
After
Quand Harry avait embrassé Malefoy, il ne s'était pas attendu à ce qu'il lui réponde. Comme à l'époque de Poudlard, ce type était une contradiction vivante. Il semblait à la fois rejeter l'Auror et lui envoyer des signaux d'invitation. Toute la soirée s'était un peu déroulée ainsi. Alors lorsqu'il s'était avancé vers lui et avait posé ses lèvres sur les siennes, il s'était inconsciemment préparé à encaisser une farouche opposition et à se faire insulter de tous les noms. Seulement voilà, Harry ne pouvait résister au magnétisme qui l'avait attiré dès qu'il l'avait revu, à son envie de le goûter, autant par curiosité que par pur désir.
La timidité adolescente des premiers émois avait disparu depuis longtemps. Il n'avait aucun complexe personnel à ce niveau-là. Il acceptait sa sexualité et ses attirances sans se prendre la tête. Il n'avait jamais été de ce genre-là, de toute façon. Ses seules limites était la décence morale de son éventuel partenaire. Il n'avait jamais été attiré par les gens mauvais. Peut-être était-ce son côté chevaleresque. Peut-être que c'était la raison pour laquelle Malefoy ne l'intéressait pas autrefois. Il avait changé, était plus authentique et plus lui-même à présent. Oh ! Il avait toujours ce côté piquant, à n'en pas douter, mais sans la malveillance que son père avait autrefois implanté de force dans son esprit.
Harry sentit une décharge de plaisir au contact des lèvres douces et chaudes – et pourtant immédiatement exigeantes – du vibrenotiste. Loin d'apaiser son désir, le baiser qu'ils partageaient ne faisait que l'attiser, lui tournant la tête sous un afflux d'émotions. Malefoy enroula ses bras autour de lui. C'était un étrange sentiment que de se retrouver enveloppé, presque protégé par quelqu'un, lui qui avait toujours été celui qui se battait pour les autres. Un étrange bien-être l'envahit. Pas un calme et apaisant. Un bien-être intense et brûlant. Comme lorsqu'on se réchauffe près d'un feu de cheminée. Il répondit à l'étreinte en enlaçant Malefoy à son tour, glissant ses mains dans son dos et le pressant un peu plus contre lui.
Leurs hanches s'entrechoquèrent en une délicieuse décharge d'excitation et Harry entrouvrit les lèvres pour approfondir le baiser. La langue du vibrenotiste conquit aussitôt l'espace ténu de sa bouche, venant caresser avec ardeur celle de l'Auror. Bordel ! Que cet homme l'excitait ! Il n'avait jamais autant désiré quelqu'un. Son esprit ne s'était jamais senti aussi étourdit par un simple baiser. Ses pensées déraillèrent, confuses, partant dans tous les sens et pourtant dans une seule direction. Lui. Il voulait plus, en découvrir davantage, le sentir nu contre lui, le caresser entièrement, goûter chaque parcelle de son corps, s'enfoncer entièrement en lui...
Une sensation brûlante montait en Harry à chaque coup de langue, chaque frottement de lèvres, chaque pression de leur corps l'un contre l'autre. Il pressa sa main droite derrière son dos pour l'attirer plus encore vers lui. Malefoy se cambra en réponse. Les doigts du vibrenotiste se posèrent sur la mâchoire de l'Auror comme pour le retenir, tandis que les autres plongeaient dans sa chevelure brune et s'y accrochèrent. Harry avait lui aussi envie de toucher ces cheveux blonds qui l'avaient tant de fois hypnotisé. Étaient-ils aussi doux qu'ils en avaient l'air ? Ses pensées lui échappèrent et plutôt que de remonter sa main gauche pour satisfaire sa curiosité, il la descendit vers les fesses de Malefoy qu'il attrapa avec un érotisme assumé, son index glissant au niveau de sa fente. Le vibrenotiste laissa échapper un gémissement contre ses lèvres avant de s'en détacher, penchant légèrement sa tête en arrière, le souffle court et saccadé, les mains enfoncées dans les cheveux de l'Auror. Le cœur de ce dernier battait à toute allure tandis qu'il plongeait dans son cou pour en mordiller et lécher la peau. Il était délicieux, ce qui ne fit qu'accroître encore le désir du brun. Il se sentait déjà à l'étroit dans son jean tandis qu'il sentait le sexe dur de Malefoy contre son aine, à travers les tissus.
