
Musique
Drago avait flippé, pour ne pas changer.
Ce n'était pas à cause de ce qu'il avait fait avec Harry. Il avait accepté son attirance pour lui depuis sa discussion avec Blaise et le déroulement de la soirée n'avait fait que confirmer ce fait. Non. Ce qui lui avait fait peur, c'était cette profusion d'émotions, d'envies et de besoins qui l'avaient envahi après ça. Partager un moment intime avec lui n'avait pas suffit. Il en voulait des centaines. Passer un moment avec lui n'avait pas suffit. Il voulait sentir sa présence à chaque instant. Discuter avec lui ne lui avait pas suffit. Il voulait le connaître entièrement.
Tout cela était, bien sûr, très contradictoire avec sa fuite. Mais lorsque Drago avait peur, ses premiers instincts étaient d'agresser quand il était acculé ou s'échapper quand il en trouvait l'occasion. Il n'avait jamais été courageux. Peu importait combien de fois on lui répétait le contraire.
« Tu as été courageux de ne pas dénoncer Harry Potter. »
Non, Drago s'était seulement senti coupable pour tout le mal qu'il avait fait subir à Potter et ses amis et s'était dit que ça ne lui couterait rien, qu'eux pouvaient peut-être affronter ceux qui lui faisaient tant peur. Pas lui.
« Il en faut du courage pour désobéir au Seigneur des Ténèbres. »
Non, Drago avait seulement fui pour sauver sa peau face à une tache qu'il se savait incapable de faire. Il s'était éclipsé du combat en essayant de ne pas se sentir concerné, comprenant que tout ce qui arrivait n'était en rien de ce qu'il avait voulu.
« C'est courageux d'avoir défié tes parents et les traditions familiales. »
Non, si Drago ne respectait plus les traditions familiales et qu'aucune conséquence n'en résultait, c'était uniquement parce qu'il avait déjà fourni tout ce qu'on attendait de lui : un mariage entre sangs-purs qui a produit un héritier.
« Il faut du courage pour surmonter ton deuil. »
Nombreux étaient ceux qui avaient perdu des proches et qui allaient à présent de l'avant. Avait-il jamais réussi ? Astoria avait été son amie, sa partenaire, son étincelle de lumière dans l'obscurité de son existence. S'il avait gardé la face, c'était uniquement pour le fils qu'il chérissait, l'enfant qu'elle lui avait offert et qui était devenu à son tour sa lumière.
« C'est courageux de s'opposer aux idées conformistes et rétrogrades des sangs-purs en s'affichant ouvertement dans un groupe de musique qui prône l'union de tous les sorciers, peu importe leurs origines. »
Sauf que, même s'il en avait eu l'idée, c'était Théo qui écrivait les paroles et Blaise qui les chantaient. Lui, il restait au second plan, se cachant dans l'ombre. Là où était la place des lâches.
Drago avait beau retourner ces affirmations dans tous les sens, il en revenait au même point. Pour lui, s'il n'avait pas le contrôle d'une situation, la fuite semblait la meilleure solution. Il avait fini par accepter ce fait. Le choixpeau n'avait même pas hésité une seconde après tout ! Il n'avait rien d'un Gryffondor. Non, décidément, affronter l'inconnu et le danger, très peu pour lui ! Il avait donné suffisamment à Harry pour qu'il lui foute la paix à présent. Il avait eu à peu près ce qu'il voulait et passerait à autre chose.
Il activa tout de même les protections de sa maison pour que personne ne puisse entrer sans son autorisation. Savait-on jamais s'il se trompait et que Harry débarque encore chez lui pour demander une explication à son départ. Il en aurait été étonné, mais mieux valait rester prudent. Et puis, il n'avait pas envie de parler de ça. Pas avec lui. Pas quand tout était chamboulé dans sa tête. Il préférait couper court à tout ce chaos. C'était n'importe quoi de s'attacher aussi vite à lui. C'était de Potter qu'il s'agissait ! Son ancien rival et ennemi. Pourquoi ne parvenait-il plus à le voir de cette manière ?
Il voulait le rejeter de son esprit, arrêter de penser à son rire communicatif, à ses yeux pétillants derrière leur écrin de verre, à ses cheveux en bataille qu'il ne cessait de vouloir toucher, à son entêtement qui l'agaçait et le fascinait à la fois, à sa capacité à accepter ses sentiments et à écouter ses envies en se moquant du regard des autres, à sa compréhension qui le touchait si profondément, à sa tendresse qui semblait lui être destinée... À lui, tout simplement.
