Rebellion

Harry Potter - J. K. Rowling
M/M
G
Rebellion
Summary
Harry revient en Angleterre après cinq ans passés à l'étranger à chasser des mages noirs. Il a plus l'impression d'avoir survécu que réellement vécu depuis la fin de la guerre.Mais à présent, il attend avec enthousiasme ses retrouvailles avec ses amis, sans savoir que son chemin le mènera vers la dernière personne qu'il aurait imaginé, une personne qui va enfin le faire sentir vivant.
Note
Les personnages et l'univers ne sont pas les miens (JK Rowling), mais l'histoire m'appartient.
All Chapters Forward

Rendez-vous or not rendez-vous

Harry était arrivé à dix-huit heures précises et il attendait devant chez Malefoy depuis près de quarante-cinq minutes sans que celui-ci ne pointe le bout de son nez. Il commençait sérieusement à se demander s'il ne lui avait tout simplement pas posé un lapin. Après tout, il avait beaucoup insisté pour obtenir ce rendez-vous et il s'était probablement senti obligé d'accepter. « Non », se reprit-il « C'est lui qui a proposé l'heure. Et il m'aurait éjecté hors de chez lui si je l'indisposais tant qu'il voulait le faire croire... ». Sauf que l'attente se faisait longue et les illusions de Harry commençaient à se dissiper.

Il avait abandonné ses tenues des sorciers et d'Auror qu'il portait habituellement ces dernières années, pour des vêtements plus adaptés au monde moldu. C'était confortable, comme revenir chez soi après des mois d'absence. Les sorciers pouvaient raconter ce qu'ils voulaient, Harry trouvait que les moldus avaient plus de goût en matière de mode vestimentaire. Pas tous, évidemment, mais en règle générale si. Ou peut-être qu'il pensait ainsi seulement parce qu'il avait été élevé parmi eux.

Harry, qui faisait les cents pas, finit par s'arrêter devant la porte. Il vérifia sa montre et nota que cinq minutes s'étaient écoulées depuis la dernière fois qu'il avait regardé. Il soupira en se résignant. Dommage, il devait admettre que ce rendez-vous tant espéré n'aurait jamais lieu...

— Tu es encore là, Potter, dit Malefoy dans son dos.

Ce n'était pas une question, juste une affirmation, et sa voix ne semblait ni enthousiaste ni déçue, pourtant elle fit bondir de joie le cœur de Harry. Il se retourna pour lui faire face, un grand sourire apparaissant sur ses lèvres et le détailla du regard. Malefoy portait une chemise noire en popeline dont le bouton était détaché au niveau du col, ainsi qu'un pantalon de chambray de la même couleur, tout comme ses Richelieu élégants. L'ensemble sombre faisait d'autant plus ressortir ses cheveux courts d'un blond polaire coiffés vers l'arrière – bien que quelques mèches retombent sur son front – sa peau pâle et ses yeux gris-bleu. Il était époustouflant.

— Nous avions rendez-vous à dix-huit heures, lui rappela Harry.

— J'avais dit que j'étais libre « à partir de », répondit Malefoy sans s'excuser et sans une once de remord pour l'avoir fait attendre presque une heure. Il m'a fallu un moment pour me décider quoi porter.

Harry hésita sur ce qu'il devait comprendre de cette information. Malefoy avait mis du temps à choisir une tenue pour lui ou pour convenir aux moldus ? Il décida que le premier choix était plus probable (et lui convenait mieux). Après tout, il possédait déjà des vêtements issus des tendances moldues, donc il savait de quoi il en retournait.

— Tu es très beau, ne put-il s'empêcher de déclarer.

Malefoy fronça les sourcils, mais Harry crut remarquer une légère rougeur apparaître sur ses pommettes.

— Tu ne portes plus de lunettes, répondit-il. Ça t'allait mieux.

— Je les ai retirées pour ma dernière mission. Mais si tu préfères, je peux les remettre.

Malefoy haussa les épaules.

— Depuis quand tu écoutes mes avis, Potter ? Parce que jusqu'à présent, tu n'en as fait qu'à ta tête, quoi que j'en dise.

