, murmura-t-il d’une voix beaucoup plus petite qu’il ne l’avait espéré.
Celui-ci se contenta de lui faire un insupportable sourire amical et insolent. Alors ça y est, pensa sombrement le survivant, il montre ses vraies couleurs.
_ Ça, ça dépend de toi mon cher Cleeford, se contenta-t-il de répondre en l’observant avec une curiosité qui rendit Harry mal à l’aise.
_ Quoi? marmonna-t-il hébété.
_ Je n’ai pas été très satisfait de ton comportement, tout à l’heure, quand on était avec McGonagall, quand tu as pris position contre moi.
_ Je…
_ Non, non, Cleeford. Je suis ton roi à Serpentard, tu me dois fidélité et respect. Il faut que tu comprennes qu’il y a des règles à respecter, alors je ne vais le dire qu’une fois, dit-il d’une basse et dangereuse.
Harry devint blanc comme un linge. Il savait qu’il y aurait des représailles pour avoir voulu venir en aide à Minerva. C’était exactement pour ça qu’il ne voulait pas le faire en premier lieux, mais son tempérament de Gryffondor l’avait poussé à agir. Il n’aurait peut-être pas dû.
_ Ne remets plus jamais en cause mon autorité comme tu l’as fait tout à l’heure. Et surtout pas en public. Quand je te dis quelque chose tu me soutiens devant les autres et si tu n’es pas d’accord avec ça, tu demandes à m’en parler en privé. C’est compris Cleeford? interrogea-t-il d’une voix froide un éclair rouge passant subrepticement dans ses yeux.
_ Oui, d’accord, céda rapidement Harry pas très content de sa réponse d’une voix toujours aussi fébrile.
_ Bien, si tu ne respectes pas cette règle, il y aura des conséquences. Prends cela comme un avertissement de ma part, susurra-t-il d’un ton sinistre.
Le survivant avait l’impression que s’il avait pu bouger, il aurait tremblé. Tom Riddle s’était levé, le dominant de toute sa stature. Son visage anguleux d’une blancheur extrême contrastait avec ses cheveux brun bouclé lui donnant un air sombre. Enfoncés dans leurs orbites, dans la semi-obscurité, les yeux marron foncé presque noir de Riddle le dévisageaient, implacable. Des lumières et des ombres dansaient sur sa figure qui ne laissait paraître aucune émotion. Ses lèvres roses se tordirent en un fin sourire triomphal, calculé et machiavélique.
C’était un autre homme. Harry n’avait pas encore vu cette facette de Tom dans cette chronologie. Le voyageur temporel avait la sensation de suffoquer sous le lourd regard de Jedusor, d’être brûlé.
_ Maintenant, si tu veux que je relâche le sort, tu vas t’excuser, ordonna-t-il d’un ton à faire pâlir Morgana.
_ Quoi? s’indigna le jeune homme à la cicatrice outré. Pourquoi devrais-je m’excuser?
_ Pour ton comportement de tout à l’heure.
_ Je ne m’excuserai pas, osa répliquer Harry.
_ Ah non? Alors, tu vas rester paralysé ici, pendant des heures. C’est à toi de voir Cleeford. On a toujours le choix.
L’Héritier de Serpentard rapatria ses affaires et commença à partir. L’Elu paniqua. Allait-il vraiment l’abandonner dans cet état-là? Combien de temps faudrait-il avant que quelqu’un s’en aperçoive? Le voyageur temporel avait envie de le tuer. Plus que jamais. Mais pour cela, il faudrait se rapprochait de lui. Alors que Tom était en train de partir de la bibliothèque, il ne pouvait pas.
_ Attends, cria-t-il d’un ton qu’il espérait pas trop désespéré et pourtant, il l’était.
Tom s’arrêta net et se retourna. Un rictus sardonique ornait son visage. Il avait gagné. Il le savait.
_ As-tu quelque chose à me dire Cleeford?