Drago s'empressa de se rendre dans sa salle de bain pour se doucher. L'eau lui ferait du bien, lui remettrait les idées en place. Mais lorsque le jet le recouvrit, rien de tout cela ne se produit. Au contraire, ses pensées s'agitaient et Harry en était toujours au centre. Il le troublait beaucoup trop pour sa santé mentale !
Il sentit que quelqu'un avait tenté de transplaner pendant sa douche, mais ses protections avaient tenu bon. Il avait aussi cru entendre la sonnerie de cascabelle retentir, mais il préféra ne pas répondre. Finalement, Harry était plus entêté qu'il ne l'avait prévu (car ça ne pouvait être que lui), mais il ne voulait toujours pas discuter ou le revoir. Avec un peu de chance, il finirait par comprendre et laisser tomber.
Une fois douché et habillé, une idée lumineuse lui vint à l'esprit pour ne plus penser à Harry. Il se rendit dans son salon et s'empara de sa vibrenote, tout en douceur pour ne pas l'effrayer. Il la câlina un long moment, jusqu'à ce qu'elle ronronne, puis passa la sangle sur son épaule.
— Tu veux jouer un peu, ma belle Luxmea ? murmura-t-il.
Une sorte de petit grognement lui répondit, qu'il prit pour un oui. Sa vibrenote appréciait toujours de jouer entre ses doigts. Drago se dirigea vers la cheminée et y alluma un feu, se concentrant sur Blaise pour le joindre. Ce dernier répondit presque aussitôt.
— Ça te tente un peu de musique ? questionna-t-il directement.
Les sourcils de feu de Blaise se froncèrent.
— Tu n'avais pas une soirée prévue avec Potter ? crépita sa voix en réponse.
— Si, mais ça s'est terminé plus tôt que prévu. Là, j'ai envie de jouer et il n'est pas très tard.
Blaise s'apprêtait à ouvrir la bouche, sans doute pour demander plus de détails, mais il s'interrompit lui-même avant de reprendre sur le sujet initial.
— Okay, je préviens les autres et on se retrouve au Repère, précisa Blaise avant de couper la conversation.
C'était ainsi qu'ils avaient nommé le lieu dans lequel il répétaient, un bâtiment en vieilles pierres avec une énorme salle centrale qui possédait une résonance particulièrement pure et puissante.
Drago alla chercher sa poudre de cheminette et aperçut la coupe de fruits en chemin. Il piocha une pomme, la montant aussitôt à sa bouche, mais il suspendit son geste à mi-chemin avant de la reposer. C'était une très mauvaise idée. Entre le putain parfum naturel de Harry qui sentait la Golden et qui avait envahi ses narines toute la soirée, et le vin de pomme-dansante qui avait précédé son orgasme le plus cosmique depuis... disons des années, il valait mieux éviter son pêché mignon pour les heures à venir afin d'éviter de penser au petit brun à lunettes. Lunettes qu'il trouvait par ailleurs hyper sexy sur lui...
Drago secoua la tête pour le chasser de ses pensées, s'empara de la poudre de cheminette et en utilisa rapidement une poignée pour se rendre au Repère. Il entendit les autres se préparer. Ils venaient tout juste d'arriver, eux aussi. Il les rejoignit d'un pas tranquille, câlinant toujours sa vibrenote pour la tenir prête.
— Tu ne pouvais pas tomber au meilleur moment, Blaise, déclarait Pansy, un sourire immense sur les lèvres. Mes parents avaient invité ce type, Sullivan Fawley, et ils ont essayé de me caser avec lui toute la soirée !
— Tu ne leur as pas encore dit pour toi ? intervint Drago en prenant place, espérant avoir l'air plus détendu que jamais.
Pansy secoua la tête.
— Tu sais que tu ne leur dois plus rien, hein ? continua Théo. Et si tu as besoin d'un endroit le temps de retomber sur tes pieds, tu es la bienvenue à la maison.
— Attends, Fawley... réfléchit Blaise. C'est pas ce petit enfoiré de Poufsouffle qui avait mis de la bave de crapaud violet dans les chaussures de Greg sans le prévenir, soit-disant pour l'empêcher de les perdre pendant un match de Quidditch ?
— Si, c'est lui, grogna l'intéressé. Je n'ai pas pu retirer mes chaussures pendant trois jours après ça. La bave m'avait collé les pieds à travers les chaussettes....
— Nos nez s'en souviennent encore, se moqua Drago.
Tout le monde éclata de rire.
— Tu as bien fait de lui fausser compagnie, Pans, lui affirma leur immense ami.
