
Remus
Un été caniculaire
04 – Remus Lupin
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Remus Lupin était un loup garou depuis des années. Il ne se souvenait plus du temps lointain où Lunard n'était pas avec lui. Il avait commencé par s'auto-détruire, les deux parts de sa psyché en guerre. Puis il avait appris à accepter Lunard, à accepter ces instincts sauvages et brutaux faisant partie intégrante de lui, à accepter sa nature. La Meute avait été salvatrice. Sans cette dizaine de lycanthropes moldus, Remus savait qu'il serait devenu fou. Ils l'avaient guidé lorsqu'il se reconstruisait.
Être un lycanthrope était extrêmement particulier. Ils avaient besoin de la Meute tout comme la Meute avait besoin d'eux. C'était extrêmement compliqué à expliquer.
Nymphadora Tonks avait été étonnamment compréhensive lorsque Remus avait maladroitement tenté de lui expliquer la magie sauvage liant les loups entre eux et de la place majoritaire qu'avait la Meute dans sa vie. Lorsque Remus lui avait fait part de son étonnement, elle lui avait avoué ne plus savoir quel était son vrai visage. Ses talents de métamorphomage s'activaient inconsciemment dès qu'elle était éveillée, adaptant ses traits à une forme qu'elle aimait ou une qu'elle choisissait.
« Si tu es prêt à accepter de ne pas savoir qui je suis, je suis prête à accepter de te partager avec la Meute. »
Bien sûr que Remus était prêt à se lancer même s'il ne devait jamais savoir à quoi ressemblait naturellement Nym'. Il était tombé amoureux de son caractère, de son esprit, de ses manières, de son rire…
C'est ce que Remus dû expliquer à Edward Tonks, le soir où Nym' le traîna chez ses parents. Andromeda laissa son époux cuisiner Remus pendant que Nym' mourait lentement de honte et que Sirius se bidonnait, pleurant de rire dans son coin.
(Qu'est-ce que ce cloporte fichait ici, Remus l'ignorait complètement.)
Le lycanthrope avait du expliqué en long, en large et en travers pourquoi il aimait Nym', jurer devant tous les Dieux de ne jamais la blesser et tout cela pendant que son traître de meilleur ami gloussait comme poule maléfique.
Finalement Nym' avait jeté Sirius dans l'étang et Andromeda fit taire Ed, déclarant que leur fille était suffisamment grande pour prendre ses propres décisions.
« Ah, elle a du caractère la p'tite Nym' », commenta Sirius en s'accoudant à côté de Remus, séchant ses cheveux avec une serviette.
Les deux amis étaient sortis sur la terrasse pendant que Andromeda préparait la chambre d'amis pour Sirius (il avait trop bu pour transplaner et le square n'était pas raccordé au réseau de cheminette) et que Edwardet Num' débarrassaient la table.
« Sa mère est une Black et comme toutes les femmes de cette famille elle est terrifiante quant à son père, il est le foutu avocat de la famille Potter. Évidemment qu'elle a du caractère. »
Sirius éclata de rire. Réentendre ce rire si caractéristique, semblable à des aboiements de chien mis du baume au cœur de Remus. Son ami guérissait.
« C'est étrange de te voir en couple. »
« Je dois être vexé ? »
« Flatté plutôt. Ce n'est pas rien de capturer l'attention d'une Black », plaisanta Sirius.
Il laissa dériver son regard sur le ciel étoilé, jouant nerveusement avec un briquet.
« J'ai encore du mal à comprendre que j'ai trente-cinq ans », déclara doucement Sirius. « Cela va de mieux en mieux, mais il y a encore des matins où j'ai l'impression d'être en 1981. »
« Qu'en pense Samantha ? »
« Ma merveilleuse psy dit que c'est normal, que les épisodes s'espacent et finiront par disparaître. Mais j'ai l'impression qu'ils augmentent depuis que le phénix s'est réveillé. »
Remus grimaça. Lui aussi avait reçu le message du directeur. Cela l'avait mis hors de lui. Après la façon dont l'Ordre l'avait traité quatorze ans auparavant, qu'ils reviennent ainsi la bouche en cœur… Il faillait un sacré culot. Surtout vu les demandes de Dumbledore.
« Tu penses y retourner ? » demanda Sirius.
« Et toi ? »
« J'ai laissé l'accès au Square à l'Ordre. J'en suis le Gardien du Secret parce qu'il faut pas déconner, mais pour le reste, la maison est devenue le quartier général. »
« Le Patriarche Black est d'accord ? » s'étonna Rémus
Sirius lui avait parlé de ce nouveau Lord Black ayant réintégré les membres reniés et bannis. L'animagus avait refusé de cracher le nom de ce nouveau patriarche et Remus l'asticotait pour savoir de façon régulière.
« Il a grommelé, mais son cadet lui a dit que c'était la moins mauvaise des idées. L'Ordre lutte contre Voldemort et la Famille est en Vendetta contre lui et ses adeptes, donc on a des buts communs. Et de toute façon le Square est à moi. »
Remus hocha la tête.
« Dumbledore m'a demandé de mettre la puissance de la Meute derrière ses idéaux. »
« Je suppose que c'était écrit de façon… plus… dumbledoresque. »
« Sournois avec un soupçon de menace le tout noyé sous la justification du plus grand bien ? » proposa Remus. « Ouais. J'ai montré la lettre à Marlène. Elle n'était pas contente. »
« Je veux bien te croire. »
« Elle m'a demandé de tes nouvelles. »
Remus vit le petit sourire de Sirius à cette annonce. Marlène et lui avaient bien sympathisé l'été dernier. Elle avait su écouter Sirius lorsqu'il en avait eu besoin et l'avait aidé à faire le tri dans ses pensées.
(Ils avaient aussi couché ensemble plusieurs fois et Remus ne savait pas s'il devait menacer son Alpha pour avoir touché à son meilleur ami ou son meilleur ami pour avoir touché à son Alpha. Dans le doute il avait pourri les deux.)
« Qu'a-t-elle décidé par rapport à l'Ordre ? »
« Que Dumbledore pouvait aller se faire voir, que jamais les loups de la Meute du Nord ne s'impliqueraient dans les affaires anglaises. Mais que si un jour Voldemort posait un orteil sur le continent, la Meute serait présente pour le réduire en charpie. »
« Poétique. Le directeur ne va pas apprécier. »
« Probablement pas, mais on s'en cogne pas mal. La Meute n'est pas anglaise. Marlène m'autorise à assister aux réunions de l'Ordre, mais je ne serais d'aucunes interventions. »
Peut-être était-ce égoïste, mais les problèmes anglais ne concernaient pas la Meute et ne concernaient Remus que par les dernières attaches qu'il avait dans ce pays : Sirius, les fils de Lily et James et maintenant Nym'.
La Meute du Nord avait déjà largement à faire avec la politique française sans avoir à gérer les conneries de leurs voisins d'outre-manche. Remus avait prévu de s'incruster aux réunions de l'Ordre pour surveiller la cocotte avant qu'elle ne leur pète à la gueule. Mais en aucun cas (même si Marlène avait donné son accord), il ne participerait à une mission.