dancing in the moonlight

Harry Potter - J. K. Rowling
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dancing in the moonlight
Summary
Quand Alice et Frank commencent à sortir ensemble, leurs amis se voient dans l'obligation de se fréquenter également. Mais est-ce une si mauvaise chose ? Et si Remus n'était pas aussi invisible qu'il le pense ? Et si James n'était pas si insupportable que Lily le croit ? Et si Sirius se rendait compte qu'il peut encore être surpris ?
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Mesure à deux temps

       

 

       Assis sur le canapé du salon, Remus regardait, perplexe, l'étrange spectacle qui se déroulait sous ses yeux : Lily Evans riant de bon cœur avec James Potter. Le ciel va nous tomber sur la tête. Il ne savait pas vraiment comment réagir à cette vision. Partagé entre l'incompréhension face à la soudaineté de cette bonne entente, la joie de voir une vielle rancœur se taire, l'inquiétude de ce que cela pourrait engendrer et l'agacement d'être abandonné alors qu'on lui avait promis qu'il n'aurait pas à se retrouver seul à cette foutue soirée. Depuis plusieurs minutes il essayait de trouver le courage pour se lever afin d'aller trouver un endroit tranquille où il pourrait lire. Il ne s'amusait pas vraiment, bien que le spectacle de Abigaël Martin dansant sur une table soit assez distrayant, il ne trouvait pas que rester planté sur le canapé des Potter vaille le déplacement. Les amis de Frank avaient disparu rapidement après les présentations et Alice était introuvable.

Finalement cette soirée ressemblait à ce qu'il avait imaginée.

Il allait enfin se lever quand Marlène McKinnon s'assit à côté de lui.

 

« Alors Remus Lupin, tu n'as pas l'air de beaucoup profiter de la soirée. »

 

Que répondre à ça ? La vérité le ferait passer pour quelqu'un d'associable et timide. Bon. Ce n'était pas loin de la vérité mais mieux valait ne pas étaler cette partie de lui à une inconnue.

 

« J'ai un peu mal à la tête c'est tout. Ça va passer.

- Je comprends. Moi aussi la musique commence à me donner la migraine mais essayer de la baisser, c'est risquer de déclencher la colère de Sirius. »

 

Marlène ria doucement et Remus se demanda comment quelqu'un pouvait s'énerver pour si peu.

Il sentait qu'il devait dire quelque chose, n'importe quoi. Poser une question pour ne pas donner l'impression que la jeune fille l'ennuyait.

 

« Tu... Euh... Tu connais James et Sirius depuis longtemps ?

- Je les ai rencontrés peu de temps après mon entrée au lycée en fait. Peter, mon cousin, avait fait le stage d'anglais que dirige Ombrage en août. Et il s'avère que ces deux crétins avaient parié avec la cousine de Sirius qu'ils arriveraient à faire péter les plombs à Ombrage en moins de deux heures. Ils ont rencontré Peter là-bas et, bête comme il est, il a décidé de les aider dans leur mission suicide. Une demi-heure après ils étaient tous les trois exclus du stage. Pendant tout le reste des vacances Peter n'a fait que me parler d'eux comme des dieux vivants et finalement je les ai vraiment rencontrés à l'anniversaire de mon cousin quelques mois après. Ils sont un peu farfelus mais je dois dire que c'est marrant d'être avec eux. Ils sont moins idiots qu'ils y paraissent. »

 

Remus écoutait attentivement Marlène. Il trouvait touchant le sourire qui apparaissait sur le visage de la jolie blonde quand elle parlait de ses amis.

 

« Je crois que les gens se méprennent beaucoup sur eux. Ils adorent faire les idiots mais ils sont loin de l'être. Je suis contente de les avoir rencontrés, ils apportent de la joie partout où ils vont. Bon, je crois que j'ai assez vanté leur mérite. Merlin soit loué, ils ne sont pas là pour m'entendre. Leur égo est assez développé comme ça.

- Merlin ?

- Oh oui désolé. C'est une expression que j'ai prise à force de trainer avec eux. Je crois que c'est un délire de Sirius. Je ne sais pas trop d'où ça leur vient à vrai dire. Mais assez parlé de moi. Parle-moi de toi Remus Lupin ? Tu m'intrigues.

- Moi ?

- Et bien oui toi. Tu es mystérieux comme garçon, on a déjà du te le dire.

