Black Sunset

Harry Potter - J. K. Rowling
F/M
G
Black Sunset
Summary
"La dernière fois que Voldemort a eu du pouvoir, il a failli détruire tout ce à quoi nous tenions le plus…"Cette histoire est celle de Bellatrix, fidèle lieutenant de Voldemort ; et de Sirius Black, le plus rebelle des membres de l'Ordre. Deux Black, deux camps, une seule guerre… Et une gamine précipitée au milieu de la tourmente.
Note
Un immense merci à Petit Saumon pour m'avoir permis d'imaginer cette histoire, pour ses impressions et son soutien. Un sincère merci à Sun Dae V pour sa relecture attentive, sa correction méticuleuse et ses retours plus que motivants. Un dernier merci à Coco , parce qu'elle me prête gentiment son oreille à chaque fois que je parle de cette histoire.
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Chapter 8

«… Weep for yourself, my man,
You'll never be what is in your heart
Weep, little lion man,
You're not as brave as you were at the start… »

(Little Lion Man - Mumford & Sons)

 


 

Samedi 13 Septembre 1980, Résidence de Sirius Black, Londres.

Sirius balaya son salon d'un œil critique et ne fut pas mécontent de ce qu'il voyait : la pile de parchemins et de débris en tous genres qui trônait d'ordinaire sur la table avait disparu, tout comme la couche de poussière qui recouvrait les meubles depuis la mort de son Oncle Alphard. Le sol était parfaitement propre, les toiles d'araignées n'étaient plus qu'un très mauvais souvenir, les cendriers étaient vides et il avait même nettoyé les carreaux. Sirius se rengorgea de fierté : Lily ne pourrait pas arguer que sa maison était un taudis et qu'elle refusait catégoriquement d'y laisser son fils de six semaines. Il ramassa le nécessaire à nettoyage qu'il avait trouvé dans le placard sous l'escalier et se dirigea vers la cuisine. Après ce dur après-midi de labeur, il ne rêvait que d'une bonne bierraubeurre. La pile de vaisselle sale dans l'évier lui tira une grimace. Le salon était peut-être niquel et cela ne manquerait pas d'impressionner Lily, mais il valait mieux pour lui qu'elle ne voit pas les autres pièces de trop près.

Ce fut fort de cette résolution qu'il alla ouvrir au couple Potter quand la sonnette de la porte retentit moins d'une heure plus tard.

Son frère de cœur l'attrapa par les épaules pour lui donner l'accolade, fidèle à son habitude, et rentra dans la maison comme s'il y avait toujours vécu. Lily fut plus mesurée : elle déposa une bise sur sa joue et marqua une pause avant de passer le seuil de la porte, le petit Harry bien serré contre elle.

Sirius n'avait pas refermé la porte que James était déjà revenu vers eux, allégé de son manteau mais une expression stupéfaite sur le visage.

- C'est Lunard qui est venu ranger ton salon ?

- Non, répondit-il un peu sèchement, légèrement vexé par les insinuations de son meilleur ami. Je suis assez grand pour faire ça tout seul.

Lily échangea un long regard avec son mari, apparemment incrédule.

- Tu as rangé ton salon ? demanda-t-elle. Toi-même ?

- C'est si incroyable que ça ?

- Sirius, en sept ans, je ne t'ai jamais vu ranger quoique ce soit à Poudlard. Alors oui, la probabilité de toi faisant du ménage est à peu près aussi élevée que de voir Rogue les cheveux propres.

- James ! s'écria Lily.

- Quoi ? C'est vrai !

La jeune femme soupira avant de s'éloigner d'un pas raide vers le salon.

- Tu n'as toujours pas le droit de te moquer de ce cher Snivellus ? s'étonna Sirius en lui emboîtant le pas.

- Non…

- C'est un Mangemort et Lily le défend ?

- Ouais. Elle dit que c'est en souvenir de tout ce qu'ils ont vécu ensemble. Il n'a pas toujours été un sale serpent aux cheveux gras alors…

Sirius secoua la tête : de son avis, Severus Rogue avait été bercé dans la magie noire depuis sa plus tendre enfance et il n'arrivait pas à s'imaginer le sage petit garçon que Lily leur avait décrit, surtout depuis que son ancien camarade de classe s'était enrôlé dans le camp de Voldemort. On ne pouvait pas avoir un bon fond et soutenir un homme qui prônait l'extermination des Nés-Moldus, si ?

Il ne s'attarda toutefois pas sur la question et préféra observer Lily tandis qu'elle installait le petit lit d'Harry dans un coin de la pièce. Elle y déposa son fils avec tendresse, prenant bien soin de le couvrir de sa couverture brodée de Vifs d'Or, puis elle se tourna vers lui, l'air grave.

- Tout ce dont tu as besoin est là-dedans, dit-elle en lui tendant un sac bleu marine plein à craquer et lourd comme un Hyppogriffe mort. Il y a plusieurs couches, deux biberons que tu n'as plus qu'à réchauffer… N'oublie pas de vérifier que le lait ne soit pas brûlant. Il y a des bavoirs, un pyjama de secours, quelques jouets et…

- Euh…

- De toute façon, je t'ai tout noté là-dessus. (elle sortit une feuille de parchemin de la poche de sa veste). J'ai aussi rajouté des adresses de cheminette en cas de problème. Il y a celle des Urgences de Sainte Mangouste et celle du service anti-poison. Je t'ai remis l'adresse de Remus au cas où… Et celle du restaurant où James et moi allons manger.

