Les ombres de Gotham

Batman - All Media Types DCU (Comics) Batman (Comics) DCU Gotham (TV) The Penguin (US TV 2024)
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Les ombres de Gotham
Summary
Gotham respire au rythme de la corruption. Ses rues suintent la misère, ses tours dominent les âmes perdues, et dans ses entrailles gangrenées, le crime prospère sous le regard indifférent des puissants.Bruce Wayne, héritier d’une lignée éteinte dans une mare de sang, cherche un sens dans le chaos.Son destin, tout le monde le connait, il est le chevalier noir, la vengeance.Mais Gotham ne crée pas de héros. Bruce et ses amis grandiront, certains deviendront des symboles d’espoir, d’autres des cauchemars. Ils se croient libres, mais ils ne font que perpétuer l’éternel cycle de violence et de vengeance, nourrissant malgré eux l’héritage de la ville.Cette histoire raconte comment Bruce, ses alliés, et ses ennemis sont devenues des légendes mais elle raconte surtout que derrière l'impression de grandeur, ils restent des enfants effrayés, des adultes perdues, des parents soucieux.
Note
Petite précision : Cette fic est composée de flashbacks racontant la jeunesse de Bruce à partir de la mort de ses parents et de récits de la période ou il est Batman.Les flashbacks sont rédigés au passé tandis que les autres récits sont au présentsAu bout d'un moment il se peut que l'histoire continue alors que les flashbacks sont terminé (j'ai l'idée générale de ce que je vais écrire mais pas les détails donc si vous avez des conseils ils seront peut être pris en compte).(je tiens a préciser que je m'inspire aussi bien de films et séries que des comics ou d'autres fanfictions donc ne vous attendez pas a ce que les comics soient suivis a la lettre)Enjoy :)
All Chapters Forward

Un pion sur l’échiquier

La pluie s’abattait en fines gouttes sur les trottoirs crasseux de Gotham. Jim Gordon, fraîchement nommé lieutenant de police, observait la ville à travers la vitre embuée de la voiture de patrouille. À ses côtés, son coéquipier, un vétéran aux traits fatigués et à l’air blasé, lui exposait les règles non écrites qui régissaient cette ville gangrenée par la corruption.

"T’es plus à Métropolis, Gordon. Ici, y’a pas de Superman pour nous sauver. On suit les ordres, peu importe d’où ils viennent vraiment, et on essaie de faciliter la vie des gens autant qu’on peut. Le reste…" Il haussa les épaules. "Les politiciens, nos supérieurs, les juges… tous corrompus. T’en fais pas, tu t’y feras."

Jim serra la mâchoire. Il n’aimait pas cette fatalité, cette résignation. Il avait choisi ce métier pour faire la différence, pas pour être un pion au service d’intérêts obscurs. Son coéquipier continua, impassible :

"La mafia contrôle tout. Maroni, c’est la drogue. Falcone, c’est les tueurs à gages et tout le reste. Pour l’instant, Falcone a l’avantage, mais ça peut toujours changer. T’inquiète pas, tu comprendras vite comment ça marche."

Leur conversation fut interrompue par un appel radio. Fusillade dans un quartier pauvre. Rien d’inhabituel. Pourtant, à leur arrivée sur les lieux, le ton de son coéquipier changea. Il jura entre ses dents en reconnaissant les victimes.

Les Wayne.

Des célébrités locales. Gotham n’avait que deux choses : la misère et des figures intouchables. Thomas et Martha Wayne faisaient partie des rares personnes respectées et aimées par la population. Leur assassinat allait faire trembler la ville.

Jim sentit une boule se former dans son estomac en voyant le corps inerte d’une jeune fille, allongée dans une mare de sang. À côté, un garçon en état de choc, les yeux grands ouverts, fixes, vides. Bruce Wayne. Seul survivant.

Ils l’interrogèrent, mais il ne parlait presque pas. Juste quelques mots hachés. Un homme masqué. Un pistolet. Le cri de sa sœur. Gordon savait qu’il n’en tirerait rien ce soir. Il était trop tôt, la douleur trop brute.

