D'année en année

Harry Potter - J. K. Rowling
M/M
G
D'année en année
Summary
James tombe petit à petit amoureux de Regulus au fil de ses années à Poudlard.
Note
C'est toujours intimidant de poster sur AO3.Le niveau de la plupart des écrits est impressionnant et je sais que je n'ai pas vraiment le niveau mais j'ai quand même envie de poster même après une longue hésitation x)
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Sixième année

James avait passé un été formidable avec ses parents et Sirius. Remus et Peter étaient venus leur rendre visite de nombreuses fois, bien que James avait eu l'impression de ne quasiment pas voir Remus, qui passait la grande majorité de son temps chez les Potter avec Sirius, généralement dans la chambre de ce dernier.
Ne pas voir Lily pendant ces deux mois lui parut un peu étrange, il avait l'habitude d'avoir des rendez-vous avec elle pendant les vacances depuis qu'ils étaient en deuxième année, mais il avait réalisé qu'elle ne lui avait pas spécialement manqué. Elle lui avait autant manqué que ses autres amies comme Marlene, Mary, Alice ou Dorcas. Il avait cependant échangé moins de lettres avec ces dernières cet été puisqu'elles étaient les amies de Lily avant d'être les siennes et qu'elles semblaient faire preuve de solidarité envers la rouquine, même si elles restaient en bons termes avec James.

Ce qui inquiétait James, c'était de revoir Lily à Poudlard. Il ignorait quel comportement adopter avec elle et comment Lily allait se comporter avec lui. Est-ce qu'ils étaient redevenus amis ? Est-ce qu'elle allait l'ignorer ? Est-ce qu'elle allait se mettre à le persécuter ? Il n'en savait rien et ça le stressait un peu. Remus lui avait assuré que tout se passerait bien mais il ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter.

Et puis surtout, il y avait Regulus. James s'était beaucoup inquiété pour lui, le savoir seul avec ses parents dans ce gigantesque manoir lui avait fait faire des cauchemars. Il n'avait qu'une hâte, s'installer dans la grande salle pour vérifier que Regulus était en un seul morceau. Il avait scruté les alentours à la gare mais n'avait pas vu un signe du vert, il avait fait de même pendant le trajet en train et également aucun signe du plus jeune, il avait examiné toutes les personnes qui passaient non loin de lui pendant qu'ils attendaient de monter dans les calèches pour se rendre à Poudlard et toujours aucune trace de Regulus. Remus lui avait lancé un regard circonspect et James avait prétendu chercher Lily, pour savoir si elle allait l'ignorer ou pas.

Le quatuor s'installa au milieu de la grande table et James examina la table des Serpentards et trouva Regulus à l'un des bouts de sa table, avec le même air impassible qu'il arborait tout le temps. James souffla, rassuré de constater qu'il semblait aller bien.

 

Il lui faudra attendre deux semaines, deux longues et interminables semaines pour réussir à trouver une occasion d'être seul avec Regulus et de lui parler. Le Serpentard était devenu préfet au cours de cette année et son temps libre avait diminué pour le plus grand malheur de James, alors quand il l'avait vu assis près de l'endroit où les cours de soins aux créatures magiques avaient lieu alors qu'il survolait les alentours du château, il s'était posé rapidement derrière lui. Il était resté quelques secondes immobile à l'écouter chantonner une chanson d'une célèbre chanteuse moldue tout en caressant un boursouf. Il toussa pour faire connaître sa présence et s'avança pour s'asseoir en face de lui. Reglus lui lança un regard mélangeant agacement et embarrassement d'avoir été surpris en train de chanter.

"Désolé de te déranger."

"Tu n'as pas l'air désolé pourtant", dit-il en regardant le sourire de James. "Qu'est-ce que tu veux ?"

"Euh", trouve une excuse vite, "je me demandais si tu allais avoir encore besoin de moi pour aller dans la réserve."

"Ce n'est pas de toi dont j'ai besoin mais de ta cape, nuance. Et la réponse est oui. Je te le ferai savoir quand le moment sera venu." James hocha la tête mais resta immobile. Regulus haussa un sourcil.

"Autre chose ?"

"Écoute, je me doute que ça ne va pas te faire plaisir, mais euh..." James chercha ses mots sous le regard ennuyé de Regulus.

"Crache le morceau Potter."

"Tu ne voudrais pas parler avec Sirius ?" James vit le regard de Regulus s'assombrir. "Tu lui manques beaucoup tu sais et je pense que vous avez plus en commun que vous ne l'imaginez."

"Saint Potter", dit Regulus d'un ton hautain, puis se leva pour darder James d'un air coléreux, "tu ne peux pas t'empêcher de te mêler de ce qui ne te concerne pas. Je ne veux pas parler avec lui, pas plus que je ne veux parler de lui avec toi." Il tourna les talons et s'éloigna et James s'élança à sa poursuite.

"Regulus attend", dit-il en arrivant à son niveau, "je suis désolé, sincèrement. Je sais que c'est un sujet sensible pour toi, mais je pensais ce que j'ai dit. Tu lui manques."

James regarda Regulus s'éloigner puis remonta sur son balai pour se rendre dans sa chambre. Il y trouva Remus en train de lire un livre dans son lit avec Sirius allongé sur lui qui discutait avec Peter. Il enleva ses chaussures, posa son balai au bout de son lit sur lequel il s'assit par la suite.

"Pet', Sirius", appela-t-il, "vous pourriez nous laisser Remus et moi ?"

"Pourquoi ?", demanda Sirius en tournant la tête vers lui.

"J'ai besoin de savoir ce qu'il va t'offrir pour ton anniversaire."

"Mais c'est dans plus d'un mois."

"Oui et je préfère m'y prendre à l'avance."

"Bien", dit Sirius en se levant, "allez viens Peter. On va aller dans la salle commune, venez nous chercher quand vous aurez terminé." James s'assura que les garçons étaient bien partis avant d'aller s'asseoir sur le lit de Remus.

"C'était un prétexte pour les faire sortir, je dois te parler de quelque chose d'important." Remus fronça les sourcils et vint s'asseoir sur le bord du lit à côté de son ami.

"Qu'est-ce qu'il y a ?"

"C'est au sujet de Regulus." Remus fronça les sourcils encore plus. "Je crois qu'il n'est pas aussi mauvais que Sirius le croit. Et je me dis qu'on pourrait les aider à se rabibocher."

"Qu'est-ce qui te fait dire que Regulus est différent de ce que croit Sirius ?"demanda Remus, étonné de par cette affirmation.  James lui raconta ce qui s'était passé l'année passer en omettant certains détails.

"Une nuit, je suis allé aux cuisines pour me chercher un truc à manger avec ma cape, je suis tombé sur Regulus, il discutait avec les elfes, il connaissait leurs noms, mais genre tous leurs noms, il a remercié celui qui lui a donné à manger et quand un autre lui a dit qu'il devrait aller se coucher il y est allé sans faire de scène." Remus parut étonné. "Ensuite, je l'ai suivi pour voir où il allait et il a compris que j'étais là, il s'est jeté sur moi et m'a démasqué, ainsi que la cape d'invisibilité. Je suis allé le voir le lendemain pour m'assurer qu'il ne dirait rien et on a passé une sorte de marché, je l'aide à accéder à la réserve de la bibliothèque et ça m'a permis d'apprendre deux trois petites choses sur lui. Un jour, j'ai vu qu'il lisait un roman écrit par un moldu. Une autre fois, je l'ai surpris en train de chanter une chanson d'une chanteuse moldue. Et je l'ai déjà vu plusieurs fois avec d'autres créatures et il a l'air de les traiter avec respect. Pas du tout comme les autres sorciers de sang pur qu'il peut y avoir à Poudlard. Pas comme les parents de Sirius qu'il nous a décrit." Remus sembla réfléchir.

"Tout ça ne veut pas forcément dire qu'il est quelqu'un de bien, mais je sais à quel point Sirius est peiné de cette situation avec lui, alors je suis prêt à t'aider. Mais comment ?"

"Je ne sais pas. J'ai essayé d'en parler avec Regulus et il m'a envoyé chier."

"Et Sirius n'acceptera jamais non plus. Il faudrait trouver un moyen de les obliger à se parler."

"Comme leur faire boire un sérum de vérité ?" Remus grimaça.

"Non. Ils risqueraient de nous en vouloir et surtout de dire des choses beaucoup trop profondes pour garantir des retrouvailles en douceur. Je pense qu'il faut garder cette option en dernier recours."

"Tu as raison. Alors qu'est-ce qu'on pourrait faire ? Les enfermer dans une pièce jusqu'à ce qu'ils se parlent ?"

"Les connaissant, ils seraient capables de rester des jours sans se parler, quitte à devoir en mourir."

"C'est vrai", rit James à cette image. "Ça fait un moment qu'on est là, on va devoir aller les chercher. Je préviendrais Peter dès que j'en aurais l'occasion, toi essaie de tâter le terrain avec Sirius. Essaie de lui parler après une séance de câlin", dit James en lui faisant un clin d'œil.

"Ça pourrait marcher," répondit Remus en se levant à la suite de James.


Le lendemain, James avait prévenu Peter de leur plan et Remus avait entraîné Sirius dans leur chambre où ils s'étaient laissé aller à quelques galipettes. Remus était allongé dans son lit, nu et satisfait, Sirius reposait à moitié sur le plus grand, la tête sur sa poitrine pendant que Remus dessinait des motifs imaginaires avec sa main dans le dos du plus petit.

"Sirius."

"Hum ?"

"Ça fait un moment qu'on est ensemble et je me posais une question", commença-t-il, "tu ne parles jamais de ton frère, même avec moi."

"Parce qu'il n'y a rien à dire."

"Ne dis pas ça", répondit Remus en caressant ses cheveux. "Je sais que votre relation t'attriste beaucoup et si tu veux en parler, je suis là."

"D'accord", répondit simplement Sirius en se relevant, mais Remus l'attira contre lui, l'obligeant à se rallonger.

"S'il te plaît, parle moi. Je n'aime pas que tu gardes tout ça pour toi. Je suis là pour t'aider."

"Je n'ai pas envie de parler de ça Remus."

Remus soupira. Il y avait très peu de sujets que Sirius refusait d'aborder avec lui et il ne savait pas vraiment quoi dire pour l'amadouer. Le plan "réconciliation" allait être compliqué.

 

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James rentrait d'un entraînement de Quidditch qui avait eu lieu en fin d'après-midi épuisé, mais heureux de pouvoir rejouer à ce sport qu'il aimait tant. Il donna le mot de passe à la grosse dame qui ouvrit le passage pour le laisser entrer et tomba face à face avec Lily qui avait visiblement l'intention de sortir. Ils se regardèrent durant quelques longues secondes, mal à l'aise tous les deux de se retrouver seul à seul pour la première fois depuis leur rupture. James se décida à la saluer timidement.

"Hey."

"Hey", répondit-elle simplement. Le Gryffondor n'avait pas l'habitude de ne pas savoir quoi dire en sa présence et cela l'attristait.

"Je... je vais dans mon dortoir", dit-il en baissant la tête. Il n'avait pas envie de la froisser et encore moins de provoquer une dispute. Il amorça un mouvement pour partir mais la rouquine l'arrêta.

"James attend", dit-elle en levant une main pour l'arrêter. Il la regardait les yeux grands ouverts légèrement inquiet de ce qu'elle lui voulait. "Je veux juste que tu saches que je ne t'en veux pas et que ça n'a pas à être bizarre entre nous."

"Vraiment ?", demanda-t-il sans y croire. "Mais tu devrais m'en vouloir, tu aurais toutes les raisons du monde de le faire."

"Et bien je ne peux pas te promettre que je pourrais faire comme si rien ne s'était passé, mais on peut au moins se comporter comme deux camarades qui s'entendent bien tu ne crois pas ? Il va me falloir un peu de temps pour m'habituer à cette situation bien sûr."

"Oui je comprends", répondit James en hochant vivement la tête, "et j'en serais très heureux. Si on pouvait garder de bonnes relations j'entends."

"Oui j'aimerais beaucoup."

"C'est cool alors", termina-t-il avec un grand sourire.

Elle lui sourit timidement en retour puis ils se quittèrent pour aller dans des directions différentes. James avait le cœur plus léger en sachant qu'ils pourraient garder une bonne relation et qu'ils n'auraient pas à s'éviter pour le restant de leurs jours, surtout qu'ils avaient beaucoup d'amis en commun.

 

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James avait de nouveau revu Regulus fin septembre pour aller lui chercher un livre dans la réserve qu'il déposa sur la table du Serpentard avec un grand sourire. Il était toujours heureux de le voir.

"Qu'est-ce que tu ferais sans moi."

"Probablement sensiblement la même chose."

"Comment pourrais-tu aller dans la réserve sans te faire voir ?"