_ Je m’excuse Tom, je suis vraiment désolé, dit-il en forçant les mots dans sa gorge.
_ Désolé de quoi? interrogea-t-il par pur sadisme.
_ Désolé de ne pas t’avoir soutenu tout à l’heure.
Un sourire triomphal s’étala sur les lèvres de Riddle.
_ Voilà, ce n’était pas difficile, n’est-ce pas?
_ Non, reconnu Harry d’un air méfiant.
Et contre toute attente, Jedusor se mit à éclater de rire.
_ Quoi, grogna le survivant mécontent se demandant s’il avait toute sa tête.
_ Non, rien, continua-t-il hilare. Tu verrais ta tête Cleeford. Sérieux. Mais je te préviens, je ne serai pas aussi clément la prochaine fois, murmura-t-il soudain d’une voix glaciale en remuant légèrement sa baguette vers Harry.
Le sort était levé, Harry pouvait de nouveau bouger. Il n’avait qu’une envie c’était de partir de cette bibliothèque. Il venait de s’humilier devant Lord Voldemort! Il rassembla ses affaires, parchemins, plumes, encre et grimoires qu’il rangea dans son sac. Il savait qu’il montrait sa faiblesse au Seigneur des Ténèbres, mais à ce moment-là, il s’en foutait. Quand il se leva pour partir, Tom le retint par le bras. Ça devenait une habitude.
_ Je n’ai pas dit qu’on avait fini. Rassieds-toi, ordonna-t-il en serrant davantage le bras du jeune homme à la cicatrice qui grimaça.
L’Élu resta quelques instants à scruter le regard de Tom, mais les yeux marron foncé étaient glacials, n’ayant plus aucune trace de son hilarité précédente. Plus il inspectait les prunelles obscures de Jedusor, plus il se sentait mal. Harry avait l’impression d’être écrasé, comme s’il n’était rien. Un sentiment de malaise l’envahit. C’était comme si les pupilles de Lord Voldemort lui envoyaient le message: oseras-tu me défier? Osera-t-il? Non, en ce moment il était bien trop terrifié pour cela. L’Élu détourna les yeux et se rassit à sa place. Le sourire satisfait de Jedusor inquiéta davantage le survivant pendant qu’il prenait place en face de lui. Le mage noir s’inclina légèrement et lui dit sur le ton de la confidence:
_ J’ai entendu dire que tu étais dans la salle de classe du professeur Dumbledore ce matin. As-tu quelque chose à partager Cleeford?
_ Comment l’as-tu su?
_ Des élèves de Serdaigles t’ont vu.
_ Je suis espionné maintenant?
_ Je ne sais pas, tu crois que je devrai?
Harry se renfrogna gardant la bouche fermée.
_ Dis-moi pourquoi tu es allé voir le professeur Dumbledore, alors que je te t’avais formellement interdit de le faire.
_ Je fais ce que je veux Riddle, je n’obéis pas à tes ordres.
Tom eut un petit rire. Le garçon obéissait de plus en plus à ses ordres justement! Il se soumettait inconsciemment de plus en plus à lui. Il se berçait d’illusions. Bien, pensa-t-il, laissons-le croire qu’il a le contrôle et qu’il est libre de ses actions.
_ Non, bien sûr que non, rassura-t-il d’une voix doucereuse. Écoute, ce n’est pas pour t’embêter que je dis ça. Dumbledore prête attention à ses Serdaigles et à quelques élèves de familles de la lumière à Gryffondor comme les McGonagalls, les Potters ou les Londubats, mais il n’aime pas les Serpentards. Le fait qu’il s’intéresse à toi, ça veut dire qu’il attend quelque chose de toi. Je te l’ai déjà dit, je crois.
_ Je sais, murmura Harry avec lassitude.
_ Bien, alors pourquoi es-tu allé le voir?
_ Je lui ai parlé de mon rêve, je voulais avoir son avis, céda le garçon à la cicatrice.
