
Chapitre 7
Harry arrêta de l’embrasser mais ne s’éloigna pas. Il recula simplement d’un pas sans retirer ses mains. Son Aura brillait d’amour jade et de tendresse vert pâle. De peine avocat aussi, car Draco ne se confiait pas à lui.
« Dis-moi ce qu’il t’arrive. »
Il dû pincer les lèvres et baisser la tête pour éviter de tout déballer. De vomir tous ses secrets qu’il retenait au fond de lui. De lui raconter tout ce qu’il avait vu, tout ce qu’il avait compris.
Que son père ne l’aimerait jamais, qu’il ne ferait rien d’autre que de le décevoir. Que le Ministre de la Magie aimait venir s’entretenir avec son père dans son bureau car il désirait sa mère. Que son père trompait celle-ci avec l’une de ses amies.
Que sa mère portait un enfant lors de la Bataille Finale et qu’elle l’avait perdu. Depuis, son père était en prison et elle pleurait. Pleurait-elle son mari ? Pleurait-elle son bébé ? Lucius était-il le père de celui-ci ? Il ne voulait pas savoir.
Les Malfoy n’ont qu’un seul enfant.
C’est le prix de la consanguinité à la recherche du sang le plus pur.
Il pouvait dire exactement quand la mère de Blaise décidait de se débarrasser d’un énième mari. Qu’elle était incapable d’aimer, mis à part son fils. Qu’elle portait une terrible souffrance causée par son tout premier mari, le père du Serpentard, qu’elle avait vraiment aimé. Qu’elle tuait chaque enfant qui se créait dans son ventre.
Il ne pouvait pas lui dire toute la souffrance de Severus face au Gryffondor. Toute cette douleur, toute cette culpabilité. La colère, la jalousie. Il était toujours en deuil et ne parvenait pas à se pardonner pour aller de l’avant.
Que Victor Krum était amoureux d’Hermione mais que celle-ci ne recherchait que le regard de Ron. Que Ron n’avait jamais aimé Lavande, qu’il ne désirait que rendre Hermione jalouse. Que Ginny Weasley n’était pas une petite fille pure mais une boule de jalousie brute et de haine. Que si Pansy l’avait approché au début, c’était pour son nom et sa fortune, l’avenir qu’il pourrait lui offrir.
Que la deuxième Serdaigle de huitième année, Edna Thompson, était enceinte. Que l’enfant n’avait pas de père.
Que Dumbledore n’avait pas été aussi bon et aussi altruiste qu’il le faisait paraître. Qu’il avait l’Aura grise des manipulateurs, que sa gentillesse cachait une face plus calculatrice. Pour lui, tout le monde était un pion à bouger pour parvenir à ses fins.
Qu’il était capable de le voir sous sa cape d’invisibilité grâce à son Aura. Qu’il avait vu toute sa souffrance, toute sa tristesse, toute sa culpabilité, et qu’il n’avait rien fait.
Il ne pouvait pas lui dire tout ça.
Il remonta ses genoux jusqu'à son torse pour enfouir sa tête dans ses bras.
« Je ne peux pas. »
Sa voix était brisée, à l’image de sa douleur. Il ne pouvait pas se confier… Il ne pouvait se confier à personne.
Il vit Harry reculer d’un autre pas, blessé. Tout l’amour était devenu douleur. Il pouvait aisément deviner ses pensées : après tout ce qu’il s’était passé, il le repoussait encore, il ne lui faisait pas confiance.
Non !
Le Gryffondor recula encore d’un pas et Draco tendit la main vers lui pour le rattraper.
Il devait comprendre que ce n’était pas qu’il ne voulait pas mais qu’il ne pouvait pas !
« Attends ! Je… Un jour. Un jour, je te dirais tout, mais pas maintenant, c’est… c’est trop tôt… »
Harry s’adoucit considérablement. Juste comme ça, avec une unique promesse, toute la douleur était partie.
« Je te le promet. » jura-t-il en attrapant sa main.
Il ferma les yeux quand Harry posa son front contre le sien.
« Je t’attendrais le temps qu’il faudra. »
Le Gryffondor lui sourit, déposa un baiser papillon sur ses lèvres puis quitta l’infirmerie pour le laisser se reposer.
***
Le visiteur suivant fut Lexie. Elle se planta devant lui et croisa les bras. Elle était en colère.
Il lui devait des excuses, elle le méritait.
