
Chapter 11
Le dimanche matin s’annonçait paisible dans le petit appartement niché sous les toits de Montmartre. Les premiers rayons du soleil filtraient à travers les rideaux légers, projetant des lueurs dorées sur le parquet et caressant délicatement la peau nue de l’épaule d’Hermione. Blottie contre Fleur, son souffle chaud effleurait la clavicule de la Française, son bras lové autour de sa taille dans un geste inconscient.
Fleur ouvrit lentement les yeux, savourant la douceur de l’instant. Elle resta immobile quelques secondes, laissant son regard glisser sur le visage endormi d’Hermione. Elle n’avait jamais vu une expression aussi paisible chez elle. Son front était lisse, libéré de toute inquiétude, ses lèvres légèrement entrouvertes dans une esquisse de sourire. Elle avait l’air… libre. Heureuse.
Un sourire tendre étira les lèvres de Fleur. Du bout des doigts, elle repoussa une mèche brune échappée sur l’oreiller, savourant la sensation soyeuse sous ses doigts. Incapable de résister, elle se pencha et déposa un baiser léger sur le front d’Hermione.
Un soupir s’échappa des lèvres de la jeune femme, qui remua légèrement avant d’ouvrir un œil, encore embué de sommeil.
— Hmm… bonjour, murmura-t-elle d’une voix rauque et ensommeillée.
Fleur sourit en lui caressant doucement la joue.
— Bonjour, ma belle.
Hermione s’étira lentement, son corps frissonnant légèrement au contact du matin. Puis elle glissa une main jusqu’à la hanche de Fleur et l’attira contre elle, nichant son visage dans le creux de son cou.
— J’ai l’impression de flotter… dit-elle avec un sourire rêveur.
— C’est un bon signe, alors, murmura Fleur en effleurant ses lèvres du bout des siennes.
Hermione rit doucement avant de capturer pleinement ses lèvres dans un baiser tendre et paresseux.
— On devrait se lever, souffla Fleur contre ses lèvres.
— Pas encore…
Elles échangèrent encore quelques baisers, savourant cette douceur intime du réveil partagé. Finalement, après quelques minutes volées à la paresse, elles finirent par se lever.
La cuisine s’emplissait d’une délicieuse odeur de café chaud et de pain grillé. Hermione s’affairait à beurrer des tartines tandis que Fleur, appuyée contre le comptoir, la regardait avec un sourire amusé. Entre deux gorgées de café, elles riaient, échangeaient des taquineries, savourant cette routine naissante qui leur semblait pourtant si naturelle.
— Et si on sortait aujourd’hui ? Le temps est magnifique, proposa Hermione en mordant dans sa tartine.
Fleur haussa un sourcil, amusée.
— Oh ? Et où veux-tu aller ?
Hermione posa sa tartine, levant vers elle un regard pétillant d’excitation.
— Montre-moi ton Paris. Celui que tu aimes.
Un sourire sincère éclaira le visage de Fleur.
— Très bien, mais prépare-toi à tomber amoureuse…
Hermione inclina la tête légèrement, son regard s’adoucissant.
— Trop tard, murmura-t-elle en la fixant intensément.
Fleur détourna les yeux un instant, troublée mais profondément touchée. Son cœur battait un peu plus vite sous l’intensité du regard d’Hermione. Elle se pencha alors et l’embrassa tendrement, savourant ce moment suspendu hors du temps.
Elles passèrent la matinée à flâner sur les quais de la Seine, main dans la main, profitant de la douceur du matin parisien. Le murmure de l’eau, les péniches glissant lentement sur le fleuve, les artistes de rue esquissant des visages sur leurs carnets… Tout semblait baigné dans une quiétude presque irréelle.
Fleur guida Hermione à travers les ruelles pavées, l’emmenant jusqu’à l’une de ses adresses préférées : une petite librairie nichée dans un passage discret, à l’abri du tumulte de la ville. L’endroit sentait le vieux papier et l’encre, et les étagères croulaient sous les ouvrages anciens.
