Toutes Les Nuances de Vert

Harry Potter - J. K. Rowling
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Toutes Les Nuances de Vert
Summary
Draco possède le don de Vision : il est capable de voir l'Aura des autres, soit leurs émotions.Après la Guerre, quelques élèves se retrouvent pour une 8ème année. Draco fait la connaissance de deux Poufsouffles et décide de s’excuser auprès du Trio d’Or.Sa relation avec eux devient amicale mais il est de plus en plus troublé par le vert de la Magie d’Harry…Note : Ceci est la nouvelle version de "Vert la Magie"
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Epilogue

Draco baissa les yeux vers la lettre qu’il avait reçue quelques jours plus tôt et sourit. 

Il était facile de deviner l’expéditeur car chacun de ses amis utilisaient un papier différent et celui-ci était indéniablement moldu. 

L’Ouroboros glissant autour de son poignet était chaud. 

Il était bien. 

 

Coucou Draco !

J’espère que ton voyage se passe bien et que tu manges à ta faim et que tu ne t’attires pas d’ennuis. Est-ce que tu es rentré à l’intérieur des pyramides ? Amy adore le vase de chine que tu nous as envoyé, elle n’arrête pas de le prendre en photo. 

On a hâte de te voir pour Noël. 

Les études se passent bien, merci. Amy est vraiment douée, les profs la félicitent. Quant à moi, les enfants vont bien mais cet hiver est vraiment froid et ils enchaînent les maladies. L’orphelinat a vraiment besoin de travaux de rénovations. 

Nous avons enfin trouvé une date pour fêter nos fiançailles ! Est-ce que tu pourrais revenir pour le 14 février ? 

Gros bisous à ton ami, 

Tout plein de bisous à toi,  

Lexie (et Amy). 

 

« Draco ! Tu viens ? On va être en retard si tu commences à lire toutes tes lettres. » s’écria Blaise depuis l’autre côté de la porte.

« Oui, oui, j’arrive ! »

Il glissa le papier dans son sac avec toutes les autres et s’empressa d’attraper son sac de voyage avant de quitter la chambre. Blaise lui jeta un regard moqueur quand il arriva à sa hauteur, son Aura grenadine amusée, et il leva les yeux au ciel en réponse.

 

***

 

Cela faisait maintenant deux ans et trois mois que Draco avait quitté Poudlard, l’Angleterre, et ses amis. 

Mais il en avait besoin. Besoin de s’éloigner, de respirer, de se chercher. De trouver des réponses sur son Don, sur son existence. 

Harry et lui avaient longuement discuté, même si Draco n’était pas encore parvenu à franchir le pas et lui avouer son secret. Il savait que quelque chose n’allait pas, qu’il avait besoin de trouver un moyen d’aller mieux. 

Alors le Gryffondor l’avait laissé partir. Il l’avait regardé préparer son voyage, étudier de gigantesques cartes, lire jusque pas d’heure. Il l’avait aidé à faire son sac, lui avait appris quelques sorts utiles, l’avait rassuré.

Chaque cristaux de jade de l’Ouroboros lui rappelait que Harry l’aimait. Que Harry était à ses côtés.  

Il n’avait pas quitté ses pensées depuis leur rencontre il y a tant d’années et il ne l’avait jamais regretté. 

Il avait parcouru le sud de l’Afrique, fouillé l’Asie de fond en comble, visité l’Amérique tout entière, et le voilà maintenant en Égypte, accompagné de Blaise.

Blaise et lui s’étaient retrouvés dans un bar au Japon, tout à fait par hasard. L’idée de faire ce long périple à ses côtés lui avait bien traversé l’esprit quelques fois au début du voyage, cependant c’était une mission qu’il devait remplir seul. Mais à l’instant même où il avait revu Blaise, toutes ses résolutions s’étaient envolées. 

Des rires d’enfants dans une chambre trop grande, une main qui serre la sienne quand ses pires cauchemars s’emparent de sa maison. 

Il s’était souvenu des parties de cache-cache avec Pansy dans le Manoir Malfoy, des bonhommes de neige chez Blaise, de leurs journées dans l’immense piscine de leur amie d’enfance. Il s’était souvenu de leur amitié éternelle, de sa solitude aussi. 

