
Famille
Loki : Je vais te tuer.
Alvis : Une petite mort, j'espère.
Loki : Je ne pense pas connaître cette expression midgardienne.
Alvis : En français, « une petite mort » peut aussi désigner l'orgasme.
Loki : Alors non, celles-là seront pour moi. Toi, il faudra me supplier.
Alvis : Page 23 du livre sur la magie domestique.
…
Loki : Tu as écris un livre de 200 pages sur la magie de sexe ? Où as-tu appris tout ça ?!
Alvis : J'ai passé un mois avec une paire de jumelles succubes pour pouvoir accéder à un site.
…
Alvis : Loki ?
Loki : Tu... Pourquoi suis-je surpris ? Que n'as-tu donc pas fait pour accéder à un site ?
Alvis : Vendu mon premier né potentiel et fait du mal à des enfants.
Loki : Donc, sacrifice humain ?
Alvis : Criminels qui ne manqueront à personne.
Loki : Vendre ton âme à un démon ?
Alvis : Elle appartient déjà à Mort. Mais, j'ai effectivement vendu le phylactère d'une liche, que je comptais détruire après l'avoir étudié, à un démon pour le convaincre de se barrer. Après tout, il était en ma possession, donc mon âme.
Loki : Évidemment. Je vais lire ce livre.
Alvis : Bonne lecture !
Loki : Ne t'avise plus de me frustrer ainsi. Ou tu le regretteras.
Alvis : Pour ma défense, j'ai flippé sur mes instincts.
Loki : Plaît-il ? Quels instincts ?
Alvis : Ceux de nundu. Les animagus développent les instincts de l'animal dont ils prennent la forme. Et Minos est très souvent à la surface en ce moment.
Loki : Je n'ai pas ce genre de problème avec mes formes, considérant qu'il s'agit uniquement d'un changement physique, pas mental. C'est comme changer de tenue, mais avec mon corps. Minos ?
Alvis : Tradition de ma famille. On nomme notre forme animagus.
Loki : Et tu as nommé la tienne après le mythe du minotaure ?
Alvis : Oh non ! Sirius a vu ma forme et m'a aussitôt baptisé Minos. Parce que ça ressemble à minou, qui est un mot affectif pour chat ou chaton, ainsi qu'à « minus » et « menos », qui veulent dire « petit ».
Loki : Ton parrain a vu la bête absolument massive dont tu peux prendre la forme, et l'a aussitôt surnommée « petit chat » ?
Alvis : Son sens de l'humour était très discutable, mais comme il est mort pour me sauver la vie...
Loki : Compréhensible. Je pensais que ton parrain était mort lorsque tu avais quinze ans ?
Alvis : Pierre de résurrection.
Loki : J'avais oublié ce détail. Tu parlais de tes instincts ?
Alvis : Oui. Je voulais juste t'embrasser et te dire au revoir proprement, et puis j'ai eu l'envie soudaine et irrépressible de te marquer pour m'assurer que personne ne se fasse d'idées. Tout en sentant que j'allais faire une transformation partielle, par accident. Et ce n'est jamais arrivé jusque maintenant ! La transformation partielle quand je suis émotionnel, oui, les instincts qui crient « à moi ! À moi ! À moi ! » en boucle, non. Et pourtant je sais que je suis possessif de base. Donc je suis parti. Même si j'avoue que ta tête était hilarante.
Loki : Est-ce normal pour un nundu ?
Alvis : J'en sais rien ! Lorsque j'ai obtenu ma forme, j'ai recherché tout ce qu'on savait sur eux, ce qui est quasiment rien. Même Scamander ne sait presque rien sur eux ! Ils sont tellement rares et dangereux que personne n'a jamais pu les étudier, que ce soit dans leur habitat naturel ou en captivité, donc on ne sait rien de leurs habitudes de reproductions. Et le temps que je devienne un animagus, j'avais déjà décidé de ne pas m'embêter avec une relation tant que je n'aurais pas trouvé quelqu'un qui en vaut la peine.
Loki :Donc tu ne sais pas ce qu'il se passe et tes instincts sont sur-stimulés.
Alvis : Oui. Enfin, comme je te l'ai dit, Minos est beaucoup plus près de la surface que d'ordinaire, depuis que je suis arrivé dans ce monde, surtout parce que je suis en Angleterre, mais aussi parce que je suis une épave émotionnelle en ce moment.
Loki : Je vois. Je ne sais pas ce que je peux faire pour t'aider, je n'ai jamais eu affaire à ce genre de problème par le passé.
Alvis : Je sais, ne t'en fait pas. Je vais juste... Me calmer et examiner la situation.
Loki : Bien. Et pour ton information, je n'ai pas l'intention d'aller voir ailleurs maintenant que je t'ai, toi.
Alvis : Je sais. Tu es loyal. Et je n'en ai pas l'intention non plus. Et wow... Rien que l'idée provoque un rejet viscéral de la part de mes instincts. Définitivement examiner ça de plus près...
Loki : Dûment noté. Je vais devoir partir, cependant, je tiens à t'informer que cela ne me dérangerais pas si tu me marquais comme tiens.
Alvis : Merci pour ça, Minos ne va pas la fermer jusqu'à ce que j'arrive à mettre la main sur toi pour te mordre... J'espère vraiment que ma forme ne va pas soudainement se mettre à provoquer des ruts...
Loki : Cela t'apprendra à me frustrer.
Alvis : Dûment noté.
-sSs-
Molly finit de nettoyer la table de la cuisine pour la troisième fois, tout en jetant des coups d’œil à l'horloge. Elle sentit son mari s'approcher dans son dos avant qu'il ne la prenne doucement dans ses bras.
_ Molly calme-toi. Tout va bien se passer.
Elle se laissa aller contre lui un instant, avant de se tourner vers lui en se triturant les mains.
_ Comment peux-tu en être certain ? Tu as vu ce qu'il a fait aux enfants !
_ C'était un accident et il s'est excusé. De plus, j'ai parlé avec Professeur Dumbledore et il m'a affirmé que Lord Black était quelqu'un de bien, qui ne ferait jamais de mal à des enfants. Il est juste dans une mauvaise passe due à la mort de personnes dont il était proche.
Elle se sentit dégonfler en l'entendant. Il le lui avait déjà dit, mais elle ne pouvait pas oublier la frayeur d'avoir entendu que ses enfants s'étaient retrouvés aussi près d'un nundu adulte. Tout ça pour découvrir qu'il s'agissait en fait d'un animagus.
_ Notre famille doit être un aimant à animagus peu scrupuleux, murmura-t-elle.
Arthur grimaça, pensant clairement lui aussi à Croûtard, qui s'était avéré être un criminel sous sa forme animale. Si le département des Aurors n'avait pas obtenu cette information d'une source anonyme, qui sait combien de temps ce vil sorcier se serait caché parmi leurs enfants. Elle jeta un coup d’œil à l'horloge et fut soulagée de voir que les aiguilles n'avaient pas bougé de leurs places. Deux de ses enfants à l'école, les cinq autres à la maison, en sécurité.
