
Une nuit d'Halloween
Halloween était certainement la fête préférée des sorciers, célébrée dans le monde entier. Lily Potter avait toujours aimé cet événement, et plus particulièrement la nuit qui concluait cette journée. Ayant grandi dans une famille de Moldus, Lily connaissait également les coutumes de ceux qui n'ont aucun pouvoir magique. Dans son ancienne école, à Carbone-les-Mines, les instituteurs organisaient à chaque Halloween des petits jeux. L'un de ses préférés consistait à plonger la tête dans une bassine d'eau remplie de pommes, et d'attraper l'un des fruits avec ses dents. Aussi loin qu'elle s'en souvenait, Lily avait toujours gagné à ce petit jeu, sans jamais mouiller son uniforme et ses longs cheveux roux, nattés. Le soir, Lily et sa sœur Pétunia écoutaient des histoires de fantômes et de monstres racontées par leurs parents, ou bien diffusées sur le poste de radio. Ces fables les faisaient frissonner de peur et d'angoisse. Mais leurs parents leur avaient assuré que les spectres et les sorcières au nez crochu n'existaient pas, qu'ils n'étaient que pures inventions de l'imagination pour faire peur.
A Poudlard, Lily avait appris à fêter dignement Halloween et avait découvert que les fantômes existaient réellement. Severus lui avait pourtant dit, quand ils avaient dix ans, que les spectres – et toutes sortes de monstres - étaient réels et que seuls les sorciers et les sorcières pouvaient les voir. Elle l'avait réellement cru quand un fantôme, à la tête pratiquement décapitée, s'était invité à sa table pendant le premier banquet de l'année. Severus… Lily n'avait pas pensé à lui depuis longtemps. Il avait été le premier sorcier avec lequel elle s'était liée d'amitié. Il avait été celui qui lui avait révélé qu'elle était une sorcière comme lui. Et il avait été son meilleur ami jusqu'à leur cinquième année à Poudlard. Elle ne savait pas pourquoi elle pensait à lui, ce soir d'Halloween. Elle était dans le salon avec son époux et leur fils. James jouait avec Harry. Il s'amusait à le faire rire en faisant apparaître des volutes de fumée colorées. Elle n'allait pas tarder à l'endormir dans son petit lit, en lui chantant une berceuse ou en lui racontant une belle histoire qui finirait bien.
Si les circonstances avaient été différentes, elle et son mari auraient certainement organisé un petit dîner, mais c'était trop dangereux. La guerre contre Voldemort s'intensifiait, et le mage noir en avait après les Potter. Elle et son mari l'avaient défié par trois fois, avant que Lily ne tombe enceinte. Depuis des mois, ils vivaient cachés dans cette maison, sous ordre de Dumbledore. Le directeur de Poudlard - et fondateur de l'Ordre du Phénix - les avait informés que Voldemort avait l'intention de tuer leur enfant à naître. Il ne leur avait donné pratiquement aucun détail, mais un espion lui avait rapporté les terribles desseins du mage noir et ils concernaient leur fils, un bébé qui fêtait ses quinze mois ce jour-même. L'Ordre avait perdu beaucoup de membres ces dernières semaines. Les McKinnon avaient été entièrement éradiqués au cours de l'été dernier, et Lily avait beaucoup pleuré. La disparition de ces sorciers avait été une lourde perte pour l'Ordre. James ne supportait plus d'être enfermé, et ne rêvait que d'une chose : se battre comme les autres.
Parfois, elle et son mari se disputaient à ce sujet. Il avait l'impression d'être retenu dans une cage. Lily aussi n'aimait pas beaucoup cette situation. Elle aussi aurait aimé affronter leurs ennemis, mais la sécurité de leur fils primait sur tout. James en avait conscience et lui aussi souhaitait plus que tout préserver la vie de leur enfant. Il ne pouvait d'ailleurs plus quitter leur cottage en douce, car il avait prêté au cours de l'été sa cape d'invisibilité à Dumbledore. Le directeur ne lui avait toujours pas rendue. Cette cape d'invisibilité se trouvait dans la famille Potter depuis des générations, et James lui avait assuré qu'il s'agissait de la meilleure qui n'avait jamais été fabriquée sur terre. Le directeur, fasciné par cet artefact, voulait l'étudier. Il n'en avait pas dit plus. James et elle lui faisaient confiance.
Lily admirait depuis des années ce grand sorcier qui avait battu en duel Grindelwald. Bathilda Tourdessac, une voisine qui connaissait bien Dumbledore, leur avait fait des révélations le jour du premier anniversaire de Harry, mais Lily ne savait pas vraiment si elle devait y croire. Bathilda était la grand-tante de ce Grindelwald, emprisonné en Autriche, et l'avait présenté à la fin du siècle dernier au jeune Albus Dumbledore. Durant un été, ils avaient été amis jusqu'à la mort d'Ariana, la sœur de Dumbledore. Cela lui paraissait surréaliste. Comment le plus grand sorcier de tous les temps aurait-il pu devenir ami avec cet odieux mage noir qu'il avait vaincu ? Non, Bathilda perdait la tête.
