Nouvelles relations
Après plusieurs semaines à s’asseoir à côté en Etude des moldus, Remus et Arthur avaient plutôt bien sympathisé. Le Gryffondor avait continué d’apprendre de nouvelles choses sur Arthur. Tout d’abord, il avait découvert quelqu’un d’étonnamment ouvert d’esprit et qui mettait tout de suite en confiance, Remus avait l’impression qu’il aurait pu lui confier tous ses problèmes et qu’Arthur l’aurait écouté d’une oreille attentive pendant des heures. Le Serpentard avait choisi Etude des moldus car comme sa mère n’était pas une sorcière, il connaissait tout à leur sujet et n’avait donc pas besoin de travailler cette matière. Le Serpentard avait même réussi à désintéresser Remus des cours. En effet, il était fréquent que le professeur les mette en petits groupes pour discuter du sujet qu’ils étaient en train de traiter : Arthur répondait donc à la question en trente secondes et profitait du temps restant pour discuter avec son voisin. A vrai dire, Remus n’était pas non plus celui qu’Arthur s’était imaginé. Il lui avait collé l’image de ses amis, Sirius Black et James Potter et l’imaginait comme le cerveau derrière leurs plaisanteries, ce qui n’était finalement pas du tout le cas.
-On devrait manger un midi ensemble, propose Arthur alors qu’il se laissait tomber sur sa chaise. Tu devrais rencontrer Léwina, je suis sûr que vous vous entendriez bien.
-C’est une bonne idée, réplique Remus en sortant ses notes.
Le loup-garou avait toujours eu du mal à se faire des amis, à cause de sa lycanthropie mais aussi à cause de sa timidité. Il était plus qu’heureux de rencontrer de nouvelles personnes qui semblaient s’intéresser sincèrement à lui.
-Tant mieux, s’exclame Arthur ! Je parle souvent de toi, ça sera cool que vous puissiez vous rencontrer. D’ailleurs, elle a hâte de rencontrer celui avec qui je « trompe » ma copine.
En effet, Arthur sortait depuis l’année précédente avec Anna Kanofa, une Serdaigle et cela était connu de tous à Poudlard et d’autant plus de Léwina qui les avait vu tomber amoureux l’un de l’autre. Mais, un soir, elle avait demandé à son meilleur ami s’il n’était pas en train de la tromper avec Remus Lupin. A vrai dire, ce soir-là, elle en avait eu marre de l’entendre parler sans s’arrêter de son nouvel ami.
Ils avaient donc décidé que leur déjeuner prendrait place le mardi suivant à la suite de leur cours en commun.
-Je vais manger avec Arthur Lei demain midi.
-Wawawa, commence Sirius, les yeux s’agrandissant.
-Remus, quelle mouche t’as piquée ? Déjà tu sympathises avec lui, ok on ne dit rien, mais là tu nous abandonnes, nous tes meilleurs amis, pour un Serpentard, continue James offusqué ?
-Je ne vous abandonne pas, je vous propose de venir avec moi si vous voulez, vous devriez, il est sympa, il vous ferrait peut-être changer d’avis sur les Serpentard.
-Même pas en rêve, répondent d’une seule voix Sirius et James croisant les bras sur leur torse.
Remus se tourna vers le dernier de la bande.
-Désolé Remus, ça ne m’emballe pas trop.
Le loup-garou fut quelque peu déçu mais ne le laissa pas trop paraître, il préféra retourner à ses devoirs.
*****
Le lendemain arriva rapidement et Remus fut accueilli en cours d’Etude des moldus par Arthur tout sourire qui lui fit remarquer qu’il faisait très beau aujourd’hui et qu’ils mangeraient donc dehors. Le professeur récita ensuite son cours pendant de nombreuses minutes, qui passaient aussi vite que des heures. Dès que le calvaire s’arrêta, Arthur entraîna son ami hors de la salle et lui dit :
-Viens, j’ai dit à Léwina qu’on la rejoindrait dehors.