Un cri retentit dehors et elle s'y précipita, Arthur sur les talons. Ses enfants étaient tous dans le jardin, devant la maison, là où ils étaient censés dégnomer. Leurs regards étaient braqués sur un homme non-loin du muret entourant leur propriété. Elle sentit son irritation monter en elle à sa vue, pensant qu'il avait encore fait peur à ses bébés. Puis, elle remarqua le petit garçon sur sa hanche, qui serrait contre lui une peluche aussi large que lui avec des mains tremblantes aux jointures blanches et dont le visage était enfoui dans le cou de l'homme. De son autre main, il tenait un gnome, à quelques centimètres de la tête de l'enfant. Il écarta lentement la main dans le silence, qui fut aussitôt brisé par Percy.
_ Oh Merlin ! Je suis tellement désolé !
Lord Black finit de baisser la main et fixa Percy avec un regard de chat, avant de sourire doucement en réajustant sa prise sur le garçon.
_ Ne t'en fait pas, petit, tu ne pouvais pas savoir que je transplanerais à ce moment-là. Il n'y a pas de mal.
Percy se détendit un petit peu et elle n'eut pas de mal à imaginer ce qu'il s'était passé. Le petit garçon, il devait avoir l'âge de Ron, releva lentement la tête du cou de l'adulte et elle se figea un instant. Il était le portrait craché de James Potter, avec les yeux de sa mère. Elle n'avait quasiment aucun doute sur son identité et se demandait comment l'homme avait pu mettre la main sur lui. L'enfant regarda le gnome toujours dans la main de Lord Black et le pointa timidement.
_ Oncle Al ? Qu'est-ce que c'est ?
Oncle Al ? Peut-être était-il moins strict qu'un Lord sang-pur normal... Et il devait le traiter correctement, s'il était aussi confortable avec lui. Lord Black fixa son neveu, avant de lever de nouveau la main pour lui montrer le gnome, tout en s'avançant vers le portail menant à leur propriété.
_ C'est un gnome de jardin. Ce sont des nuisibles. L'une des façons de s'en débarrasser est de les faire tourner, pour les désorienter, avant de les lancer le plus loin possible. Ils mettent toujours du temps à retrouver le chemin du jardin.
_ Mais ça leur fait pas mal de tomber comme ça ?
_ Non, ils ont la tête solide.
Ils regardèrent tous les deux le gnome, qui s'efforçait d'essayer de mordre le gant de l'homme, qui eut un air blasé avant d'ajouter :
_ Ils sont aussi vraiment stupides.
Le petit garçon pouffa de rire, puis hocha sagement la tête, comme si ce qu'il venait d'entendre était une vérité absolue. Lord Black secoua la tête, fit tourner le gnome, et le lança à l'horizon. Puis, il reporta son attention sur le portique et toqua dessus deux fois.
_ Puis-je entrer ?
Arthur sembla se réveiller, car il s'avança vers le portail avec un sourire et offrit la main à leur visiteur.
_ Lord Black.
Il serra la main avec une grimace et grommela :
_ Juste Alvis, s'il vous plaît, monsieur Weasley. Nous sommes cousins à je ne sais quel degré.
Arthur hocha la tête et ouvrit le portail pour le laisser passer.
_ Juste Arthur, dans ce cas.
Il entra et posa le garçon à terre, qui se cacha promptement derrière ses jambes, sa peluche serrée contre lui. Le pauvre petit était si timide, ce qui était étonnant, considérant qui il était. Sûrement, il devrait avoir plus d'assurance que ça. Lord Black lui tapota doucement la tête avec un sourire indulgent, avant de se tourner vers Arthur.
_ J'espère que ça ne vous dérange pas si j'ai amené mon neveu ? Je ne voulais pas laisser Harry à la maison et il était curieux à propos d'autres enfants sorciers de son âge.
Arthur sourit et secoua la tête.
_ Ce n'est pas un problème.
Il s'accroupit et tendit la main à l'enfant.
_ Bonjour, Harry, je suis Arthur Weasley.
Harry le fixa une seconde avec méfiance, avant de sortir de derrière son oncle et serrer sa main.
_ Enchanté monsieur Weasley, je suis Harry Peverell.
Elle fronça les sourcils au nom et s'avança vers eux.
_ Peverell ?
Alvis se gratta l'arrière de la tête en acquiesçant avec un sourire maladroit, son regard passant rapidement sur ses enfants, qui les regardaient avec curiosité.
_ Oui, il est mon héritier du côté Peverell.
Arthur se releva en hochant la tête et posa une main sur son bras, comme il le faisait lorsqu'il voulait la calmer. Elle choisit de ne pas commenter plus, même si elle savait que ce n'était pas le nom de famille de l'enfant.
_ C'est compréhensible. Vous avez déjà rencontré ma femme, Molly ?
Alvis hocha la tête avec le même sourire maladroit.
_ Ah oui. Encore désolé pour l'autre fois, ma'am.
Elle soupira, mais lui tendit la main en se forçant à sourire.
_ Juste Molly. Et c'est pardonné, du temps que vous ne recommencez pas.
Il se baissa poliment pour effleurer ses phalanges de ses lèvres, comme le voulait l'étiquette. Puis, une fois redressé, il hocha fermement la tête en répondant :
_ Bien sûr.
_ Awe mais je voulais voir le nundu !
Ils se tournèrent vers Ginny avec surprise et elle se renfrogna.
_ Ginny, je te l'ai déjà dit, ce n'est pas quelque chose que tu devrais voir. Tu auras des cauchemars.
_ Euh...
Elle se tourna vers Alvis, qui se grattait la cicatrice au coin de la bouche.
_ Oui ?
_ La Gazette a pas publié un truc sur l'incident ? Je suis quasiment certain qu'un journaliste était présent et a pris des photos.
_ Maman veut pas nous laisser voir le journal, fit Ron.
Elle hocha la tête en croisant les bras.
_ C'est vrai.
Puis, elle fixa l'homme, perplexe.
_ Vous n'avez pas lu l'article ?
_ Non. Je ne reçois pas la Gazette, uniquement le Chicaneur, Le Monde Magique et la revue du GIBBS.
Il eut un sourire en coin et ajouta :
_ S'il se passe quelque chose d'intéressant dans la Gazette, Andy m'en informe. En général en me jetant sa copie au visage et en me demandant si je suis responsable.
Harry pouffa de rire juste à côté de lui et elle se renfrogna, elle ne voyait pas ce qu'il y avait d'amusant là-dedans. Il devrait se renseigner lui-même. Et se retrouver à la Une pour ses frasques ne devrait pas être une plaisanterie, c'était du sérieux.