Et pourtant, Dumbledore leur cachait beaucoup de choses. Il avait refusé de leur révéler pourquoi Voldemort les traquait et souhaitait tuer leur fils. Il avait aussi refusé de leur donner le nom de son espion. Était-ce un proche de Voldemort ? un mangemort ? Mais pourquoi un adepte de magie noir voudrait les protéger ? Que pourrait-il y gagner ? Il y avait peut-être une personne qui pourrait faire cela. Lily n'en avait pas parlé à James. Elle avait songé à Severus, son ancien ami. Ils se connaissaient depuis l'âge de dix ans et avaient grandi dans la même ville, au nord de l'Angleterre, dans le Pays noir.
Severus, contrairement à elle, avait été réparti à Serpentard et avait fini par mal tourner. Lui et James ne s'étaient jamais appréciés, ils se détestaient. Et le terme n'était pas assez fort. Severus avait toujours été un garçon solitaire à la langue bien pendue. Il jalousait James, un Gryffondor, depuis leur première année à Poudlard, et peut-être même depuis leur première rencontre dans le Poudlard Express. Severus avait aussi des centres d'intérêts très douteux. Il avait, au cours de sa scolarité à Poudlard, appris beaucoup de choses en matière de magie noire. Lily, elle, n'avait jamais approuvé cela. Elle devait néanmoins reconnaître que Severus avait souvent été la cible préférée de James et de ses amis, Peter et Sirius. Mais Severus n'était pas non plus innocent. Il avait appris à rendre coup pour coup avec des sortilèges peu recommandables, des maléfices. Son inimitié avec James et les autres Maraudeurs était devenue obsessionnelle au fil des années, et l'objet de beaucoup de disputes avec Lily. Celle-ci n'avait pas toujours apprécié son mari, loin de là. Durant la majeure partie de sa scolarité à Poudlard, la rousse avait jugé James Potter et Sirius Black comme de parfaits crétins arrogants. James passait son temps à se pavaner, à parler de ses grands principes, alors qu'il adorait prendre pour cible les élèves de Serpentard, et très souvent Severus.
Leur amitié avait pris fin le jour de leur épreuve de BUSE de défense contre les forces du mal, à la fin de leur cinquième année. A la fin de l'examen, les étudiants étaient allés, pour la plupart, se prélasser au bord du lac noir. Lily avait fait comme les autres. Elle discutait avec ses amies quand les hurlements d'un garçon avaient détourné son attention. C'était Severus, il était suspendu dans les airs, la tête en bas. James et Sirius avaient encore eu une idée lumineuse, celle de s'en prendre à son ami, et menaçaient de lui baisser son caleçon. Peter Pettigrow riait avec d'autres, tandis que Remus Lupin faisait semblant de ne rien voir, le nez plongé dans un manuel. Il était le plus raisonnable des quatre Maraudeurs, ne s'en prenait jamais à Severus, mais ne parvenait jamais à raisonner ses trois amis. Lily avait alors accouru pour venir en aide à son ami. Elle n'aimait absolument pas James, mais elle savait que celui-ci avait un béguin pour elle. Severus lui avait fait quelques sous-entendus là-dessus quelques semaines plus tôt. Elle avait alors ordonné au poursuiveur de Gryffondor de laisser tranquille le Serpentard, et il lui avait obéi. Mais Severus l'avait très mal pris. Fou de rage, il l'avait insultée, elle, sa meilleure amie. Sale petite Sang-de-bourbe... Les mots impardonnables, crachés avec fureur par Severus, résonnaient encore dans sa tête.
Ses amis l'avaient pourtant mise en garde, l'avaient avertie. Lily, tu ne devrais vraiment pas fréquenter Rogue. Tout le monde sait qu'il aspire à rejoindre Tu-Sais-Qui. Tu as bien vu qu'il est bizarre, et qu'il lance d'horribles maléfices à tous ceux qu'il n'aime pas, et ils sont nombreux. Et puis tu as vu ses fréquentations ? Sirius Black prétendait même que Severus connaissait plus de sortilèges de magie noire que les élèves de septième année répartis à Serpentard avant d'arriver à Poudlard. Lily ne l'avait jamais cru. Elle connaissait Severus, avait grandi avec lui. Jamais il n'avait usé de la magie noire devant elle. Il n'avait même pas de baguette et sa mère lui défendait d'emprunter la sienne à cause de son père. Mr. Rogue détestait la magie.
Au fil des ans, Lily avait pu voir que son ami avait choisi une sombre voie, un chemin périlleux et dangereux. Il se montrait même odieux avec certains élèves qui avaient la même particularité que Lily, celle d'être né dans une famille de Moldus. Pourtant, avec elle, il s'était toujours montré adorable. Mais ce jour-là, il avait prononcé l'insulte la plus odieuse qui pouvait exister, et Lily avait décidé de mettre fin à leur amitié, et de lui tourner le dos pour de bon.