_ Laisse-moi deviner, il a pris ses airs de grand-père en te disant que la magie noire était mal et que tu devais lutter contre ça.
_ C’est à peu près ça et il m’a jugé en me disant que j’avais déjà fait quelque chose à mon âme.
Le survivant ne comprenait pas pourquoi il lui avait avoué ça. Tom eut un petit rire.
_ Tellement prévisible, prononça-t-il avec dégoût. Cleeford, je serai toi je ne lui ferai pas confiance.
_ Je ne le fais pas, mais peut-être que je peux découvrir ce que Dumbledore veut.
Le sourire du mage noir s’agrandit. Oh, c’était tellement sournois et Serpentard de la part de Cleeford.
_ C’est un jeu dangereux, mais je suppose que si tu veux la jouer comme ça, je peux t’aider.
_ Non Jedusor, ce sont mes affaires, refusa-t-il catégoriquement.
Tom n’avait pas dit son dernier mot sur la question et Harry quémanderait son aide, il s’en assurerait.
_ Comme tu veux, mais si vraiment ça ne va pas, viens me voir. A propos du duel d’hier, tu as une dette envers moi.
_ Comment ça? s’étonna Harry sans comprendre.
_ Je t’ai empêché d’être touché par le Doloris, non?
Celui-qui-a-survécu se pétrifia. Il se rappelait très bien ce duel et dans quel état il avait mit McLaggan. C’était aussi ce duel qui avait déclenché son rêve. Attends, une minute. Et si tout cela avait été orchestré, calculé et organisé par Tom? Peut-être qu’il savait exactement que l’obscurité d’Harry réagirait comme ça. C’était peut-être une manipulation de plus pour qu’il cède face à la magie noire. Et maintenant, grâce à ce duel, il lui est également redevable. Comment Riddle avait pu le protéger d’un Doloris avec un sort? L’Élu ne souvenait pas d’avoir appris ce genre de sortilège.
_ Qu’est-ce que tu veux, cracha-t-il sur un ton agressif qui fit sourire Tom.
_ Que tu viennes à mes cours après les Forces du Mal, le lundi de treize heures à quinze heures.
Le survivant le regarda incrédule. Tom aurait pu demander tellement d’autres choses, mais non, il choisissait cela. Qu’est-ce que ça cachait? Ce n’était certes pas une dette de vie, mais une dette impliquant un Doloris était magique. Harry ne pouvait rien faire contre ça, il était obligé d’accepter sinon la magie se retournerait contre lui d’une manière ou d’une autre. Une fois de plus, il s’était attendu à autre chose. Il aurait pensé que Tom lui demanderait de faire quelque chose d’illégal ou d’enfreindre le règlement sans se faire prendre. Il était presque déçu qu’il ne lui demande pas. Mais, pourquoi était-ce si important pour lui qu’il aille à ce cours?
_ C’est tout?
Une fois de plus, Tom eut cet insupportable petit rire.
_ A quoi tu t’attendais?
_ Je ne sais pas, à autre chose. Comme te rendre un service.
_ Tu n’as pas encore atteint le niveau pour obtenir ce genre de privilège Cleeford, prononça Tom d’une voix suave en se penchant tout près lui. Peut-être que si je suis content de toi et de ton attitude, que tu me rends fier, je l’envisagerai.
Le garçon à la cicatrice était en colère et exalté. Les paroles de Jedusor lui laissaient une drôle d’impression. A ce moment précis, il voulait montrer à Tom qu’il en était capable et attirer son attention. Cependant, il savait que c’était exactement ce que l’autre voulait. C’était comme ça qu’il attrapait ses partisans. Ça le rendait furieux. Il lui parlait à nouveau comme s’il était l’un de ses sbires. Harry n’avait pas l’intention de se faire manipuler par Tom et il n’appréciait pas la tentative.
_ Je ne suis pas ton chien Riddle, rétorqua le survivant d’une voix sèche.