— Potter... Non... Attends... murmura-t-il presque convulsivement.
Harry se figea. Ses doigts se crispèrent sur Malefoy tandis qu'il reprenait conscience de sa respiration haletante. Le blond laissa retomber ses mains derrière les épaules du brun et baissa les yeux vers lui. Ce dernier mit quelques secondes à se reprendre afin d'être prêt à l'affronter avant de relever la tête. Voilà, comme il s'y attendait : le moment du rejet. Après ce qu'il venait de ressentir, Harry n'était pas sûr de garder son calme, même s'il le devait.
— Tu pourrais retirer ta main de mon cul ? Il faut qu'on parle, Potter, déclara Malefoy, la voix légèrement tremblante, fronçant les sourcils.
Harry soupira, mais ne bougea pas.
— Et tu ne peux pas le faire, là ? le taquina-t-il.
— C'est sérieux, abruti de balafré ! gronda Malefoy. Tu me tances depuis des jours pour discuter et maintenant tu rechignes.
Harry remonta sa main sur ses rein, sans le lâcher pour autant. Cela sembla convenir au vibrenotiste.
— Je voulais parler, mais pas forcément à ce moment précis, grimaça-t-il. Et franchement, c'est un peu vexant le surnom que tu utilises.
— Tu préfères que je te donne du « Saint Potter » peut-être ? Même pas en rêve, connard.
Les paroles de Malefoy se voulaient insultantes, sans doute pour le repousser. Mais en même temps, ses doigts s'accrochaient au T-shirt de Harry, comme pour l'empêcher de s'éloigner. L'Auror prit une grande inspiration.
— Tu sais, parfois, je me demande vraiment ce que je te trouve. J'hésite tellement entre te lancer un sort de silence et t'envoyer balader ou te faire l'amour pour te faire taire.
Malefoy lève les yeux au ciel, confirmant qu'il ne le prenait pas au sérieux. Pourtant, il jouait beaucoup avec les nerfs de Harry dernièrement.
— C'est mon charme légendaire qui t'ensorcelle. Mais justement, c'est de ça que je voulais discuter.
— De ton charme pseudo légendaire ? demanda l'Auror, perplexe.
— Mais non, abr... id... Non.
— Est-ce que j'aurais trouvé le moyen de dompter l'irascible Drago Malefoy ? se moqua-t-il gentiment.
— Mais ta gueule, vraiment. Ce que je voulais dire, c'est que j'avais la forte impression que tu imaginais que tu serais dominant dans une relation entre nous. Je préfère te le dire tout de suite, ça n'arrivera pas.
— Bah... J'ai toujours été le top. Je pense que je suis doué pour ça et que tu aimerais, répliqua-t-il, mi taquin mi-sérieux.
— Ce n'est pas négociable. Je reste un Malefoy. Il est hors de question que qui que ce soit me passe dessus.
Tout à coup, Harry réalisa qu'ils discutaient d'éventuelles futures parties de jambes en l'air sans réel tabou, que le vibrenotiste ne les avait pas interrompu pour le rejeter. Il éclata de rire, un rire nerveux, de soulagement. Malefoy lui retourna un regard perplexe.
— Tu trouves ça drôle ? Je ne plaisante pas sur ce sujet.
— Pardon, pardon, s'excusa Harry. Ce n'est pas pour ça. Je... Je croyais que tu allais encore... Juste m'envoyer me faire voir en enfer et te barrer. On n'aura qu'à voir comment ça se passe sur le coup, non ?
Malefoy lui asséna un regard hautain.
— Ça se passera comme je le veux ou pas du tout, trancha-t-il.
Harry soupira.