"Je trouverais bien un moyen. Ça prendrait sans doute plus de temps mais j'y arriverais."

"Oh aller admet le Regulus, tu ne peux pas te passer de moi", dit James en posant sa tête dans ses mains face au Serpentard. Regulus eut l'air offusqué.

"Je ne fais pas partie de ton fan club Potter."

"Tu dis ça mais je sais que tu me regardes quand on joue au Quidditch."

"J-je hein quoi ?", demanda Regulus embarrassé. James était un peu surpris d'avoir réussi à dérouter Regulus. Il avait vu quelquefois le plus jeune le regarder pendant qu'ils s'affrontaient car leurs regards s'étaient croisés et James avait toujours pensé qu'il le regardait pour apprendre de lui ou simplement parce qu'il était doué pour ce sport. Il ne comprenait pas pourquoi il était gêné. C'était normal de vouloir apprendre des autres et pour ce faire, il fallait analyser leurs jeux.

"Aww", dit James en se moquant. "T'es trop mignon quand tu ne sais pas quoi dire."

Il se leva, ébouriffa les cheveux du plus jeune et s'enfuit presque en courant. Il savait que Regulus aimait beaucoup ses cheveux et détestait qu'on y touche, un point commun avec son frère, alors il avait intérêt à courir loin, surtout après l'avoir taquiné.

Le lendemain, James s'assit à côté de ses amis à l'une des tables de la grande salle en souriant. Son interaction d'hier avec Regulus l'avait enjouée et il ne pouvait pas s'empêcher d'être de bonne humeur. Il se servit abondamment de nourriture, et commença à manger.

"Comment peux-tu manger autant", demanda Peter en regardant l'assiette de James.

"Je suis en pleine croissance et je joue au Quidditch. J'ai besoin de force."

"C'est injuste !", se plaignit le blond. "Si je mange la moitié de ce que tu ingurgites, je prends 10 kilos faciles !"

"Sirius mange plus que moi."

"N'importe quoi", répondit Sirius la bouche pleine.

"C'est vrai", admit Peter. "Tu ne surveilles pas ta ligne pour ton beau Remus ?" demanda Peter en riant, suivi de James. Sirius reposa l'une des trois cuisses de poulet qu'il avait mises dans son assiette.

"Tu as peut-être raison."

"Mais non," rétorqua Remus, "tu es magnifique Sirius n'écoute pas ces idiots, qui soit dit en passant, sont célibataires."

"Peut-être qu'ils sont jaloux de nous", dit Sirius en scrutant ses amis.

Ils rirent et se mirent à discuter de leurs prochains cours. James participa activement à la conversation tout en laissant courir son regard sur la table du fond pour croiser le regard de Regulus qui le regardait déjà. Celui-ci sursauta presque et James lui envoya un sourire et Regulus reporta son attention bien trop rapidement sur son assiette. Regulus n'a plus relevé la tête de tout le repas et quitta la salle rapidement après avoir terminé son dîner.

 

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Remus, Peter et James avaient enfin trouvé une idée pour faire en sorte que les deux frères se parlent. Ils avaient simplement décidé de les réunir dans une pièce vide du château, sans objets qu'ils pourraient s'envoyer à la figure et à l'abri des regards et des oreilles indiscrets. Ils avaient d'abord pensé à ensorceler la pièce, pour que les deux frères ne puissent qu'en sortir uniquement s'ils avaient trouvé un terrain d'entente, mais James savait pertinemment que Regulus allait déjouer leurs sortilèges, alors, ils avaient décidé d'utiliser une méthode "moldue".
Remus et Peter s'occuperaient de faire venir Sirius dans cette pièce pendant que James allait à la rencontre de Regulus et prétextait avoir trouvé un boursouf égaré dans le château qui refusait que James l'approche. Regulus l'avait suivi, un peu méfiant.

"Alors il est où ton boursouf Potter ?", demanda Regulus en inspectant la pièce.

"Il est...euh, là", dit James en voyant Sirius arriver. Aussitôt, les traits de Regulus se durcissaient et Sirius qui parlait joyeusement avec ses amis lança un regard noir à son frère.

"Qu'est-ce qu'il fait là lui ?"

"Sirius écoute", commença Remus en posant ses mains sur les épaules du plus petit, "nous pensons que vous devriez vous parler."

"Nous parler ?", demanda Sirius d'un ton méprisant en s'éloignant des mains de Remus.

"Tu m'as attiré ici pour ça ?", demanda Regulus avec amertume à James. Regulus amorça un mouvement pour s'en aller mais James passa ses bras sous ses aisselles pour le retenir. Regulus lui envoya un regard noir et tenta de se dégager.

"S'il te plaît Regulus, accorde lui cinq minutes", supplia James.

"Il n'a rien à accorder du tout, je m'en vais", dit Sirius. Remus se posta devant lui et posa ses mains sur ses épaules.

"Patmol, j'aimerais que tu discutes avec lui. Je sais que tu souffres de cette situation." Remus se pencha pour murmurer à son oreille, "si tu ne le fais pas pour lui ni pour toi, fais-le pour moi. D'accord ?" James vit Sirius hésiter.

"Sirius, je t'assure que Regulus pense sensiblement la même chose que toi sur toute cette histoire de sang pur", dit James.

"Lâche-moi, tout de suite", dit Regulus à James en articulant chaque moi. James le lâcha et recula d'un pas. "Et qu'est-ce que tu en sais d'abord ?" demanda-t-il, amère à James qui lui lança un regard de chien battu en réponse. Sirius soupira et sembla reporter sa colère sur son frère.

"Bon, on vous laisse quelques minutes", dit Remus. Soyez gentils l'un envers l'autre.

Les trois garçons s'éloignèrent, James a été un peu étonné que Regulus ne cherche pas à les suivre, puis Remus ferma la porte pour leur laisser un peu d'intimité.
À l'intérieur, aucun des frères ne parla. Regulus fixait son frère avec colère pendant que celui-ci avait croisé les bras et fixait le mur. Ils restèrent ainsi deux bonnes minutes avant que Sirius ne cède, c'était peut-être sa seule chance et il s'en voudrait s'il laissait filer son frère.

"Pourquoi est-ce que James a dit que tu étais d'accord avec moi sur cette histoire de sang pur ?", demanda-t-il sans le regarder.

"Parce que c'est un idiot." Sirius releva la tête.

"N'insulte pas mes amis. Et répond à la question. Est-ce que tu penses que les moldus valent moins que nous ?", demanda-t-il avec colère. "Que nous devrions nous reproduire uniquement avec une autre famille de sang pur ? Que l'homosexualité est contre-nature ? Que nous pouvons maltraiter les créatures 'inférieures' ? Que nous ne sommes pas supérieurs aux autres à cause de notre sang si pur ?"

"Bien sûr que non !"

"Non quoi Regulus ?"

"Non je ne suis pas d'accord avec ça, et si tu avais un jour vu plus loin que le bout de ton gros nez tu le saurais."

"Qu'est ce que tu veux dire ?"

"C'est moi qui prenais soin des elfes de maison que les parents maltraitaient. Pourquoi crois-tu que Kreattur me suit partout ? Il sait qu'il est en sécurité avec moi. Je me fiche que les gens que je côtoie soient des sang mêlés ou des sangs purs, et tu le saurais si tu avais pris la peine de me regarder, je n'adresse jamais la parole à ceux qui se vantent d'être des sangs pur. Sirius parut déconcerté. Et je me fiche complètement de ce que font deux mecs quand ils sont seuls dans une chambre. En revanche, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi Remus est avec toi. Je savais qu'il était déjà assez idiot puisqu'il traînait avec toi et Potter mais je ne pensais pas que c'était à ce point."

"Ne mêle pas Remus à ça ! Et je t'ai dit de ne pas insulter mes amis", dit-il plein de rage.
"Ou quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire ?"

"Je vais partir."

"Oui, c'est bien la seule chose que tu sais faire." Sirius sentit son cœur se serrer.

"Est-ce que tu m'en veux ? D'être parti ?" Regulus détourna la tête et Sirius comprit que son frère avait été blessé d'être laissé derrière.

"Non, la maison est beaucoup plus calme depuis que tu n'y es plus."

"Je suis désolé d'être parti. Je m'en veux de ce qu'est devenue notre relation", ajouta-t-il après un moment.

"Hum."

"Est-ce que... Est-ce qu'on peut essayer d'arranger les choses ?"

"Comment ?"

"On pourrait passer un peu plus de temps ensemble", répondit Sirius incertain.

"Personne ne peut me voir avec toi, si les parents l'apprennent..."

"Je sais. On pourrait se retrouver dans un endroit quelque part et faire nos devoirs ensemble. Par exemple. "

"Je ne peux pas faire mes devoirs avec toi, tu es trop bruyant."

"Hé, je peux être calme pendant une heure ou deux !"

"Très bien", soupira Regulus, "on se retrouvera dans les serres après la fin des cours. Les mercredis et vendredis. "

"Ça me va." Ils se toisèrent pendant un instant, puis Sirius ajouta quelque chose que les trois autres n'entendirent pas à travers la porte.

James, Remus et Peter sursautèrent en entendant Sirius poussé un cri de douleur à l'intérieur de la pièce. Ils l'ouvrirent à la volée pour découvrir Regulus les bras croisés à côté de son frère qui se frottait le crâne.

"Il m'a tiré les cheveux", se plaignit Sirius en se tournant vers ses amis. Il avait pris un air de chien battu. "Remus, dit quelque chose !" Remus leva les mains en l'air, ne voulant pas s'interposer entre les deux frères.

"Je m'en vais", dit Regulus en partant pour de bon.

"Alors ?" demanda James à son ami. "C'est arrangé ?"

"Je crois que c'est trop tôt pour le dire, mais on s'est fixé des rendez-vous le mercredi et le samedi."

"C'est génial !"

 

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Sirius avait eu trois 'rendez-vous' avec Regulus au cours duquel ils passaient leur temps à réviser, à lire ou à contempler les plantes de la serre. Ils avaient à peine échangé quelques mots.

"Bon, qu'est-ce qu'il y a ?", demanda Regulus à son frère assis à ses côtés. Ils venaient d'arriver dans la serre et Regulus avait à peine entamé son livre.

"Comment ça ?", demanda Sirius, perplexe.

"Je vois bien que tu veux me dire quelque chose. Arrête de fixer stupidement ces plantes, ça m'agace." Sirius lui lança un regard noir puis inspira pour se donner un peu de courage.

"Et bien, je me demandais", il fit une brève pause hésitant à poser sa question à son frère puis se rappela qu'ils étaient ici pour arranger les choses, "pourquoi tu me dénonçait toujours aux parents quand je faisais une bêtise ? Tu savais pourtant ce qu'ils pouvaient faire non ?"

"Oui justement, je savais de quoi ils étaient capables. Quand ils nous 'punissent' nous, ils nous privent de nourriture pendant quelques jours, nous enferment quelque part ou nous lancent un sort pour nous faire souffrir, mais c'était tout."

"C'est tout ?", questionna Sirius avec dédain.

"Oui tout. Tu as une idée de ce qu'ils faisaient aux elfes de maison ?" Sirius sembla réaliser quelque chose. "Ils n'hésitaient pas à leur lancer des sortilèges impardonnables, à les envoyer chercher des objets dans des endroits très dangereux dans lesquels ils étaient sûrs de mourir, à les torturer. Alors oui, quand tu faisais quelque chose susceptible de les énerver, je te dénonçais pour éviter qu'ils fassent payer à un elfe innocent s'ils n'arrivaient pas à prouver que c'était toi le coupable." Sirius resta sans voix.

"Je n'avais pas réalisé", admit-il.

"Est-ce qu'au moins pendant toutes ces années tu as pensé une seule fois à eux ?" Sirius baissa la tête.

"Mais parfois je n'avais rien fait et tu m'accusais quand même, pourquoi ?", demanda-t-il au bout d'un moment.

"Quand les elfes faisaient des erreurs, ce qui arrivait rarement, je disais aux parents que c'était l'un de nous, parfois toi, parfois moi. J'essayais d'accuser celui contre qui ils étaient le moins en colère sur le moment." Sirius se rappela que parfois, son frère avait été puni et il n'avait jamais su pourquoi. Il comprenait maintenant.

"Je suis tellement désolé Regulus. Tu t'es toujours soucié d'eux", affirma-t-il pour lui-même.



Sirius était rentré dans son dortoir une heure plus tard en se sentant affreusement mal. Depuis qu'il avait quitté la maison, il avait parfois pensé à son frère, mais presque jamais aux autres habitants du manoir.
Le dimanche de cette même semaine, James reçut une lettre de Regulus lui demandant de le rejoindre dans un des couloirs du château avec la carte. James avait été un peu surpris par cette demande mais était heureux de pouvoir passer quelques instants avec le Serpentard.