Il était venu s'excuser le soir-même, mais Lily n'avait pas voulu l'écouter. Elle en avait assez de lui chercher des excuses, de l'entendre dire qu'elle était différente des autres. Il était devenu à ses yeux mauvais et complètement irrécupérable. Pendant un temps, elle avait espéré que cette rupture ne serait que provisoire et qu'elle agirait comme un électrochoc dans la tête de Severus. Elle y avait naïvement cru… Durant leurs deux dernières années à Poudlard, Severus n'avait fait que devenir de plus en plus mauvais, abjecte et perfide, alors que James avait décidé de changer. Il ne s'en prenait plus à Severus, ou du moins ne le faisait plus devant elle. Il avait pris la résolution de s'assagir, et en septième année James et Lily avaient été nommés préfets en chef. Et elle avait fini par tomber amoureuse de lui. A la fin de leur scolarité, ils avaient fini par rejoindre l'Ordre et par se marier.
Un récent événement jouait néanmoins en faveur de Severus. Jamais Dumbledore n'aurait embauché un mangemort avéré en tant que maître des potions. Lily l'avait appris dans une lettre de Horace Slughorn, son ancien professeur de potions. Severus Rogue avait été choisi par Dumbledore pour l'assister, car il se faisait vieux. Son ancien ami était le plus jeune professeur jamais embauché à Poudlard. Severus avait toujours été très talentueux dans l'art des potions. Il était même le meilleur dans cette matière. Ce don lui avait valu d'être remarqué – tout comme elle – par Slughorn pour faire partie de son club. Severus avait peut-être des liens avec certains mangemorts. Il avait après tout été l'ami d'élèves qui avaient très mal tourné : Mulciber, Avery, Rosier… Il avait donc peut-être appris que Voldemort avait décidé de les prendre pour cibles et il en avait informé Dumbledore. Il détestait James, et il n'était plus son ami. Cela n'avait pas beaucoup de sens. Pourtant, si Severus avait été en danger de mort, Lily n'aurait pas hésité à lui venir en aide. Elle n'avait pas oublié leurs six années d'amitié.
Harry applaudissait avec ses petites mains potelées et tentait parfois d'attraper les volutes de fumée lancées par James. C'était un bébé très mignon dans son pyjama bleu. Il était le portrait craché de James, mais il avait les yeux verts, ceux de Lily. La jeune maman chérissait par-dessus tout son fils et ne pouvait supporter que Voldemort puisse le lui enlever, lui faire du mal, le tuer…
Ce soir d'Halloween était si paisible, si calme, très différente des banquets festifs organisés durant son enfance à Poudlard. Pour l'occasion, James avait fait goûter à leur fils, durant l'après-midi, du jus de citrouille et lui avait donné quelques friandises. Harry avait aussi joué avec son petit balai, cadeau d'anniversaire de Sirius. Il avait encore manqué de briser quelques bibelots. Au début du mois d'août, Harry avait d'ailleurs cassé le vase que Pétunia avait offert à Lily pour Noël. Un vase vraiment horrible, mais il s'agissait du dernier cadeau de sa sœur. Lily ne l'avait pas vue depuis des mois, et de temps en temps elles s'envoyaient des lettres.
Pétunia vivait dans le Surrey avec son époux et son fils. Pétunia avait rencontré son époux à Londres quelques années plus tôt, alors qu'elle était secrétaire dans une entreprise. Son mari était grand et obèse, et il n'était pas sympathique. Tout comme Pétunia, il détestait tout ce qui sortait de l'ordinaire et la fantaisie. Lui et James ne s'appréciaient pas. Vernon prenait James pour un saltimbanque et James adorait en jouer. Les Dursley menaient une vie bien rangée et étaient très heureux que les Potter ne viennent pas les embêter. Pétunia savait plus ou moins que Lily et son époux avaient des ennuis. Lily ne voulait pas l'effrayer avec leurs soucis, même si elle doutait que cela inquiète réellement Pétunia. Son aînée la jalousait et la considérait comme une anormale. La disparition de leurs parents au cours de ses derniers mois ne les avait pas vraiment rapprochées. La mère de Lily était morte quelques semaines après son mariage avec James, et son père l'avait suivie dans la tombe au début de l'année. Ils n'étaient pourtant pas vieux, mais la maladie avait fini par avoir raison d'eux.
Lily s'était absentée quelques minutes dans la cuisine pour se préparer une tisane. Il était temps d'aller coucher Harry. Ce n'était encore qu'un bébé et il n'avait pas l'âge de veiller aussi tard. James lui déposa l'enfant dans ses bras et jeta sa baguette sur le sofa. Lui aussi était fatigué. Son époux s'affala dans le canapé et détendit ses jambes.
- Je suis rincé, soupira-t-il en baillant.
- Je le couche et je reviens. Dis bonne nuit à papa, Harry.
- Je t'attends, dit-il en souriant.
