Un été caniculaire

Harry Potter - J. K. Rowling
Gen
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Un été caniculaire
Summary
De fin juin à début septembre Poudlard se vide de ses élèves et enseignants. Mais ce n'est pas pour autant qu'il ne se passe rien. Recueil d'OS sur l'été 1995
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Directeurs

Un été caniculaire

9 – Directeurs

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« Aller, raconte ! »

Septima tira la langue à sa petite sœur. Triz s’offusqua faussement avant de recommencer à questionner son aînée.

Les deux sœurs étaient assises à l’ombre d’un chêne solitaire, au milieu d’absolument rien. Des champs et des collines s’étendaient à perte de vue. Elles étaient seules au monde. Et cela leur convenait très bien. Septima était une solitaire dans l’âme et Triz avait besoin de souffler après la fin de son semestre à Oxford.

La dernière née des parents Vector avait fait comme environs la moitié de sa fratrie et avait poursuivi ses études dans une université moldue. C’était le grand avantage d’avoir un ancêtre né de moldu : leur famille existait dans les deux mondes !

« Informations contre informations », annonça Septima en se servant un verre de vin blanc (magiquement conservé au frais).

« Vendu ! » s’exclama Triz en tapant dans ses mains avec enthousiasme. « C’est comment d’être Directrice de Maison ? »

Septima bu une petite gorgée du vin agréablement sec avant de répondre.

« Éreintant, mais également très intéressant. J’ignore comment Minerva réussissait à remplir ses missions de Directrice de Maison, de Directrice Adjointe ET d’enseignante de Métamorphose sans devenir folle. »

« Elle a su être raisonnable et lâcher du lest avant de brûler la chandelle par les deux bouts », commenta Triz en prenant un bout de melon.

Septima hocha la tête avant de se resservir un verre.

« Qu’est-ce qui t’a le plus plu ? » demanda sa cadette.

« Les entretiens avec les cinquièmes années. C’était très enrichissant. Surprenant quelquefois et absolument évident pour d’autres élèves. Cela m’a aussi fait prendre conscience du nombre alarmant d’élèves mal informés du poids de leurs options dans leur futur professionnel. »

« Ils prennent tous divination ? » demanda Triz avec un sourire moqueur.

Elle avait eu la « joie » d’avoir Sibylle Trelawney comme enseignante. Elle n’avait absolument pas été impressionnée par la collègue de Septima.

« La divination est considérée comme une planque extraordinaire. Sauf qu’en faisant cela, plusieurs étudiants se sont fermés des portes qui les intéressaient. »

« Pas cool. Tu vas faire quoi ? Passer les entretiens en 2e année, avant le choix des options ? »

Septima haussa un sourcil, regarda sa sœur qui était extrêmement sérieuse, et éclata de rire.

C’était un rire fort, venant des tripes. C’était un rire honnête et brut.

« Tu n’as jamais travaillé avec des enfants, c’est évident. »

« Merlin merci. J’en aurais tué un au bout d’une heure », répliqua Triz, horrifiée.

« Des gosses de treize ans n’ont aucune idée de ce qu’ils vont faire pendant les vacances et tu espères qu’ils soient capables de me dire ce qu’ils veulent faire comme métier ? Déjà que la moitié d’entre eux ne le savent pas en fin de cinquième année… »

« Moi je… »

« Triz, tu es comme moi, comme Prima et Octave. Tu sais depuis que tu sais parler ce que tu veux faire de ta vie. Mais je peux t’assurer que nous sommes l’exception qui confirme la règle. »

Triz tira la langue à son aînée avant de se servir elle aussi un verre de vin.

