Jour 7 - Ash
Jour 7 – Ash
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Ash s’était éveillé dans le laboratoire d’un Invocateur Suisse durant l’année 1850. Son corps artificiel était fait d’acier et d’argile et les longs filigranes de symboles assyriens parcourant son corps lui donnait la vie.
Il était un golem.
Esclave de son créateur, Ash avait quelques rares fragments de souvenirs de ses premières années d’existences. Il était alors incapable de parole et dépourvu de libre arbitre. Il existait simplement pour obéir à l’Invocateur lui ayant insufflé magie et vie.
Ash ignorait complètement comment, mais son programme avait commencé à se dérégler. Peut-être était-ce du au fait que son créateur l’ait fait si proche de l’humain (contrairement à ses frères qui n’étaient que vaguement humanoïdes ou ses sœurs qui étaient au départ des poupées de porcelaines.) Peut-être était-ce juste un caprice du destin.
Le fait était que Ash avait lentement prit conscience qu’il était. Qu’il existait. Qu’il était vivant et non simplement une statue capable de mouvement.
Ash se souviendrait toute sa longue existence du soir où tout avait basculé. C’était en 1865 et son créateur, dans une crise de rage, avait jeté Enid. Ash avait vu sa pauvre sœur explosé en morceau et quelque chose avait cédé dans les chaines le liant au vieil Invocateur. Le golem à figure humaine s’était pleinement libéré et avait tué son créateur.
Il avait ordonné à ses frères et sœurs de fuir, avait ramassé les morceaux d’Enid avec délicatesse et s’était mis à courir droit devant lui après avoir mis feu au manoir.
Les flammes avaient illuminé le ciel nocturne pendant des heures alors que Ash avançait dans les montagnes, insensible au froid mordant de la neige sous ses pieds nus et du blizzard lui fouettant le visage.
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Ash avait erré longtemps dans les Alpes, serrant contre lui les morceaux brisés de sa petite sœur. Il avait perdu conscience du temps. Il savait juste qu’il devait protéger ce qu’il restait d’Enid et que quelque chose l’empêchait de s’éloigner trop du Manoir.
Le golem avait cessé de bouger depuis si longtemps qu’il était à moitié enfouit sous la terre et qu’il avait de la mousse dans les cheveux lorsqu’il avait été trouvé.
Le sorcier, que Ash n’avait même pas eu l’énergie d’attaquer, se nommait Philippe Sacquebien. Il faisait un trek à travers les Alpes suisses et s’était réfugié dans la grotte de Ash pour échapper à un orage.
Philippe avait juré en voyant Ash, croyant qu’il était mort puis il avait hurlé comme une enfant lorsque le golem avait bougé, songeant que celui-ci était un inferius ou un zombi.
Coincé dans la boue, Ash avait n’avait pas pu échappé à la pluie de paroles sous laquelle le bébé sorcier (il n’avait aucun cheveux blancs donc, pour le golem, ce sorcier ne pouvait pas être adulte) l’avait noyé.
Du moment que l’autre n’essayait pas de lui voler Enid, il pouvait bien faire ce qu’il voulait.
Le monologue avait duré des heures, du moins selon Ash. Il avait apprit qu’il était désormais l’année 1971, que deux Guerres Mondiales avaient ravagé le monde, que les humains sans magie étaient allés sur la Lune, que l’ONMU avait rendu illégal la possession de golems suite à plusieurs scandales datant de la fin du XIXè siècle.
« Je peux t’aider à briser les dernières lignes corrompues », avait proposé Philippe.
Ash avait accepté.
Il n’avait rien à perdre.
Philippe l’avait aidé à sortir de sa gangue de boue solidifiée. Il l’avait convaincu de poser Enid et de révéler la matrice de sorts qui lui donnait vie.
Philippe avait fait preuve d’une grande délicatesse et d’une grande dextérité. Avait-il conscience que Ash, en le laissant toucher et modifier sa matrice, mettait littéralement son existence entre ses mains ? Même maintenant le golem en doutait.
Le sorcier n’avait pas utilisé de caractères assyriens mais des chiffres. Il avait peint de longues suites de chiffres autour de la matrice de Ash puis le long de ses membres, dans son dos et sur son front. La clé de sa vie, le mot « emet » inscrit sur son front avait été cachée sous plusieurs couches de protections. Aujourd’hui seul Ash pouvait y toucher et ainsi, quand il le souhaiterai, redevenir poussière.
Lorsque Philippe avait terminé et que Ash était, enfin, totalement libre, l’orage était fini depuis longtemps et la nuit s’était installée.
« Je peux aussi regarder la poupée. » avait proposé Philippe en pointant les restes d’Enid enveloppés dans les lambeaux qui avaient été la tunique de Ash un siècle auparavant.
« Enid », avait-il murmuré. « Oui. S’il te plais. »
Éclairés par un lumos puissant, les deux hommes avaient étalé sur le duvet de Philippe les restes de Enid.
Les éléments avaient rongé sa robe la réduisant à quelques loques peilleuses et son beau chapeau avait disparu. Ses cheveux bouclés étaient emmêlés par le temps et maculés de terre. L’une de ses jambes manquait et l’autre était cassée au niveau de la hanche et du mollet. Son bras droit avait été réduit en miette et plusieurs morceaux avaient disparut. Le gauche avait moins souffert mais un long éclat avait sauté et plusieurs doigts étaient absents. Mais le pire était le visage de sa pauvre Enid. Tout un pan avait été arraché et son cou avait cassé net lorsque leur créateur l’avait projeté contre un mur dans un élan de rage.
Ash pleura.
