
Le guide du petit immortel.
Hadrian observa la grille devant lui et la grande propriété qui s'étalait au-delà. Un chemin de gravier traversait un magnifique jardin jusqu'à un petit manoir de deux étages avec une petite tour sur le devant à côté de l'entrée principale. Il avait mis six ans à trouver cet endroit en rassemblant des indices et suivant des rumeurs plus ou moins légitimes, et il y était enfin, après tout ce temps ! Même s'ils s'était parfois retrouvé dans des impasses assez étranges et parfois dangereuses (il se souvenait encore de la fois où il était entré sans faire exprès sur un territoire vampire, il avait eu du mal à s'enfuir et seuls ses portails l'avaient sauvé). Le bon point étant qu'il avait apprit de nouvelles choses et avait travaillé ses réflexes.
À son arrivée dans cet univers, il avait décidé d'en apprendre le plus possible sur la magie, mais pour cela, il lui fallait un professeur, ou plutôt un mentor ou un maître. Le problème était qu'il ne vieillissait pas et qu'on finirait par lui poser des questions, et la dernière fois, ça ne s'était pas super bien passé et il refusait d'utiliser de nouveau des glamours en permanence. Donc, il était venu à la conclusion qu'il lui fallait apprendre sous la tutelle d'un immortel.
Or, il n'y en avait pas des masses, à vrai dire, il n'en existait que deux (Tom Riddle ne comptait pas, il avait peut-être 19 ans et avait peut-être déjà créé plusieurs Horcruxes, il restait un néophyte quand il s'agissait de la vie d'un semi-immortel.) Non, il lui fallait un immortel qui avait déjà de l'expérience et pourrait l'aider. C'est pour cela qu'il était venu ici. Et cette fois, il était sûr d'être à la bonne adresse. Pourquoi ? Tout simplement à cause du panneau accroché à côté de la grille.
Résidence Flamel.
Nous n'acceptons pas :
Les visiteurs non annoncés.
Les voleurs.
Les demandeurs d'apprentissages.
Les représentants d'une quelconque religion.
Les percepteurs d’impôts.
Les mages noirs ayant un ego sur-dimensionné et voulant devenir immortel.
Les vendeurs de tapis.
Les assassins de la guilde des Assassins.
Si vous faites partis de la liste ci-dessus, veuillez partir.
Si non, tirez la chaîne pour sonner.
À côté du panneau se trouvait une petite chaîne avec une poignée qui pendait du mur. Le message était on ne peu plus accueillant à son goût. De toute façon, il était écrit en français et il ne parlait la langue que sommairement donc il pouvait facilement prétendre ne pas avoir réussi à lire ce qui était écrit. Il avança la main et tira sur la chaîne.
Un bruit de cloche se fit entendre, suivit d'un bruit d'explosion et il vit dans la distance l'une des fenêtres de la tour s'ouvrir et laisser échapper de la fumée. Visiblement, il avait surpris l'un des deux habitants (voir les deux) en pleine expérience explosive et avait ainsi provoqué un faux mouvement qui avait créé une explosion. Il haussa les épaules et attendit patiemment.
Un homme sortit de la tour. Il avait une taille moyenne, une corpulence plutôt normal et les cheveux très courts. Plus il s'approchait, plus il pouvait voir de détails, comme par exemple sa barbe récente mal rasée, ou ses yeux extrêmement pâles qui le fixaient avec mauvaise humeur. Il portait une chemise qui avait du être blanche mais qui était noire de suie, sûrement à cause de l'explosion, un pantalon noir et des bottes de cuir montant sous les genoux. Il s'arrêta devant l'entré et dit en français :
_ Qu'est-ce que tu veux gamin ? Tu ne sais pas lire ? On n'accepte pas d'inconnus.
Hadrian grimaça légèrement, il comprenait à peine et l'accent de l'homme était encore pire que celui des autres français. Il devrait vraiment apprendre la langue... Il répondit en anglais avec un sourire contrit :
_ Je suis désolé monsieur Flamel, mais je ne comprends pas très bien le français. Mais je suis presque sûr que le mot « inconnu » n'est pas écrit sur le panneau.
L'homme l'observa attentivement avant de dire, en anglais :
_ Que viens-tu faire ici ?
_ Je m'appelle Hadrian, je voudrais savoir si vous pouviez me prendre pour apprenti.
_ Non.
_ Pourquoi ?
_ Je refuse de divulguer mes secrets au premier venu.
_ Je ne demande pas vos secrets, juste d'apprendre la magie avec vous.
