Un été caniculaire

Harry Potter - J. K. Rowling
Gen
G
Un été caniculaire
Summary
De fin juin à début septembre Poudlard se vide de ses élèves et enseignants. Mais ce n'est pas pour autant qu'il ne se passe rien. Recueil d'OS sur l'été 1995
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Promesses

Un été caniculaire

Chapitre 10 – Promesse·s

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Théodore Nott, pour le meilleur et pour le pire, ressemblait à sa mère.

De Loriandra Nott, née Lestrange, il avait hérité la finesse de ses traits. Il était petit et fin. Même si l’adolescence frappait à la porte et qu’il grandissait à vu d’œil depuis quelques semaines, il restait une brindille. Surtout comparativement à son père et Lord.

L’homme était un véritable ours, grand, large, puissant et dangereux. Comparativement à lui, Théodore était une sourie. (Ou un sale rat comme aimait tant le dire Lord Nott lorsqu’il avait un coup dans le nez).

De son géniteur, Théodore avait la couleur et cette capacité surnaturelle à se souvenir de beaucoup trop de choses. C’était à cause de cela que le Lord buvait autant. Cela permettait d’oublier pour un temps.

Théodore n’avait pas l’envie d’oublier. Au contraire même. Il gardait précieusement ses souvenirs. Les souvenirs de sa mère, belle, brillante et douce. Il chérissait les images de ces après-midi où elle lui parlait de son amour des potions, des poisons et des parfums. Il adorait se remémorer ces temps heureux où Loriandra le protégeait de l’horreur de sa situation familiale.

Théodore gardait également les souvenirs aussi de la haine de sa mère envers ses propres frères l’ayant vendue contre plus de pouvoirs et de richesses. Il se souvenait que sous sa douceur et son amour, sa mère était une femme fourbe, avide de vengeance que le rituel de mariage avait privé de toute possibilité d’actions. Il se souvenait de la pluie de coups et de sorts ayant soufflé l’existence du soleil de son enfance. Il se souvenait de la douleur, intense et de la peur, débilitante l’ayant pétrifié lorsque son géniteur avait détruit sa jambe au-delà de tout espoir de réparation…

Théodore se souvenait de beaucoup de choses. De magnifiques et de terrifiantes. Il se souvenait de la paix et de la haine. Il se souvenait de sa mère lui chuchotant à l’oreille qu’il devait survivre à tout prix.

Durant le mois de juin, Théodore avait l’habitude de passer du temps au bord de la mer, dans un petit cottage qu’il louait grâce à ses fonds propres hérités de sa mère. Il y avait fui encore plus rapidement que d’habitude, son géniteur étant d’une humeur absolument exécrable.

Théodore lisait, allongé dans un transat, lorsqu’un duo d’Aurors était venu lui annoncé la terrible nouvelle. Lord Nott avait été retrouvé mort. Un mal inconnu et foudroyant. Feu le Patriarche de la Famille Nott avait été retrouvé dans une mare de vomi, du sang coulant de ses yeux, son nez, ses oreilles et sa bouche. Les Médicomages n’avaient aucune idée de ce qui s’était passé.

Théodore avait quinze ans. Il était officiellement l’Héritier de la Famille Nott depuis mai. Avec le décès de son père, il était désormais le nouveau Lord Nott. Il avait remercié les Aurors de l’avoir prévenu et avait préparé les funérailles.

Alors que la cérémonie se déroulait, Théodore se remémora un souvenir précieux. C’était deux étés auparavant, lorsqu’il était allé aider les jumeaux Potter à rendre la demeure Black un peu plus vivable. Harry, excédé par les araignées faisant la taille d’une soupière et les rats mutants dans le grenier était allé chercher un produit radical dans le monde moldu. Le trioxyde d’arsenic était une véritable saloperie et le plus fabuleux était que les sorciers n’avaient pas la moindre idée de l’existence de ce produit.

Lorsque que Théodore vint faire ses derniers adieux à son géniteur, il déposa sur le torse du défunt une rose avec un sourire satisfait. La foule de sorciers puristes venus rendre un dernier hommage à Lord Nott était derrière lui et personne, pas même le maître de cérémonie, ne pouvait voir son visage.

Retournant à sa place, le visage inondé de fausses larmes, il serra son poing au fond de la poche de son pantalon. Entre ses doigts se trouvait le ticket de caisse de la supérette moldue où il avait acheté un paquet de mort aux rats deux semaines auparavant.