— La prochaine fois, ramène-le plutôt, conseilla Blaise. Je crois qu'on rigolerait bien s'il se retrouve face à Greg maintenant.
— J'y songerai si mes parents m'organisent un autre rendez-vous.
Ils finirent de se positionner puis ils commencèrent à jouer. C'est Théo qui choisit le morceau en balançant les premières notes sur sa bruissegrave. Les autres suivirent rapidement. Chacun d'eux le connaissait par cœur et Drago put se laisser porter par la musique. Luxmea vibrait sous ses doigts tandis que les sons parvenait à ses oreilles, l'enveloppant dans une sorte de brouillard de bien-être. Il ne voulait penser à rien d'autre qu'au plaisir du rythme. Il ferma les yeux et laissa les ondes le pénétrer.
Toutes les sonorités des différents instruments parvenaient à son oreille pour s'y marier parfaitement. L'acoustique douce mais envahissante du bruissegrave de Théo. La modulation pure et harmonieuse de l'echolumen de Pansy. Les puissantes et enivrantes impulsions du percuféroce de Greg. La mélodie électrique et hypnotisante de sa vibrenote. Le timbre pur et envoûtant de la voix de Blaise. La cadence l'emporta loin de ses soucis et de ses questionnements, loin de sa lâcheté et du dégoût de lui-même qui le submergeait parfois. C'était un moment de grâce et d'abandon comme il aimait en passer pour mieux se reprendre et se rasséréner.
Ils ne cessèrent qu'après une heure d'enchaînement de différentes chansons, quand ils furent tous épuisés par leurs journées. Théo donna le coup de départ, suivi de près par Pansy. Greg ne tarda pas à rentrer, lui non plus. Seuls Blaise et Drago s'attardèrent. Le premier parce qu'il voulait discuter, le second parce qu'il redoutait de retourner chez lui, dans la froide réalité de sa couarde existence.
Le chanteur s'installa sur le canapé du coin qu'ils avaient aménagé pour se reposer et l'invita à venir le rejoindre. Avec un soupir, Drago posa son instrument après l'avoir câliné pour le remercier puis prit place à côté de son ami, s'enfonçant sans ménagement dans les coussins.
— Je n'ai pas spécialement envie d'en parler, annonça tout de suite le vibrenotiste.
— Il y a une grande différence entre ce dont tu as envie et ce dont tu as besoin, tu sais, rétorqua Blaise.
Drago lui lança un regard noir et ne répondit pas, espérant que le chanteur lâcherait l'affaire.
— Ça fait trois jours que je te vois passer par toutes les émotions possibles et imaginables, continua Blaise, pas impressionné pour un sou. Franchement, ça a l'air de te dépasser. Tu ne peux pas m'en vouloir de m'inquiéter.
— Tu n'as pas à t'en faire. Je vais bien.
— Pourquoi tu m'as demandé de réunir le groupe à presque minuit alors ?
— Oui, bon... J'avais juste besoin de me vider l'esprit.
— Ça s'est mal passé avec Potter ?
— Non, c'était sympa.
Blaise lui jeta un regard incrédule.
— Si sympa que tu avais besoin de te vider l'esprit...
— Tu m'agaces, râla Drago. On a visité une partie du Londres moldu. C'était plutôt intéressant, sauf les moldus, qui sont encore plus énervants que toi.
— C'est à cause d'eux que tu voulais penser à autre chose ?
Le vibrenotiste se sentit rougir, mais tenta de faire comme si de rien n'était.
— Ou c'est à cause de Potter ? ajouta Blaise, un air entendu sur le visage.
— Je ne suis pas sûr de pouvoir en parler...
— À quoi ça sert les meilleurs amis, si ce n'est pas pour partager tout ce qu'on a sur le cœur ?
— Ça concerne aussi Harry...
— Oh ! C'est « Harry », maintenant ? souligna-t-il, le ton coquin.
Il posa une main sur le genou de Drago et se pencha vers lui, complice, le regard plein de connivence.
— Tu ne vas pas me lâcher tant que je ne t'aurai pas raconté, c'est ça ?
— Non, et je ne te laisse pas t'enfuir. Je te connais.
— Bon, très bien. Mais tu ne répètes ça à personne. Compris ?
— Je le jure sur les... (Il réfléchit un moment) huit maris de ma mère.
— Je préférerais quelque chose dont tu te soucies un peu plus.
— ... Sur mon honneur ?
Drago laissa échapper un rire mécontent.
