
Chapter 9
Depuis la première visite de Viktor, Fleur avait pris le temps de faire des recherches approfondies sur Hermione Granger. Elle avait rapidement compris que sa colocataire, Emma, était bien la femme que les Américains recherchaient. Le mystère de sa disparition, évoqué avec tant d’émotion par Harry, avait pris une toute autre signification lorsque Fleur avait réalisé que cette jeune femme, aux gestes parfois maladroits mais au sourire lumineux, était la brillante sorcière qui avait aidé à changer le cours de l’histoire.
Pourtant, Fleur n’avait pas trouvé le courage d’aborder le sujet avec Emma. Les jours qu’elles partageaient dans leur petit appartement de Montmartre étaient remplis de légèreté et d’une douce complicité. Interrompre cette harmonie en évoquant un passé dont Emma semblait vouloir s’éloigner lui paraissait cruel. Mais avec l’arrivée d’Harry et Ginny, Fleur savait que cette bulle de sérénité risquait de se briser.
Alors qu’elle raccompagnait les trois visiteurs à la porte, Fleur prit une décision difficile.
— Je dois parler à Hermione, dit-elle calmement, bien que son cœur tambourinât dans sa poitrine. Je vous retrouverai ce soir, à votre hôtel.
Harry, visiblement soulagé, hocha la tête.
— Nous serons patients, Miss Delacour. Honnêtement, j’ai eu peur qu’elle soit...
Sa voix se brisa légèrement. Ginny posa une main réconfortante sur son bras, et il reprit :
— Merci de nous aider. Voici mon numéro.
Il lui tendit une carte, qu’elle saisit d’un geste mesuré.
— Nous sommes au Ritz. Pour être honnête, nous sommes venus ici directement après notre descente d’avion.
Fleur acquiesça.
— Très bien. Prenez le temps de vous installer, de faire un peu de tourisme, et je vous rejoindrai à 19 heures.
Les trois visiteurs partirent rapidement, laissant Fleur seule dans l’appartement. Elle soupira profondément, massant ses tempes pour apaiser le tumulte dans son esprit. Ce qu’elle devait faire ensuite ne serait pas simple.
***************
Pendant ce temps, Emma était au travail au petit café de la place, un lieu qu’elle avait appris à aimer pour sa chaleur et son authenticité. Ce début d’après-midi était calme, et Pierre, le propriétaire du café et oncle de Fleur, en profita pour avoir une conversation qu’il jugeait nécessaire avec sa jeune employée.
— Emma, viens par ici une minute, l’appela-t-il depuis le comptoir.
Emma, qui essuyait une tasse en fredonnant doucement une chanson, leva la tête.
— Oui, Pierre ?
— Pas d’inquiétude, il n’y a pas de problème, répondit-il en souriant. Mais j’aimerais te poser quelques questions.
Intriguée, Emma s’approcha, déposant la tasse qu’elle tenait sur le comptoir.
— Je t’écoute.
Pierre croisa les bras, son expression devenant à la fois sérieuse et bienveillante.
— Je te vois souvent en compagnie de ma nièce. Vous semblez très proches, toutes les deux.
Emma sourit doucement, ses joues prenant une légère teinte rosée.
— Fleur est incroyable, Pierre. Sans elle, je ne sais pas où je serais aujourd’hui. Elle a fait tellement pour moi...
Elle baissa les yeux, une sincérité désarmante dans la voix.
— Je voudrais lui rendre tout ce qu’elle m’a donné.
Pierre hocha la tête, un sourire en coin.
— Est-ce que tu l’aimes ?
La question tomba comme un poids lourd dans l’air. Emma resta figée, surprise par la franchise de Pierre.
— Je... je ne sais pas, répondit-elle finalement.
Elle releva les yeux, réfléchissant à voix haute.
— Je ne me souviens pas de ma vie avant d’arriver ici. Mais ce que je ressens pour Fleur... c’est spécial. C’est fort.
Pierre l’observa attentivement, puis hocha la tête, visiblement satisfait de sa réponse.
— Fleur est comme une fille pour moi, déclara-t-il. Alors promets-moi une chose : ne lui fais pas de mal.
Il fit un clin d’œil avant d’ajouter, d’un ton plus léger :
— Si tu veux lui faire plaisir, je vais te donner un conseil : elle raffole des macarons de chez Ladurée. Et un bouquet de lys, ça ne ferait pas de mal non plus.
Il lui tendit une enveloppe.
— Voici ton salaire. Fais-en bon usage.
Touchée par ce geste, Emma sourit timidement.
— Merci, Pierre. Vous auriez l’adresse de cette boutique ?
— Les Galeries Lafayette. C’est à une trentaine de minutes d’ici à pied. Fleur t’a montré où c’était, non ?
Emma acquiesça.
— Oui, je crois que je peux retrouver le chemin. Merci encore, Pierre.
— De rien, gamine. Profite de ta soirée.
Après avoir quitté le café, Emma s’aventura dans les rues de Paris, guidée par les indications de Pierre. Le chemin jusqu’aux Galeries Lafayette n’était pas direct, mais elle aimait se perdre dans les ruelles pavées, où les devantures des boutiques et l’animation parisienne lui offraient une distraction bienvenue.