L'enfant fit un signe avec sa main à son père, et Lily monta les escaliers qui menaient aux chambres. Quand elle franchit le seuil de la chambre de Harry, Lily entendit un grand fracas, similaire à une explosion. Avait-elle fait une bêtise avec leur vieille bouilloire achetée chez Derviche et Bang ? Une bouilloire magique ne pouvait pas exploser de cette façon. Elle aurait donné tout ce qu'elle possédait pour entendre James jurer et lui dire que cet achat n'était vraiment pas une bonne idée…
-Lily ! Prends Harry et va-t'en ! C'est lui ! Va-t'en ! Cours ! Je vais le retenir…
Son sang se glaça dans ses veines et son cœur se mit à battre à un rythme effréné dans sa poitrine. Cela ne pouvait pas être Voldemort, c'était tout bonnement impossible. Peter Pettigrow, leur ami et membre de l'Ordre, était le gardien du secret. Jamais il ne les aurait trahis. Elle et James l'avaient choisi à la dernière minute, pas plus tôt que la semaine dernière, pour être leur gardien.
Lily entendit des cris, ceux de James et des déflagrations. Puis plus rien, seulement le bruit de pas dans les escaliers. Ce n'était pas ceux de James, mais ceux de Voldemort, et elle n'avait même pas pris sa baguette. Elle l'avait stupidement laissée dans la cuisine, près de la bouilloire, à côté de sa tasse. Elle et Harry étaient piégés… Et James ? Était-il mort ? Son cœur se serra à cette pensée, mais elle n'avait pas le temps d'y penser. Il fallait qu'elle protège son fils. Elle ne pouvait même pas transplaner à cause des sortilèges qu'ils avaient lancés sur le cottage.
Elle barricada du mieux qu'elle put l'entrée de la petite chambre d'enfant. Une chaise et des petites boites lui feraient peut-être gagner un peu de temps. Réfléchir… Elle serra son fils dans ses bras, et tenta malgré tout le transplanage. Elle songea à Pré-Au-Lard, et pensa très fort aux Trois Balais. En entrant dans leur maison, Voldemort avait peut-être réduit en cendres les sortilèges de protection, mais rien ne se produisit. Elle ne pouvait même pas fuir avec son petit, il était à la porte. Il la força et repoussa la barrière faite de bric et de broc, qui obstruait le passage, sans le moindre effort. C'était bien lui, Voldemort. Lily posa son fils dans son lit. Il n'avait même pas peur et pensait peut-être qu'il s'agissait d'une blague de James. C'était peut-être mieux ainsi.
Voldemort était terrifiant. La capuche sombre de sa cape recouvrait sa tête, mais Lily n'eut aucun mal à reconnaître ses traits pervertis par des années de pratique intensive de la magie noire. Avec son corps, elle cacha son fils. C'était inutile, il savait très bien que Harry était dans son berceau.
-Pas Harry, pas Harry, je vous en supplie, pas lui !
-Pousse-toi, espèce d'idiote… Allez, pousse-toi…
Qu'avait-il à vouloir l'épargner ? Il avait tué James, et voulait faire la même chose avec son fils. Elle préférait mourir que d'endurer les morts des deux hommes de sa vie.
-Non, pas Harry, je vous en supplie, tuez-moi si vous voulez, tuez-moi à sa place…
-C'est mon dernier avertissement…
-Non, pas Harry ! Je vous en supplie… Ayez pitié… Ayez pitié… Pas Harry ! Pas Harry ! Je vous en supplie… Je ferai ce que vous voudrez…
-Pousse-toi, idiote, allez, pousse-toi…
Il braqua sa baguette vers elle. Il allait la tuer finalement, mais Lily ne vit pas de lumière verte aveuglante foncer droit sur elle. Elle sentit une énorme force se saisir de son corps et elle fut brutalement projetée contre la commode de la chambre. Et elle perdit connaissance.
Quand elle se réveilla, elle n'entendait plus rien, seulement un lancinant bourdonnement dans ses oreilles, et sa vision était floue. Lily sentit un liquide visqueux couler depuis son crâne. Elle avait terriblement mal, comme si certains de ses membres avaient été cassés. Elle peinait à ouvrir les yeux, mais elle était certaine qu'un homme se tenait devant elle. Elle avait entendu des pas. James ? Il avait peut-être survécu. L'homme se baissa et la souleva un peu.
- Lily ? Lily ? Est-ce que tu m'entends ?
Ce n'était pas la voix de James. Et elle n'avait pas entendu cette voix grave depuis des années. C'était Severus.
Elle gémit un peu, et retrouva peu à peu ses esprits. Il lui fallut fournir un effort exceptionnel pour parler.
- Ha… Harry… Harry…
- Il… il va bien… Tu ne l'entends pas ? Il pleure dans son berceau…
Elle se concentra et perçut les cris de son bébé. Il était vivant.
- Tu-Sais-Qui, murmura Lily. James… James…
Severus ne répondit rien. Il la tenait tendrement contre son torse.