_ Alors tu es d’accord? ignora-t-il complètement.
L’Héritier Cleeford hésita encore quelques instants. Il avait cet étrange sentiment que s’il cédait sur ça, il ne pourrait plus s’en sortir. Mais le voulait-il? Il devait se rapprocher de Tom pour que son plan fonctionne. Ça ne durerait pas très longtemps et il pourrait revenir à sa chronologie et revoir Ginny.
_ D’accord, mais à une condition.
_ Tu crois que tu es en mesure de poser tes conditions Cleeford? lâcha-t-il avec un sourire narquois. Je revendique une dette magique.
_ Ce n’est pas négociable.
Jedusor sembla réfléchir quelques instants en lui lançant un regard calculateur.
_ Quelle serait ta condition?
_ Je n’apprendrai pas de sortilèges de magie noire.
_ Très bien, approuva le futur Seigneur des Ténèbres en gloussant ce qui déstabilisa celui-qui-a-survécu une fois de plus, je ne comprends même pas pourquoi tu le mets comme une condition. Ce n’est pas comme si j’allais t’obliger à apprendre ce que tu ne veux pas apprendre. Vu que tu es en avance sur les autres, tu pourras étudier ce que tu veux en Forces du Mal. On a un accord?
Tom tendit la main vers Harry. Il le plongeait dans un sentiment de fausse liberté. Bien sûr, le mage noir avait bien conscience que le garçon ne résisterait pas longtemps. Il ferait tout pour le manipuler, le pousser dans la bonne direction en lui faisant apprendre des sorts qui sont à la limite, classés comme sombre dans certains pays car ils ont un impact sur le lanceur et petit à petit Cleeford laisserait libre court à son obscurité en réclamant de lui-même la magie noire. Et ce serait son choix. Tom ne voulait pas obliger le garçon à le faire, il fallait que ça vienne de lui.
Le jeune homme à la cicatrice le scruta essayant de déceler le piège. Il n’en voyait aucun. Si Harry était libre d’apprendre ce qu’il voulait apprendre alors, qu’est-ce qu’il avait à perdre? Il bénéficierait des connaissances de Tom et Tom était sans conteste un grand sorcier, terrible certes, mais un grand sorcier, comme l’avait dit une fois Ollivander. En plus de se rapprocher de lui, ça lui permettrait de gagner en puissance. Il l’avait vu lors de son duel avec Bellatrix, il était faible et le fait que Jedusor puisse l’aider, c’était l’occasion parfaite. Il devait devenir puissant. Il reviendrait à sa chronologie plus fort que jamais. Il voulait d’une force qui lui permettrait de sauver tout le monde.
_ D’accord, confirma Harry en lui serrant la main.
Riddle eut un sourire triomphal. Pourquoi l’Élu avait-il soudain l’impression qu’il concluait un autre pacte avec le diable?
_ Tom, puis-je avoir une potion de sommeil sans rêve pour ce soir?
_ Tu ne pourras pas en prendre éternellement et ça ne résoudra pas ton problème.
_ Je sais.
_ Bien, alors tu sais aussi qu’il n’y a qu’une seule façon d’aller mieux, quoique Dumbledore t’ai dit, déclara-t-il en sortant un flacon d’une des poches de sa cape et en le posant devant lui. En parlant de potion, comment vont tes yeux?
_ Très bien, répondit Harry.
_ Le professeur Slughorn est probablement en train de faire ta potion de vision correctrice, mais il est possible qu’au début du mois prochain tu commences à avoir des problèmes de vision.
_ Je peux remettre mes lunettes.
L’ancien Potter fronça les sourcils. Il n’aimait pas que le mage noir dirige sa vie comme ça.
_ Ne t’inquiète pas, dit-il d’une voix mielleuse, c’est juste qu’entre le moment où la potion est en train de se dissiper et le moment où elle cesse de faire effet, tu peux avoir une vision trouble, quelques tâches sombres ou peut-être des maux de tête.
