Dieu de la mort.

Harry Potter - J. K. Rowling Marvel Cinematic Universe The Avengers (Marvel Movies) Iron Man (Movies) Thor (Movies)
Gen
M/M
G
Dieu de la mort.
Summary
Briseur de sort était un de ces métiers où on peut dire qu'il faut se méfier des anciens dans une profession qui tue jeune. Harry blâmait pourtant sa chance Potter lorsqu'il fut éjecté de sa dimension, pour atterrir dans un monde où les dieux existent. Au moins, il pouvait offrir une bonne vie à son double. Et qui sait ? Peut-être même rencontrer son dieu favoris.
Note
Fic aussi postée sur ffnet. Les 5 premiers chapitres sont écris et seront posté ici aujourd'hui ou dans les jours qui viennent.
All Chapters Forward

Une question de temps

 

Alvis soupira en passant une main dans ses cheveux, les détachant par accident, et se détourna de la carte. Loki se demandait vraiment ce qu'il allait faire désormais. Le mortel se dirigea vers la sortie et lança par dessus son épaule :

 

_ Et si on allait travailler sur mes portails, pendant que tu m'explique les différences entre la mythologie et la réalité ?

 

Loki resta figé un instant, avant de le suivre. C'était une bonne réaction, non ? Il allait prendre ça comme une bonne réaction.

 

_ Alors, pour commencer, je ne cherche pas constamment comment inutilement empirer une situation pour moi-même.

 

Alvis éclata de rire et Loki sentit un faible sourire lui étirer le coin de la bouche. C'était un début positif.

 

-sSs-

 

Alvis ne savait honnêtement pas quoi penser de Loki. Il appréciait sa présence, sa magie l'appréciait encore plus et il aimait discuter magie avec lui. Et il était le dieu qu'il vénérait depuis son adolescence, bien que beaucoup d'écrits à son sujet soient erronés. Ce qui était étonnant. Il pouvait comprendre que des mythes soient déformés avec le temps et les diverses interprétations, mais à ce point ?

Dans tous les cas, il blâmait sa chance pour cette situation. Sauf qu'il pensait que cette fois, c'était quelque chose de positif.

Il grava la dernière rune de son premier jet dans le dos du miroir et vérifia une dernière fois son travaille, tout en disant :

 

_ Non, ça fait sens quand tu y penses. Pour qu'autant de mythes soient aussi erronés, il est tout à fait possible qu'il y ait eu un autre Loki avant toi. Un Jotun avec lequel Odin était ami au point de faire un pacte de fraternité et après lequel il t'a nommé.

 

Loki se renfrogna, mais finit par concéder son point en inclinant la tête.

 

_ Même si je doute que Père ait pu être un jour ami avec un géant de glace, tu marques peut-être un point. Je me renseignerais.

 

Alvis lui sourit joyeusement, avant de se redresser en s'étirant. Il ferma les yeux un instant, laissant la lumière du soleil de printemps le réchauffer, alors qu'une brise légère parcourait le promontoire. Il aimait quand il faisait beau comme ça, sans être étouffant de chaleur. Loki profita de la vue sans un mot, content de le voir aussi détendu.

Alvis finit par se secouer, frappa dans ses mains et se tourna vers la paire de miroirs. Il posa la main sur la surface de l'un d'eux et les activa, avant de bondir en arrière et de lancer un bouclier entre eux. Rien ne se passa et il se détendit.

 

_ Au moins ils s’activent sans exploser. Pour le moment.

 

Loki hocha la tête, tout en observant attentivement les deux miroirs, qui reflétaient désormais la vue de l'autre. Alvis ramassa une pierre et la jeta dans l'un des deux et elle ressortit de l'autre sans encombre, la seule trace de son passage une légère onde de choque se propageant dans le miroir, comme si on avait jeté une pierre dans une mare.

 

_ La matière passe sans problème...

 

Il sortit une pomme de sa poche et la lança. Elle passa sans encombre et il la rattrapa avec sa magie, avant qu'elle ne tombe par terre, pour la faire venir dans sa main. Il l'examina avec attention, avant de hocher la tête, satisfait.

Il se tourna enfin vers la cage à lapin, qu'il avait sortie de son sac avec les deux miroirs, et l'ouvrit pour en saisir un par les oreilles. Il le lança doucement par le portail et sauta en arrière lorsque de la bouillie animal ressortit de l'autre côté. Ils fixèrent les restes par terre avec surprise. On aurait dit qu'on avait décidé de le retourner comme un gant, c'était assez horrible à voir, même si Loki avait déjà vu bien pire. Alvis se gratta l'arrière de la tête et commenta :

 

_ Ce n'était pas sensé arriver.

_ Non, tu crois ?

 

Il lui jeta un regard noir au sarcasme, avant de saisir un second lapin et de lui briser la nuque en maintenant leur contacte visuel. Il se tourna ensuite vers les miroirs et le lança dedans. Loki se contenta de sourire en réponse, amusé. Le lapin ressortit intact du portail et Alvis le rattrapa avec sa magie avant qu'il ne puisse tomber par terre. Il l'examina un instant, avant de hocher la tête.

 

_ Tous les organes sont en place et il n'a pas de nouvelles blessures... Donc c'est le vivant qui pose problème.

 

Il posa le lapin sur sa table de travail, avant d'aller s'accroupir derrière les miroirs en marmonnant. Loki eu un sourire amusé, avant de s’asseoir sur le banc pour le regarder faire. Il se tendit en recevant une alerte magique indiquant que son transpondeur sonnait dans sa poche dimensionnelle. Il soupira en le sortant et vit que c'était un appel de sa mère.

 

_ Je m'éloigne un peu, j'ai un appel.

 

Alvis grogna en agitant la main vers lui, toujours concentré sur son travail. Loki n'attendit pas plus de réponse et s'éloigna un peu, avant de placer une barrière de silence autour de lui et de décrocher.

 

_ Bonjour, Mère.

_ Bonjour, Loki. Comment vas-tu ?

 

Il s'appuya à un arbre avec un léger sourire. Même s'il se doutait de la raison de cet appel, il aimait toujours parler avec sa mère.

 

_ Très bien, et vous ?

 

Cependant, au lieu de la voix bienvenue de sa mère, celle de son père s'éleva :

 

_ Loki.

 

Il retint un soupir et se renfrogna.

 

_ Père. Vous voulez que je rentre.

 

Il ne voyait pas l'intérêt de tourner autour du pot.

 

_ Tu es absent depuis bien plus longtemps que d'ordinaire.