- Tu es blessée, Lily.
Lily parvint enfin à ouvrir les yeux, et ils se posèrent sur le visage de son ancien ami. Que faisait-il ici ? Était-ce lui l'espion de Dumbledore ? Il prononça une incantation, qui ressemblait à une mélodie, et les plaies sur son crâne se refermèrent. Son visage était soucieux, et ses traits trahissaient une grande inquiétude. Et il pleurait. Lily ne l'avait jamais vu verser la moindre larme.
- Où est James ? demanda-t-elle.
Les traits de Severus se durcirent et il détourna le regard. Elle comprit. Son mari était mort.
- Apporte-moi mon fils, Severus… Je veux le voir.
Le sorcier relâcha délicatement son étreinte et prit l'enfant du berceau. Harry cessa de pleurer et se blottit contre la cape noire du nouveau professeur de Poudlard.
- Il va bien, je crois. Vous ne pouvez pas rester ici, c'est trop dangereux.
Lily parvint à se lever, mais elle se sentait faible, chancelante. Son dos la faisait terriblement souffrir et elle ne put s'empêcher de grimacer de douleur.
- Ma baguette… Elle est dans la cuisine… Il faut que j'aille la chercher.
- Non ! refusa Severus. Prends ton fils, je vais la chercher. C'est trop dangereux en bas, et je…
- Tu ne veux pas que je voie mon mari ?
Severus acquiesça. Il détestait James, mais ne semblait pas se réjouir de sa mort.
- C'est trop dangereux, Lily… Tu pourrais te blesser dans les escaliers… Tout a explosé.
Lily regarda autour d'elle et remarqua pour la première fois que certains murs de la chambre avaient été détruits. Elle voyait même la rue, car Voldemort avait causé un trou béant.
- Il ne faut pas rester ici, c'est dangereux. Je vais informer Dumbledore. Il faut partir. Prends ton fils, Lily. Je reviens.
Severus lui tendit délicatement le bébé qui avait cessé de pleurer, et Lily put voir que son fils avait une plaie sur son front. Elle n'avait aucun souvenir de l'attaque. Elle se rappelait seulement que Voldemort l'avait violemment éjectée avec un maléfice, et qu'elle s'était bêtement assommée contre une commode. Qu'avait-il bien pu se passer ensuite ? Severus ne semblait pas en savoir plus qu'elle. Voldemort comptait tuer son fils et pourtant il était vivant. Et Voldemort avait laissé derrière lui des ruines et deux survivants. Elle entendit son vieil ami descendre avec précaution les escaliers et se diriger dans la cuisine. Puis il revint peu de temps après, en tenant d'une main sa baguette et d'une autre – par la peau du cou – son chat, Pelote. Il avait survécu, lui aussi.
- Laisse-moi voir James. Je t'en supplie, Sev.
- Lily… Ce n'est vraiment pas une bonne idée…
- Il va bien falloir descendre. On ne peut pas transplaner dans cette maison.
Severus capitula. Il demanda à Lily de bien s'accrocher à lui dans les escaliers et de le laisser porter Harry, tandis qu'elle tiendrait contre elle le chat. Le couloir, lui aussi, avait été dévasté et les escaliers avaient été partiellement détruits. Severus éclaira ce qui restait du cottage avec sa baguette. Le sorcier n'avait pas menti, elle aurait pu se rompre le cou dans ces escaliers. Certaines marches avaient été arrachées, et la rampe avait été complètement soufflée par une explosion.
Lily vit alors le corps de son époux gisant au sol. Il n'avait même pas eu le temps de prendre sa baguette comme elle, et il avait été tué sans aucun scrupule. Elle s'agenouilla à côté de lui et se mit à sangloter. Elle aurait voulu être morte, elle aussi. James s'était sacrifié. Severus posa une main sur son épaule.
- Je suis désolée, Lily. Sincèrement.
Elle aurait voulu rétorquer à Severus qu'il haïssait James, et qu'elle se moquait de ses condoléances, mais elle n'en avait pas la force. Et ce n'était pas juste. Son ancien ami était venu les secourir après tout.
- Il faut partir maintenant.
Lily se releva péniblement, après avoir déposé un dernier baiser sur les lèvres glacées de James. Severus les escorta à l'extérieur du cottage.
- Nous allons transplaner. Il faut que tu te cramponnes contre moi.
- Où allons-nous ?
Severus ignora sa question. Il l'attira contre lui et la serra avant qu'ils ne soient aspirés tous les trois – et le chat – dans un tourbillon. La sensation du transplanage fut terriblement désagréable. Lily eut l'impression que son corps était comprimé et à la fois étiré. Cela ne dura que quelques secondes, mais cela suffit à lui donner la nausée. Quand elle ouvrit les yeux, elle découvrit une rue sombre, très mal éclairée. C'était l'impasse du Tisseur. Severus les avait emmenés chez lui, à Carbone-les-Mines, leur ville natale.
