
Visite surprise
Drago finissait de ranger les affaires dans le placard au fond du couloir lorsqu'il entendit des voix sourdes vers l'entrée de la maison. Il n'attendait pourtant personne aujourd'hui et ceux qui connaissaient son adresse se comptaient presque sur les doigts de la main : les membres de son groupe et sa mère. Ni plus, ni moins. Intrigué et inquiet, il déposa ses chaussures un peu en vrac, contrairement à ses habitudes, et se dirigea vers la porte. Cette dernière était grande ouverte et laissait apparaître Potter dans l'encadrement, un sourire désabusé sur les lèvres.
Par Morgane ! Il avait réussi – les ancêtres seuls savaient comment – à trouver où il vivait et venait réclamer des excuses directement ? Peut-être que ses entrées au Ministère en tant qu'Auror lui permettaient d'obtenir des informations sur les gens, mais ils ne pouvait pas les harceler comme ça ! Drago paniquait. Et lorsqu'il paniquait, une colère froide l'habitait, qui avait pour crédo « la meilleure défense est l'attaque ». Il s'avança à grands pas vers son visiteur, prêt à l'envoyer paître une bonne fois pour toutes et à lui claquer la porte au nez. Sous l'emprise de son courroux, il ne réalisa même pas qu'il aurait pu utiliser sa baguette.
— Qu'est-ce que tu fous...
— Tu as vu, papa ? C'est Harry Potter !
La voix de son jeune fils de cinq ans, Scorpius, l'arrêta net dans son élan. Sa colère redescendit aussitôt d'un cran, mais resta tout de même présente, surtout lorsqu'il se rendit compte que le petit garçon tenait la main de son idole. Car oui, il considérait Potter comme un héros, au grand désespoir de certains membres de leur entourage, dont ses grands-parents paternels. Il avait entendu parler des exploits de l'Auror du côté de la famille de sa mère, qui les lui narraient comme un conte pour enfant.
— Oui, c'est formidable, mais...
— Mais oui, papa et moi sommes de vieux amis, reprit Potter, amusé par la situation.
— Arrête de raconter des...
— C'est vrai, papa ? Ça veut dire qu'il peut rester pour le dîner ?
— Je...
Scorpius regarda son père avec des yeux brillants et plein d'espoir. Drago voulait se débarrasser de Potter. Il ne voulait pas de sa présence chez lui. Ça le mettait extrêmement mal à l'aise. Mais il avait encore moins envie de décevoir fils.
— D'accord, mais profites-en bien, Scorpius. Harry Potter est quelqu'un de très occupé alors il ne pourra pas revenir après ce soir.
Drago lança un regard noir à Potter, pour lui signifier qu'il n'était pas le bienvenu et qu'il n'avait pas intérêt à revenir après ce soir. Ce dernier se contenta de sourire, l'air narquois comme à son habitude.
— Je suis content que nous ayons l'occasion de discuter tous les deux ce soir, lança Potter au Serpentard.
— Scorpius, pourquoi tu n'irais pas tenir compagnie à ton invité dans le salon pendant que je m'occupe du reste ? Je suis sûr qu'il sera ravi de te raconter ses aventures, ordonna Drago pour bien préciser à son ancien ennemi qu'il n'avait pas l'intention de parler de quoi que ce soit avec lui.
Après quoi, il s'échappa vers la cuisine, où il sentit toute sa colère retomber. Il avait l'impression de respirer à nouveau. Il appuya les deux mains sur le plan de travail pour reprendre contenance. Lorsqu'il se sentit mieux, il se redressa et sortit sa baguette pour préparer le repas. En tant que père célibataire subvenant seul aux besoins de sa famille, il avait pris l'habitude de tout faire sans domestique, ce dont il n'était absolument pas habitué avant son départ du manoir. Il sortit un livre de cuisine, l'ouvrit à l'une des pages les plus utilisées et ordonna aux ingrédients de suivre une recette. Puis, il resta en retrait, surveillant le bon déroulé des opérations et tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées.