_ Qu'est-ce que le Gibbs ?
Elle se tourna vers Percy qui fixait Alvis avec curiosité. Il recula cependant lorsque l'homme porta son attention sur lui.
_ Désolé.
Alvis pencha la tête sur le côté, l'image même d'un chat confus, avec ses pupilles verticales.
_ Pourquoi tu t'excuses ? Tu n'as rien fait de mal. Le GIBBS est la Guilde Internationale des Briseurs de Barrières et Sorts. Leur revue est la publication officielle des briseurs de sorts. Ils publient aussi nos livres, pour ceux d'entre nous qui prennent la peine d'en écrire.
Percy hocha la tête, sans le quitter des yeux, et dit :
_ C'est juste que vos yeux... J'ai lu qu'un animagus ne faisait une transformation partielle que quand il était émotionnel. Surtout s'il est en colère.
Alvis grimaça et se gratta de nouveau derrière la tête.
_ Ah oui, ça. C'est plus ou moins vrai. Définitivement la cause principale. Mais non, je ne suis pas irrité avec toi, ou aucun d'entre vous. J'étais déjà comme ça avant.
_ Ouais, oncle Al est juste pas content parce que oncle Logan est parti voir sa famille pour plusieurs mois, fit Harry.
Alvis baissa la tête et se pinça l'arrête du nez en grognant. Elle le fixa avec surprise en apprenant qu'il était marié. Ce n'était pas apparu dans la Gazette. D'un autre côté, les gens ne savaient que très peu de choses au sujet du nouveau Lord Black. Il n'apparaissait jamais en public, sauf pour créer des scandales. Comme son arrestation de Lucius Malefoy et trois autres Mangemorts. Ou l'incident avec sa forme animagus. Il était un mystère pour tout le monde.
_ Tu n'étais pas obligé de le préciser, Harry.
Le garçon sursauta, avant de se gratter l’arrière de la tête, gêné.
_ Désolé, oncle Al.
Alvis baissa soudainement la main et fixa le garçon avec surprise.
_ Oncle Logan ? Depuis quand tu l'appelles comme ça ?
Harry tritura le sol du bout de sa botte, tout en grattant le coin de sa bouche, avant de répondre :
_ Ba c'est ton amoureux, non ? C'est juste les amoureux qui dorment dans le même lit. Et il a dit de l'appeler juste Logan, mais ça serait pas poli, donc oncle Logan. Je devrais pas ?
Alvis éclata de rire et lui ébouriffa les cheveux.
_ Appelle-le comme ça lorsqu'il reviendra. Je veux voir sa tête.
Harry acquiesça avec un sourire rayonnant.
_ D'accord !
Elle allait parler, lorsque Ginny s'exclama :
_ Mais vous pouvez pas être avec un homme !
_ Ginny !
Elle se tourna vers sa fille, scandalisée. Bien sûr qu'il pouvait. D'où pouvait bien lui venir l'idée que non ? Alvis pencha la tête sur le côté et leva un sourcil.
_ Je ne vais pas discuter de ça avec une gamine de quatre ans.
_ J'ai cinq ans !
Il leva les yeux au ciel et répéta :
_ Je ne vais pas discuter de ma vie privée avec une gamine de cinq ans, et encore moins la lui justifier.
Elle hocha la tête, du côté du jeune homme sur ce point. Arthur s'accroupit devant leur fille et demanda :
_ Pourquoi dis-tu cela Ginny ?
_ Bah parce que les Lords dans les histoires se marient toujours avec des princesses et des Dames. Et il est un Lord.
Elle grogna, ce n'était pas... Elle échangea un regard avec Arthur, alors que Harry lançait :
_ Bien sûr qu'il peut ! Les livres ne sont pas la réalité !
_ Alors pourquoi ils disent tous ça ?
Alvis décida très clairement d'ignorer la dispute entre les deux enfants et se tourna vers elle avec le même sourire en coin maladroit qu'avant.
_ Comment s'appellent vos enfants, déjà ?
Elle jeta un autre coup d’œil à Arthur, qui essayait de calmer les enfants, et soupira en faisant signe à ses garçons de s'approcher.
_ C'est vrai que je ne vous les ai pas présentés, toutes mes excuses. Voici Percy, le plus vieux de ceux encore à la maison. Les jumeaux, Fred et George et Ron, mon plus jeune. Je suis désolée pour Ginny, je ne m'étais pas rendu compte qu'elle pensait comme cela.
_ Ce n'est rien, ne vous en faites pas pour ça.
Il se détourna d'elle pour s'accroupir devant le jumeaux, qui le regardaient avec curiosité et leur demanda d'une voix douce :
_ Donc, lequel de vous deux est lequel ?
Elle fut surprise par la question, en général, les gens ne cherchaient pas à savoir. Les garçons s'amusaient toujours à semer la confusion sur qui était qui et elle jouait le jeu le plus souvent, même si elle savait les distinguer. Elle leur avait donné naissance, après tout.
_ Pourquoi vous voulez savoir ?
_ Parce que c'est horrible d'être privé de son nom, de son identité. Je suis sûr que ça vous amuse de rendre les gens confus, mais ça ne veut pas dire que vous n'êtes jamais blessé lorsqu'on ne fait pas l'effort de vous distinguer. De vous traiter comme deux personnes, indépendantes l'une de l'autre. Juste Fred, et juste George.
Ses garçons échangèrent un regard, alors qu'elle portait les mains à sa bouche en retenant un sanglot. Si peu de personnes comprenaient ça. Que même s'ils étaient des jumeaux magiques, ils étaient différents. Peut-être qu'Alvis n'était pas si horrible... Harry se plaça à côté de son oncle pour fixer Fred et George et hocha la tête.
_ C'est vrai que c'est horrible quand on te prive de ton nom, de qui tu es... Les gens s'imaginent qui tu dois être, sans jamais te rencontrer ou chercher à te connaître, et ils sont pas contents quand t'es juste toi.
Elle se figea en l'entendant. Oh... C'était pour ça qu'il donnait un autre nom de famille. Elle avait fait ça, n'est-ce pas ? Elle avait tellement entendu parler de Harry Potter, lut les livres d'aventures à ses enfants, qu'elle s'était fait une idée de qui il devrait être et... Elle ne connaissait pas l'enfant devant elle. Comment pouvait-elle le priver de son identité comme cela ? Elle échangea un regard avec Arthur, qui avait un air sombre, mais déterminé. Il hocha la tête vers elle et elle raffermit sa décision. Ils allaient cesser de lire ces livres et donner une mauvaise image du garçon à leurs enfants.
_ Je suis Fred.
_ Et moi George.
Elle reporta son attention sur les jumeaux, qui avaient eux aussi pris leur décision. Alvis leur sourit avant de leur ébouriffer les cheveux, chacun leur tour, en disant leurs prénoms.
