
Chapter 23
Black Sunset
Première Partie : Stars.
Chapitre 23
« Come morning light
You and I'll be safe and sound
Don't you dare look out your window darling
Everything's on fire
The war outside our door keeps raging on »
(Safe and Sound - Taylor Swift)
Mercredi 25 Mars 1981, Refuge pour Animaux, Londres Est.
Patmol rouvrit les yeux difficilement tandis qu'un bruit métallique le sortait de l'étrange état où il se trouvait depuis… Sirius ne savait plus vraiment. Des moldus étaient venus lui apporter de la nourriture plusieurs fois et on l'avait forcé à avaler ces étranges croquettes au goût douteux.
Le sommeil semblait toujours être le plus fort.
Il bailla à s'en décrocher la mâchoire puis s'assit maladroitement. Les bruits de pas venaient dans sa direction. Il avait un peu faim. Ça ne lui ferait pas de mal d'avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Un os à moelle serait parfait.
L'odeur de Judy, aussi soudaine qu'inattendue, lui fit oublier sa fringale.
Il se mit à aboyer joyeusement, s'attirant les feulements des chats les plus proches qu'il ignora.
- Nous avons été obligé de le mettre avec les chats, raconta la voix de celle qui lui avait mis cette horrible collerette. Ils rendaient les autres chiens nerveux.
Il aurait aimé se jeter au grillage de sa cage mais sa patte avant était entourée de bandages et se tenir debout s'était révélé une mauvaise idée.
Elle apparut finalement, sa veste de cuir qui ne se fermait plus sur son ventre trop rond, ses longues mèches blondes relevées en un chignon approximatif et un sourire tordu aux lèvres qui s'élargit quand elle s'arrêta devant sa cage.
- C'est bien lui ? demanda la moldue.
Sirius ne lui laissa pas le soin de répondre, aboyant de plus belle pour lui montrer que si elle avait des doutes, lui était certain de l'avoir reconnue. Judy hocha quand même la tête et la moldue fit demi-tour, Merlin savait pourquoi faire.
- Tu as l'air fin, Patmol, se moqua-t-elle tout en sortant un objet rectangulaire de son sac à dos.
Plusieurs flashs manquèrent de le rendre aveugle.
- Les Potter veulent des souvenirs, souffla-t-elle quand il grogna en réponse.
La moldue revint finalement, accompagnée du gros bras dont Sirius avait appris à se méfier. L'homme ouvrit sa cage et lui enfila ce qu'il savait être une muselière, avant de le soulever de terre comme s'il ne pesait rien.
- Il ne peut pas marcher ? s'étonna Judy.
- Nous lui avons donner de puissants antidouleurs. Il risque de ne pas être très habile. Ce sera plus simple ainsi. Je suppose que vous êtes venue en voiture ?
- Bien sûr.
Ils remontèrent plusieurs couloirs dont il n'avait aucun souvenir. A chaque fois que ses yeux croisaient ceux de Judy, il avait l'impression que son sourire tordu s'élargissait, comme si elle s'amusait de ses malheurs.
Godric, il n'avait toujours pas compris comment il avait pu se mettre dans une telle galère. Il s'était endormi à bout de force au fond d'une ruelle et s'était réveillé dans une cage. Ses tentatives pour retrouver sa forme humaine s'étaient soldées par des échecs cuisants, et il soupçonnait les médicaments qu'on le forçait à ingurgiter.
Il reconnut une nouvelle odeur tandis qu'ils approchaient de ce qui ressemblait à une salle d'attente.
Sirius comprit qu'il était foutu avant même de voir Peter de ses propres yeux et il souhaita presque que Judy ne l'ait jamais retrouvé.
Son meilleur ami était installé sur une chaise et commença à ricaner au moment même où il l'aperçut.
Sirius se mit à grogner, ce qui lui valut un rappel à l'ordre de la part de son porteur. On l'installa dans une nouvelle cage à proximité d'un bureau où Judy prit place.
- Avant de vous redonner Sniffle, je…
- Il s'appelle Patmol à vrai dire, le coupa Peter entre deux éclats de rire qu'il essayait de garder discrets, tout en prenant place sur la deuxième chaise libre.
- Oui… Enfin… Miss Adler, vous dites être la propriétaire de ce chien, c'est bien ça ?
- Plus ou moins, oui.
- Comment ça ?
- Je l'ai adopté il y a moins d'un an. Trouvé pour être exacte. Je ne sais pas encore combien de temps je vais le garder. Surtout s'il continue à s'enfuir et à s'attirer des ennuis.
Sirius ne put retenir son aboiement indigné, ce qui lui valut le regard surpris du gros bras qui montait la garde près de l'accueil.
- Miss Adler, l'adoption de chiens de cette taille est soumise à une procédure très stricte. Il pourrait se révéler dangereux, surtout s'il a tendance à s'enfuir.
Judy échangea un regard avec Peter et Sirius vit son meilleur ami sortir sa baguette magique de l'intérieur de sa manche.
- Je suis sûre que vous trouverez ces documents en règle, affirma Peter d'une voix ferme, celle qu'il utilisait à Poudlard pour inventer un nouveau mensonge quand il se faisait attraper après le couvre-feu.
Le sort de Confusion qui frappa la moldue était parfaitement dosé. Elle fixa les documents que lui montrait Peter d'un regard vide, avant de hocher la tête, encore dans un état second. Elle commença à remplir des documents mécaniquement.