Hermione s’arrêta, les yeux brillants d’émerveillement.
— Oh, Merlin… cet endroit est magique.
— Je me doutais que ça te plairait, murmura Fleur en la regardant avec tendresse.
Hermione parcourait les rayonnages avec une excitation enfantine, caressant les reliures du bout des doigts, lisant les titres à voix basse. Elle dut se faire violence pour ne pas repartir avec une montagne de livres, mais Fleur, amusée par sa difficulté à choisir, glissa discrètement entre ses mains un exemplaire ancien de Madame Bovary.
— Un souvenir de notre rencontre, murmura-t-elle en souriant.
Hermione releva les yeux, touchée, et prit délicatement le livre.
— C’est parfait… Merci, Fleur.
Après la librairie, elles firent un détour par le marché aux fleurs. Hermione s’attarda longuement devant les étals colorés, respirant les senteurs délicates des roses, des pivoines et des lavandes. Son regard s’arrêta finalement sur des lys blancs d’une élégance pure.
Elle en choisit un bouquet et se tourna vers Fleur, un sourire malicieux aux lèvres.
— Des fleurs pour la plus belle des Fleur.
Fleur haussa un sourcil, avant de rire doucement.
— Tellement ringard que j’adore. Merci, ma chérie.
Elle prit le bouquet avec soin, effleurant les doigts d’Hermione au passage.
L’heure du déjeuner les mena dans un petit bistrot parisien typique, où elles s’installèrent en terrasse, partageant une assiette de fromages accompagnée d’un verre de vin. Le soleil réchauffait doucement leur peau, et l’instant était parfait.
Elles parlaient de tout et de rien, s’amusant des passants, échangeant des anecdotes sur leur quotidien. Mais parfois, entre deux éclats de rire, Fleur se perdait dans ses pensées. Son cœur se serrait à l’idée de ce qu’elle devait révéler à Hermione.
Elle ne pouvait plus garder ce secret trop longtemps.
Mais pas aujourd’hui.
Aujourd’hui, elle voulait juste profiter. Voir Hermione sourire, l’entendre rire sans penser aux conséquences.
Le temps s’écoula sans qu’elles ne s’en rendent compte, et bientôt, le ciel se teinta de nuances roses et orangées. En traversant la ville, elles s’arrêtèrent sur le Pont des Arts, là où les lumières de Paris commençaient à se refléter sur la Seine scintillante.
Hermione s’accouda au parapet, contemplant le paysage d’un regard émerveillé.
— C’est tellement beau… souffla-t-elle.
Fleur, elle, ne regardait pas la vue.
— Oui… murmura-t-elle, mais ses yeux étaient rivés sur Hermione.
Sentant son regard sur elle, Hermione tourna légèrement la tête, rencontrant ses prunelles azur.
— Quoi ?
Fleur hésita un instant, puis se pencha pour l’embrasser.
Le baiser était tendre, langoureux, rempli de cette émotion qu’elles n’osaient pas toujours exprimer avec des mots. Hermione répondit immédiatement, glissant ses doigts dans les cheveux blonds de Fleur, approfondissant leur étreinte sous le ciel parisien.
Lorsque leurs lèvres se séparèrent enfin, Hermione laissa échapper un petit rire heureux.
— Je crois que c’est l’une des plus belles journées de ma vie.
Fleur effleura sa joue du bout des doigts, un sourire tendre aux lèvres.
— Alors je suis heureuse.
Elles restèrent ainsi un instant, enlacées, savourant le moment. Puis, main dans la main, elles prirent le chemin du retour vers Montmartre, inconscientes du coup du destin qui les attendait à leur arrivée.
En arrivant devant l’immeuble à la tombée de la nuit, Fleur s’arrêta brusquement. Quelqu’un les attendait.
Un homme aux cheveux roux, le visage marqué par la fatigue et une colère à peine contenue. Ses bras étaient croisés sur sa poitrine, et il les fixait comme s’il se retenait de fondre sur elles.