_ J'ai trouvé quelque chose d'intéressant.

 

Il n'y avait pas de mal à avouer cela, il trouvait souvent quelque chose d'intéressant sur Midgard. Que ce soit de la magie, une invention amusante, des nouveaux livres, ou une nouvelle connaissance amicale.

 

_ Je m'en doute, cependant, tu ne peux pas négliger ainsi tes devoirs pour des frivolités.

 

Il retint un reniflement méprisant. Thor négligeait en permanence les devoirs qu'il considérait comme ennuyeux pour aller s'amuser. Mais bien sûr, il n'était jamais réprimandé pour ça. Non, c'était toujours Loki qui était en tort et qui devait les accomplir pour lui. Après tout, Thor était si débordé de travail... Clairement pas assez s'il se permettait de faire régulièrement le tour des tavernes d'Asgard et d'aller chasser quand il le souhaitait avec ses amis.

Il fit de son mieux pour répondre d'une voix contrite :

 

_ Toutes mes excuses, père. Je ne cherchais pas à négliger mes devoirs.

 

Il savait pour sûr qu'on n'aurait pas besoin de lui avant au moins un mois, il s'assurait toujours de terminer son travail en cours avant de descendre et sa mère couvrait pour lui pour tout le reste. Thor avait juste dû se plaindre une fois de trop de ne pas pouvoir faire ce qu'il voulait, car Loki n'était pas là pour s'occuper de ses obligations, et Odin avait dû céder à ses caprices, comme d'ordinaire.

 

_ Puis-je avoir un jour pour faire mes aux revoir et mes arrangements pour l'année prochaine ?

_ Je te laisses douze heures. Si tu n'es pas au site du Bifröst d'ici-là, j'enverrais Thor te chercher.

 

Il grimaça, ce n'était jamais une bonne chose lorsque Thor venait le chercher. Il ne savait pas passer inaperçu sur Midgard.

 

_ Très bien, Père.

 

Il raccrocha peu après avec un soupir. Il resta appuyé à l’arbre quelques secondes, se contentant de respirer lentement, tout en profitant de la lumière du soleil couchant qui filtrait par les branches. Il commençait à se faire vraiment tard.

Il retourna à leur camp juste à temps pour entendre Alvis s'exclamer :

 

_ Je suis un idiot !

 

Il eut un sourire amusé en sortant du couvert des arbres et lui répondit :

 

_ J'aurais pu t'en informer moi-même.

 

Il attrapa sans difficulté le burin qu'Alvis lui jeta à la figure, sans quitter son sourire amusé.

 

_ Que de violence... Poignarder les gens qui t'irritent n'est pas une solution.

_ Tu as raison, c'est la solution. Rend-moi mon burin.

 

Il rit. Il ne pouvait pas nier ce point, considérant la fréquence avec laquelle il poignardait Thor lorsqu'il allait vraiment trop loin. Il le faisait moins avec d'autre, en dehors de Sif et des trois idiots. Il lui rendit le burin, avant de s'asseoir de nouveau sur le banc. Alvis retourna derrière les miroirs et commenta :

 

_ Ton appel s'est fini vite.

_ Oui. Père veut que je rentre.

_ Oh. Combien de temps ?

_ Il m'a laissé douze heures.

 

Alvis hocha la tête. Loki était rassuré de constater qu'il aimait tout autant la situation que lui, au moins, son lié voulait passer du temps avec lui. Il n'en doutait pas, considérant les dernières heures, mais avoir une autre preuve était rassurant et apprécié.

 

_ As-tu trouvé ce qu'il s'était mal passé ?

 

Alvis grogna et cessa de sculpter pour se laisser aller en arrière sur ses mains avec un dramatisme que Loki pouvait apprécier.

 

_ J'ai oublié la matrice de stase temporel de Hawthorn.

 

Il pencha la tête de côté, confus.

 

_ Quel rapport avec des portails ?

 

Alvis s'assit en tailleur et le fixa avec une lueur d'excitation dans les yeux que Loki reconnaissait bien. Il avait la même lorsqu'il parlait de magie avec quelqu'un qui comprenait ce dont il parlait.

 

_ Que sais-tu de la magie temporelle ?

_ Pas grand chose, l'étude de toutes les magies en lien avec le temps et sa manipulation ont été rendues illégales par Asgard depuis des millénaires.

 

Alvis leva un sourcil à cela.

 

_ Midgard n'a clairement pas eu le mémo. Je sais pour un fait que plusieurs gouvernements étudient le temps, on a des retourneurs de temps qui permettent de remonter plusieurs heures en arrière, on a même des protocoles internationaux concernant les déplacements temporels, et dimensionnels. J'ai même écrit et publié un livre entier sur l'évolution de la magie de temps et son application dans la magie spatial depuis l'ancienne Mésopotamie jusqu'à nos jours ! C'est pour ça que je suis un idiot pour avoir oublié cette matrice, je l'ai étudiée en détail pendant mes recherches, même si ça remonte à quelques années !

 

Il savait que Midgard ne respectait pas cette loi, il était ami avec Cerydwen, qui se servait de la pierre du temps. Cependant, il n'avait jamais entendu parler de ces retourneurs de temps, ce qui était surprenant. Étais-ce une invention récente ? Il décida de juste demander, après tout, il avait une source d'informations devant lui.

 

_ Pourquoi n'ai-je jamais entendu parler de ces retourneurs de temps ?

_ Le gouvernement garde leur existence secrète et ceux qui s'en servent doivent promettre de ne pas en parler à d'autres et de respecter certaines règles, comme ne pas être irresponsable avec ou ne pas se faire voir par leur double du passé.

_ Alors comment es-tu au courant ?

 

Alvis se gratta l'arrière de la tête avec un air embarrassé qu'il commençait à bien connaître. C'était celui qui précédait une histoire improbable impliquant sa chance. Il se cala un peu plus dans le banc et se prépara à être exaspéré.

 

_ Lors de ma troisième année à Poudlard, Hermione en a obtenu un pour pouvoir suivre tout ses cours, car certains étaient sur la même heure.

 

Il décida d'interrompre :

 

_ Tu es en train de me dire qu'une adolescente de treize ans...

_ Quatorze.

_ Quatorze ans, a obtenu un artefact hautement régulé, pour pouvoir aller en cours. Les professeurs de l'école ne pouvaient-ils pas juste ajuster son emploi du temps, même si ça voulait dire ne pas être avec ses camarades de classe habituels ?

_ Oui et apparemment non.

