Les ombres de Gotham

Batman - All Media Types DCU (Comics) Batman (Comics) DCU Gotham (TV) The Penguin (US TV 2024)
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Les ombres de Gotham
Summary
Gotham respire au rythme de la corruption. Ses rues suintent la misère, ses tours dominent les âmes perdues, et dans ses entrailles gangrenées, le crime prospère sous le regard indifférent des puissants.Bruce Wayne, héritier d’une lignée éteinte dans une mare de sang, cherche un sens dans le chaos.Son destin, tout le monde le connait, il est le chevalier noir, la vengeance.Mais Gotham ne crée pas de héros. Bruce et ses amis grandiront, certains deviendront des symboles d’espoir, d’autres des cauchemars. Ils se croient libres, mais ils ne font que perpétuer l’éternel cycle de violence et de vengeance, nourrissant malgré eux l’héritage de la ville.Cette histoire raconte comment Bruce, ses alliés, et ses ennemis sont devenues des légendes mais elle raconte surtout que derrière l'impression de grandeur, ils restent des enfants effrayés, des adultes perdues, des parents soucieux.
Note
Petite précision : Cette fic est composée de flashbacks racontant la jeunesse de Bruce à partir de la mort de ses parents et de récits de la période ou il est Batman.Les flashbacks sont rédigés au passé tandis que les autres récits sont au présentsAu bout d'un moment il se peut que l'histoire continue alors que les flashbacks sont terminé (j'ai l'idée générale de ce que je vais écrire mais pas les détails donc si vous avez des conseils ils seront peut être pris en compte).(je tiens a préciser que je m'inspire aussi bien de films et séries que des comics ou d'autres fanfictions donc ne vous attendez pas a ce que les comics soient suivis a la lettre)Enjoy :)
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Les fissures

La pluie tombait fine et persistante sur Gotham, se mêlant aux volutes de brume qui rampaient le long des trottoirs. Elle s’insinuait entre les pierres grises des mausolées, dégoulinait sur les visages et noyait la ville dans un linceul funèbre. L’enterrement des Wayne attirait une foule immense, une mer de silhouettes noires, toutes masquées de deuil ou d’hypocrisie. Jim Gordon s’y tenait à l’écart, observant le spectacle avec une amertume qu’il peinait à masquer.

Bruce Wayne, douze ans, se tenait droit devant les cercueils de ses parents et de sa sœur, le visage figé, vide de toute émotion. Il n’avait pas versé une larme. Son teint blafard, ses cernes violacées, la rigidité presque inhumaine de ses traits... tout en lui évoquait une statue brisée, un enfant dont l’âme s’était éteinte avec les derniers battements de cœur de sa famille. Il était l’héritier Wayne, et Alfred Pennyworth, son ombre stricte et inflexible, veillait à ce qu’il se tienne comme tel.

Jim sentit une colère sourde monter en lui. Ce gamin n’avait plus rien, et on exigeait déjà de lui qu’il soit une icône. Il pensa à sa propre fille, Barbara, dix ans. Si elle devait traverser une telle épreuve, il la tiendrait dans ses bras, il lui murmurerait que ça irait. Mais Bruce n’avait personne pour lui dire cela.

Lorsque la cérémonie toucha à sa fin, Bruce s’avança vers lui, suivi d’Alfred qui, d’un regard, semblait jauger l’intérêt de cette entrevue.

— Lieutenant Gordon, merci d’être venu, dit Bruce d’une voix posée, bien trop posée pour un enfant.

Jim sentit son estomac se nouer. Un gamin brisé qui jouait déjà le rôle qu’on attendait de lui. Il devait savoir. Il méritait la vérité.

— Bruce, écoute-moi bien. L’homme qu’ils ont arrêté… ce n’est pas lui qui a tué tes parents. On voulait un coupable, alors on en a fabriqué un.

Un frisson parcourut Bruce. Une lueur brève, presque invisible, traversa son regard mort. Une fissure dans le masque d’indifférence. Une étincelle de colère. Puis, sa voix tomba, glaciale et tranchante.