— Toujours aussi intransigeant. Quand c'est toi, je ne sais pas pourquoi, mais je trouve ça mignon.
— Mignon, répéta Malefoy avec dédain.
L'Auror haussa les épaules en prenant un air satisfait. Pris d'une soudaine envie, il déposa de nouveau ses lèvres sur celles du vibrenotiste. Ce dernier se laissa faire une seconde avant de se détourner.
— Har... Potter. Je...
Il regardait droit devant lui, un peu dans le vide. L'atmosphère sembla un peu plus lourde tout à coup. Le coeur de Harry ne cessait de bondir à chaque changement d'humeur du blond. Il ressentait un ascenseur émotionnel puissant depuis tout à l'heure. Un moment il se réjouissait, le suivant il flippait, pour se retrouver heureux la minute d'après et s'inquiéter de nouveau à présent. Heureusement, Malefoy le tenait toujours, ce qui le rassura un minimum.
— Tu peux tout me dire, articula Harry, prenant sur lui. Même si ce n'est pas agréable...
Il ignorait s'il aurait tout supporté à cet instant, mais il savait que Malefoy avait lui aussi mal vécu l'après-guerre et portait probablement toujours de profondes cicatrices des traumatismes qu'il avait subi. Harry avait réussi à surmonter la plupart de ses problèmes, le dernier étant son besoin de trouver une vraie raison de continuer, de respirer et de se sentir vivre. Et le vibrenotiste représentait tout ça pour lui. Après le baiser qu'ils avaient échangé, il en était certain. Il palpitait à ses côtés, comme si Malefoy touchait directement sa corde sensible. S'il devait représenter ce qu'il ressentait, alors le blond serait un dieu de la musique et lui son instrument. Qui pouvait réellement se sentir exister sans quelqu'un qui fasse vibrer son âme ?
La mâchoire du vibrenotiste se serra. Ses yeux se baissèrent pour ensuite se relever en tournant la tête vers Harry. Une mèche de cheveux blond polaire vint tomber sur son front. Son regard se troubla, s'embua, brillants de larmes contenues. Il ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Ses lèvres tressaillirent. Harry comprit aussitôt ce qu'il allait dire et combien cela lui était difficile. Il aurait voulu lui répondre avant même qu'il ne le fasse, histoire de lui éviter cette peine. Mais il savait que Malefoy avait intrinsèquement besoin de le faire, de prononcer ces mots tout haut, pour l'Auror comme pour lui-même.
— Je suis désolé pour tout, Harry.
Ce six petits mots étaient bien suffisants, plus que d'interminables excuses. Ils contenaient tout ce qu'il y avait à dire, ni plus ni moins. Les lèvres du brun formèrent le plus doux sourire qu'il puisse lui offrir, l'attirant ensuite contre lui, une main dans son dos, l'autre remontant derrière sa tête, ses doigts glissant enfin dans ses cheveux lunaires. Ils étaient aussi fins et satinés au toucher et Harry ressentit une onde de bonheur à avoir le droit de les explorer. Pourtant, ce n'était pas là ce qui faisait battre son cœur le plus fort, à en faire exploser sa poitrine. Malefoy l'avait appelé par son prénom et dans sa bouche, il résonnait plus harmonieusement que dans n'importe quelle autre.
Des soubresauts secouèrent les épaules du vibrenotiste tandis qu'il se laissait aller dans ses bras, la tête calée sur son épaule. Bientôt, il sentit l'humidité des larmes imprégner son T-shirt. Il fallut plusieurs minutes pour que Malefoy cesse de pleurer, sans pour autant bouger ou s'écarter de Harry.
— Tu as pourri mes fringues, lui murmura-t-il pour le taquiner tout en le serrant toujours contre lui.
— Elles étaient déjà nazes, marmonna Malefoy dans son cou.
Harry rit tout bas puis tourna son visage vers lui pour déposer un baiser dans ses cheveux.
— Tu ne m'en veux pas ? chuchota le vibrenotiste.
— D'avoir trempé mon T-shirt ? le titilla l'Auror.