_ Je vois, poursuit donc.

 

Si l'histoire commençait comme cela, il se demandait vraiment ce qu'il avait bien pu se passer.

 

_ Donc... Cette année-là, mon parrain s'est enfuit de prison, où il était enfermé sans procès pour un crime qu'il n'a jamais commis.

_ Sans procès ?

 

Alvis leva les yeux au ciel avec un air particulièrement irrité et dégoutté.

 

_ Corruption et tout le monde savait qu'il était coupable.

 

Loki se renfrogna aussi à l'idée que la justice puisse à ce point être ignorée. Il savait que la société anglaise était divisée dans ses classes sociales et leur gouvernement n'était pas le meilleur, mais de là à enfermer quelqu'un sans interrogatoire ou procès ?

 

_ Je suppose qu'ils n'ont pas pris la peine d'enquêter proprement pour un roturier...

 

Alvis rit, surprenant Loki, et secoua la tête.

 

_ Sirius était l'héritier de la noble et ancienne maison des Black. Cependant, c'était la fin de la guerre, et même s'il s'était toujours opposé ouvertement à sa famille, les Black sont connus pour être des mages noirs et pour avoir soutenu Voldemort. Donc quand un traître lui a fait porter le chapeau pour le meurtre de treize personnes, dont le traître en question, et la trahison de mes parents à Voldemort, tout le monde a assumé qu'il avait juste prétendu être blanc.

_ Ah.

 

Il savait ce que c'était que d'être la victime de présomptions et pouvait compatir avec l'homme.

 

_ Donc, il s'est évadé. Que s'est-il passé ensuite ?

 

Alvis secoua la tête, puis le fixa de nouveau avec le menton appuyé sur ses mains, les coudes sur les genoux.

 

_ Donc, comme le ministère pensait qu'il en avait après moi pour finir le travail, ils ont placé des détraqueurs autour de l'école.

_ Ils ont quoi ?!

 

Placer ces monstres autour d'enfants ? Étaient-ils complètement cinglés ?!

 

_ Oh je sais !

_ Combien y-a-t-il eu de morts ?

_ Aucun. Et c'est pas faute de leur part d'avoir essayé. Ils ont envahi le terrain de Quidditch pendant un match. Comme ils m'affectaient particulièrement, je me suis évanoui et suis tombé de mon balais à environ trois cents mètres dans les airs. Dumbledore m'a empêché de m'écraser et les a fait partir, mais mon balais a été détruit...

 

Le pire, c'était qu'il avait l'air plus affecté par la perte de son balais que par le fait qu'il avait failli mourir, que ce soit en perdant son âme ou en s'écrasant par terre.

 

_ Tu as failli mourir et tu es plus affecté par ton balais ? Tes priorités, Alvis !

 

Il haussa une épaule, ce qui irrita encore plus Loki. N'avait-il donc aucun instinct de préservation ?

 

_ Ce n'était pas la première fois, au bout de la troisième fois, on s'y fait.

_ Tu avais treize ans.

_ Je sais ! Dans tous les cas, à la fin de l'année, Sirius s'est fait capturé parce que Remus avait oublié sa potion et s'est transformé devant nous. Donc Hermione et moi, on a utiliser son retourneur de temps pour l'aider à s'évader sur un hippogriffe qui devait être exécuté ce soir-là.

 

Il se pinça l'arrête du nez et prit une longue inspiration pour se calmer. Puis, il fixa l'homme devant lui et demanda :

 

_ De quelle transformation parles-tu ? Et pourquoi étiez-vous sur les lieux ? Tu as laissé de côté beaucoup de détails.

 

Alvis se gratta de nouveau l'arrière de la tête et détourna le regard.

 

_ Alors... Comment dire... Remus est un loup-garou.

_ Et que faisait-il dans une école pleine d'enfants ?

 

Alvis lui jeta un regard noir en se renfrognant.

 

_ J'espère que tu n'as rien contre les loups-garous. Remus est un vieil ami de mon père et mon oncle adoptif.

 

Il resta silencieux un instant, les sourcils froncés. Les loups-garous étaient des bêtes sauvages, mais il pouvait reconnaître que ce n'était que lorsqu'ils étaient transformés. Il supposait qu'ils pouvaient être tolérables sous leur forme humaine, il n'en avait juste jamais rencontré qui puisse lui prouver qu'ils étaient autre chose que des sauvages.

 

_ Je ne suis pas hostile, mais je n'en ai toujours pas rencontré qui puisse me faire penser qu'ils sont autre chose que... non civilisés.

_ Les restrictions contre eux n'aident pas, tu sais. Ils ne sont dangereux qu'une nuit par mois et sont parfaitement normaux en dehors des pleines lunes. Remus a même réussi à faire toute sa scolarité à Poudlard presque sans incident. Et la seule fois où quelqu'un a failli se faire attaquer était parce que l'élève en question s'est glissé dans la maison sécurisée où il se transformait pour trouver des preuves pour lui attirer des ennuis. Pourtant, le ministère leur interdit d'avoir un travail ou une éducation et a tellement de restrictions contre eux qu'ils n'ont d'autre choix que d'aller à l'étranger ou vivre côté non-magique, où leurs employeurs ne peuvent pas comprendre pourquoi ils ont besoin de quelques jours à chaque pleine lune. Ce n'est pas de leur faute s'ils sont à la rue, c'est celle de la société qui les rejette pour quelque chose qu'ils ne contrôlent pas !

 

Loki réfléchit un moment à ses arguments et finit par incliner la tête.

 

_ Tu marques un point, j'essayerais d'être plus ouvert d'esprit à l'avenir. Et je te promet d'être civil envers ton oncle, si je le rencontre.

 

Il ne voulait pas le contrarier sur ce sujet, surtout qu'il n'avait pas vraiment d'opinion d'un côté comme de l'autre. Cependant, ce n'était pas la première fois qu'Alvis critiquait les préjugés des mages anglais et leur intolérance face aux non-humains et les premières générations.

 

_ Tu n'aimes vraiment pas le racisme ou l'intolérance.

_ Lorsque ce n'est pas justifié, oui. En particulier si c'est dû à de l'ignorance, plutôt qu'à une expérience personnelle. Je n'aime pas les gobelins, mais ce n'est pas parce que ce sont des gobelins, c'est parce que j'ai de très mauvaises expériences avec eux. Je peux comprendre qu'on puisse détester des gens, voir une catégorie de gens, suite à de mauvaises expériences avec eux, mais si c'est juste du racisme pour être raciste ?