- Entrons rapidement !
Lily fut entraînée par Severus, et ils s'engouffrèrent dans l'une des petites maisons en briques noircies. Le sorcier les entraîna dans un salon et la fit asseoir de force sur un canapé. Puis il posa à côté d'elle Harry.
- Excuse-moi, dit-il. Je dois prévenir Dumbledore.
Il se dirigea vers la cheminée et prononça clairement le bureau du directeur à Poudlard.
- Severus ? Que faites-vous chez vous ? N'êtes-vous pas censé vous trouver dans vos appartements à Poudlard ?
- Directeur, je me suis rendu à Godric's Hollow, chez les Potter.
- Comment ça ? Severus, je vous avais…
- Le Seigneur des Ténèbres a réussi à les atteindre, Dumbledore. James Potter est mort, mais Lily Potter et son fils sont en vie. Ils sont avec moi, ici. Le Seigneur des Ténèbres n'était plus là quand je suis arrivé… Il faut que je vous parle…
- Je vois, répondit Dumbledore, d'une voix blanche. Ce que je craignais s'est donc produit. James et Lily ont eu recours au sortilège de Fidelitas il y a quelques jours. Sirius Black était le gardien du secret.
- Black ?! répondit Severus, sur un ton stupéfait. Il les a donc trahis !
Soudainement, tout revint à l'esprit de Lily. Sirius devait être leur gardien, mais ils avaient fini par choisir Peter, seulement une semaine plus tôt. C'était moins risqué, aussi bien pour eux que pour Sirius. Du moins, c'était ce qu'ils avaient pensé.
- Severus ! l'interpella Lily. Severus !
Le sorcier se retourna et lui lança un regard inquiet.
- Sirius n'était pas le gardien du secret… C'était Peter Pettigrow.
Severus passa à nouveau la tête dans sa cheminée et donna l'information à Dumbledore. Lily ne pouvait croire que l'un de leurs meilleurs amis les avait trahis. Peter avait sûrement été enlevé et torturé. Jamais il n'aurait pu dévoiler le secret selon sa propre volonté. Elle ne pouvait y croire. Il adorait James, il l'admirait. C'était tout bonnement impossible. Il devait être mort… Comment Voldemort avait-il réussi à l'enlever ? à deviner qu'il était leur gardien ? Hormis Peter, seuls James, Sirius et elle savaient. Sirius les avait-il trahis ? C'était impossible. Il avait accepté d'être leur gardien, puis leur avait conseillé de choisir Peter, pour leur sécurité. Lui aussi, lui faisait confiance. Voldemort n'avait peut-être pas cherché très loin. Leurs amis proches n'étaient pas nombreux : Sirius, Peter et Remus. Ce dernier ignorait qu'ils avaient choisi un autre gardien que Sirius.
- Dumbledore va venir, dit Severus en se relevant. Ici, vous ne risquez rien.
- Peter ne nous aurait jamais trahis, Sev. J'en suis certaine… Tu-Sais-Qui et ses mangemorts l'ont sûrement enlevé… Je n'ose imaginer ce qu'il a pu subir par notre faute… Nous n'aurions jamais dû choisir le Fidelitas. Dumbledore nous avait proposé d'être le gardien, mais nous avions refusé son aide.
- Cela n'a pas d'importance… Il faut que je te soigne.
Il se dirigea dans un coin du petit salon et sortit d'un tiroir quelques fioles.
- Bois ça, lui ordonna-t-il en lui tendant deux fioles.
Elle le dévisagea avec des yeux scrutateurs.
- Une potion de Wiggenweld et une pour le sommeil.
- Je n'ai pas envie de dormir, Severus. Je veux voir Dumbledore. Je dois lui parler.
Elle but d'une traite la fiole verte et remit la seconde au maître des potions. Une heure plus tard, Dumbledore surgit de l'antre de la cheminée. Lily dodelinait dans ses bras son fils endormi, tandis que Severus se tenait debout, dans un angle sombre du salon mal éclairé.
- Lily, je suis extrêmement heureux de vous voir en vie, ainsi que le petit Harry. Sachez que je suis sincèrement désolé pour James…
- James est mort, murmura d'une voix blême la veuve. Vous-Savez-Qui l'a… l'a tué. Peter était le gardien du secret… Savez-vous où il se trouve ?
- Certains membres de l'Ordre ont été dépêchés sur place, chez vous à Godric's Hollow. Il semblerait que Voldemort l'ait tué. Le jeune Sirius Black et Hagrid ont retrouvé un doigt, laissé en évidence, non loin du corps de votre époux.
Lily sanglota. Par leur faute, leur ami été très certainement mort, après avoir subi d'atroces sévices. Elle ne pouvait lui en vouloir. Elle savait à quel point Voldemort et ses mangemorts pouvaient se montrer cruels et sadiques.
- Et Vous-Savez-Qui ? Où est-il passé ? Il n'a même pas touché à Harry. Il a disparu en dévastant tout.