Théodore Nott avait fait une promesse bien des années auparavant et il comptait bien la tenir. Quoi qu’il en coûte, il survivrait et vengerait la seule personne ayant compté dans son enfance. Si Loriandra Nott, née Lestrange avait été enchaînée et bridée par les vieux vœux rituels du mariage, ce n’était pas le cas de son fils.

Or, pour le meilleur et pour le pire, Théodore Nott ressemblait à sa mère.

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Blaise avait toujours su, inconsciemment, qu’il y avait quelque chose de pas normal chez sa mère. Elle n’en avait jamais parlé directement avec lui, certainement effrayée de sa potentielle réaction. Merlin merci, le grand-père maternel de Blaise n’avait pas eu autant de scrupule et avait pris sur lui de révéler la vérité à son petit-fils.

Ils n’en parlaient jamais ouvertement, mais la Famille était maudite. Depuis qu’une lointaine aïeule eu repoussé les avances d’un Esprit Guerrier, une malédiction pernicieuse ciblait toutes les descendantes de A’Kla. Elles mourraient d’amour, une source mélancolie empoisonnant lentement leur cœur. Seul le fait de trouver l’Âme sœur pourrait briser la Malédiction.

Malheureusement, trouver l’Âme Sœur était une chose très rare, encore plus chez les sorciers. Si les créatures Magiques avaient un sixième sens qui hurlait dans leur esprit lorsqu’elles trouvaient leur moitié, ce n’était pas le cas des humains. C’était pour cette raison que la malédiction, lancée depuis plus de dix siècles n’avait toujours pas été rompue.

« Mais le plus pernicieux avec cette malédiction est que les hommes en sont porteurs sans en être victime », avait expliqué le grand-père de Blaise qui voyait sa fille mourir à petit feu, sachant que c’était à cause de son sang.

« Donc si j’ai des filles… ? » avait demandé Blaise.

« Elles seront exactement comme ta mère, comme ta grand-tante, comme tes cousines… »

Blaise avait dix ans à l’époque et s’il avait passé le mois de mai à pleurer ce n’était pas parce que son sixième beau-père était mort, emporté par un cancer, mais bien parce qu’il avait enfin des mots à mettre sur l’étrangeté qu’il percevait chez sa mère.

Aujourd’hui Blaise avait quinze ans sa mère était morte. La Malédiction l’avait emportée. Il était désormais le dernier porteur du nom Zabini en Angleterre et donc le Chef de la branche anglaise de la très puissante famille italienne Zabini.

Cela lui faisait une belle jambe.

L’unique avantage de la situation était que son nouveau statut l’émancipait, lui permettant ainsi d’échapper à la tutelle du Ministère.

Blaise avait laissé son grand-père s’occuper de la cérémonie de sa mère. Il n’avait aucune idée de ce qu’il fallait faire et était bien trop épuisé émotionnellement pour agir. Lola Zabini fut donc rendue à la terre suivant les rites ancestraux, plusieurs chamans ayant fait le déplacement depuis les savanes arides d’où les Kepminda étaient originaires.

Blaise parvint à rester impassible durant toute la cérémonie mais s’effondra immédiatement après dans les bras de Milicent. Son amie de toujours, sa MEILLEURE amie était son roc, son soutien indéfectible et sans faillir, elle le rattrapa lorsque la tourmente de ses sentiments menaça de le submerger.

Ce ne furent que plusieurs jours plus tard que Blaise parvint à s’extirper de cet état second. Milicent était restée avec lui tout ce temps, s’invitant allègrement chez le grand-père de Blaise qui hébergeait le jeune homme. Sur le bureau, une grande pile de lettres de condoléances attendaient le jeune Sir Zabini.

Certaines étaient attendues : les associés en affaire de sa mère, la famille de ses ex-mari si elle était restée en bons termes, certains camarades de Poudlard navigant déjà sur la scène politique.

Les autres étaient nettement plus sincères et touchantes : tous les amis, proches ou moins proches avaient envoyé quelque chose. Des jumeaux Potter à Théodore Nott, en passant par Tracey, Pansy, Vince et Greg, Sally-Ann et même Hannah Abbot avec qui Blaise avait travaillé en Astronomie.