 

Il soupira en secouant la tête et se frotta le visage, avant de passer une main dans les cheveux, les décoiffant encore plus qu'ils ne l'étaient déjà. Le regard qu'il fixa sur lui était fatigué et Loki résista l'envie de s'excuser de ses paroles, alors qu'il n'avait rien dit de trop extrême.

 

_ Je ne comprend juste pas le besoin des gens de haïr sans raison. La haine est juste une émotion fatigante qui n'apporte jamais rien de bon.

 

Loki se leva et s'assit à côté de lui pour passer un bras autour de ses épaules.

 

_ Je suis d'ordinaire quelqu'un de suspicieux et je fais difficilement confiance. Cependant, je ne hais pas aisément non plus, et certainement pas pour des broutilles. J'avoue ne pas connaître assez les circonstances des loups-garous, je ne me suis jamais vraiment intéressé à leur cas, donc je vais me fier à ton opinion à leur sujet. Je m'excuse si ce que je t'ai dis t'as blessé.

 

Alvis se laissa aller contre lui et leva la tête dans sa direction pour le regarder dans les yeux.

 

_ Pourtant tu me fais confiance, pourquoi ?

 

Il eut un sourire en coin en répondant :

 

_ Comme toi, j'ai une confiance aveugle en ma magie. Elle t'a choisi comme lié et c'est quelque chose que je n'espérait pas avoir la chance d'avoir un jour. Je veux que cette relation fonctionne, donc je vais faire un effort pour comprendre ton point de vue et essayer de m'y adapter. De plus, je n'aime pas l'ignorance, donc me renseigner avant de haïr sans savoir ne sera pas une épreuve insurmontable.

 

Alvis lui rendit son sourire et baissa la tête pour mieux se blottir contre lui.

 

_ J'aimerais aussi que cette relation fonctionne. Je vais essayer de comprendre ton point de vue, aussi. Je sais qu'une bonne relation est basée sur la communication et les compromis.

 

Il passa une main dans les cheveux de son mortel pour essayer de les recoiffer en demandant :

 

_ Parles-tu d'expérience ?

 

Alvis eu un reniflement amusé.

 

_ J'ai eu quelques relations désastreuses. C'pour ça que j'ai fini par choisir le célibat jusqu'à ce que je trouve quelqu'un qui en vaut la peine.

 

Il se retint de déglutir avant de demander :

 

_ Et tu penses que j'en vaux la peine ?

_ Oui. Ma magie t'apprécie. Et je t'apprécie.

 

Il serra un peu plus l'homme contre lui, tout en faisant attention à sa force. Il allait définitivement tout faire pour ne pas gâcher cette chance. Il voulait que ça fonctionne. Aussi frustrant qu'il soit, Alvis était aussi quelqu'un qu'il pouvait voir à ses côtés pour les millénaires à venir. Le chaos qu'il provoquait dans son sillage n'y était pas pour rien non plus. Il pouvait presque comprendre ce que ressentaient ceux qui se retrouvaient de l'autre côté de son propre chaos. Il avait hâte de voir le genre de migraine qu'Alvis provoquera sur Asgard, lorsqu'il aura trouvé comment l'y introduire sans risquer de le voir tuer pour sa relation avec lui.

 

_ Peux-tu finir de me donner les détails de ta troisième année ?

_ On était allé rendre visite à Hagrid pour le soutenir, vu que c'était son hippogriffe qui allait être exécuté. Sirius était après le rat de Ron, qui s'est avéré être le traître qui se cachait dans sa famille sous sa forme animagus. Il l'a emmené avec lui dans un passage secret menant dans une maison à l'abandon du village. On l'a suivi. On a découvert que le rat était le traître, mais j'ai convaincu Sirius et Remus, qui était professeur à l'école cette année-là, de ne pas le tuer, afin de le livrer aux autorités pour obtenir la libération de Sirius. Sauf que lorsqu'on est sorti, la nuit était tombée et Remus avait oublié de prendre sa potion lui permettant de garder le contrôle après sa transformation, donc lorsqu'il s'est transformé, Sirius a pris sa forme animagus pour l'éloigner de nous. Les animaux, et donc les animagus, ne sont pas affectés par la morsure d'un loup-garou. Il s'est passé d'autre trucs, mais au final, Sirius et moi, on s'est retrouvé sur la rive du lac et des centaines de détraqueurs ont débarqué.

 

Il se figea à ça et resserra un peu trop sa prise, faisant grogner l'homme. Il le relâcha assez pour ne plus lui faire de mal et lança un rapide sort de diagnostique pour être certain de ne rien lui avoir cassé. Il fut soulagé de constater que ce n'était pas le cas, tout en utilisant un sort pour l'empêcher d'avoir un bleu là où il l'avait tenu.

 

_ Toutes mes excuses.

_ Ce n'est rien. Pour en revenir à l'histoire, j'ai essayé d'utiliser le patronus, que j'avais commencé à apprendre cette année, mais je n'y suis pas arrivé.

_ Le patronus ?

_ Le seul sort pouvant repousser des détraqueurs. Il peut aussi servir contre des Moremplis. Il invoque un esprit gardien protecteur fait d'émotions positives.

 

Ceci expliquait pourquoi il n'en avait pas entendu parler, il s'agissait d'un sort très spécifique, pour une situation tout aussi spécifique. Cependant, ce serait intéressant de l'apprendre, peut-être pourrait-il être utile contre d'autres créatures des neuf.

 

_ Dans tous les cas, j'ai aperçu quelqu'un sur la rive d'en face et j'ai d'abord cru qu'il s'agissait de mon père, comme je lui ressemblais comme deux gouttes d'eau, et un patronus est apparu et a repoussé tous les détraqueurs. Ce n'est que quand je me suis retrouvé sur l'autre rive, dans le passé, que j'ai compris que ce n'était pas mon père que j'avais vu, mais moi-même. Et j'ai réussi à faire le patronus, parce que je savais que je l'avais déjà fait. Après ça, on a utilisé l'hippogriffe pour voler jusqu'à la fenêtre de la tour où Sirius était enfermé et le libérer, pour qu'il puisse s'enfuir sur son dos.

_ Je vois...

 

Il secoua la tête avec un léger rire incrédule.

 

_ Tu as eu une scolarité intéressante...

 

Alvis eu un reniflement amer.

 

_ C'est une façon de la décrire.

 

Ils restèrent silencieux un moment, le soleil poursuivant sa lente descente à l'horizon. Loki finit par se relever pour s'asseoir en face de son compagnon.