Le directeur de Poudlard s'approcha de Lily et de son fils, et inspecta le jeune enfant qui n'avait que pour seule blessure une fine plaie au front en forme d'éclair.
- Voldemort a essayé de tuer Harry. Cette blessure sur le front de votre garçon est la trace d'un sortilège puissant, destructeur… Le sortilège de la mort.
Severus surgit de l'ombre et se rapprocha du directeur. Lui-même semblait avoir pensé à cette hypothèse.
- Parce que James s'est sacrifié… répondit d'une voix brisée Lily. Il s'est sacrifié pour nous protéger. J'ai supplié Vous-Savez-Qui pour qu'il me tue à la place de Harry, et il m'a lancé un maléfice. Je ne sais pas pourquoi il m'a épargnée. J'imagine qu'il comptait me tuer après… Il a dû voir clair en moi et comprendre qu'il ne pourrait pas toucher Harry après ma mort.
- Non, Lily. Voldemort ne comprend pas l'amour. Il ne sait pas ce que c'est. S'il avait eu une moindre idée de quoi il s'agit, jamais il n'aurait embrassé les Ténèbres et les forces obscures, jamais il n'aurait décidé de s'en prendre à un bébé et à sa famille, réfuta Dumbledore. Severus ? Pouvez-vous me montrer votre bras ?
- Elle a disparu, répondit Severus qui était sur la défensive.
De quoi parlaient-ils ?
- Je souhaite confirmer quelque chose que je pense avoir deviné, insista Dumbledore.
A contre-cœur, Severus déboutonna les boutons de sa manche et dévoila un bras pâle, sur lequel un serpent à peine perceptible avait été tatoué. Lily eut envie de vomir. Il l'avait donc réellement rejoint.
- Bien, vous pouvez vous reboutonner, Severus. J'ai matière à penser que le sortilège lancé sur Harry a rebondi sur Voldemort.
- Il est donc mort ? demanda Severus.
Dumbledore redressa ses lunettes sur son nez aquilin.
- Non, Voldemort n'a pas été totalement détruit ce soir par son propre sortilège. Il reviendra, un jour. Et ce que je vais vous annoncer ne va pas vous faire plaisir, dit-il en regardant Lily. Le jeune Harry Potter court un grave danger. Un jour, Voldemort reviendra et tentera de s'en prendre à lui.
Lily sanglota et serra contre elle son bébé endormi, qui ignorait tout de l'horrible menace qui planait au-dessus de lui.
L'esprit de Lily fourmillait de questions. Comment le directeur de Poudlard avait-il pu engager un mangemort avéré ? Lily savait que les serviteurs de Voldemort portaient sur leur avant-bras un signe distinctif, une marque noire ayant la forme d'un serpent jaillissant d'une tête de mort. Comment Severus avait-il pu se laisser marquer comme du bétail ? Comment avait-il pu rejoindre ce démon ?
- Severus… tu es un mangemort, dit-elle avec une voix brisée.
Le sorcier vêtu entièrement en noir baissa les yeux. A l'évidence, il avait redouté ce moment, celui des aveux.
- J'ai commis une terrible erreur, Lily. Je le regrette amèrement.
Lily le fusilla du regard, mais il lui manquait encore quelques éléments pour juger complètement son ancien ami.
- Oui, Lily, ajouta Dumbledore. Severus est bien devenu un mangemort, mais il a rapidement changé de camp et est devenu mon espion.
- C'était donc toi l'espion de Dumbledore ! souffla Lily.
Severus hocha la tête en guise de réponse, mais ses yeux étaient toujours baissés.
- Severus m'a communiqué de précieuses informations, reprit le directeur de Poudlard. Sans ces informations, nous n'aurions pas pu vous protéger comme nous l'avons fait.
- Comment as-tu su que nous étions ciblés ? demanda Lily à Severus. Voldemort t'a mis dans la confidence ?
Elle ne craignait plus de prononcer le nom de l'assassin de son époux. Cela fit frissonner Severus, qui l'appelait par un autre nom. Elle aurait dû deviner.
- Oui, dit-il dans un murmure, les yeux toujours baissés.
- Et pourquoi en avait-il après la vie de mon fils ?! Pourquoi a-t-il tué mon mari ?!
La voix de Lily se faisait de plus en plus dure. Severus savait, mais il était bien trop lâche pour révéler la vérité.
- REPONDS !
Harry se réveilla et se mit à pleurer. Ses hurlements rappelèrent à Lily sa présence, contre sa poitrine. Elle le berça et le rassura.
- Réponds-moi, dit-elle plus doucement. Tu me dois bien ça.
Dumbledore observait la scène, et ses traits demeuraient imperturbables. Severus prit une grande inspiration avant de parler.