"Salut", dit-il en arrivant au niveau du plus jeune qui attendait les bras croisés, le dos appuyé sur le mur derrière lui.

"Hum salut. Alors montre moi la carte." James lui tendit après l'avoir déverrouillé. Regulus semblait chercher quelque chose avec soin. Son inspection dura plusieurs minutes jusqu'à ce qu'il fronce les sourcils et grince des dents.

"Oh le fumier !"

"Qu'est-ce qu'il y a ?" James regarda la zone où le regard de Regulus se trouvait et y vit deux noms, Evan Rosier et Barty Croupton, seuls dans un des nombreux placards de l'école. "Qu'est-ce que ça fait ?"

"Evan m'a assuré qu'il ne voyait personne", expliqua Regulus tout en continuant à fixer les deux noms, "ce sale petit menteur." James eut un pincement au cœur. C'était la première fois que Regulus semblait s'intéresser à la vie sociale de quelqu'un d'autre et il ne pouvait pas s'empêcher de se demander si c'était parce que le Serpentard avait une quelconque relation avec l'un des deux garçons.

"Et alors ?"

"Et alors ?", répéta Regulus avec colère, "il m'a menti !"

"Mais pourquoi ça t'affecte tant que ça ? Tu... aimes bien Evan ?"

"Quoi ?", demanda Regulus avec une grimace de dégoût. "Qu'est-ce que tu vas t'imaginer Potter ?", dit-il comme si cette idée était complètement absurde. "Evan et moi sommes de bons camarades et comme il passait son temps à reluquer Barty je lui ai demandé s'il se passait quelque chose entre eux et il m'a affirmé que non. Pourtant je les ai vus plusieurs fois ensemble et disons que pour de simples amis, ils sont très tactiles. Maintenant je vais aller les surprendre et les obliger à admettre qu'il se passe quelque chose", dit-il en rendant la carte à James et en se dirigeant vers le lieu où se trouvaient les deux Serpentards. James désactiva la carte et le suivit. "Qu'est-ce que tu fais ?" demanda-t-il alors que James arrivait à ses côtés.

"J'aimerais savoir comment ça va se dérouler."

"Ils ne peuvent pas me voir avec toi. Comment je leur explique ta présence ?, réfléchis un peu Potter." Il secoua sa main pour chasser James et s'éloigna.

"Tu me raconteras hein ?", s'écria James. Il était curieux d'en savoir plus maintenant.

Alors qu'il retournait à son dortoir, James s'amusa à penser que Regulus ne supportait vraiment pas avoir tort et ne pas savoir quelque chose. Il était prêt à presque n'importe quoi pour avoir le fin mot d'une histoire. James aimait son côté fougueux et impétueux. Sirius était un peu comme ça lui aussi, mais chez Regulus il trouvait ça beaucoup plus...séduisant.

 

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"J'ai voulu t'emmener tu sais", dit Sirius à son frère lors de l'un de leurs moments à deux.

"Hum", se contenta de dire Regulus.

"Je pensais que tu refuserais. Je pensais vraiment que tu étais comme nos parents, j'étais vraiment con putain. Je pensais que tu étais comme eux mais je voulais quand même t'emmener. Puis le jour où j'ai décidé de partir, tu as dit à notre chère mère que c'était moi qui avais cassé son collier. Et j'ai pensé que ça serait inutile de te demander de venir avec moi."

"Ce n'est pas plus mal comme ça. Je peux toujours faire barrage entre les parents et les elfes de maison. Sans moi, combien serait mort ? Combien de plus je veux dire", ajouta-t-il en grimaçant. "Et puis, si on était parti tous les deux, les parents auraient cherché à nous retrouver et les Potter auraient eu des ennuis." Sirius acquiesça mais culpabilisait quand même.

"Salut vous deux", dit Remus aux deux frères en entrant dans la serre accompagné de James et Peter.

"Qu'est-ce que vous faites là ?", demanda Sirius avec joie.

"On s'est dit qu'on pourrait se joindre à votre tête à tête." Ils s'assirent face aux frères Black, en cercle. Remus à côté de son bien-aimé, Peter à sa suite puis James qui se trouvait également à côté de Regulus.

"Au fait, moi c'est Peter", dit le blond en regardant Regulus, "mais tu peux m'appeler Pet'."

"Je m'en tiendrai à Peter si tu me le permets, ce genre de familiarité me parait un peu prématuré."

"D'accord", répondit Peter en regardant Remus un peu mal à l'aise.

"Ne t'en fais pas Pet', il a toujours été comme ça."

"Oui, il faut juste apprendre à le connaître", ajouta James, "il a l'air d'un ours mal léché au premier abord, alors qu'au fond c'est une petite boule d'amour", termina t-il en regardant Regulus et en prenant une voix enfantine. Regulus lui lança un regard qui disait 'Mais qu'est ce que tu racontes Potter ?' et Sirius et James éclatèrent de rire.

"Oh je vous ai pas dit", commença Sirius, "je crois que j'ai une idée de nouveau tatouage."

"Encore ?", demanda James. Sirius s'était fait tatoué pendant l'été précédent, d'abord des lettres et des symboles sur les doigts puis un autre sur le torse. James avait vu Remus baver quand il l'avait vu pour la première fois avec ces tatouages.

"C'est quoi cette fois ?", demanda Remus.

"Devinez !"


Après de nombreuses tentatives infructueuses à trouver le prochain tatouage de Sirius, Regulus avait dû rentrer laissant les quatre garçons discuter encore un peu avant d'aller dîner.

"Moi ce que je me demande", commença Peter, "c'est qui est la personne qui fait craquer notre cher CorneDrue depuis quelques semaines."

"Mais oui c'est vrai ça", ajouta Sirius avec un sourire taquin.

"Quoi ? Mais qu'est-ce que vous racontez ?", demanda James en essayant d'avoir l'air aussi naturel que possible.

"Tu mens très mal James", dit Remus avec un sourire amusé.

"Je vous assure qu'il n'y a personne !"

"Oh allez, on te connaît, on voit bien que t'as un sourire idiot depuis quelque temps et puis on est curieux, c'est vrai quoi c'est la première depuis Lily", argumenta Sirius.

"C'est une fille de ton équipe de Quidditch ?"

"C'est vrai que la blonde de cinquième année passait pas mal de temps à te faire les yeux doux", dit Remus, pensif.

"Je ne vous dirais rien."

"Donc il y a bien quelqu'un ?", demanda Peter. James soupira.

"Oui mais c'est juste un béguin stupide et ça ne se fera jamais, alors j'aimerais éviter d'en parler", répondit James en posant sa tête sur ses genoux. Les trois garçons se regardèrent, peinés.

"Je ne connais pas tous les détails", dit Remus en posant une main sur son épaule, "mais, à part si c'est une professeur ou une élève de première année, tu ne devrais pas dire ça. Tout le monde dans l'école sait à quel point tu es drôle, courageux et gentil. N'importe qui pourrait tomber dans tes filets."

"Il a raison", dit Peter. James sourit légèrement.

"Merci les amis." Il s'en voulait de ne pas pouvoir leur dire que le problème était un peu plus compliqué que ça. Il s'agissait de Regulus, le garçon qui envoyait toujours chier James et qui par dessus tout, était le petit frère de son meilleur ami. Sirius lui en voudrait à mort, les deux frères venaient à peine de se retrouver et James ne voulait pas voler Regulus à Sirius, et c'est pourquoi il emportera son secret dans la tombe.

 

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"Tiens, ton livre", dit James en tendant le nouveau livre que lui avait demandé 'd'emprunter' le Serpentard à la réserve.

"Bien", dit simplement Regulus en le mettant dans son sac. Regulus ne s'était pas installé à sa table, se tenant simplement debout à côté. James s'attendait à ce qu'il parte directement après avoir récupéré son livre et s'étonna de le voir rester et de lui faire la conversation.

"Il y a quelque chose que j'aimerais savoir Potter", dit-il, presque incertain, ce qui étonna beaucoup James. Il n'avait jamais vu le plus petit douter de quoi que ce soit.

"Quoi donc ?"

"Est-ce que Remus est un loup-garou ?", demanda-t-il du tac au tac, en analysant la réaction de James. James avait l'impression que le sol s'effondrait sous ses pieds. La panique le gagna, il devait à tout prix nier et convaincre Regulus qu'il se trompait.

"Où est-ce que tu as été chercher cette idée ?", demanda-t-il en prenant un air interloqué.

"Et bien pour commencer, il y a vos surnoms ridicules. J'ai entendu Sirius l'appeler plusieurs fois lunard et j'ai remarqué depuis l'année dernière qu'il a toujours l'air exécrable avant une pleine lune et épuisé après. J'ai donc fait le lien."

"Tu te fais des idées bébé Black."

"J'en doute. Tu as eu l'air de tomber des nues quand je t'ai dit ça."

"Je te dis que tu te trompes."

"Tu mens très mal Potter."

"Juste ciel Regulus, tu peux parfois avoir tort, tu comprends ça ?", s'écria-t-il presque. Regulus haussa les sourcils l'air de dire 'Pourquoi est-ce que tu t'énerves alors ?' et James tenta de se calmer.

"Je ne dirais rien. N'as-tu pas confiance en moi ?", demanda-t-il en croisant les bras.

"Ce n'est pas comme avec la cape Regulus, ça concerne Remus et uniquement Remus. Je lui ai promis de garder son secret."

"Si ça peut te réconforter, tu n'as rien dit. J'ai deviné", expliqua-t-il avec une certaine fierté qu'il essayait de cacher, mais le Gryffondor le connaissait suffisamment pour la distinguer. Regulus n'était définitivement pas comme les autres. James le regarda avec un mélange d'admiration, d'émerveillement et peut être autre chose. Regulus ricana. Il avait l'air fier d'avoir compris tout seul. "Tu veux tellement m'embrasser que ça te donne l'air stupide", dit-il d'un ton cynique en se redressant.

"Quoi ?", demanda James en paniquant. "Qu'est-ce que tu racontes ?" Regulus fronça les sourcils. Il ne comprenait pas pourquoi le plus grand se mettait à paniquer pour une simple boutade. Il roula des yeux.

"Je suis simplement en train de me moquer de toi et de ton air stupide."

"Et si c'était le cas ?", demanda James en retrouvant un peu de confiance en lui. Il avait envie de taquiner un peu le Serpentard, après tout, il n'y avait pas que lui qui avait le droit de s'amuser aux dépens des autres. Regulus décroisa les bras, son sourire taquin perdu depuis longtemps.

"Le cas de quoi ?"

"Si je voulais t'embrasser", expliqua James en faisant un pas en avant. Regulus paru gêné un instant, il détourna les yeux et se recula, heurtant la table derrière lui. "Du calme. Je suis simplement en train de me moquer de toi et de ton air stupide", répéta-il avec un sourire taquin.

Regulus le bouscula et s'en alla après avoir levé les yeux au ciel. Est-ce que James se faisait des idées ou est ce que Regulus avait vraiment paniqué parce qu'il souhaitait peut-être que James l'embrasse ? Il se passa la main dans les cheveux en soupirant.

Lorsqu'il retourna à son dortoir, James se demandait ce qu'il devait faire. Dire à Remus que Regulus savait ou lui mentir pour ne pas l'inquiéter ? Il hésita longtemps, puis voyant Remus parlant joyeusement avec Sirius, décida de garder cet incident pour lui pour le moment.
Croyant que Regulus lui rendait peut être son intérêt, James avait décidé de tenter un rapprochement, au diable sa précédente résolution de ne rien tenter, il était faible face au Serpentard, mais ne savait pas exactement comment. Il y avait longtemps pensé mais aucune de ses idées ne semblait être la bonne. Puis un jour, il avait vu Regulus assis à une table de la bibliothèque alors qu'il était venu rendre des livres que Remus avait empruntés pour un devoir. Regulus était plongé dans son roman, il agrippait l'un des côtés de la table avec une main et ne l'avait pas remarqué, alors James s'était approché de sa table, avait fait glisser sa main sur celle de Regulus et il pourrait jurer qu'il l'avait senti frissonner. James s'était retourné et Regulus avait fait de même et James lui avait donné un sourire qu'il espérait charmeur. Regulus avait fermé sa bouche qui était ouverte jusqu'alors et s'était empourpré, puis avait reporté son attention sur son livre. James avait ensuite pris la direction de la sortie avec un sourire, s'était retourné juste avant la porte pour regarder une dernière fois Regulus qui le regardait déjà et qui dévia rapidement son regard vers son livre une nouvelle fois. James avait senti sa poitrine s'échauffer.

 

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C'est début novembre qu'un incident se produisit. Le quatuor grignotait des confiseries dans un champ aux alentours de Poudlard en compagnie de Regulus, leurs écharpes aux bouts de leurs nez et leurs gros manteaux sur les épaules.