De la jeune fille qui pouvait enfin sortir de sa demeure, qui écrivait sous un faux nom un livre sur l’Histoire telle qu’elle était vraiment. De Blaise qui les avait quittés, s’échappant vers d’autres pays quand les choses s’étaient enivrées. De ses tremblements, des larmes de Pansy, des regrets de Blaise. Il s’était souvenu de tout ce qu’ils avaient endurés ensemble, de toutes leurs promesses, et soudain, il n’imagina plus une seule seconde de faire demi-tour avant que son meilleur ami ne le remarque.

Alors il était entré dans ce bar, il l’avait vu trembler de joie, de surprise, de tristesse, d’amitié. Blaise l’avait pris dans ses bras et il avait éclaté de rire. Il avait ri comme avant, comme quand ils étaient enfants, comme quand Pansy courait derrière eux en se plaignant que leurs jambes étaient trop longues, quand Draco imitait son professeur particulier.

Ils avaient parlé. Encore et encore. Des voyages de Blaise, du jour où sa mère s’était installée chez un nouveau mari en Espagne et qu’il avait décidé de continuer son voyage, de ses rencontres, des filles d’un jour ou deux, des bagarres, des gares, des matchs de Quidditch à travers le monde. 

Ils avaient parlé de la Guerre, de Lucius Malfoy, de Narcissa, du jour où Pansy avait été arrêtée, du jour où Potter avait gagné, de la honte et du mépris, de la 8ème année à Poudlard. Ils avaient parlé d’Amy et Lexie, d’Hermione et de Harry et même de Ron.

Blaise avait simplement souri quand Draco lui avait avoué en rougissant ses sentiments. Son Aura était corail de joie. Pas de dégoût, pas de rejet, pas de mépris. Juste de la joie, tant de joie qu’il en aurait pleuré.

Le jour d’après, ils quittaient le Japon pour se rendre au Brésil en portoloin. 

Draco avait fouillé plus de bibliothèques qu’il ne pouvait compter. Il avait interrogé des villages entiers perdus entre les dunes, entre les arbres ou même au milieu de l’eau. Et Blaise l’avait suivi, sans poser de question, s’amusant de leurs aventures.

 

***

 

« Draco ! »

Il sursauta, arraché à ses pensées. Blaise se retenait tout juste de rire.

« On est arrivé. »

Devant eux se dressait la plus haute pyramide de la Basse Égypte. Elle était normalement inaccessible au public, sorcier comme moldu, mais il se trouvait que Draco connaissait l’assistante du Ministre de la Magie, Hermione Granger en personne. Et le parchemin qu’il avait dans sa poche lui ouvrait absolument toutes les portes. Il avait bon espoir d’avoir des réponses ici, car les sorciers égyptiens de l’époque possédaient un savoir qui était aujourd’hui perdu.

À l'intérieur de la pyramide, les murs étaient gravés de hiéroglyphes de tout genre. Sortilèges, sorts, potions, malédictions, dieux, médecine. Mais surtout, entre un sort de guérison et un sort de Guerre, ce mot. Draa-gōn . Il avait trouvé ce mot dans des manuscrits indiens vieux de deux milles ans, sur une tapisserie maya, sur un buste sans tête aztèque. Et toujours, ce mot était associé à un autre : Oôr-a . Autrement dit, l'Aura.

 

Les Draa-gōn, protecteurs du Pharaon, protégeaient Héka des faiblesses des Mortels, grâce aux pouvoirs d’Osiris, Horus et Anubis. 

Ils étaient chargés de veiller sur l’Équilibre du Monde en tant qu’héritiers des Premiers Grands Draa-gōns nés à la création des Premiers Hommes.  

 

Héka était la personnification de la magie et l’Aura dans la mythologie égyptienne. Les Draa-gōn protégeaient donc les Auras.

Dans son dos, Blaise siffla en découvrant un sort particulièrement horrible pour les traitres mettant en scène l’âme, du foie de veau, une main de vierge et du venin de python.

« Et bien, heureusement que Voldemort n’était pas trop porté voyage… Il aurait absolument adoré celui-ci. »  

Il secoua la tête, amusé par l’attitude de son ami, toujours si désinvolte. Puis il tomba sur un sort permettant de faire grandir son nez, ou ses pieds en fonction de l’avancée de votre rhume et il ne put s’empêcher de rire, bien vite suivi par Blaise qui avait lu par-dessus son épaule. 