Deux paquets avaient particulièrement touchés Blaise lorsqu’il les avait ouverts. Le premier venait de Su Li. Il contenait un bracelet de pierres gravées d’idéogrammes. Chaque matériau utilisé avait des propriétés calmantes et apaisantes. Le second paquet venait de Ron Weasley et contenait une pleine assiette des fameux caramels de Noël que sa mère lui envoyait chaque année et que Blaise lui volait avec gourmandise. C’était certainement la tentative de réconfort la plus ridicule que Blaise avait vu, mais elle venait du cœur et était tellement sincère et humaine que le Serpentard fondit à nouveau en larmes.

Alors que Milicent lui tendait caramels après caramels en lui frottant le dos, Blaise se jura que jamais il n’imposerait cette souffrance à ses enfants. Il devait briser la Malédiction. Et s’il n’y parvenait pas, les prochains Zabini seraient adoptés.

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Faisant glisser d’un geste distrait son pouce au creux de son poignet, Draconis regardait sans la voir sa sœur qui collectait les plumes tombées des paons albinos. Le soleil brillait et Héméra profitait du début de matinée lorsque la chaleur n’était pas encore écrasante pour se promener dans le jardin et collecter différents matériaux pour ses projets artistiques.

Sous le pouce de Draconis, un très léger relief était détectable. Inscrit dans la chair tendre de son poignet, au-dessus des tendons et des veines bleutées, trois croissants entrelacés étaient gravés. Deux étaient d’un blanc pâle se détachant à peine de la peau albâtre de Draconis. Le dernier était doré comme de l’or en fusion.

L’Héritier Malfoy avait fait une promesse. Une promesse solennelle engageant sa Magie et son Âme. Ils étaient trois à voir fait cette même promesse, cette promesse à une Déesse. Trois morts contre sa protection absolue.

Ils avaient honoré un contrat. Plus que deux…

Le Serpentard aimait sa famille. Il aimait ses parents malgré leurs défauts, il aimait sa grand-mère malgré son ambition et surtout il adorait sa sœur.

Draconis avait conscience des idéologies de ses parents. Il savait très bien que son père portait la marque du Seigneur des Ténèbres sur le bras. Il savait que sa mère ne la portait pas mais partageait ses valeurs… Draconis savait que ses parents avaient pris leur propre chemin et que ce n’était pas lui qui pourrait faire quoi que ce soit pour les protéger de leurs choix.

La seule personne que Draconis pouvait et DEVAIT protéger était sa petite sœur. Héméra était la seule personne innocente dans cette Famille de dérangés. C’était le devoir de son frère aîné de tout faire pour préserver sa sœur.

Or, aujourd’hui la plus grande menace envers Héméra était leur tante Bellatrix. La folle furieuse était Merlin savait où, planifiant Merlin savait quoi. La seule certitude de Draconis était que sa tante était encore en vie. La Marque de Hécate aurait viré au noir si Bellatrix était morte sans que Neville, Théodore ou Draconis ne la tue.

Malheureusement, même si Draconis ne savait pas où était sa tante, il savait qu’elle était en train de préparer quelque chose. Quelque chose de franchement craignos.

Il suffisait de voir la couleur qu’avait pris leurs parents ce matin au petit-déjeuné pour savoir que c’était un hibou de Bellatrix et qu’il n’était pas porteur de bonnes nouvelles.

Draconis n’avait pas pu lire la lettre. Sa mère l’avait brûlée avant. C’était très frustrant.

L’ongle du pouce de Draconis accrocha le relief léger sur son poignet. Dans le jardin Héméra avait quitté son champ de vision. Draconis devait tuer Bellatrix Lestrange. Il devait la tuer avant qu’elle ne blesse sa petite sœur.

(Et idéalement avait qu’elle ne blesse ses parents, mais Lucius et Narcissa pouvaient se défendre et surtout ils avaient fait un choix et devaient assumer les conséquences)

Et si Draconis devait ne pas survivre à sa tante, il devait avoir un plan de secours pour protéger sa sœur. Il allait devoir contacter le nouveau Lord Black et négocier la protection d’Héméra… Cela allait être coton. Les Black étaient en Vendetta contre le Seigneur des Ténèbres et ses partisans…

Draconis lâcha son poignet marqué. Il ferait tous les serments nécessaires pour que Héméra puisse bénéficier de la protection des Black. Il avait déjà vendu son Âme à la Déesse de la Magie, alors il pouvait bien vendre le reste pour sa sœur…

 

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