_ D'accord, Fred, George.
Puis, il porta son attention sur tous ses garçons et ajouta :
_ Enchanté de vous rencontrer tous les trois. Je suis Alvis Peverell Black.
_ Enchanté, Lord Peverell Black, fit Percy.
_ Ouais, enchanté, marmonna Ron.
Elle allait devoir lui parler au sujet de ses manières. Cependant, cette pensée sortit de son esprit face à la réponse choquante de Fred et George.
_ Enchantés, oncle Al !
Son sourire s'agrandit à l'appellation et Harry hocha la tête, satisfait.
_ Oncle Al est le meilleur !
Alvis eut un léger rire, avant de lui ébouriffer les cheveux.
_ Tu ne te disputes plus avec Ginny.
_ Elle est stupide et croit aux contes pour enfants !
Avant qu'un seul d'entre eux ne puisse s'offusquer avec force, Alvis lui donna une tape sur le nez.
_ Pas de ça, Harry. Elle n'est pas stupide, elle est naïve. Ce qui est normal à son âge, les enfants croient à ce genre de chose. Ils ignorent juste comment fonctionne le monde réel. Laisse-la grandir et apprendre.
Le garçon se frotta le nez en baissant la tête.
_ Oui, oncle Al. Je suis désolé.
_ Ce n'est pas à moi qu'il faut t'excuser.
Le garçon se tourna vers Ginny et s'inclina devant elle, tout en la fixant dans les yeux et dit :
_ Je suis désolé d'avoir dit que tu étais stupide. C'était pas gentil de ma part.
Elle croisa les bras avec un air hautain et répliqua :
_ Ton oncle est pire, il a dit que j'étais ignorante !
Alvis eut un reniflement amusé et rétorqua :
_ Petite, désolé de briser tes illusions, mais tous les gosses de ton âge sont des ignares. Harry aussi. C'est pour ça qu'on qualifie l'enfance de période d'apprentissage. Les adultes autour de vous sont censés vous apprendre tout ce que vous ne savez pas.
Le garçon hocha la tête sans hésiter.
_ Ouais, je sais pas plein de trucs ! Mais c'est okay, parce que oncle Al répond toujours à mes questions quand je sais pas, et m'explique toujours tout. Même si parfois il dit qu'il peut pas me répondre tout de suite et me dira plus tard, mais je sais qu'il a toujours une bonne raison, donc j’attends.
Elle se renfrogna et réfléchit à leurs paroles, avant de souffler du nez en croisant les bras et de dire :
_ Très bien, j'accepte tes excuses.
Puis, elle se tourna vers elle et demanda :
_ Un Lord peut vraiment être amoureux d'un autre homme ?
Elle s'accroupit et mit une main sur son épaule en hochant la tête.
_ Bien sûr. Un homme peut aimer un autre homme, tout comme une femme peut aimer une autre femme. C'est parfaitement acceptable et normal. L'amour n'est pas quelque chose qu'on contrôle, on aimera qui on aimera, sans distinction de genre. Je sais que tes histoires sont de couples mixtes, mais ce n'est pas les seuls qui existent.
Elle hocha lentement la tête, même si elle avait toujours l'air un peu perdue.
_ Mais comment ils font pour avoir des bébés, alors ? Je pensais qu'il fallait un papa et une maman ?
Elle chercha comment répondre à cette question sans entrer dans les détails. Elle fut sauvée par le bruit d'un transplanage et se redressa aussitôt, une main sur sa baguette. Elle se figea en voyant Minerva McGonagall avec ses deux aînés, devant le portail. Ses autres enfants réagirent plus vites et s’écrièrent :
_ Bill ! Charlie !
Ils se précipitèrent vers le portail pour prendre leurs frères dans leurs bras. Elle les suivit avec Arthur en se demandant ce qu'ils faisaient là. Son mari la devança et s'arrêta devant la professeur avec un sourire.
_ Professeur McGonagall, merci de les avoir amenés.
_ Ce n'est rien, monsieur Weasley. Je passerais les récupérer vers la fin de l'après-midi.
Arthur hocha la tête et Ron lui épargna de devoir demander ce qu'il se passait en posant lui-même la question :
_ Qu'est-ce que vous faites là ?
_ J'ai demandé à Professeur Dumbledore si Bill pouvait participer à ma discussion avec Lord Black, considérant qu'il est l'aîné. Et ça me semblait injuste de le faire revenir pour la journée, sans inclure Charlie.
Il lui sourit, avec l'air qu'il avait toujours lorsqu'il lui faisait une surprise et elle lui rendit un sourire reconnaissant, avant de prendre ses garçons dans ses bras. Bill était encore un peu jeune à ses yeux, pour participer à ce genre de discussion, mais Arthur marquait un point. McGonagall se tourna vers la maison et leva un sourcil, avant de demander :
_ Monsieur Peverell, avez-vous un problème avec votre forme ?
Elle se tourna vers Alvis, qui les observait, appuyé contre le muret, Harry à ses côtés. Le jeune homme secoua la tête avec un sourire en coin, et se gratta le coin de la lèvre.
_ Ah, non. C'est juste mes instincts qui font des leurs depuis que mon lié est parti rendre visite à sa famille pour quelques mois.
Elle se figea au mot lié. Elle entendit Ginny prendre une inspiration surprise, avant qu'elle ne tire sur sa robe et ne murmure :
_ Comme dans les histoires d'âmes-sœurs ?
_ Oui.
_ Wow...
McGonagall leva un sourcil, avant de hocher la tête.
_ Vous devriez en parler à Albus, peut-être qu'il pourra vous aider.
_ Je comptais aller le voir plus tard, oui.
_ Bien. Vous pourrez en profiter pour jeter un œil au mur de la grande salle et au couloir du troisième étage de l'aile est.
Alvis prit aussitôt un air innocent qu'elle avait vu des centaines de fois sur les visages de Fred et George. Un coup d’œil à ses garçons montra leur intérêt soudain pour la conversation.
_ Oh ? S'est-il passé quelque chose ?
_ Quelqu'un, je suis sûre que vous savez qui, a peint une ode à Loki sur le mur de la grande salle et inversé la gravité dans l'un des couloirs. Aussi bien écrite que soit l'ode, on préférerait ne pas encourager les espiègleries des élèves. Et aussi fascinant que soit l'enchantement sur le couloir pour beaucoup d'entre nous, il reste une perturbation du bon fonctionnement de l'école.
Alvis hocha sérieusement la tête, mais on ne pouvait manquer la lueur espiègle dans son regard, alors que les jumeaux le fixaient avec révérence.
_ Une ode...
_ … à Loki ?
_ Oncle Al écrit beaucoup de poésie, fit Harry. Hermione est super frustrée parce qu'il veut pas la laisser lire, quelque chose comme quoi c'est que pour les adultes.
