Et si...

Harry Potter - J. K. Rowling
F/M
Gen
G
Et si...
Summary
La nuit du 31 octobre 1981, Lord Voldemort épargne la vie de Lily Potter, mais échoue à tuer le jeune Harry. Devenue veuve, Lily est contrainte de se cacher avec son fils chez le responsable de la mort de son époux, Severus Rogue. Pour se racheter, le mangemort repenti fait la promesse à Lily de protéger le jeune Harry Potter, en dépit des rancunes passées.******Tous les personnages et l'univers décrit appartiennent à J. K. Rowling. Tous Droits Réservés.
Note
WARNING: This fanfiction is available in English on my profile under the name of If...A new chapter every TuesdayATTENTION: Cette fanfiction est disponible en anglais sur mon profil sous le nom de If...Un nouveau chapitre tous les mardis.
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Les origines du mal

- Pourquoi as-tu été méchante avec ce garçon, Tunie ? demanda Lily, qui peinait à reprendre son souffle.

Les deux fillettes avaient quitté en courant le terrain de jeux après avoir fait une étrange rencontre, celle d’un petit garçon mal fagoté. 

- C’est lui qui a été méchant ! s’emporta l’aînée.

Pétunia avait insisté sur le « lui ».

- Il t’a insultée, poursuivit-elle plus doucement. Il a dit que tu étais une sorcière. C’est méchant, Lily. On ne dit pas ça aux gens, quand on est poli.

La rousse aux yeux verts détourna le regard. Elle et sa sœur n’avaient plus que quelques mètres à parcourir avant d’atteindre le portillon de leur jardin.

- Il a peut-être raison, murmura Lily.

Elle s’était sentie insultée en entendant le fils Rogue la qualifier de « sorcière ». Les sorcières étaient laides et vilaines. Dans les contes que Lily et Pétunia lisaient, les sorcières avaient toujours le mauvais rôle. Elles concoctaient d’étranges mixtures, jetaient des malédictions par pure cruauté et mangeaient des enfants.

Le petit Rogue avait aussi ajouté que sa mère était une sorcière, et que lui-même était un sorcier. Lily se rappela son allure très gauche, et ses vêtements dépareillés. À Carbone-les-Mines, la pauvreté était omniprésente, mais soigneusement cachée. Pétunia avait dit que le garçon – qui devait avoir le même âge que Lily – venait de l’impasse du Tisseur, un quartier ouvrier qui souffrait d’une sordide réputation. Lily et sa sœur n’avaient pas le droit d’y aller, leurs parents leur avaient défendu.  

Ce garçon n’était pas méchant, Lily en était persuadée.

- N’importe quoi ! s’écria Pétunia. Les sorcières, ça n’existe pas, Lily. C’est comme le croque-mitaine, les fantômes, les zombies… Il ne faut pas écouter le fils Rogue, c’est un menteur et il est loin d’être recommandable.

- Comment tu le connais ? répliqua Lily.

Elle savait que sa sœur n’était pas le genre à s’acoquiner avec les gamins qui vivaient à l’impasse du Tisseur. Lily était cependant étonnée que son aînée se soit souvenue de l’un d’entre eux et encore plus de son nom.

- Son père travaille à la métallurgie avec papa.

- Ils sont donc collègues ! s’exclama Lily en souriant.

- Non, pas vraiment. Papa est comptable, lui est un simple ouvrier, dit-elle sur un ton méprisant. Il y a quelques temps, j’ai entendu papa dire à maman que Rogue avait été mis à pied pendant quelques jours, car il avait fait une grosse bêtise à l’usine.

- Et donc ? Ça n’explique pas pourquoi tu connais ce garçon, répondit Lily sur un ton sceptique.

- Lors de ma dernière année à St Melchior, Mrs. Russell m’a demandé d’aller chercher dans la classe de Miss Baxter plusieurs crayons de couleur, car nous en manquions pour notre cours de dessin, raconta Pétunia. Dans le couloir, j’ai vu le directeur et Mr. Lowood sermonner très fort cet horrible garçon. Ils disaient Rogue, vous n’êtes qu’un moins-que-rien, qu’un fabulateur ! Je crois qu’il s’était attiré des ennuis pendant la récréation en blessant Steeve Miller avec un ballon de football.  

Lily et sa sœur marchèrent encore pendant quelques mètres et franchirent le seuil du jardin qui entourait leur maison.