- Sniffle était blessé quand nous l'avons récupéré. Il a plusieurs côtes cassées, une vilaine plaie à la patte avant gauche et plusieurs marques de brûlures. Il a un traitement à prendre pendant deux semaines. Tout est détaillé sur ce document. Nous l'avons également tatoué. Je vais vous demander une caution de 300 £ que je vous rendrais sous présentation d'une attestation assurant qu'il a été stérilisé par vos soins. Nous pouvons effectuer l'opération si vous n'avez pas de vétérinaire attitré.
Tandis que Peter se couvrait le visage de ses mains pour cacher son désormais fou rire, Sirius souhaita plus que jamais reprendre forme humaine pour que cesse le massacre. Il savait qu'il allait entendre parler de cette histoire jusqu'à la fin de sa vie. A côté, un James ivre se transformant en Cornedrue quelques heures avant son mariage pour disparaître dans la Forêt Interdite faisait figure d'anecdote. Ni Judy, ni Peter, ni même James, n'allaient lui permettre d'oublier qu'il avait été tatoué et qu'il était sûrement passé à deux doigts de se faire stériliser.
Finalement, les derniers papiers furent signés. Un nouveau sortilège de Confusion convainquit la moldue et le gros bras qu'il pourrait marcher jusqu'à la voiture. Peter lui passa le collier qu'il avait reçu à son anniversaire et y accrocha une laisse avant de le guider vers l'extérieur. Patmol se laissa faire docilement. Sa démarche bancale l'empêchait de toute façon de jouer les malins.
…
Vendredi 27 Mars 1981, Manoir Lestrange.
- Bellatrix je t'en prie ! La dernière photo de toi et moi date d'au moins cinq ans ! Souris pour moi ?
Bellatrix leva les yeux au ciel mais se laissa finalement convaincre en croisant le regard rieur de sa jeune sœur. Le soleil magnifique de ce début de printemps rendait son regard gris bien plus lumineux que le sien, et son sourire était véritablement resplendissant. C'était à ces moments là qu'elle avait l'impression d'apercevoir la petite fille avec laquelle elle avait grandi.
- Si accumuler des preuves de notre lent déclin te tient tant à cœur…
Narcissa secoua la tête à sa réponse, mais vint se glisser à ses côtés sur le confortable divan de cuir brun qu'elle avait fait installer sur sa terrasse. Un délicat coup de baguette déclencha un flash, suivi d'un deuxième. Sa sœur fit signe à son Elfe de Maison de ramasser l'objet mais resta près d'elle. Bellatrix suivit son regard et ne fut pas surprise de le trouver fixé sur Draco. Son neveu jouait calmement avec d'autres enfants de son rang.
Rodolphus avait tant insisté pour qu'elle se trouve d'autres occupations que la Cause, qu'elle avait fini par céder et s'en était remis aux recommandations sans fin de sa défunte mère. Elle avait donc organisé un thé en cet fin de Mars, profitant que le beau temps s'invite pour quelques jours sur l'Angleterre. Elle avait invité les lady des Vingt-Huit Consacrées, ainsi que des noms moins prestigieux. Bien sûr, les femmes étaient venues accompagnées de leurs précieux bambins. Près de Draco, il y avait Théodore Nott, Pansy Parkinson, Millicent Bulstrode, Daphné Greengrass ainsi que les petits Crabbe et Goyle dont les prénoms lui échappaient. D'autres enfants un peu plus grands se livraient à une partie de Colin-Maillard dans le grand parc qui entourait le Manoir.
Elle aussi avait participé à de tels après-midis plus jeune, accompagnée de ses sœurs, puisqu'elles étaient encore trois à l'époque. Elle avait suivi sa mère dans chacun de ses déplacements jusque l'âge de ses sept ans. Ses devoirs d'aînée l'avaient ensuite contrainte à passer plus de temps avec son père pour apprendre tout ce que Cygnus Black aurait transmis à son fils s'il en avait eu un. Elle avait passé des journées entières à étudier des textes âpres pour son âge sur le fonctionnement de la société sorcière, brillant bien plus que Sirius en la matière, mais ne recevant que le mépris de son père en retour quand le moindre caprice de l'héritier de la famille Black était admiré.
Machinalement, elle passa une main sur son ventre, rassurée de sentir la courbe de plus en plus prononcée sous ses doigts. Sa fille commençait à donner des signes de sa présence. En se concentrant suffisamment, Bellatrix était capable de percevoir ses mouvements délicats sous sa peau. La vie s'épanouissant en elle pour de bon, elle se résignait un peu plus facilement à ne plus pouvoir accompagner les autres Mangemorts à chacune de leur sortie.
- Rolf et toi avez des noms en tête ? demanda Narcissa après avoir surpris son geste.
- Pas encore.
- Comptes-tu rencontrer un Oracle ?
Il y avait une légère pointe de moquerie dans la voix de sa sœur et un éclat de rire lui échappa. Walburga avait consulté un vieil Oracle pour décider du nom de ses deux garçons, insistant qu'il s'agissait là d'une tradition chez les Black. Druella, leur mère, ne s'était pas encombrée de telles précautions. Elle avait accepté de nommer ses deux premières filles en choisissant un nom d'étoile, puis avait manipulé Cygnus pour Narcissa, arguant qu'elle choisirait un prénom à son goût s'il s'agissait encore d'une fille. Bellatrix se souvenait encore de l'expression choquée de sa Tante quand elle avait appris le nom de sa nièce.
- Ranatus m'avait offert une encyclopédie sur les étoiles il y a quelques années. Je devrais trouver des idées d'ici à son arrivée.
- Tu as raison de t'en remettre à notre tradition. J'ai bien peur que Walburga n'en fasse une attaque autrement, elle qui n'a d'yeux que pour toi depuis si longtemps.
Bellatrix ignora la moquerie et se saisit de la main de sa jeune sœur.
