Tu n'as rien à perdre
Ce samedi était définitivement une mauvaise journée pour Sirius Black. Pourtant, tout semblait présager l’inverse. En effet, ils n’avaient pas beaucoup de devoirs à faire ce week-end et les Gryffondor affrontaient les Poufsouffle au Quidditch ce matin, la victoire des rouges et or était pratiquement assurée et donc une fête avait été prévue en leur honneur ce soir.
Mais ce samedi n’était définitivement pas une bonne journée. Tout d’abord, Sirius s’était pris la tête au réveil avec Peter car ce dernier passait, à son goût, bien trop de temps dans la salle de bain. Il s’était finalement dirigé aux côtés de Remus et Peter au petit-déjeuner dans une humeur mauvaise. James était avec l’équipe de Quidditch, et, à peine avait-il fait un pas dans la grande salle que ses yeux se posèrent sur Marcus Sommers, hilare, un bras autour des épaules de son ex, Léwina Malfoy, discutant joyeusement tous deux avec un autre membre de l’équipe de Quidditch de Poufsouffle. Marcus Sommers n’avait pas eu une puberté ingrate et restait toujours autant un canon de beauté. Tout le monde le trouvait beau, tout le monde l’admirait, tout le monde l’aimait.
Sirius crut sentir son être s’enflammer : depuis quand on restait aussi proches avec ses ex ? Il avait l’impression de sentir toutes ses organes brûler et tout se passa comme s’il avait perdu l’usage de ses sens, seule la vision lui restait mais l’image qu’il visualisait lui déplaisait grandement.
Il resta sous le choc quelques instants et puis ses pieds agirent en dehors de sa volonté : il s’approcha à grandes enjambées du petit groupe. Remus et Peter se lancèrent un regard entendu et allèrent à la suite de leur ami, néanmoins bien plus lentement. Le petit groupe discutant ne s’était pas rendu compte de la scène qu’il se tramait non loin d’eux mais soudainement une ombre les traversa et attrapa Léwina : Sirius. Il l’avait entrainé dans un câlin comme pour la saluer mais en plus brusque et en plus désespéré. Marcus et son coéquipier restèrent sous la surprise de cette arrivée soudaine, quant à Léwina elle serrait Sirius dans ses bras, profitant de l’étreinte, mais avait les sourcils froncés : pourquoi faisait-il ça ? Heureusement, les deux autres maraudeurs arrivèrent ce qui détourna l’attention des deux Poufsouffle. Léwina se détacha alors de son ami. A vrai dire, elle aussi se sentait en colère :
-Mais pourquoi tu me sautes dessus comme ça, lui demande-t-elle en chuchotant mais d’un ton ferme qui traduisait son humeur ?
-Depuis quand ça te pose un problème ?
Le ton de Sirius était similaire au sien et cela ne présageait rien qui vaille. Depuis qu’ils étaient devenus amis, Léwina et Sirius s’étaient engueulés quelques fois, souvent pour des histoires débiles et cela était souvent dû au fait qu’il avait tous les deux tendance à monter la voix facilement. Mais cette fois-ci ne commençait pas comme les autres fois. Il y avait une sorte de tension entre eux depuis que Sirius lui avait avoué pour lui et Eleanor. Le fossé qu’elle avait cru disparu était en fait resté. Bien sûr, il s’était rétréci mais il était toujours présent et elle se sentait impuissante. Elle attendait que Sirius revienne vers elle, se confie à elle mais, visiblement, il ne souhaitait pas le faire. Alors pourquoi à cet instant précis, il venait la voir en lui sautant dessus comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde ?
-Depuis quand tu fais ça ? Je suis tranquillement à discuter avec des amis et toi tu me sautes dessus. T’es en manque d’attention ou quoi ?
Léwina tentait au mieux de garder son calme mais la situation l’énervait clairement. Les traits de son visage se tiraient et sa mâchoire était contractée.
-Des amis hein… Depuis quand Marcus est ton ami ? Quoi, vous voulez vous remettre ensemble, c’est ça ?
Léwina haussa les sourcils de surprise face à la tournure que prenait la discussion et surtout face au ton que son ami avait employé. Elle savait que Sirius n’aimait guère Marcus, il lui avait avoué dans l’une de ses lettres cet été mais elle n’imaginait pas que c’était à ce point-ci. Elle eut un sourire pincé devant l’absurdité des propos de Sirius et reprit :
-Sirius, t’es toujours ami avec Marlene, pourquoi je ne pourrais pas le rester avec Marcus ?