- Lily, promets-moi que tu ne chercheras pas à retrouver ce garçon. Il ne me plaît vraiment pas. Il pourrait t’attirer de sérieux ennuis.

La petite fille rousse s’était contentée de hocher la tête, mais elle réfléchissait déjà à un moyen pour rencontrer à nouveau le jeune Rogue.

*

- Lily ? Est-ce que tout va bien ?

Lily sursauta en entendant la voix de Severus. Après le déjeuner, elle s’était assise dans un coin près de l’unique fenêtre du salon et n’avait pas cessé de regarder la rue sombre et sale. En vérité, elle ne faisait que la fixer et elle se noyait dans ses pensées et ses souvenirs. La venue de Pétunia chez Severus, trois jours auparavant, avait été une véritable surprise. Lily n’aurait jamais cru sa sœur aînée capable de venir de son plein gré à l’impasse du Tisseur. Elle n’ignorait pas ce que lui inspirait Severus depuis leur enfance. Pétunia Dursley ne l’avait jamais apprécié et avait toujours vu en lui un gamin infréquentable, une racaille.

- Oui, Sev. J’étais juste perdue dans mes réflexions.

- J’étais un peu inquiet… avoua-t-il. Depuis ton arrivée ici, tu ne quittes plus ce rebord de fenêtre. Le paysage est-il fascinant au point que je ne l’aurais jamais remarqué ?

- Non, pas le moins du monde, soupira Lily. Il est même déprimant.

- J’aimerais pouvoir te dire qu’on finit par s’y habituer, mais ce serait un mensonge.

Lily sourit, et quitta le rebord de fenêtre. Elle vit alors que Severus lui tendait une tasse de thé fumante.

- Tu n’as rien mis dedans, j’espère, dit-elle en fronçant les sourcils.

Il s’agissait davantage d’une boutade que d’une mise en garde.

- Simplement du thé, répondit Severus. J’ai peut-être glissé par inadvertance un peu de Veritaserum.

Lily sourit et prit la tasse avant de rejoindre Severus sur le canapé.

- Pourquoi ne t’es-tu pas débarrassé de cette maison ? demanda Lily en soufflant sur sa boisson chaude. Tu la détestes…

Son ami, qui tenait entre ses longs et fins doigts sa tasse, haussa les épaules.

- La mort de mon père est assez récente, et je ne sais pas ce qu’est devenue ma mère.

- C’est vrai, je suis désolée, Sev… Pardonne-moi.

Quelle idiote ! Mrs. Rogue avait disparu de la vie de son fils quelques années plus tôt sans laisser le moindre indice pour qu’il la retrouve.

- Il n’y a rien à pardonner, assura Severus. Tu sais, après avoir pris la… la marque… je ne suis pas souvent revenu ici. Et quand j’ai obtenu ce poste à Poudlard, l’école m’a attribué un appartement personnel. C’est un peu plus petit qu’ici, mais très confortable. Cette maison, à cause de tous ces événements, était vraiment le cadet de mes soucis.

- Je comprends, acquiesça Lily. Mais si tu avais l’occasion de déménager, d’avoir la maison de ton choix… Où partirais-tu ?

Pendant quelques instants, Severus ne quitta pas du regard sa tasse. Il réfléchissait.

- Quand j’étais petit, dit-il après un long silence, je rêvais de voir la mer. On ne partait jamais en vacances, car on n’avait pas les moyens. Je crois que, même avant d’aller à Londres pour prendre le train à destination de Pré-Au-Lard, je n’avais jamais quitté cette ville. Si c’est le cas, je ne m’en souviens pas, car toutes les villes aux alentours se ressemblent.

- Et as-tu eu l’occasion de la voir ?

Lily l’espérait sincèrement pour son ami.

- Oui, dès que j’ai su transplaner.

- Je me rappelle ! s’exclama Lily, un doux rictus aux lèvres. Nous avions passé notre permis dans la Grande salle ! Je me rappelle même que Mary était très déçue de ne pas pouvoir le passer en même temps que nous, car elle n’avait pas encore dix-sept ans. Toi et moi, nous ne nous parlions plus, mais il me semble que tu te débrouillais plutôt bien.

- Mieux que sur un balai, ironisa Severus. J’ai vu la mer pour la première fois l’été qui a suivi nos leçons de transplanage. Tu ne peux pas imaginer à quel point j’étais heureux d’être libre, enfin majeur. Ma mère était partie bien avant mon retour ici, et mon père n’avait pas jugé bon de m’en informer. De toute façon, il n’aurait pas pu. Ce n’était qu’un moldu, après tout.