Remus le suivit alors à contre sens de tous les élèves qui se dirigeaient vers la Grande Salle.
-Je te préviens, dit Arthur alors qu’ils voyaient Léwina leur faire des signes au loin, elle est un peu remontée contre tes amis mais normalement tout va bien se passer.
Remus souffla d’appréhension, il ne savait même pas pourquoi il se sentait aussi stressé. Ils arrivèrent devant elle, elle checka Arthur et se tourna ensuite vers Remus.
-Le voilà le mec qui fait cocu Anna.
Remus rigola ne s’attendant pas à une telle réplique, ce qui eut le don de le détendre.
-Oui c’est ça, enchanté.
Elle émit un petit rire à son tour. Son visage s’adoucissait beaucoup lorsqu’elle souriait.
-Léwina Malfoy, dit-elle comme si c’était la première fois qu’ils se rencontraient, à vrai dire, ils ne s’étaient jamais vraiment adressé la parole malgré que cela faisait quatre ans qu’ils côtoyaient la même école.
-Remus Lupin.
-Je suis contente de te voir Remus, Arthur me parle souvent de toi, tu illumines ses cours d’Etude des moldus à ce qu’il parait.
Remus prit le temps de regarder Léwina. Elle avait un visage assez dur et une mâchoire très carré, ce qui le masculinisait beaucoup. Mais cela était contrebalancé par son nez fin et ses longs cils qui soulignaient ses yeux presque noir. Elle avait un teint pâle et une peau sans imperfection alors que tous les autres de leur âge étaient sévèrement touchés par l’acné. Souvent, elle arborait un visage sans expression, aucun sourire, hormis ses yeux qui clignaient de temps à autres. Les gens prenaient ça pour un air condescendant, comme si Léwina ne s’intéressait pas à ce qu’ils disaient. « C’est juste ma tête de base » se défend Léwina, outrée, lorsqu’Arthur lui fit remarquer, « je ne peux rien y faire ».
-Le mieux c’est quand t’es concentrée dans quelque chose, continue son meilleur ami toujours avec ce petit air moqueur. Cette même tête mais avec les sourcils froncés, là tu fais vraiment une salle gueule.
Remus fut rapidement mis à l’aise par le duo. Arthur et Léwina étaient en fait deux personnes particulièrement ouvertes et qui aimaient rire. Il était très facile d’entretenir une conversation avec eux et ils faisaient toujours attention à ce que Lupin ne se sente pas exclu.
-Et comment ça se passe chez toi, demande Remus à Léwina. On entend beaucoup de choses en vérité, je suis juste un peu curieux, dit-il pour se justifier.
-Ah oui ! Avec ses rumeurs comme quoi, on a plus d’une trentaine d’elfe de maisons et qu’à nos heures perdues on aime faire la chasse aux centaures. Et bien… Ce n’est pas exactement ça mais on ne peut pas dire non plus que ça se passe bien.
Remus leva les sourcils, intrigué.
-Essaye de vivre avec mes parents, commence Léwina en soupirant, enfin mon père est mort il y a six ans. Mais, de son vivant, cet homme était réellement effrayant. Même mon frère Lucius qui lui ressemble comme deux gouttes d’eaux le craignait de tout son être. Pendant toute notre enfance, il nous inculqué l’idée qu’on valait mieux que la moitié des sorciers car nous, nous étions des sang-pur, comme il aimait le dire. C’est très dur après d’aller à l’encontre des croyances qu’on t’a répété des milliers de fois pendant ton enfance.
Remus sembla curieux donc Léwina continua son récit :
-Enfin, je n’ai pas si mal vécu mon enfance, la richesse de ma famille aidant sûrement beaucoup dans tout ça. Mais dernièrement j’ai vraiment du mal à les supporter, mes parents et leurs idées idiotes, surtout que mon frère commence à s’y mettre. Ils disent certaines choses qui donnent sérieusement envie de vomir.