Harry sortit sa baguette et incanta afin de retrouver ses lunettes rondes. Comme pour les vêtements, il avait l'impression de redevenir un peu plus lui-même.

— Je prends toujours en compte les remarques intelligentes ou utiles.

— Quand ça va dans ton sens surtout, le balafré. Ou alors tu me traites d'imbécile ?

Il avait affiché un sourire moqueur à sa première phrase, très vite remplacé par une moue et un regard dur en posant sa question. Harry laissa échapper un rire, faisant fi du surnom que Malefoy lui attribuait depuis des années.

— Peut-être un peu des deux ?

Le visage du vibrenotiste se ferma encore plus. Il bouscula l'Auror pour passer et se diriger vers sa porte.

— Je savais que c'était un mauvaise idée ce rendez-vous, grogna-t-il entre ses lèvres.

Harry le retint en lui attrapant le poignet.

— Attends, ne pars pas si vite. C'était juste pour te taquiner. Tu n'as pas d'humour ?

— Pas le même que le tien en tout cas.

— D'accord, d'accord. Pas de blagues sur toi, j'ai saisi. Je suis désolé. Mais s'il te plaît...

— T'excuses pas, putain ! coupa-t-il, haussant le ton et laissant Harry un peu désemparé devant ce sursaut d'humeur et le ton familier. C'est bon, on va les voir, tes moldus.

Malefoy avait toujours été offensant et agressif, plutôt doué pour trouver des insultes originales et inventives, mais jamais il ne l'avait entendu prononcer de mots orduriers avant. Harry se demanda s'il en connaissait et utilisait d'autres. Il y avait une telle contradiction avec son apparence élégante et ce langage que le tableau n'en était que plus divertissant. En tout cas, il n'allait pas se le faire répéter deux fois.

— Super ! Comme tu es arrivé un peu tard, on ne va pas pouvoir tout faire aujourd'hui. Il faudra mettre le reste à un autre jour.

— N'exagère pas, Potter...

Sans préambule, ce dernier attrapa la main de Malefoy – qui lâcha un hoquet de surprise et se tendit – avant de s'emparer d'un petit portoloin dans sa poche, ce qui les fit disparaître dans un tourbillon pour réapparaître dans une petite ruelle. La main du vibrenotiste était glaciale, malgré la chaleur de l'été, et Harry remarqua ses doigts fins entre lesquels il voulait entremêler les siens. Il hésita un instant avant de renoncer à l'idée. La réaction de Malefoy à ses taquineries lui prouvait qu'il était encore trop tôt pour ça. Mais il comptait sur cette soirée pour abattre les défenses du musicien ! Il n'aurait pas beaucoup d'autres occasions après celle-ci. Il garda toutefois sa main dans la sienne, s'attendant à se faire rabrouer.

Il n'en fit rien.

Autant l'un que l'autre avaient l'habitude de ce moyen de transport et aucun n'en fut malade ou gêné. Harry lui sourit tandis que Malefoy passait sa main libre dans ses cheveux pour les remettre en place. Le regard scrutateur de l'Auror finit par attirer son attention car il le lui rendit en fronçant de nouveau les sourcils.

— Quoi ?

Harry haussa les épaules, se retenant de lui dire à quel point il le trouvait magnétique.

— Quand Scorpius sera avec nous, j'ai prévu un restaurant : le Sushi Samba, expliqua-t-il. Mais comme il est très populaire, il faut réserver un peu à l'avance pour avoir une table sans envoûter les moldus. Donc nous ferons l'impasse dessus pour ce soir. Nous pourrons aussi aller au cinéma. Ce sera intéressant pour lui de découvrir comment ils font pour animer des images sans magie, non ?

— Je suppose, oui, acquiesça-t-il en observant la ruelle.

— Viens, rejoignons la rue passante, déclara Harry et l'entraînant à sa suite pour rejoindre un lieu plus lumineux et beaucoup plus vivant. J'essaierai aussi de prévoir cette sortie un jour de match à Wembley. J'ai remarqué que les sorciers ne pratiquent pas grand-chose comme sport sans balai.

— Parce que c'est plus intense quand on vole. Tu ne peux pas dire le contraire. Tu as été attrapeur, toi aussi.