L'homme eu un reniflement amusé avant de dire d'un ton sec :
_ Bien sûr ! Tout ceux qui sont venu ici, réclamant un apprentissage, ont essayé de nous voler la pierre ou nos secrets. Je ne vois pas en quoi tu peux être différent petit.
Son sourcil gauche tiqua un peu sur le dernier mot. Il savait qu'il avait l'air jeune mais quand même ! Il avait 45 ans par Merlin ! Bon, d'accord, face à un immortel aussi expérimenté que Flamel, il devait être un gamin, mais c'était quand même énervant.
_ Si vous avez peur que j'essaye de voler votre caillou, ce n'est pas la peine, je suis déjà immortel. C'est pour ça que je suis venu vous voir et pas un autre. Les autres m'auraient posé des questions en voyant que je ne vieillis pas du tout.
_ On me l'a déjà raconté celle-là. Il va falloir trouver une meilleur excuse. Vas-t-en, tu es venu ici pour rien. Et n'essaye même pas de pénétrer la propriété, les protections ont plus de six siècles.
_ Je ne m'en irai pas.
_ Tu es persistant. Vas-t-en je te dis !
_ Non.
Il se laissa tomber dans l'herbe devant les portes et croisa les jambes.
_ J'ai tout mon temps, j'attendrais ici jusqu'à ce que vous acceptiez.
L'homme le regarda étrangement avant d'agiter vaguement la main dans sa direction en lui tournant le dos.
_ Comme tu veux gamin. Tu céderas avant moi.
Hadrian sourit avant de passer la bandoulière de son sac par dessus sa tête et de le poser sur ses jambes. Il en sortit un livre de runes pour débutant et commença à lire.
Et ainsi commença l'attente.
-sSs-
Hadrian soupira en reposant son livre de rune pour débutant. Il n'y comprendrait jamais rien à ça... Il n'était vraiment pas pour apprendre dans les livres, la pratique était beaucoup plus simple que la théorie pour lui. Il soupira encore et s'étira avant de jeter un regard vers le manoir. Ça faisait une semaine qu'il avait planté sa tente devant le portail et qu'il attendait. Ça ne lui posait pas vraiment de problème d'attendre, il était patient et savait qu'il avait tout son temps, mais il se demandait quand même si les Flamel allaient finir par lui donner sa chance.
Il détendit ses jambes devant lui et leva le visage vers le ciel en s'appuyant sur ses bras derrière lui. Il ferma les yeux et profita du soleil qui était rare en ce moment. Il y avait une petite brise agréable et il ne faisait pas trop lourd ou chaud. C'était une belle journée.
Il se leva d'un bon, s'étira encore une fois avant de faire craquer ses phalanges. Et s'il essayait une nouvelle fois d'aller le plus loin possible ?
Il se concentra et un portail apparut à ses pieds. Il sauta dedans, réapparaissant dans les airs à dix mètres du sol. Il ouvrit aussitôt un second portail sous lui dans lequel il retomba avant de ressortir encore plus haut. Il continua ainsi jusqu'à ce qu'il se retrouve à plusieurs centaines de mètres du sol et qu'il commence à avoir du mal à respirer. Il se laissa alors retomber en chute libre vers le sol, à l'horizontal, les bras écartés et un large sourire sur le visage. Le vent lui fouettait le visage et il pouvait voir le sol se rapprocher encore et encore à grande vitesse, mais l'adrénaline que la chute lui procurait le fit éclater de rire. Ce ne fut qu'à un mètre du sol qu'il se redressa rapidement en position accroupie et ouvrit un portail sur le sol par lequel il disparu pour bondir juste à côté dans les airs. Il atterrit souplement sur le sol et leva les yeux au ciel en poussant un cri.
Il avait un large sourire sur le visage et se sentait détendu. Il avait commencé à faire ça il y a un certain temps maintenant, mais c'était toujours aussi excitant de se laisser aller de cette manière en ayant toujours le risque de mourir s'il n'ouvrait pas le portail à temps.
Il se laissa tomber sur le dos et jeta un regard vers la propriété des Flamel. Il vit une femme aux cheveux argenté et au visage sans âge qui l'observait depuis la porte du manoir. Il leva la main pour la saluer avec un sourire amusé avant de laisser retomber son bras à côté de lui, étendu comme une étoile de mer.
C'était une belle journée pour sûr.