— Pourquoi pas plutôt sur toi ou ta voix, tout simplement ?
— Comme tu veux. Je le jure sur ce que j'ai de plus cher. Ça te convient mieux ?
Le blond hocha la tête.
— Je t'écoute, dit Blaise pour l'inviter à parler.
— Ce n'est pas aussi incroyable que tu le penses, mais c'est personnel. On a passé la soirée ensemble. Je l'ai branlé. Il m'a sucé. Je suis parti juste après pendant qu'il prenait sa douche. Voilà.
— Quoi ?
— Tu ne me feras pas répéter.
— Attends, Potter t'a taillé une pipe ?
— Par Morgane, Blaise ! Ce n'est pas ça l'important ! gronda Drago en lui balançant un coussin dans la figure.
Le chanteur éclata de rire et lui renvoya. Le coussin retomba mollement après avoir frappé le visage du vibrenotiste, dont l'expression oscillait entre l'offense et le désarroi.
— J'avais compris, petit prince, mais tu l'as raconté d'une manière si... expéditive, que je n'ai pas pu m'empêcher de me foutre de ta gueule.
— C'était pour le contexte.
— Oui, oui. J'ai saisi. Tu le laisses te sucer au premier rendez-vous et tu te carapates dès qu'il a le dos tourné. Du coup, tu te sens mal et tu ne savais pas comment gérer ça, alors tu as appelé le meilleur d'entre tous – c'est-à-dire moi – pour organiser une petite répet' de détente. J'ai tout bon ?
— Humpf, acquiesça Drago à contrecœur. La musique m'a toujours fait un bien fou.
— Même si c'est joli de le dire, ce n'est pas un pansement à tous les maux.
— Qu'est-ce que je dois faire alors ? En plus je crois qu'il a essayé de transplaner chez moi pour en parler, mais je ne l'ai pas laissé passer. Je l'ai laissé en plan sans même lui dire un mot.
— C'est ce qui te travaille ?
Drago acquiesça de nouveau. Ses yeux trahissaient sa panique.
— Je ne sais plus ce que je veux et où j'en suis avec lui maintenant.
— Tu voudrais qu'on décortique ça ensemble ?
— Je t'ai assez fait perdre ton temps avec mes histoires, déclara le blond, prudent.
— Comme si ça ne m'intéressait pas ! Si je peux t'aider et satisfaire ma curiosité en même temps, pourquoi ça m'ennuierait ?
— Je suis ravi que mes problèmes soient une si bonne distraction pour toi, Blaise.
— Tu fais bien, car je suis là pour toi quand tu en as besoin. Et tu le sais.
Drago soupira, mais ne nia pas.
— Bon, et par quoi veux-tu commencer ? J'ai l'impression qu'il y a trop de choses à gérer et ça s'embrouille dans ma tête.
— Faisons un débrief, suggéra Blaise. Réfléchis bien à ce qui s'est passé et énumère-moi tous les points négatifs de ta soirée.
— C'est facile. Je me suis fait insulter par des moldus. Harry ne m'a pas laissé les punir. Et j'ai fui comme un lâche parce que j'ai flippé.
— Okay, ça ne fait pas beaucoup de points négatifs, c'est déjà ça. Et si tu veux mon avis, Potter a eu raison de t'empêcher de t'en prendre aux moldus. Tu aurais eu des problèmes. En plus il est Auror alors c'est lui qui aurait été obligé d'agir.
— Tu savais que pour eux c'est dégradant de sortir avec quelqu'un du même sexe ? Je ne comprends pas bien en quoi ça les concerne en plus. Ils font ce qu'ils veulent et je fais ce que je veux.
— Tant que chacun est consentant et apte à décider, continua Blaise. Enfin... On sait depuis longtemps qu'ils sont bizarres.
— Mais je dois avouer qu'ils se débrouillent quand même bien sans magie, bien que ça ressemble un peu au système D leur technologie, si tu veux mon avis.
— Passons aux points positifs. Il y en a eu au moins ?
— Évidemment. Il m'a demandé de l'appeler par son prénom. J'ai passé un long moment avec et lui c'était agréable. Sans pression. On a parlé sans tabou, ou presque. Il m'a même fait des avances plutôt osées sans complexe, tu imagines ? J'ai cru que je me trouvais dans une autre dimension tellement c'était surnaturel. Mais au final, c'était plutôt drôle et libérateur. Du coup, je me suis excusé... Argh j'ai oublié un point négatif : j'ai chialé comme un gamin devant lui. Je n'ai pas pu me retenir sous le coup de l'émotion. Il fallait que ça sorte. Mais autre point positif : il ne m'a pas jugé. Il a été super. Et puis on est allé chez lui car il a senti que j'avais besoin de calme.