-Non mais c’est différent, déclare le Gryffondor se prenant la tête dans les mains !
Conscients que Léwina et Sirius ne se disaient pas des mots doux, Peter et Remus avaient réussi à entrainer les deux Poufsouffle à l’écart en leur parlant du match à suivre, de cette manière, ils étaient sûr d’avoir leur entière attention. Néanmoins, ils avaient tous deux remarqués les regards que jetaient de temps à autres Marcus au Gryffondor et à la Serpentard et cela ne les rassurait pas.
-En quoi c’est différent ?
Léwina croisa ses bras sur sa poitrine, cette situation l’énervait énormément. Elle était prête à accepter beaucoup de choses de la part de Sirius mais elle n’avait pas besoin qu’il contrôle ses relations. Ce dernier ne se rendait pas vraiment compte de ce qu’il disait, il y avait comme un voile de colère qui s’était posé sur son cerveau et qui l’empêchait de réfléchir correctement.
-Tu ne voies pas que Marcus veut très clairement te rechoper, tu vas tomber dans le piège.
Léwina eut un rire jaune et répondit qu’une voix tranchante.
-C’est ça alors, tu viens sauver la princesse en détresse ? Arrête de croire que je ne sais pas m’occuper de moi.
-Bon bah faudra pas venir pleurer après.
Sirius avait toutes ses mimiques qui trahissait son énervement. Il lançait violemment ses bras dans les airs quand il prenait la parole et les traits de son visage s’étaient tendus. Et, dans la situation actuelle, remarquer tout cela, n’eut que le don d’énerver encore plus Léwina.
-Non mais je rêve.
Elle se passa les mains dans les cheveux, les tirant au passage, plus énervée que jamais. A l’instant présent, elle avait juste envie de dégainer sa baguette et de lancer des sortilèges sur Sirius pour qu’il ferme enfin sa bouche. Elle s’approcha alors de lui et planta son doigt sur le torse de celui-ci. L’énervement prenant le dessus, elle ne sut chuchoter :
-T’aime pas Marcus, c’est ton putain de problème Sirius. Mais fais-toi une raison et vient pas me faire chier avec ça. Dernièrement je crois que je t’ai pas mal soutenu et c’est comme ça que tu me remercies. Si t’aime pas Marcus, ose dire pourquoi, dis-moi pourquoi, ça fait des mois que je veux l’entendre.
-De quoi tu parles ?
La colère l’avait quelque peu quitté pour laisser place à l’incompréhension : que voulait-elle dire ?
-Dis-le Sirius, pourquoi tu n’aimes pas Marcus, dis-moi pourquoi.
Le Gryffondor ne sut quoi répondre. Léwina le regardait avec un regard intense qui le laissa sans voix. Malheureusement, celle-ci voulait entendre une réponse, elle avait besoin d’entendre une réponse, besoin de savoir si ses sentiments étaient réciproques.
Sirius se retrouva soudainement perdu. Il ne savait pas ce que Léwina attendait. S’il savait il aurait été ravi de l’aider mais il ne savait pas. Elle était là, devant lui, les joues légèrement rosées et son regard foncé semblait presque le transpercer. Ses lèvres avaient pris une jolie couleur rouge qui contrastait parfaitement avec le reste de son visage. A cet instant, Léwina les pinçait mais ce n’était pas le cas habituellement. Sirius voyait très clairement dans son esprit, les lèvres ensorcelantes de son amie et cela ne lui déplaisait pas le moins du monde. Alors il continua de la regarder. Elle avait terminé sa poussée de croissance alors que lui grandissait encore, de ce fait, il la dépassait maintenant de quelques centimètres. Mais elle était toujours aussi belle. Il n’avait pas menti lorsqu’il avait dit qu’à son avis c’était la plus belle fille de Poudlard.
Perdu dans sa contemplation, Sirius ne donna aucune réponse à la question de Léwina. Cette dernière eut un sourire triste et elle détourna son regard de lui. Elle décida alors de partir de la Grande Salle. Elle passa à côté de Sirius et puis elle dépassa le groupe des Gryffondor et Poufsouffle. La voyant, Marcus courut à sa suite et ils disparurent du champ de vision des maraudeurs. Peter et Remus se tournèrent alors vers Sirius qui n’avait pas bougé et qui regardait maintenant fixement ses chaussures. Que venait-il de se passer ? Qu’est-ce qui lui avait pris ?