Cela faisait bien longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien. Le ciel était limpide, une légère brise rendait la chaleur agréable, les musiciens qu'elle avait engagé jouaient des airs gais que sa mère aurait adoré.
Un concert de rires cristallins lui firent tourner la tête et elle trouva son beau-frère, Rabastan, entouré de jolies jeunes femmes qu'elle avait invité à dessein, sachant pertinemment que leur mère cherchait à les marier.
- Hum… Je parierais volontiers sur la jeune sœur d'Hyperion Greengrass, lui souffla Narcissa. Ce blond vénitien combiné aux boucles des Lestranges ? Certains se dameront dans une vingtaine d'années.
Bellatrix eut un sourire en coin. Rodolphus insistait pour qu'elle se conduise en la parfaite Lady qu'elle était censée être, Ranatus souhaitait qu'elle prenne soin de ses garçons… Elle ne donnait pas un an à Rabastan pour abandonner cette affreuse réputation de coureur de jupons.
Comme pour la contredire, son beau-frère s'excusa et vint la rejoindre. Il sortit une lettre scellée de la Marque des Ténèbres.
- Ma chère sœur, Il m'a demandé de te confier ceci en main propre. J'ai cru comprendre que le sujet était assez urgent.
Narcissa se tendit à ses côtés et secoua la tête d'un air réprobateur. Bellatrix la connaissait suffisamment pour savoir que sa sœur désapprouvait son constant engagement pour la Cause malgré sa grossesse.
Elle remercia Stan d'un signe de tête et se retira à l'intérieur du Manoir.
…
Vendredi 27 Mars 1981, Édimbourg.
Sirius s'arrêta dans un long dérapage devant le majestueux hôtel, s'attirant le regard des trois hommes en costumes qui accueillaient les clients. Judy n'eut même pas le temps de descendre que l'un d'entre eux vint à leur niveau.
- Vous ne pouvez pas vous garer ici, Monsieur. C'est le parking de la clientèle.
- Je suis client, répliqua Sirius en enlevant son casque et ses lunettes de soleil. Nous avons une suite réservée au nom d'Adler.
Le jeune homme - il ne devait pas être plus âgé que lui - s'empourpra et fit amende honorable en portant le sac accroché à l'arrière de sa moto.
Après les formalités d'usages, le même groom - toujours mortifié - les conduisit vers leur suite. Sirius s'amusa des regards surpris que les moldus coincés leur lançaient à Judy et à lui.
Ils étaient à des kilomètres du genre de personnes que l'on s'attendait à croiser dans un lieu aussi prestigieux.
Il avait enfilé un jean troué, son éternelle veste de cuir par dessus un t-shirt arborant le symbole de Queen et ses longs cheveux noirs ne cachaient pas tout à fait les marques que lui avaient laissé l'explosion du Chemin de Traverse. Judy avait enfilé sa tenue de moto rouge à laquelle elle avait dû appliquer un sortilège d'extension. Son maquillage était assorti à ses ongles noirs à l'exception de ses lèvres rouges, et ses cheveux blonds étaient emmêlés par le vent.
Leur entrée dans l'ascenseur jeta un froid.
Leur suite se trouvait au dernier étage : une première pièce faisait office de salon et de bureau, meublée de larges fauteuils en bois précieux, et il aperçut un large lit qui lui tira un sourire. Judy eut un cri de surprise en découvrant la salle de bain.
- Un jacuzzi ?!
Il fronça les sourcils avant de la rejoindre : une large baignoire rectangulaire occupait la moitié de la pièce et Judy tournait autour comme si elle n'en avait jamais vu auparavant.
- Un jacu-quoi ?
- Un jacuzzi. Un bain à bulle. C'est le summum du chic.
- James a des défauts, mais il connaît les bonnes adresses.
- Tu penses qu'ils sont déjà arrivés ?
Sirius fut tenté de lui mentir : il n'avait jamais essayé un bain à bulle et la perspective de s'y trouver en même temps que Judy ne manquerait pas de rendre l'expérience inoubliable, mais ils avaient fait toute cette route dans un but bien précis. Il attrapa sa main et l'attira contre lui, sa main libre trouvant naturellement sa place sur la courbe de ses reins.
- Je pense qu'ils sont là depuis plusieurs heures. Ça fait des mois que James n'a pas eu le droit de sortir de chez lui, il ne va pas manquer l'occasion.
Judy laissa échapper un soupir.
- Très bien… Mais je veux tester ce jacuzzi avant notre départ.
- A vos ordres, souffla-t-il contre ses lèvres.
Leur baiser manqua de peu de lui faire tenir sa promesse plus tôt que prévu, puisque ses capacités à garder la tête froide quand Judy l'embrassait aussi sensuellement étaient atrocement limitées, mais de lourds coups sur le battant de la porte de leur chambre les ramenèrent à la réalité.
- On vous attend les amoureux !
Sirius grogna.
- Ce crétin a de la chance que ce soit son anniversaire, marmonna Judy avant d'embrasser sa joue et de quitter ses bras.
Il eut le bon sens de croiser le regard de son reflet avant de quitter la pièce, ce qui le sauva d'une interminable séance de moqueries supplémentaires vu les traces de rouge à lèvre qu'il avait sur le visage.
La porte de la suite voisine à la leur était ouverte et Sirius y suivit Judy.
- Je veux le voir !
Le cri manqua de lui percer un tympan et il faillit perdre la totalité de son oreille gauche quand James s'en saisit à la recherche du nouvel ajout à sa collection de tatouages.