Quand ils arrivèrent enfin à reprendre leur calme, ils échangèrent un regard complice et quittèrent la pyramide poussiéreuse : il avait trouvé ce qu’il cherchait.

 

***

 

Bien sûr, en deux ans, il avait déjà découvert plus d'informations sur le Don de Vision qu’il ne pensait en trouver.

Aaga était une vieille sorcière, mi-harpie, mi-serpent qui vivait au plus profond de la forêt amazonienne. Elle avait 176 ans et Draco l’avait connue un mois avant sa mort, tout à fait par hasard. 

Aaga avait le même Don que lui.

Elle lui appris à se contrôler mieux encore. Elle lui montra les subtilités des nuances, et même comment les influencer. 

Cela l’avait tellement terrifié qu’il s’était juré de ne jamais l'utiliser. 

Aaga lui avait raconté qu’autrefois, les êtres comme eux étaient affectés à la protection des puissants. Et qu’ils avaient été décimés à cause de leur dangerosité. 

Elle lui apprit à utiliser sa propre Aura comme bouclier, puis comme épée. Elle montra des facettes plus douces de son Secret, lui qui l’avait toujours détesté. 

Il lui avait raconté sa terreur après l’accident survenu contre Matthew Johnson, le Serdaigle. Elle lui avait alors fait une tisane, l’avait amené près du feu et lui avait dit que c’était normal. Que c’était la première fois, qu’il ne connaissait pas encore son Don, qu’il ne savait pas le maîtriser. 

Il était resté à ses côtés jusqu’à son dernier souffle et comme il l’avait promis, accompagna son Aura lors de sa dispersion dans l’univers.

 

***

 

Le Serpentard regardait le dessus des nuages depuis l’avion qui atterrirait à Londres juste à temps pour fêter Noël. Il n’aimait pas vraiment les avions, mais il n’avait pas eu le choix, plus aucun portoloin n’était disponible en cette période de fête. On était la veille de Noël et il rentrait chez lui, accompagné de Blaise.

Il ferma les yeux et tenta de s’endormir : ils avaient encore beaucoup de route et l'Aura des sept sorciers réunis dans un si petit habitacle lui donnait la nausée. Voilà une chose qui n’avait pas changé : il détestait toujours autant les endroits publics. Comme il avait aimé le désert ou les forêts ! Peu d’âmes aux alentours, pas d’air surchargé d’Aura.

Il avait hâte de revoir Harry. Même s’il rentrait dès qu’il le pouvait, Harry lui manquait dès l’instant où il le quittait de nouveau. Il voulait revenir auprès de lui au plus vite. Se perdre dans son Aura, s’abreuver de son regard, fondre dans ses bras, goûter ses lèvres, sentir son corps contre le sien. Il voulait se noyer encore une fois dans cet océan vert. Il voulait l’embrasser à en perdre le souffle, l’aimer à devenir fou, laisser leurs Auras fusionner.

Il avait aussi hâte de retrouver Hermione. Ron serait là, le Professeur de Vol ayant eu l’autorisation par la Directrice de Poudlard de rentrer pour les fêtes. Il y aurait Amy et Lexie bien entendu, ils se retrouvaient chez elles avant d’aller jusqu’à l’appartement qu’il partageait avec Harry.

Mais surtout, il allait revoir Pansy. Pansy perdue dans son grand manoir, qui écrivait sans se soucier de l’avis de la société. Elle écrivait sur la Guerre car elle désirait plus que tout que tout le monde connaisse la réalité. La vraie facette de la Dernière Bataille, que ce soit du côté du Bien ou du Mal. Des Mangemorts, de la propagande, de la cruauté, de Voldemort. Du mépris et des préjugés du Bien, de leurs sourires quand elle hurlait, de leur plaisir lors de la sentence. Pansy, si seule et pourtant si forte.

Il regarda ses mains. 

Elles avaient tremblé. Elles avaient saigné. Il les avait craintes et haïes. Maintenant elles ne lui faisaient plus peur. Il avait appris à les contrôler, à les utiliser. Après tout, c’était ses mains. Cependant, ça ne l’empêchait pas de retenir sa respiration et son cœur de s’emballer quand Harry les tenais. 