Lily l’écoutait attentivement tout en buvant sa tasse.

- Peu de temps après mon retour, je suis parti plusieurs jours. Me retrouver seul avec mon père, alors que j’étais à présent autorisé à user de mes pouvoirs, n’était vraiment pas une bonne idée. Il faut que tu saches Lily que je n’étais absolument pas une bonne personne à cette époque, et je ne prétends toujours pas l’être aujourd’hui. Si mon père m’avait poussé à bout, j’aurais pu déraper, perdre le contrôle…

Il ne parla plus pendant quelques secondes et son regard s’arrêta sur Harry. Le bambin jouait avec de petites figurines en bois sur le tapis délavé du salon.

- Alors j’ai quitté la ville pendant un certain temps. Non pas pour prendre la marque… C’est arrivé bien après, quand nous avons quitté Poudlard. Mais pour voir la mer. Je me souviens encore des vagues tumultueuses de l'océan, de la bruine fine qui fouettait mon visage, et de cette enivrante odeur de sel...

Il avait fermé les yeux en racontant ce souvenir qui n’appartenait qu’à lui seul.

- C’était dans les Cornouailles, non loin de Tinworth, reprit-il en ouvrant les paupières. Il n’y avait pas âme qui vive, c’était le paradis sur terre. Si je devais plier bagage, je m’installerais dans une petite maison près de l’océan. Cet endroit m’a apaisé… J’aurais peut-être dû y rester, ne jamais retourner à Poudlard… Cela aurait mieux valu pour tout le monde, dit-il avant d’avaler sa dernière gorgée de thé.

Lily n’avait pas attendu son dix-septième anniversaire pour voir la mer. Les Evans n’étaient certainement pas la famille la plus riche de Carbone-les-Mines, mais ils avaient les moyens de partir une fois par an en vacances. Généralement, ils passaient une semaine dans le Pays de Galles, non loin d’Aberystwyth. Mr. Evans était né là-bas, et sa famille y résidait encore quand Lily était enfant. Pratiquement à chaque été, Lily avait pu admirer la mer avec Pétunia. Elle et sa sœur construisaient des châteaux de sable, ramassaient des coquillages.

Lily n’était pas retournée à Aberystwyth depuis l’été de ses quinze ans. Une nuit, sa grand-mère paternelle s’était endormie entre les couvertures chaudes de son lit et n'avait jamais rouvert les yeux. La vieille dame avait ainsi retrouvé son époux bien-aimé, disparu au cours de la Seconde Guerre mondiale. Mr. Evans, étant fils unique et n’ayant plus aucun proche vivant dans cette région, avait donc cessé d’y emmener sa famille.   

La cheminée crépita. Cela signifiait que Dumbledore voulait leur parler. Rapidement la voix du directeur de Poudlard se diffusa dans le petit salon et Harry babilla quelques mots enjoués. Le fils de Lily n’avait jamais été effrayé par les cheminées. Elle et Severus quittèrent le canapé et s’assirent auprès de l’âtre pour écouter le chef de l’Ordre. Lily n’avait pas oublié que cet homme – à l’apparence joviale – l’avait privée des derniers adieux avec son époux.

- J’ai quelques nouvelles à vous annoncer, déclara de but en blanc Dumbledore. Les Aurors ont fait une très belle prise aujourd’hui. Trois mangemorts ont été neutralisés, mais il ne s’agit pas de ceux qui ont enlevé et torturé les Londubat. Severus, vous connaissez l’un des deux hommes qui ont été capturés : Sergius Mulciber, votre ami, et Travers.

En entendant ces mots, Lily frissonna. Sergius Mulciber avait son âge et n’avait jamais caché son aversion et son dégoût pour tout ce qui n’était pas pur à Poudlard. Il avait été l’un des camarades de Severus à Serpentard, un de ceux qui avait perverti son ami. En cinquième année, Sergius Mulciber et Methodius Avery s’en étaient pris à Mary Macdonald, une née-moldue comme Lily. Ils voulaient l’humilier, la forcer à les embrasser en utilisant un sortilège impardonnable. S’ils avaient réussi à lancer l’Imperium, Mary aurait certainement été agressée. Et ils s’en étaient sortis, tous les deux, sans écoper de la moindre retenue. Ils avaient prétendu qu’il ne s’agissait que d’une blague, qu’ils n’étaient pas sérieux.

