
Victoria
Un été caniculaire
01 – Victoria Frobisher
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Appuyé sur sa canne en argent, Edwin Galahad Frobisher regardait avec nostalgie le Poudlard Express entrer en gare dans de gros panache de vapeur. Le vieux Lord était venu récupérer sa plus jeune fille qui revenait d'une année absolument palpitante. Les lettres de Victoria le remplissaient toujours d'une joie douce-amère. Il retrouvait tant de manies d'Élodie dans Vicky… De la façon dont elle oubliait de barrer la majorité de ses « t », à sa signature en passant par sa façon toute particulière de faire ses lettres majuscules.
C'était toujours un plongeon douloureux dans le passé.
Edwin Frobisher avait 41 ans lorsqu'il avait fait la rencontre d'une jeune sorcière aux yeux pétillants qui allait transformer sa triste existence.
Comme la majorité des Frobisher, Edwin travaillait avec des Runes. Il était un Liseur naturel et se servait de ce talent pour créer des enchantements pour la société Nimbus. Son entreprise l'avait envoyé à un congrès en Suède pour discuter balais volant. C'était dans les couloirs de son hôtel qu'il avait fait la rencontre percutante de Élodie Aurea.
Ils s'étaient rentrés dedans, lui sortant de l'ascenseur, elle voulant y entrer. Aucun des deux ne regardait où il allait et tous deux avaient fini par terre dans un chaos de papiers envolés.
La jeune femme de juste 25 ans participait elle aussi à la conférence, pour le compte de la société Brossdur. Elle était sylvicultrice et s'occupait de fournir à son entreprise les bois enchantés de ses balais.
Edwin avait été fasciné dès le premier instant. Il trouvait Élodie absolument captivante. Elle était vive et belle, avec une répartie facile et une longue chevelure ambrée. Il l'avait invitée à partager un dîner avec lui et, à son plus grand étonnement, elle avait accepté.
Ces quelques jours en Suède avait scellé le destin Edwin Frobisher. Élodie Aurea était la seule femme qu'il aimerait jamais.
De retour en Angleterre, il avait continué de courtiser la jeune femme, s'étonnant systématiquement du retour de ses affections. Il avait seize ans de plus qu'elle et était tellement moins intéressant. Pourtant lorsqu'il fit sa demande, Élodie accepta (puis elle le sermonna lorsqu'il s'étonna qu'elle eût répondu favorablement.)
« Je suis le plus chanceux des hommes », lui avait-il déclaré.
La vie avait continué son cours. Il continuait de travailler chez Nimbus et elle chez Brossdur. Il l'accompagnait en foret, l'écoutant avec fascination lorsqu'elle parlait de sève, de bois, d'aubier et de duramen. Elle le suivait dans son bureau, regardant par-dessus son épaule lorsqu'il plongeait dans ses matrices runiques et radotait sur son travail.
Et le texte de la pièce de théâtre Roméo et Juliette avait sa place d'honneur en évidence sur le manteau de la cheminée.
C'était un cadeau blagueur de la part du frère moldu d'Élodie. En tant que Née-de-Moldus, Élodie connaissait très bien cette pièce et en avait expliqué les détails à son époux.
Depuis lors Edwin avait brûlé ce texte maudit.
Le couple accueilli leur premier enfant une poignée d'années après.
Edwin se souvenait de sa panique lorsque Élodie avait perdu les eaux. Il ne se sentait tellement pas prêt ! Mais en voyant que sa femme paniquait encore plus que lui, il s'était repris et avait fait de son mieux pour être son roc durant son accouchement.
Élisabeth était la prunelle des yeux de ses parents. Petite poupée blonde aux grands yeux bleus, elle ressemblait bien peu à sa mère. Elle était une pure Frobisher et Edwin ne fut nullement surpris lorsqu'il apparut que sa fille aînée était elle aussi une Lectrice de Runes.
(En grandissant et perdant son gras de bébé, Élisabeth avait révélé posséder les mêmes pommettes que sa mère et les mêmes sourcils très expressifs.)
Deux ans après Élisabeth, Élodie accoucha d'un petit garçon qu'ils prénommèrent Albert. (Élodie avait milité pour le prénom Victoria si l'enfant était une fille.) comme sa sœur aînée, Albert était blond avec les yeux bleus des Frobisher. Et comme son père, il lisait les runes. Il tenait cependant de sa mère ses belles ondulations.
(Edwin regrettait qu'Albert ait pris le pli de couper ses cheveux si courts, cachant cet héritage maternel.)