— Du coup, il nous reste quelques endroits à aller voir : Piccadilly Circus, Big Ben, une croisière sur la Tamise et le London Eye. Tu veux commencer par quoi ?

— Je ne vais presque jamais chez les moldus, donc je vais devoir te faire confiance.

— Commençons par le plus simple : la croisière. En plus nous pourrons manger quelque chose sur le bateau. J'imagine que tu n'as pas dîné avant de me rejoindre ?

— Tu supposes bien, confirme-t-il tandis que Harry le dirige à travers les rues bondées de Londres.

Malefoy était étrangement docile. Pas très loquace, mais pas fermé non plus. Il s'interrogea alors sur ses motivations. Est-ce qu'il se laissait aller dans l'espoir que la soirée se terminerait rapidement ou appréciait-il le moment ? Harry l'observa tout en discutant de tout et de rien, sans trop le presser de questions et en évitant les sujets trop sérieux. Il avait compris que son épouse était probablement décédée, puisqu'elle ne vivait pas chez eux (la chambre de Malefoy ne comportant que ses affaires à lui), mais qu'il conservait ses photos de famille ainsi que son alliance.

— Pourquoi nous regardent-ils tous ? Je ne leur ai pourtant rien fait, à eux, déclara-t-il tout à coup.

Harry cessa de le fixer pour observer les alentours. Plusieurs jeunes femmes les reluquaient ouvertement, ainsi que quelques hommes.

— Sans doute parce que tu leur plais. Tu es grand, beau et élégant. Il n'en faut pas beaucoup plus pour attirer l'attention.

Malefoy plissa ses magnifiques yeux gris, dubitatif. L'Auror aurait donné cher pour savoir à quoi il pensait en cet instant.

— Je crois plutôt que c'est toi qu'ils regardent.

— Ça, j'en doute. À part mes yeux verts, je n'ai rien de spécial. Et tu le dis toi-même, je suis balafré.

Malefoy ne répondit pas et ils continuèrent leur route.

— Tu es bourré de charme, souffla-t-il après quelques pas, si bas que Harry avait deviné plus qu'il n'avait réellement entendu.

Son cœur battit la chamade et il se rabroua mentalement. Il suffisait de quelques mots du vibrenotiste pour lui mettre des papillons dans le ventre. Si on le lui avait dit à Poudlard, il ne l'aurait jamais cru. Harry l'observa du coin de l'œil. Il avait réellement changé, abandonnant les enseignements exécrables de l'endoctrinement sang-pur pour se montrer plus tolérant et plus ouvert d'esprit, malgré ses difficultés à sociabiliser et surtout à se pardonner. Il fut pris du besoin impérieux de le prendre dans ses bras et de faire un câlin à son ancien rival et ennemi, comme on réconforte un ami. Il fut coupé dans son élan par une femme tenant une petite fille et qui s'arrêta à leur hauteur.

— Vous devriez avoir honte de vous afficher comme ça devant des enfants, cracha-t-elle, hargneuse, masquant les yeux de sa fille de sa main libre. Vous êtes abjects.

Puis elle traça sa route avant qu'aucun d'eux ne puisse répondre. Malefoy lança un regard interrogateur à Harry.

— De quoi parle cette moldue ? Je te jure que je ne la connais pas, insista le vibrenotiste.

— Je... C'est parce que je tiens ta main, expliqua-t-il pour lui faire comprendre qu'il ne le soupçonnait de rien. Les moldus ont du mal à accepter que deux hommes ou deux femmes se côtoient de cette façon.

Malefoy retira aussitôt sa main, comme s'il s'apercevait seulement maintenant d'où elle se trouvait. Les sorciers ne considéraient pas du tout l'homosexualité comme une anomalie. Pour eux, c'était aussi naturel que n'importe quelle autre sexualité. Forcément, les opinions moldues pouvaient les choquer, surtout pour les sangs-purs qui ne mettaient jamais les pieds hors du monde magique. Harry soupira et en voulut un peu à cette satanée bonne femme d'avoir gâché son plaisir simple de tenir la main de Malefoy. Ce n'était pas grand-chose, et pourtant il avait eu l'impression d'avoir fait un pas de géant dans son entente avec lui.