Voilà. Le jour qu'il redoutait tant était enfin arrivé. Il se sentait moins prêt que jamais, mais il semblait que Potter force le Destin et ne lui laissait pas le choix. Drago flippait de devoir s'expliquer avec le Griffondor, de ne pas trouver les mots pour exprimer ses regrets, d'être incapable d'en prononcer, que ce qu'il dirait soit dénué de sens, ou pire, que Potter rejette ses excuses et lui crache son dégoût à la figure. Mais il l'aurait bien mérité, après tout.
Il leva sa main sur son torse, là où Potter avait laissé sa marque lorsqu'il avait tenté de le tuer à Poudlard. Déjà à l'époque, il était perturbé par tout ce qu'on lui ordonnait de faire. Il savait qu'aucune de ses actions n'était juste ou bonne, qu'elles étaient profondément mauvaises même. Mais comme aujourd'hui, il n'avait pas le courage de leur faire face et il s'enfonçait de plus en plus dans l'agressivité, la douleur et la tristesse.
Un mouvement dans le coin de son œil attira son attention alors qu'il terminait la préparation du repas. Potter se tenait sur le pas de la porte. Drago fronça les sourcils.
— Tu viens t'assurer que je n'abuse pas d'un elfe de maison pour ta copine Granger ? ne put-il s'empêcher de balancer.
Mais Potter ne fit pas cas de son ton agressif. Il éclata de rire.
— Non, je viens vérifier que tu ne mets pas de poison dans mon assiette, le taquina le brun.
— En laissant mon fils sans surveillance ?
— Il est allé se laver les mains pour le repas. J'ai supposé qu'il savait le faire seul. J'ignorais que tu avais un enfant d'ailleurs.
Il eut le tact de ne pas demander où se trouvait sa mère et Drago en fut soulagé.
— Ce n'est pas comme si nous étions amis et que je voulais te raconter ma vie.
— D'ailleurs, il faut que je te parle, rétorqua-t-il.
— Écoute, Potter, je n'ai pas l'intention de discuter de quoi que ce soit avec toi. Je ne suis pas prêt pour ça. Sois déjà heureux que je ne veuille pas faire de la peine à mon fils en te virant directement de chez moi.
Il s'étonna lui-même de son aplomb. Il pivota et quitta la salle en passant devant l'Auror. Ce dernier tendit le bras pour le retenir, posant sa main sur son torse. Drago tourna la tête vers lui et le fusilla du regard, prêt à en découdre, mais Potter avait pris un air sérieux et n'affichait plus ce sourire impertinent.
— Ce n'est pas à propos de ce que tu crois. Ça n'a aucun rapport avec ta lettre, mais c'est important pour moi.
— Que ma lettre ne me revienne pas aurait aussi été important pour moi, cracha-t-il. Mais là, tout de suite, il est l'heure de dîner. Je ne te conseille pas de décevoir Scorpius si tu veux rester. Et après ça, tu te tires.
Drago repoussa la main qui le retenait et pénétra dans la salle à manger, un Potter silencieux sur les talons. Scorpius attendait déjà à table et les adultes s'assirent à leur tour avant que le maître de maison incante, muni de sa baguette, pour faire apparaître vaisselle et plats devant eux. Il baissa les yeux sur son assiette pour tenter d'oublier la présence de Potter, que son fils occupait avec son babillage d'enfant.
Il était dans un état d'anxiété assez élevé, perturbé dans son quotidien par la personne qu'il attendait le moins et dont il craignait la moindre remarque. Ou peut-être, en vérité, que c'était son manque de réaction et de reproches qu'il redoutait. Il avait besoin que Potter lui en veuille pour ce qu'il lui avait fait, qu'il lui dise à quel point il avait été un abruti et un connard. Et après, seulement après, il aurait pu s'excuser. Sauf que Potter semblait s'en moquer. Il riait avec son fils, lui racontait des blagues et des anecdotes amusantes, comme s'il dînait chez un vieil ami. Il lui jetait même des coups d'œil chaleureux par moment, sans une once de jugement, de haine ou de supériorité.
Drago se concentra plus activement sur son assiette. Il n'avait aucune idée de ce que lui voulait Potter et il ne voulait pas le savoir. Parce que, étrangement, ça l'effrayait un peu qu'il lui veuille quoi que ce soit d'autre que le faire souffrir en retour.