Sirius se saisit du papier sans même le regarder, tout à coup un peu paniqué. James n'avait rien précisé de tout ça quand il lui avait demandé s'il pouvait garder Harry quelques heures, histoire qu'il puisse passer une soirée en amoureux avec Lily pour fêter leur trois ans. Son meilleur ami lui avait même promis que son fils dormirait et qu'il n'aurait qu'à garder un œil sur lui.

- Lil', je suis sûr que Sirius va très bien s'en sortir, pas vrai mon vieux ?

Il acquiesça faiblement, faisant de son mieux pour ne pas montrer qu'il était à deux doigts de s'enfuir en courant.

- Qu'est-ce que je disais ! renchérit James en attrapant sa femme par les épaules.

Sirius nota que Lily ne semblait pas du tout de l'avis de James. Ses yeux faisaient des aller-retours entre lui et Harry, et son visage torturé montrait à quel point elle hésitait à partir. Et il devait bien avouer qu'il n'avait pas hâte de se retrouver seul avec le petit garçon. Le peu de fois où il s'était occupé du bébé, James, Lily ou Remus n'étaient jamais bien loin. Cependant, il était le parrain de Harry, et il fallait bien qu'il assume son rôle… Ne serait-ce que par amitié pour Cornedrue. Combien de fois James l'avait-il couvert quand il sortait après le couvre feu pour rendre visite à l'une de ses conquêtes ?

- On ne rentrera pas tard, Patmol ! A toute à l'heure !

Moins d'une poignée de secondes plus tard, la porte de sa maison se referma en douceur et Sirius s'obligea à respirer profondément. Il posa le sac sur son canapé et laissa le bout de parchemin bien en évidence sur la table basse. Un coup d'oeil à Harry le rassura sur un point : il dormait à poings fermés.

- Tu es gentil avec ton tonton Patmol, hein bonhomme ? chuchota-t-il.

Harry ne réagit même pas et il vit là un bon présage. Il rejoignit donc la cuisine pour se préparer un copieux sandwich. Il eut à peine le temps de sortir les ingrédients…

La vieille horloge de l'entrée, celle que l'oncle Alphard avait ramené d'un énième voyage en Suisse et qui sonnait le passage du temps en laissant retentir des cris improbables, sortit soudainement de sa longue période de sommeil.

Le bruit fut aussi affreux que dans les souvenirs de Sirius et il ne put s'empêcher de rire en imaginant la tête de sa très chère vieille mère si un tel objet avait trôné dans le manoir Black.

Il perdit toutefois son sourire quand des pleurs lui parvinrent depuis la pièce d'à côté.

Harry…

- Allez Harry… Calme-toi. Arrête de pleurer. Sois un gentil petit gars. Arrête de pleurer…

Son filleul ne sembla même pas réfléchir à sa demande. Il se remit à gigoter de plus belle et ses pleurs redoublèrent d'intensité. Sirius grimaça - comment une aussi petite chose pouvait-elle faire autant de bruit? - et continua ses allées et venues dans son salon, berçant de son mieux Harry pour le calmer, sans l'ombre d'un succès. Harry avait apparemment l'intention de lui faire payer très cher son réveil en sursaut et Sirius commençait à être à court d'idées.

Il avait commencé par le prendre dans ses bras, en se disant qu'un câlin en règle devrait suffire… Peine perdue. La tentative du biberon s'était soldée par un échec cuisant, la couche était impeccable, le théâtre de marionnettes improvisé n'avait pas attiré l'attention d'Harry une seule seconde et Sirius avait découvert qu'il n'avait pas le moindre talent pour chanter une berceuse à un enfant.

Il chercha autour de lui une solution inespérée et ne trouva que le parchemin sur sa table basse. Peut-être devrait-il appeler Lily et James ? Harry pleurait depuis plus d'une heure déjà et ce n'était pas normal… Bien sûr, il savait que les bébés pleuraient beaucoup mais après tant de temps, Harry devrait s'être lassé, non ? Sirius envisagea sérieusement cette option quand un sursaut de fierté l'en empêcha. S'il ne réussissait pas cette épreuve du feu, il donnerait raison à Lily et Remus quand ils disaient qu'il était trop immature pour s'occuper d'un enfant, tant il semblait avoir du mal à s'occuper de lui-même.

Mais il devait reconnaître qu'il avait besoin d'un coup de main, sans quoi Harry risquait d'avoir une extinction de voix le lendemain, ou de finir aussi déshydraté qu'un vieux pruneau.

Sirius passa en revue les possibles candidats à un coup de cheminette : Lunard n'était pas envisageable (Lily serait au courant à un moment ou à un autre. Remus ne savait pas lui mentir), Queudver était encore plus nul que lui avec les bébés, sa cousine Androméda était en vacances aux Etats-Unis jusqu'à… Les Etats-Unis !

