Une nouvelle amie
Alvis déposa Harry à l'école, puis se rendit à un café non loin du Sanctuaire de Londres. Il n'eut pas à attendre longtemps pour que la place en face de lui ne devienne occupée par un autre homme. Il inclina la tête pour le saluer et érigea une barrière discrète autour d'eux d'un mouvement de la main.
_ Monsieur Lipwig, je présume ?
_ En effet, Lord Black. Merci encore d'avoir accepté de me rencontrer aussi rapidement.
_ Ce n'est rien. J'ai une bonne idée de ce que me veut votre organisation.
L'homme eu un bref sourire, avant d'acquiescer.
_ Je m'en doute. Comme vous semblez le savoir, la Guilde International des Briseurs de Barrières et Sorts garde un œil sur tous les briseurs de sorts, en particulier les non-affiliés, afin de faciliter leur engagement par des clients et de s'assurer que vous n'utilisez pas vos compétences pour commettre des crimes. Récemment, nous avons reçu beaucoup de messages nous demandant des renseignements sur vous. Bien entendu, notre politique de confidentialité nous empêche de dire quoi que ce soit, cependant, nous n'avons même pas pu confirmer votre existence. Pouvez-vous me dire pourquoi vous affirmez être un briseur de sort, alors qu'on n'a jamais entendu parler de vous ?
Il appuya son menton sur sa main, le coude posé sur la table et demanda :
_ Puis-je d'abord avoir la confirmation de votre appartenance à GIBBS ?
L'homme hocha la tête et sortit un badge de sa poche, qu'il posa sur la table. Alvis le toucha du bout du doigt et lança le sort d'identification. Il reçu une réponse positive et inclina la tête. Puis, il détacha de son oreille droite l'anneau d'argent auquel pendait un crochet de serpent par une chaînette du même matériaux, et le posa sur la table. Il fit de même avec les trois anneaux d'argent à son oreille gauche, sertis respectivement d'une émeraude, d'une améthyste et d'une obsidienne. L'agent en face de lui sortit sa baguette et donna une tape à chaque bijou, puis pressa le bout de sa baguette sur un parchemin vierge. Il leva un sourcil en voyant ce qui s'y écrit.
_ Alvis Corvus Black Peverell, briseurs de sort vétéran, actif depuis vingt ans, spécialiste en rituel, enchantement et nécromancie. Et spécialiste en cimetières de briseurs de sorts ? Que veut dire la dernière ?
_ Je suis très doué pour survivre, donc on m'envoie souvent dans des cimetières pour trouver la source du problème, et, la plupart du temps, régler le problème.
L'homme hocha la tête et prit note, avant de froncer les sourcils.
_ Nous n'avons cependant aucun dossier vous concernant.
_ C'est parce que j'ai eu un déplacement dimensionnel.
_ Ah. Ceci explique cela. Pas temporel ?
_ Non, différences historiques.
_ Comment avez-vous survécu à ça ?
_ Mon familier, Fumseck, est un phœnix, il m'a sauvé du choc initial avec un embrasement. J'ai fait un adoption de sang et changement de nom magique peu après mon arrivée, ce qui s'est chargé du dédoublement.
Il acquiesça et prit des notes sur son parchemin.
_ Fumseck ne serait pas le nom du phœnix d'Albus Dumbledore ? Et comment avez-vous été transféré ?
_ Oui. Il s'est lié à moi après la mort de Dumbledore. Je travaillais sur un site dont l'une des mises en garde pouvait se traduire par « Les intrus seront bannis de la réalité » et quelqu'un m'a jeté un sort dans le dos pendant que je démantelais la barrière.
_ Je vois. Serait-il possible d'avoir les informations concernant le site ? Et des cimetières dont vous auriez connaissance ?
Il acquiesça et remit ses boucles d'oreilles.
_ Je peux envoyer tout ça au QG de l'organisation. C'est bien toujours à New-York ?
_ Oui. Et ce serait très appréciable. Avez-vous régularisé votre situation ?
_ Oui, avec Amélia Bones et le CIMS.
_ Mais pas avec nous ?
_ Je n'ai pas l'intention de reprendre du service avant au moins dix ans. Je préfère ne pas mettre ma vie en danger avant la majorité de mon neveux.