- Je... »

 

Il pouvait poser des questions et écouter les réponses, mais parler de lui ? Que pourrait-il dire ? Jamais il n'aurait cru que quelqu'un comme Marlène pourrait éprouver une quel qu'onques curiosité pour sa personne. Un vent de panique et de malaise s'empara à nouveau de lui. Il regarda alors autour de lui cherchant une échappatoire. Et ses yeux rencontrèrent pour la seconde fois de la soirée, ceux de Sirius Black.

 

 


 

 

       Sirius laissait aller son corps au rythme de la musique. Rien n'a d'importance. Rien ne compte. Il était souvent pris d'une forme de mélancolie quand il avait bu. Une mélancolie de ce qu'aurait dû être sa vie, ses parents, son futur. Il devenait sentimental en pensant à James, à Marlène, à Peter et à Frank. A Remus aussi ce soir...

Il aimait danser. Sa mère avait toujours refusé qu'il prenne des cours mais peu importe, il avait appris tout seul. Il savait que, d'une certaine façon, ça coulait dans ses veines, droit jusqu'au cœur. Un œil extérieur aurait dit qu'il volait, qu'il flottait dans l'air, prêt des anges. De la grâce et de la prestance. Du vécu et de l'envie. Il sentit Marlène s'éloigner. Peu importe. Rien n'a d'importance. Rien ne compte.

Peut-être que dans cette foule se cachait des gens fabuleux avec qui il aurait pu être ami, des gens qu'il pourrait aimer. Mais son égo lui disait qu'il avait déjà trouver tous ce qu'il pouvait souhaiter, tous ce qu'il y avait de meilleur. Regulus rirait de lui.

A cet instant il se dit que l'on ne réalise pas assez la chance qu'on a quand on est entouré d'amis. Avoir quelqu'un. Avoir toujours quelqu'un.

Il vit du coin de l'œil, Marlène s'assoir à coté de Remus. Pourquoi diable fait elle ça ? Peut-être qu'il lui plaît. Non.

Il continua de danser, perdant la notion du temps.

Il ferma les yeux.

 

Et que dans le noir

Dans la pluies,

Dans l'orage

Ton sourire perdure

Pour pouvoir me perdre

Un peu plus

Lentement,

Largement,

Absolument.

Je pourrais t'aimer

Alors ne te perds pas.

Je pourrais te rêver

Alors ne me réveilles pas.

J'ai trop souffert

Pour te voir disparaitre

Quand enfin tu m'apparais.

J'ai trop attendu

Pour qu'un souvenir tu demeures.

Regarde-moi

 

Le regard de Remus, semblant chercher à fuir la discussion de Marlène, se planta dans le sien.

 

Électrique.

 

Et s’il allait se joindre à cette discussion ? Ça paraitrait anodin. Personne ne verrait qu'il essayerait de le déchiffrer, de l'apprivoiser. Il voulait juste le détailler, comprendre son visage, ses yeux, ses mains... Il voulait l'apprendre. L'apprendre pour le rêver, le dessiner, le raconter. Le raconter comme le plus doux souvenir de ses dix-sept ans à qui voudra l'entendre.

Mais alors qu'il allait les rejoindre, il vit Remus se lever et sortir dans le jardin.

Tiens...

Sirius avait soudain envie de fumer...

 

 


 

 

       Remus s'assit sur une marche de la terrasse, profitant quelques secondes du presque calme que lui offrait l'extérieur. Il faisait froid en ce soir d'octobre alors personne n'était dehors. Il sortit de sa veste son livre et se plongea dans ces mots merveilleusement bien maniés par Camus. Eclairé faiblement, mais suffisamment, par la lumière qui s'échappait des fenêtres de la maison, il était rentré dans un autre monde. Un monde où il n'existait plus. Un monde où seuls les personnages, décris à travers les lignes d'encres, avaient voix. C'est ce qu'il préférait dans la lecture : s'abandonner, s'oublier. Autours plus rien ne semblait exister, si bien qu'il ne se rendit pas compte que Sirius l'avait rejoint.

Il était adossé au mur derrière lui, une cigarette volée suspendue à ses lèvres, contemplant le profil du lecteur. Les yeux plissés, il imprimait dans son esprit les expressions qui naissaient et mouraient sur le visage de l'autre garçon au fil de sa lecture. Il pourrait lui demander ce qu'il était en train de lire. Lui demander pourquoi il lisait alors que la fête battait son plein à quelques mètres. Mais il ne voulait pas parler. Plus tard. Il voulait d'abord essayer de l'entendre sans les mots.