Sirius bondit vers le petit lit, y déposa un Harry toujours aussi remonté, et se précipita vers le buffet de la grande salle à manger. Là, dans le tiroir où son oncle Alphard avait toujours rangé ses couverts en argent massif, se trouvait son miroir à double sens.

Judy Adler.

Le miroir lui renvoya pendant un très long moment son propre reflet et Sirius craignit que Judy ne lui réponde pas. Finalement, l'image se brouilla et le visage endormi de la jeune femme apparut.

- J'espère que tu as une excellente raison, Black, grogna-t-elle.

Sirius lui offrit son meilleur regard de chien battu avant de répondre.

- J'ai besoin de ton aide… Je garde mon filleul et… il n'arrête pas de pleurer… et je ne sais pas quoi faire… et c'est la galère… Ne me regarde pas comme si tu voulais me tuer, Judy !

- C'est pourtant mon souhait le plus cher, juste après celui d'aller me recoucher. Ce que je vais faire d'ailleurs.

- Non ! Judy ! S'il te plaît ! Attends ! Je te revaudrais ça ! S'il te plaît…

Elle le dévisagea, puis un sourire en coin étira ses lèvres.

- Très bien… Remballe cet air d'imbécile heureux ! Ça va te coûter plus que tu ne le crois.

- L'argent n'est pas un problème, chérie .

- Prie Merlin pour qu'il en soit toujours ainsi. Bon, j'arrive dans une demi-heure. Essaye de rester en vie jusque-là.

Quand Judy s'extirpa de la cheminée, Sirius, complètement désespéré, était agenouillé à côté du petit lit à barreau, et faisait de son mieux pour distraire son filleul - toujours en pleurs - avec une peluche en forme de lion. L'arrivée de la jeune femme lui parut tout à fait miraculeuse et il décida de ne pas faire attention à son regard moqueur. Elle se débarrassa des cendres sur ses affaires d'un coup de baguette magique et se fraya un chemin à travers la pièce, essayant de ne pas marcher sur le bazar qui traînait là depuis que Sirius avait vidé le contenu du sac à langer sur le sol. Elle prit le petit Harry avec douceur et cala la tête du bébé dans le creux de son cou.

Sirius se traita mentalement de crétin : Lily faisait souvent ça quand son fils pleurait…

- Chut… souffla Judy alors qu'Harry tentait de se débattre. Calme-toi petit cœur. Ton parrain est un crétin, je te l'accorde, mais il ne faut pas se mettre dans un état pareil. Sirius, attrape la tétine et va donc la passer sous l'eau.

- La quoi ?

- La tétine.

- C'est quoi ça, une tétine ?

Judy le fixa comme si elle se demandait s'il plaisantait ou pas, avant de secouer la tête en souriant plus largement encore.

- Le truc rouge en forme de papillon à côté du dragon vert pomme, expliqua-t-elle, du rire dans la voix.

Sirius obéit docilement, non sans pouvoir s'empêcher de commenter.

- Il est jaune ce dragon.

- Il est vert pomme… Et dépêche-toi !

Il courut presque dans la cuisine et quand il revint, Judy s'était allongée sur le canapé, Harry confortablement installé sur son ventre.

Il ne pleurait déjà plus.

Judy lui mit la tétine dans la bouche et le petit garçon eut un soupir de contentement. Lentement, ses yeux se refermèrent… Il ne fallut que quelques minutes pour qu'il s'endorme.

Sirius assista au prodige avec d'autant plus d'admiration qu'il se découvrait épuisé après cette lutte acharnée contre son propre filleul. Judy lui fit une grimace moqueuse qu'il vit à peine, trop concentré sur Harry, sa respiration régulière et son air paisible pour se soucier d'autre chose. Ce petit bout d'homme avait failli le conduire à la crise de nerf et il n'arrivait même pas à lui en vouloir.

- Il est mignon ce petit, dit Judy tout en caressant le dos de Harry avec douceur.

Sirius acquiesça en silence et garda pour lui qu'il trouvait le tableau touchant. Judy connaissait à peine Lily et James, mais elle se comportait avec Harry comme s'il avait été son neveu ou l'enfant d'une amie, l'embrassant de temps à autre sur le sommet du crâne pour le réconforter dans son sommeil. Par acquis de conscience, Sirius déplia une couverture qu'il déposa sur Harry et Judy, puis s'installa à son tour, de telle sorte que la tête de Judy repose sur ses jambes. Il n'était pas sans savoir qu'elle travaillait comme serveuse dans une boîte de nuit et qu'elle ne rejoignait son lit qu'en début de matinée.

Parce qu'il n'avait plus rien d'autre à faire à part attendre le retour de James et Lily, il laissa une de ses mains jouer dans les boucles blondes de la jeune femme tandis que l'autre caressait le velours de sa joue, ayant un geste de tendresse qu'il n'avait jamais eu envers aucune de ses petites amies précédentes.

Elle sourit, puis ferma les yeux.

- Ça, c'est très agréable. Je vais peut-être revoir ta dette à la baisse.

- Je savais qu'on trouverait un terrain d'entente.

- C'est ça… Je vais imiter ton filleul. A plus tard…

- Dors bien.