« Je suis désolé. Je… me suis rendu compte que j’étais dangereux. Que j’étais capable de faire des choses qui pou-pourraient vous blesser, Amy et toi. Je me suis éloigné, avant de faire quelque chose que je regretterais toute ma vie. »
« Tu as été un véritable enfoiré. »
« Je sais. Je suis désolé. »
« Tu as encore fait pleurer Amy. »
« Je suis désolé. »
La gifle n’était pas une surprise. Il ne dit rien car il le méritait. Il l’avait tellement blessée… Il voyait parfaitement sa douleur indigo sous toute sa colère mauve. Les yeux de la Poufsouffle se remplirent de larmes.
« Il n’y aura pas de troisième fois. Je t’offre une deuxième chance, mais si tu recommences, tu pourras nous dire adieu. Je ne te le pardonnerais pas. »
« Merci, merci mille fois. »
Ils se sourirent. Il se sentait tellement soulagé ! Elles ne l’abandonnaient pas. Elles lui laissaient une nouvelle chance de pouvoir être un bon ami. Elles restaient à ses côtés.
Amy apparue, remplie d’espoir or. Quand elle les vit réconciliés, elle se jeta dans ses bras en sanglotant. Il la serra fort contre lui et ferma les yeux. Cette étreinte lui faisait du bien. Il pouvait la toucher sans lui faire de mal. Il se mit à penser à tous ceux à qui il tenait.
Blaise, qui était loin. Pansy, qui était seule. Lexie, qui n’abandonnait jamais. Amy, qui était si douce. Hermione, qui était devenue amie avec lui, pardonnant combien il avait été cruel avec elle toutes ses années. Harry, qui le voyait, qui l’avait embrassé.
Il pensa à son parrain, qui avait été présent mais si éloigné à la fois. Son parrain, piégé dans le passé, mais qui l’avait aimé comme un fils, là où son père n’éprouvait que de la déception. Il adorait lever les yeux pour voir son sourire, suivre son Aura partout dans le Manoir.
Il pensa à sa mère et ce secret en elle, sa mère qui était détruite, qui ne le voyait plus.
« Plus jamais… Ne me refais plus jamais ça, Draco… Je ne le supporterais pas… »
« Jamais. »
Il vit l’infirmière s’approcher puis s’éloigner pour les laisser tranquille, un sourire aux lèvres. Lexie pleurait à grosses larmes. Draco lui sourit et tendit un bras vers elle. Elle vint se réfugier contre lui et ils firent un câlin à trois. Il n’était plus fatigué. Il n’était plus irrité. Il allait bien, maintenant. Toute la douleur était partie.
Harry l’avait sauvé.
Harry le sauvait toujours, avec son Aura verte.
Il le sauvait des flammes, il le sauvait de la solitude, il le sauvait des cauchemars, il le sauvait de ses propres mains.
Son sauveur. Son héros.
Les filles reculèrent puis lui sourirent. Il leur rendit.
« On va manger ? » proposa-t-il à ses amies.
***
Harry et lui étaient-ils en couple ? Amoureux ? Comment devait-il réagir ? Comme un ami ? Comme un petit-ami ? Est-ce qu’il devait aller vers lui ? Lui tenir la main ? L’embrasser ?
« Est-ce que tout va bien Draco ? Tu es tout rouge. » s’inquiéta Amy.
« Ce n’est rien, ne t’inquiète pas. »
Il était bien.
***
Au cours du repas qu’ils prirent dans la Cuisine, Draco eut une idée. Il en fit part à ses amies, quémandant leur aide. Avec sa crise il n’avait pas pu offrir les cadeaux de Noël qu’il avait prévu pour tout le monde. Alors il était temps de se faire pardonner.
Et surtout de s’excuser auprès d’Hermione.
Ils arrivèrent devant le tableau de la Salle Commune et il laissa les filles rentrer. Il se glissa dans l’ombre et attendit patiemment qu’elles reviennent avec ce qu’il leur avait demandé. Amy sortit quelques minutes plus tard avec un paquet enveloppé et Lexie lui tendit un parchemin et une plume. Quand il eut fini, il se planta devant le tableau.
« J’aimerais voir Hermione Granger. »
Lancelot afficha une moue mécontente de devoir se déplacer mais s’exécuta. Draco déposa le cadeau sur la dalle de pierre puis la lettre juste sur le dessus et retourna dans l’ombre. Quand Hermione arriva, il devina d’un simple coup d'œil qu’elle était épuisée. Elle fut surprise par ce qui l’attendait mais récupéra les offrandes.