"Et là Snivellus à glissé et s'est rétamé devant tout le monde", explosa Sirius. "T'as pas trouvé ça drôle Regulus ?"

"C'était hilarant", répondit-il sans joie.

"Pff, t'es pas drôle", répondit Sirius en gonflant les joues.

Regulus haussa les épaules et attrapa un chocolat duquel il prit une petite bouchée et qu'il mâcha lentement en fixant un groupe de jobarbille qui volait non loin. Ses cheveux se soulevaient au gré du vent et l'atmosphère nuageuse rendait son teint encore plus pâle qu'à l'accoutumé. James resta un long moment à le fixer, un sourire idiot au coin de la bouche, le chocolat qu'il avait lui-même entamé plus tôt oublié, en train de fondre entre ses doigts. Regulus était vraiment magnifique et il pouvait le contempler des heures durant. Puis Regulus arrêta sa contemplation du groupe de jobarbille pour terminer son chocolat et James, se rendant compte qu'il l'avait fixé la bouche à moitié ouverte, détourna le regard pour tomber dans celui de Sirius qui perdait lentement son sourire. Puis il ouvrit la bouche, choqué et fronça les sourcils tout en le regardant. James se mit à paniquer et détourna le regard pour continuer à manger, prétextant qu'il ne s'était rien passé d'étrange. Peter, Remus et Regulus parfois, continuèrent à discuter un moment ne se rendant pas compte de ce qu'il s'était passé un instant plus tôt. Sirius ne dit plus un seul mot du reste de l'après-midi sous les regards curieux des trois autres. Il avait passé environ une heure à serrer les poings en fixant un point devant lui avant de se lever précipitamment faisant presque sursauter James.

"J'ai mal à la tête, je vais rentrer me reposer." Puis il tourna les talons.

"Je vais aller avec lui", dit Remus inquiet.

"Je dois aller à Pré-au-lard", expliqua Regulus en se levant à son tour. "Je vous laisse", dit-il en s'éloignant. James le salua et se précipita derrière Sirius, suivi de Peter et Remus qui échangèrent un regard interloqué.

"Sirius attend ! Sirius", appela James en arrivant à ses côtés. Il attrapa le poignet de son ami qui se dégagea automatiquement de sa prise.

"Comment oses-tu", cria Sirius en frappant les épaules de James tout en le poussant.

"Je suis désolé, je te jure", dit James avec un air coupable que les garçons ne lui avaient jamais vu.

"Désolé ? Désolé ?", répéta Sirius en criant.

"Mais qu'est-ce qu'il se passe ?", demanda Peter incrédule. Sirius et James plaisantaient ensemble joyeusement il n'y a même pas une heure et maintenant ils se criaient dessus. Peter et Remus n'y comprenaient rien.

"Ce qui se passe ?", répéta Sirius. "Je vais te dire ce qu'il se passe. Le béguin de James, son putain de béguin c'est mon petit frère", dit-il avec fureur en poussant une nouvelle fois James. Remus et Peter écarquillèrent les yeux et fixèrent James, attendant un démenti. Celui-ci baissa la tête.

"Oh", dit simplement Remus.

"Je suis désolé Sirius, je t'assure. Je n'ai pas choisi de ressentir ça et je t'assure que je le contrôle parfaitement."

"Je m'en fiche, tu vas arrêter de ressentir ça tout de suite."

"Sirius", tonna Remus, "tu ne crois pas que tu vas un peu loin ?"

"Non, pas maintenant Remus s'il te plaît."

"Sirius", commença Remus en passant son bras autour de ses épaules. "James est ton ami et tu ne peux pas demander à quelqu'un d'arrêter de ressentir quelque chose du jour au lendemain. Regarde-le, il a l'air de se sentir mal." Sirius posa les yeux sur James, rencontra ses grands yeux tristes et souffla.

"Rentrons."

Sirius avait été distant avec James pendant une longue semaine, et même quand il a recommencé à lui parler normalement, il semblait y avoir un petit malaise entre eux. Ils ne s'étaient pas retrouvés une fois seuls tous les deux et quand Regulus était présent, Sirius dardait des regards agacés à James si bien que ce dernier n'osait plus poser ses yeux sur Regulus plus d'une demie seconde.

Il faudra attendre début décembre pour que Sirius revienne vers lui et ce n'était clairement pas pour les raisons que James aurait souhaitées.

Il avait revu Regulus qui avait besoin de lui une nouvelle fois pour un livre de la réserve et étrangement il ne lui avait pas reparlé de leur moment à la bibliothèque quelques semaines plus tôt. C'était la première fois qu'ils étaient seuls tous les deux depuis et James aurait pensé que Regulus aurait eu quelque chose à dire. Il se décida alors à tenter un nouveau rapprochement, lorsque Regulus lui tendit le livre qu'il devait remettre en place, il posa sa main sur la sienne pour en caresser son dos avant d'attraper le livre. Regulus resta sans voix un instant, fixant sa main avant de se mordre la lèvre inférieure et d'inspirer bruyamment. 

"Potter, je crois que je dois mettre les points sur i. J'aurais préféré éviter cela mais il me semble que tu ne me laisses pas le choix. J'ignore si tu essayes de me", il sembla chercher ses mots, "de me faire du charme ou si tu es juste beaucoup trop envahissant par nature mais je n'apprécie pas du tout cela." James perdit son sourire instantanément. Il sentit son cœur battre d'effroi à l'entente des paroles de Regulus.

"Je pensais que peut-être, enfin", il bégayait, cherchant les mots justes à dire dans une telle situation mais ne parvint pas à les trouver. "Alors tu ne... ?" Il n'arrivait pas à en dire plus. Regulus souffla d'ennui.

"J'ignore pourquoi tu es venu à penser que je te retournais tes sentiments ou je ne sais ce quoi que tu peux ressentir, mais non Potter, je ne ressens rien de spécial pour toi. Au cas où tu aurais oublié, je ne te parlais qu'uniquement qu'en j'avais besoin de toi. J'imagine que c'est ton ego surdimensionné qui te joue des tours. Il faut vraiment que tu arrêtes de te croire aussi intéressant. Toutes les personnes qui t'adressent la parole ne sont pas forcément à tes pieds. Si tu veux tout savoir je te trouve fatigant, as-tu besoin d'être surexcité sans arrêt ? Après avoir passé cinq minutes avec toi, je me sens épuisé mentalement." Il y eut un silence pesant entre eux durant lequel James fixa ses pieds, répétant les paroles de Regulus dans sa tête. Il espérait un peu avoir halluciné ou alors que celui-ci lui dirait que c'était une blague.

"Merci d'avoir été honnête, je vais te chercher ton livre."

"Non. Contente-toi de ranger celui-là", dit-il, puis il quitta la bibliothèque sans un regard en arrière.

James rangea grossièrement le livre et courut presque à son dortoir. Il se jeta sur son lit, ferma les rideaux et pleura. Heureusement que ses amis étaient sortis, il pouvait pleurer aussi fort qu'il le souhaitait. Il savait qu'il avait de fortes chances d'être repoussé, mais il ne s'attendait pas à ce que cela fasse si mal.
Sirius, Remus et Peter entrèrent dans leur dortoir en riant de la nouvelle blague qu'ils avaient faite à Severus quand ils découvrirent que les rideaux de James avaient été tirés. Sirius s'approcha en souriant.

"James ? Tu te branles ?" Il tira les rideaux et découvrit James allongé sur les couvertures, la tête dans l'oreiller. "James ?" Son ton était inquiet cette fois.

"Laisse-moi", répondit James d'un ton las.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda Remus en allant s'asseoir sur le bord du lit de James. Sirius s'assit de l'autre côté et fut rejoint par Peter.

"Qu'est-ce qu'il y a mon pote ?", questionna le blond. James posa sa joue contre l'oreiller de façon à pouvoir voir ses amis.

"Disons que...Sirius n'a plus à s'inquiéter que je sorte avec son frère."

"Qu'est-ce que tu veux dire ?" demanda Remus en posant une main sur son épaule.

"Il a compris que... Je l'aimais bien et m'a mis un râteau monumental."

"Quoi ? Raconte-nous tout", exigea Sirius. James leur compta sa rencontre avec le Serpentard et un silence s'installa dans la pièce.

"Ce petit enfoiré, je vais aller le voir et lui dire qu'on ne parle pas comme ça aux gens", grogna Sirius.

"Non, surtout pas. Je ne veux pas que vous vous disputiez à cause de moi." Remus passa sa main dans les cheveux de James.

"Ne t'en fais pas James. Ce garçon n'était pas pour toi."

"Il est cruel, je t'avais prévenu", dit Sirius en posant une main dans le dos de James.

"Il ne s'est jamais montré très sympathique avec toi", reprit Remus. "Tu mérites mieux."

"Je pense que tu as besoin de temps, et on serra là pour t'épauler", consola Peter.

"Et tu es sûr de-"

"Je peux le changer", dit James en s'asseyant, coupant la parole à Sirius. Presque tout trace de tristesse avait quitté ses yeux.

Il y avait réfléchi un moment et il avait partagé de bons moments avec le Serpentard, et il pensait que peut-être Regulus avait apprécié lui aussi sa compagnie, alors peut-être qu'avec un peu de patience, ils pourraient devenir amis, et peut-être, un peu plus tard, potentiellement, devenir plus. Il ne pouvait pas abandonner comme ça, sans avoir eu une réelle discussion avec lui. Et puis c'était dans sa nature d'être optimiste, il n'y pouvait rien.

"Non, tu ne pourras pas", affirma Sirius.

James ne savait pas s'il était préférable d'ignorer les avertissements de ses amis ou de les prendre en compte. Il essayait de rester positif mais cette situation l'affectait beaucoup.
Les jours suivants, tous ses proches s'étaient rendu compte que James était malheureux, mais ne savaient pas pourquoi. À l'entraînement de Quidditch, il avait fait n'importe quoi, marquant à peine quelques points, il s'était ensuite pris un cognard et avait dû rester toute la journée à l'infirmerie. Il ne bavardait plus en classe, surprenant ses professeurs, et même si ceux-ci étaient heureux d'avoir un peu de calme pendant leurs cours, ils s'inquiétaient un peu pour le jeune homme, surtout McGonagall. Ses amis essayaient de lui remonter le moral et il n'y avait qu'avec eux qu'ils se sentaient mieux, il leur était vraiment reconnaissant.

C'était la première fois qu'il se faisait éconduire par quelqu'un et ce même sans avoir confessé ses sentiments et il devait admettre qu'il n'imaginait pas que ça serait autant douloureux. Au cours de ses années à Poudlard, il avait eu de nombreuses confessions de la part d'élèves, que ce soit par formes de lettres laissées dans son sac ou envoyées par hiboux, de vive voix, quand ses admiratrices lui demandaient à lui parler seuls à seuls et il avait toujours veillé à leur dire qu'il était touché par leurs confessions mais qu'il ne ressentait pas la même chose de manière très douce. Il avait vu certaines personnes s'enfuir en pleurant et il n'avait, à l'époque, pas vraiment compris pourquoi ces personnes se mettaient dans des états pareils pour lui. Aujourd'hui, il commençait à comprendre. Il se disait que même si Regulus lui avait gentiment expliqué qu'il ne ressentait rien pour lui, il aurait déprimé autant. C'était assez ironique toute cette situation quand il y pensait. C'est vrai, il pourrait pratiquement avoir qui il voulait dans cette école, mais la seule personne qui l'intéressait n'en avait rien à faire de lui.

James n'avait croisé Regulus que pendant l'heure des repas et le Serpentard semblait l'ignorer royalement mais James ne pouvait pas s'empêcher de lui jeter des coups d'œil toutes les dix secondes.

"Arrête de le regarder", ordonna Sirius en voyant où se perdait le regard de son meilleur ami.

"C'est plus fort que moi", soupira James en prenant une bouchée de nourriture. Remus lui jeta un regard empli de compassion.

"C'est qu'un petit con. J'ai été l'engueuler hier, c'est tout ce qu'il méritait."

"Sirius je t'ai dit de ne pas le faire !", s'énerva James.

"Je sais mais il mérite que je le remette à sa place. On ne blesse pas mon meilleur ami sans en subir les conséquences."

"Qu'est-ce qu'il a dit ?", demanda James en prenant un air détaché. Sirius leva les yeux au ciel et Peter se mit à rire.

"Tu le connais, il a dit que ça ne me regardait pas, qu'il faisait ce qu'il voulait puis il m'a envoyé chier. Enfin il a essayé parce qu'on ne se débarrasse pas de moi comme on le souhaite."

"Remus en sait quelque chose hein ?", dit Peter amusé. Sirius lui lança un regard noir et poursuivit.

