Sept minutes pour s'aimer

Dans le chapitre précédent : Et effectivement, il remarqua vite un corps aux cheveux blonds entendu au sol. Il se précipita à ses côtés et lui prit immédiatement le pouls au niveau de son poignée : il ne sentit rien. Il essaya diverses positions mais n’arriva pas à le trouver.
-Putain, putain, dis-moi que tu n’es pas morte.

Affolé, il lâcha sa main et posa ses doigts, dans un geste brusque, dans son cou. « Boum… Boum… Boum… ».

Sirius se laissa tomber sur ses fesses, Léwina était en vie, elle était seulement endormie. Il passa sa main moite dans ses cheveux et frotta son front plein de sueur. Il tenta de reprendre une respiration normale, il n’avait pas remarqué qu’il était en apnée. Rapidement, il remonta sur ses pieds et entreprit de la secouer un peu. Il serait complètement rassuré seulement lorsqu’il la verrait ouvrir les yeux.
-Léwina, appelle-t-il d’une voix incertaine et tremblante qui trahissait sa panique précédente ? Allez, s’il te plait… J’aurais du mal à expliquer à madame Smith comment tu t’es retrouvée comme ça, finit-il pratiquement suppliant.
Il essaya de la réveiller encore quelques instants. Puis lorsqu’il commença à se demander si elle n’était pas dans le coma, elle eut soudainement un sursaut. « Léwina ! ». Elle sembla émerger d’une longue nuit agitée de rêves et semblait complétement perdue. Elle tenta de s’asseoir en poussant sur ses bras mais perdu l’équilibre. Heureusement, Sirius était là pour l’aider. Il passa un bras dans son dos et lui permit de s’asseoir. Il s’agenouilla à ses côtés.

-Qu’est-ce qui s’est passé, demande-t-elle une fois qu’elle eut quelque peu reprit ses esprits ? Tu venais de passer à travers le trou et tout est devenu noir et voilà que je me réveille sans raison sur le sol !
-Je pourrais te demander aussi ce qu’il s’est passé ! Un coup tu étais derrière moi ! La seconde d’après, j’ai un imposteur derrière moi qui a essayé de me buter !
-Un imposteur -la surprise traversa son visage- ?
-Oui. Elle était tout comme toi. Mais… Elle a dit que j’avais des bonnes idées et j’ai senti que quelque chose clochait, du coup je lui ai posé deux, trois questions où tu aurais été capable de répondre mais elle n’a pas réussi, répond Sirius avec une certaine fierté dans la voix.
-Et elle est où maintenant, demande Léwina prête à se battre ?
-Aucune idée… Elle s’est transformée en poussières une fois que je l’avais attrapé.
-Toi ? Gagner en duel, voilà qui est étonnant, retorque-t-elle.
Sirius lui donna un petit coup sur l’épaule pour se venger.
-C’est bon, au moins je sais que c’est toi maintenant.
Il retira alors son bras de son dos qu’il avait oublié d’enlever et le lui tendit pour l’aider à se relever. Une fois debout, elle le remercia d’un petit sourire fatigué et frotta ses habits dans le but désespéré d’enlever la poussière. Elle tenta de marcher mais tituba et perdit l’équilibre. Sirius se précipita vers elle et lui attrapa ses deux mains afin qu’elle puisse retrouver son équilibre.
Elle le regarda. Il la regarda.

Elle n’avait pas le même regard hautain qu’habituellement. Elle avait plutôt un regard doux. Elle semblait tellement fragile, là, devant lui, à le tenir comme si elle s’effondrer sans lui.

Elle le regarda. Où était passé le Sirius qui l’avait fait tomber dans le lac, celui dont les blagues l’avaient énervé pendant cinq longues années ? Où était passé le garçon qui cherchait toujours à montrer qu’il était le meilleur ? Où était passé l’adolescent qui ne se souciait que de lui et de ses amis proches ? Le voilà qui maintenant prenait soin d’elle, faisait attention à elle et vérifiait que tout allait bien. Elle avait aisément pu sentir dans quel état de panique il avait été plongé lorsqu’il avait découvert son corps inanimé sur le sol.
Léwina ne comprenait pas le changement caractériel trop rapide de l’adolescent. Elle s’était promis de ne pas l’embêter, de ne pas lui envoyer des piques et de ne pas lui rire au nez dans l’espoir qu’il se mette à déconstruire ses préjugés sur la maison Serpentard. Elle avait donc décidé de changer radicalement de comportement avec le Gryffondor. Mais, étrangement, ce dernier avait visiblement décidé de faire la même chose, pour une raison qui était complètement obscure à Léwina.

