
Un repas de Noël raté
Case 4: Un repas de Noël raté (suite du 3)
25 décembre 2021, le matin.
Les premières lueurs du soleil vinrent filtrer à travers les rideaux de la chambre, venant réveiller TK.
Lui qui d’habitude était un gros dormeur n’eut aucun mal à ouvrir les yeux cette fois et il comprit vite pourquoi. Il avait une envie très pressante.
Il lui fallut plusieurs secondes pour réaliser qu’il aurait du mal à bouger et surtout pourquoi et un sourire tendre se dessina sur ses lèvres, alors qu'il sentait un souffle chaud sur sa peau nue, et des bras musclés entourant sa taille.
Si son bas-ventre ne le tiraillait pas autant, il n'aurait aucune envie de quitter le lit mais la nature se manifestait à lui.
Avec douceur, il tenta de se dégager de l’étreinte de son petit-ami (purée, il avait l’impression que ça faisait des années qu’il n’avait pas prononcé ces mots) mais ce dernier grogna, resserrant ses bras autour de lui.
“Babe, Babe, s’il te plaît.
-Hum non…
-Mon cœur, faut vraiment que j’aille aux toilettes !”
Carlos grogna encore plus mais finit par desserrer son étreinte avec réluctance.
Étaient-ce les surnoms qui avaient échappé à TK sans faire exprès (même si un grand nombre était sorti cette nuit en pleine action) ou le fait qu’il doive aller aux toilettes ? En tout cas, le secouriste quitta le lit avec soulagement, rejoignant rapidement la salle de bains. Il se dépêcha avant de revenir vers la chambre.
Il observa son amant, dont le corps nu était quelque peu dévoilé par la couverture un peu rabattue. Ses cheveux étaient en bataille sur l’oreiller et ses lèvres étaient retroussées en un sourire heureux, paisible. Cette vision le fit craquer, ça lui avait tant manqué. Carlos dormait-il aussi mal que lui quand il n’était pas là ? Allaient -ils reprendre les choses comme avant maintenant qu’ils s'étaient retrouvés ? Ça l 'étonnerait, ils avaient encore beaucoup de choses à se dire, des questionnements qui méritaient des réponses.
Enfin ils auraient bien le temps maintenant de s’expliquer, la seule chose que souhaitait TK à ce moment-là était de profiter, savourer ces retrouvailles, aimer et chérir comme il le méritait ce corps de rêve et cet homme exceptionnel.
Sans lâcher son petit-ami des yeux, il enfila un boxer et malgré le froid, ne mit pas de tee-shirt. Si Matéo n'était pas là aujourd'hui comme prévu, ils avaient la maison pour eux seuls et il n'avait pas l’intention de se rhabiller.
Arrivé dans la cuisine, il mit la machine à café en route, sortit tout le nécessaire pour un bon petit-déjeuner de Noël et mit sa musique en route, sans regarder le premier titre.
Les premières notes d’Under Pressure retentirent dans la pièce, amenant un grand sourire sur ses lèvres. Ah cette chanson, toute sa jeunesse.
Il se mit à chantonner en dansant, disposa son bacon dans la poêle puis sortit les quatre œufs nécessaires.
Il mit ensuite des toasts à chauffer, ainsi que des muffins aux myrtilles et pépites de chocolat, après avoir sorti le beurre pour qu’il fonde un peu.
La chanson touchait à sa fin alors qu'il préparait un jus d'orange frais, tout pour éviter le bruit énervant du blender qui suffirait à réveiller son amant.
Une fois satisfait de son bacon, il prépara des œufs en brouillade, bien crémeux comme ils aimaient.
Satisfait de son résultat pour l’instant, il mit en place le plateau, ajoutant quelques morceaux de fromage et vola une rose artificielle qui trônait dans le vase de l’entrée.
La cuisine n'était peut-être pas son fort mais il aimait préparer des petits-déjeuners, et encore plus pour le beau latino qui l’attendait à l'étage.
Une fois fait, il fouilla encore dans le frigo, à la recherche de nourriture supplémentaire (il fallait satisfaire l'appétit de Carlos après tout) et s'enthousiasma en mettant la main sur un délicieux saumon fumé.
Highway to hell remplaça la chanson précédente et il ne put s'empêcher de remuer la tête dans tous les sens en faisant du air guitar. Il était de trop bonne humeur ce matin pour s’accorder ce petit plaisir à l'abri des regards.
À l’abri ? Pas totalement car au moment où il refermait la porte du frigo, il tomba nez-à-nez avec Carlos, le faisant sursauter et presque lâcher son assiette.
“Putain t’aurais pu me prévenir avant de surgir comme ça ! Tu veux me faire avoir une attaque à Noël ?
-Désolé mon cœur mais c’était trop tentant, dit-il avec un sourire taquin avant de lui voler un baiser, bonjour toi !
-Bonjour ! répondit TK avec un sourire radieux en l’observant, bien dormi ?
-Ouaip, ça faisait longtemps j'avoue. Et toi ?
-Pareil, comme un bébé ! Mais suis déçu je voulais t'amener le repas au lit moi ! admit le jeune homme avec un air boudeur.