En le déposant au manoir Wayne, il fit la connaissance du nouveau tuteur du garçon. Un majordome rigide et impassible nommé Alfred Pennyworth. Il n’était pas seulement là pour veiller sur Bruce. Il façonnait déjà un héritier, un futur Wayne digne de ce nom.

"Il ne peut pas s’effondrer. Sa famille comptait sur lui, il doit être à la hauteur de son héritage. Il doit apprendre à se renforcer, à ne jamais se laisser abattre."

Jim n’aimait pas ce discours. Il voyait un enfant brisé, orphelin et terrifié, à qui l’on demandait déjà d’être un homme, de porter un fardeau qui n’était pas le sien. Mais il ne dit rien. Pas encore.

Le lendemain, son coéquipier le mena au Iceberg Lounge, le repaire d’Oswald Cobblepot, bras droit de Falcone. Un homme au sourire mielleux et à la voix traînante, qui contrôlait le quartier où le meurtre avait eu lieu.

"J’ai peut-être une piste, Lieutenant. Mais rien n’est gratuit à Gotham."

Jim ne put s’empêcher de le mépriser. Sa suffisance, son arrogance. Il haussa un sourcil et lâcha, avec un sourire amer :

"Un pingouin qui veut marchander ? Intéressant."

Cobblepot perdit son sourire un instant. Mais avant qu’il ne puisse répondre, leur radio grésilla. Un suspect s’était dénoncé.

Marco Isley. Un colosse roux, avec un casier chargé, principalement lié à la drogue. Il avouait le meurtre des Wayne. Mais dès le début, Jim sentit que quelque chose clochait. Son témoignage ne correspondait pas. Il donnait des détails erronés. Bruce avait décrit un homme masqué, Ives parlait d’un tireur à visage découvert. Et surtout, l’homme était déjà sur le point d’être condamné pour une autre affaire.

Une mise en scène. Une manière de clore l’enquête avant qu’elle ne dérange les mauvaises personnes.

Jim en fit part à son coéquipier, mais ce dernier haussa simplement les épaules. "Tu veux vraiment commencer ta carrière ici en faisant des vagues ? Ça va nulle part. La ville a besoin d’un coupable, pas d’un justicier."

Ses supérieurs confirmèrent. L’affaire était close.

Jim sentit un profond malaise en lui. Il était venu à Gotham pour faire le bien. Mais ce soir-là, il comprit que la justice ici était une illusion. Et que s’il voulait survivre, il allait devoir choisir entre suivre les règles… ou les briser.

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16 ans plus tard...

Gotham respire dans l’obscurité. Une ville aux artères congestionnées, où le crime suinte entre les briques noircies par la pluie et la fumée des usines. Une bête affamée qui dévore les âmes et laisse derrière elle des spectres errants. Bruce Wayne est l’un d’eux.

Six mois. Six mois qu’il a endossé ce masque, qu’il a sculpté cette créature de l’ombre a propos de laquelle les criminels commencent à murmurer avec crainte. Mais il n’est encore qu’un fantôme dans les bas-fonds de Gotham. La police le considère comme une simple nuisance, les puissants de la pègre comme une rumeur. Ils ne comprennent pas. Pas encore.

Il ne fait pas ça pour la gloire, ni pour la justice telle que la conçoivent les naïfs. Il s’est fait un serment, il y a seize ans, entre le sang et la pluie, au milieu des cris d’un enfant devenu orphelin. Faire en sorte que plus jamais un enfant ne subisse ce qu’il a vécu. Faire en sorte que Gotham ne broie plus les innocents. Il le fait aussi pour racheter le mal qu’il a commis lorsqu’il était perdu, lorsqu’il n’était qu’un jeune homme rongé par la rage et la culpabilité.

Ce soir, il est le châtiment.

Le néon d’un bar clignote faiblement dans une ruelle infestée de détritus. Des cris s’élèvent, des insultes claquent comme des coups de fouet. Batman se déplace sans un bruit sur une corniche, scrutant la scène en contrebas. Trois hommes encerclent un autre, un couteau brille sous la lumière crasseuse. Il n’a pas besoin d’écouter les menaces pour comprendre.

Il descend.