_ Putain Tom, je croyais qu’elle était sans effets secondaires.
Jedusor retint un sourire narquois. Vraiment? Il le croyait? Il était vraiment naïf. C’était de la magie noire après tout, il y avait toujours des conséquences. Et l’une de ses conséquences étaient l’addiction que ce soit la magie ou les potions. Il ne le savait que trop bien.
_ C’est le cas, il faut juste que tu prennes la potion au bon moment. Tu n’as pas de soucis à te faire, je m’en occupe, d’accord?
Harry hocha la tête immédiatement. La voix soyeuse de Jedusor le plongea dans un sentiment de sécurité. Il ne pouvait pas s’empêcher d’être satisfait que le futur Seigneur des Ténèbres fasse attention à lui. Une sonnette s’alarme résonna dans son esprit. Il entendait le Dumbledore de son époque dire que ses partisans étaient en quête de son attention et que Riddle avait l’art et la manière de faire en sorte qu’ils se sentent importants, spéciaux. Est-il en train de tomber dans le piège? Ce n’était pas pareil, n'est-ce pas? Il ne pouvait pas. Le Préfet-en-Chef le gratifia d’un grand sourire lumineux qui semblait bienveillant. Peut-être un peu trop.
_ Tu as une invitation permanente de ma part. Tu peux te joindre à nous dans la salle commune ou pendant les repas.
Il se sentait flatté. Enfin, il avait cette invitation comme Azazel. Allait-il le rejoindre? C’était peut-être le meilleur moyen pour se rapprocher de lui, non? Il n’était pas sûr. Harry n’était pas prêt à faire face à Lord Voldemort et à ses partisans puristes du sang.
_ Merci Jedusor, mais…
_ Pas de soucis, quand tu te sentiras prêt.
Harry fut interloqué. Comment avait-il sut? Avait-il lut dans son esprit encore une fois? Combien en savait-il sur lui?
_ Ne sois pas en retard pour le dîner, se contenta de dire Tom, rassemblant ses affaires en quittant les lieux.
Le survivant se retrouva seul, assit, au milieu de la bibliothèque silencieuse. Il souffla. Il avait l’impression que chaque moment qu’il passait avec l’élève modèle de Serpentard était un exercice de haut vol. C’était épuisant. Il devait garder son sang-froid ce qui était difficile pour lui, faire attention à ce qu’il révélait et disait, essayer de repérer les manipulations de Tom et de deviner ses machinations. Et maintenant, il devait penser à ses propres plans pour qu’il lui fasse confiance, même s’il ne faisait confiance à personne. Il faudrait que lui-aussi il manipule pour arriver à ses fins. Avait-il toujours envie de se venger? Oui, il savait que c’était mal, mais il ne pouvait juste pas faire l’impasse sur la mort de ses parents, pas après qu’il ait vu le souvenir à Godric’s Hollow. Mais, jusqu’où serait-il prêt à aller? Il avait de plus en plus l’impression que c’était lui qui se faisait manœuvrer par Voldemort et qu’il n’arrivait pas à le combattre.
Alors qu’Harry était perdu dans ses pensées et remettaient des livres sur les étagères d’un coup de baguette, il se heurta à quelqu’un.
_ Oh pardon, je suis vraiment désolé, s’excusa-t-il en aidant l’adolescent à se relever.
Le survivant ne s’attendait pas à se retrouver face à Ethan McGun, préfet et roi de Serdaigle avec qui il avait partagé un compartiment avec Cristal Hopwell.
_ Ce n’est rien. Comment vas-tu?
Le préfet le scrutait d’un regard évaluateur et attendait dans l’expectative.
_ Très bien, merci.
_ Tu as changé et je pense savoir à cause de qui. Tom a l’art et la manière de retourner le cerveau des gens et d’en prendre possession, alors s’il te plait ne devient pas comme Abraxas, Lestrange et les autres…
Harry était outré par ce qu’il entendait. En quoi avait-il changé?