« Et donc, pour tes étudiants, tu vas faire quoi ? »

« Je vais faire une présentation des options proposées à Poudlard en janvier-février pour les deuxièmes années. J’en profiterai pour expliquer les combinaisons d’options nécessaire pour les métiers les plus sélectifs et j’encouragerai les élèves ayant un projet autre ou au contraire étant complètement indécis à venir me voir. »

« Cela va te rajouter du boulot. »

« Oui. Mais si ça m’évite d’avoir à expliquer pourquoi quelqu’un n’ayant prit ni runes, ni arithmancie en option va se planter à l’embauche à Gringott, ça en vaudra la peine. »

Triz hocha la tête aux sages paroles de sa sœur.

« Et toi, comment s’est passé ton année ? »

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« C’est du suicide. »

« Je rejoins Phil sur ce coup, tu es dans la merde Annie »

« T’es sûr de toi Gareth, parce que je vais vous atomiser ! »

Les hurlements des jumeaux lorsque leur sœur aînée posa sa carte firent ricaner leur mère. L’aînée du trio infernal jeta le reste de son paquet avec un gloussement maléfique tandis que les cadets hurlaient à la triche.

Pomodora, accoudée à la rambarde de la terrasse ne se lassait pas de regarder ses trois cornichons s’amuser.

« Ils sont en forme », commenta son conjoint en clopinant sur sa jambe de métal.

La Directrice de la Maison Poufsouffle également ancienne agente du MI5 sourit avant d’embrasser la joue scarifiée de l’homme partageant sa vie depuis plusieurs décennies.

« Ils n’ont pas souvent la chance d’être ensembles tous les trois, ils en profitent », commenta-t-elle.

« C’est dangereux », commenta le conjoint de Pomodora.

Elle le comprenait. Il avait collectionné une sacrée quantité de sorciers souhaitant sa mort au cours de sa carrière. Il avait peur que ces individus cherchent à l’atteindre en attaquant sa famille. Elle avait le même problème. Ses jeunes années avaient été mouvementées et elle aussi avait quelques ennemis qui seraient ravis de tuer ses enfants pour l’atteindre elle.

« Avoir des enfants étaient dangereux. Mais je trouve qu’on s’en est bien sortis. Et aujourd’hui, ils sont suffisamment dangereux eux-mêmes pour que j’arrête de m’inquiéter. »

« Tu es plus forte que moi sur ce point. J’ai encore peur pour eux. », grommela Alastor

« Imagine lorsqu’ils auront leurs propres enfants », le taquina l’enseignante de Botanique.

« Ils sont bien trop jeunes. »

Pomodora éclata de rire.

« Trop jeunes ? Annie va avoir 40 ans en décembre. Elle a beau avoir la longévité d’une sorcière, ce n’est pas jeune pour autant. A son age, nous étions déjà parents. Et les jumeaux ont eu 33, ce qui est la majorité des Hobbits. »

« Quel est le rapport avec la choucroute ? »

« Aucun, si ce n’est que nos enfants ne sont définitivement pas trop jeunes pour nous faire grands-parents. Leurs secrets et notre mode de vie, par contre… cela est définitivement un frein à la construction d’une vie de famille. »

En contre-bas, au bord de la piscine, leurs rejetons continuaient de s’embrouiller pour une partie de Uno. Ils étaient bien loin de l’échange sérieux de leurs parents. Ils étaient en vacances, pour une fois tous rassemblés et ils relâchaient tous trois la pression.

« Ils sont ridicules », commenta l’ancien Auror.

« Oui, mais c’est tellement distrayant. Tu imagines la tête de leurs collègues s’ils savaient ? »

Les deux parents ricanèrent.

Oh oui, ils imaginaient assez aisément les réactions des collègues de leurs enfants s’ils les voyaient à l’instant, en train de se chamailler tels des mioches de six ans pour une poignée de carte. Merlin, qu’elle était loin leur habituelle dignité posée.

Annie, leur fille aînée, avait attrapé un des jumeaux, Phil, vu la taille et l’avait jeté à l’eau, lui arrachant un glapissement. Gareth vengeant son frère tacla sa sœur et tous deux finir dans l’eau. Vu les jurons colorés, elle devait être encore fraîche malgré la température de plus en plus écrasante de ce mois de juillet.