Il portait fièrement le symbole de l'Ordre sur son avant bras gauche, la date d'anniversaire de Fleamont, Euphemia et Alphard à la base de son cou, la devise des Maraudeurs entourant les initiales LQPC sur son épaule droite et les constellations du Lion et du Chien entremêlées à travers la tâche de naissance sur sa poitrine.
Chaque tatouage avait été pensé, et chaque tatouage avait une histoire précise.
Celui qui défigurait son oreille, jusque-là sans défaut, était affreux en plus d'être ridicule. Il n'avait pas besoin d'un numéro de série !
Il ne s'obstina toutefois pas à empêcher James de l'apercevoir, sachant pertinemment que son meilleur ami passerait la soirée à le harceler s'il le fallait. James Potter n'abandonnait jamais quand il avait une idée en tête.
- X - 051 - KP ! Haha ! Ce sera désormais ton nom de code dans l'Ordre, Pat' !
Sirius lui adressa un regard noir et s'éloigna de lui pour aller embrasser Lily et Harry. Son filleul empoigna ses mèches brunes quand il se pencha vers lui.
- Ah non Harry ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi ! Un Potter agaçant me suffit pour la soirée !
Le petit garçon babilla joyeusement, Sirius dut batailler pour récupérer ses cheveux et réalisa qu'il luttait pour une cause perdue d'avance quand Lily lui confia son fils.
- Judy, je t'ai apporté mes vêtements de grossesse !
- Tu es une sainte, Evans ! Je ne rentre plus dans rien !
Lily salua sa réponse par un éclat de rire avant de l'entraîner vers la chambre. Sirius prit place dans le large canapé, en face de James.
Un sourire lui échappa quand il réalisa que son meilleur ami était plus heureux qu'il ne l'avait vu depuis le jour où il était revenu des Etats-Unis, Judy toujours enceinte. Le voir sans sa tête des mauvais jours et détendu était devenu rare, à mesure que la guerre devenait plus violente et que la menace qui pesait sur Harry grandissait.
- Joyeux anniversaire quand même, Cornedrue.
James eut un large sourire qu'il ponctua d'un clin d'oeil.
La soirée qui saluait les vingt-et-un ans de James ne commença vraiment qu'avec l'arrivée de Peter et Remus. Sirius ne savait pas ce que lui avait dit Lily pour le faire céder, mais la présence du loup-garou marqua la première réunion des Maraudeurs depuis des mois.
Lily avait dû le tenir au courant de ce qu'il se passait puisqu'il ne sembla pas surpris de découvrir Judy et son ventre rond. Il la salua toutefois de loin et s'installa à l'opposé d'elle, tandis que Judy prenait sur elle pour ne pas provoquer un froid dans la pièce.
- Qu'est-ce qui est arrivé à ton visage, Patmol ? demanda-t-il après avoir consenti à avaler un verre, ce qui avait tendance à lui faire perdre de sa réserve.
Il n'eut pas le temps de répondre.
- Oh, Remus, il faut que je te raconte ! s'exclama Peter.
Le récit de ses dernières aventures fit rire même ceux qui la connaissaient déjà. Judy fit circuler les photos qu'elle avait pris de lui dans le refuge et il dut exhiber son tatouage et la nouvelle cicatrice qui remontait sur le dessus de son avant-bras droit.
Le service d'étage leur fit parvenir un délicieux repas qu'ils dégustèrent dans le salon, du rock moldu pour musique de fond, et la ville d'Edimbourg illuminée derrière les fenêtres.
Sans prévenir, James disparut une minute dans sa chambre, avant de revenir avec un morceau de parchemin.
- Un peu de silence, s'il vous plaît !
- Oh, tu as préparé un discours Potter ? se moqua Judy tout en se rencognant contre lui.
Sirius passa un bras autour de ses épaules, ses yeux fixés sur l'éclat de malice dans le regard de son meilleur ami. Il avait une idée mais il espérait se tromper.
- Il me manque le pari de Lunard et je ne serais pas un parrain digne de ce nom si je ne me chargeais pas de le prendre en compte. Lunard, je t'écoute.
Remus soupira mais se redressa, ses yeux ambres maintenant sérieux tandis qu'il détaillait Judy.
- Je ne veux pas t'influencer Lunard, mais sache que ce précieux enfant a été conçu au 12 Square Grimmauld.
Judy lui attrapa son verre et James reçut le fond de champagne qu'il contenait en plein visage, éclatant de rire pour seule réaction.
Sirius se demanda très sérieusement s'il était déjà trop alcoolisé ou simplement stupide.
- Une fille. 31 Juillet. Midi. Trois kilos trois cent. Cinquante centimètres.
- Enfin quelqu'un qui a du bon sens, commenta James tout en complétant sa liste. Très bien, il n'y a plus qu'à attendre !
Privé de son verre, Sirius laissa sa main libre glisser sur le ventre de Judy. Il s'habituait de plus en plus à l'idée de devenir père. Il savait qu'il ne serait pas comme Orion, que Judy ne serait jamais Walburga, et il comptait aimer ce petit être humain comme Fleamont et Euphemia l'avaient aimé. Il se fichait pas mal qu'il s'agisse d'une fille ou d'un garçon…
L'arrivée du gâteau d'anniversaire détourna l'attention de James, et la distribution des cadeaux emporta ses idées de pari au loin. Il reçut de la musique par Remus, un nécessaire à peinture pour les nuls par Peter, une tenue moldue et un nouveau parfum par Lily.
- Une télévision ?! s'écria Lily à la place de James quand il eut ouvert le large paquet.
- Max l'a modifiée, elle fonctionne parfaitement dans une maison magique et elle capte toutes les chaînes du monde. Je devais te l'offrir pour ton anniversaire Lily, mais Max n'a pas su tenir les délais. Donc c'est un cadeau pour vous deux.