 

_ Tu allais me parler de la magie temporelle.

 

Les yeux d'Alvis s'illuminèrent de nouveau et il demanda :

 

_ Que sais-tu du transplanage ?

_ Quasiment rien, considérant que je n'ai aucun besoin d'apprendre une méthode de téléportation aussi barbare.

 

Alvis hocha la tête, sans perdre son enthousiasme.

 

_ Compréhensible. Le transplanage, et toutes les formes de téléportation, vraiment, permet d'aller d'un point A à un point B instantanément, c'est à dire, compresser une large distance pour qu'elle soit parcourue en une fraction de seconde. Il y a toujours une notion de temps et d'espace dans ce genre de sort. Ou plutôt, ce genre de méthode de transport. Dans le cas du transplanage, la magie du sorcier protège son corps pour qu'il puisse arriver en un morceau, en le figeant temporairement dans le temps. C'est presque instinctif, considérant que quasiment personne, en dehors de ceux ayant étudié le sort en profondeur, ne s'en rend compte ! C'est aussi pour cela que rattacher des morceaux perdus lors de la transition est plus facile, que si on avait utilisé un sort de découpe. Le morceau est détaché spatialement, mais pas temporellement.

 

Il hocha la tête, jusque là, ça faisait sens. Il se demandait si cela s'appliquait aussi à sa méthode de téléportation et aux portails entre les mondes.

 

_ Pour les portoloins, la magie de l’enchantement et la magie du sorcier collaborent pour garder la personne entière lors du trajet, même si c'est très inconfortable et prend plus de temps que le transplanage.

_ Dans les deux cas, tu parles de garder le corps intacte.

_ Exactement ! Notre magie sait à quoi on ressemble, donc elle arrive à nous amener au lieu voulu en nous gardant comme on est sensé être. On ne laisse des morceaux derrière que si on ne se concentre pas assez et notre magie ne recouvre pas assez notre corps, c'est pour cela que le transplanage d'escorte pose toujours plus de risques, car la magie de celui qui le fait doit aussi couvrir le passager.

 

Il inclina la tête, absolument fasciné par ce qu'il racontait.

 

_ Quel est le lien avec les portails ?

_ J'y viens. Ils sont inspirés des armoires à disparaître. Sais-tu pourquoi elles ne sont pas plus répandues, malgré leur efficacité ?

_ Elles ne permettent le voyage qu'entre deux points fixent ?

_ On pourrait le croire, mais non. L'armoire a été inventée en 1913 par Seth Brundle. Cependant, ses premiers essais ont résultés en des animaux qui arrivaient en morceaux, comme notre pauvre lapin. La magie de l'armoire savait qu'il fallait amener le contenu de l'une à l'autre, mais n'arrivait pas à comprendre sous quelle forme. Ou plutôt, le corps est constamment en mouvement, même si l'on ne bouge pas, nos organes fonctionnent et notre temporalité avance. C'est ce mouvement qui perturbe l'armoire et fait arriver les morceaux mal assemblés.

 

Alvis fronça les sourcils et se gratta le coin de la lèvre, au niveau de sa cicatrice.

 

_ Je ne sais pas si je suis clair.

_ Si. La magie ne peut pas transférer un corps en mouvement, car le mouvement perturbe la place des particules composant le corps dans l'espace. C'est comme si la téléportation dématérialisait le corps, pour le reconstruire à la sortie, mais comme il est en mouvement, il est mal reconstruit. C'est vraiment intéressant comme concept.

 

Alvis lui fit un large sourire en hochant vivement la tête.

 

_ Exactement ! L'histoire après ça est un peu confuse, car on a juste les observations de son assistante, Aurora Hawthorn. Il aurait bu trop d'alcool en constatant que son idée ne fonctionnait pas comme prévu, aurait fini par entrer dans l'armoire avec une mouche, et serait mort en sortant de l'autre, son organisme ayant fusionné avec l'insecte. Les nomajs ont même fait un film d'horreur sur le sujet. Je préfère Alien, mais il n'est pas mauvais non plus.

 

Loki grimaça à l'idée d'un film sur le sujet, mais laissa passer. Clairement, son compagnons avait des goûts discutables.

 

_ Je présume que Hawthorn a réussi à rendre l'idée viable.

_ Exactement ! Elle a repris le projet et remarqué que, contrairement au transplanage, aucune magie ne couvrait le corps du sujet pour le protéger du déplacement instantané, ce qui conduisait au problème. Donc elle a créé une matrice de stase temporelle, qui porte encore aujourd'hui son nom. Elle gel le corps dans le temps, durant le transfert, ce qui l'immobilise et coupe le problème de mouvement involontaire ! Et comme il est figé dans le temps, il ne peut pas être modifié, ce qui veut dire qu'il arrive intacte de l'autre côté. Et les gens ne se rendent même pas compte du gel !

 

Loki hocha la tête, comprenant enfin où il voulait en venir. Cependant, il pouvait voir des problèmes avec cette solution.

 

_ Une solution ingénieuse, cependant, cela ne pose-t-il pas des problèmes si la matrice est mal appliquée ou défectueuse ?

_ Si. Il existe plusieurs cas de déplacements temporels où des gens sont entrés dans une armoire pour ressortir de l'autre plusieurs heures, jours, ou mois plus tard. Il existe même deux cas où le décalage se comptait en années. On a rajouté, en 1919, une clause dans les protocoles concernant les déplacements temporels, juste pour les armoires à disparaître, car les deux personnes concernées avaient été déclarées mortes et avaient eu beaucoup de difficultés à récupérer leurs possessions. Et je sais qu'une personne s'est retrouvée bloquée dans l'espace entre deux armoires, dont une était cassée, et n'a réussi à s'en tirer qu'en transplanant, même si cela l'a conduit à être hospitalisé pendant un moment. C'est ce qui les rend si peu populaire.

_ Je vois... Et tu souhaites ajouter cette matrice à tes miroirs.

 

Il hocha la tête.

 

_ Le principe est le même. Le miroir décompose et recompose le corps, mais ne sait pas comment gérer des corps en mouvement, donc il faut tout figer pour que ça fonctionne.

 

Il reprit son matériel de sculpture et s'intéressa de nouveau au dos de ses miroirs. Loki le regarda faire un moment en tournant la problématique dans sa tête.

 

_ Pourquoi ne pas utiliser un enchantement provoquant la paralysie ?

_ C'est un bon moyen de tuer ceux qui passent au travers.