"Je lui ai dit qu'il n'avait plus intérêt à s'approcher de toi". James fit la moue. Il n'avait pas envie que Regulus se tienne loin de lui.

"Mais et toi, ta relation avec lui ça va ?", demanda James avec inquiétude.

"Oui t'en fais pas", dit Sirius en secouant sa main comme pour balayer l'idée. "On est frère, c'est normal qu'on se dispute. On doit se voir mercredi prochain. Mais je ne lui adresserai pas la parole."

"Je parie que ça lui fera plaisir de ne pas t'entendre", ajouta Remus. Sirius prit un air offusqué.

"Et bien dans ce cas je n'arrêterais pas de parler !"

"Oh non le pauvre, je sais qu'il n'a pas été sympa avec James mais il ne mérite pas cela", dit Peter. Sirius lui donna un coup de pied sous la table sous les rires de deux autres.

"J'ai pensé qu'on pourrait peut-être le punir un peu", dit Sirius en se penchant sur la table pour être sûr que personne ne l'entendait. Les trois autres semblaient intrigués.

"Le punir ?"

"Qu'est-ce que tu veux dire par là ?", questionna le blond.

"On pourrait lui faire payer ce qu'il a fait."

"Tu ne crois pas que tu vas un peu loin ?"

"Calme-toi Remus", reprit Sirius, "je ne veux pas le faire souffrir. Mais on pourrait le faire accuser de l'une de nos farces, qu'en dîtes vous ?", demanda-t-il avec un sourire espiègle.

"Je sais pas trop", répondit James.

"Oh, allez ! Ça pourrait être marrant. Et il pourra réfléchir à ce qu'il a fait pendant ses heures de colle. Vous vous rendez compte que c'est sa cinquième année et qu'il n'a jamais été collé ?"

"Oh ! Non ?", s'offusqua faussement Peter.

"Il va falloir remédier à cela alors", dit Remus en souriant malicieusement à ses amis.

Ils avaient mûrement réfléchi à comment piéger Regulus et avait opté pour l'option suivante; Sirius, armé de la cape d'invisibilité de James, allait mettre des bombabouses dans le sac de cours de Regulus pendant qu'il était lui-même en cours, puis allait les déclencher pendant que McGonagall faisait son blabla habituel et Regulus serait puni.
Le jeudi suivant, Sirius avait donc suivi son frère avec la cape d'invisibilité sur le dos jusqu'à sa salle de classe, s'était assis contre le mur non loin du Serpentard et patienta un moment, pendant que ses amis attendaient dehors. Puis, au bout d'une trentaine de minutes, Sirius avait placé discrètement les bombabouses dans le sac posé par terre, s'était éloigné et les bombabouses avaient explosé, surprenant tout le monde de par leurs puanteur. Il avait fallu cinq bonnes minutes à McGonagall pour régler la situation et Regulus avait l'air confus. Sirius devait se mordre les joues pour ne pas rire. McGonagall avait simplement dit au Serpentard perplexe qu'il devait venir la voir à la fin du cours et Regulus n'avait pas levé le nez de son parchemin pendant le reste du cours. Puis, quand les élèves étaient sortis, Sirius les avait suivis et avait rejoint ses amis qui attendaient derrière la porte.

"Alors ?" demanda Remus en chuchotant.

"Ça a fonctionné, elle croit que c'est lui le coupable", dit-il en riant.

"Regardons discrètement", dit James.

Le quatuor passa la tête par l'embrasure de la porte et voyait McGonagall qui grondait Regulus. Celui-ci fixait ses pieds comme un enfant qui avait été pris sur le fait et James sentit son cœur se serrer.

"Je m'attendais à mieux de votre part monsieur Black."

"Mais je vous jure que ce n'est pas moi", implora-t-il.

"Vous voulez dire que ces bombabouses se sont retrouvées là comme par magie ?", demanda-t-elle avec colère. Les larmes montèrent aux yeux du Serpentard qui détourna la tête et croisa le regard de James, puis gêné, regarda à nouveau ses chaussures. Remus, Sirius et Peter avaient éloigné leurs têtes de la porte quand Regulus avait regardé dans leur direction et avait tiré James pour qu'il se recule, mais James avait eu le temps de voir les épaules du Serpentard tressauter au rythme de ses sanglots. James soupira et s'avança dans la salle de classe sous les chuchotements agacés et paniqués de ses amis.

"C'était moi", dit-il en s'avançant avec un air coupable. "C'est moi qui ai mis ces bombabouses dans le sac de Regulus", expliqua-t-il. Sirius, encore derrière la porte, grinça des dents, frappa le mur avec son poing puis s'avança à son tour dans la salle de classe sans entrain.

"Je l'ai aidé", dit-il, sans air coupable dans son cas.

"Oui, c'est tout de suite plus plausible", dit McGonagall. "Vous serez en retenue pendant une semaine. Monsieur Black, je suis désolé d'avoir douté de vous", dit-elle d'une voix plus douce en posant sa main sur l'épaule du plus jeune qui fixait toujours le sol.

"Oui Professeur", répondit simplement James en regardant Regulus.

Ils se dirigèrent vers la sortie puis James accéléra le pas pour rattraper le Serpentard et l'interpella.

"Regulus, attend. Je suis désolé, c'était vraiment stupide." Regulus s'arrêta puis se tourna alors vers eux, les yeux et les joues secs et son air impassible de nouveau sur son visage. Il n'avait pas du tout l'air bouleversé. James était un peu perdu. N'était-il pas en train de pleurer il y a à peine 30 secondes ?

"Je sais. Vous faites toujours des choses puériles n'est ce pas ?"

"Je comprends pas", dit Peter en regardant ses amis.

"Il nous a bien eus", répondit simplement Sirius en boudant.

"Tu, t'as fait exprès de pleurer ?", demanda James, incertain.

"Bien sûr. Pourquoi est-ce que je pleurerais pour quelque chose d'aussi insignifiant qu'une heure de colle ?"

"Je le crois pas", dit Remus en se tapant le front avec sa main.

"Tu peux pleurer sur commande ?"

"Bien sûr."

"On s'est vraiment fait avoir", constata James.

"Tu viens de trouver ton maître Potter", dit-il en fixant le brun, dont le cœur tambourinait dans sa poitrine. Puis il s'éloigna, laissant les quatre amis encore sous le choc.

"Ce sale petit... fils de...de zob !", s'écria Sirius avec colère.

"Tu savais qu'il pouvait faire ça ?", demanda Peter à Sirius.

"Je l'ai déjà vu pleurer sur commande mais c'était quand on était petit, j'ignorais qu'il pouvait encore le faire."

"En tout cas", commença James, "je constate que vous ne vous êtes pas dénoncé", dit-il en regardant Remus et Peter.

"Désolé mais j'avais vraiment pas envie d'être collé."

"Mais on aurait pu passer ces heures de colle ensemble Remus", dit Sirius en prenant une mine boudeuse.

"On se verra quand tu sortiras de retenue."

"Oui et puis je serais avec toi", dit James. Sirius n'avait pas l'air de s'en réjouir. "Hé !" s'offusqua le brun.


James avait dû attendre le retour à Poudlard après les vacances de noël pour enfin discuter seul à seul avec Regulus. Le Serpentard l'avait croisé dans un couloir et après une hésitation nettement visible, s'était dirigé vers lui. James sentit son cœur battre à toute allure, s'inquiétant de savoir ce que le plus petit lui voulait. Il se faisait mille scénarios dans sa tête, les pires étant ceux où Regulus lui disait qu'il ne voulait plus jamais le voir.

"Potter", dit celui-ci en s'arrêtant face à lui.

"Regulus", dit James en se redressant. Le Serpentard ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Il soupira puis se racla la gorge.

"Je voulais m'excuser pour mon attitude il y a quelques semaines. Ce que je t'ai dit été grossier c'était très mal élevé de ma part. J'aurais dû être plus courtois", termina-t-il en remettant la robe de son uniforme correctement.

"Je, euh, merci." Regulus hocha la tête. "Est-ce que c'est Sirius qui t'a demandé de t'excuser ?" Le Serpentard eut l'air offusqué par cette question.

"Est-ce que j'ai l'air de faire ce que cet imbécile me dit ?"

"Euh non", admit James. Regulus se calma. "Amis ?", demanda-t-il en tendant la main.

"Amis ?" répéta Regulus en grimaçant.

"Bien, disons, bons camarades en l'honneur de ce qui nous unis à Sirius ?"

Regulus sembla trouver ses propos stupides mais attrapa quand même sa main avec peu d'entrain. James sourit et secoua vivement sa main. C'était sans doute son dernier contact physique avec le Serpentard, il faisait tout pour le faire durer un peu plus longtemps.
Puis, Sirius, Remus et Peter étaient arrivés, une expression de stupeur sur leurs visages. Sirius s'était énervé de voir Regulus avec lui, mais James lui avait assuré que tout allait bien. Plus tard, quand ils s'étaient retrouvés seuls dans leur dortoir, James avait expliqué pourquoi Regulus était avec lui plus tôt et Sirius était presque tombé de son lit. Il avait eu l'air ahuri pendant un long moment puis avait expliqué qu'il n'avait pratiquement jamais entendu son frère s'excuser. Même quand ils étaient plus jeunes et que leurs parents s'en prenaient à lui, il trouvait toujours un moyen de s'excuser s'en dire qu'il était désolé. Peter avait plaisanté en disant que peut-être, finalement, James avait ses chances et Sirius s'était jeté à sa gorge. Remus et James avaient beaucoup de mal à faire lâcher sa prise à Sirius qui avait l'air décidé d'en finir avec son ami.

 

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James regardait à travers la fenêtre de la salle commune avec inquiétude. Il était à peine 18h mais la lune brillait déjà fort dans le ciel noir. Il redoutait toujours les pleines lunes, se faisant un sang d'encre pour Remus, seul dans cette cabane. Il se leva du fauteuil dans lequel il était assis en voyant une chouette frapper avec son bec contre la fenêtre, ouvrit cette dernière et prit la lettre que l'animal transportait. La chouette s'envola alors et il referma la fenêtre puis ouvrit la lettre. Il sentit son cœur s'arrêter en voyant ce qui était écrit "Severus semble être au courant, je crois qu'il se dirige vers la cachette de Lunard en ce moment même." L'écriture semblait être celle de Regulus. Mais comment Severus pouvait savoir ? Est-ce que James ne comprenait pas et en réalité Regulus essayait de lui dire autre chose ? Est ce que Regulus lui faisait une mauvaise blague par vengeance ? Peu importe, il n'avait pas le temps de réfléchir. Il fit un rapide tour de la salle avec ses yeux, Sirius et Peter n'étaient pas présents mais il remarqua Lily assise dans un des canapés avec Alice. Il se précipita vers elle, l'attrapa par le poignet et la tira avec force à l'extérieur de la salle.

"James mais qu'est ce qui te prends-"

"Écoute, je crois que Severus est en danger. Il se dirige vers la cachette, Remus risque de le tuer."

"Quoi ?", demanda-t-elle en perdant son air perplexe pour laisser place à de l'inquiétude.

"Préviens Dumbledore, moi je fonce au saule cogneur."

Elle hocha la tête et ils se mirent tous deux à courir, James vers le saule cogneur, Lily vers le bureau du directeur.

Quand James arriva, il trouva l'arbre immobile signe que Snape était déjà entré. James sentit son cœur battre à tout rompre à tel point qu'il avait l'impression qu'il allait bondir hors de sa poitrine. Il se précipita à l'intérieur du passage aussi vite qu'il le pouvait, il était épuisé par sa course mais l'adrénaline qui coulait dans ses veines lui permettait de continuer. En arrivant dans la cabane, il trouva Snape assis contre un mur et debout devant lui se tenait Remus sous sa forme de loup-garou qui s'apprêtait à lui donner un coup de patte. James se précipita devant le Serpentard, jeta un sort qui fit bondir le loup en arrière et qu'il espérait ne ferait pas trop de mal à son ami, attrapa le bras de Severus et se dirigea vers l'entrée du passage avec lui.

Ensuite tout s'était passé très vite. Dumbledore était arrivé et avait de nouveau repoussé le loup-garou qui essayait de les attaquer et avait ramené les garçons à Poudlard. Il avait ordonné à un Severus en colère de ne parler de cela à personne s'il ne voulait pas être renvoyé de l'école. Puis il avait renvoyé les garçons dans leurs dortoirs respectifs.

Quand Remus se réveilla le lendemain, il fut surpris de constater qu'il se trouvait à l'infirmerie et que le directeur Dumbledore était à ses côtés. Il inspira avec difficulté puis la panique le gagna. Si le directeur était là, ça ne pouvait signifier qu'une chose, il avait dû blesser, ou pire tuer quelqu'un.