Le premier homme n’a pas le temps de réagir avant qu’un coup sec dans la tempe ne l’envoie heurter violemment le mur. Le second tente de frapper, mais Bruce attrape son poignet et le tord avec une précision chirurgicale. Un craquement sinistre. L’homme hurle, lâche son couteau. Le dernier s’élance, une batte levée au-dessus de sa tête. Batman esquive, un mouvement fluide, avant d’abattre son poing dans son estomac, puis un coup de coude dans sa mâchoire. Le silence retombe, ponctué seulement par les gémissements des hommes au sol.

Il s’approche de la victime, un adolescent terrifié.

— Rentre chez toi, dit-il simplement.

Le garçon hoche la tête frénétiquement avant de disparaître dans la nuit.

Bruce reste un instant dans la ruelle, respirant lentement. Il sait qu’il marche sur un fil. Il connaît la rage qui sommeille en lui, cette tentation de frapper plus fort, de ne pas s’arrêter. La frontière est mince entre la justice et la vengeance. Il ne peut pas se permettre de retomber dans ses vieux travers.

L’aube approche quand il regagne la Tour Wayne, un gratte-ciel austère surplombant la ville. Il retire son masque, laissant tomber la cape avec lassitude. Dans le miroir, il ne voit plus que des cernes creusés et un regard hanté. Il s’effondre sur son lit, à peine conscient du sommeil qui l’emporte.

Le rêve est toujours le même.

La ruelle. La pluie battante. Le claquement d’un coup de feu. Le cri de sa mère.

Puis, d’un coup, elle n’est plus là. La ruelle est vide. Seule la mare de sang reste.

Il se réveille en sursaut.

Le souffle court, il passe une main sur son visage. Le cauchemar s’accroche à lui comme une seconde peau.

Une voix familière brise le silence.

— Vous avez un rendez-vous ce midi, monsieur Wayne.

Alfred, toujours impeccable, une tasse de thé à la main. Bruce grogne.

— Annule.

— Ce serait une erreur. Il faut que la réputation de Bruce Wayne soit l’exact opposé de celle de Batman. Un milliardaire fêtard ne peut pas être un justicier nocturne.

Bruce ferme les yeux une seconde avant de se lever. Il sait qu’Alfred a raison, mais il déteste ces mascarades. Il n’aime pas les mondanités, et l’idée de passer du temps à badiner lui semble futile.

Et pourtant, quelques heures plus tard, il est assis en face de Victoria Vale dans un café chic du centre-ville.

— Appelle-moi Vicky, dit-elle avec un sourire en jouant avec la cuillère dans son cappuccino.

Elle est belle, il le reconnaît. Intelligente, vive. Il apprécie l’idée d’avoir quelqu’un dans la presse. Mais elle ne l’intéresse pas vraiment.

— Alors, tu veux toujours visiter Gotham ? demande-t-il après quelques banalités échangées.

Elle acquiesce, curieuse. Il l’emmène alors dans une visite particulière.

Ils passent par l’ancien opéra, dont l’architecture déchue porte encore les traces de son âge d’or. Par l’avenue Gotham, où les enseignes brillent d’une lueur trompeuse, dissimulant la misère qui rôde dans les ruelles adjacentes.

Mais c’est au cirque Haly qu’il l’emmène vraiment voir Gotham.

Un cirque fixe, installé dans les bas-fonds depuis des décennies. Ancien repaire des Flying Grayson, aujourd’hui un lieu où se mêlent spectacles et jeux clandestins. Une fête foraine permanente, où les lumières criardes masquent la crasse, où les rires sonnent faux, où l’illusion règne. C’est ici que lui et ses amis traînaient adolescents, à la frontière du monde criminel et du divertissement bon marché.

Vicky est fascinée.

— C’est incroyable. Toute cette énergie…

Bruce hoche la tête.

— Gotham est une ville de contrastes. Belle et monstrueuse.

Elle le regarde longuement, comme si elle tentait de percer à jour ce qu’il cache.

— Et toi, Bruce ? Tu es quoi dans tout ça ?

Il esquisse un sourire mystérieux.

— Un spectateur.

Mais il sait que c’est un mensonge.

Gotham n’est pas une ville que l’on observe.

On s’y noie. Ou on y renaît.

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