— Réparez votre erreur, Lieutenant.

C’était un ordre. Un murmure qui claquait dans l’air comme un coup de fouet. Alfred posa une main sur l’épaule de l’enfant, non pour le retenir, mais pour l’encourager. Il voyait dans cette colère un moteur. Jim hésita. Il allait se faire broyer par cette ville s’il creusait plus profondément. Mais pouvait-il réellement tourner le dos à cet enfant ?

— Si je fais ça, j’aurai besoin de ressources. Gotham est pourrie jusqu’à la moelle, Bruce. Si je bouge, je dois le faire dans l’ombre. Il me faut des moyens.

Bruce hocha la tête lentement, son regard ne cillant pas.

— Vous aurez tout ce dont vous aurez besoin, Lieutenant.

Alfred approuva d’un simple signe de tête. Il voyait en Jim un allié. Peut-être le seul qui pouvait vraiment faire la différence.

La nuit tombait sur le Iceberg Lounge, son enseigne bleu pâle diffusant une lueur fantomatique sur les pavés mouillés. Jim poussa la porte, baigné d’un brouillard de musique et de fumée. Derrière le bar, un homme trapu, un sourire huileux accroché aux lèvres, l’accueillit avec une familiarité moqueuse.

— Gordon. À Gotham depuis combien de temps, déjà ? Trois semaines ? Et déjà prêt à jouer les héros…

Oswald Cobblepot, dit « le Pingouin ». Jim haussa un sourcil, l’observant. La canne qu’il tenait était plus qu’un accessoire de mode. Son boitement trahissait une ancienne blessure, et Jim s’autorisa une pique.

— Un pingouin qui vend des infos ? Intéressant.

Oswald perdit brièvement son sourire avant de le retrouver, plus tranchant.

— Je ne vends pas, Lieutenant. J’offre… à ma manière. J’ai une piste pour vous. Une fille qui a vu le visage du tueur. Mais elle ne parlera qu’à une condition : être mise à l’abri. Et pas par votre police pourrie.

Jim se tendit.

— Vous voulez que je la cache ? Où, exactement ?

Le sourire d’Oswald s’élargit.

— Au Manoir Wayne. Le seul endroit où elle serait en sécurité.

Jim éclata de rire, secouant la tête.

— Vous êtes malade. Je ne vais pas mêler un gosse de douze ans à ça.

— Vous l’avez déjà fait, Gordon.

Oswald s’appuya sur sa canne, ses yeux brillants d’amusement.

— Posez-vous une question : pourquoi je vous aide ?

Jim ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit. Oswald se contenta de sourire, laissant le doute s’insinuer en lui. Il savait des choses. Des choses que Jim ne savait pas encore.
Et malgré lui, Gordon comprit qu’il n’avait pas le choix.

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16 ans plus tard...

 

La pluie martèle le toit troué du squat, s’insinue à travers les fissures du plafond pour goutter sur le sol crasseux. L’odeur de moisi, de sueur et d’urine flotte dans l’air. Jason s’est roulé en boule dans un coin, les bras serrés autour de ses genoux, mais le froid lui mord la peau à travers ses vêtements trop fins. Comme chaque nuit, il rêve. Ou plutôt, il revit.

Un bruit sec. Un cri étouffé. Une silhouette tout en noir, un éclat métallique dans sa main.

Le coup de feu brise le silence. Une détonation lourde, écrasante, qui emplit tout l’espace. Jason ne voit pas son père tomber, mais il entend le corps heurter le sol. Sa mère pousse un cri bref avant qu’un second tir ne la réduise au silence. Il n’a que deux ans, mais il sait que c’est fini. Il ne pleure pas. Il ne bouge pas.