Malefoy lui mordilla le cou en guise de punition.
— Bien sûr que non. Je ne t'en veux plus depuis longtemps. Depuis que j'ai compris que ce n'était pas à toi que je devais en vouloir. Même si... Tu as aussi pourri une bonne partie de ma scolarité.
Malefoy se redressa finalement, les yeux rougis et le visage humide. Harry l'avait rarement vu vulnérable. Deux ou trois fois avant cela. Mais il était terriblement en colère à l'époque. Entre le deuil et l'impuissance, il n'avait pas réalisé que ses proches et lui n'avaient pas été les seuls à souffrir, que certains « ennemis » avaient eux aussi beaucoup perdu et avaient été emportés malgré eux du côté de Voldemort.
— Qu'est-ce que tu dirais si on arrêtait la visite pour ce soir et qu'on finissait la soirée d'une manière plus tranquille ? proposa-t-il.
Malefoy plissa les yeux, méfiant.
— À quoi tu penses ?
— Rassure-toi, avec la tête que tu as en ce moment, je ne songe à rien d'érotique. On pourra reprendre notre conversation à ce sujet un autre jour.
— Tu es le pire menteur que j'ai jamais rencontré. Même décoiffé et débraillé, je suis magnifique.
— Tu veux que je t'emmène devant un miroir pour vérifier, Malefoy ?
— J'ai plus rapide pour le savoir, réplique-t-il en glissant une main entre eux pour la poser directement sur l'entre-jambe de Harry, toujours aussi dur et à l'étroit dans son jean. On dirait que j'ai raison, comme toujours.
Rester de marbre demandait à l'Auror une grande concentration.
— Tu es insupportable, dit-il en prenant la main impudique dans la sienne. Je voulais juste que tu te retrouves dans un lieu plus calme, qu'on soit plus à l'aise, rien que tous les deux.
— D'accord, concéda Malefoy en haussant un sourcil. Emmène-moi là où tu voulais. Je suis curieux.
Harry plongea de nouveau la main dans la poche, touchant un petit vif d'or désactivé qu'il avait enchanté pour servir de portoloin personnel. Ça lui avait pris presque deux ans à le finaliser et il ne fonctionnait même plus une fois hors du pays (un enchantement toutefois d'une relative puissance). Ils furent aussitôt emportés dans un tourbillon magique, les faisant réapparaître la seconde suivante dans le hall d'un vieux bâtiment.
— Où sommes-nous ?
— Bienvenue chez moi, déclara Harry au même moment. C'est encore un peu vétuste par endroit, mais j'en ai fait rénover une bonne partie pendant que j'étais à l'étranger.
— Tu étais parti ?
— Pendant plusieurs... années, en mission, expliqua-t-il vaguement. Je suis revenu le jour de votre concert.
Une pointe d'anxiété s'insinua en Harry, d'avoir emmené Malefoy chez lui, comme un ado qui se retrouve pour la première fois seul en tête à tête avec le garçon pour lequel il en pince. Il n'avait pas ressenti ça lorsqu'il était chez le vibrenotiste. C'était étrange de le voir dans le hall. Harry s'arrêta un moment pour l'observer. Il semblait décontracté, autant que Malefoy pouvait l'être selon lui, et il avait raison. Il était splendide avec ses mèches retombant en bataille sur son front et ses yeux de mercure liquide.
— Ça te tente un film moldu ? J'ai une télé ici et tout un stock de DVD.
— Je n'ai aucune idée de quoi tu parles, mais s'il y a moldu dans l'énoncé du problème, je pense que je vais décliner.
— Oh ! Allez, je suis sûr que tu vas passer un bon moment, argumenta Harry en le regardant d'un air suppliant.
Il espérait ressembler un peu aux chiots qui apitoient avec leurs grands yeux tristes, même s'il doutait qu'un quelconque animal puisse toucher la corde sensible de Malefoy. Ce dernier leva les yeux au plafond.
— S'il n'y a que ça pour te faire plaisir. On dirait Scorpius quand tu fais cette tête.