*****
Depuis qu’il était à Poudlard, Sirius n’avait jamais été aussi peu heureux devant un match de Quidditch. Remus et Peter ne savaient pas comment lui remonter le moral et ils se lancèrent de temps à autres des regards et l’autre répondait en haussant les épaules.
Après la scène dans la Grande Salle, les maraudeurs l’avaient quitté sous le regard lourd des autres élèves qui n’avaient pas loupé une seconde de la dispute entre Léwina et Sirius. Remus avait d’ailleurs croisé le regard d’Eleanor qui lui avait adressé un petit sourire triste.
-Et les Gryffondor marquent ! Ils mènent maintenant vingt à dix !
James salua victorieusement la foule avant d'aller féliciter ses partenaires, il venait de marquer un joli but. Pourtant ses amis ne célébraient pas vraiment ce qui créait une ambiance assez étrange dans le petit groupe. A leurs côtés, Lily et son groupe d’amis criaient et encourageaient les joueurs, surtout après les exploits de James. Mais celle-ci avait bien senti que quelque chose clochait chez les maraudeurs et elle avait donc interrogé Remus :
-Longue histoire, dit-il, Sirius s’est pris la tête avec Léwina et il a une humeur de merde depuis.
-Et bien justement, annonce alors Lily en regardant derrière le loup-garou, en parlant du loup.
Remus se retourna pour découvrir Arthur, Anna et cachée derrière eux, Léwina. Ils portaient tous leurs habits habituels mais leurs joues étaient maquillées par de jolies traits rouge et or. Ils se dirigeaient vers les maraudeurs, les deux premiers avec de grand sourire aux lèvres, ce qui n’était pas le cas de la dernière.
-Mais qu’est-ce que vous faites ici, leur demande Remus une fois qu’ils sont arrivés à son niveau ?
Il faut dire qu’il était assez rare de voir de Serpentard supporter les Gryffondor. Arthur répondit en criant pour essayer de couvrir le bruit des encouragements :
-Les Poufsouffle sont les premiers au classement, si on veut avoir une chance de remporter la coupe, il faut qu’ils perdent. Et puis, on vous aime bien donc on s’est dit qu’on pouvait passer un peu de temps avec vous.
« Ce qui n’est pas trop au goût actuel de Léwina » pensa Remus. Cette dernière, justement, s’avança vers lui pendant que le couple partit rejoindre Sirius et Peter.
-Est-ce qu’il vous a dit quelque chose, demande-t-elle quelques instants plus tard, les yeux fixés sur le terrain de Quidditch ?
Léwina n'avait pas besoin de préciser de qui elle voulait parler, Remus comprit immédiatement.
-Sirius nous dit plus grand-chose depuis plusieurs jours, voire quelques semaines.
Léwina se tourna vers lui, l’air interrogateur :
-Ah bon ? Vous savez pourquoi ?
-Aucune idée. Par exemple, on ne savait rien de sa pseudo rupture Eleanor avant que ce soit elle qui nous en parle.
Léwina ne répondit pas mais Remus sut lire la surprise sur son visage. Et effectivement, cette nouvelle était surprenante. En effet, Sirius considérait les maraudeurs comme sa propre famille. James était comme un frère pour lui : c’était son confident, l’épaule sur laquelle il pouvait pleurer, c’était son partenaire dans tous les aspects de sa vie. Visiblement, Sirius n’agissait pas seulement bizarrement avec elle, mais plutôt avec tous les gens faisant partis de son entourage proche. Quelque chose clochait définitivement.
Le match suivit alors son cours, sous les exclamations des spectateurs, et ce fut l’équipe des rouge et or qui l’importa. Le match avait commencé en étant assez serré malgré une légère avance des Gryffondor mais plus le temps passait, plus l’écart s’était creusé. Enfin, les lions avaient réussi à attraper le vif d’or ce qui avait clôturé la rencontre.
Dans les gradins, tous les Gryffondor sautaient alors de joie. Remus invita ses amis Serpentard à venir fêter avec eux leur victoire le soir dans leur salle commune. Léwina et Arthur acceptèrent avec joie puis partirent à leurs occupations. En vérité, Léwina avait poussé leur départ : sa situation avec Sirius avait un impact assez négatif sur le groupe. En effet, il y avait comme un certain malaise ou de gros instants de silence où les deux amis, récemment en conflit, regardaient toujours avec admiration leurs chaussures. Les maraudeurs avaient alors fini par rejoindre James et ils avaient chanté leur victoire avec tous les autres Gryffondor.