Chère Hermione.
Me donneras-tu une seconde chance ?
Je ne suis pas digne de toi, pas digne d’être ton ami, pas digne de ton inquiétude.
Ma raison me dit que je ne mérite pas ton pardon mais mon cœur ne peut cesser d’espérer. Tu es une amie si formidable. Une femme si forte. Une sorcière si incroyable. Tu as effacé des années de rivalité, de méchancetés, en un sourire. En un petit bout de papier.
Je suis désolé.
J’ai eu peur. Nous savons tous les deux ce qui s’est passé dans cette salle. Moi, plus que toi. J’ai eu peur de ce que j’ai fait, de le refaire, de blesser quelqu’un. Comment aurais-je pu vivre en sachant que j’ai fait du mal aux personnes que j’aime ? Alors je me suis éloigné de toi, de tous. Pardonne-moi.
Merci d’avoir été mon amie. Merci de m’avoir accepté.
Ceci est ton cadeau de Noël que je n’ai pas su te donner.
Un vieil ennemi, un ancien ami,
Draco Malfoy.
L’Aura teinté de tristesse cannelle, elle déchira le papier cadeau et sortit une magnifique cape. Celle-ci était en écailles de Dragons parfaitement blanches. Elle avait la température parfaite quelle que soit la météo et pouvait protéger de la plupart des sorts.
Elle serra la cape contre elle et tourna la tête, comme si elle savait qu’il était là. Il hésita à se montrer mais Amy le poussa et il émergea à la lumière. Quand elle le vit enfin, elle se jeta dans ses bras.
« Putain Draco ! Est-ce que tu sais qu’elle quantité de larmes que j’ai versé pour toi ?! »
« Je suis désolé. »
« Et maintenant… Cette lettre ! »
« Je suis désolé. »
« Je… ! Je… ! »
Elle ne dit pas un mot de plus, pleurant juste, réfugiée dans la chaleur des bras du Serpentard. Joie ambre. Pardon caramel. Quelle femme incroyable, capable de pardonner quoi qu’il se passe.
Le tableau s’ouvrit sur Harry. Cette fois-ci, il ne plongea pas dans la jalousie mais son Aura se colora de tendresse vert pâle, de joie émeraude et d’amour jade. Il lui sourit doucement. Quand Hermione se rendit compte de la présence de son meilleur ami, elle recula vivement, loin des bras de Draco.
« Harry ! Ce n’est pas ce que tu crois ! »
« C’est bon, ‘Mione. » la rassura le Gryffondor.
Draco se demanda si elle était paniquée à l’idée qu’il s’imagine qu’il y avait quelque chose entre eux à cause de Ron, ou des sentiments Harry. Est-ce qu’elle connaissait les sentiments de Harry pour lui ? Et les siens pour le brun ?
Harry plongea ses yeux dans les siens et il oublia un instant tout ce qu’il n’était pas vert. Il n’y avait plus qu’eux. Leur baiser à l’Infirmerie. Ses mains sur ses joues. Leurs soirées en tête à tête. Cet amour débordant qui le noyait dans un océan vert.
« En fait… » commença Harry en s’approchant de Draco. « Nous sommes ensembles. » déclara-t-il en l’embrassant sur la joue.
Le Serpentard vira immédiatement au rouge vif. Il n’avait jamais autant rougit de sa vie ! Il voyait tellement d’amour jade chez Harry que son propre amour cyan ne pouvait s’empêcher de se mélanger au sien, formant pendant quelques instants une unique Aura.
Hermione s’illumina de joie, absolument pas surprise. Lexie resta bouche bée, choquée et Amy eut un grand sourire resplendissant de joie miel et d’amusement citron.
« Félicitations ! »
« Enfin ! » s’exclama la Gryffondor.
« Par le string léopard de Victor Hugo, il était temps ! » jura la Sang-Mêlée.
Tout le monde la regarda, plus éclata de rire.
Ça faisait du bien !
***
Pour la suite de son plan, le groupe se déplaça jusqu’à la petite cour qui avait accueilli de nombreuses fois Draco, Lexie et Amy. Heureusement, c’était samedi et ils n’avaient pas cours.
Ils avaient décidé de s’offrir leurs cadeaux de Noël, ou du moins ceux liés à Draco. Après tout, il avait passé les fêtes enfermé entre les rideaux de son lit, refusant de voir quiconque, puis à l’infirmerie.