-Comment voulais-tu que je reste au lit, à attendre mon repas alors que la chose la plus appétissante n’est pas avec moi !” répliqua Carlos avec un air de prédateur, tout en faisant circuler sa main jusqu’au fessier rebondi qu’il aimait tant.
TK eut un petit frisson à cette caresse mais ne s’éloigna pas pour autant. C'était si agréable d'être l’objet d’attention.
Dire qu'hier il avait été à deux doigts d’appeler sa collègue pour lui dire qu'il ne viendrait pas à sa soirée, sachant que son ex allait probablement venir lui aussi, vu le temps à l’extérieur et la distance qui séparait Carlos de ses parents.
Après des heures passées à regarder sa garde-robe d'un œil critique, à la recherche d’une tenue qui ne fasse ni trop sexy, ni trop strict, enfin tout pour ne pas trop attirer l’attention et faire celui qui n’était plus éperdument amoureux d’un certain officier de police, il s'était enfin décidé à quitter sa maison pour rejoindre la soirée.
Si pendant deux heures, il avait tenté de l’ignorer totalement, le gratifiant à peine d’un bonjour très gêné à son arrivée, il avait dû se faire à l'idée que c'était impossible. Voir Carlos aussi malheureux dans son coin, ne profitant pas de la soirée, avait fini par le mettre mal à l'aise, et désireux de quitter cette soirée au plus vite.
Pourtant, il avait eu cette envie de faire le premier pas, de se diriger vers le latino, lui présenter ses excuses et voir si une chance existait encore pour eux.
Or, c'était comme si ses pieds avaient été collés au plancher, il n’y était pas arrivé, et la glue s'était décollée au moment où Carlos avait fait un pas vers lui.
Il avait voulu quitter la pièce, pris d'une soudaine sensation d'étouffement quand soudain, l’électricité s'était coupée, laissant place au noir total… et lui avait valu de se prendre les pieds dans le tapis, rattrapé de justesse par Carlos.
Dans le noir, il avait été impossible de se regarder, de s’observer, mais ça avait été suffisant pour lui donner le courage nécessaire pour murmurer ces quelques mots, à l'abri des regards et oreilles indiscrètes.
“Je suis désolé tu me manques et je…”
Il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que Carlos avait capturé son visage entre ses mains, et un “Tu me manques aussi!” avant qu’un baiser passionné ne soit échangé, l’obligeant à s'appuyer contre le buffet. Ses mains avaient trouvé leur place sur le visage de Carlos. Tout à ce moment avait été oublié : pourquoi ils s'étaient séparés, où ils étaient, avec qui. TK s'était enfin retrouvé là où il avait toujours voulu être.
La suite, on la connaît.
Maintenant, ils étaient là, dans la maison de son père un matin de Noël et même si la proposition de Carlos était très alléchante, et qu'il mourrait d'envie de reprendre ce qu’ils avaient fait toute la nuit, il avait encore trop de choses à se faire pardonner, il le savait.
Même si les mains de Carlos circulant le long de son dos lui faisaient un effet bœuf, il avait besoin de crever l’abcès maintenant, sinon il risquait de se dégonfler.
“Ecoute à propos… à propos du loft je… je suis désolé…
-Je sais TK, je sais. Je m’excuse de pas te l'avoir dit aussi, ça a été ma plus grosse erreur.
-Non, ce que tu as fait, c'était juste… hyper romantique et désintéressé, je… je m’en rends compte maintenant et…
-Chuttttt, plus d’excuses je te pardonne mais…”
Une odeur de brûlé leur parvint aux narines, les sortant de leur discussion. Ils étaient tant plongés dans le regard de l’autre que TK en avait oublié son bacon… et ses toasts… et ses muffins. Tout avait noirci hormis le saumon et ils n'avaient plus d’oeufs pour rattraper le carnage provoqué.
“Bon c'est officiel, j’ai raté mon petit-déjeuner de Noël !
-Désolé, c'est de ma faute !
-Oui clairement, répondit TK en jetant les aliments brûlés à la poubelle, mais bon… je préfère le rater de ta faute que rater par ma mauvaise humeur !
-De mauvaise humeur pourquoi ?
-Que tu m'aies pas encore beaucoup embrassé et surtout, j’ai plus très envie de manger là tout de suite !” dit-il avant d’entourer Carlos de ses bras.
Le latino sourit à cette phrase avant qu'ils ne reprennent les activités qu’ils avaient si bien entrepris cette nuit.
Tout n'était pas encore résolu entre eux, il faudrait plus d’une conversation mais TK avait cet espoir que bientôt, il pourrait retourner à sa maison… leur loft.
En attendant, il allait devoir chercher le meilleur cadeau possible pour celle qui les avait réunis cette nuit. Qu'est-ce qui pourrait bien lui faire plaisir ? Une boîte de chocolats tous les jours ? Une chaîne hifi… une voiture, une…
Ses pensées prirent bien vite fin alors que Carlos se mettait à genoux devant lui dans la cuisine, prêt à le dévorer sur place.
Peut-être que leur petit-déjeuner était raté, mais bon il y avait bien d’autres choses aussi appétissantes au menu.
Fin.