Le soir venu, la fête commença dans la salle commune des Gryffondor, ils acclamaient tous les joueurs de leur équipe de Quidditch. Puis, au bout d’un certain moment, de la musique se lança et ils commencèrent à danser et à boire.
Léwina et Arthur n’étaient pas les seuls membres d’une autre maison qui avaient été incrustés à la fête mais ils étaient les seuls Serpentard. En effet, on retrouvait beaucoup de Serdaigle qui avaient également supporté les Gryffondor dans ce match, espérant pouvoir rattraper les autres équipes au classement.
La drôle de tension entre Léwina et Sirius n’était toujours pas retombée. En effet, la première ne souhaitait pas faire le premier pas et attendait les excuses de Sirius tandis que celui-ci commençait seulement à ne plus être en colère. Or, maintenant, il se sentait terriblement honteux et n’osait pas aller vers Léwina. C’est ainsi, qu’il colla James pendant la première partie de la soirée, même si cela signifiait tenir la chandelle entre lui et Lily. Léwina sentait bien qu’il l’évitait et cela eut le don de l’énerver encore plus. Néanmoins, Arthur, remarquant son humeur changeante, prit soin de lui changer les idées du mieux qu’il le pouvait. Pour l’instant, ils discutaient avec Marlene et Mary qui, quelque peu alcoolisées, se révélaient être une parfaite source de distraction. Avant cela, ils avaient ri avec Peter et Remus, dialogué avec plusieurs Serdaigle dont Dorcas, mélangé des boissons avant de les goûter. Sans surprise, c’était terriblement mauvais. De plus, Léwina avait un peu bu donc elle était devenue plutôt joyeuse dorénavant, même si les regards qu’elle lançait à Sirius étaient toujours aussi mauvais.
-Mais qu’est-ce qui se passe avec Sirius, lui demande Marlene en passant un bras autour de ses épaules afin de ne pas tomber ?
-Rien, c’est juste un con, répond Léwina plein d’amertume.
Marlene rigola, il paraissait évident qu’elle avait bu bien trop d’alcool pour ce soir, surtout en voyant la rougeur de ses joues.
-C’est sûr, en ami il est plutôt sympa mais dès que c’est plus, il devient lunatique.
-On n’est pas ensemble, répond Léwina d’une voix ferme.
-Ah bon ! Je croyais pourtant, dit Marlene avec un sourcil levé.
Elle colla ensuite sa tête à celle de Léwina et chercha Sirius dans la foule. Il dansait au beau milieu de la piste de dance, un sourire idiot collé sur les lèvres, avec plusieurs autres Gryffondor que Léwina ne connaissait que de noms.
-Mais tu es amoureuse de lui, non, demande Marlene à voix basse, depuis longtemps en plus ?
Sûrement à cause de l’alcool, Léwina ne se sentait pas aussi déterminée à contredire que d’habitude. Elle souffla doucement en fixant Sirius se déhancher sur la piste. Oui, elle était amoureuse et depuis longtemps en plus.
Il est vrai qu’elle avait d’abord détesté ce Gryffondor, à la famille étrange, dont le passe-temps favori était d’être méchant avec les autres. Elle avait détesté cet enfant farceur et égocentrique plus que tout. Mais cette haine l’avait poussé, assez ironiquement, vers lui. Il était devenu comme une obsession. Bien sûr, elle ne s’en était pas rendu compte à ce moment-là mais maintenant qu’elle regardait en arrière, elle pensait souvent à lui. Puis, elle l’avait vu grandir et se transformer. Elle l’avait vu devenir quelqu’un d’autre mais tout en conservant certains traits de son caractère : il aimait toujours rire, être avec ses amis et faire des blagues. Mais il était devenu plus doux et plus gentil. Et c’est à ce moment qu’elle avait découvert tout ce que Sirius cachait. Elle l’avait aidé à se confier, jusqu’à devenir celle à qui il disait tout, jusqu’à devenir son ami, sa meilleure amie.
Mais depuis quelques temps, tout semblait dégringoler. Sirius ne se confiait plus à personne comme il le faisait, il agissait parfois bizarrement. Il semblait perturbé, il n’était plus qu’une pâle copie de celui qu’il avait été et personne ne comprenait pourquoi. Beaucoup pensait que c’était dû à sa rupture avec Eleanor et donc il ne l’embêtait pas avec ça. Mais Léwina savait que ce n’était pas le cas.