- Me laisser être touché par une sale Sang-de-Bourbe ? Quelle idée ! Il aurait fallu me lancer des dizaines de Récurvite après une telle épreuve ! avait clamé haut et fort Mulciber à la table de Serpentard.

Et Severus s’était lié à ces deux horribles garçons, avait approuvé chacun de leurs mots, chacun de leurs gestes. James, Sirius, Peter et Remus avaient leurs torts. Les deux premiers étaient loin d’être des saints, mais jamais ils n’auraient pensé à user de la magie pour brimer une adolescente.

- Il n’est pas mon ami, marmonna le mangemort repenti.

Dumbledore n’y prêta aucune attention et continua.

- Il y a eu un duel entre trois mangemorts et les Aurors.

Le directeur n’avait mentionné que deux arrestations. Qu’était devenu le troisième partisan ?

- Evan Rosier a été tué par Maugrey en tentant de fuir. Alastor a été blessé pendant la lutte.

Lily sentit son cœur manquer un battement dans sa poitrine.

- Il va s’en sortir, ajouta le directeur. Il semblerait qu’Evan Rosier ait utilisé un maléfice de mutilation. Ce n’est pas la première fois qu’il est utilisé contre un membre de l’Ordre ou un Auror.

Lily se souvint alors de Benjy Fenwick, dont le corps avait été retrouvé lacéré et démembré en petits morceaux. Mais surtout elle repensa aux confidences de Severus. Il avait inventé au cours de leur cinquième année un terrible sortilège qui lui avait valu l’admiration de ses pairs et l’approbation de Voldemort. Grâce à ce maléfice, Severus avait gagné son ticket d’entrée au sein des troupes du mage noir. Le fils Rogue, devenu un mangemort, avait enseigné l’infâme sortilège à son maître et à certains de ses disciples. Evan Rosier l’avait-il utilisé pour mutiler Maugrey ?  

- C’est de la magie noire, cela ne fait aucun doute, poursuivit Dumbledore. Alastor a perdu un morceau de son nez et restera défiguré.

Severus avait certes changé d’allégeance, mais ses inventions – dont il avait perdu le contrôle - persistaient à faire le mal.

- Il n’y a aucun remède ? demanda Lily, abattue.

- Aucun, répondit sur un ton catégorique le directeur.

- Avez-vous reçu des nouvelles des Londubat ? s’enquit Lily.

Les Aurors – qui avaient un fils du même âge que celui de Lily – avaient été torturés pendant des jours avant d’être retrouvés par leurs collègues. Mais depuis cette date, Lily ignorait s’ils s’étaient rétablis.

- Ils sont toujours hospitalisés à Ste Mangouste, Lily. Leur état n’a malheureusement pas évolué favorablement. Les médicomages font tout leur possible pour les soigner…

- Ont-ils été mutilés ? s’empressa de demander Lily.

Dumbledore acquiesça.

- Les médicomages n’ont rencontré aucune difficulté pour soigner les blessures physiques qui leur ont été occasionnées. Le mal dont souffrent Alice et Frank est bien plus profond, pernicieux et caché. Ils ont enduré durant des heures le sortilège Doloris, au point d’en perdre l’esprit. Ils ne savent plus qui ils sont, ne reconnaissent plus leurs proches, et ne sont plus capables de s’exprimer. Ils sont même devenus des étrangers pour l’un et pour l’autre.

Son cœur se déchira dans sa poitrine. Elle avait été heureuse d’apprendre le sauvetage des Londubat quelques jours auparavant. Elle avait cru qu’ils se rétabliraient et retrouveraient prochainement leur fils chéri. À présent, Lily était convaincue que la mort aurait été un sort préférable à celui qui leur avait été réservé.

- Il est encore trop tôt pour se prononcer, reprit Dumbledore. Alice et Frank guériront peut-être. Ils sont entre de bonnes mains. Cependant, vous savez comme moi que les maux de l’esprit sont les plus complexes, et que parfois la meilleure volonté du monde et l’espoir ne parviennent pas à en venir à bout.

James avait eu de la chance. Cette pensée lui tordit les entrailles.

- Severus, vous reviendrez à Poudlard la semaine prochaine. Vous reprendrez vos classes dès mercredi. Pour tout le monde au château, vous êtes atteint de l’éclabouille. Une maladie certes très contagieuse, mais qui se guérit très facilement. Une absence prolongée de votre part ferait naître des soupçons et des rumeurs dont je me passerais volontiers. Cependant, vous retournerez chez vous par le réseau des cheminées à la fin de votre journée pour veiller à la sécurité de Lily et du petit Harry.

