
L'ange de Noël de Thomas
Après avoir dansé avec la Comtesse douairière et Lady Edith, Thomas se fit tout discret au fond du hall de Downton Abbey. Ce soir était la réception de Noël 1918 au château et comme chaque année, la famille et le personnel, pour un cours instant, se retrouvait dans la même pièce, presque sur un pied d'égalité, se retrouvant même à danser ensemble.
Mais Thomas savait qu'il n'avait plus sa place en ses lieux, s'il l'avait jamais eu. Les circonstances de son départ, avant la guerre, la rumeur sur les circonstances lâches entourant son retour du front, son comportement à son retour et surtout l'incarcération de Bates, avec qui il entretenait une animosité bien connue, ne jouaient pas en sa faveur pour s'attirer les bonnes grâces des Crowley ou de son personnel, même en ce jour de pardon, de paix et de fête.
Il se tenait donc en retrait de tout le monde, s'interrogeant même s'il ne devait pas s'éclipser de la réunion sans que personne ne le remarque, prêt à éviter la remise des cadeaux, s'il n'était pas certain que cela offenserait encore plus le monde et que cela lui assurerait une réprimande de Carson demain. Ils n'avaient probablement même pas prévus de cadeau pour lui, cette année.
Les notes de la dernière note furent entamées, quand Lady Sybil s'approcha de lui.
"Je sais que traditionnellement, c'est l'homme qui invite la femme à danser, mais j'espère que pour ce soir, tu accepteras l'exception et que tu m'accorderas cette danse, Thomas, sourit-elle doucement en lui tendant la main.
-Il resta un moment figé, avant de la prendre et de l'escorter sur la piste. Ce serait un honneur pour moi, ma Lady.
-Vraiment Thomas ? En sommes-nous revenus à cela ? Je pensais que notre amitié était plus robuste que cela et qu'elle survivrait à la fin de la guerre.
-Elle le taquinait. Il le savait et n'avait aucun scrupule à lui rendre doucement l'appareil. Pas en public, à moins que vous ne vouliez faire travailler le docteur Clarkson, ce soir, en provoquant une crise cardiaque à ce pauvre monsieur Carson.
-Elle éclata d'un grand rire, qui leur attirèrent quelques regards. A bas les convenances, au moins pour ce soir. Nous dansons déjà ensemble, ce qui ne devrait pas pouvoir ce faire. Qu'est-ce qu'un petit dépassement de plus ?
-Tes désirs sont mes ordre, ma chère Sybil."
Ils éclatèrent de rire, faisant fit, le temps d'une danse des bonnes manières et distances protocolaires. Ils étaient redevenus Sybil et Thomas, deux humains, devenus amis durant la guerre, en s'occupant ensemble des patients, militaires blessés de guerre. A la fin de la mélodie, il la raccompagna près de sa mère et ses sœurs, avant de retourner dans son petit coin.
Finalement, l'heure des cadeaux arriva. Il s'installa dans la file, avec les autres domestiques. Il sentait bien les regards critiques de certains, quand à sa position prêt de Carson, comme valet de chambre du Comte, à la place de Bates. Il resta pourtant droit et stoïque, ne laissant rien paraitre de son trouble intérieur.
Ce fut justement Sybil qui lui offrit le sien : une simple enveloppe.
Il lui adressa un regard perplexe, mais elle se contenta d'un sourire taquin et un clin d'œil, avant de passer à la personne suivante. Intrigué, il l'ouvrit pour n'y trouvé qu'une simple feuille : "J'espère que ton cadeau te plaira".
Il retourna la feuille, mais le verso était blanc. Il ne comprenait pas.
Quand la réception s'acheva, après avoir finalisé ses tâches de rangement, il gagna sa chambre le plus rapidement et poliment possible. Là, il eut la surprise de découvrir un véritable petit paquet, qui l'attendait sur son matelas. Il s'approcha doucement et prit l'étiquette au dessus, avec uniquement son nom d'inscrit.
Il connaissait cette écriture. Il reprit l'enveloppe avec le mot de lady Sibyl et le compara. C'était bien la sienne. C'était donc de cela qu'elle parlait ? Son cadeau ?
Avec beaucoup de précaution, il enleva, presque craintivement le papier cadeau et découvrit un cadre photo. Ce dernier était très beau et très cher, mais ce fut la photo qui lui mirent les larmes aux yeux. Là, une image de lui en uniforme et Sybil en tenue d'infirmière le fixaient fièrement. Il se souvenait de la prise de cette photo. Il ne revenait pas qu'elle ait réussi à en obtenir un exemplaire.
Il caressa l'image avec révérence et remarqua alors que, protégée par le verre, la photo avait été annotée : "Tu as toujours une amie dans ce vaste monde. Avec tout mon amour. Sybil."
Une goutte tomba sur le verre de protection, puis une autre et Thomas finit par se coucher, pleurant à chaud de larmes en serrant son présent contre son cœur. Il faudra qu'il remercie Sybil demain et lui confirmer qu'il avait adoré son cadeau. Ce soir, un ange l'avait béni de sa gentillesse et de son amitié.