Elle le fixa, offusquée par l'implication. Il leva les mains avec un sourire amusé et dit :
_ Hey ! Au moins l'ode est appropriée pour des enfants ! Pas que ce soit moi qui l'ait écrite, bien sûr.
_ J'en suis certaine, fit McGonagall. Effacez-la.
_ Oui, ma'am.
_ Quelle ode ?
_ Qu'est-ce qu'elle dit ?
Alvis fixa les jumeaux, alors que McGonagall leur disait au revoir et repartait.
_ Je préférerais ne pas me faire tuer par votre mère pour vous l'avoir donnée. Demandez à vos frères.
Ils se tournèrent aussitôt vers Bill et Charlie. Cependant, son aîné prêtait plus attention au jeune homme qu'à ses frères.
_ Comment avez-vous fait pour que personne ne puisse l'effacer ? Ils ont dû essayer tous les sorts et potions de nettoyage existants !
_ Si je devais hasarder une hypothèse, je dirais runes d'illusions placées au plafond ?
Sa réponse fut accueillie par du silence, avant que Bill ne hoche la tête.
_ Je vois... L'enchantement sur le couloir est super cool ! Comment vous l'avez fait ?
_ Ah ça. Alors, je nie toute implication, bien entendu. Cependant, il existe ces sortilèges de manipulation de la gravité, que des sorciers indonésiens utilisaient dans leurs bâtiments pour créer des salles secrètes et optimiser l'utilisation de la place. C'est toujours intéressant de travailler dans l'une de ces ruines, car on peut à tout moment se retrouver à marcher sur le plafond, pour accéder à une salle qui est sur le côté, alors que de l'eau circule dans une fontaine à l'envers. On finit par ne plus savoir où est le bas du haut, mais c'est toujours fun et fascinant de voir comment ils agençaient les choses à l'époque. Et c'est encore mieux quand tu y ajoutes les sorts d’extensions indétectables !
Elle eut un sourire indulgent en écoutant sa tangente, il aimait clairement son travail. Et Bill était fasciné. Ce qui n'était pas une bonne chose, briseur de sort était un métier beaucoup trop dangereux pour l'un de ses enfants ! Elle se racla la gorge pour l'interrompre et changer le sujet.
_ Et si nous allions à l'intérieur ? Je vais faire du thé.
Alvis sursauta, sembla se souvenir de ce qu'il faisait là, et acquiesça en se frottant l'arrière de la tête.
_ Oui, bien sûr. Désolé, je pars souvent sur des tangentes...
Ils retournèrent dans le jardin et elle se tourna vers ses enfants.
_ Je veux que ce jardin soit entièrement dégnomé avant midi, suis-je clair ?
_ Oui m'man !
Elle se tourna vers Harry pour lui dire qu'il n'était pas obligé d'aider, mais trouva son oncle accroupi devant lui.
_ Tu peux écouter la conversation, qui sera probablement assez barbante. Ou tu peux rester avec les autres. C'est comme tu veux, Champ'.
_ Voyons, il est trop jeune pour écouter ce genre de chose, fit-elle remarquer.
Alvis ne leva même pas les yeux vers elle, concentré sur le garçon devant lui, ce qui était juste rude. Harry lui jeta un regard incertain, avant de reporter son attention sur son oncle et de triturer le sol du bout de sa botte.
_ Est-ce que je peux venir à l'intérieur si je veux plus jouer dehors ?
_ Bien sûr.
_ Alors je voudrais rester dehors. Et peut-être aider avec les gnomes ? Ça a l'air amusant.
_ Surtout si tu fais la compétition pour voir qui arrive à les lancer le plus loin, acquiesça Alvis avec un sourire en coin.
Il mit la main dans son sac et en sortit une paire de gant en peau de dragon, qu'il tendit au garçon.
_ Si tu veux lancer des gnomes, mets ça. Leurs dents sont vraiment aiguisées.
Harry accepta les gants avec un air émerveillé, avant de lever la tête pour fixer son oncle dans les yeux.
_ Est-ce que je peux les porter tout le temps, comme oncle Al ?
Alvis sembla surpris, puis rit et lui ébouriffa les cheveux.
_ Si tu veux.
Harry enfila aussitôt les gants, qui s'adaptèrent à la taille de ses mains et les regarda comme si c’était le meilleur cadeau au monde. Puis, il attrapa sa peluche et la tendit au jeune homme.
_ Est-ce que tu peux garder Rexy, s'il te plaît ? Je veux pas la salir.
_ Bien sûr.
Il attrapa la peluche et la mit dans son sac.
_ Demande juste si tu la veux.
_ Oui, oncle Al.
Alvis hocha la tête, se releva et se dirigea vers la porte, à la suite d'Arthur. Elle se renfrogna, elle n'aimait pas être ignorée comme cela. Elle les suivit néanmoins à l'intérieur et se mit à préparer le thé.
_ C'était incroyablement rude de votre part de m'ignorer comme cela.
Alvis leva un sourcil, tout en s'installant dans l'une des chaises de la cuisine. Arthur et Bill s'assirent en face de lui, mais choisirent de rester hors de leur conversation.
_ Parce que me dire comment éduquer mon chaton n'est pas rude, peut-être ? Tout comme essayer de prendre des décisions à ma place quand ça le concerne ?
Elle rougit et rétorqua :
_ J'essaye d'aider, jeune homme ! Ce genre de discussion d'adultes n'est pas pour les enfants.
Alvis la fixa un instant, avant d'éclater de rire. Quel culot ! Elle se redressa en prenant une inspiration, prête à le réprimander, lorsqu'il leva une main, le visage toujours tordu par l'hilarité.
_ Juste... Jeune homme ? Quel âge pensez-vous que j'ai ?
Elle l'observa attentivement, il avait l'air d'être à peine sorti de l'adolescence. Elle savait que les sorciers vieillissaient lentement, mais il ne pouvait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Trente, grand maximum. Lorsqu'elle lui dit, il eut un sourire amusé, avant de répondre :
_ J'ai quarante-et-un ans et en aurais quarante-deux en Juillet. Donc, je vous prierais de ne pas me traiter comme un gamin qui a besoin d'une remontrance.
Elle rougit de nouveau, mais cette fois sous l’embarras. Il était plus vieux qu'elle ! Alvis se calma et se laissa aller sur sa chaise, sans la quitter de ses yeux perçants. Elle avait la désagréable impression d'être en face d'un prédateur et se souvint que sa forme animal était un nundu. Il était dangereux.
_ Concernant Harry, j'essaye de ne pas prendre de décisions le concernant sans lui expliquer pourquoi je les prends et lui demander son avis sur la question. C'est un enfant, pas un animal de compagnie un peu intelligent, il est capable de prendre ses propres décisions et de comprendre des choses, même si je dois parfois utiliser des mots simples pour lui expliquer. Il a le droit d'avoir un minimum de contrôle sur sa propre vie.