C’était la première fois.
Il ignorait qu’il en était capable.
« Elle est morte. »
« Non. Sa matrice est intacte. Le sort est en sommeil car le corps est abîmé, mais il est toujours là. » avait annoncé Philippe en pointant le torse de la poupée où était inscrit les sorts donnant vie aux golems.
« Même la clé est intact. On peut la réveiller. Tu connais le kintsugi ? »
Ce fut à cet instant, alors que Philippe Sacquebien offrait à un Golem solitaire l’Espoir, que Ash avait juré de toujours protéger son ami.
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Ash se souvenait très bien du réveil de sa petite sœur. Cela faisait plusieurs mois que Ash avait rencontré son étrange ange-gardien en la personne de Philippe Sacquebien.
Le sorcier, un né-de-moldu en froid avec sa famille, était étudiant à la Tour, le plus grand centre de Recherche d’Arithmancie du monde. Il avait ramené Ash avec lui à Lyon et dès qu’il n’était pas en cours, il recherchait avec le golem le moyen de réparer la petite poupée de porcelaine.
Ils avaient commencé par recoller les différents morceaux qu’ils possédaient. Enid était ancienne et les techniques et matériaux avaient évolué. Les jointures entre les différents morceaux recollés étaient très visibles et très laides. Ash avait eut envie de pleurer en voyant le résultat.
Puis Philippe avait couvert la colle encore humide de poudre d’or. Le Golem l’avait regardé sans comprendre. Le sorcier avait juste sourit.
Ils avaient ensuite brossé la poudre supplémentaire et la vérité s’était dévoilée.
Une longue ligne d’or faisait le tour de son cou. Une autre traversait son visage, du bas de la mâchoire au front en coupant les lèvres et contournant le nez avant de disparaître dans la chevelure en bataille. L’éclat manquant sur le bras gauche était remplit d’or tandis que le bras droit était désormais couvert d’une fine toile d’araignée dorée. C’était la même chose pour sa jambe restante.
Enid avait été brisée mais elle guérissait.
Ash avait cousu une simple robe (Philippe la décrivait comme un sac avec des trou pour la tête et les bras. Mais Ash le mettait au défis de faire mieux ! ) pour remplacer la tenue de princesse détruite. Au moins comme ça Enid n’était plus nue.
A ce moment là les deux amis étaient arrivés au bout de ce qu’ils pouvaient faire seuls.
Alors Ash avait demandé de l’aide. Pas aux sorciers. Non. Il ne leur faisait pas confiance. Sauf a Philippe. Ash avait demandé de l’aide à une vieille dame sans magie possédant une impressionnante collection de poupées anciennes.
Ash lui avait présenté Enid avec timidité. Il avait conscience de l’apparence de sa sœur avec ses cheveux couverts de terre, sa robe ridicule, ses membres manquant et ces lignes dorés sur le corps.
« C’est le seul souvenir que j’ai de ma petite sœur », avait-il expliqué, mentant entre ses dents.
« Elle est magnifique », avait déclaré la vieille dame.
Ash avait senti les larmes lui monté aux yeux devant tant de sincérité.
Avec la dame sans magie Ash avait démêlé et nettoyé la chevelure de sa sœur. Ils y avaient passé du temps. Il était paniqué de se tromper et d’endommager encore plus sa sœur, mais la vieille dame l’avait regardé en riant et avait refusé de le faire. Elle l’avait guidé et surveillé sur chaque étape, mais c’était ses mains qui avait rendu à Enid sa belle chevelure d’antan. Ils avaient même remis quelques mèches neuves sur la zone du crane qui avait été recollé.
Pour les doigts, le morceau de bras et la jambe absente, la vieille dame avait proposé plusieurs solutions.
« On peut tenter de retrouver une porcelaine claire d’une teinte semblable à celle de la poupée. Ou on peut prendre le contre-pied. Ces lignes d’or la rende unique et magnifique. Elle a été brisée et reconstruite. De la même façon on peut utilisé de la porcelaine noire pour remplacer les morceaux absents. »
Ash avait cligné des yeux. Les deux options avaient leurs intérêts. Mais ils avaient déjà dit adieu à la discrétion avec la technique du kintsugi. Alors autant continuer.
« Noire », répondit-il a la vieille dame.
Celle-ci avait acquiescé et avait donné rendez-vous à Ash une dizaine de jours plus tard. Elle avait également gardé Enid au plus grand désarroi du golem.
Ash décrivait ces deux semaines comme les pires de sa vie. Philippe disait qu’il était dramatique.
Finalement quelques jours après la Fête des Lumières (sympathique célébration moldue où des luminions étaient placés aux fenêtres) Ash avait récupéré Enid.
Elle était complète. De beaux petits doigts noirs venait compléter l’une de ses mains, un morceau d’avant bras de la même couleur complétait l’autre membre et une jolie jambe sombre venait compléter Enid. La vieille dame avait même habillé la sœur de Ash d’une magnifique robe orangée.
La collectionneuse refusa le surplus que lui proposa Ash. Elle avait prit plaisir à aider le « jeune homme » à restaurer la « poupée de sa petite sœur ».
Philippe avait été grandement impressionné par la minutie de la réparation. Il avait taquiné Ash sur ses talents de coiffeur avant de s’atteler à réveiller la matrice de Enid.
Ils avaient attendu le solstice d’hiver pour insuffler la magie (et la vie) à Enid.
Ash avait pleuré, à nouveau, lorsque sa petite sœur avait ouvert ses grands yeux bleus.
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Ash : personnage de la Weeb-série Noob. Dit « le farmer chinois ».
Enid : personnage inventé