_ Je n’ai pas changé, rétorqua-t-il énervé.
_ Vraiment? Je trouve que depuis le début de l’année tu as moins de personnalité qu’avant, tu deviens transparent, tu te laisses influencer et cela va même jusqu’à ton apparence. Tu n’as plus tes lunettes, tes cheveux sont plus longs, ce n’est pas toi.
_ Qu’est-ce que tu en sais? C’est peut-être exactement moi.
_ Tu vois, c’est justement ce comportement. J’ai vu comment Tom s’y prenait pour s’insinuer dans l’esprit des gens. Il donne l’impression qu’on est spécial, qu’on est puissant, qu’on a le contrôle, mais en fait c’est lui qui te contrôle.
Le survivant cligna des yeux. Il le savait ça, mais il était persuadé qu’il maîtrisait la situation. Se trompait-il?
_ Pourquoi tu t’en soucis même?
_ Parce que Tom m’a fait la même chose et qu’il a essayé de m’enrôler dans son petit cercle.
Là, ça commençait à l’intriguer. Visiblement, il y avait quelqu’un à Poudlard qui avait vu à travers Tom. Pourquoi Dumbledore n’avait pas parlé de lui?
_ Quel cercle? feignit-il.
McGun le regarda le front plissé en pinçant les lèvres.
_ Tu verras ou peut-être pas, répondit-il mystérieusement. En tout cas, fais bien attention Cleeford, tu es en train de te faire complètement manipuler.
_ Je vais prendre ton avertissement au sérieux. Je vais faire plus attention.
_ Hum, n’oublis pas que moi-aussi je suis préfet, n’hésite pas à venir m’en parler.
_ C’est noté, donna-t-il son assentiment.
Un peu plus tard, il retrouva son groupe de Poufsouffle dans un coin de la bibliothèque, alors il s’assit avec eux. Il ne fut pas accueilli comme il l’aurait espéré. Au bout d’un moment, alors que sa plume grattait, il s’arrêta brusquement leur faisant face.
_ Que se passe-t-il? interrogea-t-il vivement.
_ Il faut qu’on parle de ton duel Harry, répondit calmement Caelina.
_ Ouais, comment il a presque tué Irwin, lança Ronan.
L’Elu ressentit un coup de hache dans le ventre à ces mots.
_ Je n’ai pas utilisé la magie noire, dit-il aussitôt.
_ Irwin était à tes pieds avec du sang partout et c’est ça qui te préoccupe, intervient Raj. C’est comme si tu l’avais fait de toute façon.
_ Quoi? bégaya Harry sans comprendre.
_ Je suis peut-être une née-moldu Harry, dit Julia d’une voix embarrassée, mais je sais que Diffindo est interdit sur une personne. C’est classé comme sombre.
_ Quoi, même toi Julia, s’exclama le garçon à la cicatrice en tombant des nues.
_ Oui, même elle, gronda Ronan, je ne sais pas si tu te rends compte Harry, mais tu as faillit tuer McLaggan.
_ Je n’ai pas fait exprès, commença-t-il, j’étais dans le duel et…
_ Comme tu n’as pas fait exprès d’utiliser un sortilège de confusion? coupa Potter, arrogant.
_ Ce n’est pas interdit, répliqua le voyageur du futur.
_ Eh bien, c’est à la limite, mais ce n’est pas la question Harry, démentit Caelina.
_ C’est bien ce que Ronan et moi on se disait, vous les Serpentards vous n’avez aucune morale, conclu Raj.