Il désigna la cuisine d'un mouvement de main.
_ Le laisser choisir s'il veut ou non assister à une discussion un peu ennuyeuse pour lui, qui concerne l'ajout de votre famille à la nôtre, et donc l'obtention de cousins officiels, est normal pour moi. Ce n'est pas comme si on allait parler de choses inappropriées pour un enfant.
Il reposa sa main sur la table et demanda doucement :
_ Pouvez-vous accepter que j'élève mes chatons à ma manière, même si elle est différente de la vôtre ? Je ne vous dis pas comment éduquer vos enfants, et vous ne me dites pas comment éduquer les miens.
_ C'est parfaitement acceptable, fit Arthur. Molly, s'il te plaît.
Elle souffla, puis hocha la tête et retourna s'occuper du thé. Alvis soupira et elle le vit du coin de l’œil se tourner vers Arthur.
_ Donc, si on entrait dans le vif du sujet ? Avez-vous des questions ? Objections particulières ? Ou voulez-vous que j'expose les avantages et inconvénients ?
_ Quel statut exactement aurions-nous dans la famille ?
_ Vous êtes une branche maternelle et êtes le chef de votre propre famille, donc tertiaire. Pour vous et vos enfants, mais pas les générations suivantes qui seront purement Weasley et Prewett, à moins qu'un de vos enfants ne prenne le nom de Black et ne commence sa propre branche secondaire de la famille.
_ Donc on ne sera pas sous votre autorité, même si l'on reste sous la protection de la famille Black.
_ C'est ça, oui. Plus une alliance qu'autre chose. Avec un accord de protection mutuelle.
_ Qu'en est-il du niveau politique ?
_ Alliés, encore une fois. Andromeda se charge de la politique, donc il faudra travailler avec elle et lui en parler si vous n'êtes pas d'accord avec une de nos décisions. Vous pouvez voter ce que vous voulez, mais ce serait mieux si on trouve un terrain d'entente, afin de montrer un front uni, plutôt qu'une division dans la famille.
_ Nous ne pouvons pas voter, de toute façon, les Weasley ont perdu leur siège au Magenmagot depuis deux générations.
_ Siège que vous récupérerez si vous acceptez.
Il inclina la tête, concédant le point. Elle déposa le thé sur la table et s'assit à côté de son mari. Alvis la remercia d'un hochement de tête, se servit et bu une gorgée, avant de délibérément poser sa tasse vers le milieu de la table, plutôt que juste devant lui. Elle se demanda si c'était une insulte à son thé, mais il en avait bu sans hésiter. Alors pourquoi ?
_ Quelle est votre orientation politique ?
_ Conservateur intégriste. Je veux garder les vieilles traditions sorcières et mieux intégrer les premières générations en les éduquant, plutôt que de détruire notre identité pour les rendre plus à l'aise. Ça devrait être à eux de s'adapter, pas à nous.
_ Ce sont des enfants, c’est normal de les mettre à l'aise, pointa-t-il.
Alvis commença à passer une main dans ses cheveux en soupirant, avant de se rappeler qu'ils étaient attachés et de lâcher sa frange, mais pas avant qu'ils ne voient une pâle cicatrice blanche de la même forme qu'un éclair. Il reposa les mains devant lui et répondit :
_ Non, c'est normal de les éduquer. Êtes-vous déjà allé à l'étranger ?
Ils le fixèrent avec confusion face au changement abrupte de sujet. Arthur répondit tout de même :
_ Une ou deux fois en France, oui. Quel est le rapport ?
_ Est-ce que les français se comportaient comme des anglais ?
_ Non, bien sûr que non, ce sont des français.
_ Et est-ce que si vous vous installiez en France, vous exigeriez qu'ils se comportent comme des anglais pour mettre vos enfants à l'aise ?
_ Non. Ce ne serait pas juste pour eux... Oh !
Elle était certaine que l'expression de réalisation soudaine sur le visage de son époux était reflétée par son propre visage. Bill lui-même avait l'air choqué, puis pensif.
_ Exactement ! Nous sommes peut-être tous sous l'autorité de la couronne et vivons tous dans le même pays, mais nos communautés sont séparées depuis des siècles. Nous n'avons pas les mêmes valeurs, la même culture, la même religion. Et les intégristes actuels, au lieu de les éduquer, détruisent notre culture et nos traditions, en faveur de celles d'une religion qui est majoritairement responsable pour le besoin de se cacher. Une religion qui nous voit comme le mal incarné et a massacré des milliers d'entre nous par le passé. Sûrement, vous pouvez comprendre pourquoi ça irrite les traditionalistes ?
Elle n'avait jamais vu les choses sous cet angle. Et Arthur non plus, si elle lisait bien son expression. Il hocha lentement la tête et murmura :
_ Je vais y réfléchir.
_ C'est tout ce que je vous demande.
Arthur prit une gorgée de thé, avant de changer de sujet :
_ Comptez-vous faire des contrats de mariage ?
_ Non. Je crois fermement qu'on devrait pouvoir choisir qui on épouse. Tout contrat sera votre prérogative, pas la mienne.
_ Bien. Quels seraient les critères pour qu'un des garçons prenne le nom ?
_ Arthur !
_ C'est une possibilité, Molly. Je veux couvrir toutes les bases.
Elle se renfrogna à l'idée de donner l'un de ses bébés au Lord Black, mais se tut tout de même pour écouter sa réponse.
_ Avoir au moins cinq BUSE et trois ASPIC, ainsi qu'un plan de carrière viable. Donc, ce ne serait pas avant qu'ils ne soient majeurs et hors de Poudlard. Bill n'est pas éligible, étant l’héritier Weasley et Prewett. Et si l'un des autres garçons veut l'héritage Prewett, alors il ne le sera pas non plus.
Elle se détendit un petit peu en sachant qu'il n'allait pas lui arracher l'un de ses enfants. Elle n'aimait pas l'idée qu'ils changent de nom, mais au moins, ils n'allaient pas partir.
_ Un plan de carrière ?
_ Ce n'est pas parce qu'on est riche que je tolérerais des tirs au flanc. Ils devront avoir un travail stable pouvant les supporter, sans qu'ils ne se reposent sur la fortune Black.
_ Acceptable, acquiesça Arthur. Est-ce tout ?
_ Non, si l'un d'eux est vraiment déterminé à prendre le nom lorsqu'il sera adulte, alors il devra suivre les cours d'étiquette et politique d'Andy. Elle en donne déjà à Harry et sa meilleure amie, Hermione, et m'a informé que ça ne la dérangerait pas d'étendre ces leçons à tous vos enfants, qu'ils veuillent prendre le nom ou non.
_ Je vais y songer. Où ont lieu ces leçons ?
_ La maison des Black à Londres pour l'instant.
_ Grimmaurd ?
_ Oui.
Arthur grimaça.