Il fut sorti de ses pensées par le passage du pied de Potter contre sa jambe. D'abord ténu et hésitant, le geste se réitéra plusieurs fois, avec un peu plus d'assurance à chaque passage, remontant même au-dessus de ses genoux. Potter ne paraissait pourtant pas s'en rendre compte. Il discutait tranquillement avec Scorpius, sans s'excuser pour la gêne ou en faire mention. Il lui lançait même un petit sourire de temps en temps, auquel Drago répondait par un sourcil levé d'incompréhension. Il prit sur lui aux premiers passages du pied et décalait ses jambes un peu plus sur le côté. Certes, Potter avait bu plusieurs verres de vin. Et il avait été élevé par des moldus bas de gamme, après tout. Il fallait croire que les bonnes manières ne lui avaient pas été inculquées. Drago retira la bouteille à moitié vide de devant l'Auror et la positionna de l'autre côté de la table.
— À quoi tu joues ? demanda-t-il finalement, n'y tenant plus, haussant le ton plus haut que le dialogue que Potter entretenait avec son fils.
Il le regretta dès qu'il vit Scorpius fourrer le nez dans son assiette, comme s'il s'était fait gronder. Potter, lui, retourna un regard trop innocent pour être honnête.
— De quoi parle-t-on exactement ? interrogea-t-il.
— De toi qui n'est pas capable de garder ton pied en place sous la table. De quoi d'autre ?
Il regarda Drago quelques secondes, comme sidéré, puis éclata de rire.
— Pardon, finit-il par s'excuser, les larmes aux yeux. Ce doit être un truc de moldu. Je ne savais pas que les sorciers...
— Un truc de moldu ? interrompit Scorpius, la curiosité l'ayant emporté sur le reste.
— Oui, comme d'aller au cinéma, monter dans la Millenium Wheel en amoureux, ou même prendre le bus. Vous n'avez jamais essayé, tous les deux ?
— Non, papa pense que c'est dangereux de se rendre chez les moldus, affirma le garçon.
Drago grimaça. Ce n'était pas de lui que venait cette idée.
— Je n'ai pas...
— Eh bien, avec moi il n'y aurait aucun danger, coupa Potter. Je pourrais vous montrer des tas de trucs géniaux !
Les yeux de Scorpius brillèrent.
— Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, intervint Drago.
— Si tu préfères et si ça peut te rassurer, on peut y aller une première fois tous les deux, pour te montrer avant qu'on y aille avec ton fils.
— Dis oui, s'il te plaît, papa ! supplia le garçon en le fixant avec de grands yeux implorants, auxquels Drago ne résistait jamais.
— D'accord... soupira-t-il. Ce n'est pas nécessaire de nous y rendre que...
— Excellent ! s'enthousiasma Potter en frappant gentiment dans la main de Scorpius, l'air satisfait et n'écoutant plus son hôte.
Drago avait l'impression de s'être fait piéger, mais il ne comptait pas revenir sur sa parole. Son fils semblait aux anges.
— Vous aviez tout prémédité, tous les deux ? interrogea-t-il, suspicieux.
— Pas du tout ! s'exclama Potter. Je t'assure. Nous sommes juste aussi contents l'un que l'autre.
Drago se retint de répliquer pour envoyer balader l'Auror. Pas devant Scorpius. Il finit son repas en silence.
— Va te brosser les dents et te changer, ordonna-t-il à son fils lorsqu'il termina son dessert. Je te rejoins tout de suite pour te border.
Scorpius commença à partir, puis s'arrêta net et se retourna pour se jeter vers Potter, à qui il offrit un gros câlin et un bisou avant de filer dans le couloir. Drago se leva à son tour et fit disparaître l'ensemble du repas et des couverts d'un coup de baguette. Son humeur s'était apaisée au fur et à mesure du repas, mais la présence de Potter l'ennuyait toujours. Il ne se sentait toujours pas prêt pour une discussion sereine avec lui, à se confronter à ses erreurs du passé. Il valait donc mieux couper court, avant que l'Auror n'engage la conversation sur un ton plus sérieux.
— Je vais coucher mon fils et lui raconter une histoire, annonça Drago. Je ne te raccompagne pas. Tu sais déjà où est la porte.