-Oui, mais je ferais mieux de l’oublier.
Léwina avait toujours su qu’elle avait aidé Sirius, aidé à devenir quelqu’un de meilleur, aidé à combattre ses démons. Sûrement parce qu’elle ressentait le besoin intérieur de lui venir en aide, quel que soit la situation. Elle avait besoin de le voir heureux, de le voir sourire et rire. Elle avait mis énormément d’effort dans cette relation, plus qu’un ami en mettrait. Mais Sirius ne lui avait pas donné suffisamment de raisons d’espérer que ça soit la même chose de son côté. Parfois, il la faisait douter mais ces instants fugaces ne se répétaient pas assez souvent pour lui donner de l'espoir. Alors que Léwina se rendait bien compte que son corps parlait de temps à autres pour elle. Inconsciemment, elle avait tendance à chercher son contact plus que de raison, laissait sa main sur son épaule assez longtemps, cherchait toujours à se tenir à côté de lui, à s’asseoir à côté de lui. Arthur le remarquait parfois et lui adressait alors un petit sourire moqueur.
-Pourquoi essayer de l’oublier tant que tu n’es pas sûr de ce qu’il ressent ?
Marlene questionna du regard Léwina. La première avait un visage calme avec un sourire doux. Elles contrastaient parfaitement avec l’agitation de la fête autour d’elles.
-Il y a seulement deux possibilités, reprend la Gryffondor, soit il t’aime toi, soit il n’aime personne. Tu es évidemment la personne la plus proche de lui. Ça serait con de passer à côté.
-Oui, mais cela détruirait notre amitié.
-On ne reste pas amis avec la personne qu’on essaye d’oublier, commence Marlene avec un ton irrévocable. On s’en éloigne mais on peut redevenir amis après mais la relation est différente. Dans tous les cas, le changement est inévitable.
Léwina resta silencieuse quelques instants, enregistrant les paroles de Marlene. Elles n’étaient pas proche, elles ne s’étaient parlé que quelques fois par l’intermédiaire de Sirius ou de Lily, il était donc assez étrange de recevoir des conseils de sa part. La Gryffondor s’approcha alors de son oreille et lui chuchota :
-Tu n’as rien à perdre. Vas-y.
Puis Marlene partit, laissant Léwina seule au beau milieu de cette foule dansante avec cette phrase qui résonnait dans sa tête : « Tu n’as rien à perdre. Vas-y. ». Peut-être c’est ce qu’elle avait besoin depuis le début : de l’encouragement. Elle, qui n’avait jamais caché ce qu’elle pensait, qui n’hésitait pas à dire ses opinions haut et fort, la voici depuis des mois et des mois à cacher son amour pour son ami. « Tu n’as rien à perdre. Vas-y. ». Tout était déjà ruiné et depuis longtemps, le dire ne pourrait que la soulager.
Alors elle leva les yeux et chercha Sirius. Il dansait comme si c’était la dernière fois de sa vie. Il était beau. Tous les sentiments de Léwina lui revinrent en pleine tête et sa main devinrent moites mais elle devait le faire. Alors, elle prit une grande inspiration pour se donner du courage et s’avança vers lui. Elle dut slalomer entre les différents danseurs plus ou moins alcoolisés pour arriver à sa hauteur. Il était dos à elle, il n’avait rien remarqué.
« Tu n’as rien à perdre. Vas-y ».
-Tu n’as rien à perdre. Vas-y.
Sirius ne dut rien comprendre à ce qu’il se passa ensuite. Léwina lui attrapa les épaules et le retourna. Elle put lire sur son visage la surprise qu’il avait de la voir venir vers lui à cause de leur dispute de ce matin. Sans savoir s’il pouvait entendre ce qu’elle disait à cause de la musique, elle déclara :
-Ca fait des mois et mois que j’y pense. J’avais tellement peur de ta réaction que j’ai préféré faire comme si de rien n’était mais maintenant j’en ai marre d’attendre. Sirius… Je…
Il la regardait fixement de ses yeux gris, les sourcils toujours levés.
-Je t’aime bien plus qu’un ami, avoue-t-elle.
Elle ne prit pas le temps de voir sa réaction qu’elle tourna les talons et le laissa seul. Sirius resta plusieurs instants, pantois, sans bouger regardant fixement la foule par là où elle était partie. Son cerveau avait comme beugué, il ne comprenait pas du tout ce qu’il venait de se passer.