Le soleil teinta les nuages d’un rouge carmin et durant une seconde, malgré toute la beauté du paysage, il fut de nouveau jeté au cœur de la Guerre. La peur, les nuits blanches, la rancœur, la culpabilité, la terreur. Ils ne pourraient jamais s’en débarrasser totalement. 

Harry continuera à faire des cauchemars. Ron continuera à pleurer la perte de son frère. Hermione continuera à regarder ses parents de loin. Pansy continuera à en vouloir au monde entier et surtout à ses parents. Blaise continuera à voyager sans jamais se poser. Sa mère continuera à pleurer. Il continuera à craindre le moindre bruit étrange dans la maison de son enfance. 

La Guerre fait des choses terribles aux gens. 

La Guerre faisait partie de l’Histoire, de leur histoire, de leur passé et de leur avenir. Ils étaient la génération sacrifiée, celle qui avait le plus perdu.

Et pourtant il fallait avancer. En écrivant un livre, en bâtissant les lois, en éduquant les nouvelles générations, en veillant sur ses orphelins, en photographiant la vie, en parcourant le monde, en sortant de chez soi, en aimant toujours plus.

Il finit par s’endormir, serrant contre lui le sac contenant toute ses lettres.

 

***

 

Il regarda lentement autour de lui, détaillant le visage de ceux qu’il aimait, le sapin gigantesque, les décorations stupides, la cheminée brûlante. Harry était assis à côté de lui, ses doigts entrelacés avec les siens. 

Il était bien. 

Il avait l’habitude.

Ron et Hermione se chamaillaient à propos d’une histoire étrange de balais, de vaisselle et de lois. A leur droite, Amy et Lexie regardaient les photos que Blaise avait prises durant leur voyage. Il soupira de bien-être en fermant les yeux et laissa son corps s’appuyer contre Harry qui lui sourit, s’arrachant au spectacle de ses meilleurs amis.

« Fatigué ? »

« Hm… »

« On devrait peut-être ouvrir les cadeaux maintenant alors. »

A ces mots, Lexie et Ron bondirent sur leurs pieds comme deux gamins surexcités et s’empressèrent de faire léviter tous les présents pour les déposer au centre du cercle. Tout le monde donna à un cadeau à son voisin de gauche et ainsi de suite. Draco rit, heureux. Ils étaient loin dans son esprit, les souvenirs de la Guerre. 

Il était heureux d’être en vie.

Quand vient le moment de donner son cadeau à Harry, il n’hésita pas. Sa décision était prise. Alors qu’il tendait le fin paquet entre ses doigts tremblants sous le regard surpris du Gryffondor, il sentit son cœur s’emballer dans sa poitrine. Il se força à se calmer alors qu’il soufflait au brun de ne pas l’ouvrir devant tout le monde, mais à l'abri des regards. Il se força à sourire quand Harry le regarda avec curiosité, bien que son Aura se teintait d’inquiétude sinople. 

Quand ce dernier se leva en annonçant qu’il allait aux toilettes, il ferma les yeux de toutes ses forces et attendit, son cœur battant dans ses oreilles avec force.

Il avait peur. Non, il était irrémédiablement terrifié. Encore plus que lorsque Voldemort habitait chez lui, encore plus que lorsque la Guerre était là, encore plus que lorsque qu’il avait cru perdre Harry à cause d’un empoisonnement. 

Il savait parfaitement ce qu’il avait écrit, car il avait rédigé cette lettre un nombre incalculable de fois, sans trouver le courage de l’envoyer. 

 

Il était une fois un enfant, né d’un homme qui ne savait pas aimer et d’une femme qui était humaine malgré tout. 

Un enfant différent. Un enfant sorcier, sang-pur, éduqué pour être meilleur que les autres. 

Différent malgré tous ces efforts. 

L’enfant grandit avec cette différence, la cachant au plus profond de sa poitrine, derrière ses paupières, au creux de ses reins. Il apprit à faire semblant d’être normal, à se taire, à s’adapter. 

Il apprit à cacher son secret. Il apprit à rire et pleurer, il apprit à souffrir et aimer. Il apprit à haïr et culpabiliser. 