Avec Judy et Harry qui dormaient à ses côtés, Sirius ne tarda pas à somnoler à son tour, et il n'était pas loin de les rejoindre au pays de Morphée quand quelques coups légers furent donnés sur sa porte d'entrée. Quand James et Lily le rejoignirent dans le salon, Sirius était encore dans le potage.

- Par Morgane, souffla Lily en découvrant le véritable champ de bataille, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Et où est Harry ?

- Hein ? Ah… Euh… Harry s'est réveillé et j'ai eu du mal à le rendormir… Mais rien de grave.

Sa réponse ne sembla pas convenir à la jeune maman.

- Où est Harry ? répéta-t-elle, un peu plus fort.

- Chut ! Tu vas les réveiller !

Les réveiller ? releva James en s'approchant.

Sirius eut l'impression que les yeux de son meilleur ami allaient sortir de leurs orbites quand il découvrit Judy.

- Oh, s'étonnaLily.

- Tu as de la chance d'avoir une telle amie, Pat', railla James, une expression clairement sadique sur le visage.

- J'ai pas l'impression que ce soit juste une amie, remarqua Lily.

- Laissez tomber… Récupérez votre cornichon et rentrez chez vous lui faire une petite soeur.

Le couple Potter étouffa un rire avec plus ou moins de talent et Lily riait toujours quand elle prit Harry des bras de Judy.

Le bébé gémit doucement, histoire de protester pour la forme, mais sembla comprendre qu'il était dans les bras de sa mère. Il ne se réveilla pas.

Judy non plus d'ailleurs, ce qui arrangea bien Sirius.

Tandis que Lily emmitouflait son fils et rangeait le lit dans sa poche, James se chargea de rassembler les affaires éparpillées à travers la pièce.

- Bon, et bien merci Patmol, dit-il. On te laisse en bonne compagnie.

Le regard qu'il lui lança promettait qu'il n'allait pas s'en sortir aussi facilement.

- Bonne nuit les amoureux.

Lily et James échangèrent un sourire complice mais gardèrent leurs commentaires pour eux.

- Ils sont partis ? demanda Judy, la voix groggy.

- Ouais.

- Parfait. Tu vas pouvoir me porter jusqu'à ta chambre, ce sera plus confortable que ton vieux canapé. Il va vraiment falloir que tu te décides à changer certains meubles dans cette maison.

Dimanche 14 Septembre 1980, Résidence de Sirius Black, Londres.

Quand Sirius se réveilla le lendemain matin, la mauvaise soirée de la veille n'était plus qu'un souvenir et il avait même hâte de garder son filleul à nouveau. Il devait juste se débarrasser de la vieille horloge de l'entrée, et vérifier qu'un autre objet aussi bruyant n'ait pas la mauvaise idée de réveiller Harry la prochaine fois. Il repoussa les couvertures avec énergie, remarquant au passage que Judy était déjà partie. Il supposa qu'elle avait regagné les Etats-Unis. Peut-être même travaillait-elle en ce moment.

Dommage… aurait adoré passer la journée avec elle.

Fidèle à son habitude, il gagna la salle de bain, prit une bonne douche et se dirigea vers la cuisine pour prendre un petit-déjeuner digne de ce nom. C'était sans nul doute la faim qui l'avait réveillé, non sans raison : Harry ne lui avait même pas laissé le temps de manger hier soir.

Alors qu'il descendait, il entendit de la musique et il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu'elle venait de chez lui, plus précisément de la petite radio dans son salon. Sirius grimaça, et tout en espérant que ce ne soit ni James, ni Remus et encore moins un Mangemort, il continua son chemin, sa baguette sortie par prudence.

A sa plus grande surprise (et pour son plus grand plaisir), il trouva Judy attablée devant une pile respectable de pancakes (qui avaient l'air délicieux).

Il profita qu'elle soit plongée dans la lecture de La Gazette du Sorcier et qu'elle lui tournât le dos, pour s'approcher en silence. Elle sursauta quand il embrassa son cou offert, puis bascula sa tête en arrière, comme pour lui dégager un chemin jusqu'à ses lèvres. Sirius s'exécuta avec plaisir, se délectant de son odeur épicée. Un soupir lui échappa quand il effleura la veine qui battait déjà follement sous la peau fine de sa gorge, ce qui lui arracha un sourire ravi. Quand, enfin, il atteignit ses lèvres, Sirius savoura leur goût de miel jusqu'à ce qu'il n'ait plus assez de souffle.

Il croisa alors le regard brillant de Judy et le trouva plus beau que jamais.

Si seulement tous les matins pouvaient ressembler à celui-ci… pensa-t-il, sans plus oser briser le moment hors du temps qui leur était offert. Le soleil donnait droit sur eux, enveloppant le visage de la jeune femme de reflets nacrés, dans l'air flottait le fumet des pancakes, et une balade folk s'élevait du poste.

De toute façon, il aurait pu pleuvoir, une odeur de choux de Bruxelles aurait pu infester la cuisine et la chanson qu'il détestait le plus aurait pu passer sur les ondes sorcières, que Sirius serait quand même resté silencieux.

Et cette certitude avait eu pleinement le temps de se graver dans son âme quand Judy leva la main pour caresser sa joue avec tendresse.

- Bonjour, murmura-t-elle.

Il le sera assurément.

- Bonjour, répondit-il avant de s'écarter à regret.

