Le chemin de Traverse
• 31 Juillet 1991 •
Lucius se réveilla en premier, comme à son habitude. Il se levait toujours aux aurores, sans réelle raison. Il buvait son thé à côté de la cheminée avec son journal, en attendant que sa femme se réveille, une bonne heure après lui.
Le dernier réveillé était toujours Drago. Ses parents envoyaient Dobby le réveiller, et Drago en profitait pour se montrer de nouveau désagréable envers lui (il n’était pas très matinal).
- Laisse moi dormir et va faire ce que mes parents t’ont ordonné ! dit-il en tirant la couette sur lui.
- Maître, vos parents ont ordonné à Dobby de venir réveiller Monsieur Malefoy.
Drago soupira, et tout en se levant péniblement de son lit, il en profita pour faire un croche-pied à Dobby pour se venger de l’avoir privé de sommeil (même s’il avait déjà dormi 10h).
Il arriva dans le grand salon, où le petit déjeuner avait déjà été préparé et posé sur la table (par Dobby bien entendu, les Malefoy ne cuisinaient pas). L’elfe le suivait, doucement et avec une petite distance de sécurité pour ne pas risquer de se prendre un autre croche-pied de la part de son jeune maître. Cependant, rester près de la table n’était pas bien plus malin de sa part. Lucius vit une chouette approcher du manoir, prit sa canne et frappa Dobby dans le dos en lui disant “va récupérer le courrier.”
Dobby s'exécuta et en revenant près de la table, Lucius et Narcissa reconnurent tout de suite le blason présent sur l’enveloppe. La jeune femme lui arracha des mains, sans le remercier, et sourit tout en lisant la lettre.
“Cher Monsieur Malefoy.
Nous avons le plaisir de vous informer que vous avez été accepté à l’école de sorcellerie Poudlard.
Les élèves sont priés de nous envoyer une confirmation d’inscription. La date limite vous sera communiquée prochainement.
S’il vous plaît, prenez connaissance de la liste de fournitures, jointe avec la lettre.
Nous avons hâte de vous accueillir en tant que nouvel élève de Poudlard.
Veuillez croire, cher Mr Malefoy, en l’expression de nos sentiments distingués.
Minerva McGonagall, Directrice Adjointe”
- Mon fils va enfin aller à Poudlard, je n'arrive pas à y croire. Tu as tellement grandi ... dit Narcissa.
- Je compte sur toi mon fils pour ne te faire que des amis respectables. Devenir ami avec un Weasley, ce serait une honte. dit Lucius en regardant son fils.
- Bien entendu, père ! Si je croise un Weasley: je m’arrangerai pour qu’il s’en souvienne, dit-il en riant.
Son père se mit à rire pendant que Narcissa jetait un œil aux fournitures nécessaires pour la scolarité de son fils. Il y avait un peu plus d'affaires que quand elle y était élève.
- Il te faudra pas mal de choses mon chéri, on ira te chercher tout ça demain sur le Chemin de Traverse si cela te convient? lui dit-elle en remettant la lettre dans l’enveloppe.
- Non ! dit Drago fermement. Je veux y aller aujourd’hui!
- Mais ta mère devait aller voir tes grands-parents aujourd’hui, tu le sais Drago. lui répondit Lucius, sans baisser les yeux de son journal.
- Mais je veux y aller aujourd’hui !!
- Je vais annuler, Lucius ne t’inquiète pas ! Mes parents comprendront, ils seront tellement heureux pour lui. On partira en fin de matinée mon coeur.
Drago sourit de toutes ses dents, si heureux d’avoir, comme d’habitude, réussit à obtenir ce qu’il voulait.
- Dobby, tu iras nous préparer nos affaires dans nos garde-robes respectives.
- Oui Madame.
Dobby partit leur préparer tout ce dont ils avaient besoin : leurs capes, leurs chapeaux, gants, et leurs chaussures. Après avoir passé des heures à se préparer (les Malefoy prêtaient énormément d’attention à l’apparence), il était enfin l’heure de partir. Drago était surexcité et avait une idée derrière la tête : convaincre son père de lui offrir un balai. Même si c’était précisé sur la lettre que les premières années n’y avait pas droit.