L’enfant grandit, encore et encore et devint un jeune homme. Il rencontra des gens, des gens mauvais et des gens bien. Il vécut des choses, des choses mauvaises et des choses bonnes. Il fit des erreurs, beaucoup, il eut des secrets, beaucoup, il garda espoir, malgré tout. 

Son secret était à la fois l’une des formes de son malheur et la source de son espoir. Grâce à lui, il put survivre aux gens mauvais, aux choses mauvaises, à la Guerre, à la mort, à la haine. Son secret le poussa à se cacher, à trembler dans le noir, à fuir toujours plus. Son secret était la source de sa lâcheté mais aussi l’origine de son courage. La chose qui lui faisait ouvrir les yeux tous les matins, qui le poussait à sortir de sa chambre. 

Son secret était vert. Vert comme les pierres de jade, vert comme l’absinthe, vert comme l'émeraude, vert comme les prairies. Il était menthe, pomme, sinople. Son secret était bleu comme le ciel, rouge comme les flammes, gris comme l’acier. Son secret portait toutes les couleurs du monde, tous les sentiments. Joie, tristesse, colère, émerveillement, fatigue, impatience, inquiétude. 

C’était la déception de Lucius Malfoy, la douleur de Narcissa, le dégoût de Madame Zabini, la froideur de Dumbledore, la souffrance de Severus, la jalousie de Ginny Weasley, l’enfant d’Edna Patridge.  

Et il avait beau avoir mal, hurler en silence, c’était toujours là. 

Son secret portait un seul et mille noms à la fois, portés à travers le temps, affrontant civilisations, extinctions, renaissances. 

Son secret était caché au fond de la forêt amazonienne, gravé à l’intérieur des pyramides, dans un manuscrit indien, sur une tapisserie maya, sur un buste sans tête aztèque. 

Son secret était la source de ses changements d’humeurs violents, de sa haine, de sa peur. La peur de blesser. La peur de tuer, de faire du mal. Comment vivre avec l’idée d’avoir blessé les seules personnes qu’il aimait et qu’il respectait ? 

Les personnes chéries avaient augmenté à travers le temps. Il eut tout d’abord sa mère, puis ses deux voisins qui devinrent ses meilleurs amis. Vient ensuite après de longues années deux filles incroyablement ouvertes, puis une jeune femme terriblement intelligente et un garçon qu’il avait toujours regardé.  

Il tomba amoureux. 

Amoureux d’un océan vert, d’un garçon, d’un rival, d’un ami. Il tomba amoureux au coin du feu, un jour de pluie, un jour de neige, un jour de terreur empoisonnée, dans un lit d’infirmerie. Il tomba amoureux dans le train de retour, lors de leur déménagement, dans une piscine, dans un lit, autour d’une table, devant un film. Il tomba amoureux avec chacune de ses lettres. 

Après des années, il décida de lui livrer son secret. Sa différence. Son Don. 

Le Don de Vision. 

Les gens comme lui portaient autrefois le nom de Draa-goōn.  

Il était capable de voir l'Aura des autres. Leurs sentiments sous la forme la plus brute.

Quand il découvrit qu’il était capable de voler mortellement l’Aura des autres, il prit peur. Il fut terrifié du fait que ses mains étaient capables de faire une chose aussi affreuse, aussi cruelle, aussi douloureuse. Jamais il ne se le pardonnerait s’il blessait une personne qu’il aimait. 

Alors il se mit à fuir à nouveau avant que l’on ne le force à reprendre espoir, avant qu’on ne le sauve. Il était toujours sauvé par la même personne. Le centre de son univers. Un océan d’Aura verte, un cœur généreux et une âme pure. Harry Potter.  

Il lui fallut un certain temps avant d’accepter qui il était, avant de trouver le courage d’accepter son Don, de dévoiler son Secret. Il lui fallut quitter sa vie, son pays, sa famille, ses amis, l’homme qu’il aimait depuis si longtemps. 

Il lui fallut affronter le monde, voyager jusqu’à ne plus sentir ses pieds, parler milles langues, en écouter bien plus, visiter des endroits perdus. Il lui fallut rencontrer des gens, déchiffrer maintes et maintes textes, visiter des pyramides.  