- Et durant mon absence, qui veillera sur eux ? demanda froidement Severus.

- Oui, j’en viens, répondit Dumbledore. Je n’ai jamais soupçonné sérieusement Remus Lupin et Sirius Black d’espionner l’Ordre au profit de Lord Voldemort. Il s’agissait d’une mesure de précaution…

- Vous n’allez tout de même pas les envoyer chez moi ?! s’offusqua Severus, qui avait deviné les intentions du directeur de Poudlard.

Le nouveau professeur de l’école de sorcellerie avait supporté une courte visite des Maraudeurs le lendemain de l’attaque, mais il n’était pas disposé à les recevoir à nouveau.

- Vous ne ferez que vous croiser, tenta de le rassurer Dumbledore.

- Ce n’est pas ça ! rugit-il. Ils seront dans ma maison pendant mon absence ! Je ne leur fais pas confiance ! Surtout Black !

Severus avait sans doute entendu Sirius se moquer de son salon et de son quartier. Il craignait sans doute que le meilleur ami de James Potter s’amuse à fouiller dans ses affaires. Lily savait qu’il en était capable, mais elle ferait en sorte que cela n’arrive jamais.

- Severus, soyez raisonnable. Vous aurez l’esprit plus tranquille en sachant que quelqu’un s’assure de la sécurité de vos invités en votre absence.

- L’esprit plus tranquille, répéta sur un ton méprisant l’ami de Lily. Vous ne connaissez pas Black comme moi je le connais. Lupin, s’il n’était pas un loup-garou, pourrait être fréquentable.

Lily adressa un regard noir à Severus. Remus n’avait pas choisi d’être un loup-garou, contrairement à Severus qui était devenu un mangemort de son plein gré.

- Bien, se radoucit-il. Que Lupin vienne dans ce cas…

- Non, il ne pourra pas. La pleine lune aura lieu mercredi précisément. Vous savez que les transformations de Mr. Lupin l’affaiblissent…

- Et le rendent terriblement dangereux ! cracha Severus. Non, je n’ai pas oublié, Dumbledore. J’ai failli perdre la vie par sa faute en cinquième année !

Lily soupira. Dès que le nom de Remus Lupin était mentionné dans une discussion, Severus ne pouvait s’empêcher de lancer les pires accusations. Selon lui, Sirius et Remus avaient orchestré une tentative d’assassinat contre lui. Lily était convaincue que Remus était complètement innocent. Remus se haïssait d’être un loup-garou, car il craignait plus que tout de blesser, contaminer ou même tuer quelqu’un pendant l’une de ses transformations. Lui et Severus n’avaient jamais été amis – au plus grand regret de Lily -, mais le Gryffondor aurait certainement mis fin à ses jours s’il avait accidentellement tué le Serpentard, cette nuit de pleine lune dans la cabane aménagée pour lui.

- Sirius Black se présentera chez vous mercredi matin, annonça Dumbledore. Il arrivera dans votre salon en passant par la cheminée de mon bureau, et il repartira par le même moyen à votre retour. Personne n’en saura rien.

- Soit, capitula Severus.

- Il me faut vous laisser à présent. Je dois honorer un rendez-vous important au Ministère.

Dumbledore les salua et l’âtre redevint froide et sombre. Une bonne flambée aurait assurément rendu ce sordide salon bien plus chaleureux.

- Sev, hésita Lily. Le sortilège qui a blessé Maugrey, c’est le tien… Pas vrai ?

Il se contenta de baisser les yeux sur ses genoux.

- Je m’en doutais, répondit Lily.

Il n’y avait aucune colère dans sa voix. Severus lui avait tout raconté, ou presque.

- Et il n’y a vraiment aucun remède ? ajouta-t-elle.

Severus se leva. Pendant un instant, elle crut qu’il allait lui tourner le dos, et se retirer dans sa chambre, mais il n’en fit rien.

- Non, je l’ai conçu pour me défendre, après cette fameuse nuit sous le Saule Cogneur, dit-il en la regardant droit dans les yeux.

A cet instant précis, Lily mesura pour la première fois l’ampleur du traumatisme qu’avait occasionné la farce de Sirius chez Severus. Son ami avait cru mourir, et il avait inventé ce maléfice sous l’impulsion de la colère et de la peur pour ne jamais plus se sentir vulnérable. Il n’y avait rien à ajouter.

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