Chaque vendeurs de chaque boutiques faisait des courbettes dès qu’il voyait Lucius passer le pas de la porte, cela rendait Draco un peu plus fier à chaque fois. Il était très apprécié des commerçants, vu tout l’argent qu’il dépensait chez eux. Narcissa accompagna ensuite son fils chez Mme Guipure pour son uniforme, et partit lui chercher sa baguette chez Ollivander pendant ce temps.
Pendant que Drago était en train de se faire ajuster sa robe par une autre sorcière, debout sur un tabouret, il entendit Mme Guipure parler à quelqu’un d’autre. Un petit garçon, les cheveux en bataille, des vêtements usés et trop grands pour lui, des lunettes rondes, rattachés avec du scotch, il n’avait pas l’air d’avoir beaucoup d’argent. Clairement.
- Salut, dit Draco. Toi aussi tu vas à Poudlard?
- Oui lui répondit-il
- Mon père est en train de m'acheter mes livres dans le magasin d'à côté et ma mère est allée me chercher une baguette magique à l'autre bout de la rue, dit Draco tout fier. Ensuite, je compte les emmener faire un tour du côté des balais de course. Je ne vois pas pourquoi les élèves de première année n'auraient pas le droit d'avoir leur propre balai. J'arriverai bien à convaincre mon père de m'en acheter un et je m'arrangerai pour le faire passer en douce au collège. Et toi, tu as un balai ?
- Non
- Tu joues au Quidditch ?
- Non
Le Quidditch était le sport préféré de Draco, il y jouait très souvent dans le jardin quand il était plus jeune avec les enfants des amis de ses parents, ou avec Dobby s’il n’y avait personne d’autre (il comptait seulement les points). Cependant, il y avait toujours une condition : Drago devait gagner à chaque fois.
- Moi, oui. Mon père dit que ce serait un scandale si je n'étais pas sélectionné dans l'équipe. Tu sais dans quelle maison tu seras ?
- Aucune idée répondit-il
- En fait, on ne peut pas vraiment savoir avant d'être sur place. Mais moi, je suis sûr d'aller à Serpentard, toute ma famille y a toujours été. Tu t'imagines, se retrouver à Poufsouffle ? Je préférerais m'en aller tout de suite.
Le garçon en face de lui ne lui répondit pas vraiment. Il n’avait aucune idée de quoi il parlait. Quand soudain, Drago vit un homme énorme arriver devant la boutique en montrant des crèmes glacées.
- Oh, dis donc, regarde un peu ce bonhomme ! dit-il en montrant la fenêtre
- C'est Hagrid, dit-il. Il travaille à Poudlard.
- Ah oui, j'en ai entendu parler. C'est une sorte de domestique, non ?
- Il est garde-chasse.
- C'est ça. On m'a dit que c'était une espèce de sauvage. Il habite dans une cabane, dans le parc de Poudlard, et il se saoule de temps en temps. Quand il est ivre, il essaye de faire des tours de magie et finit toujours par mettre le feu à son lit, précisa Draco en riant
Son père lui en avait déjà parlé, ce n’était clairement pas quelqu’un de très soigné ou de très intelligent. Plutôt un gros balourd que Dumbledore appréciait un peu trop et qu’il a voulu garder pour on ne sait quelle raison.
- Moi, je le trouve très intelligent, répondit le garçon avec froideur.
- Vraiment ? ricana Drago. Qu'est-ce qu'il fait avec toi ? Où sont tes parents ?
- Ils sont morts.
- Oh, désolé dit Drago sans ressentir tant d’empathie que ça pour son futur camarade. Mais ils étaient de notre monde, non ?
- Ils étaient sorciers, si c'est ça que tu veux dire.
Au moins, ce n’était pas un sang de bourbe. Quel soulagement c’était pour Drago.
- A mon avis, Poudlard devrait leur être exclusivement réservé. Ceux qui viennent d'autres familles ne sont pas comme nous, ils n'ont pas eu la même éducation. Certains d'entre eux n'avaient même jamais entendu parler de Poudlard avant de recevoir leur lettre, tu te rends compte ? Je pense que l'école ne devrait accepter que les enfants issus des vieilles familles de sorciers. Au fait, comment tu t'appelles ?
Le garçon n’eut même pas le temps de lui répondre que Madame Guipure lui donna sa robe et il se dirigea vers la sortie de la boutique. Ce n’est pas grave, Drago le recroisera à Poudlard et pourra donc lui demander son nom.