« J’ai du mal à croire en les voyant que Annie est la dirigeante du département de liaison entre le gouvernement moldu et celui sorcier de Bulgarie, que Gareth est Lieutenant Colonel dans la British Air Force et que Phil travaille pour une Agence extra-gouvernementale américaine au nom ridicule. »

« Ils ont bien retenu la leçon et séparent vies privées et vies professionnelles. »

Pomodora hocha la tête. Ses trois enfants collectionnaient les adversaires et les ennemis. Un jour les choses déraperaient, c’était inévitable. Et ce jour-là l’existence du reste de leur famille serait leur plus grand atout.

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Filius Flitwick, fils bâtard de Flitwick Ti Nek Maqikle, ne descendait pas spécialement souvent au Royaume Gobelin. Il avait suffisamment à faire à la surface pour ne pas se mêler des affaires gobelines.

Mais là, la situation demandait à ce qu’il descende dans les profondeurs terrestres et rende visite à sa mère et surtout à son frère Sikxyshmis. Ce dernier était un Enquêteur de Gringott et il était absolument nécessaire que Filius lui transmette des informations à propos de Voldemort.

Le Mage noir était de retour.

Dumbledore était bien moins discret que ce qu’il pensait. Il avait été extrêmement aisé pour Filius de comprendre ce qu’il se tramait lorsqu’il avait vu Maugrey courir dans les couloirs après avoir attrapé un Mangemort qui était censé être mort depuis une décennie et surtout lorsqu’il avait vu la panique dans le regard de Dumbledore.

Filius avait refusé de façon absolue de faire partie du petit groupe de justicier mené par le Directeur dans les années 70. Il trouvait leurs façons de faire complètement chaotiques et dangereuses. Ils étaient aussi structurés que des enfants et surtout ils étaient complètement inconscients.

Le Directeur de Serdaigle, si Albus revenait à nouveau lui poser la question, refuserait à nouveau. Il savait que l’Ordre du Phénix allait renaître de ses cendres. Et il savait aussi qu’ils seraient toujours aussi peu structurés et aussi dangereux pour eux-mêmes.

(Mais Filius savait que Albus ne lui demanderait pas. Il était trop vexé que Filius l’ai envoyé boulé toutes ces années auparavant.)

Il était nécessaire que Gringott sache que 1) Voldemort était de retour, 2) les Mangemorts allaient sortir de leurs trous et 3) que l’Ordre du Phénix allait lui aussi sortir de son trou.

C’était des éléments importants que les Enquêteurs et les Gardiens devaient connaître.

« Tu sais ce que je vais te demander », déclara Sikxyshmis alors que les deux frères étaient installés dans le jardin de cristal de la demeure maternelle.

« Oui. »

« Et tu es d’accord avec cela ? » demanda l’enquêteur.

Filius hocha la tête.

Après tout, comme le lui rappelait bien trop souvent certains sorciers, il n’était pas humain. Gringott était dure et brutale, mais étonnamment accueillante envers ses très rares demi-sang. Étranger dans deux mondes, Filius savait que si la situation devait partir en vrille (ce qui allait arriver très rapidement), il serait protégé par Gringott alors qu’il ne le serait absolument pas par le Ministère.

« Ce n’est qu’un juste retour des choses », déclara Filius.

« Tu n’as pas à payer pour ce que j’ai fait pour toi. »

« Tu m’as aidé à survivre jusqu’à l’âge adulte. »

« Apals a fait la majorité du boulot », ricana Sikxyshmis.

« C’est vrai. Mais tu étais quand même là. Alors, oui, je te ferai passer toutes les informations dont Gringott à besoin. Je serai tes yeux et tes oreilles à la surface. »

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Bathsheda Babbling s’inquiétait pour son concubin. Andrew était tendu. Quelque chose le tracassait depuis un moment. Mais c’était particulièrement visible depuis une dizaine de jours.