— Ça fait beaucoup de bons souvenirs, non ? Et ensuite ?
Drago rougit de nouveau.
— Il s'est passé ce que je t'ai déjà raconté.
— Et ça t'a plu ?
Drago le regarda de travers. Blaise rigola de nouveau.
— Je t'assure que je demande juste pour savoir à quelle liste rattacher ça.
— C'était la fellation la plus incroyable qu'on m'ait faite. Je crois que lui aussi a aimé. Satisfait ?
— Je pense que j'ai tous les éléments nécessaires.
— Nécessaires pour quoi ? demanda Drago, méfiant.
— Pour t'aider, petit prince. Pour quoi d'autre ?
— Je ne vois pas ce que tu peux y faire...
— Eh bien, je peux te conseiller.
— Je ne suis pas sûr d'avoir envie de suivre tes conseils... Tu n'arrives même pas à rester avec une fille plus de deux semaines...
— Non, je ne veux pas. Nuance. Et je vois bien que tu es perdu, que tu crois que tu as tout fichu en l'air. La question est de savoir ce que tu penses de Potter et si tu veux l'oublier ou le revoir.
Drago resta un moment silencieux et Blaise n'interrompit pas ses réflexions, attendant qu'il se décide à parler, ce qu'il fit après plusieurs minutes.
— Je crois que Harry me plaît beaucoup. Il est franc, énergique, déterminé et n'abandonne pas facilement. J'ai l'impression d'avoir le droit d'exister et d'être heureux avec lui. Et tu sais que les personnes de mon entourage qui me font ressentir ça se comptent sur les doigts de la main. Même si au début je craignais ses motivations et je croyais qu'il voulait juste coucher avec moi pour... Je ne sais pas. Une sorte de vengeance, peut-être ? Je suis sûr que je me trompais, maintenant. Il avait l'air beaucoup trop investi. Je pense que je lui plais aussi. Et pour ce qui est de le revoir, je suis partagé.
— Mais tu viens de me dire que tu as adoré passer du temps avec lui...
— J'ai très envie de le revoir. Par Morgane, son sourire me manque déjà ! Avais-tu remarqué qu'il avait deux petites fossettes adorables quand il sourit ? Je ne suis pas non plus sûr de ne pas devenir fou si je ne peux plus admirer ses yeux émeraude. Et je ne te parle même pas des fantasmes dont il est l'objet dès que je pense cinq minutes à lui...
— Ouais, je vais passer sur ça. Merlin ! Je crois que je vais vomir.
— C'est toi qui me demandais des détails !
— Et c'est très bien que tu me les ai fournis, même si je ne fantasme pas sur Potter, perso. Je vais avoir du mal à me sortir cette idée de la tête...
— Va te faire foutre, Blaise. Ça m'apprendra à te faire confiance.
— Hey ! Mais je n'ai jamais dit que c'était mal, contredit-il avec un sourire amusé. Je ne comprends juste pas où est le problème. Tu crèves d'envie de le revoir, alors pourquoi tu ne le fais pas ?
— Après m'être enfui et lui avoir refusé toute explication ? Après que lui a essayé de venir me parler et que je me suis enfui une nouvelle fois de ma propre demeure ? Il doit penser que je le déteste et que je regrette.
— Bah... Va le détromper, non ?
— Non. Je sais qu'il me rejettera et qu'il se moquera. Je ne veux pas me sentir encore pire que maintenant.
— Mais...
— J'ai dit non. Je ne me rabaisserai pas à aller quémander le pardon une deuxième fois.
— Drago, franchement... soupira Blaise. Alors laisse-le au moins pouvoir te contacter ou venir te voir. Si c'est lui qui bouge vers toi, tu n'auras pas besoin de t'excuser. Si ça se trouve, il croit qu'il a fait un truc de travers et c'est lui qui veut te demander pardon.
— J'y songerai, souffla Drago. Mais là, je veux juste aller me coucher. Bonne nuit, Blaise, et ne t'en fais pas pour moi. Je me relève toujours.
Sur ses mots, il transplana, laissant son ami en pleine réflexion devant l'impuissance de Drago à régler un problème qui n'en était pas véritablement un. Le blond se prenait trop la tête pour des broutilles. Mais, après tout, il ne lui avait pas formellement interdit de continuer à l'aider, non ? Il lui fallait donc trouver Potter demain. Restait à savoir comment.