Il prit place à ses côtés, aussi proche d'elle que possible, et attrapa l'un des pancakes.

- Tu as bien dormi ?

- Très. Tu savais que tu faisais un remarquable oreiller ?

- C'est donc pour ça que tu passes tant de nuits avec moi ! répondit-il en riant à moitié.

Elle eut un bref sourire avant de se pencher vers lui, soudainement très sérieuse.

- C'est l'une des raisons. Tu veux connaître les autres ?

- Surprend moi Adler…

Elle sembla hésiter puis se lança.

- Je…

Quelqu'un choisit ce moment pour frapper à la porte.

Une jeune femme aux longs cheveux auburn se tenaient sur son perron. Si Sirius avait été un peu moins bien réveillé, il aurait pu penser que Lily Potter était devant lui. Mais il nota bien vite le vert trop clair de ses yeux, la mâchoire plus marquée et le nez trop droit de l'inconnue face à lui. Il referma sa main sur sa baguette par réflexe, puis ses yeux tombèrent sur le pendentif mis en évidence sur la robe d'un noir parfait.

Une fleur de narcisse.

- Lily, quelle surprise ! singea-t-il dans le cas où sa maison serait sous une quelconque surveillance.

Il s'effaça ensuite et prit bien soin de barder la porte d'entrée de quelques charmes supplémentaires. Quand il fit face à Narcissa, elle avait retrouvé son apparence habituelle, seulement Sirius ne lui avait jamais vu un visage aussi grave. Ses yeux légèrement rouges douchèrent la rancoeur que la dernière lettre de sa cousine avait fait naître. Elle n'était visiblement pas venue pour cela.

- Il faut que je te parle de quelque chose, Sirius, dit-elle d'une voix qu'elle tentait de rendre aussi ferme que possible, malgré le léger tremblement de ses mains.

Sirius sentit une pointe de peur monter en lui, alors qu'un mauvais pressentiment venait assombrir ses pensées. Sa cousine était particulièrement douée pour rester maîtresse d'elle-même. Le simple fait que ses émotions la trahissent n'était pas bon signe. Conscient que Judy se trouvait toujours dans sa cuisine, Sirius entraîna Narcissa dans l'ancien bureau de son Oncle Alphard et réussit à dénicher deux chaises au milieu du bazar qui régnait dans la pièce.

Sa cousine s'installa face à lui, parfaitement droite, et lissa plusieurs fois les plis inexistants de sa robe avant de relever la tête. Sirius resta là à l'observer, attendant qu'elle brise un silence de plus en plus pesant, alors que ses craintes ne faisaient qu'augmenter. Il n'arrivait pas à imaginer ce qu'il avait bien pu se passer de si grave pour justifier un tel malaise chez sa cousine.

- J'ai une très mauvaise nouvelle à t'annoncer.

Elle marqua une pause à dessein, afin qu'il se prépare à encaisser le coup. Il comprit en remarquant ses yeux brillants que quelqu'un était mort. Quelqu'un que tous deux connaissaient… Ça ne pouvait être Andromèda, il en était certain.

Ne restait que sa famille à lui.

- Regulus est décédé, annonça finalement Narcissa d'une voix vibrante d'émotion. Bellatrix… me l'a annoncé hier.

Sirius déglutit difficilement alors qu'un grand vide se faisait dans son esprit et que les battements désordonnés de son cœur remontaient dans ses oreilles. Son frère était mort… Son petit frère !

- Comment ? réussit-il à articuler au prix d'un immense effort.

Narcissa inspira profondément.

- Je ne sais pas. Personne ne sait vraiment… On a pas retrouvé de corps.

La douleur et l'incompréhension qui manquaient de l'envahir tout à fait trouvèrent là une diversion bienvenue.

Sirius se leva d'un bond, faisant basculer sa chaise en arrière dans un grand bruit et commença à faire les cent pas dans la pièce.

- On a pas retrouvé de corps ? Comment cela est-il possible ?! Comment est-ce que je peux être sûr de ce que tu avances ?!

Narcissa resta de marbre face à son éclat de colère, trop habituée à ceux de Lucius et de Bellatrix pour être impressionnée.

- Je ne sais pas Sirius… Je… La date de sa mort s'est inscrite sur la tapisserie du Manoir Black. Tu sais comme moi que…

- Cette tapisserie maudite se trompe !

- C'est faux ! La tapisserie ne ment jamais !

Sirius agrippa ses cheveux d'une main rageuse et resta un long moment immobile, le regard perdu dans le vide, son cerveau cherchant désespérément une autre explication. Seulement, Phineas Nigellus Black, son illustre ancêtre, avait commandé cet arbre généalogique aux Gobelins, dans le but de montrer à la société sorcière la pureté de sa famille pour les siècles à venir. La finesse des charmes utilisés était telle qu'il n'existait que très peu d'artefact magique l'égalant.

La tapisserie ne pouvait se tromper et on ne pouvait tromper la tapisserie.

Derrière lui, les pieds de la chaise de Narcissa traînèrent sur le parquet usé, et Sirius ne sursauta même pas quand elle posa une main réconfortante sur son épaule.

- Je suis désolée, Sirius.

- Moi aussi.