— C'était... Pour le portoloin. Je n'ai jamais... Comme si toi et moi on pouvait vouloir un truc pareil... C'est n'importe quoi, trancha-t-il.

Harry força un rire, le cœur serré par cette réaction. Cette soirée commençait à peine qu'elle s'annonçait déjà comme horrible...

— Ouais, c'est sûr que je ne suis pas assez bien né pour un sang-pur comme monsieur Malefoy, répondit Harry, son humeur s'assombrissant malgré lui.

Ils atteignirent le petit port aménagé pour accueillir les bateaux de croisière touristiques au bord de la Tamise. Ils grimpèrent dans l'un d'eux après que Harry ait payé leurs places.

— Ce n'est pas ce que je pense, le contredit Malefoy, le ton sévère, tout en glissant ses mains légèrement tremblantes dans ses poches. Tu prends tout de travers et tu me crois encore capable des pires atrocités, comme à l'époque.

Ils s'arrêtèrent sur le pont tandis que la plupart des touristes prenaient place aux tables.

— Elle est bonne celle-là, se rebiffa Harry, qui en avait assez de voir ses efforts pour améliorer leur relation effacés par la remarque d'une inconnue homophobe. Tu m'as repoussé dès que tu m'as aperçu, persuadé que j'étais là juste pour te faire souffrir. Tu ne penses pas que c'est toi qui nous considères encore comme les enfants que nous étions ?

Malefoy lui lança un regard noir, ouvrant la bouche pour répondre, mais il s'interrompit avec même de prononcer un mot. À la place, il serra les lèvres et détourna son visage vers la berge qui commençait à défiler sous leurs yeux. Il sortit les mains de ses poches et les posa sur la rambarde. Harry regretta aussitôt de l'avoir brusqué et craignit que son éclat n'ait poussé son interlocuteur au mutisme, à se protéger sous cette saleté de carapace qu'il s'était fabriquée.

— Pardon... Je voulais juste. Écoute, je sais que tu ne voulais pas en parler, mais c'est important que tu saches que je ne te tiens pas rancune de ce qui s'est passé. J'ai grandi et compris beaucoup de choses depuis la fin de la guer...

— Tu ne m'en veux peut-être pas, mais moi si, coupa-t-il.

— Tu m'en veux encore ? C'est à cause de ce qui s'est passé dans les toilettes ?

— Mais non, abruti de balafré, s'énerva-t-il, tournant de nouveau son visage vers lui. Je m'en veux à moi. Toi, tu faisais ce que tu devais.

— Nous savons tous les deux que tout ça n'est en aucun cas ta faute.

— Laisse tomber, Potter, soupira Malefoy. Je n'ai pas envie d'en parler maintenant.

— D'accord, je n'en parle plus si tu viens dîner avec moi et si tu profites vraiment de cette soirée, lui proposa Harry en lui indiquant une table du menton.

— Très bien, ça me va.

Ils s'installèrent et attendirent la serveuse pour passer commande.

— Ah oui, et accessoirement... Si j'insiste autant pour te voir, Malefoy, c'est uniquement parce que celui que tu es maintenant me plaît beaucoup et que je veux mieux te connaître. Il n'y a pas une seule autre raison alors arrête de te prendre la tête avec ça et profite de notre rendez-vous.

Le vibrenotiste fronça les sourcils.

— Je croyais que c'était une visite de reconnaissance, pas un rendez-vous.

— C'est tout ce que tu retiens de ce que je viens de te dire ?

— Le reste était assez évident, même si je pensais qu'il y avait une raison cachée à ton insistance. D'ailleurs, sache que je ne fais rien d'illégal donc si ce n'est que pour ça, tu perds ton temps.

Harry éclata de rire.

— Pas de problème. L'idée que je cherche à te séduire ne te dérange donc pas ?

— Je n'ai pas dit ça, se contenta-t-il de répondre.

— Mais tu n'as pas dit que ça te dérangeait non plus.

Malefoy grogna, mais n'ajouta rien. Et Harry décida que s'il avait été contre, il serait parti. Ce fut à cet instant qu'il considéra que leur soirée commençait vraiment et il avait espoir qu'elle se termine de la plus belle des manières.

Forward
Sign in to leave a review.