-Tu me fais penser à mon ami Sirius, laisse échapper Remus, vous vous entendriez bien je suis sûr.
-Sûrement, si c’était un peu moins un gamin, crache Léwina. J’ai entendu parler de lui et de sa famille, ce n’est pas beaucoup mieux que les Malfoy, même pire probablement, surtout qu’eux ils jouent dans l’inceste pour rester le plus « pur » possible, encore heureux que ça ne soit pas le cas chez moi. C’est pour ça que les Malfoy acceptent certains sang-mêlé car ils savent que la survie de la famille n’est pas possible sans eux.
-Sirius ne nous parle jamais de sa famille. Je ne suis même pas sûr que James soit au courant.
-Mon frère sort avec sa cousine, Narcissa Black, j’ai déjà rencontré quelqu’un de ces proches, crois-moi, c’est le genre de famille où il ne faut pas poser un pied si on croit encore à la bonté humaine.
*****
Léwina, Arthur et Remus n’étaient pas les seuls à créer de nouveaux liens. En effet, le soir même, Lily Evans, Marlène McKinnon, Mary McDonald et Dorcas Meadowes se retrouvèrent dans le dortoir vide des trois premières afin de pouvoir discuter à l’écart des oreilles indiscrètes, et pour cause : Marlène leur avait annoncé avoir une nouvelle de la plus haute importance à leur faire part.
Les trois Gryffondor, Lily, Marlène et Mary avaient dès leur première année, très rapidement sympathisées. Les trois étaient très gentilles et attentives à leurs proches, il avait été donc très naturel pour elles de devenir amies. La Serdaigle n’avait rejoint la petite bande que plus tardivement. En effet, c’est lors de leur deuxième année que Mary et Marlène avaient rencontré Dorcas lors du cours de Sortilège : le courant est immédiatement passé entre elles. Malgré tout, Dorcas avait le caractère le plus prononcé de leur groupe : elle parlait toujours fort, était très drôle mais surtout, extrêmement sûre d’elle, une qualité qui faisait souvent tort à des jeunes sorcières de quatorze ans, à peine adolescente.
-Allez Marlène, l’encourage Mary, on a toutes envie de savoir !
-Et bien, et bien, commence celle-ci un grand sourire sur le visage et les joues teintées de rouge. Depuis cette après-midi, enfin depuis plus précisément cinq heures trente, je sors avec… Sirius Black !
Les filles l’acclamèrent en parlant fort et tapant dans leurs mains. Marlène leur avait fait part de son attirance pour le Gryffondor plus tôt dans l’année et toutes étaient très contentes pour elle. Lily Evans, sa meilleure amie, avait néanmoins quelques réserves dont elle avait déjà fait part à la concernée. En effet, elle trouvait Black superficiel et méchant parfois dans certaines situations. Elle se méfiait énormément de lui et n’était absolument pas sûre que Black ressente ne serait-ce la moitié des sentiments que Marlène avait à son égard. Malgré tout, Lily en avait parlé à son amie et la laissait maintenant faire ses propres choix, ce n’était pas son rôle de la forcer à éviter une relation.
-Depuis le temps que nous en parle de ce Sirius, il était enfin temps, lance Dorcas appuyée contre un barreau du lit de Lily, l’air moqueur.
-Je suis si contente, je l’adore ! J’aimerais tant que vous trouviez toutes votre prince charmant, je me sens si légère maintenant.
Marlène n’était pas quelqu’un de timide. Elle aimait dire ce qu’elle pensait et n’était pas facilement gênée. Elle pensait d’ailleurs que c’était cette partie de son caractère qui avait attiré Sirius. En effet, le Gryffondor avait également une personnalité similaire. Néanmoins, on ne pouvait contredire que Marlène, comme beaucoup de filles de son âge, était particulièrement intéressée par les histoires de cœur, quitte à délaisser ses cours pour cela.