Fleur ne connaissait pas cet homme, mais elle devina immédiatement son identité en reconnaissant des traits similaires à ceux de la rousse qui accompagnait monsieur Potter.
Son cœur se serra. Elle savait précisement pourquoi il était là.
Hermione, quant à elle, ne comprenait pas pourquoi Fleur s’était figée. Elle observa l’homme avec curiosité, notant son expression troublée, son regard fixé sur elle comme s’il venait de voir un fantôme.
Puis, soudain, il se redressa et s’avança précipitamment vers elles.
— Hermione ! s’écria-t-il, sa voix chargée d’émotion.
Hermione sursauta, surprise par l’intensité de son ton.
— Pardon ?
Ron s’arrêta net, comme frappé par un coup invisible.
— Tu… tu ne me reconnais pas ? demanda-t-il, la voix tremblante.
Hermione fronça les sourcils, fixant son visage avec attention.
— Non. Je suis désolée, vous devez faire erreur. Mon nom est Emma… On se connaît ?
Le monde sembla vaciller autour de Ron. Il cligna des yeux, incapable de comprendre ce qu’il venait d’entendre.
— C’est une blague… murmura-t-il, presque pour lui-même.
Puis il secoua la tête, son souffle court, son regard se remplissant d’incrédulité.
— Hermione, c’est moi, Ronald Weasley. Ton fiancé !
Hermione sentit un frisson désagréable parcourir son dos.
— Mon… fiancé ?
Elle recula légèrement, mal à l’aise, et tourna instinctivement les yeux vers Fleur, cherchant une explication.
— Qu’est-ce qu’il raconte ?
Fleur ouvrit la bouche… mais Ron la devança, sa voix se brisant sous l’émotion et la colère.
— Tu le savais, pas vrai ?! cracha-t-il à Fleur. Tu savais qu’elle était Hermione Granger et tu n’as rien dit !
Hermione sentit son estomac se tordre, une sensation désagréable qu’elle ne connaissait que trop bien.
Elle fixa Fleur, la gorge sèche.
— Fleur… ?
La Française tenta de calmer la situation, gardant un ton mesuré malgré la tension qui montait.
— Écoutez, monsieur Weasley, ce n’est pas si simple…
Mais Ron éclata, son self-control brisé.
— Pas si simple ?! hurla-t-il. Tu voulais quoi, la garder pour toi en lui cachant qui elle est vraiment ? Je savais qu’Harry aurait dû se méfier de toi, tu lui as menti !
Hermione recula encore d’un pas.
— Fleur… C’est vrai ? Qui est ce Harry dont il parle ?
La déception pure dans la voix d’Hermione fit vaciller Fleur. Elle baissa les yeux, sentant son cœur se briser un peu plus.
— J’allais te le dire… murmura-t-elle.
— Mais tu ne l’as pas fait, répondit Hermione, la voix tremblante.
Fleur chercha désespérément à la retenir.
— Je voulais le faire en douceur…
Son regard se posa sur Ron, brûlant de colère, avant de revenir sur Hermione. Elle baissa la tête, incapable d’affronter son regard.
Un silence pesant s’installa, chargé de mille émotions non dites.
Ron, voyant qu’Hermione était perdue, s’approcha doucement d’elle.
— Viens avec moi à l’hôtel, Hermione. Je vais tout t’expliquer. Je vais te dire qui tu es.
Fleur sentit la panique l’envahir.
— Hermione, attends…
Mais Hermione leva une main pour l’arrêter, ses yeux embués d’émotion.
— J’ai besoin de réponses. Et apparemment, ici, on ne peut pas me les donner.
Ses mots frappèrent Fleur de plein fouet.
Le ton d’Hermione était tranchant, sa posture plus rigide qu’avant. Fleur savait qu’elle venait de perdre quelque chose de précieux.
Elle tenta un dernier appel, désespérée.
— Hermione, je…
Hermione la fixa un instant, puis posa la question qui acheva Fleur.
— Depuis combien de temps le sais-tu ?