Il prit de nouvelles notes, avant de demander :
_ Seriez-vous tout de même disponible par correspondance ? En tant que consultant.
_ Bien sûr.
_ Très bien. Y a-t-il autre chose que vous désireriez signaler ?
Il sortit ses papiers d'immunité diplomatique et l'homme leva un sourcil, clairement surpris, avant d'en faire une copie et de les ajouter à son dossier.
_ Je compte m'installer aux USA à la fin de l'année scolaire.
_ Très bien, j'en informerais nos bureaux là-bas. C'est tout pour moi, je vous enverrais une copie de votre dossier complété dans la semaine. Merci de m'avoir accordé votre temps, Lord Black.
Ils se dirent au revoir et partirent du café. Alvis partit à moto et la gara dans le parking du Sanctuaire. Il entra, salua brièvement Maître Rama, et se rendit dans la salle des miroirs pour retourner à Kamar-Taj. Il était en retard à son rendez-vous.
Il arriva dans la bibliothèque et chercha Maître Luring du regard, la trouvant assise à une table isolée, dans un coin, en train de lire un tome. Il s'arrêta à côté de la table et s'éclaircit doucement la gorge.
_ Maître Luring ?
Elle redressa la tête, mit un doigt dans son livre pour ne pas perdre sa page, et leva un sourcil dans sa direction.
_ Monsieur Peverell, vous êtes en retard.
_ Je sais, toutes mes excuses, j'ai eu un rendez-vous imprévu. Puis-je m'asseoir ?
Elle inclina la tête et il s'installa en face d'elle avec un léger sourire, après avoir retiré son manteau. Pour une raison ou une autre, il essayait instinctivement de rester poli et formel avec elle.
_ J'espère que cet imprévu n'était pas grave.
Il secoua la tête et remonta les manches de sa tunique.
_ Non, juste quelques problèmes administratifs avec la guilde des briseurs de sorts.
_ Vous êtes un briseur de sort ?
_ Oui.
_ Oh, je n'avais pas réalisé que vous étiez un mage, plutôt qu'un sans-pouvoir affilié. Il me semble que dans votre pays, on les qualifie de cracmols ? On en voit souvent ici.
Il hocha la tête avec un sourire amusé.
_ Oui, des cracmols. Et non, je n'en suis pas un. L’Ancien m'a trouvé après un incident m'impliquant qui a attiré son attention et j'ai décidé que je voulais apprendre la sorcellerie. Les sorts de voyages d'ici sont largement supérieurs à tout ce qu'on trouve dans les communautés magiques.
Elle fronça le nez à l'évocation des sorts des communautés et acquiesça.
_ Les portoloins et la poudre de cheminette sont juste barbares et manquent de finesse. Le transplanage est à peine acceptable.
_ Exactement ! Alors que les portails et les miroirs de Kamar-Taj sont fluides et confortables à utiliser. Même si l'Ancien refuse de me laisser examiner les miroirs, tant que je n'aurais pas obtenu mon master en enchantement via sorcellerie. Ça ne m'empêche pas d'expérimenter avec des enchantements runiques. Ils ont l'air d'être un mixe entre un miroir de communication, pour connecter deux miroirs, et des armoires à disparaître. Même si mixer l'arithmancie des deux est une galère sans nom. Moins cauchemardesque que certaines des équations que j'ai dû faire par le passé, mais quand même irritant.
Il entendit un léger gloussement et se tut, se rendant compte qu'il était partie sur une tangente. Il se gratta l'arrière de la tête, gêné.
_ Désolé, j'ai tendance à partir sur des tangentes.
_ Ce n'est rien, c'est intéressant et cela se voit que vous aimez ce que vous faites. Êtes-vous un enchanteur ? En plus de briseur de sort.
_ Je suis un maître en enchantement et rituel. Je collecte aussi toutes les magies intéressantes qui me tombent sous la main. Ce qui est beaucoup de magies, vu qu'elles sont en générale intéressantes, ne serais-ce qu'au niveau théorique, si ce n'est au niveau pratique.
_ Sauf pour l'arithmancie.
Il grogna dramatiquement en se laissant aller en arrière.