La sorcière avait beau creuser, le docteur moldu restait silencieux. Bathsheda se doutait que la tension croissante d’Andrew était en lien avec ses « mauvais souvenirs ». Quelque chose les avait fait ressurgir et Bathsheda ne pouvait rien faire pour aider Andrew.

Le pire était qu’Andrew ne la laissait pas l’aider. Il la mettait de côté, cachant ses blessures. Et c’était douloureux. Ne lui faisait-il donc pas confiance pour l’épauler dans cette épreuve ?

Bathsheda n’était pas arrivée là où elle en était (Référence mondiale sur les Runes Nordiques, Membre dirigeant de la Confrérie des Runes et accessoirement Directrice de la Maison Serpentard) sans une sacrée force de caractère. Elle ne laissait pas des obstacles lui barrer la route.

Aussi, Andrew Drakson fut accueilli par une pizza fumante et un terrible « on doit parler » lorsqu’il revint de sa tournée dans les villages les plus reculés de la région.

Bathsheda devait reconnaître une qualité importante à Andrew (outre sa capacité incroyable à cuisiner, son humour et sa gentillesse), il savait reconnaître une bataille perdue d’avance.

Aussi, lorsque la Maîtresse Runes l’eu mis pied au mur, Andrew se résigna à révéler la vérité à sa compagne. Il allait tout lui dire. Son passé, l’origine de sa réticente à revenir en Angleterre, la pierre de cœur de Camelot qui chantait à la lisière de son esprit, il allait tout révéler. Et si elle voulait encore de lui après cela, il parlerait de la petite boite au fond de la poche de sa blouse…

« Qu’est-ce que tu me caches. »

« Je t’aime. »

« Andrew. »

« Bathsheda, je t’aime. Garde cela en tête s’il te plaît. Je n’ai jamais souhaité te blesser. J’avais peur… C’était tellement plus facile de mentir d’avancer… »

« Andrew, TU me fais peur. »

« Andrew est le prénom auquel je réponds depuis une vingtaine d’années. »

« Pardon ? Quel est ton véritable nom dans ce cas ?

« Cathal, Calum, Victor, Franck, Paul, Alfred, Georges, Benjamin, Billy, Michael, Jake, John, Jethro, Tom, Leon ; Nathan ; Roger, Newton, Bassanio Jeff, Vernon, Esteban, Jimmy, Carlos, Gary, Arial, Owen, Chris… J’ai eu tant de noms et tant de vie… »

Bathsheda avait pâli un peu plus à chaque nom, comprenant qu’elle ne connaissait absolument rien de l’homme avec qui elle vivait depuis plus de 5 ans.

« Ma mère m’a donné le nom de son oiseau favori », murmura Andrew en plongeant ses yeux saphir dans les iris noisette de sa compagne.

« Swann ? » murmura Bathsheda, « Adler ? » poursuivit-elle lorsque son compagnon secouait la tête. « Falco ? »

« Presque. »

« Falco… Ta mère t’a sérieusement appelé Merlin ? » s’exclama Bathsheda avec incrédulité. « Elle devait sacrément aimer la légende Arthurienne. »

Andrew grimaça.

« Cette légende a été écrite plusieurs décennies après sa mort. »

Un silence de plomb tomba dans la pièce. L’expression incrédule de Bathsheda s’effaça, laissant place à une incompréhension mêlée de terreur au fur et à mesure que l’impossible se révélait réel.

Andrew tendit sa main vers sa compagne, ouvrant les doigts pour révéler une rose au creux de sa paume. Même maintenant il était incapable de créer des fraises…

Le hoquet de surprise s’échappant de Bathsheda lui confirma qu’elle avait vu ses yeux s’illuminer d’or une fraction de seconde lorsqu’il faisait appel à sa magie.

« Tu es Merlin… LE Merlin… » balbutia sa compagne, frôlant les pétales de la rose du bout des doigts.

« Je n’ai jamais été très barbu », commenta-t-il juste avant de ressentir une douleur cuisante à la joue.

OK. Il avait certainement mérité cette gifle.

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