 

Il leva un sourcil et Alvis expliqua :

 

_ Un sort de paralysie ne tuant pas la cible, laisse les organes fonctionner, et c'est eux le problème principal. Donc pour qu'un enchantement de paralysie fonctionne, il faudrait tout paralyser, ce qui arrêterait le cœur et le cerveau. Donc, à moins de pouvoir tout redémarrer de l'autre côté, c'est un moyen assuré de tuer quelqu'un.

 

Il grimaça, n'ayant pas vu ce point évident. Il fallait arrêter tout le corps... Mais il ne pouvait pas le faire de façon à faire cesser tout fonctionnement vital. Il se passa tous les sorts de stase qu'il connaissait, mais aucun ne pourrait fonctionner dans ce cas. Figer le corps dans le temps semblait effectivement la meilleure solution, même avec les risques que cela encourait.

Il resta silencieux alors qu'il observait son compagnon travailler. Alvis avait des expressions vraiment intéressantes pendant qu'il enchantait quelque chose. Concentré, mais aussi joyeux et plein de vie, ça se voyait sur son visage qu'il aimait ce qu'il faisait. Et Loki ne pouvait que le comprendre, il aimait aussi la magie et en faire. Il aimait découvrir de nouveaux sorts et les apprendre, ou en discuter la théorie lorsqu'ils n'appartenaient pas aux domaines dans lesquels il était le plus compétent. La magie était ce qu'il y avait de plus merveilleux dans les neufs royaumes, et Alvis comprenait ça.

Le soleil était couché depuis quelques minutes et leur clairière éclairée par des globes de magies, lorsque le mortel termina son travail. Ils se levèrent, Alvis attrapa un autre lapin et commenta :

 

_ On va bien voir si Civet survit cette fois.

 

Loki eu un sourire amusé.

 

_ Civet ? Comment s’appelaient donc les deux autres ?

_ Ragoût et Brochette, répondit joyeusement Alvis.

 

Puis, il lança le lapin. Il ressortit de l'autre côté en un seul morceau et son compagnon le fit aussitôt léviter vers eux. Quelques sorts plus tard, il hocha la tête, satisfait.

 

_ Tout est en ordre. Je n'ai plus qu'à voir s'il vieillit prématurément ou non.

 

Il le déposa dans une nouvelle cage, sur laquelle il laissa un mot indiquant ce qu'il avait fait avec. Il se tourna ensuite vers Fumi, qui était perché sur une branche d'un arbre et demanda :

 

_ Fumi ? Est-ce que tu veux m'aider à tester...

 

L'oiseau écarquilla les yeux et disparut dans une gerbe de flammes avant qu'Alvis ne puisse terminer sa phrase. Il resta silencieux un moment, avant de crier :

 

_ Espèce de lâche !

 

Loki le fixa avec incrédulité et demanda :

 

_ Combien de fois l'as-tu tué avec tes expériences pour qu'il réagisse ainsi ?

 

Alvis se gratta l'arrière de la tête et détourna le regard.

 

_ Euh... Tu ne veux pas savoir.

 

Il frappa dans ses mains avec un large sourire et leva les bras au ciel en signe de victoire.

 

_ Premier prototype finit et fonctionnel !

 

Il lui céda le changement de sujet et inclina la tête vers lui avec un sourire.

 

_ Mes félicitations, Alvis.

 

Son sourire s'agrandit en l'entendant, avant qu'il ne commence à ranger ses affaires dans son sac.

 

_ Pourquoi seulement un prototype ?

_ Je dois encore trouver tous les problèmes qu'il peut y avoir avec le portail lui-même, puis comment le relier à un réseau afin de pouvoir choisir sa destination, puis déterminer les enchantements de sécurité qui peuvent être placés dessus pour empêcher les passages non-autorisé, entre autres, et enfin tout faire breveter avant de pouvoir les commercialiser. J'en ai encore pour plusieurs mois de travail. Cependant, le plus dur est fait, je sais qu'ils fonctionnent ! Le reste est juste du détail.

 

Il hocha la tête, ça faisait sens. Alvis finit de tout ranger et mit son sac en bandoulière. Il vérifia ensuite sa montre à gousset et grimaça.

 

_ Je suis en retard pour récupérer les gamins...

 

Il se tourna vers lui, tout en sortant son double-anneau de sa poche.

 

_ Viens-tu avec moi ?

_ Oui.

 

Il avait déjà fait ses arrangements habituels avec Cerydwen, donc il pouvait passer les heures qu'il lui restait avec son lié. Ils passèrent le portail pour se retrouver dans le jardin d'une maison de ville. Alvis se dirigea aussitôt vers la porte de derrière et y frappa doucement. Une femme vint leur ouvrir et sourit en les voyant.

 

_ Alvis, on commençait à se demander s'il vous était arrivé quelque chose.

_ Ah, désolé Emma, j'ai perdu la notion du temps en travaillant sur un projet.

 

Elle eut un sourire amusé à ça et répondit :

 

_ Je peux comprendre, ça nous arrive aussi. Qui est votre ami ?

_ Logan Luring, répondit Loki avec un sourire charmeur.

 

Il tendit la main et elle la serra sans hésiter.

 

_ Emma Granger, enchantée.

_ Logan reste chez moi en ce moment et m'aidait avec mon projet, donc il est venu avec moi, expliqua Alvis.

 

Madame Granger hocha la tête et s'écarta pour les laisser passer.

 

_ Les garçons ont-ils été sages ?

_ Oh oui, même jeune Draco. Il a posé beaucoup de questions, mais on a l'habitude avec Hermione. Et ils ont tous les deux aimé le musé.

_ Tant mieux. J'avais peur qu'il ne puisse pas s'entendre avec Hermione.

 

Madame Granger eu un léger rire, en secouant la tête.

 

_ Au début peut-être, mais Hermione a évoqué les origines de son nom et ils ont passé la dernière heure à parler théâtre.

 

Elle les conduisit dans le salon où trois enfants, dont Harry, se trouvaient. Ce dernier était assis dans le canapé avec sa peluche dans les bras, et regardait les deux autres se réciter les répliques d'une pièce. Si Loki ne se trompait pas, il s'agissait de « Le songe d'une nuit d'été » de Shakespeare. Alvis eu un sourire amusé, avant de s'insérer dans la conversation avec sa propre réplique :

 

_ Tout ce que j'ai à vous dire, c'est pour vous déclarer que cette lanterne est la lune ; que moi, je suis l'homme dans la lune, que ce fagot d'épine est mon fagot d'épine ; et que ce chien est mon chien.