_ Je déteste l'arithmancie. Les équations ne semblent jamais vouloir fonctionner avec moi !
_ Ce n'est pourtant pas si compliqué.
Il leva un sourcil, puis sortit l'un de ses journaux de son sac et le feuilleta, jusqu'à arriver à la page qu'il voulait. Il déroula le très long parchemin qui y était rangé et le posa devant la jeune femme. Elle se pencha pour examiner l'équation et il vit son sourcil se lever de plus en plus en lisant l'horrible enchevêtrement de nombres qui donnerait des cauchemars au plus endurcie des fan d'arithmancie. Elle finit de lire, ferma les yeux, prit une longue inspiration, posa la main sur le parchemin et lui jeta un regard incrédule.
_ Cette équation ne devrait pas fonctionner.
_ Elle fonctionne. Le rituel fonctionne, je l'ai déjà utilisé.
_ C'est... ça ne devrait pas être possible. Elle mélange trois systèmes différents, qui sont tous incompatibles les uns avec les autres !
Il pointa le parchemin.
_ Mais leur incompatibilité commune les rend compatible.
_ Vous dites ça comme si c'était aussi simple que de multiplier un moins par un moins pour obtenir un plus ! Ça ne fonctionne pas comme ça.
_ Et pourtant ça fonctionne.
Elle sembla à deux doigts de vouloirs l'étrangler, mais reprit une longue inspiration, qu'elle relâcha lentement.
_ Comment ? Et pourquoi avoir fait cette équation, pour commencer ? Vous ne pouviez pas créer un autre rituel plus simple ?
_ Je l'ai créé sur le tas, quand j'en ai eu besoin en urgence, en mélangeant deux rituels différents, et j'ai fait l'arithmancie après.
Elle se pinça lentement l'arrête du nez, regarda de nouveau le parchemin, et lui jeta un regard noir.
_ Comment êtes-vous toujours en vie ?
_ Je suis très doué pour survivre à ce qui aurait dû me tuer. Et c'est pas le cas le plus mortel.
_ Comment ça ? De ce que je vois, vous auriez dû mourir au moins sept fois, de façon simultanées.
_ Mon record est de seize fois simultanées.
_ Vous vous rendez compte que ce n'est pas quelque chose dont vous devriez être fier ?
Il haussa une épaule avec un sourire amusé.
_ Quand votre chance est aussi foireuse que la mienne et que vous frôlez la mort aussi régulièrement que moi, vous finissez par vous y faire et y trouver de l'humour.
_ Et briser les lois de la magie ?
Il eut un rictus carnassier à ça et répondit joyeusement :
_ C'est ce qu'il y a de plus fun quand on fait de la magie. De plus, je les considère plus comme une vague ligne de conduite. Ne me dites pas que vous n'avez jamais essayé de briser l'impossible ?
Elle eut un reniflement amusé, un coin de sa bouche se soulevant en un sourire furtif.
_ Il se pourrait que cela me soit arrivé une ou deux fois.
Elle jeta un autre coup d’œil au parchemin et commenta :
_ Ce genre de rituel exige une large quantité de magie, hors, je ne peux rien sentir venant de vous.
Il hocha la tête et tapota les bracelets d'argent qu'il portait, un à chaque poignet.
_ Suppresseurs magiques. Il sont obligatoires côté non-magique, à partir d'une certaine puissance magique, pour éviter de griller passivement toute la technologie autour de nous.
Elle tendit une main.
_ Puis-je ?
Il haussa une épaule et la laissa saisir l'un de ses poignets pour examiner les minuscules runes gravées dans ses bracelets. Elle avait des mains vraiment délicates, avec des cales montrant un maniement régulier de lames. Ce qui n'était pas étonnant, la plupart des adeptes et tous les Maîtres pratiquaient les arts martiaux. Ça lui allait étrangement bien. Dangereuse et délicate et magnifique...
Il secoua la tête en essayant de chasser ces pensées parasites, elles ne menaient jamais à rien de bien. Lora relâcha sa main et leva un sourcil dans sa direction. Il secoua la tête avec un léger sourire et elle ne posa pas de questions.
_ Un enchantement intéressant. Je ne me souviens pas d'en avoir vu de semblables. Les avez-vous fait vous-même ?