Puis il tourna les talons pour quitter la pièce, par là où avait disparu son fils. Une bonne chose de faite. Il prit donc bien son temps pour s'occuper de Scorpius, qui s'endormit malgré tout avant la première page du conte que son père lui lut. Avec un soupir, il déposa un baiser sur le front de l'enfant, remonta le drap sur ses épaules, puis éteignit la lampe pour ne laisser que la veilleuse avant de se rendre vers le salon, à partir duquel il accédait à sa chambre. Cette soirée l'avait fatigué et savoir qu'il devrait de nouveau se coltiner Potter pour une journée chez les moldus l'épuisait plus encore.
Il n'avait pas fait trois pas hors de la chambre de Scorpius qu'il sentit un courant d'air traverser le couloir et qu'il entendit un bruit de meuble qu'on bouscule. Potter avait-il laissé la porte ouverte en partant et quelqu'un s'était-il introduit chez lui entre-temps ? Sur le qui-vive, il dégaina sa baguette et avança prudemment vers le salon. Jetant un œil prudent à l'intérieur, il découvrit que l'Auror était toujours là. Il tangua dangereusement de droite à gauche avant de s'effondrer sur son canapé. C'était lui qui avait bousculé la table basse.
Drago se souvenait qu'il avait un peu bu, mais pas assez pour se mettre dans cet état. Intrigué, il s'avança dans la pièce et découvrit la fenêtre grande ouverte, qui laissait entrer une petite brise fraîche en ce début d'été. Potter avait dû l'ouvrir car il avait chaud. Selon le vibrenotiste, il aurait mieux fait de l'écouter et de partir. Pourquoi fallait-il toujours qu'il n'en fasse qu'à sa tête et que ça tourne aussi mal pour Drago ? Parce qu'avoir le célèbre sauveur étalé sur son canapé et gémissant de douleur n'était certainement pas un bon signe. Surtout lorsqu'on était considéré par les autorités comme un ancien mangemort !
Il se précipita auprès de Potter pour vérifier son état. Ce dernier était en sueur et frémissait. Il gémit deux ou trois fois tandis que Drago l'allongeait un peu mieux sur le canapé. Il se plaignit de ne plus sentir sa jambe droite avant de s'évanouir, le visage dans un coussin, laissant son hôte en proie au désarroi.
Que devait-il faire ? Il avait bien eu l'intention de transplaner avec lui jusqu'à un hôpital, mais il savait qu'on l'accuserait d'avoir empoisonné Potter sans même réfléchir. Ce qui causerait un scandale et probablement la perte de son groupe. Il ne pouvait pas leur faire ça.
Peut-être pouvait-il l'emmener à Granger ? Elle s'en occuperait certainement. Mais il avait déjà du mal à supporter Potter, alors son acolyte en plus c'était trop lui demander. Sans compter qu'il y aurait certainement Weasmoche avec elle.
À un moment, il avait songé à l'abandonner dans une ruelle sombre et revenir chez lui incognito. Cependant, il se força à n'en rien faire. Il ne devait pas céder à la facilité et à la peur. Il devait la combattre et se prouver à lui-même qu'il avait changé. Ce qui incluait ne pas laisser cet abruti de sauveur crever sur son canapé et ne pas pouvoir demander d'aide. Il fallait faire vite.
Drago se remémora ses cours sans trop de difficulté. D'abord chercher la source du problème. Fenêtre ouverte, jambe droite insensible, évanouissement et fièvre, bourdonnement incessant provenant du dos du malade. Bourdonnement ? Il se pencha pour retourner Potter sur le ventre et aperçut une toxiguêpe à multidards, une espèce assez rare en Angleterre. Elle s'était attachée aux vêtements de l'Auror et plantait ses dizaines de mini pointes venimeuses sur le haut de la fesse de Potter tout en lui suçant le sang.
Drago soupira. Pourquoi s'était-elle posée là ? Rapidement, il récupéra un bocal et usa de sa baguette pour approcher le pot et son couvercle en silence. D'un geste vif, il enferma la bestiole à l'intérieur et le referma, l'arrachant à sa victime. Il perça le couvercle de petits trous et reposa le tout sur la table basse avant de se retourner vers Potter. Son travail n'était pas terminé. Il lui fallait à présent retirer les petits dards de la peau de l'Auror et lui appliquer une crème antidote. Il se rappela en avoir confectionné un peu le mois précédent, comme chaque année, en cas de problème pour Scorpius.
