
Blue Exorcist - Sins of the father
Rin Okumura et la relation compliquée entre le Père et le Fils.
« Ce sabre est plus important que ta vie même. Ne le confie jamais à personne, garde-le avec toi même quand tu dors. Et surtout, quoi qu’il arrive, ne le dégaine jamais ! »
Et c’était arrivé. Il l’avait fait, il l’avait sorti de son fourreau. Le Kômaken. Le sceau de ses pouvoirs démoniaques, l’étreinte confinant sa force.
Pour l’amour du Père, il ne se laisserait pas emmener par Satan. Fils d’un démon, et pas n’importe lequel, du souverain de la Géhenne… Tout prenait sens. Il avait senti cette réalité vibrer au plus profond de son être lorsqu’il avait dégainé. Une réalité terrible, cruelle dans chacune de ses facettes, dans lesquelles son père n’était pas son père et son père tombait à l’agonie, les traits tordus, brisés par une force colossale, celle qui revendiquait le pouvoir sur sa progéniture.
La colère d’avoir été laissé à l’écart de cet énorme secret de famille lui paraissait bien dérisoire, désormais.
Rin aurait voulu s’arracher les entrailles tant la culpabilité rongeait son coeur, empoisonnait chacune des larmes qu’il versait sur le corps inerte du Père Fujimoto. Le vieux. Son père. Ah, comme il regrettait ses paroles !...
Il n’avait pas beaucoup étudié les textes bibliques, ça ne l’intéressait pas, mais il savait au moins que Satan était entré dans le corps de son père après qu’il l’ait renié. Ou après la claque, qu’il méritait amplement. Il ne pensait pas ce qu’il avait dit, il avait parlé sous le coup de la colère… et en voilà le résultat.
…S’il était mort, c’était à cause de lui. Et ni lui, ni Yukio ne le lui pardonnerait. Et c’était en réalisant cela, en comprenant qu’il n’amenait que désolation auprès de lui, qu’il se décida. Il deviendrait exorciste à son tour, sauverait des vies, combattrait les démons mêmes dont il était issu. Pour l’amour du Père.
« Si un jour je t’énerve, montre-moi que j’ai tort. Montre-moi que tu as mûri. »
Il faudrait le prouver jour après jour, sans relâche, dans chaque action et chaque décision. Mais il allait lui montrer. Shiro ne serait pas mort en vain, et sa mort serait l’ouverture du procès de tous les démons de la Géhenne et d’Assiah. Il se le jura - un serment que jamais il n’aurait la foi de désavouer, sa vie entachée par la lourde marque d’une erreur implacable, qu’il tenterait à jamais de réparer. Véritable supplice de Tantale, il devrait vivre avec le poids de ce reniement fatal sur les épaules et agir en sachant que rien ne serait jamais assez pour expier cette faute.
Il comprendrait plus tard que le fardeau n’aurait pas dû être si lourd à porter, que la culture du secret, cette plante sauvage, n’avait fait que détruire la confiance qu’il avait toujours portée à cet homme qui les avait élevés, Yukio et lui. Tout cela simplement pour le protéger. Il s’en sentirait longtemps indigne, puis accepterait cette confiance placée en lui comme une responsabilité. Il comprendrait que cette faute symbolisait également celle qui condamnait l’humanité - c’était par des sentiments humains, simultanément trahison, rejet, honte et culpabilité, qu’il s’était laissé aveugler. La haine cachait habilement l’amour et la crainte d’être abandonné.
Ainsi, que Shiro Fujimoto repose en paix : il avait élevé le plus humain de tous les démons. Pour l’amour du Père, son sabre dégainé, il reprendrait le flambeau de son père adoptif et protégerait les humains de sa propre espèce. Et, pour finir, il tuerait l’autre.