- Sache que je partage ta peine. Regulus ne méritait pas ça.

Non… Personne ne mérite de mourir à l'orée de ses dix-neuf ans.

- Je ne peux pas rester plus longtemps. Walburga compte sur Bellatrix et moi pour l'aider à organiser l'enterrement. Il aura lieu dans trois jours, à 15 heures.

Sirius hocha la tête mécaniquement. L'enterrement, dans trois jours, 15 heures. Dans trois jours, se répéta-t-il plusieurs fois, préférant se raccrocher à des choses autrement plus concrètes que cette idée folle.

Son petit frère était mort.

- Je vais te raccompagner alors…

- Tu n'es pas…

Mais il prenait déjà le chemin de la porte d'entrée. Il avait toujours été proche de Narcissa, aussi loin qu'il puisse s'en souvenir et sans vraiment savoir pourquoi, mais il était pressé de la voir partir. Peut-être qu'une part de lui craignait qu'elle lui annonce une autre terrible nouvelle.

- Courage, Sirius, lui dit sa cousine en guise d'adieu, juste avant de déposer une bise sur sa joue.

Les gestes de tendresse sont rares chez les Black, ainsi sont-ils d'autant plus symboliques et précieux.

La porte se referma en silence, et Sirius resta là à contempler le vide qui venait d'envahir sa vie avec la violence propre aux pires tempêtes.

- Sirius ?

La voix de Judy le ramena à la réalité et il souhaita une seconde qu'elle ne soit pas restée. Qu'elle ne soit pas là pour le voir… comme ça.

Il se redressa pour lui faire face, essayant de trouver assez de force pour lui sourire et faire comme si de rien n'était. Comme si Narcissa n'avait rien dit… N'était jamais venue.

Comme si Regulus n'était pas mort.

Son sourire forcé se transforma en grimace, sa boutade à deux mornilles en coassement, et il lui fallut toute sa volonté pour que les larmes ne franchissent pas la barrière de ses yeux.

Judy franchit la distance qui les séparait en deux enjambées et vint le prendre dans ses bras. Il enfouit son visage dans son cou, son odeur épicée lui apporta un réconfort dérisoire mais suffisant pour qu'il reste debout.

- Je suis là, amour, je suis là.

Mercredi 17 Septembre 1980, Cimetière Sorcier Greyfriars Kirkyard, Londres.

Le ciel était du même gris que les yeux des Black, ce jour-là.

Sirius resserra les pans de cape autour de lui pour empêcher le vent glacial de s'infiltrer dans ses vêtements il continua à observer la cérémonie qui avait lieu en contrebas, à une bonne centaine de mètres de l'endroit où il s'était posté, en compagnie d'Andromèda et de son mari, Ted, ainsi que des Maraudeurs.

Presque cent personnes se tenaient face au caveau des Black : toute la haute société avait fait le déplacement pour l'occasion, sûrement plus par politesse que par réelle peine. A travers ces visages que Sirius n'avait pas vu depuis des années, il retrouva le reste de sa famille au premier rang. Narcissa était près de son mari, puis venaient Bellatrix et Rodulphus. Sirius eut un rictus quand ses yeux tombèrent sur la silhouette filiforme de sa mère. Walburga Black était drapée dans des voiles noirs et il se demanda bien pourquoi. Il la connaissait suffisamment pour savoir qu'elle n'avait pas versé une seule larme en apprenant la mort de son fils cadet, et qu'elle n'en verserait pas plus à son enterrement. Comment pourrait-il en être autrement ? Cette femme n'avait tout simplement pas de cœur.

Finalement, ce fut le cercueil de bois sombres et aux dorures argentées qui retint son attention. D'ordinaire, on exposait le corps du défunt, car telle était la tradition. Seulement, ce cercueil-ci était vide. En lieu et place du corps sans vie de Regulus Black, il n'y avait qu'une photo du jeune homme, et la vue de son visage impassible sonnait comme une accusation.

Sirius sentit son cœur se serrer alors que revenaient les regrets et la culpabilité. Où était passé son petit frère ? Sirius ne se souvenait que de ce petit garçon un peu timide et pleurnichard, qui le suivait partout, imitant ses faits et gestes à chaque instant.

Il aurait voulu hurler à la terre entière que cette personne sur la photo n'était pas son frère, mais il savait que la vérité était toute autre. Le petit garçon un peu timide et pleurnichard, qui le suivait partout, imitant ses faits et gestes à chaque instant, était mort le jour où lui, Sirius Black, avait quitté le toit familial pour celui des Potter. Dès lors, ils étaient devenus des étrangers l'un pour l'autre. Sirius avait passé le reste de sa scolarité à l'éviter, à faire comme s'il ne l'avait jamais connu. Et à mesure que les Maraudeurs étaient devenus sa seule vraie famille - celle qu'il avait choisie - Regulus avait endossé un rôle qui n'aurait pas dû lui revenir : celui de l'héritier d'une puissante famille de sang-pur. Naturellement, l'année de ses seize ans, il avait rejoint Bellatrix dans les rangs des Mangemorts et en l'apprenant, Sirius avait réalisé trop tard qu'il avait livré son propre frère à Voldemort.