"Monsieur, qu'est ce qu'il s'est passé ?", s'écria-t-il presque en s'asseyant.

"Tout va bien Monsieur Lupin, vous n'avez fait de mal à personne cette nuit", le rassure t-il de sa voix calme. Remus se détendit aussitôt. "Mais... Il semblerait que l'un de vos amis ait trahi votre secret. Severus Snape connaît dorénavant votre vraie nature. N'ayez crainte, il ne dira rien", assura-t-il en voyant Remus paniquer de nouveau.

"Non, ce n'est pas possible. Aucun de mes amis ne le répéterai à qui que ce soit. Encore moins à Snape."

"L'un d'eux à prévenu Monsieur Snape", dit Dumbledore avec un air désolé.

Remus se leva aussitôt et enfila les vêtements qui étaient posés sur la table de chevet, remarqua qu'il était à peine 7h et que ses amis devaient être dans leurs dortoirs et se dirigea aussi vite qu'il le pouvait vers eux.

En arrivant, il ouvrit la porte avec fracas et trouva les trois garçons assis sur leurs lits comme s'ils l'attendaient. Ils sursautèrent en voyant Remus et se mirent debout aussitôt.

"QUI ?", aboya Remus avec colère. "QUI LUI A DIT ?" Les trois garçons se tenaient devant lui avec un mélange de tristesse et de crainte sur son visage. Ils n'avaient jamais vu le plus grand autant en colère. "QUI LUI A DIT ?", répéta-t-il en s'avançant vers James et en lui criant au visage. James détourna les yeux. Il n'y avait qu'une réponse possible n'est-ce pas ? C'était forcément Regulus. James n'avait jamais dit à personne que le Serpentard savait et maintenant ils se retrouvaient dans cette situation. Remus allait le détester et ne lui ferait plus jamais confiance. "QUI ? QUI L'A DIT À SNAPE ?", cria-t-il en attrapant la chemise de James.

"Remus, je-"

"C'était moi", dit Sirius d'une petite voix. Remus lâcha James et recula d'un pas, le visage livide. James regarda son meilleur ami, surpris. Pourquoi se dénonçait-il ? Puis il remarqua l'expression de culpabilité qui rongeait son ami et il comprit. C'était bel et bien Sirius qui l'avait dit à Snape. Mais pourquoi ? James sentit une colère fulgurante monter en lui.

"Toi", dit Remus en regardant Sirius, les larmes commençant à couler de ses yeux écarquillés de stupeur.

"Rem' écoute", commença-t-il en pleurant, "je-"

"Non. Il n'y a plus de 'Rem' pour toi."

Remus sortis en claquant la porte. Sirius se mit à sangloter puis se tourna vers James.

"James", implora-t-il, cherchant du soutien.

James le regarda presque avec dégoût et sortit à la suite de Remus, puis Peter fit de même sans lui adresser un regard. Sirius s'écroula alors au sol et se mit à pleurer. Il pleura pendant un temps qui lui parut interminable, il n'avait pas souvenir d'avoir jamais pleuré autant. Puis, pendant un moment d'accalmie, s'allongea dans son lit et se remit à pleurer. Il n'irait pas en cours aujourd'hui et tant pis s'il avait des ennuis avec ses professeurs plus tard.
Il n'alla pas déjeuner le midi et ses amis ne rentrèrent pas de la journée au dortoir. Vers 19h30, son estomac criait famine alors il se dirigea vers la grande salle sans entrain. Il remarqua Remus accompagné de James et Peter vers le milieu de la table, il hésita un instant puis se dirigea à petit pas vers eux mais il croisa le regard de Peter qui secoua la tête de gauche à droite. Il s'arrêta en ayant envie de pleurer encore une fois et se dirigea vers une place libre à sa droite, et mangea seul. Il jeta des coups d'œil à ses amis qui n'échangèrent que quelques mots de temps à autre puis se levèrent et sortirent de la grande salle en ignorant Sirius.
Sirius ne termina pas son assiette, de toute façon il n'avait plus faim, et se leva à son tour pour se diriger vers sa chambre où ses amis devaient se trouver. En entrant, il remarqua James en train d'enfiler son haut de pyjama, Peter devait être dans la salle de bain et Remus était déjà couché dans son lit. Il s'avança alors vers celui-ci mais James pausa sa main sur son épaule et le repoussa.

"Fou lui la paix."

"Mais James je dois-"

"Ferme là ! Tu n'as plus droit de lui parler c'est clair ?", aboya James.

Sirius vit Remus fermer ses rideaux et retint difficilement ses larmes. Il se changea rapidement et s'installa dans son lit, la tête basse.
Il avait à peine dormi, la culpabilité le rongeant et s'était répété en boucle les choses qu'il devait dire à Remus une fois réveillé, alors quand il vit le plus grand se lever, il se jeta devant lui en lui agrippant le poignet. Remus essaya de se dégager mais Sirius le tenait fermement. 

"Remus je t'en prie, laisse moi t'expliquer !", implora-t-il les yeux larmoyants.

"Lâche-moi putain !"

"Remus ! Je suis désolé, je regrette tellement et je-"

"Je t'ai dit de ne pas lui parler", tonna James en éloignant Sirius de Remus.

"Laisse-moi m'expliquer James."

"Non, dégage !"

"Attends. Vas-y explique moi pourquoi tu lui as dit. Est-ce qu'il t'a menacé ? Est-ce qu'il t'a mis un couteau sous la gorge ? Ou est-ce qu'il t'a fait boire du veritaserum ? Hein ? Vas-y, dit moi", dit Remus avec hargne.

"Non", répondit Sirius d'une petite voix. "Je n'ai aucune excuse, il m'a rejoint dans une des cours et il a commencé à t'insulter, ça m'a vraiment énervé et c'est sorti tout seul, je suis vraiment désolé Rem'", expliqua Sirius en pleurant.

"Oh, je vois, si ce n'est que ça alors c'est pardonné. Après tout, tu avais une bonne raison de vendre ton petit ami. Monsieur Black était en colère", termina Remus d'un ton cinglant.

"Remus", appela Sirius en pleurant. Il ne savait plus quoi dire d'autre part qu'il était désolé.

"Mais enfin est ce que tu te rends compte de ce que tu as fait ? Tu voulais que je le tue ? Tu voulais que je vive avec ça sur la conscience ? Tu te rends compte que le ministère aurait pu me faire tuer ou m'emprisonner ?", cria-t-il. Peter s'était réveillé et regardait les trois garçons depuis son lit avec tristesse.

"Non, je n'y ai pas pensé, j'étais tellement-"

"Bien sûr que tu n'y as pas pensé ! Tu ne penses qu'à toi, tout le temps. Tu ne penses jamais aux autres, il n'y en a toujours que pour toi et ta petite personne. Tu as toujours été égoïste Sirius mais tu as dépassé les bornes cette fois."

"Je suis désolé Remus", dit-il en pleurant de plus belle.

"Je ne veux plus que tu m'adresses la parole." Il s'éloigna puis s'arrêta pour se tourner vers Sirius. "Tu n'es peut-être pas aussi différent de tes parents que tu ne le penses."

Puis il se dirigea vers la salle de bain. Sirius l'avait regardé choqué par ses propos, à tel point que ses larmes avaient cessé de couler. James parut hésiter à dire quelque chose à Sirius mais sembla se raviser puis se dirigea vers son armoire. Sirius se dirigea vers son lit et se recoucha sans un mot. Il n'allait pas en cours ce matin-là non plus.
Il avait été déjeuné assez tôt, vers 11h30 pour être sûr de ne croiser personne dans la grande salle puis s'était ensuite dirigé à l'extérieur du château et s'était assis au bord du lac noir. Il avait pleuré un moment puis s'était calmé et il se contentait maintenant de fixer le paysage devant lui sans penser à rien.

"Tu n'es pas facile à trouver", dit une voix à ses côtés. "Comment se fait-il que lorsque je ne veux pas te voir tu es toujours dans mes pattes, mais quand j'ai besoin de toi tu es introuvable ?", demanda Regulus en s'asseyant sur le banc à ses côtés. Sirius l'ignora. "Tu t'es disputé avec eux ?", questionna le Serpentard au bout d'un moment.

"Laisse-moi Regulus." Regulus lui lança un regard indéchiffrable.

"Raconte-moi."

"Je ne peux pas", dit-il d'une petite voix.

"Est-ce que ça a un rapport avec le secret de Remus ?"

"Quoi ?", demanda Sirius en tournant vivement la tête vers son frère.

"Je l'ai compris il y a un moment. Son surnom, 'Lunard' ce n'est pas vraiment très discret." Sirius baissa la tête. "Qu'est-ce qu'il s'est passé alors ?"

"Je l'ai dit à quelqu'un."

"Snape oui je sais. Mais pourquoi ?", demanda Regulus en fronçant les sourcils.

"Je l'ai pas fait exprès. Snivellus est venu me faire chier, il a insulté Remus, il disait qu'il savait que c'était un monstre et qu'il allait le faire virer. Je lui ai dit qu'il n'avait aucune preuve et il m'a répondu qu'il allait en trouver, alors j'ai répondu qu'il devrait passer par le passage sous le saule cogneur pour en trouver. J'espérais, je sais pas, qu'il se fasse blesser ou qu'il ai juste peur et que ça le calme et qu'il foute la paix à Remus. J'ai pas pensé à Remus. J'ai vraiment été égoïste. Et maintenant mes amis ne veulent plus me parler."

"Je comprends. Ce n'était pas vraiment intelligent mais parfois on fait des choses stupides quand on est submergé par nos émotions." Sirius paru surpris. Est-ce que Regulus essayait de le réconforter ? "Et puis tu as toujours été", il chercha ses mots comme s'il essayait de trouver une manière gentille de dire quelque chose, "dans l'excès."

"Tu ne dis pas ça pour être gentil ?"

"Non mais tu ne me connais pas ou quoi ? Est-ce que je dis des trucs juste pour être gentil ?", s'énerva Regulus. Sirius le regarda un instant.

"Non", répondit-il honnêtement. "Mais qu'est-ce que je peux faire Regulus ? Ils ne veulent plus me parler !"

"Tu t'es excusé ?"

"Oui ! Je ne suis pas comme toi."

"Alors attends un peu. Quand la colère s'amenuisera ils seront sans doute plus enclins à t'écouter." Sirius savait qu'il avait raison. Puis il réalisa quelque chose.

"Tu n'es pas censé être en cours à cette heure ?"

"Non."

"Regulus ?"

Il avait convenu avec son petit frère qu'il devait arrêter de sécher les cours, alors il y est retourné l'après-midi. Ses amis, enfin s'il pouvait toujours les appeler comme ça l'avait une fois de plus ignoré.

Un mois avait passé comme ça, Sirius, de mauvaise humeur, répondait souvent aux professeurs lorsqu'ils l'agaçaient et se trouvaient souvent en retenue. Il arrivait aussi souvent en retard en cours, surtout à ceux du matin, ce qui énervait ses professeurs et créait une boucle sans fin. Il avait essayé de parler à Remus mais celui-ci refusait toujours de lui adresser la parole. Peter lui octroyait de temps en temps des regards compatissants et James l'ignorait complètement. Même Remus lui jetait des coups d'œil de temps à autre, alors qu'il était celui qu'il avait trahi, mais James semblait être le plus en colère.
Un jour, à la sortie d'un cours de potion, Severus était venu se moquer de Sirius qui était seul dans le couloir avec son air déprimé, une cible parfaite en somme pour le Serpentard.

"Tiens donc qu'avons nous là", avait commencé Severus en souriant narquoisement. Il regardait Sirius de haut, les yeux plein d'arrogance comme s'il valait mieux que le Gryffondor. "Tes idiots d'amis ont fini par comprendre quelle immonde nuisance tu étais et ils t'ont laissé tomber. C'est pas trop tôt. Tu-"

Sirius n'avait même pas laissé l'autre garçon finir, il avait vu rouge et s'était jeté sur le Serpentard les faisant tomber au sol. Severus avait été la goutte de trop. Il était épuisé, exténué et à bout de nerfs et ce connard qui venait le faire chier et se foutre de sa gueule au pire moment de sa vie n'allait pas s'en tirer sans qu'il ne réplique.
Sirius l'avait frappé au visage encore et encore sous les regards d'abord curieux, puis rapidement inquiets de ses camarades en voyant le visage du Serpentard devenir de plus en plus rouge de sang. Sirius n'avait pas vraiment beaucoup de souvenirs de ce moment-là, il se souvenait simplement s'être jeté sur Severus pour le frapper avant d'être entraîné de force par des membres de l'équipe de Quidditch de Serdaigle qui heureusement pour Severus, passaient par là. Il avait ensuite été envoyé par Slughorn dans le bureau du directeur qui l'avait rudement réprimandé avant de lui donner de longues heures de retenue. Severus quant à lui avait passé la nuit à l'infirmerie et était retourné en cours le lendemain avec un œil au beurre noir encore bien visible. Sirius aurait normalement dû se rendre à l'infirmerie pour faire soigner ses mains contusionnées mais n'avait pas eu envie de s'y rendre, préférant se planquer dans une des cours du château pour ne voir personne.
Quand il était retourné au dortoir tard dans la soirée, il avait vu les regards interloqués et curieux de ses amis se poser sur lui, mais avait prétendu ne rien remarquer puis s'était changé avant d'aller de coucher.