-Tu peux marcher, demande-t-il doucement après quelques instants ?
Ce moment semblait être hors du temps. Les voilà au milieu de cette pièce saccagé dont ils avaient détruit le mur, à se regarder droit dans les yeux. Qu’est-ce qui était arrivé à ceux qui se détestaient ? Est-ce que sept petites minutes dans une armoire avaient eu autant d’impact sur eux deux ?

-Je crois oui.
Sa prise dans les mains de Sirius se relâcha et ce dernier lui lâcha alors complètement les mains. Il la regarda, tourner la tête et fuir son regard. Il vit ses yeux papillonner avant qu’elle ne vienne ne les replanter dans les siens. Son regard avait changé.
-Bon, on y va maintenant ?

Ils décidèrent alors de retourner dans la deuxième salle et de rester grouper pour éviter qu’un incident comme celui-ci ne se reproduisent. Sirius lança parfois des regards inquiets derrière lui, pour regarder si Léwina tenait toujours sur ses deux jambes. Au moins, elle n’avait aucune blessure physique donc leur duo ne se ferait pas disqualifier à cause de ça.
Dès son entrée dans la pièce, Léwina avait lancé des sorts de protection ce qui avait fait sourire Sirius qui était maintenant convaincu que ça ne pouvait être un nouvel imposteur.

Ils durent marcher plusieurs mètres avant d’arriver devant un grand bassin d’eau. Au loin, ils voyaient la porte qui se dessinait difficilement. Le bassin était imposant et il était impossible de le contourner. De plus, il semblait infesté de strangulots.
-Il doit bien avoir un moyen de traverser ce bassin sans mettre un pied dans l’eau, se questionne lui-même Sirius.
-Regarde ici, répond Léwina !

Elle pointait du doigt un endroit très proche d’eux sur le bassin. Effectivement, à première vue il ne semblait rien avoir mais maintenant qu’il regardait avec plus d’attention, il remarqua que l’eau semblait plus trouble à cet endroit exact. Léwina s’accroupit alors, proche. Elle prit sa baguette par le bout et fit pendre l’autre bout dans le vide. Avec une certaine peur, elle l’abaissa peu à peu. Son geste était d’une lenteur qui avait le don d’énerver Sirius mais il se retint de faire le moindre commentaire.
Au moment où le morceau de bois aurait dû rentrer en contact avec l’eau, rien ne se déroula. En effet, il y avait comme un mur invisible qui empêchait la baguette d’aller plus loin. Soudainement, la baguette fut retirée et remplacée par deux pieds : Léwina avait sauté sur la plaque invisible. Sirius ne put se retenir d’émettre un petit son sous la surprise et la peur. Il la regarda alors, désespéré :
-T’es tarée ma pauvre.
Juste son rire lui répondit.

-Il faut juste qu’on repère les cases où on peut marcher, explique-t-elle.
-Et bien ça ne doit pas être si compliqué, dit Sirius en avançant son pied droit avec confiance !
-Arresto momentum, s’écrie-t-elle !
Sirius se retrouvait maintenant dans une drôle de position. Il était bloqué, un pied au sol, l’autre dans les airs se dirigeant vers le bassin, les bras en l’air et complétement déséquilibré.
-Ecoute moi bien Sirius, commence Léwina d’une voix autoritaire, dès que je vais relâcher le sort tu vas tomber en avant sauf que tu vas pas du tout tomber là où on peut marcher donc à mon signal, tu lances un sortilège de répulsion pour revenir sur tes pas. Ok ?
Bien sûr, le Gryffondor ne pouvait pas lui répondre. En effet, elle avait utilisé un sortilège permettant d’arrêter complétement le mouvement de Sirius car elle avait vu que ce dernier n’allait pas poser son pied sur une case. Elle avait donc réagi le plus rapidement qu’elle le pouvait.
Heureusement, Sirius suivit ses consignes et il put ainsi éviter de tomber dans le bassin.

La deuxième salle n’était en soit pas très difficile. Ils trouvèrent alors rapidement les différentes plateformes sur lesquelles ils pouvaient marcher et ils rejoignirent la porte. Cette dernière était verrouillée mais un sortilège de déverrouillage permit de l’ouvrir. Le duo pénétra alors dans la troisième et dernière salle. Or celle-ci était d’un tout autre style et ils s’en rendirent vite compte.
En effet, dès qu’ils furent tous les deux dans la salle, les lumières de cette dernière s’allumèrent. Au fond, se trouvait le fameux parchemin dont leur avait parlé leur professeure, sous une vitre. Le voilà donc l’objet qu’ils devaient récupérer afin de terminer la course. En vérité, ils ne savaient même plus combien cela faisait de temps qu’ils avaient commencé l’épreuve. Toute notion du temps avait en fait disparu dans ces salles sombres.