Lily se leva pour l'attirer dans une embrassade dont elle avait le secret, puis le libéra en déposant un baiser sur sa joue.
- Merci Chaton.
- De rien Bichette.
- C'est quoi ces boîtes ?
Lily reporta son attention sur James qui détaillait la collection de cassettes que Judy avait insisté pour qu'il achète, dévalisant le magasin moldu où elle l'avait entraîné.
- Ce sont des films enregistrés. Comme des cassettes pour la musique sauf que ce sont des films. Regarde, il y a le Star Wars que je vous avais emmené voir au cinéma. Ah et… Oh ! Bambi ! Judy !
Sa petite-amie éclata de rire sans qu'il ne comprenne pourquoi.
- J'étais obligée de prendre celui-ci ! Je suis sure que James va pleurer quand il le regardera !
- Quoi ? Pourquoi ? C'est quoi ça, Bambi ?
Lily eut à peine le temps d'expliquer qu'il s'agissait d'un dessin animé sur un faon, que James insista pour le regarder sur le champ. La chambre d'hôtel étant équipée de tout le matériel, Judy se chargea de le lancer, son sourire tordu plus large que jamais.
Les explosions qui secouèrent Édimbourg aux alentours de minuit les surprirent en pleurs à la fin du film.
…
Samedi 28 Mars 1981, Edimbourg.
Bellatrix se hissa au sommet du château d'Edimbourg et parcourut les coursives jusqu'à trouver un parfait point de vue sur la vieille ville.
Pettigrow avait prévenu Bartémius que James Potter comptait y passer son vingt-et-unième anniversaire, entouré de sa femme, de son fils et de ses proches amis. C'était la première fois en près d'un an qu'il se retrouvait aussi exposé et le Maître lui avait ordonné d'organiser une attaque massive sur Edimbourg et de tout mettre en œuvre pour retrouver Potter, sa Sang-de-Bourbe et leur bâtard.
Encore une fois, elle s'était étonnée de l'intérêt qu' Il portait au rejeton Potter, mais n'avait rien osé dire. Leur Maître avait toujours eu de bonne raison de choisir des cibles précises et elle ne le décevrait pas ce soir.
Potter était incapable de se montrer discret. La ville avait beau être grande, elle ne suffirait pas à dissimuler le coup d'éclat qui suivrait son départ de l'hôtel. Elle avait posté Stan, Travers, Dolohov, Rowle et Pyrites aux abords du bâtiment, ainsi qu'une horde d'Inféris et des Détraqueurs. Lucius devait ouvrir un deuxième front au nord-est et faire le plus de dégâts possibles.
Ils devaient absolument faire croire à Dumbledore que Potter s'était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Leur petite taupe pourrait encore se révéler utile quelques temps.
Un courant d'air glacé fit claquer la cape dans son dos et elle frissonna. Rodolphus passa aussitôt un bras autour de ses épaules et sa chaleur repoussa le froid du printemps écossais.
Son mari avait tout d'abord refusé qu'elle se déplace. Sa blessure durant l'attaque de Belfast avait été celle de trop et il ne voulait plus la voir sur un champ de bataille d'ici à son accouchement. Elle avait insisté, expliqué qu'elle resterait à l'écart des combats - même si cela la démangeait - et manqué d'en référer au Seigneur des Ténèbres. Après tout, n'avait- Il pas insisté pour qu'elle organise cette attaque, puisque les Aurors avaient débuté une large campagne pour le retrouver, et qu' Il devait se faire discret quelques temps.
Rodolphus avait alors conclu qu'il l'accompagnerait pour être sûr qu'elle reste en sécurité.
Bellatrix avait accepté le compromis du bout des lèvres, même si elle savait qu'elle perdait une rare opportunité.
Par Salazar, Sirius serait aux côtés de James Potter et elle avait promis de le tuer.
…
Samedi 28 Mars 1981, Edimbourg.
Caché derrière de lourds rideaux, Sirius observait avec attention l'évolution de l'attaque. Le dernier étage de l'hôtel lui offrait une vue dégagée sur les alentours : de lourdes fumées s'élevaient au nord-est, signe que les combats battaient leur plein - les Mangemorts avaient une sale manie de lâcher des Feudeymons n'importe où et le feu emportait plus de moldus que les sortilèges - mais les éclairs de lumière se rapprochaient dangereusement de leur quartier.
Voldemort avait visiblement ordonné à ses sbires de mettre le chaos dans le vieux quartier.
Il repoussa le rideau et se tourna vers les autres. Ils étaient toujours installés dans le salon de la suite de James et Lily, mais l'ambiance n'était plus à la fête. Remus faisait tourner sa baguette entre ses doigts, signe évident de sa nervosité, James se raccrochait à Lily et fixait le vide, sauf qu'il le connaissait assez pour savoir qu'il s'en voulait de les avoir mis dans cette situation en premier lieu avec sa petite fête. Lily ne lâchait pas Harry du regard alors que le petit garçon dormait dans ses bras. Peter se rongeait les ongles et Judy était livide.
Sirius aurait aimé être capable de lui dire que le danger s'éloignait et qu'ils ne risquaient plus rien, mais ce qu'il venait de voir par la fenêtre était tout le contraire.
- Les combats viennent dans notre direction.
Même s'il pensait cela impossible, le silence devint encore plus pesant. Ils échangèrent de nombreux regards et se renvoyèrent une question à laquelle personne n'avait encore réussi à répondre : que devaient-ils faire ?