Puis, une ombre plus grande que toutes les autres s’abat sur la femme en noir. Pas un homme. Un monstre. Un démon d’encre et de rage, qui gronde plus qu’il ne parle, qui arrache la nuit pour l’engloutir toute entière. Jason ne voit que ses yeux pâles, comme deux fentes luminescentes au cœur d’un cauchemar vivant. Il a plus peur de lui que de la tueuse.

Il se réveille en sursaut, le souffle court. Ses doigts tremblants se referment sur le vide. Ses parents sont morts. Depuis longtemps. Et tout ce qu’il lui reste d’eux, c’est cette scène fantôme qui se répète encore et encore.

Le squat est silencieux, mais il n’est pas seul. Dans l’ombre, à quelques mètres, un sac repose près d’un matelas, les restes d’un repas encore visibles. Un autre squatteur. Jason sait qu’il ne peut pas rester ici, mais il a faim. Il rampe doucement, effleure la lanière du sac…

Un sursaut derrière lui. Un grognement rauque. Trop tard.

L’homme se redresse brutalement, ses yeux injectés de sang. Jason attrape le sac et se précipite vers la sortie, mais un bras puissant l’agrippe et l’envoie s’écraser contre le mur. L’impact lui coupe le souffle. Une douleur vive explose dans ses côtes. Il roule au sol, cherche à se relever, mais l’homme ne sera pas seul longtemps. Deux autres surgissent de l’obscurité, des silhouettes noueuses aux visages taillés par la rue. L’un d’eux frappe le premier, son pied s’écrasant dans le ventre de Jason. Il se replie sur lui-même, mais il refuse de crier.

Un autre coup. Puis un autre. Le monde se brouille.

Et soudain, il y a ce bruit. Ce son qu’il n’a entendu que dans les rumeurs murmurées entre ruelles. Un battement d’ailes invisible. Un souffle glacé qui fait reculer les ombres.

La rue s’illumine brièvement d’un éclair blafard. Un cri étouffé. Un craquement d’os. Les hommes s’effondrent un à un, happés par une force invisible. Jason roule sur le dos et l’aperçoit. Une ombre plus noire que la nuit. Une cape immense qui se déploie comme des ailes de corbeau. Des yeux blancs sans âme qui le fixent un instant, avant de se détourner. Il n’a pas de nom. Pas encore. Mais Jason comprend ce qu’il voit. Ce n’est pas une rumeur. Il est réel.

Il s'enfuit presque immédiatement, ses jambes le portant sans qu’il sache où aller. Il court jusqu’à ce que ses poumons le brûlent, jusqu’à ce que ses pensées s’embrouillent. Et quand il s’arrête enfin, c’est face à une rangée de pierres grises, silencieuses sous la pluie battante.

Le cimetière. La tombe de ses parents. Il n’a rien à leur dire. Il ne se souvient pas d’eux. Rien, si ce n’est leur mort. C’est comme s’ils n’avaient jamais existé en dehors de cette nuit. Son regard dérive, accroche au loin une forme immense, un titan figé dans l’horizon. La tour Wayne.

Elle s’élève comme une cathédrale des temps anciens, ses flèches déchirant le ciel d’encre. Son architecture gothique est un vestige d’une époque où Gotham voulait encore se parer de grandeur, avant que la ville ne pourrisse de l’intérieur. Les gargouilles de pierre veillent sur ses hauteurs, immobiles et aveugles, témoins impassibles de la misère en contrebas. Des fenêtres hautes et étroites percent sa façade comme des yeux noirs, impénétrables.

Jason serre les poings. Ce justicier est différent. Il n’est pas comme les flics qui détournent le regard ou comme les politiciens qui vendent des promesses creuses. Il a vu Jason. Il l’a sauvé. Et il a frappé. Fort. Sans hésitation.

Jason ne sait pas d’où il vient, qui il est, mais il comprend une chose : cet homme combat un monde qui écrase les gens comme lui. Il ne veut plus se contenter de survivre. Il veut frapper aussi. Il veut qu’ils aient peur, comme il a eu peur toute sa vie.

Sa colère n’a jamais eu de direction. Ce soir, elle en a trouvé une.

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