Sirius, toujours aussi impatient, fut le premier à avancer tandis que Léwina se préparait à lancer ses sortilèges de protection. Or, ils n’eurent le temps de rien faire : un sort les toucha tous les deux. A leurs pieds se créa un amas de glace. Au début, il ne recouvrait que leurs orteils mais au fur et à mesure il augmenta et il augmenta de plus en plus vite. Il eut rapidement rejoint leurs genoux. Léwina fut la première à réagir :
-Diffindo, crie-t-elle en pointant les jambes du Gryffondor.
Ce dernier fut ainsi libéré, il s’empressa de le faire à son tour sur les jambes de Léwina. Cette dernière accourut alors vers lui, lui attrapa le bras et les tourna de sorte à ce qu’ils soient dos à dos.
-J’ai comme l’impression que ce ne va pas être le seul sortilège, crie-t-elle, l’adrénaline débordant de ses veines, restons comme ça pour être protégé tous les deux !

Sirius acquiesça mais ne répondit rien, lui aussi sentait que quelque chose allait se passer et il se mit sur ses gardes. Ils commencèrent alors à faire des petits pas pour se rapprocher du parchemin. Soudainement, ils entendirent une voix inconnue crier la formule d’un sortilège : le combat avait commencé.
Ils avaient tous les deux utilisées le sortilège du bouclier et s’étaient défendu en lançant des sorts à l’aveugle. Ce manège recommença plusieurs fois.

Sirius eut une drôle de sensation alors qu’il se battait. Peut-être c’était l’adrénaline mais il sentait quelque chose, quelque chose en lui qui le rendait fort, qui le rendait meilleur. Il savait qu’il ne pouvait pas perdre. Pas comme ça, pas quand Léwina se battait elle aussi dans son dos. Pendant ces quelques instants, il se sentit tout puissant. Jamais de sa vie, ses sortilèges n’avaient été aussi bien réalisés. Tout lui venait naturellement alors qu’il ne s’était jamais retrouvé dans une situation pareille. Peut-être qu’il était fait pour se battre.
Cela pouvait paraitre encore plus étrange mais Léwina ressentit la même chose. Contrer puis lancer de nouveaux sortilèges n’avait jamais été aussi amusant.

Soudainement, les sortilèges adversaires cessèrent, Léwina cria alors :
-Va chercher le parchemin ! Je te couvre !
Sirius ne discuta pas les ordres, il partit en courant vers la petite estrade où se trouvait le parchemin. Léwina tourna pour rester dos à lui, les sortilèges avaient repris. Sans Sirius, elle ne pouvait répliquer et se contentait seulement de les protéger tous les deux. Elle se sentait très fatigué, n’ayant toujours pas complètement récupéré depuis tout à l’heure. Or, elle tenta d’oublier son propre corps qui souffrait pour se concentrer uniquement sur la réalisation de ses sortilèges : elle devait protéger Sirius comme il l’avait fait avec elle tout à l’heure.

Pendant ce temps, le Gryffondor souleva le verre qui protégeait le parchemin. Il tomba au sol et se brisa mais il ne l’entendit même pas, dans ses oreilles résonnaient seulement le bruit des attaques de leurs adversaires. Il fit aussi vite qu’il le put, il attrapa le parchemin et l’ouvrit.

Il y eut alors comme un grand flash lumineux et le silence revint soudainement.

Il y eut ensuite une voix, Sirius mit quelques instants à la reconnaitre mais c’était la voix de Lily Evans. Il sentit une main se poser sur son épaule et essaya d’ouvrir les yeux ne se rappelant même pas qu’ils les avaient fermés.

Ils étaient revenus dans cette salle circulaire où il avait commencé l’épreuve. A côté de lui, se trouvait Léwina qui lui souriait.
-On a terminé deuxième, dit-elle.
Sirius mit quelques instants à réellement comprendre ce qu’il se passait autour de lui. Il n’y avait personne dans cette salle à l’exception d’eux et de Lily et son duo qui avaient manifestement terminés devant eux.
-On est trop fort, répond le Gryffondor sautant de joie.
Léwina laissa échapper un rire.
-Bien joué.
Il la regarda puis remarqua qu’elle lui tendait la main. Il lui fit un grand sourire avant de la serrer avec entrain.
-Bien joué, dit-il à son tour.

A la suite de cela, Sirius n’avait pas arrêté de parler de leur deuxième place et avait fait le fier quand leurs professeurs les avaient félicités. De plus, les deux membres du duo savaient que quelque chose avait changé entre eux ce jour-là. C’était le début, il venait de construire les premières bases d’une nouvelle relation qui s’offrait à eux.