Janice compléta leur famille en 1968, trois ans après Albert. Edwin avait proposé le prénom Victoria pour leur fille, connaissant l'amour de sa femme pour ce prénom, mais Élodie avait regardé le poupon dans ses bras et annoncé qu'elle avait plus une tête de Janice.
Comme ses aînés Janice était blonde avec des yeux bleus. De tous les enfants d'Edwin, elle était celle ayant le plus de traits communs avec sa mère. C'était apparu lorsque Janice entra pleinement dans l'adolescence et révéla avoir la même silhouette que sa mère.
Ce fut une période heureuse que Edwin se remémorait toujours avec douleur. Ils étaient insouciants, si libres, si naïfs…
Élodie Frobisher née Aurea fut l'une des premières victimes des Mangemorts lors de la guerre. C'est une information que seule une poignée de gens connaissent et tous jurèrent de garder le secret. Les enfants d'Élodie eux-mêmes l'ignorent et Edwin compte bien faire en sorte que cela ne change pas.
En l'an 1974, une poignée de semaine après qu'Élisabeth eut été répartie à Serdaigle lors de son premier jour à Poudlard, Élodie fut attaquée alors qu'elle faisait des repérages pour la prochaine coupe.
Une partie non négligeable des arbres furent détruits et un collègue d'Élodie fut tué. Le statut de la sylvicultrice fut incertain durant plusieurs jours. Elle survécut à l'attaque.
Lorsque la douleur est trop lourde et que son chagrin menace de le submerger, il arrive à Edwin de songer qu'il aurait été plus simple et moins douloureux qu'Élodie décède durant cette première attaque. Le vieux Lord est aussitôt outragé d'avoir songé cela, mais cela n'empêche pas cette noire pensée de revenir le hanter.
Cette attaque avait signé la fin d'Élodie.
Ils ne le savaient pas encore, mais l'épouse Frobisher était condamnée. Élodie était sous l'emprise d'une malédiction. Les époux mirent plusieurs mois à s'en rendre compte et il fallut encore un peu plus de temps aux médicomages pour comprendre les effets.
Élodie rajeunissait. Elle rajeunissait tous les jours, de plus en plus vite et sans aucun moyen d'arrêter cet infernal processus.
Edwin plongea dans les runes, cherchant un remède, un moyen de maîtriser la malédiction de sa femme. Élodie démissionna pour passer du temps avec ses deux plus jeunes.
Chaque matin Élodie passait du temps devant son miroir, grisant des mèches de ses cheveux et rajoutant des lignes à son visage de plus en lisse. Elle était terrifiée et Edwin était perdu. Ils parvenaient à donner le change devant leurs enfants, mais c'était de plus en plus complexe.
Et un jour, une simple remarque bien innocente d'Elizabeth, revenue pour les vacances d'hivers fit voler en éclat leur fragile équilibre.
Élodie quitta le domicile familial dès que Élisabeth et Albert furent retournés à Poudlard pour le second semestre. Elle s'était installée dans un petit cottage au Pays de Galle, vivant recluse au milieu de ses livres, cherchant encore et toujours un remède à la malédiction détruisant sa vie.
Elle avait fait juré à Edwin de cacher la vérité à leurs enfants. Elle voulait qu'ils gardent d'elle un souvenir heureux, mais celui d'une femme détruite par un rajeunissement incontrôlé. Edwin accepta de ne rien dire à Elizabeth, Alfred et Janice, mais en les voyant devenir de plus en plus amère envers cette mère qui les avait abandonnés, il sut qu'ils avaient fait une erreur.
Edwin se rendait régulièrement dans le petit cottage du Pays de Galles où il était accueilli par une Élodie de plus en plus jeune. Ils parlaient un peu des enfants et beaucoup de leurs recherches infructueuses. Même avec les Runes Majeures du Temps, il n'arrivait pas à tisser un contre-rituel.
Élodie Frobisher-Aurea était née depuis 48 ans et en avait physiquement 4 lorsque le Mage Noir fut détruit par Harry Potter. Elle rajeunissait à vu d'œil et souffrait le martyr, son cerveau d'enfant incapable de supporter toutes ses connaissances et tous ses souvenirs.
Élisabeth avait passé ses ASPIC quelques mois auparavant et était en Suisse pour approfondir avec un Maître ses connaissances des Runes. Albert et Janice étaient tous deux à Poudlard. Edwin s'installa dans le cottage du Pays de Galles avec Élodie qui s'approchait de plus en plus vite de la fin.