- Il faut qu'on parte, lâcha finalement Remus. C'est du délire de rester. S'ils lancent un Feudeymon ici, on sera pris au piège. Il faut partir.
Sirius tourna la tête vers Remus et lui trouva cet air fermé qui s'était heurté à leurs blagues les plus dangereuses. En règle générale, Remus n'avait pas peur de prendre des risques, pourvus que les chances de mourir soient minimes. James et lui avaient traversé une période où ils avaient eu besoin de confronter leur arrogance à l'imminence de la mort. Certaines de ces tentatives s'étaient terminées à Sainte Mangouste…
- Lupin a raison, intervint Judy d'une voix tendue. Ils descendent vers nous. Si on attend, il sera bientôt trop tard.
Elle avait croisé ses bras sur sa poitrine comme pour se protéger de leurs arguments et Sirius eut l'impression que son ventre rond l'était davantage.
Remus et Judy avaient bien sûr raison. Ils ne pouvaient pas restés là. Ils avaient envoyé des Patronus pour prévenir l'Ordre dès les premiers signes de l'attaque, et les jumeaux Prewett leur avaient promis de venir les escorter dès que les Mangemorts seraient sous contrôle.
Deux longues heures s'étaient écoulées et ils n'avaient pas bougé de la suite de James et Lily.
- Mais pour aller où ? releva James. On est tous des membres connus de l'Ordre. Si on croise un seul Mangemort, on sera attaqué ! Harry est trop jeune pour transplaner et toi tu n'es pas en état. Ici, on est en sécurité.
Sirius dévisagea l'expression angoissée de James puis celle livide de peur de Lily. Il y avait une autre raison bien sûr : ils ne pouvaient pas faire prendre le moindre risque à Harry. Pas quand Voldemort voulait le faire disparaître parce qu'il serait peut-être celui en mesure de le détruire. Malgré la menace, le petit garçon était leur seul espoir pour arrêter Voldemort.
- Alors il faut une diversion ! intervint Peter. Personne ne connaît Judy. Si elle sort avec Harry d'un côté, et nous tous ensemble de l'autre, ils s'en prendront à nous d'abord. Ça leur laissera le temps de se mettre en sécurité autre part. On les retrouvera quand l'attaque sera terminée.
La proposition de Peter fut suivi d'un nouveau silence.
Sirius se frotta le front compulsivement, cherchant vainement à étudier le plan avec objectivité, sans pouvoir faire taire la voix qui lui répétait que sa petite-amie, leur enfant à naître et son filleul seraient seuls au milieu d'une bataille sans personne pour les protéger et que s'ils échouaient à détourner l'attention des Mangemorts, ou si elle croisait la route d'autres Mangemorts plus loin, il pourrait très bien retrouver son cadavre et celui d'Harry au lever du jour.
La même chanson devait se jouer dans la tête de Lily puisqu'un sanglot lui échappa et James cracha un juron. Judy ferma les yeux et eut cette expression dure derrière laquelle elle se réfugiait quand les événements lui échappaient.
- Ça peut marcher, dit-elle finalement dans un souffle, ses yeux accrochant les siens.
Sirius lut de la peur dans ses prunelles bleu nuit, mais également de la détermination.
- Une diversion est notre meilleur chance. Je passerais par une des issues de secours et je vais partir dans la direction opposée aux combats. Si.. Si on déguise Harry en bambin blond et si on nous désillusionne… Si…
Sirius se détourna et jeta un nouveau coup d'oeil à l'extérieur, réalisant que les combats s'étaient encore rapprochés.
- Peter pourrait aller avec elle, proposa Remus. Sous sa forme Animagus. Si jamais elle est attaquée, il créera un effet de surprise. Et Harry et elle ne seront pas seuls.
Il y eut un nouveau silence, moins pesant cette fois, comme si le plan commençait à faire son chemin dans leur esprit.
- Il faut se mettre d'accord sur un point de rendez-vous, intervint finalement Lily d'une voix tremblante. Et sur un délai. Puis sur un deuxième point de rendez-vous si jamais l'un d'entre nous est suivi ou pris.
Sirius soupira.
- On va essayer de gagner du temps, puis Lily et moi, on s'échappera grâce à ma moto si on peut. Ou on transplanera.
- Remus et moi, on transplanera aussi.
Ils échangèrent des regards entendus et n'eurent pas besoin de se concerter plus longtemps.
- J'ai vu une carte dans le bureau, dit James en se levant avec lassitude.
Les derniers préparatifs prirent quelques minutes. Ils avaient tous l'habitude d'organiser des missions d'exfiltration. Ils décidèrent de se rejoindre dans une église, près de quatre kilomètres au sud-est de leur hôtel dans moins de deux heures. Puis au Parlement Ecossais avant demain. Lily remplit un sac à dos avec tout le nécessaire pour Harry, Judy réenfila sa tenue de motarde à la place de la robe que Lily lui avait prêté à son arrivée. James se chargea de rendre son fils blond, Lily lui appliqua un Silencio, puis un sortilège d'Allégresse pour lui éviter d'avoir peur.
Sirius attira Judy dans une étreinte étroite. Une part de lui ne voulait pas la laisser risquer sa vie, l'autre savait qu'il n'avait pas le choix, et les deux se livraient un combat sans merci sous son crâne pour terminer de le rendre cinglé.
- Ça va aller, Sirius. Je te promets de ne pas terminer cette histoire à coup de poings.
Sa réflexion lui arracha un sourire éphémère.
- Je regrette toutefois de ne pas avoir un bon flingue sur moi…
- N'essaye pas de te battre. Si vous croisez des Mangemorts, fuyez.