-sSs-
Pernelle observait le garçon à travers la fenêtre de la cuisine depuis un moment. Elle le vit arrêter de lire, ou plutôt d'essayer de lire car il était évident qu'il ne comprenait rien à ce qui était écrit dans son livre. Elle était intriguée par lui. Nicolas ne se souciait pas trop de lui car il pensait qu'il était juste venu pour la pierre, mais elle avait le sentiment que ce n'était pas le cas. Seulement son mari était têtu. Pour lui, il était hors de question de prendre un autre apprenti. Albus Dumbledore avait déjà eu du mal à obtenir quelques mois de formation dans sa jeunesse et même s'ils restaient en contact avec lui maintenant et avaient une relation cordiale, Nicolas, ce vieux grincheux, restait quand même réservé.
Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, elle aussi, elle avait vu défiler les sorciers et moldus et créatures magiques qui essayaient tous, chacun leur tour, d'obtenir leurs secrets et de leur voler leur pierre pour une raison ou une autre. Elle était tout aussi méfiante que lui envers les étrangers, mais elle faisait aussi confiance à son instinct. Et en ce moment, il lui disait que ce garçon était différent.
Elle leva un sourcil en le voyant se lever d'un bon et écarquilla les yeux lorsqu'elle le vit sauter en avant et disparaître brusquement. Il pouvait très bien avoir transplané mais elle le vit réapparaître une dizaine de mètre plus haut à travers un cercle vert qui disparut aussitôt pour être remplacé par un autre dans lequel il disparut aussi.
Elle se précipita vers la porte et sortit pour le voir continuer de passer dans ce cercle vert pour aller de plus en plus haut. Elle se demandait ce qu'il comptait faire et se questionna sur sa santé mental lorsqu'il se laissa soudainement tomber en chute libre en éclatant de rire.
N'avait-il donc aucun sens de self-préservation ? Ou était-il réellement immortel et s'en fichait de s'écraser au sol ?
Mais alors qu'il allait heurter le sol, un autre cercle apparut sur le sol et il réapparut juste à côté, atterrissant souplement sans problème. Il éclata encore de rire en se laissant tomber au sol et lorsqu'il tourna la tête et agita sa main dans sa direction comme pour la saluer avec un large sourire amusé, elle se contenta de retourner dans la maison.
Ce garçon était définitivement différent. Elle n'avait jamais vu ce genre de... de... de portail ? Oui, de portail, auparavant. Elle devait parler à Nicolas. Elle entra dans le salon, puis ouvrit la porte menant directement à la tour. Son mari travaillait sur une pierre de polynectar. Une fois placée sous la peau, elle devrait avoir les mêmes effets que la potion du même nom. Ceux de la pierre seraient permanent tant qu'elle serait en place.
C'était un défi complexe, mais un qu'il relevait avec joie.
Elle le trouva dans la salle de travail en train de travailler sur ses notes et frappa quelques coups légers sur le chambranle pour lui indiquer qu'elle était là. Il se tourna vers elle et lui sourit avant de demander :
_ Que se passe-t-il ? Je n'ai pas oublié l'heure du déjeuner ?
_ Non, Nicolas. Tu sais que je te l'aurais rappelé si tu avais oublié. Je suis venu te parler du garçon.
_ Il s'est enfin lassé ?
_ Non. Mais il a fait quelque chose d'étrange et très inhabituel. Je n'ai jamais vu ce genre de magie auparavant.
_ Qu'a-t-il fait qui puisse t'intriguer autant ?
Elle le fixa dans les yeux et lui transmit le souvenir de ce qu'elle venait de voir. Nicolas eut un air pensif avant de déclarer :
_ D'accord... Peut-être qu'on pourrait écouter ce qu'il a à dire.
Elle sourit devant la capitulation sommaire de son mari avant de l'entraîner vers le jeune garçon.
-sSs-
Il buvait à sa bouteille d'eau lorsqu'il vit le couple sortir de la tour et se diriger vers lui. Il eut un sourire en coin et posa sa bouteille avant de se lever et de s'avancer vers les grilles. Il s'assit en tailleur devant elle et attendit qu'ils s'arrêtent face à lui et qu'ils prennent la parole, ce que Pernelle fit quasiment aussitôt :
_ On a décidé d'écouter ce que tu avais à dire.
_ D'accord.
_ Donc parle, pourquoi es-tu ici et pourquoi crois-tu qu'on devrait te prendre comme apprenti ? demanda Nicolas.
_ Je suis ici pour apprendre la magie. Je suis un immortel et donc je ne peux pas apprendre auprès de mortels.
_ Quel genre d'immortalité ? Horcruxes ?
_ Non. Je suis né comme ça.
_ On ne naît pas immortel, on le devient.
_ Je suis né comme ça. Je ne vieillit pas et à chaque fois que je meurs, j'ai le choix entre rester mort et revenir à la vie. Vous pouvez tester si vous ne me croyez pas.