Ron s’était ajouté au groupe mais il ignorait le blond avec une attention toute particulière. Le Serpentard ne savait pas comment réagir. Ils n’étaient pas vraiment amis mais il était ami avec ses amis et ils jouaient aux échecs ensemble.
Il offrit à Lexie un bon cadeau sorcier pour se faire un tatouage magique, chose dont elle rêvait depuis longtemps. Les tatouages sorciers avaient la particularité de ne pas rester fixe sur le corps mais de pouvoir se déplacer à leur guise.
Il offrit à Amy une plume de Phœnix en pendentif qui faisait office de porte-bonheur et de charme protecteur.
A Ron, il avait acheté un jeu d'échecs sorcier russe, où il fallait veiller sur les pions avec attention sinon ceux-ci se déplaçaient à leur guise.
Pour Harry, il avait acheté une chevalière portant le blason des Potter, sertie de la nuance exacte de son amour cyan.
Hermione lui offrit un parchemin magique, où seul le propriétaire et la personne qu’il désignait pouvait lire ce qui était écrit.
Ron lui présenta une peluche furet de très mauvais goût mais qui fit rire les deux Poufsouffles, qui se souvenaient parfaitement de cette scène.
Amy avait fait envoyer de chez elle quelques livres de théâtre tragiques par des auteurs Moldus, car il avait découvert qu’il adorait ça.
Lexie avait enchanté une besace en cuir extensible, pour qu’il puisse stocker absolument tout ce qu’il voulait.
Le cadeau de Harry était un bracelet qu’il avait fabriqué lui-même. C’était un Ouroboros parsemé de cristaux de jade qui s’enroulait deux fois autour de son poignet avant de se mordre la queue.
L’anneau était enchanté pour être toujours en mouvement et ne jamais se mordre la queue C’était une œuvre incroyable et magnifique.
Il fut tellement ému qu’il ne résista pas à l’embrasser devant tout le monde.
***
Au repas du midi, un gigantesque hibou grand-duc gris vint se poser devant lui. Il se figea. C’était le hibou de la Famille Malfoy. S’il était là, cela voulait dire que la lettre qu’il tenait dans sa pâte venait de sa mère. Sa mère qui ne lui avait pas parlé, qui ne l’avait pas regardé depuis la fin de la Guerre.
Il prit la lettre dans une main tremblante et quitta la Grande Salle après un sourire rassurant pour ses amis. Il trouva un coin calme dans lequel il serait tranquille et avisa le papier blanc.
Sa mère.
Froide et silencieuse, un fantôme pâle entre les murs vides du Manoir.
Mon Draco,
Le Professeur McGonagall est venu me voir en personne pour me faire part de ses inquiétudes à ton égard. J’ai appris que tu allais mal, que tu souffrais de nombreux maux.
Je n’en savais rien. Quand as-tu arrêté de m’envoyer toutes ses lettres où tu me racontais tes journées ? Quand ais-je arrêté d’attendre avec impatience un hibou de Poudlard ?
J’ignore comment se déroule ta scolarité. J’ignore si tu as été accepté par tes camarades. J’ignore pourquoi tu as préféré ne pas rentrer pour les vacances, ce qui t’a attaché à Poudlard, ou repoussé au Manoir. Je ne peux que le deviner et cela me brise le cœur.
Peut-être est-il temps de changer de maison. Celle-ci est remplie de peine et de cauchemars. Alors au diable les traditions Malfoy, qu’ils y mettent sur le compte de la folie des Black.
Mon Dragon, nous nous sommes éloignés sans que je ne le remarque.
Draco, tu es mon trésor et je t’aime tellement.
Je t’en prie, prends soin de toi.
Ta mère.
Il lutta de toutes ses forces pour ne pas pleurer mais les larmes furent plus fortes.
Il se souvint de la main de sa mère dans ses cheveux, le soir. De son sourire rassurant, de ses lèvres tout contre son oreille quand elle lui chuchotait qu’elle l’aimait. Il se souvint qu’elle avait toujours été là pour l’aimer et le réconforter de la déception de son père. Que c’était son amour pour lui, si présent dans son Aura bleu ciel, qui lui avait permis de tenir si longtemps dans ce Manoir glacial.
Sa mère, si froide et si lointaine depuis quelque temps…
« Draco ? »
Il releva les yeux vers Harry, Harry et son Aura jade. Il lui sourit, malgré les larmes qui tombaient toujours.
« Tout va bien ? »
« Oui. Ça va mieux que jamais. »