Quand elle atteignit enfin le grand magasin, ses yeux s’écarquillèrent devant l’immense façade haussmannienne et la coupole de verre qui scintillait sous la lumière de l’après-midi. Elle entra avec un mélange d’émerveillement et d’appréhension, croisant des touristes fascinés et des Parisiens élégants en quête de trésors.
Emma se sentit un peu intimidée dans cet environnement opulent, mais elle se ressaisit en apercevant la célèbre boutique de macarons Ladurée. Une douce odeur de sucre et d’amande embaumait l’air. Après un moment de réflexion, elle opta pour une boîte de macarons aux couleurs pastel, en sélectionnant soigneusement les parfums : rose, pistache, vanille, et son préféré, citron.
Alors qu’elle se dirigeait vers la sortie, un autre rayon attira son attention : une boutique florale située non loin de l’entrée. Les lys, éclatants et majestueux, semblaient faits pour Fleur. Elle choisit un bouquet simple mais élégant, avec des fleurs blanches pures et quelques touches de vert pour rehausser l’ensemble.
En tenant précieusement ses achats, Emma quitta les Galeries Lafayette, le cœur battant plus fort que jamais. Sur le chemin du retour, elle s’imagina la réaction de Fleur, espérant qu’elle comprendrait à quel point elle comptait pour elle.
*************************
De retour à Montmartre, Fleur fit un détour par le café pour saluer son oncle. Elle fut surprise de ne pas y trouver Emma.
— Je lui ai donné son après-midi, répondit Pierre avec un sourire taquin.
— Vraiment ? Et pourquoi donc ?
Pierre haussa un sourcil, amusé.
— Ne fais pas l’innocente, ma chère nièce. Je ne suis peut-être plus tout jeune, mais je ne suis pas aveugle. Tu viens ici presque tous les jours, et pas pour moi, n’est-ce pas ?
Fleur rougit légèrement, secouant la tête.
— Tu exagères...
— Oh, peut-être. Mais prends un café avec moi. Emma ne sera pas de retour avant un moment.
Ils discutèrent longuement, Pierre insistant sur la relation entre Fleur et Emma. Ses paroles firent réfléchir sa nièce. Elle avait évité d’admettre ses sentiments, mais il devenait de plus en plus difficile de les ignorer.
Après avoir remercié son oncle, Fleur rentra chez elle, le cœur légèrement plus léger mais l’esprit en ébullition.
En ouvrant la porte de l’appartement, elle fut accueillie par une vision inattendue : des lys, disposés avec soin dans tout l’espace. Sur la table du salon trônait une élégante boîte de macarons portant le logo emblématique de Ladurée.
Curieuse, elle saisit la note qui accompagnait les cadeaux.
Fleur,
Depuis que nos chemins se sont croisés, tu as illuminé ma vie d’une manière que je ne saurais expliquer. Chaque geste, chaque sourire, chaque mot partagé avec toi me donne l’impression de renaître. Tu fais bien plus que m’offrir un toit ou ta compagnie : tu m’offres un espoir, une raison de croire en des jours meilleurs.
Je ne sais pas qui j’étais avant d’arriver ici, mais ce que je ressens aujourd’hui est indéniable. Je ne connais pas encore les codes de l’amour ou des relations, mais je veux apprendre... avec toi.
Ces modestes présents ne sont qu’un reflet de tout ce que tu mérites. J’aimerais te montrer à quel point tu es importante pour moi, et j’espère que ce geste saura te toucher.
Ce soir, à 19 heures, je t’attendrai à cette adresse. Si tu choisis de venir, cela voudra dire que tu es prête à partager cette aventure avec moi. Mais si tu ne viens pas, je comprendrai que ton cœur n’est pas prêt, et je respecterai ta décision. Quoi qu’il arrive, sache que mon affection pour toi restera intacte.
Pour te guider, une autre surprise t’attend sur le lit de notre chambre.
Avec toute mon affection,
Emma
Fleur sentit ses yeux picoter en terminant la lettre. Les émotions contradictoires l’envahirent : la culpabilité de ne pas avoir encore dit la vérité à Emma, la peur de tout gâcher, mais aussi l’excitation de ce qu’elle pourrait vivre si elle acceptait cette invitation.
Elle se rendit dans leur chambre et trouva une magnifique robe noire posée sur le lit, soigneusement préparée.
Fleur saisit son téléphone et composa le numéro d’Harry.
— Monsieur Potter, dit-elle d’une voix calme mais ferme. Je vais devoir annuler notre dîner ce soir. Hermione refuse de vous voir... pour l’instant.
Harry marqua une pause avant de répondre.
— Très bien. Merci de nous tenir informés, Miss Delacour.
Fleur raccrocha, posant le téléphone avec un soupir.
Elle enfila la robe, ajusta une boucle d’oreille, et s’observa dans le miroir. Ce soir, elle choisirait l’amour, quitte à affronter le passé demain.