Il les vit échanger un regard. Il était parfaitement honnête avec eux. Ce n'était pas sa faute s'ils ne le croyaient pas. Pernelle demanda finalement :
_ Qu'est-ce que c'était que ces cercles verts tout à l'heure ?
_ Des portails.
_ Quel sort utilises-tu pour les faire ?
_ Aucun.
_ Aucun ?
_ Oui, aucun.
_ Comment les fais-tu ?
_ C'est une de mes capacités.
_ Une capacité qui vient avec ton immortalité ?
_ Oui.
_ Comment peut-on naître immortel ?
_ En étant créé par une entité ?
Il y eut un silence et il pencha la tête sur le côté en les observant. Ils semblaient avoir du mal à le croire. Il eut alors un sourire malicieux, ce dernier étirant la cicatrice qu'il avait à la mâchoire, courtoisie des langues-de-plombs qu'il avait tué pour sauver sa fille, et qui s'étendait en passant dans son cou jusqu'à son épaule. Il porta la main à sa bourse et en sortit la pierre. Le couple l'observait avec méfiance, mais semblèrent simplement intrigué lorsqu'il sortit la pierre noir que son père avait réparée pour lui. Il la tourna trois fois dans sa main et sentit la présence familière apparaître.
-sSs-
Elle ne comprenait pas ce qu'il insinuait en disant qu'il avait été créé par une entité. Elle savait bien sûr que le monde était gouverné par des entités comme la Vie, la Mort, le Temps, le Destin, la Chance, le Hasard, le Bien, le Mal, la Magie et le Chaos. Mais elle savait aussi que la Vie était la seule à créer des êtres vivants. C'est pour cela qu'elle était la vie. C'était elle qui créait toutes les âmes descendants dans les plans mortels. Le garçon suggérait qu'il avait été créé par une autre entité que la Vie. Mais dans ce cas, si c'était vrai, laquelle ?
Elle n'eut pas à se poser la question longtemps car il eut un sourire malicieux et sortit une pierre noire de la bourse accrochée à son cou. Même à travers les protections, elle pouvait sentir le pouvoir de l'objet. Elle leva un sourcil, intriguée par l'artefact mais ne put s'empêcher d'être sidérée et légèrement apeurée lorsqu'elle vit la figure qui apparut lorsque le garçon eut tourné la pierre trois fois dans sa main.
_ Hadrian, pourquoi m'as-tu invoqué, cette fois ?
_ Hey, Daddy. Désolé de te déranger, mais les Flamel ici présents ne voulaient pas me croire lorsque je leur ai dit que je suis immortel.
La figure se tourna vers eux et il ne faisait aucun doute dans l'esprit de chacun des deux alchimistes que c'était bel et bien la Mort en personne. Et le garçon l'avait appelé « Daddy », c'était la chose la plus incroyable et improbable qu'ils avaient jamais vue.
_ Hadrian est bien ma création et est effectivement immortel. Prenez-le comme apprenti.
Nicolas hocha lentement la tête, Pernelle n'arrivait pas à savoir si c'était par respect ou par peur, et répondit d'une voix à peine tremblante.
_ Bien sûr. On fera de notre mieux pour le former.
_ Bien.
Il se tourna de nouveau vers le garçon et lui ébouriffa les cheveux dans un geste affectif totalement invraisemblable venant de cette entité particulière. Le garçon grommela en essayant de remettre ses cheveux en ordre et la Mort ricana, souriant face à l'air ennuyé de son « fils », pas qu'il ait le choix d'ailleurs.
_ Le problème est réglé. Au revoir, fils.
_ Au revoir Daddy. Et ne joue pas trop au poker menteur avec Peste, Famine et Guerre.
_ Je fais ce que je veux.
Hadrian ricana alors que l'entité disparaissait. Puis, il se tourna vers eux avec un air enthousiaste sur le visage.
_ Alors ? Quand est-ce qu'on commence ?
-sSs-
Lorsque Nicolas avait vu le garçon la première fois, il avait cru avoir affaire à un autre voleur potentiel ou un autre sorcier assoiffé de pouvoir. En réalité, le garçon n'était ni l'un ni l'autre, il voulait réellement juste apprendre le plus de magie possible.
Il avait même fait une liste, plutôt longue, de choses qu'il voulait apprendre.
Et il devait avouer que l'histoire du garçon était intéressante. Le fils de la Mort, la capacité de voyager entre les dimensions, la semi-immortalité... C'était fascinant.
Peut-être que former ce garçon n'allait pas être une corvée comme il l'avait pensé au début. Il avait visiblement besoin d'un guide, que ce soit pour vivre en étant immortel ou pour manier sa magie bien qu'il ait déjà un bon contrôle sur sa magie, il pouvait encore évoluer et devenir plus fort.