Ça faisait horriblement mal à Harry. Oui, il n’était pas fier de ce qu’il avait fait à McLaggan. Cette scène après son duel resterait gravée à jamais dans son esprit. Il ne revenait toujours pas de la boucherie qu’il avait faite. Heureusement, le préfet lui avait assuré que ce n’était rien du tout et qu’il serait rétablit lundi. Il se rappela soudain les paroles de Tom juste après le duel: "Cleeford, ne laisse personne te dire que ce que tu as fait est mal. Ce que tu as fait était parfaitement justifié. Tu as été capable de faire ce qu’il faut pour gagner le duel. Tu as fait tes preuves envers Serpentard et si les gens ne sont pas capables de comprendre cet aspect de toi, ça veut dire qu’ils ne te comprennent pas du tout." C’était exactement ça. Jedusor avait raison. Avait-il prévu tout ça? Ses amis ne le comprenaient pas.
_ J’ai été traumatisé quand j’ai vu McLaggan avec tout le sang, vraiment. Mais, après tout c’est un duel où tout était permis, lui-même a essayé de me lancer le Doloris quelques minutes avant.
_ Wahoo, se moqua Ronan.
_ C’est à partir de ce moment-là où ta magie est vraiment devenue sombre, commenta Julia. On pouvait le sentir dans l’air.
_ Peut-être, mais je n’ai pas fait de magie noire, je ne voulais pas tout ça, vous pouvez me croire.
Harry sentit soudain une main se poser sur son épaule. Il y avait quelqu’un derrière lui. Il n’osait pas bouger. Une peur sourde monta soudain en lui. Ce n’était pas Tom, n’est-ce pas?
_ Arrête de te justifier Cleeford, dit une voix condescendante. Comment veux-tu que ces Poufsouffles comprennent?
Ce n’était pas Jedusor, non, cette voix c’était au roi Dantalian Selwyn. Quelque part, il était soulagé.
_ Oui, je crois qu’il vaut mieux que tu viennes avec nous, ajouta une voix féminine que le survivant ne reconnue pas. Ne fréquente pas ces traîtres-à-leurs-sangs et cette Sand-de-Bourbe, Cleeford, c’est indigne de toi et de ta place à Serpentard.
Harry se retourna vivement et fit face à une fille grande aux cheveux noir. Le chiffre sur son côté gauche indiquait qu’elle était en troisième année.
_ Ne parle pas de mes amis comme ça! réagit-il au quart de tour.
_ Oh, sont-ils vraiment tes amis, Harry, provoqua-t-elle en minaudant, battant des cils.
_ Tu sais quoi, ça ne m’étonne même pas, râla Ronan, vous les serpents vous êtes tous pareils.
_ Et voilà, gloussa-t-elle.
_ Bon, je crois que vous en avez assez fait aujourd’hui, interrompit Dantalian froidement. Laissez notre camarade de Serpentard tranquille. Cleeford, viens, ne perds pas ton temps avec eux.
Le ton de Dantalian ne laissait pas de place à la discussion. Harry savait que toute tentative allait envenimer les choses. Il n’avait pas le choix, ou alors il serait au milieu d’un duel entre Poufsouffles et Serpentards, il devrait choisir un camp. Il soupira et rassembla ses affaires une fois de plus.
_ Vas-y Harry, pars avec eux. On comprend mieux ton duel avec les fréquentations que tu as, lança Caelina avec dégoût.
Et parce que c’était Caelina Bones, la gentillesse incarnée qui le disait, ça faisait mal. Il leur tourna le dos, sachant qu’il ne pourrait peut-être pas réparer cette amitié. Quand Harry se retrouva dans le couloir avec ses deux camarades, il leur fit face.
_ Pourquoi êtes-vous intervenus? Je maîtrisais très bien la situation.
_ Oh oui, bien sûr, ironisa Dantalian, tu te faisais insulter par une bande de Poufsouffles qui ne te respecte pas et qui ne voulait rien à faire avec toi.
_ Mais j’étais en train de leur expliquer…
_ Eh bien, c’est justement ça le problème. Tu es un fier Serpentard et tu n’as pas besoin de te justifier sur un duel que tu as d’ailleurs gagné.
_ Je…, hésita-t-il restant sans voix.