Elle hocha la tête et le força à la libérer. Sirius ne put la laisser partir sans l'embrasser, espérant de toute son âme que ce n'était pas un adieu.
- Je t'aime, murmura-t-il.
- Moi aussi, Sirius.
Elle inspira profondément puis recula. Lily lui tendit Harry et Peter se glissa dans une des pochettes de son sac à dos. Finalement, Lily les déllusionna.
- Soyez prudents. On se retrouve dans deux heures.
Sirius perçut difficilement le bruit de ses pas sur l'épaisse moquette alors qu'elle s'éloignait. Le battant de porte s'ouvrit puis se referma en douceur.
Ils devaient attendre quelques minutes pour que Judy rejoigne la sortie de secours et se faufile à l'extérieur. Sirius se sentit étrange sans l'arme de poing passé d'ordinaire à sa ceinture, et se saisit donc du tisonnier devant la petite cheminée. Il comptait faire le plus de dégâts possible dehors. Lily fit un paquet avec des oreillers censés jouer le rôle d'Harry.
- Tout le monde est prêt ? demanda James, de nouveau animé de cette rage de vaincre qui l'avait porté à travers de nombreuses batailles. Alors on y va !
Ils prirent l'ascenseur et déboulèrent moins de deux minutes plus tard dans un hall désert. Les portes étaient bien entendu fermées mais rien qu'un simple Alohomora ne puisse régler. Dehors, ils furent accueillis par des cris lointains, une rue étonnement déserte et une absence totale d'éclairages. Sirius repéra sa moto à une centaine de mètre sur leur droite, tout juste dissimulée par une camionnette appartenant à l'hôtel. Il attrapa Lily par le bras et l'entraîna derrière lui. S'ils pouvaient faire croire aux Mangemorts qu'il emportait Harry sur sa moto, peut-être certains d'entre eux le suivraient.
Tout ce qui pouvait détourner l'attention de leurs ennemis était bon à prendre.
Ils n'avaient pas fait trois pas que Remus les retenait en arrière et désignait la large rue qui leur faisait face.
-Quelque chose approche, souffla-t-il, ses lèvres bougeant à peine et une expression sauvage sur le visage.
Sirius reconnut le loup à la façon dont son meilleur ami pencha la tête sur le côté pour humer l'air.
- Inféris.
James, Remus et lui eurent tout juste le temps de se positionner devant Lily, leur baguette levée, que les premiers mort-vivants arrivaient sur eux. Sirius retrouva aussitôt ses réflexes et les habitudes forgées sur les trop nombreuses batailles auxquelles il avait participé depuis le début de la guerre. Les Inféris craignaient le feu plus que tout et les flammes étaient l'un des seuls moyens pour s'en débarrasser définitivement. Il fallait toutefois se montrer prudent : les voitures garées non loin pouvaient se transformer en véritables bombes, les Inféris avaient la sale manie de continuer à avancer vers leurs adversaires lorsqu'ils avaient pris feu et Sirius craignait les mouvements de panique de ces morts-vivants une fois que la peur les contrôlait.
Il n'eut bientôt plus le temps de mesurer les risques. A travers les flammes conjurées par James, il aperçut les premiers éclairs de lumières qui annonçaient les Mangemorts et il se demanda comment ils allaient s'en sortir cette fois. Aux côtés de Remus qui lançait des Incendio avec une précision de potioniste, il distribuait des sorts et des coups de tisonnier, usant de chaque ouverture pour asséner des dégâts dans le camp adverse. Derrière eux, il savait que James et Lily les couvraient et empêchaient les Mangemorts de s'approcher même s'ils n'arriveraient pas à les garder à distance très longtemps.
- Il faut battre en retraite ! lâcha James au moment où il enfonçait son tisonnier dans la gorge d'un Inféri qui s'était approché de trop près.
- Où ça ? répliqua-t-il.
Du sang coulait sur son visage sans qu'il ne soit vraiment sûr de la façon dont il avait été blessé.
- Les voitures ! répondit Lily à la volée. On les attire sur le parking sur la gauche et on fait tout sauter !
Sirius échangea un regard avec Remus pour avoir son accord.
- A trois ! hurla Lunard pour toute réponse.
Il lança un Incendio particulièrement violent devant lui, provoqua la panique parmi les Inféris qui approchaient à nouveau…
- Trois ! rugit-t-il.
Remus et lui se chargèrent de créer une trouée dans les rangs de leurs ennemis, puis se mirent à courir dès qu'ils en eurent l'occasion. Sirius esquiva plusieurs sortilèges qui venaient dans leur direction par pure insolence, puis obligea James et Lily à passer devant Remus et lui, avant d'aider le loup-garou à mettre le feu aux différentes voitures de luxe.
Ils trouvèrent refuge à l'angle d'une rue et se plaquèrent contre les vieilles pierres d'une maison. Les explosions se succédèrent pendant plusieurs minutes, couvrant tout autour d'eux, à part le bruit sourd des battements de leur cœur dans leurs oreilles. Sirius essuya le sang sur son visage avec le bas de son t-shirt et fit de son mieux pour offrir un sourire confiant à Lily, essayant de toutes ses forces de ne pas penser à Judy, Harry et Peter.
Ils étaient sûrement déjà dans l'Eglise, en sécurité.
Du reste, c'était la seule chose à laquelle il voulait croire.
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda James.
Remus jeta un regard discret dans la rue qu'ils venaient de quitter. En se penchant un peu, Sirius put apercevoir les lumières de l'hôtel à travers les fumées noires qu'ils avaient provoquées.
- Vous partez, répondit-il en se redressant. Remus et moi, on va continuer à faire diversion un moment. On vous rejoindra au deuxième point de rendez-vous.