"Potter", appela Regulus en arrivant à son niveau.

"Oui ?", demanda James, surpris que le Serpentard lui adresse la parole. Il se trouvait actuellement chez Zonko pour faire du lèche-vitrines en ce samedi après-midi glacial de février.

"Vous n'avez toujours pas fait la paix avec Sirius ?", demanda-t-il d'un air détaché, admirant les marchandises en vente qui se trouvaient devant eux. James soupira.

"Pourquoi est-ce qu'on ferait la paix ?"

"Et pourquoi pas ?"

"Écoute Regulus, Sirius a merdé."

"Je sais. Mais vous êtes censé être ses amis. Quand un ami fait quelque chose de mal, on écoute ce qu'il a à dire puis on essaie de lui pardonner."

"Je comprends que tu essayes de protéger ton frère mais c'est plus compliqué que ça. Il doit payer pour ce qu'il a fait."

"Oh, et pendant combien de temps ? Un an ? Dix ans ? Est-ce que je pourrais avoir une estimation de sa peine ? Peut-être qu'une punition physique pourrait réduire sa peine. On pourrait lui donner des coups de fouet par exemple, je suis sûr qu'il serait d'accord, surtout si c'est Remus qui les lui donne." James sentit un sourire se glisser sur ses lèvres.

"C'est pas comme ça que ça fonctionne, Regulus."

"Écoute, il était en colère parce que Snape a insulté la personne qu'il aime le plus au monde. Ça n'excuse pas ce qu'il a fait, je te l'accorde et de toute façon, je crois que tu ne peux pas comprendre. Est-ce que tu as déjà été en colère contre quelqu'un Potter ? A tel point que tu souhaitais sa mort ?" James vit les yeux de Regulus s'assombrirent. "Que tu voulais le voir souffrir ? Réponds-moi."

"Non", admit-il.

"Ça m'aurait étonné. Sirius serait prêt à mourir pour Remus, pour chacun d'entre vous, même, comme l'abruti qu'il est. Et tu devrais savoir qu'il a toujours eu du mal à contrôler ses émotions. Tu vois, j'ai toujours pensé que tu avais beaucoup de défauts, mais que tu avais le sens de l'amitié. Je me suis trompé visiblement."

Il quitta la boutique en colère et James se sentait coupable maintenant.
Le lendemain, il avait parlé à Remus et celui-ci ne semblait pas prêt à lui pardonner, ni même à laisser cette histoire derrière lui.
En rentrant le soir, il tomba sur Peter et Sirius en train de faire un devoir de potion. Peter avait passé une sorte de trêve avec Sirius deux semaines plus tôt. Ils s'aidaient à faire leurs devoirs ou se prêtaient des fournitures scolaires comme deux camarades le feraient mais en dehors de ça, Peter ne parlait toujours pas à Sirius. James les regarda un instant avec hésitation puis s'avança.

"Qu'est-ce que vous faites ?", demanda James en enlevant son manteau.

"Le putain de devoir de potion de merde !", s'énerva Peter. "C'est infaisable." Sirius se contenta de fixer son parchemin, il savait que James ne voulait pas qu'il lui adresse la parole.

"Laissez-moi regarder ça", dit-il en sortant son livre. "C'est pourtant pas si compliqué", reprit-il en lisant. "Je comprends que Peter galère, ça n'a jamais été son truc, mais toi Sirius tu devrais réussir les doigts dans le nez." Sirius se tourna vers lui, surpris. James lui accorda un sourire un peu crispé.

"Je, j'ai pas vraiment compris le dernier cours", répondit Sirius en bégayant.

"Je vais vous expliquer." Ils terminèrent leur devoir en une petite heure et rangèrent leurs affaires." Au fait Sirius. Je suis désolé pour mon comportement envers toi ces deux derniers mois." Sirius le regarda bouche bée. "Tu es mon ami et j'ai été...nul." Sirius se mit à pleurer et se jeta sur James pour le prendre dans ses bras. James le serra à son tour dans les siens. "Mais que ce soit bien clair, je ne te pardonne pas et je suis toujours du côté de Remus. Tu as vraiment merdé sur ce coup."

"Je sais", répondit-il en pleurant. James l'éloigna de lui pour pouvoir le regarder dans les yeux.

"Maintenant explique moi ce qu'il s'est passé. Pourquoi est-ce que tu as fait ça ?" James et Sirius s'asseyaient sur le lit de ce dernier pendant que Peter s'assit sur celui d'en face pour pouvoir écouter les explications de Sirius. "Je vois", reprit James après avoir expliqué à ses amis, "je comprends un peu mieux. Enfin vite fait on va dire."

"Tu crois qu'il me pardonnera ?" James grimaça.

"Il est vraiment en colère. Tu l'as trahi. Mais, s'il est en colère c'est parce qu'il t'aime. C'est vrai quoi, s'il ne t'aimait pas il en aurait eu rien à foutre donc dans un sens sa réaction est plutôt positive."

"James Potter voit toujours le positif", dit Peter un brin moqueur. James lui tira la langue.

"Et puis, il n'a pas rompu avec toi. Pour moi c'est un signe. Il ne t'a pas oublié. Je vais essayer d'arranger les choses mais je ne te promets rien."

Sirius hocha la tête et pleura de nouveau sur l'épaule de son meilleur ami lorsque la porte s'ouvrit pour laisser entrer Remus. James et lui échangèrent un regard et murmura un "désolé" puis Sirius s'éloigna pour prendre son mentaux et quitta la pièce.

"Remus écoute-"

"Ça va. Je ne peux pas t'obliger à ne plus lui adresser la parole, surtout qu'il vit chez toi."

"Merci. Je ne lui ai pas pardonné tu sais. Je lui en veux de t'avoir fait souffrir. Et toi, comment tu sens à propos de tout ça ?"

"Je ne veux toujours pas lui parler si c'est ça ta question." James hocha la tête.

"Euh, il y a quelque chose que j'aimerais te dire. C'est peut-être pas vraiment le bon moment mais je crains qu'il n'y ait pas vraiment de bons moments pour ça alors." James inspira pour se donner du courage. "Regulus est au courant pour toi. Je ne lui ai rien dit je te jure", ajouta-t-il précipitamment.

"Je sais."

"Tu sais ?", demanda James, perplexe.

"Oui. Il est venu me trouver un jour pour me le dire. C'est un garçon honnête. Acerbe, mais honnête. Au début je pensais que c'était lui qui avait prévenu Snape, c'est pour ça que je m'en suis pris à toi. Ça aurait été logique je veux dire."

"Tu ne m'en veux pas de ne pas te l'avoir dit ?", demanda James au bout d'un moment.

"Non pas vraiment. Je comprends pourquoi tu ne l'as pas fait. Et puis il a deviné tout seul, je ne peux pas lui en vouloir d'être malin."

Le soir, allongé dans son lit, James repensait à Regulus. Ce garçon mystérieux, insaisissable qui faisait battre son cœur de plus en plus. Malgré ce qu'il voulait faire croire, il se souciait de ceux qui l'entourent. Il repensait à l'air sombre qu'avait le visage du Serpentard lorsqu'il l'avait sermonné, sa voix grave et ses yeux gris qui le fixaient et son cœur se mit à battre plus vite dans sa poitrine. Il soupira et se tourna sur le ventre, la tête enfoncée dans l'oreiller. Pourquoi personne ne lui avait jamais dit que l'amour pouvait être si douloureux ? Le fait de penser à ce garçon qui ne sera jamais sien lui donnait sans cesse l'envie de se recroqueviller sous les couvertures et de pleurer toute la journée, lui, James Potter, la jovialité incarnée.

 

Une semaine après cet événement, Sirius avait de nouveau supplié Remus de lui parler. Il lui avait demandé de lui hurler dessus, de le frapper s'il le fallait mais Remus ne lui avait même pas adressé un regard. Il lui avait dit une bonne dizaine de fois qu'il était désolé, puis lui avait attrapé la main pour l'obliger à le regarder mais Remus avait dégagé son bras et l'avait poussé violemment si bien que Sirius était tombé à la renverse. Il avait regardé le plus grand, abasourdi, puis s'était levé en silence pour aller dans son lit. Remus s'était senti coupable d'avoir été violent et il en avait voulu à Sirius de le pousser dans ses retranchements. James était allé réconforter son meilleur ami et Remus ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était injuste. C'est lui qui avait été trahi alors pourquoi est-ce que c'était Sirius qui était réconforté ? Après cela, Sirius n'avait plus essayé de l'approcher. Sirius ne lui avait même pas souhaité son anniversaire et Remus se maudissait d'en être attristé.

 

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Un dimanche à la fin du mois de mars, Remus se dirigea vers la bibliothèque pour lire un livre tranquillement quand quelqu'un l'attrapa par le col de son pull et le tira violemment en arrière dans un couloir désert. Il reconnut Regulus et comprit assez vite pourquoi le plus petit avait l'air furieux.

"Je ne voulais pas me mêler de ça mais j'en ai ras le cul de vos conneries", commença Regulus en serrant son poing qui tenait toujours le pull. "Je comprends parfaitement que tu lui en veuilles et c'est tout à fait normal-"

"Regulus tu n'as pas le-"

"Ferme là et écoute moi putain", s'énerva-t-il.

"Est-ce que tu connais ta chance ? Est-ce que tu sais à quel point tu as de la chance d'avoir une personne qui t'aime et qui ferait tout pour toi ?" Remus sentit la colère le gagner et repoussa le Serpentard.

"Tu ne comprends pas."

"Non c'est toi qui ne comprends pas. Il a fait une erreur, mais ce n'est pas une raison pour l'effacer de ta vie. Et puis vous êtes tous les deux malheureux alors je ne vois pas ce que tu as à y gagner. Tu cherches à le faire souffrir peut-être ? Si ça peut t'aider, il va sûrement s'en vouloir toute sa vie. J'espère que ça te fait plaisir de savoir ça."

Regulus s'éloigna d'un pas rapide, laissant Remus seul avec ses pensées et sa peine. 

Remus avait remué la conversation qu'il avait eue avec Regulus pendant de longues journées puis avait finalement décidé qu'il devait parler avec Sirius, alors en rentrant de sa journée de cours, il se décida enfin.

"James, Peter. Vous pouvez me laisser seul avec Sirius", demanda-t-il en s'asseyant sur son lit. James, Peter et Sirius échangèrent un regard troublé mêlé à de l'inquiétude puis les deux autres quittèrent le dortoir. Sirius s'installa sur le lit en face de Remus, le cœur battant et la gorge nouée.

"Remus..."

"Explique-moi. Pourquoi tu lui as dit", précisa-t-il.

"Et bien, il a été sur mon dos pendant au moins une heure, j'ai réussi à passer outre jusqu'à ce qu'il commence à t'insulter. Il a dit qu'il savait que tu étais un monstre, qu'il allait le prouver et qu'il te ferait virer. Il s'est mis à t'insulter et je n'ai pas supporté. Je lui ai dit qu'il devait aller voir dans la cabane hurlante en passant par le passage sous le Saul cogneur. Je voulais qu'il souffre. Je n'ai pas pensé à toi, je suis vraiment désolé Remus. J'ai vraiment été con."

"Tu peux le dire", répondit Remus en regardant un point invisible devant lui. Sirius se leva et s'avança précipitamment vers lui.

"Remus, je ferais n'importe quoi pour que tu me pardonnes", il commença à pleurer. "Tu peux me mordre pour que je devienne un loup-garou à mon tour, il n'y a pas de soucis, tout ce que je veux c'est être avec toi. Je t'aime", dit-il en s'asseyant sur les genoux de Remus et en le prenant dans ses bras. "Ne romps pas avec moi."

"Je n'en ai pas l'intention", dit Remus en passant ses bras dans le dos du plus petit. Sirius le serra plus fort en pleurant. "Tu aurais pu choisir un meilleur moment pour me dire que tu m'aimais cela dit." Sirius rit et lui embrassa la joue. Remus passa sa main sur les joues de Sirius pour essuyer ses larmes. "Tu m'as manqué."

"Toi aussi." Ils restèrent un long moment à se serrer dans les bras l'un de l'autre dans un silence réconfortant.

