Claymore
Louvre trouve Raki dans une auberge alors que Claire est sortie pour enlever la vie à l'une des siennes. Inspiré de l'épisode 2 de l'anime, La feuille noire, à quelques différences près.
« À moitié malebêtes, à moitié humaines, la véritable nature des Claymores ressort toujours à un moment ou à un autre. Tu serais bien inspiré de ne pas trop t’y attacher, jeune homme. Garde tes distances. Il vaut mieux, crois-moi. »
L'homme qui avait abordé Raki avait l’air d’un corbeau, avec ses lunettes rondes qui reflétaient la lumière, la capuche de sa toge rabattue sur un crâne qu’on devinait dégarni et le sourire grinçant, presque ironique qu’il portrait constamment aux lèvres. Sans compter la maigreur et le teint blafard du personnage, ses joues creusées et son menton pointu. Non, rien n’inspirait confiance en lui. Pourtant, lui aussi suivait les faits et gestes de Claire, il l’avait remarqué.
Non, il ne croyait pas que Claire serait capable de laisser place à la sauvagerie des malebêtes. Elle l’avait sauvé, tout de même !
« Euh, mais vous êtes qui au juste ?
— Quelqu’un qui connaît suffisamment bien les Claymores pour te mettre en garde, petit. Tu leur prêtes une humanité qu’elles n’ont pas, ou qu’elles finissent toutes par perdre. Ta chère Claire n’y fera pas exception… c’est, hélas, un processus inévitable. »
Son sourire narquois avait quelque chose d'affreux, et pourtant Raki ne prêta attention qu’au choc que ses paroles créaient en lui. Un doute affreux se logea dans ses entrailles, provoquant l'inquiétude du jeune homme.
Aussitôt le garçon parti rejoindre sa précieuse bienfaitrice à la suite de leur petit échange en privé, le sourire de Louvre s’effaça. Ses souvenirs le menèrent à la grimace ; un pincement au coeur qu’il avait toujours du mal à réprimer, alors que tant de temps s’était écoulé. Ah, le bon vieux temps… Et pourtant, rien n’a changé.
Certains humains tombent toujours sous le charme des Claymores. Il faudrait peut être y voir une prédisposition génétique.
Si le choc qu’il avait provoqué au jeune cuisinier de la Claymore au trident avait eu pour but de lui faire vérifier la réalité qu’il lui avait assénée, pour qu’il comprenne enfin et passe à autre chose, il reconnaissait le double tranchant de sa manoeuvre comme un risque potentiel. Le garçon pourrait vouloir rester lié à elle malgré tout, et leur lien s’en verrait renforcé. Il ne savait pas dans quelle mesure cette liaison affecterait son travail, ou le cours des événements.
Il aurait dû se montrer plus prudent, réfréner son envie de jouer avec l’avenir. Car il y avait fort à parier que le petit regretterait fortement de s’être lié avec un des agents de l’Organisation. Voir sa tête alors qu’il pleurerait la mise à mort de sa chère et tendre serait insupportable. Lui n’avait même pas pu pleurer le décès de celle qui ne lui avait jamais accordé un regard. Ses cheveux ondulés virevoltaient encore dans sa mémoire, l’expression de ses yeux repérant son environnement sans effort, ou bien encore son sourire si particulier.
Dès le début, Claire avait révélé, puis pris son coeur. Pour se venger, il avait arraché d’elle son rictus.
Et désormais, Thérèse la Souriante vivait, en chair et en sang, dans le corps de l’humaine devenue Claymore. Et ce garçon serait à nouveau le grain de sable dans les rouages d’une histoire qui, en plus de se répéter, échappait constamment à l’Organisation.