Ça allait être des années intéressantes.
-sSs-
45 ans plus tard.
-sSs-
Hadrian bailla en s'étirant dans sa chambre chez les Flamel. C'était le matin et il n'avait absolument pas envie de se lever. Il était très bien au chaud sous sa couette lui...
_ Hadrian ! Descend manger !
Il grommela et se leva, enfilant un T-shirt et descendant les escaliers avant de se rendre dans la cuisine.
_ Bonjour Pernelle.
_ Bonjour jeune homme. Bien dormi ?
_ Oui. Mais pas assez.
_ Cesse donc de te plaindre. Tu parts aujourd'hui et je veux que tu aies bien mangé avant de disparaître je ne sais où.
_ Ce n'est pas parce que je compte changer de dimension que je vais vous oublier.
_ J'y compte bien jeune homme.
Il sourit à la femme qui lui avait tant appris ces dernières années. Elle était aussi terrifiante que madame Pomfresh quand elle s'y mettait, mais il l'appréciait quand même énormément.
_ Où est Nicolas ?
_ Dans son atelier. Il a préparé un cadeau pour toi.
_ Oh. Quoi donc ?
_ Tu verras quand il te le donnera. Maintenant, mange.
Il s'exécuta avec un sourire. Il avait parfois l'impression qu'elle se prenait pour sa mère, et, à vrai dire, ça ne le dérangeait pas tant que ça.
Il avait terminé son petit déjeuner lorsque Nicolas entra dans la pièce avec un journal dans ses mains. Il leva un sourcil en le voyant mais ne dit rien, se contentant de saluer son mentor.
_ Bonjour Nicolas.
_ Bonjour Hadrian. Tiens, j'ai fait ça pour toi. Il s'agit d'un journal à deux entrées, normalement, tu devrais pouvoir communiquer avec mon journal même si on est dans deux dimensions différentes.
_ Vraiment ?
_ Oui. Je pense que ça devrait marcher.
_ Merci, dit-il avec reconnaissance.
_ De rien, répondit-il en souriant avant de lui tendre une enveloppe. Tiens, c'est une lettre que tu pourras donner à nos doubles si jamais tu les rencontres. De cette manière, tu pourras toujours venir nous demander conseil, même si le journal ne fonctionne pas.
Hadrian lui fit un large sourire reconnaissant avant de se saisir des deux objets. Il remercia encore l'homme avant de monter dans sa chambre. Il glissa le journal et la lettre dans une poche de sa besace avant de sortir ses habits. Il enfila un jeans noir avec une tunique bleu pâle et un long manteau noir en peau de dragon arrivant à ses chevilles avec deux sangles dans le dos pour y glisser le fourreau d'un katana, qui était pour le moment rangé dans sa besace. Le haut du manteau se fermait sur le devant par trois boutons et deux lanières de cuir, laissant le bas ouvert sous ses hanches. Il mit aussi des bottes et des mitaines en peau de dragon avant de passer la bandoulière de son sac par-dessus son épaule et de vérifier qu'il n'oubliait rien.
Il redescendit finalement et trouva le couple Flamel qui l'attendait en bas pour lui dire au revoir.
Il prit Pernelle dans ses bras et fit une accolade à Nicolas avant de s'écarter d'eux.
_ Bon, je crois que nos chemins se séparent ici, murmura-t-il.
_ Tu es sûr de vouloir partir maintenant ? On peut encore t'apprendre beaucoup, tu sais ?
_ Je sais. Mais je peux apprendre ces choses par moi-même ou dans d'autres dimensions. Daddy a dit qu'il allait commencer à relâcher les âmes des autres, je dois les trouver et les guider. C'est mon rôle en tant que First.
_ On comprend, fit Nicolas. Saches juste que tu seras toujours le bienvenu ici.
_ Je n'oublierai pas. Et n'oubliez pas de donner une fausse pierre à Dumbledore lorsqu'il viendra vous voir.
_ Oh ne t'en fais pas pour ça ! On n'oubliera pas, répondit Pernelle. Fais attention à toi et rappelle-toi de ne pas utiliser ton portail dimensionnel deux fois de suite dans un intervalle de moins de vingt-quatre heures.
_ Oui, je sais. Au revoir.
Il leur sourit avant de se concentrer sur son pouvoir et d'ouvrir un portail, mais cette fois, au lieu d'être vert et circulaire, il était noir et avait l'apparence d'un brouillard.
Il s'avança dedans sans hésiter, se mettant enfin en route pour trouver ses frères et sœurs.