
Arabella Figg
Un été caniculaire
2 - Arabella Figg
oOo
o
oOo
Toute sa vie Arabella s'était battue. Elle s'était battue contre sa condition, contre les injustices et contre tous ceux voulant restreindre ses libertés.
Grande honte de la famille Figg depuis que son manque de magie avait été avéré, Arabella avait dû se battre contre ses parents et ses frères et sœurs pour être remarquée et respectée. Sans grande réussite. Elle avait mis les voiles avant d'être chassée, filant avec de l'argenterie, des bijoux et la totalité de l'argent de poche de ses frères et sœurs (elle-même n'avait pas droit à ce privilège. Connards.)
Si Arabella avait été une sorcière, elle aurait été répartie à Serdaigle, c'était une absolue évidence. Elle aimait apprendre, découvrir et rechercher de nouvelles connaissances. Lorsqu'elle avait quitté le nid, âgée de juste 15 ans, elle savait exactement ce qu'elle devait faire pour survivre et même s'épanouir.
Elle avait menti sur son âge et s'était réinventé un passé. Elle avait été engagée comme jeune fille au pair dans une grande maison de Douvres. C'était un temps agréable. Le travail n'était pas extraordinaire, mais même en bas de l'échelle sociale, elle était plus respectée que chez ses parents. Et il y avait le beau Joseph qui l'avait invitée plusieurs fois à venir marcher avec lui sur les falaises de craie blanche.
Arabella était heureuse.
Puis la réalité terrible et monstrueuse l'avait rattrapée lorsque la guerre avait éclaté. La maisonnée avait suivi l'évolution des combats grâce à la radio avant d'être rapidement évacuée lorsque les bombardements par l'aviation allemande avaient débuté.
Joseph et Arabella s'étaient mariés à Londres, peu après leur départ de Douvres, dans une église à moitié détruite par une bombe. Ils avaient précipité les choses, souhaitant l'un et l'autre pouvoir dire qu'ils étaient mariés avant que Joseph ne s'engage dans l'armée.
La dernière fois que Arabella avait vu son époux, c'était par une journée pluvieuse alors que Joseph Figg montait dans le bateau devant amener son bataillon en Irak.
Refusant de partir se cacher à la campagne, Arabella s'était engagée elle aussi, en tant qu'infirmière pour suivre les bataillons au front. Elle avait appris à soigner et à tuer. Arabella était une excellente sniper, pouvant toucher un homme à plus de 100 mètres. Et elle pouvait recoudre un soldat en un rien de temps. Ces deux talents lui avaient été utile lorsque son bataillon avait été déployé en Iran lors d'une invasion conjointe entre son pays et l'URSS.
Arabella Figg avait vingt-trois ans (officiellement 27 ans) lorsque la Seconde Guerre Mondiale se termina. Elle était veuve et épuisée. Pourtant elle n'avait pas lâché l'affaire. Elle poursuivit son travail d'infirmière, échangeant le front et les champs de bataille pour la campagne anglaise.
Cela avait été étrange, étonnamment reposant.
Elle avait été suffisamment requinquée pour revenir à Londres où elle avait fait son petit bout de chemin, travaillant à l'Hôpital Sainte Marie, gravissant les échelons jusqu'à devenir responsable du corps Infirmier. En parallèle de cela, Arabella gardait un lien tenu pais présent avec le Monde Magique. Ses croisements de Fléreurs et de Chats domestiques étaient très appréciés et lui assuraient un petit revenu en gallion nécessaire pour acheter quelques marchandises introuvables dans le monde moldu.
Arabella ne s'était jamais remariée, son cœur appartenant encore et toujours à son défunt Joseph. Elle avait cependant plusieurs neveux-nièces du coté de son époux, qu'elle gâtait chaque Noël au grand désespoir de leurs parents.