"Je ne suis pas encore prêt à te pardonner par contre." Sirius releva la tête pour pouvoir regarder Remus.

"Je comprends. Je te montrerais que tu peux avoir confiance en moi maintenant." Sirius lui sourit et Remus réalisa que ce sourire lui avait terriblement manqué.



"Ça va faire plus d'une heure", dit Peter à James dans la salle commune. "On devrait y retourner non ?"

"Tu as raison", dit James en se levant. Il était inquiet de ne pas voir ses amis revenir. "Assurons-nous qu'ils ne se sont pas entretués." Ils montèrent les escaliers et James ouvrit la porte du dortoir pour la refermer aussitôt.

"James !", réprimanda Sirius.

"Désolé. On revient dans une demi-heure", dit-il à travers la porte. Il redescendit avec Peter et ils se rasseyaient dans un canapé.

"Pourquoi des êtres humains font ce genre de choses ?", demanda Peter, le regard dans le vide. James grimaça.

 

"J'espère que vous êtes conscients que je ne pourrais plus jamais avoir de relations sexuelles à cause de vous", dit James en entrant dans leur chambre un peu plus tard. Remus se contenta de rire, blotti dans les couvertures de son lit.

"Tant mieux", dit Sirius en revenant de la salle de bain, "comme ça tu ne souilleras pas mon petit frère." James leva les yeux au ciel.

"Sirius arrête de faire une fixette là dessus."

"Non. C'est de mon petit frère que l'on parle. Mon innocent petit frère que tu veux corrompre. Mon exécrable mais innocent petit frère."

"C'est pas comme ça Sirius."

"Ha oui ? Dis-moi", commença-t-il en se rapprochant de James, "est-ce que tu t'es déjà paluché en pensant à lui ? Tu sais quoi ne répond pas", dit-il précipitamment en levant les mains. Il se tourna vers son armoire puis se retourna à nouveau vers James. "Réponds à la question", dit-il d'une voix ferme. James regarda Remus pour trouver du soutien puis reporta son regard vers Sirius.

"Euh, non", répondit-il d'une voix trop aiguë. Sirius devint furieux. Il savait que James mentait.

"J'en étais sûr ! T'es mort James Potter !", s'écria-t-il en attrapant James par le cou.

"Sirius, vient là", dit Remus en tapotant le lit à côté de lui. Sirius hésita puis se dirigea vers Remus.

"Ce n'est que partie remise James."

James, Sirius, Remus et Peter recommencèrent pour la première fois depuis des mois à traîner ensemble et à faire des farces au grand dam de leurs professeurs et James réalisa à quel point ces moments lui avaient manqué.



Quelques fois, Regulus se joignait à eux pendant quelques heures et James était terriblement heureux de pouvoir à nouveau profiter de la présence du Serpentard. Pendant la dispute de Remus et Sirius, les deux frères se retrouvaient seuls, sans James qui n'avait presque pas adressé la parole au plus jeune depuis des mois. Même les chamailleries stupides et enfantines des deux frères lui avaient manqué.

"Mais pourquoi ?", demanda Sirius à son frère en s'énervant.

"Parce que tu es bien trop stupide."

"Arrête d'être condescendant avec moi !"

"Je suis peut-être condescendant, mais toi tu es con tout court", s'énerva Regulus à son tour en refermant son livre. Sirius bouda. Les deux frères se prenaient la tête depuis une petite demi-heure, à l'initiative de Sirius bien entendu.

"T'as une araignée sur ta manche", signala James à Regulus. Celui-ci baissa les yeux pour constater qu'une petite bête se baladait sur la manche de sa veste.

"J'espère qu'elle t'a mordue", dit Sirius. Regulus leva alors le bras et donna une pichenette à l'araignée qui se trouva catapultée vers Sirius. Sirius hurla de terreur, un hurlement suraiguë qui fit presque saigner les oreilles de James, et se leva en époustouflant ses vêtements tout en continuant à crier.

"HAAAA", cria-t-il en se dandinant. "ELLE EST OÙ ? REMUS !", appela-t-il à l'aide. Remus se leva alors pour l'aider et Sirius se calma au bout d'interminables minutes.

"Je ne savais pas que tu avais autant peur de ces bestioles", dit Peter en regardant Sirius.

"Je n'ai pas peur d'elles tant qu'elles ne me grimpent pas dessus", pesta-t-il. "Tu vas me payer ça toi", dit-il à Regulus d'une voix sévère. Regulus se contenta de répondre avec un sourire mesquin.

"Tu sais quoi", reprit Remus en attrapant la main de Sirius, "je ne suis pas sûr qu'elle soit partie, on devrait aller dans la chambre enlever tes vêtements pour vérifier ça", termina-t-il avec un sourire malicieux. Sirius lui rendit son sourire et les deux tourtereaux s'éloignèrent.

"Beurk", dit Peter.

"Ils sont répugnants", dit Regulus. James acquiesça puis jeta un regard à Peter et lui montra la porte des trois balais avec un coup de tête, l'implorant de le laisser seul avec Regulus. Peter comprit le message et partit en soupirant.

"Je dois aller voir Marlene."

"Ok, à plus Pet'", répondit innocemment James. "Je voulais te dire", commença-t-il en regardant Regulus une fois le blond partit, "c'est bien ce que t'as fait pour Sirius. T'es vraiment un bon frère."

"De quoi tu parles Potter ?"

"Quand tu es venu me remonter les bretelles, chez Zonko. Tu avais raison et heureusement que tu étais là sinon cette histoire aurait traîné bien plus longtemps."

"Y a pas de quoi. J'aime montrer aux gens qu'ils sont stupides et que j'ai raison." James rit.

"Et pour Remus ?"

"Quoi Remus ?"

"C'était pour lui montrer qu'il était stupide aussi ?"

"Bien sûr. Pour quelle autre raison ?"

"Oh, arrête. Je sais que tu as réconforté Sirius quand il était triste. Tu y tiens à ton crétin de frère hein ?"

"N'importe quoi."

"Je t'ai percé à jour, inutile de jouer les gros Serpentards sans sentiments", dit-il amusé en passant un bras autour des épaules du plus jeune. Celui-ci rougit et James avait une furieuse envie de l'embrasser. James fut surpris que le plus jeune ne s'éloigne pas, lui qui d'ordinaire ne supportait pas les contactes physiques qui duraient plus d'une milliseconde. Ils restèrent ainsi pendant à peine 15 secondes puis James se racla la gorge et enleva son bras. Il y avait une sorte de malaise qu'il était incapable de comprendre même s'il pouvait bien le ressentir. "On devrait rentrer si on veut arriver à l'heure au dîner."

"Hum." Ils se levèrent et quittèrent Pré au lard.

Le lendemain, le quatuor prenait le petit-déjeuner dans la bonne humeur, Sirius expliquant sa prochaine farce avec gaieté. James l'écoutait joyeusement quand tout à coup, il vit Regulus sortir précipitamment après avoir reçu une lettre. James se leva pour le suivre accompagné de Sirius, Peter et Remus.
Ils rattrapèrent le Serpentard dans le hall, faisant les cent pas et bouillonnant de rage.

"Reg', qu'est ce qu'il y a ?", demanda Sirius inquiet. Regulus lui tendit la lettre et James put la lire par-dessus l'épaule de son ami. La lettre avait été écrite par ses parents qui disaient être extrêmement déçus d'apprendre qu'il fréquentait Sirius et ses amis puérils. Ils sommaient Regulus de cesser de les voir immédiatement et terminaient en disant qu'ils régleraient ça quand il reviendra à la maison. La lettre était accompagnée d'une photo des garçons prise la veille à Pré au lard. On y voyait Regulus heureux en compagnie de son frère.

"Tu ne peux pas y retourner", dit Sirius apeuré.

"Tu crois que j'ai le choix peut-être ?"

"Oui", répondit James. "J'ai parlé de toi à mes parents. Ils ont dit que si tu voulais venir habiter chez nous, tu serais le bienvenu."

"Alors c'est réglé", repris Sirius. "Tu vas venir vivre chez les Potter à partir de cet été." Regulus parut hésiter. "Regulus tu viens avec moi cette fois", trancha Regulus.

"Bien", dit-il d'une petite voix.

"Génial, mes parents vont être ravis, ils avaient hâte de te rencontrer. Je vais leur écrire une lettre tout à l'heure."

"Comment on va faire pour récupérer tes affaires ?", demanda Sirius, pensif.

"J'ai tout prévu pour ça. Je ne laissais pas mes affaires auxquelles je tenais le plus au manoir. Et j'ai déjà demandé à Kreattur d'aller récupérer mes affaires. Ce qui m'ennuie, ce sont les elfes de maison. J'ai bien une idée pour les libérer mais ce n'est pas sûr que ça fonctionne."

 

Regulus avait envoyé une lettre cinglante à ses parents, dans laquelle il disait qu'il les reniait et qu'il partait vivre avec Sirius. Il avait fait livrer la lettre avec un colis de toutes les affaires que lui avaient acheté ses parents et qu'il détestait, dans lesquels il avait caché des vêtements. Il espérait que quand ses parents auraient lu la lettre, ils seraient furieux et ordonneraient aux elfes de se débarrasser de tout, leur faisant donner des vêtements aux elfes et les libérant. Kreattur avait été en charge de livre le colis et Regulus attendait avec angoisse son retour qu'il espérait être accompagné d'une bonne nouvelle. Le Serpentard et son frère accompagnés de James, Peter et Sirius attendaient depuis plus d'une heure dans la cour du château le retour de l'elfe de maison. Sirius s'était collé à Remus pour se réchauffer, tandis que Peter grelottait à côté. Il faisait bon en ce mois d'avril en journée, mais le soir la température diminuait encore beaucoup et malgré tout, Regulus préférait attendre dehors.

"T'en fais pas Reg', ça va bien se passer", dit Sirius.

"On ne peut pas en être sûr. Et arrête de m'appeler comme ça."

"Maître Regulus", salua Kreattur en apparaissant soudainement. Les garçons sursautèrent presque.

"Kreattur ! Est-ce que tout s'est bien passé ?", demanda Regulus en posant ses mains sur les petites épaules de l'elfe.

"Tout s'est passé comme prévu, maître. Les elfes sont libres et vos parents étaient furieux. Ils vous ont déjà retiré de la tapisserie."

"Et bien, ça n'a pas traîné", répondit Regulus en souriant. James le regarda avec affection. C'était sans doute la première fois qu'il voyait le Serpentard avec un sourire aussi sincère.

"Kreattur a aidé les autres elfes à s'installer dans leurs nouvelles maisons."

"Beau travail Kreattur", répondit Regulus. Au même moment, une chouette déposa une lettre aux pieds de James qui la ramassa.

"C'est une lettre de mes parents. Ils disent qu'ils ont hâte de te rencontrer Regulus et qu'ils préparent déjà la chambre vacante."

"C'est super", s'écria Sirius en sautillant.

"Kreattur va apporter vos affaires dans votre nouvelle maison maître." Puis, il disparu, laissant les garçons seuls. " Sirius serra son frère dans ses bras, et même si celui-ci prit un air ennuyé, James savait qu'en réalité il était heureux.

"C'est génial mais si on rentrait maintenant, je meurs de froid", dit Peter en se dirigeant vers la porte.

James et Sirius eurent du mal à trouver le sommeil cette nuit-là, discutant joyeusement de tout ce qu'ils allaient faire essayer à Regulus pendant les vacances.

Les jours suivants, ils commencèrent à passer la grande majorité de leur temps libre en compagnie du jeune Serpentard et déjeunaient avec lui à chaque repas. James avait appris pendant leur premier repas ensemble que le Serpentard était végétarien, il avait été un peu étonné au début puis il avait réfléchi et avait trouvé ça plutôt logique connaissant l'affection et le respect que Regulus portait à toutes les autres créatures.
Au début, ils avaient reçu des regards curieux et interrogateurs des autres élèves, surpris de voir Regulus Black en leur compagnie. Sirius avait alors expliqué à leurs amies, Marlene, Alice, Lily, Mary, Dorcas et compagnie qu'il avait discuté avec son frère et qu'ils s'étaient réconciliés, et que dorénavant Regulus allait habiter chez les Potter. Leurs amies, notamment Marlene et Lily, avaient essayé de discuter avec Regulus mais celui-ci était taciturne et fort peu sympathique au premier abord et les filles avaient un peu cessé d'essayer d'apprendre à le connaître. James avait remarqué que Regulus avait été mal à l'aise les premiers jours où il est apparu en publique avec eux, il savait que le Serpentard n'aimait pas recevoir autant d'attention et avait eu envie de le prendre dans ses bras pour le rassurer et le cacher du reste du monde, mais s'il avait fait ça, l'attention que les gens portaient à Regulus aurait doublé et Regulus l'aurait de toute façon probablement giflé. 

 

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