Deux histoires qui se superposent, qui se croisent. Remus plongé solitaire dans celle de son livre et Sirius tentant d'établir celle de Remus. Une mesure à deux temps : tranquille et apaisé chez Remus, bouillonnante et bruyante pour Sirius. Un temps calme et un fort. C'est comme ça qu'ils raconteraient cet instant si on leur demandait un jour. La tempête qui regarde la quiétude avant de l'assaillir.

Sirius avait l'étrange impression d'être en chasse. Une telle obsession n'était peut-être pas très saine ? Il s'en fichait.

Remus leva un instant les yeux de son livre pour profiter de la beauté d'une phrase. Sentant finalement la présence inconnue qui se terrait derrière lui, il sursauta en poussant un faible cri.

 

« Bon sang ! »

 

Sirius laissa un léger sourire en coin s'installer sur son visage et tira sur sa cigarette.

Remus le regarda en silence. Il n'osait pas bouger comme s’il était face à un mirage sur le point de disparaître.

Sans défaire le contact de leurs yeux, Sirius laissa tomber son mégot dans la bouteille de bière vide qu'il avait à la main.

Une minute ou une heure ? Remus ne savait plus. Avait-ce la moindre importance ? Entre le silence se glissaient élégamment de douces poésies. Des mots merveilleux qui n'avaient jamais été inventés. Des phrases que jamais personne d'autre ne comprendrait. Des plaines qui ne figureraient jamais sur aucunes cartes. Entre le silence s'élevait de la charnelle promesse de futures paroles. Alors ils avaient le temps, le temps de laisser exister cette pause. Les débuts existent pour cela : laisser le temps à l'invitation, la découverte, laisser parler le silence avant que la musique ne commence et que l'on découvre sur quelle mesure elle se place. Ils avaient le temps.

Du moins, c'était ce que Sirius se disait.

Soudain la porte de la terrasse s'ouvra et un garçon se plaça entre eux. Il était... Il était vert à vrai dire et semblait proche de vomir. Sirius essayait tant bien que mal de ne pas laisser trop paraître son dégout quand il constata que Lupin s'était levé.

 

« Eh Dirk... Ça va ?

- Oh Remus merde ! Je m'attendais pas à tomber sur toi ! C'est vraiment la honte... »

 

Sirius regardait l'échange avec étonnement. Il connaissait peu Dirk Cresswell mais ce n'était pas le genre de personne qu'il imaginait trainer avec Lupin. Dirk était un des joueurs de l'équipe de basket du lycée et il l'avait rarement vu parler à quelqu'un qui ne faisait pas partie de cette même équipe. Comment avaient-ils pu se rencontrer ? Ils avaient l'air de bien se connaitre, du moins assez pour que Remus, qu'il n'avait vu parler qu'à Marlène et Lily depuis le début de la soirée, aille naturellement vers le blond. En réalité, Remus donnait des cours de soutien à Dirk depuis le début de l'année. Ils s'appréciaient sans pour autant être amis mais Dirk ne manquait jamais de saluer son camarade et de lui adresser un petit mot quand ils se croissaient dans les couloirs. Remus appréciait ça.

 

« Ne t'en fais pas. Tu devrais peut-être boire un peu d'eau.

- Tes conseils sont toujours avisés Rem. Je crois que... Oh non je vais vomir ! »

 

Sur ces paroles l'adolescent se précipita au fond du jardin.

Remus semblait se demander s'il devait aller le rejoindre pour s'assurer que tout allait bien.

 

« Il va s'en sortir. »

 

Le châtain tourna brusquement la tête vers Black, surprit d'entendre enfin sa voix.

 

« Au fait, enchanté de te rencontrer Remus Lupin. »

 

Sirius avait prononcé ces simples mots d'une voix plus grave qu'à l'ordinaire tout en tendant sa main vers son vis-à-vis, et le brun regarda, fasciné, Remus reprendre soudainement son souffle avant de lui serrer la main.

 

« Enchanté Sirius Black. »

 

Et voilà, c'était comme une invitation, le début d'une l'histoire.