Mais c’était fini maintenant. Il avait trouvé le courage, bien caché dans une Aura turquoise tellement familière. 

Harry, 

Je suis capable de voir et de manipuler l'Aura des autres. Je suis capable d’influencer leurs sentiments, je suis capable de neutraliser, de manipuler, de tuer avec mes mains sans aucun effort. 

Mais je peux te promettre que tout ce que tu as ressenti n’a jamais été influencé. 

Je t’aime, envers et contre tout. 

Draco. 

 

Il sentit son Aura jade autour de lui avant même de l’entendre ou le voir. Ses yeux émeraudes brillaient. Ses lèvres souriaient. Ses doigts serraient le papier contre son cœur. Il n’avait pas besoin de mot. Il n’avait jamais eu besoin de mot. Tout était clair maintenant. 

Harry comprenait soudain les cauchemars de Draco, qui hurlait quand il cherchait à le toucher à son réveil. Il comprenait son désir de partir, de se chercher, de s’accepter. Il comprenait soudain sa réticence avec certaines personnes, son apaisement à ses côtés quel que soit son humeur, son malaise avec les foules.

« Je t’aime tellement Draco. Tu es la personne la plus incroyable que je connaisse. »

Harry n’avait pas besoin de voir l'Aura de Draco pour voir ses larmes, pour voir son soulagement, sa peur, son courage. Il n’avait pas besoin de voir les variations de ses sentiments bleus pour savoir combien il l’aimait. 

Il se laissa tomber devant lui et prit ses mains entre les siennes. 

Il le regarda. 

Il l’avait toujours regardé. 

« Je t’aime Draco, envers et contre tout. Je t’aimerais toujours. »

Alors Draco rit parce que soudain toute son inquiétude s’était envolée et qu’elle lui semblait futile. Parce que Harry le regardait, parce que Harry l’aimait même si ses mains tremblaient.

Et que ça ne changerait jamais. 

 

***

 

Bonus 

 

Blaise Zabini en avait vu des choses. Il avait parcouru le monde, visité milles pays, entendu milles langues, rencontré milles peuples. Mais ça… C’était autre chose.

« Et bien… » commença-t-il en cherchant les mots capables de rassurer Draco. « Voilà qui est étonnant. Je dois avouer que de toutes les hypothèses que j’avais émises, aucune n’était proche de la réalité. » 

Mais Blaise ne savait pas manier les mots comme Draco. Il préférait plaisanter que d’être sérieux. Il connaissait Draco mieux que quiconque, et inversement. Il avait su avant lui que ses sentiments pour Harry Potter étaient plus profonds qu’une simple rivalité, qu’il ne serait jamais capable de suivre la voie que son père avait tracé pour lui.

Blaise, s’il n’avait pas été assez fourbe pour être à Serpentard, aurait irrémédiablement été à Gryffondor et pour lui une bonne étreinte valait tous les mots du monde. Aider un ami était bien mieux que simplement le lui promettre.

Alors Blaise fit ce qu’il faisait toujours.

Il lui sourit, entouré d’amour capucine, et le prit dans ses bras.

 

***

 

Pansy resta silencieuse après sa lecture. Elle resta silencieuse durant une journée après, puis une autre. Draco n’était pas venu la voir dans son Manoir après lui avoir envoyé ce parchemin.

Elle avait hésité à en parler avec Blaise. Si elle était au courant, alors Blaise aussi. Elle supposait que Harry Potter savait également étant donné leur relation. 

Elle était restée silencieuse alors que le soleil se levait, colorant toute lumière de nuance rose-orangé. Elle avait observé ses mains, ses longs doigts fins et pâles. Draco et elle avaient souvent comparé leurs doigts. Elle plaisantait toujours en disant que ceux du garçon étaient bien plus féminins que les siens. Ses doigts, si semblables à ceux de son ami, ces doigts qu’il avait craint si fort. Ces doigts, capables de tant de choses.

Dans son silence, elle pensa à ce que ces doigts pouvaient faire. Au pouvoir qu’ils renfermaient. Mais c’étaient les mêmes doigts qui étaient passés dans ses cheveux, avaient si souvent pris sa main, séché ses larmes, l’avaient relevée quand elle tombait.

Comment pourrait-elle les craindre ? 

 

 

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