Harry éclata de rire.
— Je te traite de gamin et tu rigoles ?
— Bah ! Tant que j'obtiens gain de cause, avoua l'Auror en haussant les épaules.
Il l'invita ensuite dans son salon et le laissa s'installer dans son canapé pendant qu'il partait dans la cuisine récupérer deux verres et une bouteille de vin de pomme-dansante, très difficile à obtenir en Angleterre ces dernières années. Avec son nom et ses connections, Harry avait réussi à en importer quelques-unes qu'il n'était pas peu fier de posséder. Il estima que ce serait sans doute assez décent pour Malefoy, habitué à une existence de luxe et de privilèges, même si sa vie semblait plus simple à ce niveau-là, à présent.
Il ramena le tout sur la table basse et prit un DVD au hasard parmi les dizaines qu'il avait récupérés, l'insérant dans le lecteur. Beaucoup ne conviendraient pas à Malefoy, mais cela importait peu. Il voulait seulement passer un moment tranquille avec lui, pour qu'il se sente plus à l'aise en sa compagnie et s'ouvre plus naturellement à lui. L'écran de présentation de La Communauté de l'Anneau s'afficha sur la télé et il lança le film. Peut-être que ça passerait, après tout. De nombreux films de 2001 étaient très bons. Il servit deux verres et en tendit un au vibrenotiste, qui l'accepta et en huma aussitôt le parfum.
— C'est un vin de pomme-dansante ? demanda-t-il, surpris.
— Oui, tu n'aimes pas ?
Harry s'assit à côté de lui.
— Si, j'adore tout ce qui est à base de pomme.
Le film passait dans le fond, mais aucun d'eux ne s'y intéressait vraiment. Malefoy sirotait son verre tout en détaillant le salon de l'Auror, qui lui-même observait le vibrenotiste. Des traits fins, aristocratiques, des yeux qui se mouvaient entre le gris acier et le bleu glace selon la lumière, ornés de longs cils clairs, des sourcils arqués et élégants, la peau pâle comme l'hiver, une mâchoire anguleuse, des pommettes hautes et un menton pointu dessinant un visage en forme de diamant. Oui, Malefoy était décidément un bijou d'esthétisme. Plus il le regardait et plus Harry se sentait quelconque à côté de lui.
Plus il se demandait aussi pourquoi il n'avait pas remarqué tout ça avant. Son exil volontaire l'avait-il changé ou le voyait-il ainsi parce que le blond était différent ? Plus vulnérable... Plus posé... Plus mature ?
— À quoi tu songes encore, Potter ?
Tout à ses questions intérieures, Harry n'avait pas remarqué que Malefoy avait posé son verre vide sur la table et le fixait à présent. L'Auror avala le reste du sien et l'imita.
— Tu m'as appelé Harry tout à l'heure, se contenta-t-il de déclarer. Je préfère.
Le blond étira un coin de ses lèvres pour former un demi-sourire moqueur.
— Et en quoi tes préférences me concernent ?
Harry se tourna et s'allongea sur le dos, posant la tête sur les cuisses de Malefoy et attendant de voir sa réaction. Il se crispa tout d'abord, les mains relevées paumes vers le haut comme s'il ne savait pas où les mettre. Constatant qu'il ne le repoussait pas (ce qu'il avait cru qu'il ferait et se voyait déjà tomber comme un sac sur le sol), le brun se détendit.
— Tu pourrais faire un effort pour une fois.
Malefoy inspira fort, comme agacé, avant de poser sa main droite sur le torse de l'Auror, la gauche glissant dans ses cheveux sombres.
— Ne joue pas avec moi, Harry.
Cette petite phrase trahissait encore des doutes sur les intentions du brun à son égard tout en lui prouvant, d'une certaine manière, qu'il lui accordait un début de confiance et lui permettait d'atteindre ce qu'il y avait de plus fragile en lui. Le cœur de Harry bondit de bonheur. Dire qu'à la base, il n'avait que l'intention de coucher avec lui ! Tout avait changé en si peu de temps. C'était la chose la plus incroyable qui lui arrivait depuis des années et il n'arrivait pourtant pas à poser un mot sur ce qu'il ressentait.