Bouillants sont l'extrême plaisir de la rencontre, la surprise de l'inconnu et l'excitation de la nouveauté. Que peut rêver de plus merveilleux un adolescent ? Aventurier du sol qu'il foule, du temps qu'il ne voit pas passer. Que rêver de plus grand quand de l'horizon rien n'est connu ? Il y a dans l'autre l'apprentissage de ce qu'on est, ce qu'on veut être, ce que, peut-être, on sera. A leur âge on rentre dans une danse chaotique. Brillante et éclatante. Le silence semble ne pas exister quand on est pris à l'exploration d'un monde trop grand pour une seule vie.

Et dans l'obscurité d'une terrasse, deux adolescents se serraient la main. L'un surprit d'être surpris, l'autre surprit de surprendre.

 

 


 

 

Les deux garçons mirent plus de temps qu'il ne convenait pour détacher leurs mains l'une de l'autre. Remus était troublé par l’égard que lui accordait Sirius. Il avait l'impression étrange que le brun tentait de lire ses pensées. Il réajusta les cheveux qui tombaient sur son front pour cacher sa cicatrice.

« Non, tu ne devrais pas la cacher... »

Remus aurait juré que son cœur s'était arrêté. Sirius sembla lui-même étonner de ses propres paroles, elles semblaient avoir passé la barrière de ses lèvres sans qu'il ne le veuille, mais il pensait ces mots. Il avait passé une bonne partie de la soirée à détailler Remus Lupin et il en était venu à la conclusion qu'il était beau. Beau dans son ensemble. Beau avec ses cicatrices. Beau comme les gens qui ont vécu le sont. Ces cicatrices étaient comme des phrases, phrases pour le moment indéchiffrables mais racontant indéniablement une histoire particulière. Sirius le pensait quand il disait que Remus ne devrait pas cacher cette grande balafre qui barrait son front, partant de la racine de ses cheveux à la naissance de son sourcil. Il trouvait que ce visage était de l'art, une enveloppe de chair taillée par la vie.

Quelques gouttes commencèrent à tomber et Lupin leva la tête pour regarder le ciel. Sirius contempla sa gorge, quelques veines ressortaient. Il avait envie de s'approcher, de toucher cette peau, d'effleurer les lignes de ce visage, celles de ce corps.

Alors qu'il allait faire un pas en avant, Dirk Cresswell réapparut. Sirius arrêta son élan, énervé d'être interrompu et tentant une nouvelle fois de cacher son énervement. Il décréta à ce moment précis qu'il n'appréciait pas Dirk et, aussi, qu'il ne fallait plus jamais l'inviter à une seule soirée.

 

« Ça va mieux ?

- Un peu Rem. Merci de demander. Je suis vraiment désolé que tu es assisté à ça...

- Ne t'en fais pas, je n'y ferais jamais allusion si ça peut te rassurer.

- T'es vraiment un mec en or Lupin ! »

 

Sirius se demanda un instant s'il était invisible pour qu'on ne lui adresse un regard. Il avait l'habitude de monopoliser l'attention alors c'était étrange pour lui d'être mis à part de cet échange. Il se dit toutefois, en voyant le sourire que Remus adressait à Dirk, qu'il ne faisait pas le poids. Si le châtain souriait plus souvent, il aurait l'école entière à ses pieds.

 

« Tu ferais mieux de rentrer. Je ne suis pas sûr que tu ais besoin d'attraper un rhume.

- Encore une fois c'est un bon conseil. Je vais faire ça. »

 

Et Dirk disparut dans la maison. Le visage de Remus se retendit quelque peu une fois de nouveau seul avec Sirius. Il lui jetait des regards furtifs, ne sachant quoi dire où faire. Il était seul avec le garçon qui le faisait rêver depuis des années. Il ne voulait pas partir mais il ne se sentait pas le courage de rester. S'il savait comment, il engagerait la conversation. S’il savait... Dans sa tête trop de choses se bousculaient et rien dans l'attitude du brun ne lui donnait une piste, un indice, sur ce qui se passait. Il se sentait bête car il sentait bien que ses joues étaient rouges à faire pâlir une tomate. Heureusement qu'ils étaient mal éclairés. Il prit finalement sa décision et se tourna vers la porte.

 

« Je crois que je vais rentrer aussi. Ravie de t'avoir rencontré Sirius. »

 

Toute fois le brun ne comptait pas en rester là.

 

« Je te suis. Il commence à trop pleuvoir de toute façon. »

 

Sirius posa ses mains sur les épaules de Lupin avant qu'ils ne s'engouffrent tous deux dans la bruyante maison des Potter. Remus oublia, pendant un certain nombre de secondes, comment faire pour respirer.

 

 

 

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