Avec délicatesse, il déboutonna le pantalon de Potter et l'abaissa sous son postérieur, caleçon avec, afin de ne pas être gêné par les vêtements. De toute façon, il lui faudrait les enlever complètement ensuite pour éviter de replanter un dard par erreur. C'était vraiment la honte de devoir soigner le cul de Potter ! Heureusement qu'il en était le seul témoin... Prenant une grande inspiration, il observa la peau violacée par le poison et utilisa de nouveau des sortilèges de lévioso pour retirer une à une les petites pointes qu'il repérait essentiellement grâce au point rouge qu'elles laissaient sur leur passage. Malheureusement pour lui, quelques-unes n'étaient pas visibles et il ne put les retirer via la magie...
Cette fois, il grogna de mécontentement. Finalement, l'idée de l'abandonner dans la rue n'était peut-être pas si mauvaise ! Il prit une grosse inspiration et commença à tenter de faire ressortir les dards en pinçant entre ses ongles, mais ce ne fut pas des plus efficaces. La tâche violacée s'agrandissait petit à petit, répandant doucement le poison. Même en posant l'antidote, il ne serait pas à cent pourcent efficace tant que les dards seraient encore à l'intérieur du corps. Drago réfléchit plusieurs secondes pour trouver une solution, mais tout ce qui lui venait en tête était d'essayer de les aspirer vers l'extérieur. Sauf que les piqûres n'étaient pas bien placées ! Il n'avait pas envie d'embrasser la fesse de Potter, bien qu'elle soit plutôt jolie.
Il secoua la tête et se claqua les joues pour se forcer à réfléchir avec détachement. Il valait mieux tout faire, peu importe le moyen, pour virer ce poison plutôt que de devoir expliquer aux autorités pourquoi Potter était mort chez lui. Il savait par avance ce que tout le monde en penserait. Peu importe qu'il ait récupérer cette sale bestiole de toxiguêpe. Peu importe qu'il dise la vérité. Le sauveur aurait succombé et il aurait fallu un coupable. Il en faisait un très bon.
Rassemblant tout le courage dont il était capable, Drago se pencha et posa les lèvres sur la fesse de Potter, chassant ses pensées les plus tordues et se concentrant sur sa tâche. Après plusieurs secondes, il relâcha la pression et vérifia l'état de la peau. Le violet avait foncé, bien entendu, mais il croyait percevoir trois petits points noirs là où il fallait. Il reprit sa baguette et tenta de les extirper, avec succès.
Soulagé, il finit de retirer ses vêtements à Potter, évitant de le regarder. Vraiment, ce type ne lui apportait que des problèmes, qu'ils soient psychologiques ou physiques. Il ferma la fenêtre avant d'aller dans la salle d'eau pour glisser le linge dans la lavessine. Il se rendit ensuite dans son laboratoire de magie pour récupérer l'antidote et un grand pansement, puis passa rapidement par l'armoire de sa chambre – conjointe au salon – pour en retirer une couverture. Il ramena le tout auprès de Potter, toujours évanoui dans la même position. Drago remercia Merlin qu'il ne se soit pas réveillé. Il appliqua l'antidote, posa le pansement, et recouvrit l'Auror de la couverture.
Lorsqu'il eut terminé, il éteignit les lampes du salon, à l'exception de la petite qui trônait sur un guéridon, puis fila se préparer pour dormir. Il laissa la porte entrebâillée afin de pouvoir vérifier que Potter ne lui claquait pas entre les doigts. Il pouvait l'observer depuis son lit, entendrait certainement s'il y avait du mouvement – il avait le sommeil léger – et pourrait intervenir si besoin.
Il s'endormit avec difficulté, se questionnant sur tout un tas de choses qui se bousculaient dans sa tête. Pourquoi Potter s'acharnait-il à le côtoyer malgré ses demandes répétées de s'éloigner ? Pourquoi Scorpius semblait-il l'avoir directement adoré ? Pourquoi fallait-il qu'il vienne chez lui pour à moitié mourir sur son canapé ? Pourquoi poser ses lèvres sur lui, qui plus était sur son cul, ne l'avait pas du tout rebuté ?