_ Si mes souvenirs sont bons, la maison n'est pas très... hospitalière.
_ Je suis en train de la nettoyer et rénover. Les premiers niveaux sont parfaitement habitables et sûrs, et j'ai placé des lignes d'âges pour empêcher les enfants d'aller dans les zones à risque.
Arthur hocha la tête et prit une note sur son parchemin. Alvis bu une gorgée de thé, avant de reposer, encore une fois, sa tasse à l'écart. Elle se demandait vraiment pourquoi il faisait ça.
_ J'en discuterais avec Andromeda, si on accepte.
_ D'accord. D'autres questions avant d'aborder le sujet épineux des finances ?
Arthur y réfléchit un instant, avant de secouer la tête.
_ Rien d'urgent.
_ Bien.
Il sortit des documents de son sac et les lui tendit, il jeta un œil et reconnut des contrats financiers.
_ En tant que branche tertiaire, vous avez le droit à un coffre personnel qui recevra rétroactivement cinquante Gallions par mois. Vos enfants en recevront vingt-cinq. Les montants sont négociables. Les enfants ne pourront pas accéder à leurs comptes sans accord parental, avant d'avoir leurs BUSE. Cependant, vous ne pourrez pas y accéder non plus sans vos enfants et vous aurez une limite à la quantité que vous pourrez retirer par mois. De plus, votre accès ne sera plus autorisé, sans la permission explicite de l'enfant, une fois leurs BUSE passées. C'est une sécurité mise en place au treizième siècle, pour éviter que des parents ne vide les comptes de leurs enfants pour leur propre profit.
Arthur lut les documents avec un froncement de sourcil. Bill prit alors la parole pour la première fois :
_ Juste papa et nous ? Pas maman ?
_ Non, les consorts ne sont jamais pris en compte, ça évite les problèmes administratifs et juridiques s'il doit y avoir une annulation de mariage.
Arthur releva aussitôt la tête.
_ Vous n'allez rien annuler, pas vrai ?
_ Bien sûr que non. Je ne le ferai que si on me le demande, comme c'est le cas avec Narcissa.
Ils le fixèrent avec surprise, avant que Molly ne demande :
_ Elle a demandé une annulation de mariage ?
_ Oui. Je ne donnerais pas les détails sur ses raisons, ce sont les siennes. Cependant, c'est pour cela que j'ai arrêté Lucius, pour permettre à Narcissa de garder Draco.
Ils hochèrent la tête. Puis, Arthur dit :
_ C'est trop d'argent. Je sais que c'est normal et que la famille a beaucoup d'argent, mais c'est trop.
Alvis inclina la tête et sortit de quoi écrire de son sac.
_ Combien préféreriez-vous ? Je ne peux pas aller en dessous de dix Gallions chacun.
Arthur tapota la table avec ses doigts. D'un côté, ça assurera l'avenir de ses enfants, ils pourront faire leurs études et obtenir les masters qu'ils veulent. De l'autre, il était fermement contre la charité. Il savait que ce n'en était pas, sa mère avait son propre compte avant d'être déshéritée pour avoir épousé un Weasley. Il avait sa fierté, il le savait. Cependant... Il jeta un œil par la fenêtre, d'où provenaient les rires de ses enfants. Leur avenir était plus important que sa fierté.
_ Quinze pour moi et vingt-cinq pour les enfants.
_ Vous êtes sûr ?
_ Certain. Je n'ai pas besoin de cet argent. J'ai un travail. Les enfants en auront plus besoin pour leurs études.
Alvis leva un sourcil.
_ Ah. Je devrais probablement vous informer que je les sponsoriserai tous pour leurs masters.
_ Vous n'êtes pas obligé, nous sommes parfaitement capable de leur trouver des apprentissages.
Il leva un sourcil, puis pointa l'horloge du pouce.
_ Vous avez fait ça, non ?
_ Oui.
_ Ce genre de travail suffirait à vous obtenir un master en enchantement. En avez-vous un ?
_ Non.
_ Pourquoi ?
Il se renfrogna, mais répondit tout de même.
_ Personne en Angleterre ne voulait prendre un Weasley comme apprenti et on n'avait pas les moyens d'aller à l'étranger.
_ Exactement. Le nom Black a plus de poids que celui de Weasley en Angleterre. J'ai aussi plus de contacts à l'extérieur, même si c'est surtout dans la communauté des briseurs de sorts. C'est plus pragmatique pour moi de les sponsoriser. Vous pouvez leur trouver des maîtres et même financer leurs études, si vous insistez vraiment, mais m'avoir comme sponsor augmentera leurs chances. L'éducation est importante pour moi, donc ça ne me pose aucun problème de financer leurs études. Même si c'est juste partiellement et pour éviter de vider leurs comptes personnels.
Arthur serra les poings. L'homme marquait un point, mais il ne voulait pas juste accepter de l'aide comme ça. Famille ou non, c'était à lui de s'occuper de ses enfants.
_ Est-ce que ça veut dire que vous pourriez me prendre comme apprenti ?
_ Bill !
Arthur ignora le cri de sa femme pour se tourner vers son aîné. Il savait qu'il voulait être un briseur de sort, mais de là à demander directement à Lord Black... Ce dernier se gratta l'arrière de la tête avec un air gêné.
_ J'ai bien peur que non, désolé.
Arthur le fixa avec surprise, même pas un instant plus tôt, il disait vouloir leur offrir la meilleur éducation possible, et il refusait ? Bill eut l'air déçu et demanda :
_ Pourquoi ?
Alvis soupira, puis se gratta la cicatrice au coin de la bouche.
_ Deux raisons. Ma spécialité est beaucoup trop dangereuse pour que j'emmène un apprenti avec moi, qu'importe son niveau. Je suis envoyé tout seul sur les sites les plus dangereux, ceux qu'on qualifie de Cimetières de Briseurs de Sorts à cause de leur haute mortalité, et je les sécurise. Si je ne peux pas le faire, je trouve un moyen pour guider une équipe de professionnels pour qu'ils puissent s'en charger, que ce soit en personne, ou via des notes détaillées. Dans ce genre de circonstances, je ne peux pas me permettre d'avoir un apprenti que je devrais garder en vie tout du long, qu'importe à quel point il est doué, ou obéissant. La survie n'est pas quelque chose qu'on peut enseigner. C'est une compétence qui est gravée dans ta chair par l'expérience et un nombre incommensurable de situations de vie ou de mort où tu ne peux compter que sur toi-même pour rester en vie coûte que coûte. Tu comprends ?
Bill hocha la tête, le visage pâle. Arthur se demandait quel genre de vie il avait mené pour être aussi doué pour survivre.
_ Oui, m'sieur. Quelle est l'autre raison ?
_ Harry. J'ai décidé de ne pas retourner sur le terrain tant qu'il ne sera pas majeur.