Arabella avait vécu les trente glorieuses avec abandon, croquant la vie à pleine dents. Elle était syndiquée et activiste, prenant part à toutes les luttes. Elle avait même marché dans Paris avec des amies lors de ce fameux mai 68. Elles étaient là au départ pour visiter la Ville Lumière, mais il était beaucoup plus drôle de manifester en criant des slogans français dont la traduction était aléatoire. (Et si elles avaient jeté quelques pavés, c'était entre elles et leurs consciences.)
L'Infirmière appartenait à deux mondes même si celui l'ayant vu naître la rejetait. Et alors que scotchée au petit écran d'une amie, elle apprenait de l'Homme avait marché sur la Lune, les journaux sorciers commençaient à parler d'enlèvements.
Arabella avait failli casser le nez de Dedalus Diggle lorsque celui-ci était venu toquer à sa porte pour lui parler de l'Ordre du Phénix. Ce pauvre crétin était un ami d'enfance du frère aîné d'Arabella et il avait été cruel plus qu'à son tour avec l'enfant sans magie. Elle avait souffert d'être différente et exclue et ne le souhaitait à personne. Pour elle chaque individu avait droit au respect, quelque soit son origine, sa religion, sa couleur de peau, son sexe, sa capacité à faire de la magie…
Malgré sa colère contre Diggle et sa haine brûlante envers sa famille de sang, Arabella avait accepté de rejoindre la résistance de Dumbledore. Elle avait déjà prit les armes contre des dictateurs racistes voulant dominer et « purifier » le monde. Alors elle n'allait pas laisser un autre taré faire la même chose de l'autre coté !
Bien des morts auraient pu être éviter si les responsables de l'Ordre l'avaient écouté mais , elle était une femme et pire une cracmoll. Que connaissait-elle donc aux combats et à la stratégie militaire. Quelle laisse donc faire les professionnels et rendez-vous en enterrement conjoint des jumeaux Prewett !
Arabella avait pété un câble après un combat où les soldats de l'Ordre avaient subit des dégâts inutiles de par l'incompétence pompeuse de ces crétins. L'une des cicatrices de Maugrey est de son fait et elle peut boire à l'œil à l'auberge de la Tète du Sanglier , courtoisie d'Abelforth Dumbledore après qu'elle eu cassé le nez de son frère aîné.
Et après tout cela, après avoir de nouveau été plus que déçue par les sorciers « de la lumière » (qui sont finalement aussi racistes que les autres, ils ne l'expriment juste pas de la même manière), après avoir envoyé chier l'Ordre du Phénix, le grand Albus Dumbledore avait eu le culot de se pointer chez elle pour lui demander (comprendre ordonner) de surveiller les jumeaux Potter qu'il venait d'abandonner sur le palier de l'appartement de leur tante.
Arabella n'avait même pas daigné répondre. Elle avait claqué sa porte de toute ses forces, espérant fortement que le sorcier se l'était prise dans la face et qu'elle lui avait cassé le nez une deuxième fois. Elle était bien dans sa banlieue de Little Whinging au sud de Londres. Maintenant qu'elle était à la retraite, elle s'occupait uniquement de son élevage félin, rendant visite à Abelforth une poignée de fois par an pour lui faire tenir sa promesse et se saouler gratuitement lors des commémoration de la guerre.
Aujourd'hui Arabella avait également prit le pli de visiter régulièrement le bar du Black Bee. Le pub était très sympathique et la faune diverse le visitant amusait grandement Arabella. Elle discutait avec des Gobelins, des Vampires, divers membres du Petit Peuple et même une Goule ! Et elle échangeait surtout avec d'autres individus comme elle, d'autres cracmolls.
Ils étaient nombreux, ces enfants rejetés et abandonnés par leur famille.
Ils étaient nombreux et ils étaient en colère.
Ils étaient nombreux, en colère et ils commençaient à s'organiser.
Et si quand Arabella échangeait avec Max, elle gardait un œil sur deux têtes brunes aux langues bien trop pendues qui asticotaient le Seigneur des Vampires de Londres, cela ne regardait qu'elle.