— Ce n'est pas mon intention, Drago, annonça-t-il avec sérieux avant de reprendre un air plus malicieux. Enfin, ça dépend de quel jeu on parle.
Harry sentit le blond frémir et s'agiter un peu sous sa tête tandis que les doigts se faisaient caressant dans ses cheveux. Il ne répliqua pas, se mordillant la lèvre inférieure inconsciemment en regardant l'Auror.
— Tu peux m'embrasser si tu veux, l'encouragea Harry.
Drago retira ses mains du brun, le crispant une seconde par la même occasion. Avait-il été trop loin ? Mais il fut rassuré juste après, quand le blond vint poser ses paumes autour de son visage pour le relever avec délicatesse et venir l'embrasser en se penchant sur lui, d'abord doucement puis, très vite, plus langoureusement. Harry ne savait pas combien de temps leurs lèvres furent scellées par ce baiser tout en douceur et en émotions contenues, mais lorsque Drago le relâcha, il avait la tête qui tournait, l'esprit submergé par tout un tas de sensations et de nouveau une impression d'étroitesse au niveau de son entrejambe gonflée de désir.
— Je peux t'embrasser aussi ? demanda-t-il, la voix un peu trop rauque.
Drago acquiesça d'un mouvement du menton tout retenant sa respiration quelques secondes.
Harry tourna la tête vers lui, se redressant légèrement pour venir approcher son visage, non pas de celui du blond, mais de ses hanches. Son souffle chaud caressa son aine à travers les tissus puis il posa lentement sa bouche sur son entrejambe, relevant les yeux pour ne rien rater de la réaction du blond. Ce dernier le fixait, les lèvres entrouvertes. Et lorsque Harry commença à remuer les siennes, il le sentit aussi dur que lui sous ses vêtements. Drago passa rapidement sa langue pour humidifier ses lèvres, comme savourant à l'avance ce que le brun prévoyait de faire.
Harry esquissa un sourire puis se mit à donner des petits coups de dents gourmands sans le quitter du regard, à l'affût des moindres expressions du vibrenotiste, se délectant lui-même du plaisir qu'il semble lui procurer. Les mains de Drago revinrent sur lui. Si la gauche reprit sa place dans ses cheveux, la droite se posa sur son ventre, qu'elle caressa avec autant de ferveur que le brun mettait à jouer avec l'entre-jambe du blond. Alors Harry s'évertua à mouvoir ses lèvres avec plus de sensualité et d'engouement. Ce qui fut récompensé par autant de cajoleries sur ses abdos, les doigts agiles de Drago glissant sur son bas-ventre, que par des gémissements à peine perceptibles et visiblement retenus.
Enfiévré par le désir et l'accueil du blond, Harry commença à dégrafer le pantalon du vibrenotiste. Il voulait plus de lui, le toucher, connaître le goût de la peau tendre de sa verge après avoir connu celui de ses lèvres, s'interrogeant sur sa texture, sa chaleur et sa saveur. Il voulait l'entendre gémir sous ses coups de langue, le sentir se perdre sous ses baisers et vibrer entre ses doigts. Avec adresse, il défit ce qui le séparait encore de son fantasme de le voir s'abandonner à lui. Et tandis qu'il faisait glisser son pantalon de ses hanches, il sentit que les doigts de Drago déboutonnaient le sien – atténuant la pression qui l'enserrait – et serpentaient lentement sous son caleçon. Le blond, lui, portait un boxer noir très sexy en-dessous. Mais Harry ne s'y attarda pas plus que ça, le retirant à son tour pour libérer le sexe entravé. Ce dernier se dressa de toute sa force, fier et plutôt impressionnant, alors que la main de Drago se refermait sans hésitation sur le sien.