 

Les trois enfants se tournèrent vers lui et Harry se leva aussitôt du canapé pour se précipiter vers lui.

 

_ Oncle Al !

 

Alvis rit en le rattrapant et en le soulevant avec aisance pour le caler sur sa hanche.

 

_ Hey Champ' ! Tu as passé une bonne journée ?

 

Il hocha vivement la tête, avant de grimacer en regardant Hermione et Draco.

 

_ Oui, mais Hermione et Draco ont passé une éternité sur le théâtre ! C'est barbant !

 

Alvis rit de nouveau, alors que les deux autres enfants se rapprochaient.

 

_ Oncle Al, salua Hermione. Et Harry, ce n'est pas barbant !

 

Draco inclina la tête vers Alvis et le salua à son tour, avant de se tourner vers son cousin.

 

_ Tu dois bien avoir remarqué que Oncle Alvis vient de réciter de tête l'une des répliques, donc cela veut dire qu'il connaît la pièce et est aussi barbant que nous.

 

Harry écarquilla les yeux et fixa Alvis avec un air trahit.

 

_ Oncle Al !

 

Il se reçu pour toute réponse un autre éclat de rire et un haussement d'épaule.

 

_ Que veux-tu que je te dise, j'aime le travail du barde. Et j'avoue avoir écrit quelques recueils de poésie.

 

Harry le regarda avec un air encore plus trahit et horrifié, avant de montrer qu'il voulait descendre, Alvis le laissa retourner à terre, alors que Hermione se rapprochait avec excitation.

 

_ Vraiment, oncle Al ?

 

Loki était lui aussi surpris, il leva un sourcil vers son ami et commenta :

 

_ Je ne m'attendais pas à ce que tu aimes la poésie.

 

Alvis se gratta la cicatrice au coin de la lèvre en répondant :

 

_ J'ai commencé à m'y intéresser lorsque j'avais quinze ans et deux amis ont fait une farce empêchant tout le monde de parler, si ce n'est par sonnets, pendant une semaine.

 

Hermione attira son attention en tirant sur sa manche.

 

_ Pourrais-je lire vos recueils ?

 

Alvis cligna les yeux, avant de rire en secouant la tête.

 

_ Oh Merlin non ! Tu es beaucoup trop jeune pour les lire.

 

Elle se renfrogna et Loki pouvait voir qu'elle n'allait pas facilement lâcher l'affaire.

 

_ Je suis capable de comprendre des textes compliqués.

_ Oh de ça, je ne doute pas. Cependant, mes recueils ne sont pas pour les enfants.

 

Monsieur Granger choisit ce moment pour descendre de l'étage et leva un sourcil en direction d'Alvis.

 

_ Vous écrivez de la littérature adulte ?

_ De la poésie, oui.

_ Et il ne veut pas me laisser lire, se plaignit la petite fille.

 

Madame Granger lui donna une tape sur l'épaule pour la réprimander et attirer son attention.

 

_ Et il fait très bien. Il est hors de question que tu lises ce genre de chose avant d'être toi-même adulte.

_ Mais... !

 

Harry lui saisit la main et secoua la tête.

 

_ Hermione, si Oncle Al dit de ne pas faire quelque chose, c'est qu'il a de bonnes raisons. Donc laisse tomber pour le moment, tu pourras les lire quand t'auras dix-sept ans.

 

Draco hocha la tête à côté de lui.

 

_ Désobéir à Oncle Alvis n'est pas une bonne idée.

 

Loki retint un sourie amusé en le voyant frotter les cicatrices pâles sur son bras. Il avait bien appris sa leçon. Hermione se renfrogna, mais finit par soupirer en laissant tomber ses épaules.

 

_ Très bien, grommela-t-elle.

 

Après cela, ils dirent au revoir à la famille et repartirent avec les garçons à travers un autre portail.

Le dîné fut passé à écouter les enfants raconter leur journée. Loki se rendit compte au moment du dessert, qu'être avec Alvis voulait dire aussi être responsable pour ses enfants. Il ne savait pas encore quoi en penser et choisit de mettre le dilemme de côté pour l'instant. Il avait toute une année pour se faire à l'idée et décider comment il allait gérer cette situation.

Ce ne fut que lorsqu'ils se préparaient pour se coucher, qu'il lui vint à l'esprit que son lié pourrait vouloir des enfants biologiques. Il se figea en se glissant dans le lit et fixa Alvis, qui s'arrêta aussi dans ses mouvements en le fixant.

 

_ Loki ? Tout va bien ?

 

Il hocha la tête et finit de se glisser sous les couvertures, assit contre la tête de lit.

 

_ Je viens juste de me rendre compte qu'être avec toi voulait aussi dire s'occuper de tes neveux. Et que tu pourrais vouloir avoir des enfants biologiques.

 

Alvis grimaça et s'assit en tailleur en face de lui pour pouvoir lui parler face à face.

 

_ Oui, je ferais toujours passer les enfants et premier et je préférerais si tu faisais un effort pour faire partie de leur vie.

 

Il hocha la tête.

 

_ Je comprends et vais faire de mon mieux lorsque je serais là.

 

Alvis lui sourit doucement, avant de grimacer de nouveau.

 

_ Quant à vouloir des enfants... Ce n'est pas possible.

_ Pourquoi cela ? Je ne sais pas si j'en aurais envie, mais je sais que je peux porter des enfants.

 

Alvis secoua la tête en se tenant le ventre.

 

_ Ce n'est pas de ça que je parle. Lorsque j'avais vingt-trois ans, je me suis pris une malédiction qui m'a rendu incapable d'avoir des enfants. Je n'ai jamais trouvé de moyen de réparer les dégâts...

_ Oh.

 

Il ouvrit les bras et Alvis s'y glissa sans hésiter. C'était très clairement un sujet sensible qui faisait toujours mal à l'autre homme. Ce qui voulait dire qu'il voulait vraiment des enfants...

 

_ Tu sais, peut-être que si j'arrive à t'obtenir une pomme doré, elle pourrait soigner ça. Et si ça n'est pas suffisant, Thor est le dieu de la fertilité. Il néglige peut-être beaucoup de ses devoirs, mais lorsqu'un couple n'arrivant pas à concevoir lui demande une bénédiction, il la donne toujours, et un enfant naît dans l'année qui vient. Je suis sûr qu'il aiderait pour nous. Je suis son frère et même s'il ne le montre que très mal, il tient à moi.

 

Alvis leva la tête vers lui et lui fit un sourire reconnaissant.