- Nous nous reverrons à Poudlard, dit Draco.
Le garçon ne se retourna même pas et sortit immédiatement, comme pour l’éviter. Drago ne saurait pas dire pourquoi, mais il sentait qu’il allait être déçu d’apprendre l’identité de cette personne. Il avait l’air pauvre. Son père lui avait bien demandé ce matin de ne fréquenter que des gens respectables...
Pendant qu’il était perdu dans ses pensées, il leva les yeux et aperçut sa mère avec sa baguette dans les mains. Drago, trop impatient de la voir, sauta du tabouret sans même prévenir la sorcière, qui le piqua par mégarde.
- Faites attention ! dit Narcissa en voyant qu’elle avait “blessé” son fils.
- Toutes mes excuses Madame, mais il ne faut pas qu’il bouge. Je n’ai plus beaucoup de choses à faire, juste...
Elle passa une dernière épingle dans la manche de la robe et se releva.
- C’est bon. Tu peux aller voir ta baguette maintenant.
Sans un merci, il courut vers sa mère pour voir à quoi ressemblait sa toute première baguette.
- C’est une baguette en Aubépine avec un Crin de Licorne. lui expliqua Narcissa en le voyant la contempler.
- J’ai tellement hâte de pouvoir l’essayer! lui dit-il en sautillant. Je jetterai un sort sur Dobby en rentrant.
Narcissa rit et se dirigea vers le comptoir pour régler pendant que Drago continuait de lui parler.
- Tu aurais vu ça maman, j’ai croisé un garçon qui rentre à Poudlard comme moi. Il était avec ce gros balourd de Hagrid.
- Ça ne semble pas être quelqu’un de très fréquentable mon chéri, je pense que tu ferais mieux de ne pas trop lui parler à l’école, lui répondit sa mère en sortant l’argent de son sac à main
- J’aimerais au moins savoir son nom, il n’a pas eu le temps de me le dire.
Sans réellement lui répondre, Narcissa lui tendit la main pour qu’ils quittent la boutique et pour qu’ils aillent rejoindre Lucius, qui sortait à peine de chez Fleury et Bott. Suivi par Dobby, qui portrait les livres (la pile était plus haute que lui.)
- Tu as toutes les plus belles éditions. Cet idiot a osé me demander si je voulais en acheter d’occasions pour moins cher dit-il en riant. Il a du nous confondre avec les Weasley.
Narcissa et Drago se mirent à rire avec lui et en avançant dans le chemin de traverse, Drago s’arrêta face aux magasins de Balai. Il comptait bien se faire offrir le nouveau Nimbus 2000.
- Tu veux bien me l’acheter ? Pour l’école ? dit Drago en allant taper sur l’épaule de Lucius, qui soupira en entendant la question.
- Drago, nous t’avons déjà expliqué que les premières années n’ont pas le droit d’avoir de balai à Poudlard. Tu en auras un l’an prochain.
- C’est nul ! Pourquoi ils ne veulent pas faire une exception pour moi ? Tu veux pas demander au directeur ? insista le garçon.
- Non je n’irai pas. répondit-il sèchement. Tu as déjà un très bon balai à la maison, le Nimbus 2000 est à peine sorti. L’an prochain, je t'achèterai leur nouveau modèle.
Drago fit une moue boudeuse, puis vit le regard de son père s’assombrir. Lucius poussa son fils avec sa canne en lui disant d’avancer, il avança sans rechigner et se rapprocha de Narcissa dès qu’il en eut l’occasion.
Le mois d’Août ne fut pas bien différent des autres. Le seul changement était les préparatifs pour Poudlard. Drago volait encore plus souvent dans le jardin, pour être sûr que tous les autres élèves voient comme il savait bien voler. Il allait régulièrement dans la bibliothèque du manoir, pour voir s'il ne pouvait pas apprendre quelques petites choses par-ci par-là, pour paraître plus intelligent que le reste de sa classe. Il s’entraînait aussi assez régulièrement avec sa baguette. Il l’avait essayé dès qu’il était rentré chez lui. Il avait jeté un sort contre Dobby, qui avait volé à l’autre bout de la pièce. Narcissa l’avait applaudi, en félicitant son fils d’avoir réussi à s’en servir.