_ Non, non, notre roi Selwyn a raison Cleeford, intervient la fille de troisième année. Ils ne sont pas des amis. Comment veux-tu que des Poufsouffles comprennent? Ils sont tellement limité avec leurs petits cerveaux de la lumière et te vois comme le mal incarné. C’est le problème des gens de la lumière, si tu ne corresponds pas à leur petit cadre lumineux, ils te rejettent. Et des gens qui ne sont pas capables de surmonter ça, ne peuvent pas être des amis.
Le voyageur temporel réfléchit à ce qu’ils venaient de dire. Et même s’il voulait contredire cette fille, il savait qu’elle avait raison. Ces propos étaient haineux, mais sur le fond, c’était juste. Il ne comprenait pas la réaction de ces soi-disant amis. D’accord, il avait failli tuer McLaggan, mais il n’avait pas besoin qu’on le juge, il avait besoin qu’on le soutienne.
_ Qui es-tu? demanda-t-il à la jeune-fille.
_ Daisy Parkinson de la très noble et très ancienne maison Parkinson.
Ça ne l’étonnait pas du tout. Elle avait la même façon de parler que Pansy et en regardant bien on pouvait voir un léger air de famille.
_ Eh bien, d’accord, je reconnais que tu as raison, mais n’insulte plus mes amis comme tu l’as fait tout à l’heure.
Daisy ricana.
_ Sont-ils encore tes amis Harry? questionna-t-elle à nouveau de sa petite voix nasillarde.
_ C’est juste une simple dispute, ce n’est rien.
_ Rien? Tu ne sais pas te faire respecter ou quoi? Tu n’as rien à faire avec des Traîtres-à-leurs-sangs et une Sang-de-Bourbe de Poufsouffle. Tu es bien mieux à Serpentard avec nous, dans une maison où on ne te jugera pas pour un duel que tu as gagné.
_ Ne parle pas de mes amis comme ça, cria-t-il énervé.
_ Ou quoi, Cleeford? interrogea Dantalian. Tu vas sortir ta baguette et affronter Parkinson, ici, dans le couloir? Tu vas t’en prendre à quelqu’un de ta propre maison, une Serpentard? Ou peut-être vas-tu faire un duel officiel comme tu l’as fait avec McLaggan alors que ce n’est qu’une troisième année?
Harry se dégonfla. Ce serait injuste, n’est-ce pas? Daisy Parkinson n’avait que treize ans après tout.
_ Je vais retourner voir mes amis, je suis sûr que je peux arranger les choses.
_ N’y va pas, ordonna la voix de Dantalian.
Le survivant se retourna au quart de tour vers l’un des rois de Serpentard.
_ Ça ne te regarde pas, claqua sèchement la voix d’Harry comme un fouet.
_ Ça ne me regarde pas, hein, bien sûr. Si tu y vas Cleeford, tu ne remettras pas les pieds à Serpentard.
_ Quoi? s’inquiéta celui-qui-a-survécu avec inquiétude.
_ C’est soit eux, soit nous. Il va falloir que tu choisisses ton camp Cleeford. N’est-ce pas Daisy?
_ Oui, c’est un ultimatum. Tu as jusqu’à demain, dix heures, pour faire ton choix. Si tu choisis de te réconcilier avec tes amis, tu ne feras plus partie de Serpentard.
L’Elu eu l’impression qu’une pierre tombait dans son estomac.
_ Vous ne pouvez pas faire ça! hurla-t-il. Qu’est-ce qu’en penserait Jedusor? N’est-il pas le roi des septièmes années?
Il n’arrivait pas à croire qu’il disait ça, mais pour une fois, il pourrait être son salut.
Dantalian fit un vilain sourire qui ressemblait trop à celui du Seigneur des Ténèbres.
_ Qu’est-ce qui te dit qu’il n’est pas d’accord? déclara-t-il calmement.
Et là, le monde d’Harry s’effondra. Putain de bâtard, il avait tout organisé, tout manigancé et tout calculé depuis le début.