_ Oui, non seulement les suppresseurs classiques ne sont pas assez puissants pour moi, mais en plus, je ne fait pas confiance au travail d'un parfait inconnu sur ma magie.
_ Un choix compréhensif. Il existe toujours le risque de se retrouver avec des fers nous empêchant d'utiliser notre magie.
Il acquiesça en se frottant distraitement les poignets. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas laisser sa magie libre et elle s'agitait sous sa peau.
_ C'est vrai, même si je peux en générale m'en défaire en quelques minutes.
Elle leva un sourcil avec un autre sourire furtif.
_ Oh ? Vous retrouvez-vous souvent restreint ?
_ J'aime bien tester les nouvelles méthodes pour empêcher un mage d'utiliser ses pouvoirs, ne serais-ce que pour trouver comment les contrer.
Elle eu l'air amusée et intriguée et fit un mouvement circulaire avec ses mains, y faisant apparaître des fers reliés par une chaînes. Il fixa le mouvement avec surprise. C'était clairement une poche dimensionnelle, mais pas une ancrée dans un objet, comme c'était le cas pour son sac.
_ Une poche dimensionnelle personnelle reliée à vous, mais pas ancrée dans un objet ? Comment ? Sans point d'ancrage concret, elles s'effondrent toujours à un moment ou un autre...
_ Peut-être le vous dirais-je un jour.
Elle lui tendit les menottes et il s'en saisit avec précaution. Elles étaient épaisses et composées de plusieurs anneaux emboîtés les uns dans les autres. Il les manipula un moment, observant comment ils bougeaient et se connectaient, ainsi que les runes nordiques qui les recouvraient. Il humhuma distraitement, intrigué. Il avait vu plus d'une paire de menottes anti-magie dans sa vie, dont certaines utilisant cet alphabet, mais celle-là semblaient bien plus complexes et puissantes. Il bougea un anneau et eu un sourire amusé, les runes bougeaient en même temps, se reconfigurant en suivant le mouvement des pièces.
Il entendit un bruit de page qui se tourne et remarqua que son interlocutrice avait commencé à lire son journal, il haussa une épaule et l'y laissa. Celui-là ne contenait rien de confidentiel ou de trop dangereux. Il retourna jouer avec les menottes sans un mot.
Le silence fut brisé quelques minutes plus tard par un commentaire de la jeune femme :
_ Vous aimez vraiment briser les lois de la magie.
Il leva la tête du parchemin sur lequel il prenait des notes.
_ Oui. Où en êtes-vous ?
Elle lui tendit le journal et il jeta un coup d’œil. Il eut un reniflement amusé, et retourna à son étude.
_ Attendez de lire la suite avant de dire ça.
Il l'entendit retourner à sa lecture. Une minute plus tard, elle soupirait lourdement.
_ Possédez-vous un instinct de survie ?
_ Bien sûr, sinon je ne serais plus en vie depuis longtemps. C'est d'un instinct de préservation, dont je suis dépourvu. Ça, et le bon sens que toute personne normale développe dans sa petite enfance. Mais qui veut être normal, de toute façon ? Normal est barbant.
_ Effectivement.
Il fit un dernier calcule et poussa un léger cri de victoire avec un large sourire.
_ Trouvé !
_ Vraiment ?
Il hocha la tête, puis se leva en prenant les menottes. Il fixa la femme avec un air joueur et demanda :
_ Vous venez ?
_ Ou ça ?
_ Quelque part où je peux relâcher ma magie sans risquer de griller de la tech. J'espère que vous avez les clef, si je me trompe.
Elle se leva en hochant la tête et en empochant son journal.
_ Bien entendu.
Il nota qu'elle ne promettait pas de le libérer, mais mis ça de côté. Il avait une expérience potentiellement dangereuse à effectuer ! Ils sortirent de la bibliothèque et il ouvrit un portail vers les montagnes surplombant Poudlard. Ils se retrouvèrent sur un promontoire rocheux d'où ils pouvaient voir toute la vallée et le château, perché au-dessus du lac. Ils étaient loin des barrière de l'école et du village, donc il ne devrait pas y avoir d'accident.
