
Une invitation surprise pour Noël
Case 6: une invitation surprise pour Noël (QAF US)
New York, 24 décembre.
Justin mit la touche finale à sa dernière toile avec un soupir de soulagement. Enfin, il avait terminé toutes les toiles commandées pour sa première exposition et il était bien plus que satisfait de son travail.
Des heures et des heures consacrées à ce projet, pour que tout soit parfait, en oubliant parfois de dormir ou de manger. L'exposition commençait la semaine prochaine mais peu lui importait, il avait besoin de s’occuper l'esprit, de ne pas penser à ceux qu'il avait laissés à Pittsburgh : ses amis qu’il considérait comme sa famille, sa mère, sa sœur et surtout… lui. Sa bouffée d’air, son oxygène. L’homme qu'il n'avait jamais cessé d’aimer malgré ce qu’ils avaient traversé, et qu’il ne parvenait à oublier malgré la longue distance.
Depuis l’annulation de leur mariage et cette dernière nuit au loft, il n'avait pu passer à autre chose. Mieux, il n'avait couché avec personne d’autre depuis, même si la tentation était très forte dans les bars de la ville. Il n’y parvenait pas.
Était-ce ça le fait de mûrir ? D’avoir un homme tellement dans la peau que même à distance, il ne pouvait pas tourner la page ?
Il se posa encore la question, tout en observant sa dernière toile : un nu de dos de Brian, une cigarette à la main, debout devant la fenêtre du loft. Un souvenir de cette dernière nuit… la plus belle qu’il n’ait jamais vécu. C'était si… les mots lui manquaient pour définir ce moment parfait de tendresse, de communion, d’amour… jamais ils ne l'avaient fait ainsi, même avec préservatif (car oui, pour la première fois en cinq ans, Brian lui avait offert ce cadeau, ce dont il rêvait depuis longtemps… le faire sans protection), Justin ne s'était jamais senti autant en communion avec cet homme. C'était parfait, juste… parfait !
Sortant de ses pensées, il jeta un œil à sa montre et réalisa qu’il était déjà 19h30. C’était le soir du réveillon, il n’avait rien de prévu.
Tellement absorbé par son travail, il en avait oublié que c'était un jour de fête, jusqu'à ce que ses colocataires, Emma et Tim, lui demandent ce qu'il faisait ce soir et s’il voulait se joindre à eux dans une soirée mexicaine à quelques mètres de leur appartement.
Il avait décliné poliment, promettant d’y repenser s’il parvenait à terminer à temps mais maintenant qu’il était parvenu au bout, il réalisa à quel point il était fatigué et qu’il n'avait pas envie de sortir.
Son regard se détourna de son travail et se posa sur la pile de courriers reçus. Il n'avait pas encore jeté un oeil aujourd'hui mais fut néanmoins surpris de trouver une enveloppe sans timbre, ni adresse, juste son nom tapé à l’ordinateur.
Très intrigué, il s’empressa d’ouvrir l’enveloppe où se trouvait une seule feuille de papier, elle aussi écrite à l’ordinateur.
Quelques phrases y figuraient simplement.
“Habille-toi décontracté mais pas trop et rejoins-moi à huit heures au Penthouse cafe.”
Pas de signature, rien, aucun indice sur l’expéditeur. C'était quoi ce délire ? Un stalker, un de ses amis qui lui faisait une mauvaise blague ?
Il y avait une autre option bien sûr, mais il ne voulait pas y croire… ou même y penser.
Cinq mois qu'ils ne s'étaient pas vus, cinq mois où il était devenu addict au travail, juste pour oublier son addiction à cet homme. À peine quelques messages échangés, deux coups de fil pour leurs anniversaires respectifs… et c'était tout !
S'il avait tenté de le contacter plus, il n'aurait eu qu’une seule idée en tête : tout abandonner pour revenir à Pittsburgh, mais non.
Il devait le faire, il devait prouver à tout le monde ce qu’il valait, montrer son travail au peuple américain… c'était son rêve, même si cela signifiait sacrifier le plus important. En tout cas, pour l'instant.
Secouant la tête pour éloigner ses pensées négatives, il décida après quelques instants de réflexion de jouer le jeu. Après tout pourquoi pas ! Puis de toute façon, il pouvait toujours faire demi-tour si la personne ne lui plaisait pas.
Il jeta un œil à sa montre et réalisa avec horreur qu’il lui restait à peine trente minutes. Le café-restaurant branché du moment où il fallait s’y prendre à l'avance pour obtenir une table n'allait pas l’attendre… et la personne mystère non plus.
Il s’empressa de prendre une douche, enfila une chemise bleue clair à manches longues sur un pantalon noir, enfila son manteau avant de braver le froid de ce mois de décembre.
Les mains dans les poches, le nez enfoui dans son écharpe, il traversa la foule pressée de ce soir de Noël, trepigna d'impatience à chaque feu rouge qu’il rencontrait et se rattrapa de justesse plusieurs fois avant de tomber à la renverse sur le sol glissant.
Enfin, il parvint à l’endroit en question, le cœur battant, légèrement essoufflé par les derniers mètres parcourus en courant. Il était comme un gamin de cinq ans, impatient de découvrir son cadeau et de le déballer.
Devant la façade, il jeta un œil par la fenêtre, à la recherche d’un visage ou une silhouette familière mais ne vit rien.
Dépité après plusieurs secondes de recherche, alors que plusieurs personnes devant lui attendaient pour entrer, il s'apprêtait à faire demi-tour quand une main se glissa au creux de ses reins, le faisant frissonner, et une odeur familière parvint à ses narines.
“Bonsoir Sunshine !”
Le sourire qui lui valait ce surnom étira ses lèvres en reconnaissant cette voix grave et sensuelle, qui ne manquait jamais de le mettre en émoi. Il se tourna vers l'homme qui lui avait tant manqué ces derniers mois et sur un simple “Brian” murmuré, vint capturer ses lèvres avec passion, se mettant sur la pointe des pieds pour mieux renforcer leur étreinte, se fichant éperdument du monde autour d’eux.
Décidément, c'était la meilleure invitation qu’il n’ait jamais reçu pour Noël.