Il eut un sourire désabusé en saisissant sa tasse.
_ Je ne veux pas risquer de me faire tuer tant qu'il ne sera pas prêt à se débrouiller.
Arthur hocha la tête avec approbation. Faire un travail aussi dangereux lorsqu'on était le gardien d'un enfant en bas âge était irresponsable. Il pouvait voir que Molly était du même avis que lui sur la question.
_ Cependant, je veux bien te donner des conseils ou t'aider avec la théorie, si c'est ce que tu souhaites. On a toujours besoin de plus de bons briseurs de sorts. Et, bien entendu, te recommander au GIBBS. Ils sont peut-être moins connus que Gringotts, mais au moins ils ne t'arnaquent pas sur les prix.
Bill se redressa avec un air excité.
_ Vraiment ?
_ Oui.
_ Sûrement pas, fit Molly. Ce métier est beaucoup trop dangereux.
Alvis la fixa un long moment, alors que Bill protestait. Mais il ne dit rien. À la place, il but une gorgée de thé et reposa la tasse plus loin. Arthur allait reprendre la discussion, lorsqu'un cri attira leur attention à l'extérieur.
_ Harry Potter ! Tu es Harry Potter !
Alvis se leva aussitôt et se précipita dans le jardin, rapidement suivi par Arthur et sa famille. Harry était figé alors que Ron le tenait par les épaules et les jumeaux essayaient de lui faire lâcher prise. Charlie se dirigeait déjà vers eux, alors que Ginny les fixait, complètement rouge.
_ Pourquoi tu n'as pas dis qui tu étais ?
_ Ron, arrête, sérieusement, fit Fred.
_ Ouais, ce genre de réaction est probablement la raison, ajouta George.
Charlie arriva et le força à lâcher prise, tout en complétant les jumeaux :
_ Ron, tu lui fait peur !
_ Mais c'est Harry Potter ! Est-ce que tu te souviens...
_ Ronald Bilius Weasley !
Molly saisit leur plus jeune fils par l'oreille et il poussa un cri, alors que le reste sursautaient. Harry se retourna, vit Alvis et disparut dans un craquement retentissant pour réapparaître derrière son oncle. Ils se figèrent tous, sauf le briseur de sort, qui s'accroupit pour le soulever dans ses bras. Il avait transplané dans un épisode de magie accidentelle. Ron lui avait tellement fait peur, qu'il avait transplané ! Alvis serra le petit garçon contre lui et sortit sa peluche de son sac pour la lui donner. Il se tourna ensuite vers Arthur et murmura :
_ Je vais y aller pour aujourd'hui.
Il se ressaisit et hocha la tête.
_ Bien sûr, je comprends. Je m'excuse pour Ron, c'était vraiment déplacé.
L'homme soupira, mais inclina la tête.
_ Ne vous en faite pas, je sais qu'on aura souvent ce genre de réaction dans le monde magique.
Il passa une main dans les cheveux de son neveu et Arthur se figea en voyant la fameuse cicatrice. Comme beaucoup, il avait assumé qu'il s'agissait d'un éclair, comme on le dessinait, en forme de Z inversé. Cependant, c'était le même type de foudre qu'on voyait lors de tempêtes, qui était aussi sur le front de l'homme. Plusieurs pièces d'un puzzle, dont il ne s'était jamais rendu compte de l'existence, s’assemblèrent avec un clic sonore dans son esprit. Le manque de passé du Lord. Les yeux verts. L'informateur anonyme qui avait signalé Pettigrow et fait libérer Sirius au même moment où l'homme était sorti de nul part. Les cicatrices. La famille Peverell, dont les Potter étaient descendants. La perte soudaine de beaucoup de monde. Ou plutôt d'un monde. Arthur n'était peut-être plus un Aurors, mais il se souvenait parfaitement bien des protocoles concernant les accidents temporels et dimensionnels, il avait été spécialisé dès le début dans les enquêtes en liens avec des objets enchantés et était donc à risque. Avant de prendre un poste moins dangereux à la naissance de Bill, qui lui permettait de vivre de sa passion pour les Moldus.
Il s'approcha de l'homme, alors que Molly disputait ses enfants. Il tendit la main, et demanda à voix basse :
_ Code 66 T ou D ?
Alvis écarquilla les yeux, resserra sa prise sur Harry et répondit :
_ DA.
Il hocha la tête.
_ Toutes mes condoléances.
_ Merci. Arthur, vous êtes de la famille, croyez-moi quand je dis ça. Je veux vraiment vous aider autant que je peux.
Son regard se porta sur Bill et il ajouta doucement :
_ Bill fera un excellent briseur de sort, qui sauvera beaucoup de vies.
Le regard qu'il fixa sur Arthur donnait un message clair. Il était parmi ceux que Bill avait sauvés. Il hocha la tête avec un léger sourire, sa décision prise.
_ On pourra finir de discuter des détails par hiboux, cependant, j'accepte de revenir dans la famille Black.
_ Merci.
Il inclina la tête, puis s'écarta. Alvis sortit quelque chose de son sac et le lui tendit. Arthur leva un sourcil, mais accepta les deux objets et découvrit deux miroirs à main rectangulaires, dans une coque de cuir, pouvant s'ouvrir comme un livre.
_ Ce sont des miroirs de communication, une invention de James, Sirius et Remus, que j'ai raffinée.
Il pointa les trois runes sur le côté.
_ Activez la première en disant le nom de la personne que vous voulez contacter, dans mon cas « Alvis Peverell » et pour répondre à un appel entrant. La seconde sert à refuser un appel, ou y mettre fin. La dernière permet d'agrandir le miroir quand vous êtes plusieurs à parler dessus. Le premier est à votre nom, le second à celui de Bill. Vous pouvez les utiliser pour vous parler, ou me contacter, ou contacter Andy, sous Andromeda Tonks, pour parler avec elle ou Ted.
Il sourit en acceptant les cadeaux.
_ Merci, ce sera très utile. Comptez-vous les commercialiser ?
_ Il faut encore les breveter, mais oui.
Il hocha la tête, puis l'homme leur dit au revoir et s'en alla avec son neveu. Il soupira, puis se prépara à avoir une longue discussion avec ses enfants au sujet de leurs cousins. Ils ne pouvaient pas les laisser continuer d'idolâtrer Harry comme ça.
-sSs-
Alvis : J'ai parlé avec Dumbledore et il semblerait que le problème vienne de notre lien. Lorsque deux liés potentiels commencent à avoir une relation physique, ils ressentent le besoin de se marquer, en remplacement de la vraie connexion, si cette dernière n'est pas déjà établie. Mes instincts ont juste empiré ma réaction.
…
Loki : Cela est bon à savoir et explique pourquoi j'ai développé cette envie lorsqu'on en a parlé. Cependant, j'ai une mauvaise nouvelle. Père m'a interdit de retourner sur Midgard.