-Raconte nous comment ça s’est passé !
Marlène prit une grande inspiration et commença son récit. Elle se rappelait de chaque instant qu’ils s’étaient passé plus tôt dans la journée avec une précision infinie.
-Et bien à la fin de la pause de midi j’avais oublié mon livre de potions et donc je suis revenue dans la salle commune afin de le récupérer. Sirius était seul sur les canapés, il n’y avait aucun de ses amis, même pas James, et vous savez combien c’est rare qu’ils ne soient pas collés ensemble, alors je décide de saisir ma chance. Comme j’avais un peu d’avance, je me dis que je peux rester discuter quelques minutes avec lui et profiter de cet instant. Alors, je vais vers lui et commence à lui parler du cours de sortilèges de ce matin. Etonnamment, je le trouve très investi dans la conversation et le sujet dérive : on parle de Quidditch, d’actualités aussi, enfin bref. Finalement je me rends compte que je ne suis même pas aller chercher mon livre alors je commence à aller vers les dortoirs, il me retient et me demande où je vais, ce que je lui explique et vais finalement récupérer le livre. Quand je redescends, il est debout au milieu de la salle commune, ce qui était très bizarre donc je lui demande si ça va et là il me dit qu’il a quelque chose à m’avouer. C’était horrible, je sentais mon cœur battre à cent à l’heure ! Il commence à m’expliquer que depuis le début de la quatrième année, il avait trouvé que quelque chose avait changé en lui et il sentait peu à peu tomber amoureux de quelqu’un. Et c’était moi ! Après ça, il m’a embrassé et j’ai cru que mon cœur allait exploser !
Elles continuèrent encore de parler pendant plusieurs minutes de ce surprenant retournement de situation. En effet, au cours des derniers mois, Sirius s’était quelque peu rapproché de Marlène ce qui était très suffisant pour lui donner de l’espoir à elle. Mais cela ne l’était pas pour trahir quelques sentiments de la part de Sirius à l’encontre de la Gryffondor, du moins c’est ce que pensait Lily Evans.
-Ne dites pas toutes Sirius sinon je crois que je vais être jalouse, lance Marlène.
Elles avaient décidé de faire un tour de dortoir et de dire leur maraudeurs préféré. En vérité, c’était plus un stratagème pour évaluer les sentiments de Lily envers James. En effet, tout Poudlard savait que le jeune homme était éperdument amoureux de celle aux cheveux de feu. Cette dernière affirmait toujours qu'elle détestait James mais Marlène avait la sensation que Lily se mentait à elle-même à propos de celui-ci. Ainsi, elle s’amusait à le ramener régulièrement dans la conversation afin de pouvoir observer les réactions de sa meilleure amie.
-Je me lance, dit Dorcas, il est vrai que Sirius a un style bien à lui ce qui un véritable attrait mais je crois que je penche plus pour Potter qui a un humour plus proche du mien.
-Personnellement, commence Mary, je trouve que Remus est le mieux : tout d’abord c’est le plus gentil des quatre, il est un peu timide mais une fois qu’on le connait, il est vraiment passionnant.
Les regards se tournèrent alors vers Lily dont les joues tiraient sur la couleur de ses cheveux :
-Peter.
Les autres continuèrent à la regarder, interloquées. Dorcas explosa de rire :
-Non mais c’est vrai ! On le compare toujours aux trois autres mais Peter est quelqu’un de très bien. S’il n’était pas entouré d’autant de gens naturellement douée, il brillerait, j’en suis sûr.
-Ma pauvre Lily, tu te mens à toi-même. Peter parait doué seulement car il traine avec des gens naturellement doués qui l’aide. Nous retiendrons seulement de ce que tu as dit que tu as refusé de répondre à cette question et as tenté de camoufler ça d’une manière très douteuse.