Parce que Regulus avait été ce petit garçon un peu timide et pleurnichard, qui le suivait partout, imitant ses faits et gestes à chaque instant… Il n'avait pas cette force de caractère qui rendait Walburga si fière. L'entêtement des Black, clamait-elle quand son fils aîné la provoquait.

Sirius ne se souvenait que trop de l'étincelle dans le regard de sa mère quand il la poussait dans ses retranchements. Elle avait beau être en colère contre lui, elle était aussi ravie d'avoir un fils si déterminé et frondeur. A la fin de l'affrontement, si Regulus était présent, elle lui jetait un regard qui en disait long sur sa déception que lui, le cadet, ne soit pas à l'image de son aîné. Les bonnes convictions en plus.

Regulus était gentil, il voulait faire plaisir, il aimait faire plaisir à ceux qu'il aimait . Si cela signifiait devenir quelqu'un d'autre, cela n'avait pas d'importance.

S'il n'était pas parti l'été de ses seize ans, s'il s'était obligé à tenir son rôle de grand-frère, de protecteur, l'histoire n'aurait sans doute pas été la même… Walburga n'aurait pas réussi à prendre le dessus sur Regulus, à le manipuler comme elle l'avait fait. Bellatrix n'aurait pas pu diffuser son venin, ni user de la peur sur ce jeune homme bien trop impressionnable.

Comme si elle sentait qu'il pensait à elle en termes peu flatteurs, Bellatrix se tourna dans sa direction, et lui dédia son regard le plus noir. Sirius le soutint tout le temps qu'il fallut. Andromèda était sa cousine préférée, il se sentait proche de Narcissa… Et il haïssait Bellatrix de toute son âme.

Un sourire amer étira ses lèvres tandis qu'il observait le cimetière sorcier : voilà où sa fierté l'avait mené.

L'office dura encore une longue heure, durant laquelle Sirius ressassa son enfance à la con, ses disputes avec sa mère, l'indifférence de son père… Son égoïsme pour ne pas avoir su voir l'essentiel. Ses regrets. Sa culpabilité. Sa haine aussi… Celle qu'il avait pour Bellatrix et pour sa mère, celle qu'il avait pour l'enfoiré qui avait tué son petit frère parce qu'il avait voulu quitter les rangs des Mangemorts.

S'il n'avait pas été celui qu'il était, il se serait sans doute roulé en boule pour pleurer. Mais il était Sirius Black. Il préféra se promettre de faire payer à chaque Mangemort la mort de Regulus. Il en faisait une histoire personnelle.

On fit bientôt glisser le cercueil en terre, et Regulus s'en alla rejoindre Orion Black au fond de la sacro-sainte fausse des Black. Après cela, la foule commença à se disperser. Chacun alla dire ses condoléances à la famille et d'aucun n'osa s'approcher de lui. Quand le cimetière fut vide, que l'orateur fut parti, et qu'il ne resta plus un seul témoin, sa mère se tourna vers lui pour la première fois depuis son arrivée. Elle remonta ses voiles d'un geste étudié et s'approcha d'un pas raide.

La mort resserrent les liens distendus dans les familles.

Pas chez les Black.

- Comment oses-tu te montrer ici ! siffla-t-elle de sa voix sèche et trop aiguë quand elle fut à sa hauteur. Comment oses-tu bafouer la mémoire de mon fils de ta sale présence alors que toi ou tes amis n'auraient sûrement pas hésité à le tuer !

Bellatrix tourna le dos au caveau de sa famille avec indifférence. Si cela n'avait tenu qu'à elle, elle ne serait même pas venue assister à l'enterrement de son cousin. Regulus était faible et lâche, elle l'avait toujours su. Il s'était enrôlé dans les rangs des Mangemorts pour prouver à Walburga qu'il avait l'étoffe d'un Black. Qu'il était capable de grandes choses, lui aussi, et qu'il pourrait apporter de nouvelles lettres de noblesse à sa famille. La réalité n'avait pas tardé à le rattraper et le maître avait reçu nombre de plaintes à son sujet. Narcissa avait voulu qu'elle, Bellatrix Lestrange, tente de former cette nouvelle recrue mais elle avait refusé. Regulus était un incapable et elle ne voulait pas associer son nom au sien aux yeux du Seigneur des Ténèbres.

Bientôt, une rumeur attestant de la désertion du jeune homme lui était parvenue et Bellatrix avait pris soin de se rendre de temps en temps chez sa tante pour consulter la tapisserie des Black.

Dans notre lutte, seuls les plus forts pourront survivre.

Près d'elle, sa tante rassembla ses voiles d'un geste fier et Bellatrix apprécia la maîtrise qu'elle avait d'elle-même. On pouvait reprocher beaucoup de choses à Walburga Black, en particulier ce qu'était devenu son fils aîné, mais elle n'en restait pas moins une sorcière de grande classe, et Bellatrix se sentait bien plus proche d'elle que de sa propre mère.

Walburga salua l'orateur d'une simple poignée de main et attendit qu'il soit parti pour s'approcher du petit groupe qui les observait. Bellatrix la suivit et une haine sans commune mesure enflamma ses veines quand elle croisa le regard d'Andromèda, et cela n'était rien comparé au dégoût que lui inspirait celui qu'elle devait considérer comme son beau-frère. Quelle folie avait donc touché sa sœur quand elle avait épousé ce Sang-de-Bourbe !