Fleur hésita une fraction de seconde de trop.
— Quelques jours…
Hermione ferma brièvement les yeux, comme si la réponse la frappait physiquement. Lorsqu’elle les rouvrit, une larme coula silencieusement sur sa joue.
— Tu aurais dû me dire la vérité.
Fleur s’approcha d’un pas, tendant une main tremblante.
— S’il te plaît… Je…
Mais Hermione détourna le regard, brisant ce dernier lien qui les rattachait encore.
Elle tourna les talons et suivit Ron vers un taxi.
Fleur resta figée, incapable de bouger, incapable de parler. Son monde s’écroulait sous ses pieds.
Et Hermione, la femme qu’elle aimait, disparut dans la nuit sans un regard en arrière.
Les heures passèrent, et à minuit, l’inquiétude de Fleur se transforma en panique. Elle tournait en rond dans l’appartement, incapable de trouver le sommeil, incapable de chasser cette sensation oppressante dans sa poitrine.
Puis, soudain, elle se rappela la carte de visite d’Harry.
Sans plus réfléchir, elle s’en empara et, malgré l’heure tardive, composa son numéro.
La sonnerie retentit dans le silence de la nuit. Une, deux, trois fois… Puis une voix endormie mais immédiatement alerte décrocha.
— Qui est-ce ?
— Désolée de vous déranger, monsieur Potter c’est Fleur Delacour, Hermione est partie depuis des heures et je suis inquiète. Est-ce qu’elle est avec vous ? Est-ce que Ron est avec elle ?
Un silence tendu s’installa à l’autre bout du fil. Puis Harry souffla :
— Hermione est avec Ron ?
Fleur sentit son cœur se serrer.
— Oui… Il l’a emmenée, disant qu’il allait tout lui expliquer. J’ai cru qu’ils allaient vous rejoindre à l’hôtel.
— Merde.
Le ton d’Harry se fit plus grave, plus inquiet.
— Désolé, Fleur, mais nous ne les avons pas vus.
Fleur sentit une boule d’angoisse lui nouer la gorge.
— Il a dit qu’il l’emmenait ici pour vous voir. Vous êtes sûr qu’ils n’y sont pas ?
— Sûr et certain.
Fleur serra le téléphone plus fort, ses doigts tremblant légèrement.
— Dites-moi, Harry… Ron est-il vraiment le fiancé d’Hermione ? C’est comme cela qu’il s’est présenté à nous.
Un nouveau silence s’installa. Fleur entendit Harry soupirer.
— Il l’était… admit-il finalement. Mais Hermione s’est enfuie le jour de la Saint Valentin. Elle est partie sans rien dire, sans donner d’explication. Et honnêtement ? Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé ce soir-là, mais j’ai toujours eu le sentiment que Ron nous cachait quelque chose. Quelque chose d’assez grave pour qu’Hermione quitte non seulement New York, mais le continent entier.
Le sang de Fleur ne fit qu’un tour.
— Vous m’inquiétez, Harry… Hermione est-elle en sécurité avec lui ?
Sa voix tremblait légèrement. L’idée qu’Hermione soit seule avec un homme qu’elle ne reconnaissait même pas, un homme qui avait peut-être été la raison de sa fuite, la terrifiait.
— Je vais partir à leur recherche immédiatement, répondit Harry, son ton redevenant ferme et décidé. Je vous rappelle dès que j’ai du nouveau.
— Merci, Harry.
Fleur raccrocha, son souffle court, son estomac noué par l’angoisse.
Elle n’avait pas aimé l’attitude de Ron en le rencontrant. Son agressivité, sa possessivité, son refus de lui laisser le temps d’expliquer la situation à Hermione… Tout cela lui avait semblé toxique.
Mais maintenant, savoir qu’il l’avait emmenée elle ne savait où, alors qu’Hermione était vulnérable et sans souvenirs…
La peur la saisit brutalement.
Et si elle venait de laisser partir la femme qu’elle aimait avec la pire personne possible ?