Edwin tenait dans ses bras le nouveau-né qu'était redevenu sa femme lorsque la malédiction cessa. Les pleurs du poupon restèrent aussi perçants, la douleur de la situation insupportable, mais son corps cessa de rapetisser.
Après des années de lutte acharnée, Élodie était libre.
(Edwin apprit quelques jours plus tard par le journal la mort du Mangemort Erik Wilkes lors d'un raid d'Aurors. S'il avait connu plus tôt la solution, il serait allé massacrer des Mangemorts sans hésitation.)
Élodie était libérée de la malédiction, mais pas de ses conséquences. Réduite à l'état de poupon d'un an maximum, ses souvenirs d'adultes noyaient son esprit infantile, la poussant un peu plus prêt de la folie à chaque instant. Elle souffrait terriblement et si Edwin n'avait su lever sa malédiction, il pouvait désormais l'aider.
Les Runes sont un vecteur magique très puissant. Certains sorts runiques pouvaient détruire des villes en une fraction de seconde, d'autres pouvaient changer l'eau d'un fleuve en sang, ou raser des montagnes. Effacer une vie entière n'était pas difficile. Illégale, oui, mais difficile…
Lorsque les derniers échos du rituel se furent dissipés et que les gazouillis d'un bébé heureux accueillirent Edwin, il comprit que son Élodie était morte. Sa tendre et magnifique épouse était disparue et rien ne pourrait la faire revenir.
Tout ce qui lui restait d'elle était ce nouveau-né aux joues roses et aux cheveux blonds.
Edwin pleura.
Il pleura et cria sa détresse.
La femme de sa vie était morte.
Edwin ramena l'enfant chez lui, dans le manoir des Frobisher, loin du petit cottage du Pays de Galles. Nommer la fillette Victoria fut une évidence. C'était un prénom si cher à Élodie. Berçant le poupon dans ces bras, Edwin s'était fait une promesse. Victoria aurait la vie qu'Élodie n'avait pas eut. Elle grandirait, redevenant une femme extraordinaire et elle vieillirait.
Évidemment les enfants d'Edwin furent surpris de découvrir leur « petite sœur ». Mais Victoria ressemblait suffisamment à une Frobisher avec ses cheveux blonds pour que la thèse de la fille bâtarde tienne la route.
Mais Victoria grandit et alors que ses cheveux ondulés fonçaient et qu'elle affichait de plus en plus de manière et de tics d'Élodie, Edwin vit la surprise se transformer en suspicion et en colère dans le regard de sa fille aînée.
« Papa ! »
Sorti de ses sinistres pensées, Edwin sourit en voyant sa fille cadette le rejoindre en tirant sa grosse malle. Elle avait un grand sourire et ses yeux pétillaient.
« Par Merlin, mais tu as encore grandi ma parole » s'exclama le vieil homme en serrant dans ses bras la jeune fille.
« C'est toi qui rapetisses Papa ! » plaisanta Victoria.
Edwin la relâcha en souriant tendrement.
Élodie était morte et Victoria était son héritage.
Ce n'était pas facile pour elle.
Elle avait un père trop vieux qui refusait de parler de sa supposée mère.
Sa sœur aînée la détestait supposant que Victoria était la bâtarde d'Élodie et non pas d'Edwin.
Son frère l'ignorait, blessé par la disparition d'Élodie à qui Victoria ressemblait de plus en plus chaque jour passant.
Janice tentait d'aimer et soutenir Victoria, mais entre Élisabeth et ses propres sentiments c'était compliqué.
Edwin récupéra la malle de sa fille. Il était vieux, mais pas suffisamment pour ne pas pouvoir prendre soin de son trésor.
« Je dois absolument te raconter la troisième tache ! C'était extraordinaire ! » annonça Victoria. « Tu penses que je peux inviter Lavande cet été ? Et Parvati ? »
Edwin sourit devant l'excitation de sa fille. Élodie sautait elle aussi du coq à l'âne lorsqu'elle était excitée.
Victoria était la dernière chose que sa femme avait laissé à Edwin. Il ferait tout pour la protéger, y comprit emporter ce terrible secret avec lui dans la tombe.
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C'est le début des OS se déroulant entre fin juin et début septembre.
Pour l'instant, j'ai déjà écrit
- Aurora Sinistra et Lucas Proudfoot
- Remus Lupin et Sirius Black
- G-A Brook et les Mallard
- Fleur Delacours
J'ai dans les cartons :
- Les gardiens de Poudlard
- Les Directeurs des 4 maisons
- Les Malfoy
Dites-moi si vous pensez à autre chose :)