Viendra le jour où elle regrettera ce choix.

- Comment oses-tu te montrer ici ! clama Walburga à l'intention de Sirius. Comment oses-tu bafouer la mémoire de mon fils de ta sale présence alors que toi ou tes amis n'auraient sûrement pas hésiter à le tuer !

Le jeune homme garda un visage impassible, même si la lueur de défi qui brillait dans ses yeux gris lui donna envie de le soumettre au Doloris jusqu'à ce qu'il perde la raison.

Seulement, son regard se posa sur les cinq personnes qui semblaient former une sorte de garde. Il y avait deux jeunes hommes aux cheveux roux que Bellatrix savait être les frères Prewett, tous deux membres de l'Ordre du Phénix bien sûr. Celui aux cheveux bruns mal coiffés et aux lunettes ovales était sans aucun doute possible James Potter, ce traître à son sang. Elle identifia facilement le loup-garou grâce aux photos qu'elle avait de lui. Déjà, elle posait son regard sur celui qui se tenait le plus en arrière. Assez petit, rondouillard, des cheveux châtains ternes, des petits yeux marrons humides… Peter Pettigrow.

Elle le vit jeter un regard anxieux à Sirius, puis un terrifié sur elle. A mesure que les secondes s'égrenaient, des gouttes de sueur perlèrent sur son front. Il devait sentir qu'elle l'observait.

- Ou alors est-ce cela ? reprit Walburga d'une voix froide. Peut-être est-ce de ta main qu'il a trouvé la mort !

Un rictus méprisant déforma les traits nobles de Sirius et ses yeux gris tournèrent à l'orage.

Quand il fit un pas en avant, Walburga recula vivement, comme si elle craignait d'être frappée par la foudre. Bellatrix reconnut là les signes de la colère des Black et elle ne put retenir un sourire satisfait. Quoi que fasse son cousin, il restait l'un des leurs.

- Ne rejette pas tes fautes sur moi comme tu l'as toujours fait, cracha-t-il. Sache que celui qui se fait appeler Lord Voldemort condamne la désertion par la peine capitale. Maintenant, pousse-toi de mon chemin.

Bellatrix se saisit de sa baguette et voulut faire payer à Sirius son blasphème.

Comment osait-il prononcer le nom du Maître avec un tel mépris ?!

Son cousin vit son geste et pointa sa baguette sur elle d'un geste vif, même si son regard restait vissé dans celui de sa mère.

- Je t'en prie Bellatrix. Rien ne me ferait plus plaisir de te tuer en ce jour. Je suis sûr que le repos de Regulus n'en serait que plus doux, n'est-ce pas ?

- Tes insinuations ne sont pas fondées, Sirius, nous le savons tous les deux. Il n'a jamais été dit que servir la Cause était aisé.

- Servir la cause ? C'est donc comme cela que vous justifiez les meurtres et la torture ? Toutes mes félicitations : à force de consanguinité, vous avez réussi à ruiner le peu de bonnes choses qu'il y avait dans votre sang si pur. Ma seule consolation reste qu'il vous est de plus en plus difficile de vous reproduire.

La situation bascula à cet instant. Elle voulut se jeter sur lui pour lui faire ravaler ses paroles, mais Rodolphus réussit à la retenir à l'ultime instant. Quand sa pulsion meurtrière se calma, tous les sorciers présents avaient sorti leur baguette et chacun menaçait le camp qu'il considérait comme adverse au sien.

Tous ?

Non.

Quand Bellatrix chercha une faille parmi ses assaillants, au nombre desquels elle devait compter sa propre sœur, elle remarqua avec plaisir que le petit rondouillard avait grand mal à tenir sa baguette ferme et dressée.

La mission que lui avait confiée son Maître lui revint en mémoire et elle décida de différer sa vengeance.

D'un geste, elle repoussa la main de Rodolphus, rangea son arme et réajusta sa cape sur ses épaules.

- Très bien. Je crois qu'il est grand temps pour nous de quitter cet endroit. Il empeste.

Elle surprit tout le monde, elle le vit très clairement, mais cela n'avait aucune importance. Fermement, elle saisit sa tante par le bras et la mena vers la sortie du cimetière. Arrivée près du petit portail en fer forgé, elle tourna la tête une dernière fois. Andromèda et Sirius s'étaient avancés jusqu'au caveau et semblaient se recueillir dans le plus grand des silences. Potter, le mari de sa sœur, le loup-garou et les frères Prewett ne les quittaient pas du regard. Seul le petit roudouillard les observait à la dérobée. Quand Bellatrix croisa son regard, il baissa les yeux et sembla se recroqueviller sur lui-même.

Elle ne connaissait pas grand chose sur lui, mais elle savait l'essentiel : il était terrifié.

Et la peur ouvre toutes les portes, même celle de l'Ordre du Phénix.

Bellatrix ne raccompagna pas sa tante chez elle, non plus qu'elle assista à la veillée qui suivait la mise en terre. Elle préféra transplaner dès qu'elle en eut l'occasion pour aller prévenir son Maître qu'elle avait trouvé la personne qu'il cherchait.

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