Loki observa son adepte avec intérêt, curieuse de ce que l'homme allait faire. Elle avait remarqué la marque dès qu'il avait remonté ses manches la première fois et avait été intriguée. Son intrigue n'avait fait que grandir en apprenant qu'il était en réalité un vrai mage, capable de lui cacher sa puissance magique, et qu'apparemment, il brisait régulièrement l'impossible. Elle n'avait pas réussi à voir son passé en lui saisissant le poignet, les deux fois, mais mis ça sur le compte de protections magiques contre la divination. Les menottes étaient un test de ce qu'il pouvait vraiment faire. Était-il réellement compétent en enchantements ? Ou se vantait-il pour l'impressionner ?
Elle ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux lorsqu'il retira ses suppresseurs et sa magie se répandit dans l'air. Il était puissant, beaucoup plus qu'un mortel normal. Sa magie tournoyait autour de lui dans un vortex perceptible à l’œil nu et provoquait une légère brise. Elle comprenait maintenant pourquoi il devait utiliser des suppresseurs personnalisés. Le maelstrom se calma et la magie se stabilisa, comme un manteau de pouvoir entourant l'homme. Il avait les yeux fermés, le corps détendu et le visage tourné vers le ciel, profitant clairement de l'instant. Elle ne put retenir un sourire amusé en le voyant, même si elle comprenait le soulagement qu'était la libération de sa magie, après qu'elle ait été scellée pour une raison ou une autre.
Elle laissa échapper un petit peu de son pouvoir, curieuse de sentir la magie de l'autre, d'en voir la nature. Elle se retira quasiment aussitôt en sentant l'autre magie essayer de se lier à la sienne, les yeux écarquillés, de nouveau surprise. Ce n'était pas possible...
Alvis se tourna vers la femme avec surprise. Il avait sentit sa magie se tendre vers lui, sans hostilité, et la sienne n'avait pas réagi comme d'ordinaire.
_ Est-ce que vous allez bien ?
Lora se reprit aussitôt et lui fit un sourire rassurant, le faisant se détendre de nouveau.
_ Oui, ce n'est rien. Allez-vous tester les menottes ?
Il hocha la tête, de nouveau excité. Il agita la main et fit apparaître un banc de bois, tourné vers le paysage en contre-bas. Il s'assit avec un soupir, avant de tendre les fers vers Lora. Elle s'en saisit et les referma sur ses poignets. Il sentit sa magie être restreinte au moment où les anneaux se refermèrent. Il ne pouvait plus s'en servir, même en interne, et hocha la tête, satisfait d'avoir bien analysé les effets de l'objet. Il hésita un instant, avant de retirer l'un de ses gants, dévoilant sa main droite, qui étaient couverte de cicatrices. Il s'entailla l'indexe et se mit à tracer des runes sur les menottes. Le sang contenait toujours de la magie, c'était ce qui le rendait si dangereux dans les rituels. Il était donc possible de s'en servir lorsqu'on n'avait pas accès à sa magie, pour alimenter des runes de sang. Les bibliothèques Black et Potter contenaient beaucoup d'ouvrages sur la magie de sang et les runes de sang, ouvrages que sa mère avait dû lire pour créer la protection de sang sacrificielle qui lui avait simultanément sauvé et compliqué la vie. Il les avait dévoré pour mieux comprendre ce qu'il s'était passé cette nuit-là et les conséquences sur son développement. Si la spécialité n'était pas illégal dans une bonne partie du monde, il aurait été qualifié pour un master en la matière.
Il traça la dernière rune et les activa. Les menottes résistèrent un instant, avant qu'un déclic ne se fasse et qu'elles ne s'ouvrent. Il les retira, sa magie explosant de nouveau hors de son corps, et se blottissant autour de Lora avant qu'il ne puisse la contrôler. Il montra les menottes ouvertes avec un large sourire.
_ Tada !
Lora lui fit un sourire sincère en les récupérant. Il s'assura de faire disparaître toute traces de son sang, bien entendu.
_ Bien joué. Je suis impressionnée. Cela m'a pris bien plus de temps pour trouver comment m'en défaire par le passé, même si ma méthode est différente.