- Hors de question que je te laisse ici, Black, gronda aussitôt James, ses yeux bruns brillants de colère.
- Je ne te demande pas ton autorisation, Potter ! Vous partez rejoindre Judy. On continue à les occuper. Pas de discussion.
James eut envie de discuter son raisonnement comme il le faisait à chaque fois qu'on lui demandait de faire passer sa propre vie avant celles de ses amis. Son sens de l'amitié frôlait parfois la stupidité et lui faire comprendre qu'il devait continuer sans penser aux autres, mais seulement à son fils et à sa femme, demandait un temps qu'il ne possédait pas.
- Bichette, il faut que vous partiez.
Lily croisa son regard, hocha la tête et laissa tomber le seul oreiller qui avait traversé leur combat. Elle empoigna James d'une main ferme.
Ils transplanèrent.
Sirius soupira de soulagement et rejoignit Remus.
…
Samedi 28 Mars 1981, Edimbourg.
Le jour qui se leva sur Edimbourg trouva la ville dans un état bien différent. De la fumée surplombait le quartier historique, des morts jonchaient les rues et un froid surnaturel avait chassé les températures clémentes de ce début de printemps.
Bellatrix observait le ballet des secours moldus avec curiosité : les véhicules surmontés de lumières bleus et accompagnés d'une musique stridente semblaient tous venir de la même direction. Il devait exister une arrière base. Peut-être songerait-elle à en faire une cible lors de la prochaine attaque, pour empêcher les moldus de sauver ceux qui pouvaient parfois l'être. Le Maître avait besoin de tellement de corps pour créer ses Inféris…
- Bellatrix, tu es glacée ! Nous devrions rentrer !
- Non ! J'attends Dolohov. Il doit venir me faire son rapport.
Elle se dégagea de l'étreinte de son mari, sa main serrée sur sa baguette magique. Elle n'était pas stupide. Elle savait qu'aucun des hommes qu'elle avait placé près de l'hôtel où se trouvaient les Potter n'avait réussi. Ils seraient venus aussitôt la rejoindre pour s'en vanter auprès d'elle, afin qu'elle puisse partir le plus vite possible prévenir le Seigneur des Ténèbres.
Ils commettaient toutefois une erreur en la faisant patienter de la sorte pour lui annoncer leur échec.
Bellatrix n'était pas réputée pour être patiente, pas plus qu'elle n'était réputée pour se montrer clémente en cas d'incompétence avérée. Contrairement à beaucoup de Mangemorts, elle n'avait que très rarement failli aux missions que le Seigneur des Ténèbres lui avait confié. Belfast avait été sa première déconvenue en presque dix ans de loyaux services.
Dolohov allait apprendre douloureusement à ne plus jamais lui manquer de respect.
Un pop délicat la sortit de ses pensées et elle se détourna avec lenteur du spectacle d'une ville à genoux.
- Ma Lady, souffla Dolohov en s'inclinant profondément.
- Pour te montrer si tard, j"espère que les nouvelles sont satisfaisantes, Dolohov, répondit-elle froidement.
Les longues mèches brunes qui tombaient sur le visage de l'homme l'empêchaient de lire son expression, mais à la tension soudaine dans ses épaules, Bellatrix sut qu'elle avait deviné juste.
- Les Potter sont encore vivants, n'est-ce pas ? Combien d'hommes dois-je envoyer pour tuer un nourrisson ?!
La fierté de Dolohov fut plus forte que la peur et il releva les yeux vers elle pour lui asséner un regard noir qui lui donna envie de l'écorcher vif.
- L'enfant n'était pas avec eux ! Les Potter sont sortis accompagnés du loup-garou et de Black. Ils ont essayé de nous faire croire que le petit était un tas de couverture. Les Inféris leur sont tombés dessus en grand nombre et nous avons bien failli les avoir, mais les frères Prewett nous ont attaqués… Le temps qu'on les liquide, les Potter avaient fait exploser la moitié de la rue. Ils ont dû transplaner parce qu'on ne les a jamais revu… On a fouillé l'hôtel de fond en comble au cas où ils y aient caché l'enfant. On a tué tous les moldus qu'on a trouvé et on a passé toutes les pièces au peigne fin. C'est pour cela que je viens si tard. L'enfant n'a jamais été avec eux, c'est la seule explication. Votre source vous a menti.
Bellatrix serra les dents, sachant pertinemment que Peter ne lui avait pas menti - ce lâche fini en était désormais incapable - mais qu'il était sûrement complice de la disparition soudaine d'un bambin de sept mois dans la nature. Bellatrix savait qu'on ne pouvait transplaner avec un enfant si jeune et les Potter n'auraient jamais abandonné leur fils dans un hôtel sans protection. Une cinquième personne avait donc emporté l'enfant, profitant que tous les regards soient rivés sur le petit groupe de rebelles que leur Maître souhaitait morts.
Peter Pettigrow continuait à jouer un double jeu dangereux et elle allait s'assurer qu'il décide une bonne fois pour toute où se trouvait sa fidélité.
Elle s'approcha de Dolohov et le saisit à la gorge, sa baguette pointée sur son entrejambe, prête à lui assurer un futur sans descendance s'il donnait le moindre signe d'insoumission.
- Le Maître sera particulièrement déçu, Dolohov, susurra-t-elle. Il me demandera quelle punition je trouve adéquate de te donner… Tu t'en tireras avec des Doloris aujourd'hui, mais la prochaine fois, je livre ta précieuse nièce à Greyback. Il a soif de chair fraîche… Je l'ai vu à l'oeuvre, Dolohov… Il mord pour le plaisir.