Une décharge de plaisir traversa Harry à son contact, qui s'accentua plus encore quand il glissa sa langue le long de la hampe du blond, une main la tenant à sa base et la pressant avec fermeté. Il ne s'était pas attendu à le trouver si grand, mais ça lui plaisait énormément, bien qu'une partie enfouie profondément dans son esprit se refuse à imaginer qu'elle puisse un jour entrer en lui comme Drago l'espérait. Il était encore plus délicieux qu'il ne l'avait imaginé. Sa peau était douce et tendre, sa queue chaude et gonflée, son gland humide et juteux. Tandis qu'il recueillait une goutte de plaisir du bout de sa langue, le blond laissa échapper un petit râle de satisfaction.
Harry prenait autant de plaisir à en donner qu'à en recevoir. Les doigts de Drago caressaient son sexe avec expertise, glissant tout du long, descendant et remontant dans un rythme parfait, ni trop rapide ni trop lent. Son pouce cajolait le dessus de son pénis, suivant la veine dorsale, là où il était le plus sensible, puis venait flatter son gland avant de retourner à la masturbation de son phallus. Harry perdait presque la tête sous ses attentions, gémissant de plaisir. Personne ne l'avait jamais aussi parfaitement touché et que ce soit Drago qui en soit à l'origine décuplait les sensations.
Le brun glissa alors ses lèvres autour de la hampe du blond et l'engloutit avec une lenteur délibérée, sa langue licencieuse caressant avec érotisme la chair qui s'offrait à lui. Il effleura la verge de ses dents, se jouant des râles de plaisirs qui lui parvenaient et qu'il pouvait encore observer de ses yeux mi-clos. Les doigts dans ses cheveux confirmaient les sensations exaltantes qui traversaient son partenaire tandis qu'il le suçait avec gourmandise, se serrant et se desserrant au gré des va-et-vient qu'il effectuaient avec sa bouche. Harry s'efforçait de le prendre au plus profond qu'il s'en sentait capable, faisant buter le gland contre de sa gorge, sans toutefois parvenir à l'engloutir entièrement.
Mais ça paraissait plus que suffisant pour Drago dont la main droite redoublait d'attentions et faisait chavirer Harry dans un océan d'intenses sensations.
— Harry... haleta-t-il, ses yeux gris assombris par le plaisir cherchant ceux du brun sans réussir à se fixer.
Son nom ainsi prononcé l'amena au plus près de l'orgasme, le laissant éclater dans la main de Drago avec une jouissance infinie tandis qu'il avalait à grands coups le sexe de son partenaire, l'amenant lui aussi au sommet de son plaisir. Il se déversa dans sa bouche dans un dernier soubresaut et un gémissement de délectation.
Harry roula d'un quart de tour pour se remettre sur le dos, un sourire satisfait sur le visage, regardant Drago depuis ses cuisses. Ce dernier retira sa main du pantalon du brun. Il était rouge, essoufflé et un peu échevelé, comme après un exercice physique particulièrement intense (ce qui était le cas). Il avait un air absolument adorable et Harry ne put s'empêcher de vouloir le garder pour lui encore longtemps. Mais ses vêtements un peu trop poisseux lui rappelèrent ce qu'ils venaient de faire et dans quel état il se trouvait.
— Je dois aller prendre une douche, tu veux venir avec moi ? proposa-t-il.
Il rougit et cette fois, ce n'était pas l'exercice, comme gêné par cet afflux de proximité. Drago lui avait toujours paru froid et distant, à part sur scène. Il fallait sans doute un peu de temps avant de s'habituer à plus de familiarité dans leur relation, même s'ils venaient de partager un moment plus qu'intime.
— On n'en est peut-être pas encore là, Harry, s'excusa-t-il en l'observant d'un œil méfiant. J'irai après toi.
Avait-il peur qu'il réagisse mal ?
L'Auror rit en se redressant et vint lui planter un baiser sur les lèvres.
— Aucun souci. Je reviens.
Il s'éclipsa et se lava rapidement avant de revenir plus frais et plus propre dans son salon. Mais lorsqu'il pénétra dans la pièce, il ne put que remarquer combien Drago brillait par son absence...