- Il y a deux ans, durant l'automne, le Seigneur des Ténèbres m'a demandé de m'infiltrer à Poudlard en postulant au poste de professeur de défense contre les forces du mal. Je savais que le directeur faisait passer un entretien à la Tête de sanglier. Je devais espionner Dumbledore afin de lui livrer des informations sur ses activités… J'ai vu le directeur entrer dans une chambre et j'ai écouté à la porte. Dumbledore rencontrait Sibylle Trelawney pour le poste de divination.
Lily ne voyait pas vraiment sur quoi allait déboucher le récit de Severus, mais elle était suspendue à chacune de ses paroles, craignant de découvrir une horrible vérité.
- Ce n'était pas très intéressant au début, poursuivit l'enseignant. Trelawney ne semblait pas être qualifiée pour ce poste, et Dumbledore, dit-il en regardant le directeur, perdait son temps. Il allait partir quand j'ai entendu Trelawney presque s'écrouler au sol. Et là… elle… elle a fait une étrange prédiction.
Le sang de Lily se glaça dans ses veines et elle devint de plus en plus pâle.
- J'ai tout écouté et retenu. Mais quelqu'un, le tenancier de l'auberge, m'a surpris et…
- Et mon frère a ouvert la porte, le coupa Dumbledore. Severus a dit qu'il s'était trompé de chambre et je l'ai laissé partir.
- Vous… vous… avez fait quoi ? articula péniblement Lily.
- Il m'a laissé partir, reprit Rogue. Et j'ai tout répété au Seigneur des Ténèbres…
Dans la quasi-pénombre du salon, Lily put voir que les yeux noir d'encre de Severus brillaient d'une étrange lueur, celle du regret, du chagrin. Mais elle se moquait bien de ses remords. A cause de lui, elle était veuve et son fils orphelin.
- Je te jure que si j'avais su les répercutions qu'auraient cette prophétie, je n'aurais jamais rien dit… Je ne pensais…
- Tu ne pensais pas ? répliqua sur un ton acerbe Lily. J'ignore complètement le contenu de cette prophétie, mais tu n'as pas pensé qu'elle mettrait plusieurs vies en danger ?!
Severus secoua la tête douloureusement.
- J'étais aveuglé… quand le Seigneur des Ténèbres a interprété la prophétie… deux enfants pouvaient correspondre… il s'agissait d'un garçon né à la fin du mois de juillet…
- Le fils des Londubat et le mien, le coupa sur un ton cinglant Lily. J'imagine que s'il avait choisi leur fils, tu n'aurais pas trahi ton maître. Il t'aurait peu importé qu'une autre famille que la mienne soit menacée de périls mortels. Tu me dégoûtes, Severus.
L'espion de Dumbledore s'était ratatiné et ses cheveux noirs en rideau cachaient entièrement son visage.
- Je comprends mieux à présent pourquoi il m'a épargnée, reprit Lily. Tu l'as sûrement supplié ! Tu te fichais bien que James et Harry meurent !
- Lily, l'interrompit Dumbledore. Ne soyez pas trop dure envers Severus. Il a rapidement compris son erreur et est venu vers moi pour réparer ses torts. C'est grâce à lui que nous avons appris que vous étiez menacés. Il m'a demandé de vous protéger tous les trois, de vous cacher.
Severus sortit de sa torpeur et adressa un regard surpris au puissant sorcier. Il ne s'attendait manifestement pas à ce qu'il prenne sa défense devant la rousse accusatrice.
- Et vous ? répondit Lily. Vous l'avez laissé partir, vous l'avez laissé tout répéter… Pourquoi ? Pourquoi ne l'avez-vous pas arrêté ?
- J'ignorais tout simplement que Severus avait rejoint Voldemort à cette époque. Et puis, il n'avait pas tout entendu. Moi-même, je n'étais pas certain de l'importance des propos de Sibylle Trelawney.
- Vraiment ? railla Lily. Pourtant, quand nous étions à Poudlard, il ne cachait pas ses ambitions !
Le mangemort était abattu et ne cherchait même pas à se défendre.
- Ce qui importe à présent, Lily, est votre sécurité et celle de votre fils, trancha Dumbledore. Severus a commis une regrettable erreur, j'en conviens. Il n'empêche qu'il a changé de camp quand il a compris que vous étiez en danger. Cette raison me suffit amplement. Vous et Harry allez rester quelques temps chez Severus, car des partisans de Lord Voldemort sont toujours en fuite, mais je ne doute pas que les membres de l'Ordre et les Aurors parviendront à les arrêter.
Lily reçut cette annonce comme un coup de poignard. Dumbledore l'obligeait à rester auprès d'un mangemort, un traitre. Par sa faute, elle et sa famille avaient dû se cacher, vivre dans une angoisse perpétuelle durant des mois… Et l'amour de sa vie, son époux, était mort.
- Severus, vous veillerez sur Lily Potter et sur son fils, ordonna Dumbledore. Vous ne les laisserez sortir sous aucun prétexte. Je vous communiquerai régulièrement les dernières progressions et nous aviserons ensuite.
Le directeur salua les deux sorciers et l'enfant, et disparut complètement dans les flammes vertes de la cheminée.