Il acquiesça en remettant son gant, après avoir soigné son doigt. Il se laissa aller contre le dossier du banc en contemplant l'horizon. Il pouvait attendre un peu avant de remettre ses suppresseurs.
_ Peu de personnes savent comment utiliser les runes et la magie de sang.
_ Le sang est puissant et dangereux, concéda-t-elle. Mais si utile lorsqu'on n'a pas accès à d'autres moyens.
_ Exactement ! Et c'est le meilleur medium à utiliser quand on est dans une zone anti-magie. Dommage que ce soit aussi illégal...
Elle hocha la tête, comprenant clairement le sentiment. Ils restèrent un moment assis là, contemplant le paysage en silence. Alvis se renfrogna lorsque sa magie essaya de nouveau de se lover autour de la femme et la rappela à l'ordre encore une fois.
_ Savez-vous pourquoi ma magie réagit ainsi ? C'est la première fois que ça arrive. D'habitude, elle n'agit toute seule que pour me protéger d'une attaque.
Lora resta silencieuse un instant, avant de répondre :
_ Nos magies doivent être partiellement compatibles et entrer en résonance. C'est assez rare.
Il eut un reniflement amusé, tout en contrôlant de nouveau sa magie.
_ Si c'est rare, alors ce n'est pas étonnant que ça m'arrive.
Elle leva un sourcil vers lui.
_ Oh ?
Il haussa l'épaule et ferma les yeux, soudainement fatigué.
_ Comme je l'ai dis, ma chance est foireuse. Elle a trois niveau, chaotique, divin et pourquoi. Divin, je ne peux pas perdre à des jeux d'argent, plus la mise est haute, plus je gagne. Chaotique, je me retrouve toujours dans des situations impossibles, ridicules, et potentiellement mortelles, pour m'en sortir sans trop de séquelles. Et pourquoi est... C'est quand j'arrête de me demander qui, quoi, comment, et saute direct au Pourquoi.
_ Oh ? Et me qualifieriez-vous de pourquoi ?
Il y réfléchit un instant, avant de hocher la tête.
_ Je pense, oui. Je ne sais toujours pas si c'est positif ou non. On ne sait rien l'un de l'autre, après tout.
Elle leva un sourcil, resta silencieuse un instant, puis demanda :
_ Et souhaitez-vous en apprendre plus ?
Il la fixa, incertain. C'était un territoire dangereux, que de se lier à de nouvelles personnes. Il se tourna vers le ciel, réfléchissant à la question. Il avait tout perdu, même s'il avait retrouvé Andy, et obtenu Ted et Harry, et même les Granger, ce n'était pas la même chose. Il n'avait même pas encore fait le deuil de son ancien monde, même s'il avait craqué plus d'une fois en privé. Il savait que derrière ses barrières mentales, il était une épave émotionnelle. Voulait-il vraiment prendre le risque de se lier à quelqu'un de nouveau ? Être proche de lui était dangereux et il était dangereux pour ses proches.
Voulait-il apprendre à connaître la femme à côté de lui ? Sa magie semblait pour, flottant doucement autour d'eux, se rapprochant et s'éloignant de Lora, comme un chat découvrant un nouveau jouet intéressant. Mais...
Il soupira et secoua la tête. Il se frotta le visage, fatigué, avant de se tourner vers elle avec un faible sourire.
_ Pourquoi pas.
_ Vous ne semblez pas vraiment enthousiaste à l'idée.
_ J'ai... beaucoup perdu récemment. Un pourquoi vraiment négatif, si vous voulez, et suis vraiment dans une mauvaise passe émotionnelle. Cependant, j'aimerais apprendre à vous connaître. Ma magie est l'une des rares choses en lesquels j'ai une confiance aveugle, et si elle vous apprécie, c'est que vous devez valoir la peine d'essayer. Elle est probablement un meilleur juge de caractère que moi, de tout façon.
Elle inclina la tête avec un fin sourire.
_ Très bien. Il me semble que nous allions discuter mythologie, à l'origine.
Il se redressa, content du changement de sujet et sortit son exemplaire de l'Edda de Snorri. Ils passèrent plusieurs heures à discuter et débattre des légendes, migrant à un moment au Trois Balais pour manger et profiter de leurs bièraubeurres.