 

_ Ce serait... Merci.

_ Il n'y a pas de quoi.

 

Ils s'allongèrent proprement et éteignirent la lumière, avant de faire un effort pour dormir.

Ils furent réveillés au milieu de la nuit par des coups hésitants sur la porte. Alvis se leva et Loki essaya de se rendormir, sachant que ça devait être l'un des garçons. Lorsque son ami revint, il avait Harry dans les bras et le glissa dans le lit entre eux. Loki ne protesta pas et se contenta de passer son bras par-dessus l'enfant pour serrer la main de l'autre homme.

 

-sSs-

 

Harry fut réveillé par les rayons du soleil et se blottit un peu plus dans son oreiller. Il entendit un rire léger et se redressa aussitôt en se demandant pourquoi il y avait quelqu'un d'autre dans sa chambre. Puis, il se souvint qu'il avait fait un cauchemars où il était de retour chez les Dursley et avait osé aller voir si son oncle Al le laisserait dormir avec lui. Il savait que Dudley l'avait fait souvent avec ses parents, mais n'était pas certain s'il pouvait. Mais son oncle l'avait laissé dormir avec lui et avait même dit que si Monsieur Logan avait un problème avec sa présence, alors il pouvait partir, parce que Harry passait en premier.

Il chercha ses lunettes et sentit quelqu'un les mettre dans sa main. Il sourit à Monsieur Logan, alors qu'il les mettait sur son nez.

 

_ Bonjour, jeune Harry, murmura-t-il.

 

Harry se demanda pourquoi il parlait si bas, jusqu'à ce qu'il n'entende un bruit sous lui et ne baisse les yeux. Il était sur son oncle Al ! Et il dormait toujours à poings fermés. Il se tourna vers Monsieur Logan et sourit timidement.

 

_ Bonjour, Monsieur Logan.

_ Juste Logan.

 

Il hocha la tête, puis jeta de nouveau un regard à son oncle. Il cligna des yeux en apercevant quelque chose sur son front et tendit la main avec hésitation. Il écarta les cheveux de l'homme et écarquilla les yeux et prit une brusque inspiration en voyant une cicatrice identique à la sienne. Hermione avait appelé ça une cicatrice de Lichtenberg et lui avait montré un livre sur le sujet. Il savait que la sienne n'était pas faite par la foudre, mais un mauvais sort dont ses parents l'avaient protégé, mais la forme était la même. Il traça doucement la marque sur leurs deux fronts, pour confirmer qu'elles étaient pareils. Une main attrapa soudainement la sienne et il baissa les yeux pour tomber dans ceux vagues de son oncle. Il était vraiment du même vert que les siens.

 

_ Oncle Al ?

_ Oui, Harry ?

_ Pourquoi t'as la même cicatrice que moi ?

 

Il se figea en se rendant compte qu'il l'avait tutoyé, au lieu de le vouvoyer. Il avait fait l'erreur une fois avec son oncle Vernon et n'avait plus jamais recommencé. Est-ce qu'il allait être puni ? Cependant, son oncle Alvis ne réagit pas et répondit à sa question comme s'il n'avait pas fait de bêtises.

 

_ Parce que j'ai survécu à la même chose que toi.

_ Oh !

 

Il fronça les sourcils. Il n'avait pas l'air de mentir, et son oncle essayait toujours d'être honnête avec lui, alors pourquoi avait-il l'impression que ce n'était pas la bonne réponse ?

 

_ Mais je pensais que c'était super rare.

_ C'est vrai.

 

Il fit une moue boudeuse. Puis hésita, avant de retenter le tutoiement :

 

_ Tu ne réponds pas à la question.

 

Son oncle ne réagit toujours pas et répondit calmement :

 

_ C'est un secret, que je partagerais lorsque tu seras plus grand. Je te promet.

 

Harry hésita, avant de hocher la tête. Il n'aimait pas attendre, mais son oncle Al avait toujours de bonnes raisons pour faire des trucs et interdire des choses. Donc il allait lui faire confiance.

 

_ D'accord.

_ Merveilleux. Peux-tu te lever ? Je dois aller aux toilettes.

 

Il descendit aussitôt de son oncle et retourna dans sa propre chambre parce qu'il avait aussi envie d'aller aux toilettes.

Loki regarda l'enfant partir avec un sourire amusé. Il attendit qu'Alvis ne sorte de la salle de bain pour se lever et se changer d'un mouvement de main.

 

_ Je vais devoir y aller rapidement. Je n'ai plus beaucoup de temps.

 

Alvis hocha la tête avec réticence.

 

_ On peut aller au temple maintenant, ou as-tu le temps de manger ?

 

Il hésita, puis secoua la tête.

 

_ Je mangerais sur Asgard. Cependant, avant de partir, pourrais-je avoir une copie de tous les livres que tu as écris ?

 

Alvis cligna les yeux, avant de hocher la tête.

 

_ Oui, pas de problèmes.

 

Puis, il eut un rictus amusé et légèrement pervers avant de demander :

 

_ Même la poésie érotique ?

_ Oui, répondit-il avec le même rictus emplit de sous-entendu.

 

Il était vraiment curieux du genre de littérature qu'il écrivait. Alvis sortit une pile de livres de son sac que Loki rangea dans sa poche dimensionnelle, avec le carnet à double entrée et le miroir de communication que son ami lui avait déjà fournis. Il ouvrit ensuite un portail et leva un sourcil vers l'autre homme :

 

_ Viens-tu ?

 

Alvis acquiesça et ils passèrent le portail pour se retrouver dans l'espace réservé au Bifröst, dissimulé et protégé par Loki et Cerydwen. Loki se tourna vers Alvis pour lui dire au revoir, mais fut réduit au silence lorsque des lèvres se posèrent sur les siennes. Après l'instant de surprise initial, il enserra la taille de l'autre homme de ses bras et lui répondit avec enthousiasme. Alvis passa une main dans ses cheveux et l'autre descendit pour lui serrer une fesse et le rapprocher encore plus. Il grogna et son lié en profita pour approfondir le baiser. Et oh, Loki pouvait penser à beaucoup de choses qu'une langue aussi talentueuse pouvait faire d'autre.

Lorsqu'ils se séparèrent, ils étaient à bout de souffle et Loki regrettaient vraiment de devoir partir. Il voulu se rapprocher de nouveau pour un autre baiser, mais Alvis se recula brusquement avec un sourire joueur, lui fit un clin d’œil, et transplana.

 

Forward
Sign in to leave a review.